Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-02-08
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 février 1920 08 février 1920
Description : 1920/02/08 (Numéro 13109). 1920/02/08 (Numéro 13109).
Description : Note : 4è édition. Note : 4è édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/05/2008
37e Année –F 13109
C'est le beau fixe pour plusieurs-
jours Gelée blanche (ou brouil-
lard .vent régions S. A Pa-
lis, S76-777.
La dépression du large va se =
combler, avec légère hausse Iles-
Britanniques et Frante. Beau ou
peu nuageux sur (otites nos ré-
(lions avec gelées blanches et ra-
res brouillards. Vents régions S. =
faibles ou modérés Manche,
Océan, E.: modérés Méditerranée. Se:
financière
PLUS D'EMPIRISME
En présence d'une situation extraordinaire
il faut accepter des solutions extraordinaires
Les voiles que la prudence timorée de
nos ^dirigeants avaient jetés sur la situa-
tion financière et économique de la
France se soulèvent peu à peu. Depuis
l'armistice, c'est-à-dire depuis quatorze
mois, la situation s'est aggravée au
point qu'il n'est plus 'possible de cacher
la vérité au public. « Aucune guerre ne
paye, même victorieuse avait dit An-
gel Norman dans son livre prophétique.
Aucune guerre victorieuse ne nous aura
été plus lourde à porter, aucune gloire
plus écrasante.: Dissimuler le bilan exact
par lequel se. solde pour nous cette
'guerre sans précédent dans l'histoire,
faire fond sur. d'hypothétiques pro-
messes de payements futurs, pratiquer
le système des' emprunts à la petite se-
maine, vivre au jour le jour, surtout re-
culer devant les initiatives à prendre et
.les solutions viriles à décider, c'est vi-
vre dans l'empirisme et c'est la politique
qui a été 'suivie par le gouvernement
précédent.
Or, si l'empirisme, en temps de
guerre, et pour un peuple d'improvisa-
teurs, est admissible., si cette méthode
a même' été légitimée par le succès, il
n'en saurait être de même en temps de
paix, lorsque nous nous trouvons en
présence d'une liquidation formidable
à régler, d'une réédification totale de
l'armature de notre régime social.
La brutalité des faits n'admet plus
d'équivoque.
Le bilan
La situation financière peut se résu-
mer ainsi'
La dette totale de la France au 31 dé-
cembre 1919 s'élevait à 238.474.133.950
francs. Le service annuel de cette dette
représente la somme de 9.385.344.193
francs, dont 2.969.848.100 francs pour la
seule dette extérieure. f
Cette dette globale se décompose corh.
me- suit
uette a terme.
Dette flottante.
Dette extérieure à terme.
Dette flottante
Dette intérieure globale.
Dette extérieure globale
Le lourd tribut que nous payons à
l'étranger est encore aggravé par la
baisse du change. Notre, franc ne vaut
plus guère que 40 de sa valeur nomi-
nale à New-York, à Londres, à Genève,
à Madrid. Le service de. notre dette ex-
térieure représente donc en réalités un
débours annuel écrasant'. d'environ six
milliards dé francs au taux actuel du
change.
Au point de vue intérieur, la situation
n'est guère meilleure un commerce
d'exportation déficitaire par rapport aux
importations de 21 milliards de francs
pour l'année 1919 une production agri-
cole inférieure de près de moitié aux
chiffres d'avant-guerre, 48 millions de
quintaux de blé en 1919 contre 88 mil-
lions de quintaux en 1913 une produc-
tion manufacturière et Industrielle 'pa-
ralysée par les dévastations du Nord,
dont tes travaux de reconstruction né-
céssiteraient, d'après les récentes éva-
luations de 1\1. Loucheur, une dépense
de plus de 60 milliards de francs, et qui
est de plus handicapée par la nécessité
-d'acheter à l'extérieur, dans les condi-
tions extrêmement onéreuses du change
actuel, les matières premières indispen-
sables enfin, un budget de 47 mil-
liards et demi pour 4920, dont 22 mil-
liards s'appliquant aux payements pour
les pensions et réparations, théorique-
ment payables par l'Allemagne, mais
uont nous faisons les avances, et 7 mil-
liards et demi pour les dépenses extra-
ordinaires proprement dites.
Tel est le bilan réel devant lequel
nous nous trouvons. Crise économique,
crise financière, l'une et l'autre résul-
tant de la perturbation mondiale ame-
née par cinq années de guerre. Aucun
des pays qui ont été directement ou in-
directement mêlés à cette guerre n'y
échappe, aucun n'est plus douloureuse
ment,, plus profondément et plus injuso
tement atteint que la France.
Que fairé ?
Le problème'se pose donc de savoir
par quels moyens, par quels efforts mé-
thodiquement poursuivis nous pour-
rons s'ortir de cette situation, faire face
a nos engagements, le contraire ne pou-
vaut 'se concevoir, rétablir l'équilibre
compromis de nos échanges internatio-
naux, raffermir notre prestige financier,
orienteur le pays vers une activité totale.
Il semble que la question du change
est celle qui, aujourd'hui, eomine la
dépréciation de notre, devise entretient
ia. cherté de la vie, étant donné l'obliga-
tion où nous sommes de faire de gros
achats à l'étranger, elle favorise la spé-
culation, elle pèse lourdement sur notre
budget elle rend 'difficiles* nos approvi- j
sionnements en matières premières,
surtout elle est l'indice de l'amoindris-
eemesit de notre crédit à l'étranger.
Certes, le déficit de notre production
est une cause prépondérante dans la
hausse du change, et la meilleure solu-
tion, pour le faire baisser, serait d'accé-
jérer la reprise de la production. Parfait
en théorie, le remède n'opérerait pas im-
médiatement dans la. pratique. Des an-
nées se passeront avant que notre force
de production soit rétablie, et nous ne
pouvons pas attendre les bénéfices que
nous retirerions au point de vue, de la
baisse du change, en stimulant notre
activité économique, seront à échéance
lointaine la «production ne peut pas re-
prendre son intensité aussi longtemps
/gue persistera la hausse du change.
Nous tournons ainsi dans un cercle vi-
cieux.
L'assainissement de notre circula-
tion fiduciaire est, de même que l'orien-
tation de la production, J'un des remè-
des indiqué; pour raffermir notre chan-
ge. L'inflation monétaire actuelle devra
être combattue au moyen d'emprunts,
qui absorberont le trop plein de la cir-
culation de papier néanmoins, c'est en-
core là couvre de longue haléine, alors
que nous-sommes talonnés par •l'ur-
genèfi des solutions à adopter.
La* Crise économique étant fonction
de la crise financière, cette dernière ap-
paraît fonction .elle-même d'une crise
aussi bien matérielle que psychologique,
d'ordre national, mais encore davantage
international, d'une crise de crédit issue,
en définitive, d'une crise de confiance.
Nos alliés
Du jour aù nos alliés, qui sont à la
ne l'oublions pas, créanciers et
détenteurs de capitaux, reprendront
confiance dans notre capacité de pro-
ducteurs et de débiteurs solvables, nous
trouverions .auprès d'eux facilités de
payement, prorogation des échéances,
offres de prêts nouveaux, c'est-à-dire
une aide financière absolue, qui aura
pour effet immédiat de faire bondir la
cote de notre devise aujourd'hui dépré-
ciée. Peut-on prétendre que cette
confiance existe aujourd'hui ?
11 convient d'insister sur ce point, car
l'heure n'est plus de s'imaginer que nos
alliés viendront à notre aide par senti-
mentalité ou par reconnaissance.
S'il est vrai que nous puissions faire
appel à leur bonne volonté pour obtenir
un appui financier nous permettant de
reconstruire ce qui a été détruit non
seulement par les obus allemands, mais
aussi par les projectiles anglais et amé-
ricains, il n'en est pas moins certain que
nous,devons, avant tout, pouvoir offrir
des garanties et la preuve qu'une saine
politique financière et-flscale sera pour-
suivie sans faiblesse.
Une bonne politique financière et fis-
cale à l'intérieur, des empruntes exté-
rieurs gagés sur des garanties positives,
tbls apparaissent les moyens les plus
proprets à conjurer la crise grave que
nous traversons, et qui risque, si' elle
se prolongeait, de nous placer dans une
situation presque inextricable.
En ce qui touche les modalités d'ap-
plication de..ce programme, on.ne peut
ici qu'en esquisser les grandes lignes,
que suggérer les directives il prendre.
