QUARANTIÈME ANNEE.
No 32.
JEUDI 17 AOUT i893.
SOMMAIRE:
LA MINÉ D'OU ROBINSON (D. B.) 373
NOUVELLES DIVERSES '. 374
LA. PRODUCTION DU WITWATERSRAND. 375
EMPLOI DU PÉTROLE- COMMIS' DÊSIN-
CRUSTANT 375
■UNE LAMPE ELECTRIQUE DE SÛRETÉ.. 375
LA. GRÈVE DES CIIARRONNAGEÏ EN
GRANDE-BRETAGNE (Daniel Bell et) . . "76
LA. MINB DE BISMUTH DE MEVMAU 376
I^EXPLOITATION DU MICA. 377
PRODUCTION DU ZINC DANS LIS MONDE. 377
LES MINES D'OR DE HONGRIE (31e ar-
ticle). Réflexions sur le traitement
des minerais d'or : 111 377
■OFFRES ET DEMANDES 378
RENSEIGNES! KNTS 378
REVUE MINIÈRE ET MÉTALLURGIQUE.. 378
'BIBLIOGRAPHIE 381
•BULLETIN FINANCIER ; ÔS2
ANNONCES 382
COURS DE LA BOURSE 3S3-384
MINE D'OR DE BOBINSON
La crise monétaire qui sévit actuelle-
ment, crise causée uniquement par Ja
surproduction argentifère et par l'avilisse-
ment du métal blanc qui en est la consé-
quence naturelle, ne peut que donner une
importance nouvelle aux mines d'or. Quoi
qu'on en ait, et comme le faisait remar-
quer un de nos confrères et un de nos col-
laborateurs au Journal des Economistes,
tous les pays sont obligés de prendre
comme base de leur, circulation l'étalon
or : actuellement, il est vrai, l'Inde an-
glaise et la Chine, pour ne citer que ces ■
deux pays, en sont encore à l'étalon d'ar-
gent, mais elles seront entraînées forcé-
ment à prendre l'autre et l'on sait que déjà
lia frappe libre de l'argent a été interdite
dans la grande colonie anglaise. On com-
prend que l'immense population, de ces
■ deux régions aura besoin d'une masse
d'or considérable, et lés exploitations auri-
fères sont appelées à un brillant avenir.
C'est pour cela que le Journal des Mi-
.Mes tient à renseigner au mieux ses lec-
teurs, et qu'il a donné des renseignements
fort complets, notamment sur le dévelop-
pement des mines d'or du Witw.atersrand.
;Mais, comme ces exploitations ont une
•importance toute particulière et qu'elles
- se sont spécialement développées depuis,
un an, nous avons pensé faire oeuvre utile
•en les étudiant de plus près, et nous vou-
drions aujourd'hui donner quelques indi-
cations sur..la Compagnie de Mines d'oi-
• «Robinson », en nous aidant des infor-
.mations fournies par notre confrère South
Jâfrica. ''"•'.■
C'est une des mines qui tiennent certai- '■
nement la première place, par les brillants <
résultats qu'elle a su obtenir au point de .
vue commercial comme au point de vue
minier. Elle est exceptionnellement favo-
risée par la nature qui lui a donné de ri-
ches gisements: c'est elle qui a soutenu le
Rand et l'a pour ainsi dire ressuscité.
Après les mois mémorables de 1889, où
des désastres multipliés s'étaient appesan-
tis sur les centres miniers, au moment où
toute l'industrie paraissait anéantie, la
mine Robinson s'est maintenue malgré
tout. Par l'excellente situation qu'elle
avait su garder, grâce à l'habile direction
qui était à sa tête, elle ranima la confiance
publique et elle donna même du courage
aux autres Compagnies minières.
Les propriétés de la mine consistent en
25 daims à peu près, appartenant à la
région du Main Reef(An principal.Reef) ;
ces claims, du reste, sont couverts pai une ,
étendue de 165 acres (l'acre valant 40 ares
environ) vers le sud de la ligne des reef s.
Précisément on vient encore d'augmenter
ce domaine de 30 nouveaux claims, situés
au sud des précédents. Les 24 premiers
claims s'étendent sur 1.110 mètres de lon-
gueur; les reefs se développent fort bien
dans les veines inférieures.
D'ailleurs, l'étendue du domaine est re-
lativement secondaire : ce qu'il importede
savoir, c'est la productivité de ces terrains.
Jusqu'en déceinnre 1891, la Compagnie a
produit 267.052 onces (do 80 grammes en-
viron), dont elle a tiré 968.063 livres ster-
ling (à peu près 24.200.000 francs). En
1892, elle a extrait, et traité 101.061 tonnes
de minerai (tonnes de 1.016 kilogs). don-
nant 14.4.840 onces et une valeur de 482
. mille 900 livres. Cela fait en tout 1.451.800
livres ou environ36 millionsSOO.OOO francs.
