Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-08-08
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 août 1919 08 août 1919
Description : 1919/08/08 (Numéro 12945). 1919/08/08 (Numéro 12945).
Description : Note : édition de 5h du matin. Note : édition de 5h du matin.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/06/2008
30* Année Jiï° 12945
BOUL' FAUB" POISSONNIÈRE, PARIS (IX') f.DRESSE TtUCS. MATIN-PARIS TÉL GUT. 03-04, Q3-O6, 08-06. 15-80
Vendredi 8 Août 1019
Si Lebureau
voulait.
tfô POUVOIRS PUBLICS CESSÉ»
VITE DE SE MOQUER DE LUI
Qu'il eommertee donc par obéir
à l'article 29
du code d'instruction criminelle
Le vieux commis d'ordre .laissa re-
tomber l'Officiel. Je pris le journal, que
je n'avais pas encore lu je le reçois
fidèlement à 11 heures « quand il n'y a
rien », il, -ne me parvient guère avant
4 heures « quand il y a quelque chose »
donc je relevai 'l'Officiel et j'y trouvai
l'annonce des élections prochaines.
Alors le, vieux commis d'ordre gronda
Je me demande ce que nos nouvel-
les soldes vont devenir dans tout cela ?
Je haussai les épaules et répondis
iSgariarelle, en riant lui réclamait ses gages,
Tandis aue don Luis, avec son doigt tremblant,
Montrait à tous les morts errants sur les ri-
[vases.
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Le digne homme à qui je m'adressais
n'était ni un symboliste, ni même un
parnassien. Mais il avait lu Molière, à
défaut de Baudelaire, et, vieux Fran-
çais de bonne souche, il ne manquait ni
du bon sens robuste, ni de l'esprit na-
turel à la race. Il comprit le sens'que.je
donnais à ces vers baudelairiens, somp-
tueux comme un coucher de soleil sur
J'Atlantique.
Pour sûr, voilà assez longtemps
qu'on réclame et qu'ils se f. de nous
interpréta-t-il, indigné"
--Fonctionnaires, mes chers collègues,
vous avez réclamé d'abord humble-,
ment puis aussi en grondant un peu.
Croyez-moi, le rôle de S;ganarelle, l'hon-
nête et dévoué valet de don Juan, ne
convient ni à votre valeur morale ni à
ivoire dignité professionnelle. Vous per-
dez Votre temps à prier les « pouvoirs
publies » de vous payer votre dû, et.de
lutter sérieusement contre la vie chère.
Tous ces gens-là se moquent de vous,
» Assez de prières et d'objurgations.
Vous pouvez jouer à l'égard des Don
,luan du suffrage universel et des igno-
bles nouveaux riches qui vous couvrent
4e sarcasme un tout autre rôle que le
rôle de-bouffon de Sganayelle le rôle
tragique .de la statue du Commandeur.
Vous avez entre les mains tous les élé-
ment.s de la puissance publique. Je ne
vous conseille pas de faire grève. Au
contraire. Je vous demande de faire ao-
ire métier avec le plus grand zèle, selon
toute la rigueur des lois. Il est des gens
îiîiB places à qui il pourrait bien en
cuire, tfar contre on ne pourra vous cri-
tiquer de faire votre devoir et même un
peu plus. Vous connaissez la loi et la
,Constitution. Je vais vous dire, par un
exemple, comment vous pouvez vous
en servir.
» Savez-vous que l'article 29 du code
d'instruction criminelle fait de vous de
véritables « auxiliaires de l'officier de
police judiciaire » par excellence, du
procureur de la République ? Que dit
Ce texte trop oublié ?
Toute autorité constituée, tout (onc-
tionnaire ou officier public, qui, dans
» l'exercice de ses fonctions, acquerra
1) la. connaissance d'un crime ou-d'un
» délit, sera tenu d'en donner, sur-le-
champ, avis au procureur de la Ré-
publique près le tribunal dans le res-
» sort duquel le crime ou le délit aura
été commis, ou dans lequel le pré-
» venu pourrait être trouvé, et de trans-
» mettre à ce magistrat tous les ren-
» geignements, actes et procès-verbaux
o qui y sont relatifs. »
» Cette prescription, encore que dé-
pourvue de sanction pénale, est conçue
̃en termes impératifs, elle vous impose
ùn devoir, mes chers collègues.
