Ue ANNÉE (2e série).
- N"8*.
JEUDI 9 AOUT 1877,
SOMMAIRE
Pages
LES TRAITÉS DE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
MÉTALLURGIQUE.... . 497
CANAL DU HAVRE A TANCARVILLE 498
FABRICATION DU FER ET DE L'ACIER AUX
ÉTATS-UNIS. 500
CADÉMIE DES:SCIENCES...' ;...... 501
INFORMATIONS »v. 601
CHARBONS, COKES, AGGLOMÉRÉS 802
FERS, FONTES, ACIERS 503
REVUE FINANCIÈRE 504
TABLEAUX DES COURS DÉS VALEURS 505-506
LISTES DES BREVETS D'INVENTION 508
ANNONCES 507-512
LES TRAITÉS DE COMMERCE
ET L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE
(Suite).
Nous avons fait connaître l'opinion du la
Chambre de commerce de Saint-Etienne
sur l'abaissement des tarifs de douanes. On
nous remet aujourd'hui un document très
intéressant, arrivant aux mêmes conclu-
sions, et qui présente ceci de remarquable,
qu'il émane d'un groupe d'industriels con-
sommateurs de fer et de houille et qui, par
conséquent, devraient être disposés à de-
mander la suppression des droits plutôt que
leur maintien. Et cependant la Chambre
syndicale des mécaniciens, chaudronniers,
fondeurs et manipulateurs de métaux de
Paris, a chargé MM. Farcot, Donnay, Las-
son et Grimault de faire un rapport au mi-
nistre et de lui demander de ne concéder
aucune réduction nouvelle sur les droits
existants, « droits qui ne sont que la juste
compensation des charges grevant l'indus-
trie française. »
Le rapport examine la question au, point
de vue : V des fers; 2° de la mécanique,
de la grosse chaudronnerie et des fontes
moulées ; 5° des tubes en fer.
La réduction serait cause :
1» De pertes inévitables pour les établis-
sements métallurgiques et même, suivant
l'importance de cette réduction et dans
certaines circonstances commerciales, de la
ruine et de la fermeture d'un grand nombre
d'entre eux;
' 2° De l'avilissement de notre fabrication ;
car nos produits de qualité inférieure de-
viendraient aussi ma'uvais que les plus
mauvais de Belgique et d'Angleterre, tandis
qu'ils leur sont encore sensiblement supé-
rieurs ;
3° De l'envahissement de notre marché
par l'excès de production des pays voisins,
la Belgique et l'Angleterre, qui, se voyant
fermer leurs débouchés ordinaires, convoi-
tent avec une ardeur non dissimulée notre
marché consommateur.
En effet, les Etals-Unis, qui étaient exclu-
sivement tributaires de l'Angleterre, peu-
vent aujourd'hui produire le double de leur
propre consommation. Or, l'Angleterre,
qui produit à peu près cinq fois autant de
fers et Tontes que la France et à bien meil-
leur marché, pourrait écraser notre indus-
trie en jetant sur tout notre littoral la ving-
tième partie de la production totale delà
France.
La Belgique, de son côté, voit se fermer
devant elle les marchés de Russie et d'Alle-
magne ; elle pourrait apporter alors sur
nos frontières du Nord et de l'Est environ la
moitiéde la production de ces deux'groupes
métallurgiqnës, anéantissant ainsi notre
industrie dans les régions où nous pouvons
produire au prix le moins élevé.
Dans de telles conditions, la France de-
viendrait tributaire presque absolue de
l'étranger. Est-ce possible pour des matières
telles que la fonte, le fer et leurs dérivés ? .
Ne serait-ce pas aller jusqu'à compromettre
notre indépendance nationale ?
2" Pour, la mécanique, la grosse chau-
dronnci'ic. de fer et les fontes moulées.
Les droits actuellement établis sur les
diverses machines, la chaudronnerie de fer
pour chaudières à vapeur, et les fontes
moulées, sont loinMe compenser les diffé-
rences entre les prix de revient des. pro-'
ducteurs français et ceux des producteurs .
étrangers. '■:.:. ;;.\.
Ces différences tiennent à plusieurs;cau-
ses. D'une part,.la mécanique et.laçhau-
dronnerie de fer en France sont, en géné-
ral, construites avec des matières supé-
rieures à celles employées à l'etrange>
pour le même usage; d'autre pàrtV lés ma-''
chines y sont plus soignées et mi,éii^;fi'njes>"
C'est grâce à cette supériorité de ârireV"
de qualité que l'industrie de "là cbnstrttè*.
tioh ; dés machines eu France soutient en»/
côrèà l'intérieur la concurrence étrangère; 1
mais il-est évident que pour se' niàinténitfâ'.'
soft rang, il 'lut ftlil développer'de cohétaifts '
et énormes efforts d'invention; d'act.îyhé'èt '
d'économie et que, dans la situation'où^ië^
trouvé notre ffaysi' après'les ^è^àstre&'qui
l'ont accablé, il serait bien imprudent d'es-
sayer de réduire encore la minime protec-
tion qui couvre cette industrie.
Nôii-seulëment il importe de conserver
aux machines françaises, machines à va-
peur et machines-outils, leur'supériorité
qui disparaîtrait rapidement, si, par ' suite
de l'abaissement des droits, les 'construc-
teurs, pour arriver aux prix de l'étranger,
se voyaient obligés de renoncer à l'emploi
de matières de choix et de ne plus donner
les mêmes soins à la fabrication; mais en-
core, leur construction étant une des in-
dustries les plus essentielles à la vie et à la
défense d'une nation, il importe au salut
de "tous qu'elle puisse vivre et même qu'elle
soit forte, et que par des concessions in-
tempestives on ne risque pas de la com-
promettre en face de l'étranger.
En outre, chez nous la production des
machines, des ouvrages de grosse chau-
dronnerie et des fontes moulées se trouve
dans des conditions essentiellement désa-
vantageuses par suite des impôts excep-
tionnels qui pèsent sur notre pays, sans
compter le prix plus élevé éTi France qu'à
l'étranger des matières premières et des
transports.
3* Tubes en fer.
, C'est une fabrication de première impor-
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