Titre : La Tafna : journal de l'arrondissement de Tlemcen, paraissant tous les mercredis
Éditeur : [s.n.] (Tlemcen)
Date d'édition : 1907-09-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32875625p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5332 Nombre total de vues : 5332
Description : 11 septembre 1907 11 septembre 1907
Description : 1907/09/11 (A25,N2235). 1907/09/11 (A25,N2235).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57765481
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90469
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
Vinjjl-Cinqiiièiiie année* — N° 2235 £5 OE3>TT MERCREDI 11 Septembre ibÙÏÏ j
Les Cafés Maures
Les lecteurs de La Tafna me
rendront cette justice, c'est que ni
dans nies écrits, ni dans mes rap-
ports sociaux, je ne me suis ja-
mais départi, à l'endroit des indi-
gènes — parmi lesquels je compte
d'ailleurs quelques bons amis —
des règles de l'impartialité, et de
la courtoisie qu'il convient.
Sans être un arabophile systé-
matique ou un araboptîile à cour-
te vue, j'estime que l'on doit res-
ter simplement arabofuste, sui-
vant le mot très heureux du re-
gretté Lissagaray. Voilà donc un
petit, préambule qui va me per-
mettre d'aborder aisément mon
sujet, c'est-à-dire la question, tou-
jours d'actualité, des cafés mau-
res :
On sait que ces établissements,
ainsi que les autres débits de
boissons sont actuellement placés
sous le régime d'un décret guber-
natorial datant d'il y a six ans en-
viron et d'après lequel leur nom-
bre est limité et calculé à raison,
du chiffre d'habitants de chaque
localité.
En ce qui concerne spéciale-
ment les cafés maures, on aurait
dès longtemps reconnu en haut
lieu la nécessité de faire cesser les
multiples abus engendrés par les
facilités avec lesquelles on déli-
vrait les permis d'ouverture. Ou-
tre le trafic singulier que leurs
détenteurs faisaient de ceux-ci, il
y avait également à noter le nom-
bre de plus en plus croissant des
cafés maures avec un genre de
fréquentation qui menaçait de de-
venir quelque peu suspect.
C'est alors que l'Administration
songea a mettre un terme à une
pareille situation.
Certes, on ne saurait, en prin-
cipe, assez approuver et louer les
pouvoirs publics lorsque, comme
dans le cas dont il s'agit, ils pren-
- nent toutes les mesures propres à
assurer le bon ordre et à, garantir
cette sécurité dont la colonie a
tant besoin : il semblerait â pre-
mière vue, par conséquent que les
patrons de cafés, maures, en vo-
yant les difficultés nouvelles pour
©bteilir des permis n'en compren*
draient que davantage toute la va-
leur de leur café, dont ils au-
raient intérêt à ne,pas perdre le
bénéfice en exerçant suffisam-
ment la surveillance de leurs éta-
blissements, ou en évitant de tri-
patouiller par ailleurs
Malheureusement, ce but n'est ]
pas encore entièrement atteint: la
mentalité indigène, aussi bien cel-
le des patrons dès cafés maures
que de leurs clients, est toujours
la même ou à peu près. Dans la
plupart de ces établissements, on
ne constate pas par exemple un
grand enthousiasme, tant s'en faut
pour les mesures que prend actu-
ellement la France dans la terre
islamique voisine : l'indifférence,
la froideur et le mutisme qu'af-
fectent les consommateurs du.
Kaoua déguisent mal leur intime
pensée. Dire encore que la majo-
rité d'enlr'eux — ainsi que. quel- '
ques éoervelés le soutiennent —-
font des voeux pour le succès et
le triomphe de nos armes actuel-
lement engagées au Maroc serait
la plus grande des stupidités. Qui-
conque — non indigène — fré-
quente peu ou prou les^afés mau-
res et y observe attentivement
l'attitude des uns et des autres,
sait à quoi s'en tenir sur ce cha-
pitre.
Mais loin de moi la pensée de
frapper d'ostracisme les établisse-
ments en question. Assurément
la plupart des patrons sont de
braves gens et d'intéressants pè-
res de famille : contr'eux il n'y
aurait aucune mesure coercitive
à prendre, c'est le règlement seul
qu'il faudrait réviser. Tout en res-
pectant les-droits acquis on de-
vrait d'abord se montrer plus cir-
conspect à l'avenir pour le choix
des postulants, en n'attribuant les
permis qu'à ceux d'entr'eux qui,
non seulement remplissent toutes
lés conditions et toutes les garan-
ties désirables, mais encore ont
donné des preuves tangibles, si-
non de leur amour pour la Fran-
ce du moins de leur dévouement
à l'autorité française. Il serait à
souhaiter ensuite que par une dis-
position spéciale, T Administration
réservât quelques permis d'ouver-
ture — et à titré de faveur — aux
solliciteurs, français ou ■ naturali-
sés, qui en seraient d'ailleurs re-
connus-dignes.