A un budget sévèrement établi dans le-
quel les dépenses auront subi la com-
pression maximum, correspondront des
recettes alimentées par des impôts pro-
ductifs, faciles ;r percevoir, ni vexatoi-
res, ni difficiles à recouvrer, comme l'im-
pôt sur le revenu, ni destructifs de l'ini-
tiative des capitaux et des activités per-
sonnelles, comme ceux sur les bénéfi-
ces, sur les salaires, et en général tous,
lés impôts personnels. Il semble, dans
cet ordre d'idées, qu'un -impôt sur le
chiffre d'affaires, dont le produit peut
être évalué, selon le pourcentage adopté,
à 14 milliards, serait bien accueilli par
les commerçants, qui en opéreraient
eux-mêmes la perception. A cet impôt
facile atteignant tous les consommateurs
pourrait s'adjoindre un impôt sur la for-
tune acquise. Ce sont là des formes d'im-
pôts simples, peu coûteux à percevoir
et qui rapportent.
Les capitaux
Pouvant .nous prévaloir d'une politi-
que financière saine, il restera à obtenir
de nos alliés les capitaux nécessaires
pour mener à bonne fin l'œuvre de re-
constitution de nos provinces.dévastées
et de reprise totale de notre vie indus-
trielle et commerciale.
Ne craignons pas de dire qu'en pré-
sence d'une situation extraordinaire,
nous devrons accepter des solutions qui
seront également extraordinaires. Il ne
suffira pas, en effet, pour obtenir de nos
alliés, et principalement des Améri-
cains, leur appui, d'offrir comme garan-
tie notre crédit financier, même raffermi
et plus solide. Il faut admettre que nous
pourrons être amenés, sans que cette
renonciation implique la moindre humi-
liation ou signifie la moindre atteinte
portée à notre autonomie nationale, à
renoncer pendant un temps, au profit
de nos prêteurs, à l'exploitation directe
de certains de nos biens ou de certaines
de nos richesses politiques.
La seule idée que nous puissions
affermer, même temporairement, quel-
ques parcelles de notre patrimoine,
en vue, sur ces garanties réelles, d'ob.
tenir les capitaux dont nous avons
besoin, a été violemment combattue, et
répugne, au premier abord, au tempé-
rament traditionaliste français, Une
solution mixte, pour ménager ces sus-
ceptibilités légitimas, consisterait à rem-
placer ces affermages temporaires par
l'établissement de cédules hypothécai-
res, gagées soit par les biens fonciers.
soit par lés biens dépendant du do-
maine national. De toutes façons, le
choix des moyens n'est pas illimité, et
des éventualités qui apparaissent, à pré-
inière vue, inacceptables, pourraient
bien n'être que l'unique remède à une
situation qui paraît autrement sans
issue. Jean d'Orsay.
M. Poincaré remettra aujonrd'hni la Croix
de guerre à Châlons et à Epernay
Le président de la République, accompa-
gné du général Pénelon, secrétaire généril
militaire de l'Elysée, a quitté Paris hier soir
à 21 heures, se rendant en Champagne, où
il doit aujourd'hui remettre la Croix ûe
guerre aux villes de Chàlons-sur-Marne et
oTEpernay.
Le mire de Brest refuse
la salle des fêtes municipales
aux anciens coiibattants
II interdit en outre leur pèlerinage
.au monument aux morts
pour la patrie
BREST, .7 7 fév. Téléph. Matin. --Le
groupe a Barbusse n ayant récemment ob-
tenu Il salle des M'es municipale pour don-
ner un bal, les anciens combattants de
Brest (Association nationale), auxquels les
femmes de Brest offrent demain un dra-
peau, avaient sollicité du maire l'autorisa-
tion de se servir du même local. M. Nardon
relnsa.
̃Il fut alors décidé que la cérémonie; pré-
sidée pa.r le général ̃ Ruault-, se déroulerait
dans la salle~dii cercle des officiers améri-
cains, mais qu'elle serait précédée d'un
pèlerinage. au monument aux morts pour la
palrie, où une palme serait déposée.
Coutes les sociétés patriotiques 'de Brest
devaient prendre part à cette manifestation,
mais aujourd'hui le maire a fait notifier par
le commissaire de police au président de la
société qu'il interdisait ce pèlerinage, une
conlre-maxiifestaticHi étant annoncée.
Les anciens combattants ont décidé ce
scir de, passer outre cette interdiction..
PROPOS D'UN PARI SI EN
Le monument Roussin
Voici une petite nouvelle qui est, après
tout, peut-être une grande nouvelle. En soi,
le fait n'est pas catflqpultueux mais il a sa
valeur d'indication. Le Matin peut s'en ré-
jouir. Il a été le propulseur.
Il y a trois ans, j'ai fondé ici la Société
des 'Dénicheurs de Gloires. Je m'en suis
nommé président, secrétaire, trésorier;
comme, en outre, j'en étais le seul membre,
il y a eu, dans cette association, une unité
de vues remarquable. Notre but était de re-
chercher Les noms que notre stupide indif-
férence pour nos vrais grands hommes
laisse dans l'ombre au profit du cabotinage
organisé. Ainsi, je pus découvrir le phar-
macien Zacbarie Roussin, un des plus vas-
tes penseurs de la chimie moderne, mort
ignoré, après avoir fait la découverte d'in-
térêt universel des matières colorantes azoï-
ques, si formidablemént exploitée par. les
Allemands. Du même coup, j'ai retrouvé,
dans un village, Luizet, un patriarche, tech-
nicien exceptionnel, qui avait mis en train
la difficile réalisation industrielle des idées
de Roussin au profit d'un patron imbécile
qui, se croyant assez riche, abandonna tout
pour la politique, 6 Sénat
Un petit article remua nos savants. To-
rande, pharmacien animateur, fit hdnté et'
ses confrères- oublieux. Et, bientôt, on
inaugure à Rennes, en pompe, un monu-
ment à Zacharie Roussin. Ce n'est qu'un
monument de plus mais il signifie quelque
chose et quelqu'un. Cette originalité vaut
bien qu'on en parle, trente lignes, dans un
journal. Louis Forést.
LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA GUERRE
SE RÉUNIT
Phot. Matin
Le maréchal. Foch et le général Degouiie
sortant de la séance.
Le conseil supérieur de la guerre s'est
réuni hier au ministère de la guerre, sous
la présidence de M. André Lefèvre; minis-
tre de la guerre. Il a commencé de-s'entre-
tenir des diverses questions se rattachait
à la réorganisation de l'armée, et notam-
ment du problème délicat de la durée du
service militaire.
lemenrtrier de l'inspecteur Galatry est arrêté
Le meurtrier de l'inspecteur Galatry, a
été arrêté, hier soir, à S heures, par le bri-
gadier Meyret, le sous-brigadier Loquet et
l'inspecteur Courbis, au pont Mirabeau.
C'est, ainsi que nous l'avons dit uii nom-
mé Victor Lecarbonnel, né le 4 janvier 189S
et exerçant la profession d'ouvrier mécani-
cien.
Il a été surpris au moment où il lisait un
journal a la lueur d'un bec de gaz.
Il avait sur lui un revolver chargé, un
rasoir, deux couteaux, une boite de cigares.
Interrogé par M. Guillaume, il a raconté
comment s'était déroulé le drame. Galatry
l'avait déjà arrêté deux fois auparavant
pour vols. Au moment où Galatry le ren-
contera près du boulevard de Grenelle et
l'arrêta, Lecarbonnel lui dit « Lâche-
moi Galatry lui répondit « Totor, rends-
toi !» A ce moment, « Totor n s'empara de
son revolver qu'il portait toujours sur lui,
tira d'abord ilne balle sur Galatry qui chan-
cela. Voyant Galatry tomber, Lecarbonnel
lui tira deux autres balles.
Lecarbonnel avait commis de nombreux
vols à la gare d'Issy-les-Moulineaux. Il sera
écroué demain à la Santé et mis à la dispo-
sition de NI. Deis, juge d'instruction.
Petit drame
devant le théâtre
JJÔ I'on^pit artiste
dramatique, déjouer la scène de la
vengeance dont elle devait;
être la victime
Phot. Reuûinger
Mme JANE RENOUARDT
M. Warrain, juge d'instruction,. s'est oc-
cupé hier à dénouer juridiquement l'intri-
gue d'un petit drame interprété par plu-
sieurs artistes parisiennes et un « amateur
et qui s'est déroulé devant le théâtre des
Capucines voilà quelques jours, le 16 jan-
vier exactement.
