TRENTE-NEUVIÈME ANNÉE.
No 16.
JEUDI 21 AVRIL 4802.
SOMMAIRE
LE CHEMIN DE FEU TIlANSSAHAlUEN.. 1!SI
].K l'YI'.OGKAXlT 181
XOUVEELES DIVERSES 182
PEU. CUJVHE. ÉTA1X 18'l
PAHAXG-KABAXG 18'*
HI'.KSIE J8'l
XilUVEL ALLIAGE DE E'AIX'M IXIUM .. . . 18'l
j.KS COMPAGNIES DE COLONISATION . . . J8'l
OKKl'.ES ET DEMAXDES J85
RENSEIGNEMENTS 185
j;EVUE MINIÊIiE .-»-.-** ^ 18(5 '
J5UIJJCTIX FIXAXC1EK J8S)
ANNONCES 1J.K)
COUKS DE LA BOXJKSE 191-102
LE CHEMIN DE FER
TRANSSAHARIEN
"Nous nous félicitoiis de pouvoir annon-
cer que des hommes d'initiative ont cons-
1ilné une. Société d'études pour la création
de l'amorce du grand chemin de 1er qui
un jour à venir pénétrera au civur de
FAi'rique et y apportera la civilisation. 11
s'agit de la construction d'une ligne allant
•de Biskra à Onargla, passant, par la
vallée de l'oued Rir et Tougourt. Nous
avons depuis longtemps plaidé dans ce
journal la. cause du grand Tnnssaharien,
appelé à nous assurer la. domination du
Nord de l'Afrique et, à relier nos colonies
anciennes du Sénégal et les nouvelles du
Soudan ; notre patriotisme est donc heu-
reux de voir le commencement de la réa-
lisation de ce grand projet,qui contribuera
plus que toutes les expéditions à l'aboli-
tion dé l'esclavage et à l'expansion de la
France dans ce grand continent.
Evidemment le trafic actuel de ce che-
min ne sera pas important, mais pour
vendre l'opération financièrement possible
les promoteurs de l'affaire y joignent une
^entreprise agricole dénature à. compenser
lia faiblesse temporaire du rendement du
-chemin de fer par les profits que l'on at-
tend de la mise en culture de la vaste
plaine qui s'étend du pied des montagnes
Cette plaine, traversée par les nombreux
cours d'eau qui descendent des montagnes,
est formée d'un limon des plus fertiles; le
blé y donne de magnifiques récoltes et a
valu jadis à la IShvmidic d'être appelée le
Grenier de 'Borne. Abandonnée aujour-
d'hui, la nouvelle Compagnie la vendra à,
son ancien état de fertilité au moyen de
quelques barrages et d'irrigations telles
qu'on les pratique dans la vallée du Nil.
On assure même que ce riche terroir se-
rait parfait, pour la culture du coton et
nous dispenserait du tribut, que nous
payons aux contrées productrices de ce
textile.
Les demandeurs de concession ne. ré-
clament pas du gouvernement de garantie-
d'inlérèfs, ainsi que cela a eu lieu pour les
autres chemins de fer de l'Algérie ; ils
comptent sur l'entreprise, agricole pour
combler le déficit que pourrait produire
la seule exploitation du chemin de fer
tant que le trafic n'aura pas atteint un dé-
veloppement suffisant. C'est, là, assuré-
ment, une intelligente combinaison qui
doit avoir toute la. faveur des pouvoirs pu-
blics, puisque, d'une part, elle ne coûterait
rien au budget, et qu'en outre elle. crée, un
instrument de richesse et, de défense na-
tionales. Elle mérite donc tous les encou-
ragements.
11 n'est pas douteux qu'au point de
vue militaire cotte ligne aune 1res grande
importance: le prolongement du chemin
de Biskra jusqu'à. Onargla. assure le. ravi-
taillement, facile de notre posle avancé
d'El-Goléah, c'est presque mettre nos sen-
tinelles au pays des Touaregs, c'est créer
des moyens d'échanges, de relations avec
ces peuplades, et c'est, arrêter toute vel-
léité d'insurrection. L'arrivée de la loco-
motive au centre du Sahara c'est la. paci-
fication assurée, c'est la civilisation im-
portée dans ces vastes régions, c'est le
prestige de la France rayonnant au coeur
même de l'Afrique'. Souhaitons donc la
bienvenue, à ce beau projet, puisse-t-il
avoir sa réalisation !