» Ah l'on vous reproche de man-
quer d'initiative. Eh bien, prenez donc
cette initiative-là. pour commencer.
Les résultats ne se feront pas attendre.
quand les receveurs de l'enregistrement
et les contrôleurs des contributions di-
rectes dénonceront les fraudes des nou-
veaux riches, directement aux procu-
reurs de la République, quand les hum-
bles douaniers dénonceront toutes les
affaires de mistelles et tous les trafics de
mercantis qu'ils peuvent apercevoir à
l'occasion de leur service, quand les
fonctionnaires de tout ordre crieront
comme des perdus à toute tentative de
Corruption -dont ils so'nt l'objet, quand
les inspecteurs et les commissaires de
police dénonceront les trafics d'influen-
ces et de fraudes électorales des candi-
dats, sans omettre bien entendu ceux
qui sont hostiles aux fonctionnaires.
cela deviendra tout à fait.. réjouissant, et
nous aurons le public pour nous,
comme nous avons déjà la presse, nous
fonctionnaires professionnels, dont elle
a su la première apprécier l'honnêteté.
'Montrons un peu de courage civique.
d'abord pour apporter à la lutte contre
la vie chère notre appoint si puissant.
Mais si l'on frappe les fonction-
ilaires dénonciateurs des mercantis
trop puissants ?
On ne les frappera pas, si vous
faites faire la dénonciation par le bu-
reau de votre association, gardienne de
l'}\onneur et des intérêts professionnels
reconnue par la loi.
Et si l'action publique ne veut pas
se mettre en mouvement ?
Vos associations « professionnel-
les devront alors s'affilier à la C. G. T.
qui est une force, et qui, recevant le
duplicata du dossier, saura bien se faire
entendre.
Je le répète, ceci n'est qu'un com-
méncement de plan d'action. Il y aura
mieux. Mais ce sera plus cher pour les
gens qui nous ont si indignement ber-
nés: »
Lebureau
DANS LES CLUBS D'ANVERS
LA. FIÈVRE
Ce sont Ies Allemands qui ont
acheté une bonne partie des
diamants du monde
Elle gagne. elle gagne.
Elle est générale, mais c'est Anvers
'qu'elle ,a son si«g«v Quand, aujourd'hui,
vous annoncez que vous allez à Anvers, des
gens avcrtis vous disent en clignant de
l'œil «.(Alors, vous irez au Diamant-Club?»
Quand vous en revend, les, mêmes gens vous
disant avec un regard d'envie n Alors,
vous avez passé au Diamant-Club ? »
En fait, il y a à Anvers plusieurs clubs de
diamants cinq ou six. Et n'y entre pas qui
veut. Mais ceux qui y entrent, ou qui en sor-
tent, apportent ou emportent dans leurs po-
ches des fortunes qui, même en ce temps où
les fortunes couvrent les rues, sont respecta-
bles, puisqu'elles se chiffrant s.ouypnt pat
plusieurs millions. Ces clubs de diamant
constituent la grande bourse mondiale où
en achéte, revend, rachète, repasse la ver-
roterie étincelante qui a aujourd'hui la pré-
tention de détrôner l'or.
Rien d'extraordinaire, ,en apparence, dans
ces clubs. Ils contiennent tous une grande
salle, avec de multiples tables, où des gens
sont, assis. C'est s'y méprendre une salle
de jeu. ;Lès jpu£urA..̃' s.çttj,«meiit, sont • d'àc-
coutrements étranges à côté de jeunes gen-
tlemen bien mis, il y a de» .vieux sordides,
avec de longues barbes et des nez effroya-
bles, véritables silhouettes des ghettos de
Pologne et de Russie. L'enjeu est curieux
aussi pas de cartes, ou de jetons, ou d'ar-
gent. Seulement, sur chaque table, un lot de
diamants bruts, non taillés. Chacun le re-
garde, le touche du doigt et le dialogue sui-
vant s'engage
Combien as-tu payé cela ?