Le magistrat tient déjà, en la personne
d'un camelot répondant au nom de Pisvin,
l'un des personnages le comparse soudoyé
pour accomplir le geste fatal.
Sans hésitation, Pisvin a dévoilé tout son
rôle moyennant un cachet, promis, de
100 francs et 25 francs d'acompte, il fut
« engagé par un monsieur mystérieux
dont il ignore le nom et le domicile pour
offrir à Mme Jane Renouardt un bouquet
dont les fleurs devaient exhaler un parfum
outrageant.
Le camelot joua son rôle, eu,quart payé,
.jusqu'au moment où -il nlVut salir une vic-
time innocente, Mlle Marcelle Marion, amie
de Mme Jane Renouardt et qui s'était sub-
stituée en connaissance de cause à cette
dernière. Ce furent des inspecteurs de la
police judiciaire qui interrompirent à temps
l'apothéose de la scène de la vengeance en
M. Warràïn, laissant Pisyiri en liberté, Ta
néanmoins inculpé de violences et voies
de fait ». Le juge chercha maintenant à dé-
masquer les instigateurs de ce petit drame
manqué, dont la genèse et le dénouement
interrompu défrayent toutes les conversa-
tions des théâtres et des coulisses.
Chez Mme Jane Renouardt
Très aimablement, Mme Jane Renouardt
a bien voulu nous préciser ie scénario de la
tragi-comédie qui retient actuellement toute
l'attention de M. le juge Warrain.
Depuis qnelque temps, nous a- t-elle- dit,
je suis butte aux persécutions d'une ar-
tiste parisienne et de son ami. J'appris par
des- indiscrétions que .le couple complotait
contre moi une vengeance qu'il voulait re-
tentissante il ma descente d'automobile,
devant le théâtre des Capucines où je jouais,
un camelot devait s'avancer vers moi et
m'offrir un bouquet malodorant. Cette scène
devait être jouée le 16 janvier, dn soir. Je
résolus de la contrarier. Je prévins la po-
lice qui détacha des agents en civil aux
abords du théâtre, et mon amie. Mlle Mar-
celle Marion, s'offrit à me remplacer au
pied levé pour être la victime du camelot
aux fleurs. Mlle Marion revêtit un de mes
manteaux, un de mes chapeaux, prit place
dans mon automobile et se fit conduire pour
20 heures au théâtre des Capucines. De nlon
cùié. camouflée, le visage caché par une
épaisse voilette, j'allai boulevard des Capu-
cines et me postai près de l'entrée -du th en-
tire. J'aperçus non loin les auteurs du dra-
me ils ne voulaient pas manquer cette
première n.
Nille Marcelle Marion descendit d'au-
tomobile à l'heure dite devant les Capuci-
nes. Aussitôt un camelot's'avança vers elle,
lui tendit un bouquet de violettes et un
bouquet de mimosa disant « Madame Re-
nouardt, voici des fleurs de la part de Mme
Quinson ». Le commissionnaire n'eut pas
le temps de remettre les violettes qui ca-
chaient de la crème au chocolat et le mi-
mosa qui renfermait une chose innomma-
ble, car il fut arrêté par les agents de la
Sûreté aux aguets. Conduit; dans mon auto-
mobile même, devant le commissaire,
l'homme avoua qu'il avait été payé pour
offrir ces singulières fleurs. Le drame, quoi-
que bien monté, ne fut donc qu'un « four ».
Je ne prends pas ces choses au tragi-
que, nous dit. en terminant Mme Jane Re-
nouardt, mais je demande qu'elles prennent
fin. C'est pourquoi Mlle Marcelle Marion et
moi avons porté plainte. J'ai désigné l'ac-
trice et son ami que j'accuse formellement.
Et je crois que l'opinion de la justicé qui'
a mené l'affaire tambour battant, est fajip.
Ce que dit Mlle Clara Tambour
L'artiste soupçonnée d'avoir voulu se
moquer de Mme Jane Renouardt, est Mlle
Clara Tambour. Nous avons pu la joindre
et voici ce qu'elle nous a déclaré
-Le lendemain de la scène qui eut
lieu devant les Capucines, je fus convoquée
chez le commissaire de police. J'ai protesté
avec force contre les soupçons qui pesaient
sur moi. Je suis complètement étrangère
ainsi que mon ami. aux persécutions dont
Mine Jane Renouardt peut être victime.
D'ailleurs, estimant que les allégations
qui avaient déterminé ma comparution de-
vant le commissaire de police étaient inju-
rieuses pour moi; mon ami, M. du Boullay,
envoya ses témoins à- M. Wittouck, ami de
Mme Jane Renouardt, pour demander une
réparation par les armets. Le duel n'a pas
eu lieu. Et jusqu'ici, aucun juge d'instruc-
tion ne m'a convoquée.
M. du Boullay, de son côté. nous a confir-
mé les déclarations de Mlle Clara Tambour.
Le 16 janvier au soir, a-t-il ajoute.
nous n'étions pas boulevard des Capucines,
car nous d1nions en compagnie de -nom-
breux amis qui peuvent en témoigner. Il j
est exact qu'il y a eu un échange de té-
moins entre M. Wittouck et moi. Un -pro-
cès- verbal a été rédigé établissait que Wît-
touck ne m'avait jamais outragé..
Hélas! le rideau ne semble pas prêt de'
tomber!
On pourra bientôt
téléphone
d'Europe en Amérique
LONDRES, 7 fév. L'administrateur-délé-
gué de la compagnie Marconi vient de dé-
clarer à un représentant du Weeklu Dis-
patch que l'Angleterre et l'Amérique seront
bientôt en communication par téléphonie
sans fil. Il a ajouté que lui-même avait ré-
cemment causé avec le Canada.
La méthode est des plus simples par
l'entremise des bureaux de téléphone ordi-
naire, on met la ligne en communication
avec la station de télégraphie sans fil. Celle-
ci est le point de départ de la voix à travers
l'espace. Dé l'autre côté, la ligne est réunie
par le même moyen à une station de T. S. F.
Il est aussi facile de faire passer 20.000
que 5.000 mots par jour et le' prix de la
conversation .dépendra de l'usage que fera
le public du nouveau système. Probablement
un shilling par minuté sera suffisant.
Pour le moment, les procès sont lents à
cause des formalités internationales. Quand
celles-ci seront surmontées, tous les abon-
nés du téléphone pourront converser avec
le continent. (Matin.)
AU CONSEIL DES AMBASSADEURS
La liste des coupabdes sera présentée
par fe chargé d'aftaires français
à Berlin
Le conseil des ambassadeurs, réuni hier
matin, a voté à l'unanimité le texte de la
note qui accompagnera la remise au gou-
'vernement allemand de la liste des coupa-
bles. Il a décidé de confier cette démarche
il M. de Marcilly, comme chargé d'affaires
du pays où siège la Conférence. Elle sera,
faite aujourd'hui.
Les alliés 'sont donc d'accord sur le pré-
mier acte à accomplir.
Quant à leurs conceptions sur l'attitude A
prendre au cas d'un refus de l'Allemagne,
elles sont diverses il serait puéril de le
dissimuler puisque la lecture de la presse
anglaise est pleinement édifiante à cet
égard..
Au coùrs de la séance d'hier, il a été fait
allusion à l'article 19 du traité, de paix qui
reconnatt à l'asseablée de la Ligue des na-
tions le droit « d'inviter de temps à autre
les membres de la ligue à procéder à un
nouvel examen de traités devenus inappli-
cables
LESPAYS DE VASTES DEMANDENT
UN RÉGIME D'EXCEPTION
Les délégués de la Confédération générale
des associations agricoles des régions dévas-
tées (C. A. R. D.) ont été présentés par M. de
Warren, député de Meurthe-et-Moselle, com-
missaire'général de la confédération, à M.
Ogier, ministre des régions libérées, et à
Ni'. Ricard, ministre de l'agriculture. De
nombreux parlementaires appartenant aux
départements sinistrés s'étaient joints à,la,
délégation.
La délégation a exposé aux ministres les
principales revendications des agriculteurs
sinistrés, et leur a démontré la necessité de
soumettre les pavs libérés à un régime d'ex-
ception, sous peme de les vouer rapidement
à une ruine définitive qui pourrait entraîner
celle de la France tout entière.
La délégation a pris note des promesses
faites, très soucieuse d'en voir la réalisation
et se réservant de la réclamer de nouveau à
bref délai.
