QUARANTIÈME -ANNEE.
No 30.
JEUDI 27 JUILLET 1893.
JOURNAL DES MINES
SOMMAIRE:
Pages
LES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES EN
GRANDE-BRETAGNE (Daniel BelleU.. 319
NOUVELLES DIVERSES 349
INFLUENCE DE LA. BAISSE DE L! ARGENT
SUR LE PRIX DE HEVIENT DU CUIVRE. 351
LA COTE DE V ARGENT MÉTAL A NEW-
YORK, LONDRES ET PARIS 352
(PRODUCTION DE L'ARGENT El' DE L'OR
DANS LE MONDE DEPUIS 22 ANS 352
QUELQUES MOTS SUR LA MONNAIE (Da-
niel Bellet).. 352
LA GRÈVE DES MINEURS ANGLAIS 353
LES INTÉRÊTS BELGES DANS LA CRISE
CHARBONNIÈRE ANGLAISE 353
L'INDUSTRIE DU NITRATE AU CHILI 354
OFFRES ET DEMANDES 354
RENSEIGNEMENTS ; . 354
REVUE MINIÈRE ET 'MÉTALLURGIQUE . . 355
"BULLETIN FINANCIER 358
COURS DE LA BOURSE 359-360
UGS
Industries Métallurgiques
EN
GRANDE-BRETAGNE
Les industries du fer et de l'acier, si
importantes en Grande-Bretagne, traver-
sent depuis quelque temps une crise sé-
rieuse qui n'est pas sans légitimement
préoccuper les économistes d'au delà du
©étroit. Cependant il semble qu'une légère
amélioration se manifeste; on reprend es-
poir, il y a plus d'animation sur le marché
et les revues anglaises se demandent s'il
•ne faut voir là-dedans qu'une amélioration
purement temporaire, ou si, au contraire,
on se trouve en présence d'une reprise dé-
finitive des affaires.
D'après l'avis général, il est évident
qu'on doit s'attendre à des soubresauts
dans les cours, à des : relèvements partiels
.après une si longue dépression ; mais il est
non moins certain que la baisse n'a pas
■ encore atteint les prix minima, attendu
-que les prix actuels sont sensiblement plus
hauts que les prix extrêmes des périodes
• de crises précédentes.
Nous pouvons prendre pour exemple les
deux périodes respectives 1882-86 et 1889-
.1892. Pendant chacune d'elles, le com-
merce subit une diminution considérable,
-et il s'en suivit une baisse des prix, mais
bien plus sérieuse dans la première pé-
riode que dans la seconde.
En 1882, la production de la fonte en
-gueuse était de8.493.287tonnes: elle tom-
bait à 61870.665 en 1886; d'autre part,
l'exportation passait de 4.353.552 tonnes à
:3.389.107;.' enfin, à considérer'les icar-
■.rants sur fonte écossaise, oh voyait le prix
iiùpy'en baisser de 49 shillings 4 pence à
39 shillings 11 pence (nous ne traduisons I pi
pas en monnaie française, car la compa- I l'I
raison se fait aisément sans cela). Or^pen- ps
dant la période 1889-92, la production ! il
tombe de 8.245.536 tonnes à 6.616.890, à
l'exportation passe de4.186.182 à2.740.217; qi
mais les prix s'abaissent seulement de 47
shillings 10 pence à 41 shillings 10 pence, e!
On le. voit, dans les deux cas, la diminu- n
tion de la production atteint environ p
1.600.000 tonnes : mais, sur les exporta- t;
tious, la réduction est plus forte pendant c
ïa première période que pendant la deuxië- li
me (1.400.000 tonnes au lieu de 1.000.000). f
D'autre part, la baisse des prix, qui avait i
atteint 9 shillings 5 pence de 1882 à 1886, t
n'est jusqu'à présent que de 6 shillings de- r
puis 1889. I
Cette différence provient u niquement du *
. taux des salaires. On sait, en effet, que, l
sauf dans le sud du Pays de Galles, les ]
salaires des mineurs n'ont été que peu af- |
fectés par rabaissement des prix de vente;
depuis 3 années, aucun changement ne s'est
produit, àl'exceptionduDurham, etdepuis
la dernière grève. Et cependant nous n'a-
vons pas besoin de démontrer que, par
suite du ralentissement des travaux dans
les usines métallurgiques, la demande du I
I charbon baisse et qu'il en est de même
pour le prix de ce combustible. Aussi ne
sera-t-on pas surpris d'apprendre que les
propriétaires de mines du centre de l'An-
gleterre s'efforcent d'obtenir une réduction
d'au moins 25 0/0 sur les salaires de leurs
ouvriers. Peut-être est-ce que cela entraî-
nera une grève, mais les commerçants an-
glais sentent que ces réductions consti-
tuent une nécessité absolue si l'on ne veut
pas voir une grande partie de leur clientèle
les quitter pour leurs concurrents conti-
nentaux. Le chiffre des affaires diminue
constamment, et c'est bien armaient quand
on compare le chiffre des exportations de
1886 avec celui de 189.2.
