Titre : La Revue de l'art ancien et moderne
Auteur : Dacier, Émile (1876-1952). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-12
Contributeur : Comte, Jules (1846-1912). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32857192h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 36590 Nombre total de vues : 36590
Description : 12 juin 1922 12 juin 1922
Description : 1922/06/12 (T42,N237,A26). 1922/06/12 (T42,N237,A26).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57978218
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-V-4500
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/02/2011
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LÀ REVUE DE L'ART
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délicatesse de tons argentins qu'on ne rencontre chez aucun de ses prédécesseurs ou
contemporains; le corps d'Isaac, dont les contours, qui semblent indécis, sont pour-
tant d'un dessin très ferme, est une merveille d'exécution. Tandis que Tiepolo â un
sens plus large de la grandeur décorative, Piazzetta, moins théâtral, sait exprimer
une scène de tous les jours, comme une scène de marché, avec un charme délicat qui
l'apparente aux maîtres du XVIIIS siècle français.
Caravage et-les Vénitiens ; tels sont donc, a lien pas douter, les deux pôles de
l'exposition florentine. Cela ne veut pas dire que les autres écoles n'aient pas eu leur
moment de célébrité et mérité de l'avoir, Les Toscans étaient toujours sensibles à la
beauté de la forme:; certains nus sur fond bleu sombre de Francésco Furini ont des
tons nacrés à la Henner. Les Lombards furent doués de plus dé force et de vitalité ;
Daniele Crespi et Morazzone savaient très bien peindre; mais pourquoi faut-il donc
que l'un et l'autre se soient perdus dans la déclamation et la sensiblerie dévote ?
Quant aux Napolitains, ils ont un faible pour les fonds ténébreux. Bernardo
Cavallino fait surgir d'une ombre opaque sa Judith et sa Femme-adultère. Mattia Preti
place la figure livide de son Christ crucifié-dans une atmosphère de terreur; et c'est
ainsi que l'on voit reparaître dans l'école napolitaine cette émotion religieuse,
qu'avaient à peu près entièrement ignorée Caravage et ses disciples.
Ces quelques lignes suffisent à peine à donner une idée vague de ce que fut l'expo-
sition florentine;, elle dépassa peut-être en intérêt celle de 1911 consacrée, on s'en
souvient," aux portraitistes de 1600 à 1800. C'est toute une période ignorée de l'art
italien qui-a revécu devant nos yeux. Certes, comme le fit remarquer M. Colasanti
dans son discours d'inauguration, il n'y a à cette époque ni un Botticelli ni un Titien :
on ne peut assimiler à ces grands artistes aucun de ceux-qui figuraient aux cimaises'
du Pitti. Il ne faudrait pas qu'un snobisme d'un nouveau genre fît considérer tout
vestige peint du sei et du settecento avec la même extase, qu'autrefois un peu de couleur
Sur un bois du trecento. Les organisateurs de la mostra florentine n'en demandent
pas tant. Ils ont simplement voulu démontrer que les écoles italiennes duXVIIe et du
XVIIIe siècle sont en bonne place à côté de leurs contemporaines de France et des
Pays-Bas. Et leur démonstration est, nous semble-t-il, définitive.
JEAN ALAZARD.
Maître de conférences à l'Université d'Alger.
LA DERNIÈRE OEUVRE DE PIGALLE RETROUVÉE :
LE BUSTE DE PERRONET
P
IGALLE n'a jamais été un portraitiste de métier, un « bustier » professionnel
comme J.-B. Lemoyne, J.-J. Caffieri et Houdon. C'est dans la statuaire
monumentale qu'il a donné toute sa mesure. : il reste, dans l'opinion de la
postérité, comme aux yeux de ses contemporains, l'auteur du Mercure, du
Monument de Reims et surtout du Tombeau du Maréchal de Saxe.
Ces grands monuments" ont fait tort à ses bustes, auxquels, avant la monographie
fondamentale de M. S. Rocheblave 1, on n'avait pas accordé une suffisante attention.
1. S. Rocheblave, Pigalle (Paris, 1919).
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délicatesse de tons argentins qu'on ne rencontre chez aucun de ses prédécesseurs ou
contemporains; le corps d'Isaac, dont les contours, qui semblent indécis, sont pour-
tant d'un dessin très ferme, est une merveille d'exécution. Tandis que Tiepolo â un
sens plus large de la grandeur décorative, Piazzetta, moins théâtral, sait exprimer
une scène de tous les jours, comme une scène de marché, avec un charme délicat qui
l'apparente aux maîtres du XVIIIS siècle français.
Caravage et-les Vénitiens ; tels sont donc, a lien pas douter, les deux pôles de
l'exposition florentine. Cela ne veut pas dire que les autres écoles n'aient pas eu leur
moment de célébrité et mérité de l'avoir, Les Toscans étaient toujours sensibles à la
beauté de la forme:; certains nus sur fond bleu sombre de Francésco Furini ont des
tons nacrés à la Henner. Les Lombards furent doués de plus dé force et de vitalité ;
Daniele Crespi et Morazzone savaient très bien peindre; mais pourquoi faut-il donc
que l'un et l'autre se soient perdus dans la déclamation et la sensiblerie dévote ?
Quant aux Napolitains, ils ont un faible pour les fonds ténébreux. Bernardo
Cavallino fait surgir d'une ombre opaque sa Judith et sa Femme-adultère. Mattia Preti
place la figure livide de son Christ crucifié-dans une atmosphère de terreur; et c'est
ainsi que l'on voit reparaître dans l'école napolitaine cette émotion religieuse,
qu'avaient à peu près entièrement ignorée Caravage et ses disciples.
Ces quelques lignes suffisent à peine à donner une idée vague de ce que fut l'expo-
sition florentine;, elle dépassa peut-être en intérêt celle de 1911 consacrée, on s'en
souvient," aux portraitistes de 1600 à 1800. C'est toute une période ignorée de l'art
italien qui-a revécu devant nos yeux. Certes, comme le fit remarquer M. Colasanti
dans son discours d'inauguration, il n'y a à cette époque ni un Botticelli ni un Titien :
on ne peut assimiler à ces grands artistes aucun de ceux-qui figuraient aux cimaises'
du Pitti. Il ne faudrait pas qu'un snobisme d'un nouveau genre fît considérer tout
vestige peint du sei et du settecento avec la même extase, qu'autrefois un peu de couleur
Sur un bois du trecento. Les organisateurs de la mostra florentine n'en demandent
pas tant. Ils ont simplement voulu démontrer que les écoles italiennes duXVIIe et du
XVIIIe siècle sont en bonne place à côté de leurs contemporaines de France et des
Pays-Bas. Et leur démonstration est, nous semble-t-il, définitive.
JEAN ALAZARD.
Maître de conférences à l'Université d'Alger.
LA DERNIÈRE OEUVRE DE PIGALLE RETROUVÉE :
LE BUSTE DE PERRONET
P
IGALLE n'a jamais été un portraitiste de métier, un « bustier » professionnel
comme J.-B. Lemoyne, J.-J. Caffieri et Houdon. C'est dans la statuaire
monumentale qu'il a donné toute sa mesure. : il reste, dans l'opinion de la
postérité, comme aux yeux de ses contemporains, l'auteur du Mercure, du
Monument de Reims et surtout du Tombeau du Maréchal de Saxe.
Ces grands monuments" ont fait tort à ses bustes, auxquels, avant la monographie
fondamentale de M. S. Rocheblave 1, on n'avait pas accordé une suffisante attention.
1. S. Rocheblave, Pigalle (Paris, 1919).
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