Enfin, confirmant ses décisions antérieu-
res, en plein accord avec les Etats Généraux
des régions libérées et la Fédération des
associations départementales de sinistrés,
elle a émis le vœu qu'une politique nouvelle
soit suivie par Je gouvernement en vue d'or-
ganiser un spécial économique et ad-
ministratif pour les régions dévastées. Elle
a chargé ses élus d'agir en conséquence au
sein des commissions parlementaires et vis-
à-vis du gouvernement.
Les États généraux des régions dévastées
reprennent leurs,travaux
Rappelons que les travaux des Etats gé-
néraux des régions dévastées, qui avaient
été suspendus pendant la période électo-
rale, vont reprendre.
Le comité permanent se réunira le mer-
credi 11 février à 14 heures, au Sénat, sous
la présidence de M. Ribot.
FÉCONDITÉ
Marseille, 7 fev. ̃– Téléph. Matin.
»Mme Tramini, femme d'un douanier à Pro-
priano (Corse), vient de mettre au monde
quatre enfants, deux fitles et deux garçons;
Les garçons ont vécu quelques heures à
peine, mais les -deux flletfes se portent très
bien, ainsi d'ailleurs que la mère:
IL FAUT RÉFORMER
l'inspection médicale des écoles
On nous signale que la municipalité de
Saint-Tropez vient de décider'la suppres-
sion de l'inspection médicale des écoles de
cette ville. A l'heure où l'on se préoccupe
d'améliorer en France les conditions si pré-
caires de l'hygiène publique et privée, une
pareille décision pour locale qu'elle soit
ne peut que provoquer un certain éton-
nement.
Nous avons tenu fi avoir sur cette affaire
l'avis du ministère de l'instruction publi-
que.
D'après nos renseignements, nous y
a-t-on dit, cette informa.tion est exacte. Elle
est d'autant plus surprenante que la déli-
bération du conseil municipal de Saint-Tro-
pez rend hommage au médecin qui exerçait
(d'ailleurs gratuitement) l'inspection médi-
cale des écoles. Tout ce que nous pouvions
faire et nous l'avons fait aussitôt était
de saisir de l'incident l'inspecteur d'aca-
démie du Var pour qu'il intervienne auprès
de la municipalité de Saint-Tropez en in-
sistant pour qu'elle revienne sur sa déci-
sion.
» La loi charge, en effet, les municipalités
d'organiser .elles-mêmes tout ce qui con-
cerne les conditions hygiéniques et maté-
rielles des écoles et nous 'n'avons aucun
moyen efficace d'agir à cet égard sur elles.
C'est ainsi qu'à l'heure actuelle et sans
que nous y puissions rien un très grand
nombre de villes de France n'ont pas encore
d'inspection médicale de leurs écoles.
» Un projet de loi est à l'étude qui doit
remédier à ce fâcheux état de choses
tant par des subventions que par des sanc-
tions appropriées.
L'ACTE
d'accusation
des alliés
LES 890
ET LES INCULPATIONS
relevées contre eux
La guerre fut un crime.
Est-ce que personne n'en est
responsable? Est-ce qu'on ne
demandera de comptes à per-
sonne ? Est-ce qu'il n'y aura
aucune sanction ? Vraiment,
ce ne serait là ni de la justice
divine, ni de la justice hu-'
maine.
Discours de M. Llôyd George
(5 décembrel918).
Hier a paru à Paris la liste des personnes
désignées par les puissances alliées pour
être livrées par l'Allemagne. C'est un vo-
lume de 192 pages.
Il débute par une liste alphabétique. Puis
suivent les noms, accompagnés des incul-
pations, rangés par ordre suivant la nature
des crimes. Chacune des puissances accu-
satrices a un chapitre spécial.
En réalité, la liste représente bien plus
que les 890 noms dont il était question, car
toute une partie de la liste comprend dès
« désignations non nominatives », et parmi
ces désignations quelques-unes embrassent
toute une catégorie de coupables.
C'est ainsi que la liste anglaise n'a que
97 numéros, mais le n° 44 désigne « les
personnes responsables de bombardements
aériens, y compris les commandants de
tous les avions engagés et en particulier
le Hauptmann Brandenburg. »
Le Matin a le premier indiqué les per-
sonnages les plus notoires qui sont l'objet
de poursuites. Rappelons leurs inculpations,
en même temps que les crimes les, plus
odieux de leurs subordonnés.
Liste anglaise.
L'amiral von Tirpitz « Responsable
d'avoir ordonné la guerre sous-marine
outrance et le bombardement de villes ou-
vertes. »
L'amiral von Cappelle, même inculpa-
tion
L'amiral von Schroeder, responsable de
l'assassinat du capitaine Fryatt, en juillet
1916.
L'amiral Ingenohl, bombardement de
Scarborough.
Enver pacha, Talaat pacha, Djemal pa-
cha, inculpés entre autres choses du mas-
sacre dés Arméniens.
Un chapelet d'horreurs
Une soixantaine d'officiers, responsables
les mauvais traitements contre les prison-
niers britanniques.
La liste française, riche de 334 numéros,
dont beaucoup désignent des groupes im-
portants d'anonymes, nous offre des incul-
pations détaillées et précises concernant
particulièrement les actes commis dans 'es
premiers mois de la guerre.
Elle nous apprend les noms des tortion-
̃naires dont les actes nous étaient connus
depuis longtemps. Massacres de prison-
niers, massacres de civils, incendies, violsjt
déportations, brutalités raffinées, pillages,
se, succèdent pendant 77 pages, Pour cha-
que fait, on nous apporte la déposition d'un
témoin, ou un passage d'une lettre saisie.
On ne sait que glaner dans ce chapelet
d'horreurs.
oici ce que fit le capi'aine Castenrick.
du 57e régiment d'infanterie prussienne, à
Melen (Belgique), le 6 octobre 1914
1( Quand ta mère fut morte, le comman-
dant a donné l'ordre de fusiller l'enfant,
parce que l'enfant ne devait pas restér seul
au monde, et au moment où on fusillait la
mère, l'enfant tenait encore la mère par la
main, de sorte qu-en tombant, elle tira l'en-
fant en arrière avec elle. On a bandé les
yeux de l'enfant. »
Le général von fer Marwit/, est accablé
par la déposition d'un soldat allemand qui
dit
J'ai voté par ordre. C'était i'crdre for-
mel du général von der Marwitz de fusiller
la population civile mâle.
Le général von Mollka -a. fait exécuter
160 civils à Longuyon. Les maisons ont été
ensuite incendiées ;.de nombreux blessés et
petits enfants ont été brûlés vifs.
Le prince de Wurtembreg assista à Triau-
court à l'incendie du village et au massacre
d'une grande partie de la population.
Le' général von Bulow est celui qui se
vantait lui-même d'avoir fait brûler toute
une localité et fusiller cent personnes.
Le kronprinz d'Allemagne a prescrit, le
23 &ortt, de brûler tous ies villages dans
lesquels on rencontrerait des soldats fran-
çais.
,Von Kluck est accusé, entre de très nom-
breux crimes, d'incendie, pliage et exécu-
tions de civils à Senlis (dont le maire, M.
Odent).
Le duc de Mecklembourg^- simple cam-
brioleur. a dévalisé les maisons de Marlin-
court (Oise).
Eitel- Frédéric de Hohenzollern a saccagé
le château d'Avricourt
Son frère Auguste doit répondre du sac
de Saint-Quentin.
Hindenburg et Ludendorn
Les numéros 236, 237 et 238 comprennent
les personnes du gouvernement et du gTjjnd.
état-major, dont Hindenburg et Ludendorft
Trois pages érmmèrent avec précision leurs
ordres et leur inculpation est résumée dans
les lignes suivantes
« Déportations criminelles, enlèvements
de femmes et de jeunes filles, pillages à
main armée, destructions par explosifs, par
incendie, par équipe, par béliers spéciaux.
Mesures vexatoires envers les habitants, vi-
sites soi-disant médicales des femmes et
des jeunes filles, sépultures violées, puits
contaminés; arbres sciés à un mètre du
sol, vol de ravitaillement américain, etc. »
La liste italienne comprend 11 officiers de
marine coupables d'atrocités dans les tor-
pillages de navires marchands, 15 bour-
reaux des prisonniers et trois officiers, dont
le général von Beloy, responsables de pilla-
ges et de brutalités dans les pays envahis.
La Belgique, comme on fe pense bien, n'a
pas eu de peine à accuser 331 diplomates,
officiers et soldats allemands de crimes in-
nombrables commis sur son territoire.
En face du nom de Bethmann-Hollweg,
on lit « Atteinte à la souveraineté beîgo.