La Compagnie a déclaré comme dividen-
des, jusqu'en décembre 1892. 21 shillings
(ou plus de 26 francs) par action, ce qui a
absorbé 570.937 livres 10 shillings ; et, en
1893, il y a eu un dividende ultérieur de
. 4 shillings, absorbant 110.000 livres (ou
2 millions 750.000 francs) dé bénéfices.
Dans les premiers jours de l'exploitation
l'usine, la batterie comme on dit, n'ayant
qu'une faible capacité, il ne fallait pas
beaucoup de minerai pour l'alimenter, on
pouvait par suite choisir ce minerai, et il
' rendait jusqu'à 4 et. 5 onces à, la tonne..
Mais, depuis lors, on a du tout prendre,
pour exploiter "sur une plus large échelle,
et, en 1892, le rendement est forcément
tombé jusqu'à 1 once 6 doubles (1) et 16,15
grains (1) à la tonne. Et pourtant, en dépit
du rendement, les bénéfices ont suivi une
loi. constante d'accroissement, grâce à l'ha-
bile direction de la Compagnie et aux in-
telligentes dispositions adoptées pour l'ex-
: ploitation,
A ce point de vue,il est précisément édi-
: fiant de suivre la diminution graduelle des
■ dépenses d'exploitation. Pendant le se-
.' 1 Kiestrè janvier-juin 1890, elles étaient de
2 livres 1 shilling ï,19 penny par tonne, ce.
qui revient à peu près à 26 fr. 50; le se-
mestre suivant, elles tombent à 1 livre
15 shillings 4,32 pence ; enfin, durant le
premier semestre 1891, elles ne dépassent
point une livre 9 shillings 11,76 pence à la
tonne, ou seulement 37 fr. 35. Le progrès
est considérable. Continuons la comparai-
son : nous verrons que, au lieu de 1 livre
9 shillings 4,40 penne de frais d'extraction
et de broyage calculés pour l'année entière ,
1891,1a dépense correspondante ne s'est
élevée en 1892 qu'à 1 livre 2 shillings 1,86 •
penny par tonne. Si l'on compare même '
les deux semestres de l'année 1892, on
■peut constater que la diminution des frais .
s'est sensiblement accentuée et que le coeffi-
cient d'exploitation du deuxième semestre
1892 est bien inférieur au coefficient moyen
de l'année entière : pendant le premier se-
mestre, les frais étaient de 1 livre 3 shil-
lings 8,55 pence, ils'tombent à 1 livre 7,12
pence dans le deuxième.
Il est évident qu'un puissant facteur de
prospérité pour une exploitation minière,
c'est le haut rendement du minerai; mais
on peut compenser un rendement quelque
peu faible par une exploitation plus éco-
nomique, par une diminution des frais de
production et c'est ce que fait la mine Ro-
binson, avec une habileté remarquable.
D'après le dernier rapport du président
on va môme introduire d'autres améliora-
tions qui permettront d'augmenter les
bénéfices. On parle d'attaquer le Main
Reef, ce qui réduirait les dépenses : dans
la cinquième veine il contient, paraît-il,
9 doubles 4 grains à la tonna, et il présente
une épaisseur de 5 1/2 pieds (à 375 pieds
ou 112 m. 50 de profondeur).
La Compagnie Robinson est plus pros-
père aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été
au temps des forts rendements-. Lès tra-
vaux du quatrième étage, du cinquième et
du sixième rencontrent des veines variant
de 1 pied 1/2 à 2 pieds d'épaisseur, avec
un rendement oscillant entre 1 once 7
doubles 14 grains et 7 onces 14 doubles 2
grains. PendantTannée.1892, la Compa- .
gnie fait un bénéfice net de 263.602 livres
18 shillings 6 pence (ce qui fait approxi-
mativement 6 millions 600.000 fr.) ; pen-
dant la présente année, le bénéfice men-
suel a pu atteindre 27.000 livres, ce qui
: représente 326,352 livres ou 8.160.000 fr.
pour l'année entière. Qu'on veuille, bienle
remarquer, cela correspond à 12 0/0 du
montant de l'action pris à 25 livres ; et
comme, en réalité, les actions de la Robin-
son sont cotées en marché public à 4 livrés
seulement, c'est donc un revenu de 14 0/0
qu'assure un pareil placement.
On peut" dire, du reste, d'une manière
générale, que les risques sont'réduits'à
leur minimum dans les exploitations auri-
fères du Transvaal; dans aucun terrain de
mines d'or on ne rencontre autant dé régu-
larité que dans le Rand. D'ailleurs, l'es
I recherches lei plus récentes ont rencontré
le Reef jusqu'à une profondeur de 720
; mètres et ont vérifié-la continuité des
; veines à toutes profondeurs. Il y a donc
(1) ,Le double vaut 1 gramme 5^552 et le
grain 6,45 centigrammes.j
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