On voit le double avantage qu'il
y aurait d'adopter ma modeste
manière de voir : donner satisfac-*
tion aux Français ou naturalisés,
en vertu de l'axiome Charité bien
ordonnée, etc, .... et fortifier l'or-
dre public en n'autorisant doréna-
vant et autant que possible com-
me gérants de café maures que
des personnes de confiance et de
dévouement, c'est-à-dire autant
d'auxiliaires indirectes pour l'oeu-
vre de paix socia'e.
Ma faible voix sera-t-elle en-
tendue ? Il y a lieu de l'espérer.
El-Magharbi.
;— m
LE PRIX D'UN
COUP DE CANON
Quelques euiCfres. — Grands et
petits eauons. — La -question
' de l'amortissement
Les nouvelles qui nous parviennent tous
les jours de Casablanca et de la côte maro-
caine annoncent presque» invariablement
que l'artillerie de nos cuirassés a fait mer-
veille, qu'elle a appuyé l'action de l'infan-
terie »t repoussé brillamment les attaques ;
on 'déclare « que les canons do la Gloire
n'ont cesse d-i tonner . »
Les lecteurs de La Tafna ont -ils quelque
idée de ce que peuvent (couler ces canona^-
des prolongées ? Savent-ils à quoi revient
un seul coup de canon de ces grand» cui-
rassés î .
' - •
* •
Si leschimesne leur font pas peur, en
' voici quelques-uns:
Les canons de 305 m m. qui arment les
tourelles des cuirassés pèsent de 46.000 a
46.50J kilos et coûtent, en chiffres ronds,
500.OJO francs : coite considération de là
j, valeur du canon est fort importante, comme,
on va-le voir.
Si ou veut calculer, en effet, le prix de
revien' d'un coup d:i canon, Il faut tenir"
compt.i non seulement du coût du projec-
tile — qui est parfois considérable — et de
la cha-g^ de poudre, mais,encore de \\arnor~ '■
tissemsnt du canon : là .valeur de eeiuir-ci
doit entrer en ligne de compte, et cela d'au-
tant p'us qu'elle diminue à chaque coup ti-
ré. Il faut admettre qu'après un certain
usager variable d'aii.'eurs, une pièce cessa
d'être utilisable .• chaque conp tiré, est pour
elle cause d'une dépréciation qui s'ajoute
aux autres éléments de dépense.
Or, pour les canons de 305 mm., le prix
delà charge de poudrroni-T-.et du projeclilo.cjxii est de.340 kilos,
est dé 2.QU0 francs. L'amortissement est
calculé à raison de 3,333 francs par coup*
Si on additionne ces deux -chiffres, on àr-■•
rive à celui de 5.333 francs.. Chaque fois,
donc qu'un des_canons de tourelle d'un cui— •
rassè lance un projectile dans les lignes)
marocaines,--^ QU, ailleurs -^ c'est çftwr milii
:}> >""... ,; .. ;-"' ?■• ".-.]■■'''" •■'• . ■;..':'l**i,-..:
Les Cafés Maures
Les lecteurs de La Tafna me
rendront cette justice, c'est que ni
dans nies écrits, ni dans mes rap-
ports sociaux, je ne me suis ja-
mais départi, à l'endroit des indi-
gènes — parmi lesquels je compte
d'ailleurs quelques bons amis —
des règles de l'impartialité, et de
la courtoisie qu'il convient.
Sans être un arabophile systé-
matique ou un araboptîile à cour-
te vue, j'estime que l'on doit res-
ter simplement arabofuste, sui-
vant le mot très heureux du re-
gretté Lissagaray. Voilà donc un
petit, préambule qui va me per-
mettre d'aborder aisément mon
sujet, c'est-à-dire la question, tou-
jours d'actualité, des cafés mau-
res :
On sait que ces établissements,
ainsi que les autres débits de
boissons sont actuellement placés
sous le régime d'un décret guber-
natorial datant d'il y a six ans en-
viron et d'après lequel leur nom-
bre est limité et calculé à raison,
du chiffre d'habitants de chaque
localité.
En ce qui concerne spéciale-
ment les cafés maures, on aurait
dès longtemps reconnu en haut
lieu la nécessité de faire cesser les
multiples abus engendrés par les
facilités avec lesquelles on déli-
vrait les permis d'ouverture. Ou-
tre le trafic singulier que leurs
détenteurs faisaient de ceux-ci, il
y avait également à noter le nom-
bre de plus en plus croissant des
cafés maures avec un genre de
fréquentation qui menaçait de de-
venir quelque peu suspect.