Responsabilité générale des déportations
pour l'ordre du 3 octobre 1916.
Le prince Ernest de Saxe est responsable
C'est le beau fixe pour plusieurs-
jours Gelée blanche (ou brouil-
lard .vent régions S. A Pa-
lis, S76-777.
La dépression du large va se =
combler, avec légère hausse Iles-
Britanniques et Frante. Beau ou
peu nuageux sur (otites nos ré-
(lions avec gelées blanches et ra-
res brouillards. Vents régions S. =
faibles ou modérés Manche,
Océan, E.: modérés Méditerranée. Se:
financière
PLUS D'EMPIRISME
En présence d'une situation extraordinaire
il faut accepter des solutions extraordinaires
Les voiles que la prudence timorée de
nos ^dirigeants avaient jetés sur la situa-
tion financière et économique de la
France se soulèvent peu à peu. Depuis
l'armistice, c'est-à-dire depuis quatorze
mois, la situation s'est aggravée au
point qu'il n'est plus 'possible de cacher
la vérité au public. « Aucune guerre ne
paye, même victorieuse avait dit An-
gel Norman dans son livre prophétique.
Aucune guerre victorieuse ne nous aura
été plus lourde à porter, aucune gloire
plus écrasante.: Dissimuler le bilan exact
par lequel se. solde pour nous cette
'guerre sans précédent dans l'histoire,
faire fond sur. d'hypothétiques pro-
messes de payements futurs, pratiquer
le système des' emprunts à la petite se-
maine, vivre au jour le jour, surtout re-
culer devant les initiatives à prendre et
.les solutions viriles à décider, c'est vi-
vre dans l'empirisme et c'est la politique
qui a été 'suivie par le gouvernement
précédent.
Or, si l'empirisme, en temps de
guerre, et pour un peuple d'improvisa-
teurs, est admissible., si cette méthode
a même' été légitimée par le succès, il
n'en saurait être de même en temps de
paix, lorsque nous nous trouvons en
présence d'une liquidation formidable
à régler, d'une réédification totale de
l'armature de notre régime social.
La brutalité des faits n'admet plus
d'équivoque.
Le bilan
La situation financière peut se résu-
mer ainsi'
La dette totale de la France au 31 dé-
cembre 1919 s'élevait à 238.474.133.950
francs. Le service annuel de cette dette
représente la somme de 9.385.344.193
francs, dont 2.969.848.100 francs pour la
seule dette extérieure. f
Cette dette globale se décompose corh.
me- suit
uette a terme.
Dette flottante.
Dette extérieure à terme.
Dette flottante
Dette intérieure globale.
Dette extérieure globale
Le lourd tribut que nous payons à
l'étranger est encore aggravé par la
baisse du change. Notre, franc ne vaut
plus guère que 40 de sa valeur nomi-
nale à New-York, à Londres, à Genève,
à Madrid. Le service de. notre dette ex-
térieure représente donc en réalités un
débours annuel écrasant'. d'environ six
milliards dé francs au taux actuel du
change.
Au point de vue intérieur, la situation
n'est guère meilleure un commerce
d'exportation déficitaire par rapport aux
importations de 21 milliards de francs
pour l'année 1919 une production agri-
cole inférieure de près de moitié aux
chiffres d'avant-guerre, 48 millions de
quintaux de blé en 1919 contre 88 mil-
lions de quintaux en 1913 une produc-
tion manufacturière et Industrielle 'pa-
ralysée par les dévastations du Nord,
dont tes travaux de reconstruction né-
céssiteraient, d'après les récentes éva-
luations de 1\1. Loucheur, une dépense
de plus de 60 milliards de francs, et qui
est de plus handicapée par la nécessité
-d'acheter à l'extérieur, dans les condi-
tions extrêmement onéreuses du change
actuel, les matières premières indispen-
sables enfin, un budget de 47 mil-
liards et demi pour 4920, dont 22 mil-
liards s'appliquant aux payements pour
les pensions et réparations, théorique-
ment payables par l'Allemagne, mais
uont nous faisons les avances, et 7 mil-
liards et demi pour les dépenses extra-
ordinaires proprement dites.
Tel est le bilan réel devant lequel
nous nous trouvons. Crise économique,
crise financière, l'une et l'autre résul-
tant de la perturbation mondiale ame-
née par cinq années de guerre. Aucun
des pays qui ont été directement ou in-
directement mêlés à cette guerre n'y
échappe, aucun n'est plus douloureuse
ment,, plus profondément et plus injuso
tement atteint que la France.
Que fairé ?
Le problème'se pose donc de savoir
par quels moyens, par quels efforts mé-
thodiquement poursuivis nous pour-
rons s'ortir de cette situation, faire face
a nos engagements, le contraire ne pou-
vaut 'se concevoir, rétablir l'équilibre
compromis de nos échanges internatio-
naux, raffermir notre prestige financier,
orienteur le pays vers une activité totale.
Il semble que la question du change
est celle qui, aujourd'hui, eomine la
dépréciation de notre, devise entretient
ia. cherté de la vie, étant donné l'obliga-
tion où nous sommes de faire de gros
achats à l'étranger, elle favorise la spé-
culation, elle pèse lourdement sur notre
budget elle rend 'difficiles* nos approvi- j
sionnements en matières premières,
surtout elle est l'indice de l'amoindris-
eemesit de notre crédit à l'étranger.
Certes, le déficit de notre production
est une cause prépondérante dans la
hausse du change, et la meilleure solu-
tion, pour le faire baisser, serait d'accé-
jérer la reprise de la production. Parfait
en théorie, le remède n'opérerait pas im-
médiatement dans la. pratique. Des an-
nées se passeront avant que notre force
de production soit rétablie, et nous ne
pouvons pas attendre les bénéfices que
nous retirerions au point de vue, de la
baisse du change, en stimulant notre
activité économique, seront à échéance
lointaine la «production ne peut pas re-
prendre son intensité aussi longtemps
/gue persistera la hausse du change.
Nous tournons ainsi dans un cercle vi-
cieux.
L'assainissement de notre circula-
tion fiduciaire est, de même que l'orien-
tation de la production, J'un des remè-
des indiqué; pour raffermir notre chan-
ge. L'inflation monétaire actuelle devra
être combattue au moyen d'emprunts,
qui absorberont le trop plein de la cir-
culation de papier néanmoins, c'est en-
core là couvre de longue haléine, alors
que nous-sommes talonnés par •l'ur-
genèfi des solutions à adopter.
La* Crise économique étant fonction
de la crise financière, cette dernière ap-
paraît fonction .elle-même d'une crise
aussi bien matérielle que psychologique,
d'ordre national, mais encore davantage
international, d'une crise de crédit issue,
en définitive, d'une crise de confiance.
Nos alliés
Du jour aù nos alliés, qui sont à la
ne l'oublions pas, créanciers et
détenteurs de capitaux, reprendront
confiance dans notre capacité de pro-
ducteurs et de débiteurs solvables, nous
trouverions .auprès d'eux facilités de
payement, prorogation des échéances,
offres de prêts nouveaux, c'est-à-dire
une aide financière absolue, qui aura
pour effet immédiat de faire bondir la
cote de notre devise aujourd'hui dépré-
ciée. Peut-on prétendre que cette
confiance existe aujourd'hui ?
11 convient d'insister sur ce point, car
l'heure n'est plus de s'imaginer que nos
alliés viendront à notre aide par senti-
mentalité ou par reconnaissance.
S'il est vrai que nous puissions faire
appel à leur bonne volonté pour obtenir
un appui financier nous permettant de
reconstruire ce qui a été détruit non
seulement par les obus allemands, mais
aussi par les projectiles anglais et amé-
ricains, il n'en est pas moins certain que
nous,devons, avant tout, pouvoir offrir
des garanties et la preuve qu'une saine
politique financière et-flscale sera pour-
suivie sans faiblesse.
Une bonne politique financière et fis-
cale à l'intérieur, des empruntes exté-
rieurs gagés sur des garanties positives,
tbls apparaissent les moyens les plus
proprets à conjurer la crise grave que
nous traversons, et qui risque, si' elle
se prolongeait, de nous placer dans une
situation presque inextricable.
En ce qui touche les modalités d'ap-
plication de..ce programme, on.ne peut
ici qu'en esquisser les grandes lignes,
que suggérer les directives il prendre.