i Pour les.barreaux. boulons et tringles,
. on en avait exporté 242.947 tonnes en 1886,
' et seulement 172,850 en 1892; les chiffres
respectifs sont de 307.756 et 298.679 tonnes
t pour les cercles, tôles et, poutrelles ; la di-
3 minution est encore très sensible (320.129
3 au lieu de 353.923) sur lès fers fondus et
t travaillés; enfin, l'exportation de l'acier
3 brut passe de 166.367 tonnes à 148.503. Si
i nous considérions le total des exportations
s pour le fer et l'acier, nous verrions que le
s poids en était de 3.388.494 tonnes en 1886,
et qu'il s'est abaissé à 2.740.217 en 1892.
s Les manufacturiers anglais ont été ha-
l- bitués jusqu'à présent à se considérer
L- comme les maîtres du marché ; mais ils
», paraissent revenir aujourd'hui de cette
s opinion. Ils sentent que la concurrencé
î- étrangère les menace, et que le seul nioj'en
de lui tenir tête est d'abaisser le coût de la
n production et par suite le prix.des pro-
i- duits. Pour donner une idée de leur déso-
t, lation et de leur inquiétude, nous ne pou-
à vons mieux faire que citer textuellement
r- ce que dit un de leurs journaux : « Il est
tx lamentable de songer que le commerce an-
à . glais du fer et de l'acier n'a pas fait de
progrès depuis bien des années, et qu'à
l'heure présente nos exportations ne sont
pas plus considérables qu'elles ne l'étaient
il y a quatorze ans. Il y a là ample matière
à réfléchir, aussi bien pour les ouvriers
que pour les patrons. »
Lés Anglais ss tournent de tous les côtés,
et dans aucune branche de l'industrie ils
ne voient rien qui puisse leur faire es-
pérer de quoi relever leurs industries mé-
tallurgiques. Ils ne comptent pas sur les
constructions navales pour ouvrir de-
larges débouchés à la consommation du
fer et de l'acier, et cependant on sait quelle
importance ont leurs chantiers de cons-
truction. Les armateurs britanniques fe-
raient des commandes à l'étranger, sim-
plement parce que les constructeurs du
continent leur font des conditions fort
avantageuses. Quant à l'agriculture, elle
ne serait pas en situation de faire de
grosses dépenses en achat", de produits
métallurgiques.
La crise australienne, et les différentes
crises sud-américaines ont très rudement
affecté les industries métallurgiques an-
glaises, d'autant que les pays dont il s'agit
étaient d'excellei»ts clients. Or, on sait
qu'à présent la construction des chemins
de fer en Australie aussi bien que dans
l'Amérique du Sud est arrêtée pour long-
temps sans doute. Il faudrait encore ajou-
ter les conditions du marché américain du
Nord, où le tarif Mac-Kinley a fait un tort
énorme principalement aux fabriques de
fer-blanc du pays de Galles.
De tout ceci, et comme nous l'avons
dit déjà, les Anglais tirent une conclusion
qui domine tout le reste: c'est au'ils doi-
vent diminuer les prix de vente de leurs
produits métallurgiques, grâce à une préa-
lable diminution des prix du combustible.
Autrement, ils ne croient pas pouvoir
garder leur suprématie dans la fabrication
des fers et aciers; mais toute la.question
est de savoir si les mineurs des houillères
voudront bien consentir une diminution
sur leurs salaires: ils ont déjà montré:
qu'ils se soucient peu détenir compté de la
loi économique de l'offre et de la demande
et de l'impossibilité où sont les consom-
mateurs de combustible de le payer aussi
cher que par le passé.
DANIEL BELLET.
IOTTYELLES. DIYE1SM
. Britisli Cliartered Soutli Africa. — La
Société a reçu les deux télégrammes sui-
vants datés du 20 juillet :
Le .premier de "Victoria émanant du
D 1' Jameson, administrateur de la Compa-
gnie,au Mashonalân'd : ...-'. V'-.r
Matabeles repoussés en dehors-des fron-
tières.
Tout.est .tranquille ici et à Fort-Salis-,
bury. J'attends la réponse de Lobengula.
Le deuxième des .bureaux de la Cijmpa-
.gnie, àCapeTown".:.. ■ ■:-. >.'?':u- ■
, 'Démentez immédiatement tous briiits
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