C'est alors que l'Administration
songea a mettre un terme à une
pareille situation.
Certes, on ne saurait, en prin-
cipe, assez approuver et louer les
pouvoirs publics lorsque, comme
dans le cas dont il s'agit, ils pren-
- nent toutes les mesures propres à
assurer le bon ordre et à, garantir
cette sécurité dont la colonie a
tant besoin : il semblerait â pre-
mière vue, par conséquent que les
patrons de cafés, maures, en vo-
yant les difficultés nouvelles pour
©bteilir des permis n'en compren*
draient que davantage toute la va-
leur de leur café, dont ils au-
raient intérêt à ne,pas perdre le
bénéfice en exerçant suffisam-
ment la surveillance de leurs éta-
blissements, ou en évitant de tri-
patouiller par ailleurs
Malheureusement, ce but n'est ]
pas encore entièrement atteint: la
mentalité indigène, aussi bien cel-
le des patrons dès cafés maures
que de leurs clients, est toujours
la même ou à peu près. Dans la
plupart de ces établissements, on
ne constate pas par exemple un
grand enthousiasme, tant s'en faut
pour les mesures que prend actu-
ellement la France dans la terre
islamique voisine : l'indifférence,
la froideur et le mutisme qu'af-
fectent les consommateurs du.
Kaoua déguisent mal leur intime
pensée. Dire encore que la majo-
rité d'enlr'eux — ainsi que. quel- '
ques éoervelés le soutiennent —-
font des voeux pour le succès et
le triomphe de nos armes actuel-
lement engagées au Maroc serait
la plus grande des stupidités. Qui-
conque — non indigène — fré-
quente peu ou prou les^afés mau-
res et y observe attentivement
l'attitude des uns et des autres,
sait à quoi s'en tenir sur ce cha-
pitre.
Mais loin de moi la pensée de
frapper d'ostracisme les établisse-
ments en question. Assurément
la plupart des patrons sont de
braves gens et d'intéressants pè-
res de famille : contr'eux il n'y
aurait aucune mesure coercitive
à prendre, c'est le règlement seul
qu'il faudrait réviser. Tout en res-
pectant les-droits acquis on de-
vrait d'abord se montrer plus cir-
conspect à l'avenir pour le choix
des postulants, en n'attribuant les
permis qu'à ceux d'entr'eux qui,
non seulement remplissent toutes
lés conditions et toutes les garan-
ties désirables, mais encore ont
donné des preuves tangibles, si-
non de leur amour pour la Fran-
ce du moins de leur dévouement
à l'autorité française. Il serait à
souhaiter ensuite que par une dis-
position spéciale, T Administration
réservât quelques permis d'ouver-
ture — et à titré de faveur — aux
solliciteurs, français ou ■ naturali-
sés, qui en seraient d'ailleurs re-
connus-dignes.
On voit le double avantage qu'il
y aurait d'adopter ma modeste
manière de voir : donner satisfac-*
tion aux Français ou naturalisés,
en vertu de l'axiome Charité bien
ordonnée, etc, .... et fortifier l'or-
dre public en n'autorisant doréna-
vant et autant que possible com-
me gérants de café maures que
des personnes de confiance et de
dévouement, c'est-à-dire autant
d'auxiliaires indirectes pour l'oeu-
vre de paix socia'e.
Ma faible voix sera-t-elle en-
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El-Magharbi.
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LE PRIX D'UN
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Quelques euiCfres. — Grands et
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Les nouvelles qui nous parviennent tous
les jours de Casablanca et de la côte maro-
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n'ont cesse d-i tonner . »
Les lecteurs de La Tafna ont -ils quelque
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des prolongées ? Savent-ils à quoi revient
un seul coup de canon de ces grand» cui-
rassés î .
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Si leschimesne leur font pas peur, en
' voici quelques-uns:
Les canons de 305 m m. qui arment les
tourelles des cuirassés pèsent de 46.000 a
46.50J kilos et coûtent, en chiffres ronds,
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j, valeur du canon est fort importante, comme,
on va-le voir.
Si ou veut calculer, en effet, le prix de
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tant p'us qu'elle diminue à chaque coup ti-
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d'être utilisable .• chaque conp tiré, est pour
elle cause d'une dépréciation qui s'ajoute
aux autres éléments de dépense.
Or, pour les canons de 305 mm., le prix
delà charge de poudrroni-T-.et du projeclilo.cjxii est de.340 kilos,
est dé 2.QU0 francs. L'amortissement est
calculé à raison de 3,333 francs par coup*
Si on additionne ces deux -chiffres, on àr-■•
rive à celui de 5.333 francs.. Chaque fois,
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