A un budget sévèrement établi dans le-
quel les dépenses auront subi la com-
pression maximum, correspondront des
recettes alimentées par des impôts pro-
ductifs, faciles ;r percevoir, ni vexatoi-
res, ni difficiles à recouvrer, comme l'im-
pôt sur le revenu, ni destructifs de l'ini-
tiative des capitaux et des activités per-
sonnelles, comme ceux sur les bénéfi-
ces, sur les salaires, et en général tous,
lés impôts personnels. Il semble, dans
cet ordre d'idées, qu'un -impôt sur le
chiffre d'affaires, dont le produit peut
être évalué, selon le pourcentage adopté,
à 14 milliards, serait bien accueilli par
les commerçants, qui en opéreraient
eux-mêmes la perception. A cet impôt
facile atteignant tous les consommateurs
pourrait s'adjoindre un impôt sur la for-
tune acquise. Ce sont là des formes d'im-
pôts simples, peu coûteux à percevoir
et qui rapportent.
Les capitaux
Pouvant .nous prévaloir d'une politi-
que financière saine, il restera à obtenir
de nos alliés les capitaux nécessaires
pour mener à bonne fin l'œuvre de re-
constitution de nos provinces.dévastées
et de reprise totale de notre vie indus-
trielle et commerciale.
Ne craignons pas de dire qu'en pré-
sence d'une situation extraordinaire,
nous devrons accepter des solutions qui
seront également extraordinaires. Il ne
suffira pas, en effet, pour obtenir de nos
alliés, et principalement des Améri-
cains, leur appui, d'offrir comme garan-
tie notre crédit financier, même raffermi
et plus solide. Il faut admettre que nous
pourrons être amenés, sans que cette
renonciation implique la moindre humi-
liation ou signifie la moindre atteinte
portée à notre autonomie nationale, à
renoncer pendant un temps, au profit
de nos prêteurs, à l'exploitation directe
de certains de nos biens ou de certaines
de nos richesses politiques.
La seule idée que nous puissions
affermer, même temporairement, quel-
ques parcelles de notre patrimoine,
en vue, sur ces garanties réelles, d'ob.
tenir les capitaux dont nous avons
besoin, a été violemment combattue, et
répugne, au premier abord, au tempé-
rament traditionaliste français, Une
solution mixte, pour ménager ces sus-
ceptibilités légitimas, consisterait à rem-
placer ces affermages temporaires par
l'établissement de cédules hypothécai-
res, gagées soit par les biens fonciers.
soit par lés biens dépendant du do-
maine national. De toutes façons, le
choix des moyens n'est pas illimité, et
des éventualités qui apparaissent, à pré-
inière vue, inacceptables, pourraient
bien n'être que l'unique remède à une
situation qui paraît autrement sans
issue. Jean d'Orsay.
M. Poincaré remettra aujonrd'hni la Croix
de guerre à Châlons et à Epernay
Le président de la République, accompa-
gné du général Pénelon, secrétaire généril
militaire de l'Elysée, a quitté Paris hier soir
à 21 heures, se rendant en Champagne, où
il doit aujourd'hui remettre la Croix ûe
guerre aux villes de Chàlons-sur-Marne et
oTEpernay.
Le mire de Brest refuse
la salle des fêtes municipales
aux anciens coiibattants
II interdit en outre leur pèlerinage
.au monument aux morts
pour la patrie
BREST, .7 7 fév. Téléph. Matin. --Le
groupe a Barbusse n ayant récemment ob-
tenu Il salle des M'es municipale pour don-
ner un bal, les anciens combattants de
Brest (Association nationale), auxquels les
femmes de Brest offrent demain un dra-
peau, avaient sollicité du maire l'autorisa-
tion de se servir du même local. M. Nardon
relnsa.
̃Il fut alors décidé que la cérémonie; pré-
sidée pa.r le général ̃ Ruault-, se déroulerait
dans la salle~dii cercle des officiers améri-
cains, mais qu'elle serait précédée d'un
pèlerinage. au monument aux morts pour la
palrie, où une palme serait déposée.
Coutes les sociétés patriotiques 'de Brest
devaient prendre part à cette manifestation,
mais aujourd'hui le maire a fait notifier par
le commissaire de police au président de la
société qu'il interdisait ce pèlerinage, une
conlre-maxiifestaticHi étant annoncée.
Les anciens combattants ont décidé ce
scir de, passer outre cette interdiction..
PROPOS D'UN PARI SI EN
Le monument Roussin
Voici une petite nouvelle qui est, après
tout, peut-être une grande nouvelle. En soi,
le fait n'est pas catflqpultueux mais il a sa
valeur d'indication. Le Matin peut s'en ré-
jouir. Il a été le propulseur.
Il y a trois ans, j'ai fondé ici la Société
des 'Dénicheurs de Gloires. Je m'en suis
nommé président, secrétaire, trésorier;
comme, en outre, j'en étais le seul membre,
il y a eu, dans cette association, une unité
de vues remarquable. Notre but était de re-
chercher Les noms que notre stupide indif-
férence pour nos vrais grands hommes
laisse dans l'ombre au profit du cabotinage
organisé. Ainsi, je pus découvrir le phar-
macien Zacbarie Roussin, un des plus vas-
tes penseurs de la chimie moderne, mort
ignoré, après avoir fait la découverte d'in-
térêt universel des matières colorantes azoï-
ques, si formidablemént exploitée par. les
Allemands. Du même coup, j'ai retrouvé,
dans un village, Luizet, un patriarche, tech-
nicien exceptionnel, qui avait mis en train
la difficile réalisation industrielle des idées
de Roussin au profit d'un patron imbécile
qui, se croyant assez riche, abandonna tout
pour la politique, 6 Sénat
Un petit article remua nos savants. To-
rande, pharmacien animateur, fit hdnté et'
ses confrères- oublieux. Et, bientôt, on
inaugure à Rennes, en pompe, un monu-
ment à Zacharie Roussin. Ce n'est qu'un
monument de plus mais il signifie quelque
chose et quelqu'un. Cette originalité vaut
bien qu'on en parle, trente lignes, dans un
journal. Louis Forést.
LE CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA GUERRE
SE RÉUNIT
Phot. Matin
Le maréchal. Foch et le général Degouiie
sortant de la séance.
Le conseil supérieur de la guerre s'est
réuni hier au ministère de la guerre, sous
la présidence de M. André Lefèvre; minis-
tre de la guerre. Il a commencé de-s'entre-
tenir des diverses questions se rattachait
à la réorganisation de l'armée, et notam-
ment du problème délicat de la durée du
service militaire.
lemenrtrier de l'inspecteur Galatry est arrêté
Le meurtrier de l'inspecteur Galatry, a
été arrêté, hier soir, à S heures, par le bri-
gadier Meyret, le sous-brigadier Loquet et
l'inspecteur Courbis, au pont Mirabeau.
C'est, ainsi que nous l'avons dit uii nom-
mé Victor Lecarbonnel, né le 4 janvier 189S
et exerçant la profession d'ouvrier mécani-
cien.
Il a été surpris au moment où il lisait un
journal a la lueur d'un bec de gaz.
Il avait sur lui un revolver chargé, un
rasoir, deux couteaux, une boite de cigares.
Interrogé par M. Guillaume, il a raconté
comment s'était déroulé le drame. Galatry
l'avait déjà arrêté deux fois auparavant
pour vols. Au moment où Galatry le ren-
contera près du boulevard de Grenelle et
l'arrêta, Lecarbonnel lui dit « Lâche-
moi Galatry lui répondit « Totor, rends-
toi !» A ce moment, « Totor n s'empara de
son revolver qu'il portait toujours sur lui,
tira d'abord ilne balle sur Galatry qui chan-
cela. Voyant Galatry tomber, Lecarbonnel
lui tira deux autres balles.
Lecarbonnel avait commis de nombreux
vols à la gare d'Issy-les-Moulineaux. Il sera
écroué demain à la Santé et mis à la dispo-
sition de NI. Deis, juge d'instruction.
Petit drame
devant le théâtre
JJÔ I'on^pit artiste
dramatique, déjouer la scène de la
vengeance dont elle devait;
être la victime
Phot. Reuûinger
Mme JANE RENOUARDT
M. Warrain, juge d'instruction,. s'est oc-
cupé hier à dénouer juridiquement l'intri-
gue d'un petit drame interprété par plu-
sieurs artistes parisiennes et un « amateur
et qui s'est déroulé devant le théâtre des
Capucines voilà quelques jours, le 16 jan-
vier exactement.
Le magistrat tient déjà, en la personne
d'un camelot répondant au nom de Pisvin,
l'un des personnages le comparse soudoyé
pour accomplir le geste fatal.