LE PTROGrEÀIIT
Nos lecteurs ont, pour la plupart, remar-
qué à. l'Exposition de 1889, dans la section
russe, une vitrine contenant une série de
briques et pierres de couleurs et formes
variées, d'un très j oli aspect. Les unes res-
semblaient à. des marbres, les autres à. des
porphyres plus ou moins veinés et tache-
tés. Là totalité des échantillons attirait le
regard par la perfection des produits, les-
quels étaient, d'après l'inscription, en une
matière nouvelle dite Pyrogranit.
Nous avions, dès celle époque, essayé
vainement de savoir l'intérêt particulier
que pouvait olfrir celte matière, et finale-
ment nous n'y avions vu, comme tout le
monde, qu'une ingénieuse mixture compa-
rable, aux innombrables produits cérami-
ques que produit l'industrie. Peul-ètie
l'inventeur lui-même, M. de Krislotfo-
vilch, mort depuis lors, n'avait-il pas bien
vu lui-même l'application pratique, in-
dustrielle, courante, d'un produit auquel
il rêvait un nombre illimité d'emplois.
Il n'est pas rare, en effet, que les inven-
teur, préoccupés de leur idée fixe, oublient
le but principal qui les a amenés à cher-
cher et à trouver, et se noient dans leur
(I.M1VIV.
Dans le cas actuel, l'inventeur commet-
tait la faute de songera l'aire toutes sortes
de choses, procédé infaillible? pour n'abou-
tir à rien.Son exposition insistait sur l'ef-
fet décoratif, côté secondaire, pour négli-
ger le point, de vue réellement utilitaire;
elle, laissait l'impression de bimbeloterie,
tandis qu'on était en face d'une matière
dont il y a à tirer le plus grand parti.
Le Pyrogranit. que nous et tant d'autres
avions laissé passer sans y apporter d'at-
tention, est, en effet, un produit extrême-
ment intéressant et uni! invention sur la-
quelle peut se fonder une considérable,
peut-être une énorme industrie, t'n ingé-
nieur des mines français, bien connu
j de nos lecteurs, M. A. Gounol. est allé
dernièrement en Russie étudier la ques-
tion. C'est de lui que nous tenons les ren-
seignements qui vonfsuivre et qu'il a bien
voulu nous autoriser à faire connaître.
Des brevets dûment pris garantissent,
d'une, manière complète l'invention et les
droits y attachés, dans plusieurs pays, en
France notamment, et en permettent par
suile. la description.
Le pyrogranit consiste essentiellement
dans le, mélange, intime de deux argiles,
l'une réfractaire séchée et réduite en
poudre ou en grains, l'autre ordinaire, fu-
sible, préalablement cuite, et ensuite
également réduite en pondre ou en grains.
Ce mélange, par adjonction d'eau et tritu-
ration, est transformé en une pâte homo-
gène qui, après un léger séchage, est mou-
lée et pressée, puis mise au "four après
séchage, complet.
La cuisson est conduite de telle manière
que. l'on obtienne la fusion de l'argile ordi-
naire sans atteindre celle del'argiie réfrac-
taire. Or, cette fusion a pour effet', d'em-
pâter et d'agglomérer la seconde des ar-
giles pp.r la première et de produire par
suite une liaison et une cohésion considé-
rables, tandis que, de leur côté, les molé-
cules non fondues de l'argile, réfractaire
maintiennent les dimensions et les formes
primitives. Les molécules de l'argile ré-
: fraclaire constituent pour ainsi dire la
carcasse solide tout autour de laquelle
; vient s'agglomérer en un contact in'Uni
l'argile ordinaire liquéfiée.
OFFRES ET I>E]>Î^.]N"X>ES (Voir à la 5me -oaaeL.
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