Sans hésitation, Pisvin a dévoilé tout son
rôle moyennant un cachet, promis, de
100 francs et 25 francs d'acompte, il fut
« engagé par un monsieur mystérieux
dont il ignore le nom et le domicile pour
offrir à Mme Jane Renouardt un bouquet
dont les fleurs devaient exhaler un parfum
outrageant.
Le camelot joua son rôle, eu,quart payé,
.jusqu'au moment où -il nlVut salir une vic-
time innocente, Mlle Marcelle Marion, amie
de Mme Jane Renouardt et qui s'était sub-
stituée en connaissance de cause à cette
dernière. Ce furent des inspecteurs de la
police judiciaire qui interrompirent à temps
l'apothéose de la scène de la vengeance en
M. Warràïn, laissant Pisyiri en liberté, Ta
néanmoins inculpé de violences et voies
de fait ». Le juge chercha maintenant à dé-
masquer les instigateurs de ce petit drame
manqué, dont la genèse et le dénouement
interrompu défrayent toutes les conversa-
tions des théâtres et des coulisses.
Chez Mme Jane Renouardt
Très aimablement, Mme Jane Renouardt
a bien voulu nous préciser ie scénario de la
tragi-comédie qui retient actuellement toute
l'attention de M. le juge Warrain.
Depuis qnelque temps, nous a- t-elle- dit,
je suis butte aux persécutions d'une ar-
tiste parisienne et de son ami. J'appris par
des- indiscrétions que .le couple complotait
contre moi une vengeance qu'il voulait re-
tentissante il ma descente d'automobile,
devant le théâtre des Capucines où je jouais,
un camelot devait s'avancer vers moi et
m'offrir un bouquet malodorant. Cette scène
devait être jouée le 16 janvier, dn soir. Je
résolus de la contrarier. Je prévins la po-
lice qui détacha des agents en civil aux
abords du théâtre, et mon amie. Mlle Mar-
celle Marion, s'offrit à me remplacer au
pied levé pour être la victime du camelot
aux fleurs. Mlle Marion revêtit un de mes
manteaux, un de mes chapeaux, prit place
dans mon automobile et se fit conduire pour
20 heures au théâtre des Capucines. De nlon
cùié. camouflée, le visage caché par une
épaisse voilette, j'allai boulevard des Capu-
cines et me postai près de l'entrée -du th en-
tire. J'aperçus non loin les auteurs du dra-
me ils ne voulaient pas manquer cette
première n.
Nille Marcelle Marion descendit d'au-
tomobile à l'heure dite devant les Capuci-
nes. Aussitôt un camelot's'avança vers elle,
lui tendit un bouquet de violettes et un
bouquet de mimosa disant « Madame Re-
nouardt, voici des fleurs de la part de Mme
Quinson ». Le commissionnaire n'eut pas
le temps de remettre les violettes qui ca-
chaient de la crème au chocolat et le mi-
mosa qui renfermait une chose innomma-
ble, car il fut arrêté par les agents de la
Sûreté aux aguets. Conduit; dans mon auto-
mobile même, devant le commissaire,
l'homme avoua qu'il avait été payé pour
offrir ces singulières fleurs. Le drame, quoi-
que bien monté, ne fut donc qu'un « four ».
Je ne prends pas ces choses au tragi-
que, nous dit. en terminant Mme Jane Re-
nouardt, mais je demande qu'elles prennent
fin. C'est pourquoi Mlle Marcelle Marion et
moi avons porté plainte. J'ai désigné l'ac-
trice et son ami que j'accuse formellement.
Et je crois que l'opinion de la justicé qui'
a mené l'affaire tambour battant, est fajip.
Ce que dit Mlle Clara Tambour
L'artiste soupçonnée d'avoir voulu se
moquer de Mme Jane Renouardt, est Mlle
Clara Tambour. Nous avons pu la joindre
et voici ce qu'elle nous a déclaré
-Le lendemain de la scène qui eut
lieu devant les Capucines, je fus convoquée
chez le commissaire de police. J'ai protesté
avec force contre les soupçons qui pesaient
sur moi. Je suis complètement étrangère
ainsi que mon ami. aux persécutions dont
Mine Jane Renouardt peut être victime.
D'ailleurs, estimant que les allégations
qui avaient déterminé ma comparution de-
vant le commissaire de police étaient inju-
rieuses pour moi; mon ami, M. du Boullay,
envoya ses témoins à- M. Wittouck, ami de
Mme Jane Renouardt, pour demander une
réparation par les armets. Le duel n'a pas
eu lieu. Et jusqu'ici, aucun juge d'instruc-
tion ne m'a convoquée.
M. du Boullay, de son côté. nous a confir-
mé les déclarations de Mlle Clara Tambour.
Le 16 janvier au soir, a-t-il ajoute.
nous n'étions pas boulevard des Capucines,
car nous d1nions en compagnie de -nom-
breux amis qui peuvent en témoigner. Il j
est exact qu'il y a eu un échange de té-
moins entre M. Wittouck et moi. Un -pro-
cès- verbal a été rédigé établissait que Wît-
touck ne m'avait jamais outragé..
Hélas! le rideau ne semble pas prêt de'
tomber!
On pourra bientôt
téléphone
d'Europe en Amérique
LONDRES, 7 fév. L'administrateur-délé-
gué de la compagnie Marconi vient de dé-
clarer à un représentant du Weeklu Dis-
patch que l'Angleterre et l'Amérique seront
bientôt en communication par téléphonie
sans fil. Il a ajouté que lui-même avait ré-
cemment causé avec le Canada.
La méthode est des plus simples par
l'entremise des bureaux de téléphone ordi-
naire, on met la ligne en communication
avec la station de télégraphie sans fil. Celle-
ci est le point de départ de la voix à travers
l'espace. Dé l'autre côté, la ligne est réunie
par le même moyen à une station de T. S. F.
Il est aussi facile de faire passer 20.000
que 5.000 mots par jour et le' prix de la
conversation .dépendra de l'usage que fera
le public du nouveau système. Probablement
un shilling par minuté sera suffisant.
Pour le moment, les procès sont lents à
cause des formalités internationales. Quand
celles-ci seront surmontées, tous les abon-
nés du téléphone pourront converser avec
le continent. (Matin.)
AU CONSEIL DES AMBASSADEURS
La liste des coupabdes sera présentée
par fe chargé d'aftaires français
à Berlin
Le conseil des ambassadeurs, réuni hier
matin, a voté à l'unanimité le texte de la
note qui accompagnera la remise au gou-
'vernement allemand de la liste des coupa-
bles. Il a décidé de confier cette démarche
il M. de Marcilly, comme chargé d'affaires
du pays où siège la Conférence. Elle sera,
faite aujourd'hui.
Les alliés 'sont donc d'accord sur le pré-
mier acte à accomplir.
Quant à leurs conceptions sur l'attitude A
prendre au cas d'un refus de l'Allemagne,
elles sont diverses il serait puéril de le
dissimuler puisque la lecture de la presse
anglaise est pleinement édifiante à cet
égard..
Au coùrs de la séance d'hier, il a été fait
allusion à l'article 19 du traité, de paix qui
reconnatt à l'asseablée de la Ligue des na-
tions le droit « d'inviter de temps à autre
les membres de la ligue à procéder à un
nouvel examen de traités devenus inappli-
cables
LESPAYS DE VASTES DEMANDENT
UN RÉGIME D'EXCEPTION
Les délégués de la Confédération générale
des associations agricoles des régions dévas-
tées (C. A. R. D.) ont été présentés par M. de
Warren, député de Meurthe-et-Moselle, com-
missaire'général de la confédération, à M.
Ogier, ministre des régions libérées, et à
Ni'. Ricard, ministre de l'agriculture. De
nombreux parlementaires appartenant aux
départements sinistrés s'étaient joints à,la,
délégation.
La délégation a exposé aux ministres les
principales revendications des agriculteurs
sinistrés, et leur a démontré la necessité de
soumettre les pavs libérés à un régime d'ex-
ception, sous peme de les vouer rapidement
à une ruine définitive qui pourrait entraîner
celle de la France tout entière.
La délégation a pris note des promesses
faites, très soucieuse d'en voir la réalisation
et se réservant de la réclamer de nouveau à
bref délai.
Enfin, confirmant ses décisions antérieu-
res, en plein accord avec les Etats Généraux
des régions libérées et la Fédération des
associations départementales de sinistrés,
elle a émis le vœu qu'une politique nouvelle
soit suivie par Je gouvernement en vue d'or-
ganiser un spécial économique et ad-
ministratif pour les régions dévastées. Elle
a chargé ses élus d'agir en conséquence au
sein des commissions parlementaires et vis-
à-vis du gouvernement.
Les États généraux des régions dévastées
reprennent leurs,travaux
Rappelons que les travaux des Etats gé-
néraux des régions dévastées, qui avaient
été suspendus pendant la période électo-
rale, vont reprendre.
Le comité permanent se réunira le mer-
credi 11 février à 14 heures, au Sénat, sous
la présidence de M. Ribot.
FÉCONDITÉ
Marseille, 7 fev. ̃– Téléph. Matin.
»Mme Tramini, femme d'un douanier à Pro-
priano (Corse), vient de mettre au monde
quatre enfants, deux fitles et deux garçons;
Les garçons ont vécu quelques heures à
peine, mais les -deux flletfes se portent très
bien, ainsi d'ailleurs que la mère:
IL FAUT RÉFORMER
l'inspection médicale des écoles
On nous signale que la municipalité de
Saint-Tropez vient de décider'la suppres-
sion de l'inspection médicale des écoles de
cette ville. A l'heure où l'on se préoccupe
d'améliorer en France les conditions si pré-
caires de l'hygiène publique et privée, une
pareille décision pour locale qu'elle soit
ne peut que provoquer un certain éton-
nement.
Nous avons tenu fi avoir sur cette affaire
l'avis du ministère de l'instruction publi-
que.
D'après nos renseignements, nous y
a-t-on dit, cette informa.tion est exacte. Elle
est d'autant plus surprenante que la déli-
bération du conseil municipal de Saint-Tro-
pez rend hommage au médecin qui exerçait
(d'ailleurs gratuitement) l'inspection médi-
cale des écoles. Tout ce que nous pouvions
faire et nous l'avons fait aussitôt était
de saisir de l'incident l'inspecteur d'aca-
démie du Var pour qu'il intervienne auprès
de la municipalité de Saint-Tropez en in-
sistant pour qu'elle revienne sur sa déci-
sion.
» La loi charge, en effet, les municipalités
d'organiser .elles-mêmes tout ce qui con-
cerne les conditions hygiéniques et maté-
rielles des écoles et nous 'n'avons aucun
moyen efficace d'agir à cet égard sur elles.
C'est ainsi qu'à l'heure actuelle et sans
que nous y puissions rien un très grand
nombre de villes de France n'ont pas encore
d'inspection médicale de leurs écoles.
» Un projet de loi est à l'étude qui doit
remédier à ce fâcheux état de choses
tant par des subventions que par des sanc-
tions appropriées.
L'ACTE
d'accusation
des alliés
LES 890
ET LES INCULPATIONS
relevées contre eux
La guerre fut un crime.
Est-ce que personne n'en est
responsable? Est-ce qu'on ne
demandera de comptes à per-
sonne ? Est-ce qu'il n'y aura
aucune sanction ? Vraiment,
ce ne serait là ni de la justice
divine, ni de la justice hu-'
maine.
Discours de M. Llôyd George
(5 décembrel918).
Hier a paru à Paris la liste des personnes
désignées par les puissances alliées pour
être livrées par l'Allemagne. C'est un vo-
lume de 192 pages.
Il débute par une liste alphabétique. Puis
suivent les noms, accompagnés des incul-
pations, rangés par ordre suivant la nature
des crimes. Chacune des puissances accu-
satrices a un chapitre spécial.
En réalité, la liste représente bien plus
que les 890 noms dont il était question, car
toute une partie de la liste comprend dès
« désignations non nominatives », et parmi
ces désignations quelques-unes embrassent
toute une catégorie de coupables.
C'est ainsi que la liste anglaise n'a que
97 numéros, mais le n° 44 désigne « les
personnes responsables de bombardements
aériens, y compris les commandants de
tous les avions engagés et en particulier
le Hauptmann Brandenburg. »
Le Matin a le premier indiqué les per-
sonnages les plus notoires qui sont l'objet
de poursuites. Rappelons leurs inculpations,
en même temps que les crimes les, plus
odieux de leurs subordonnés.
Liste anglaise.
L'amiral von Tirpitz « Responsable
d'avoir ordonné la guerre sous-marine
outrance et le bombardement de villes ou-
vertes. »
L'amiral von Cappelle, même inculpa-
tion
L'amiral von Schroeder, responsable de
l'assassinat du capitaine Fryatt, en juillet
1916.
L'amiral Ingenohl, bombardement de
Scarborough.
Enver pacha, Talaat pacha, Djemal pa-
cha, inculpés entre autres choses du mas-
sacre dés Arméniens.
Un chapelet d'horreurs
Une soixantaine d'officiers, responsables
les mauvais traitements contre les prison-
niers britanniques.
La liste française, riche de 334 numéros,
dont beaucoup désignent des groupes im-
portants d'anonymes, nous offre des incul-
pations détaillées et précises concernant
particulièrement les actes commis dans 'es
premiers mois de la guerre.
Elle nous apprend les noms des tortion-
̃naires dont les actes nous étaient connus
depuis longtemps. Massacres de prison-
niers, massacres de civils, incendies, violsjt
déportations, brutalités raffinées, pillages,
se, succèdent pendant 77 pages, Pour cha-
que fait, on nous apporte la déposition d'un
témoin, ou un passage d'une lettre saisie.
On ne sait que glaner dans ce chapelet
d'horreurs.
oici ce que fit le capi'aine Castenrick.
du 57e régiment d'infanterie prussienne, à
Melen (Belgique), le 6 octobre 1914
1( Quand ta mère fut morte, le comman-
dant a donné l'ordre de fusiller l'enfant,
parce que l'enfant ne devait pas restér seul
au monde, et au moment où on fusillait la
mère, l'enfant tenait encore la mère par la
main, de sorte qu-en tombant, elle tira l'en-
fant en arrière avec elle. On a bandé les
yeux de l'enfant. »
Le général von fer Marwit/, est accablé
par la déposition d'un soldat allemand qui
dit
J'ai voté par ordre. C'était i'crdre for-
mel du général von der Marwitz de fusiller
la population civile mâle.
Le général von Mollka -a. fait exécuter
160 civils à Longuyon. Les maisons ont été
ensuite incendiées ;.de nombreux blessés et
petits enfants ont été brûlés vifs.
Le prince de Wurtembreg assista à Triau-
court à l'incendie du village et au massacre
d'une grande partie de la population.
Le' général von Bulow est celui qui se
vantait lui-même d'avoir fait brûler toute
une localité et fusiller cent personnes.
Le kronprinz d'Allemagne a prescrit, le
23 &ortt, de brûler tous ies villages dans
lesquels on rencontrerait des soldats fran-
çais.
,Von Kluck est accusé, entre de très nom-
breux crimes, d'incendie, pliage et exécu-
tions de civils à Senlis (dont le maire, M.
Odent).
Le duc de Mecklembourg^- simple cam-
brioleur. a dévalisé les maisons de Marlin-
court (Oise).
Eitel- Frédéric de Hohenzollern a saccagé
le château d'Avricourt
Son frère Auguste doit répondre du sac
de Saint-Quentin.
Hindenburg et Ludendorn
Les numéros 236, 237 et 238 comprennent
les personnes du gouvernement et du gTjjnd.
état-major, dont Hindenburg et Ludendorft
Trois pages érmmèrent avec précision leurs
ordres et leur inculpation est résumée dans
les lignes suivantes
« Déportations criminelles, enlèvements
de femmes et de jeunes filles, pillages à
main armée, destructions par explosifs, par
incendie, par équipe, par béliers spéciaux.
Mesures vexatoires envers les habitants, vi-
sites soi-disant médicales des femmes et
des jeunes filles, sépultures violées, puits
contaminés; arbres sciés à un mètre du
sol, vol de ravitaillement américain, etc. »
La liste italienne comprend 11 officiers de
marine coupables d'atrocités dans les tor-
pillages de navires marchands, 15 bour-
reaux des prisonniers et trois officiers, dont
le général von Beloy, responsables de pilla-
ges et de brutalités dans les pays envahis.
La Belgique, comme on fe pense bien, n'a
pas eu de peine à accuser 331 diplomates,
officiers et soldats allemands de crimes in-
nombrables commis sur son territoire.
En face du nom de Bethmann-Hollweg,
on lit « Atteinte à la souveraineté beîgo.
Responsabilité générale des déportations
pour l'ordre du 3 octobre 1916.
Le prince Ernest de Saxe est responsable
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