Tant
Combien veux^tu gagner dessus ?
Tant 1
Les habitués jurent que les chiffres pro-
noncés respectent toujours la vérité. On ne
ment pas au club de diamant.
Alors, quelqu'un dit
J'achète, en offrant un bénéfice de
Entendu.
Le lot de diamants passe alors de.la table
dans la poche de l'acheteur, qui paye comp-
tant.
:Mais c'est ici que la fièvre commence
apparaître le vendeur, au bout d'un
qpart d'heure, est en proie à des sollicita-
̃ tiens diverses
Eh quoi, tu as de l'argent ? Malheu-
reux, tu vas le perdre Et puis l'argent,
dans un an, ne vaudra rien. Rachète vite'des
diamants, d'autres diamants. Le diamant,
c'est la seule chose vraie et solide.
Et 1 e vendeur rachète = parfois son pro-
pre diamant-
Les prix mesurent le chemin parcouru
par la nouvelle folie.
Une des plus vieilles maisons de taillerie
de diamant d'Anvers nous donne les chiffres
que voici
En 1914, avant la guerre, le diamant,
qui comme l'or ou le cuivre a un marché
avec des cours déterminés, valait 140 francs
le carat. Nous l'achetions brut à ce prix et
le revendions taillé et travaillé au prix de
06o francs, en consentant des crédits de trois
mois et souvent même de six mois. Il nous
fallait alors chercher et réclamer le client.
Après ra déclaration de guerre, il y eut
baisse. Qui, au début des hostilités, songeait,
je vous prie, à acheter des diamants ?. Le
carat tomba à 115 francs. I1 y resta jusqu'en
1915. Mais les Allemands qui, les premiers,
commencèrent à avoir des doutes sur la va-
leur de leur monnaie de papier. se mirent à
acheter- des diamants. Dans d'autres pays,
on suivit. Les prix montèrent. Le 10 novem-
bre 1918, veille de l'armistice, le carat attei-
gnait le prix énorme de 350 francs. Il va-
cille pendant quelques semaines, une fois
les hostilités suspendues, .tombe à 270 francs,
puis remonte. Les difficultés financières, les
discussions sur le billet,de banque, lui don-
nent une impulsion formidable, inouïe. Il
monte toujours. Le carat actuellement vaut
750 francs.
Notre interlocuteur ajoute
Et je vous prie de croire, monsieur,
qu'aujourd'hui, nous autres, diamantaires,
nous ne sommes pas obligés de courir après
les acheteurs. Non, ce sont eux qui se bat-
tent à notre porte. Dès qu'on, sait que nous
avons reçu de Londres un colis on nous as-
saille. Les demandes affluent. On achète
sans voir, de confiance. Bien entendu,
nous ne consentons plus de crédit. On paye
comptant. De notre côté, nous réglons la
plupart de nos comptes en Amérique non
pas en or, mais en diamants.
V*
Là dedans, il y a une chose au moins qu'il
faut retenir,' parce que, vérifiée, elle est ri-
goureusement exacte « Les Allemands, les
̃premiers, achetèrent des diamants. Eh 1
oui, contraints par les autorités de verser
tout leur or, menacés d'avoir à donner leurs
titres nationaux ou étrangers, inquiets sur
la valeur de leur papier-monnaie, ils ont
peu peu converti toute leur fortune privée
en diamants qu'ils achetaient à d'autant
meilleur compte qu'ils les payaient en mark
de papier. Aujourd'hui, une bonne partie, la
plus grande partie peut-être, de la produc-
tion mondiale de diamant, est garée, en lieu
sûr dans les coffres-forts germaniques. Voilà
qui, jusqu'à un certain point, explique la
parfaite longanimité avec laquelle tant d'Al-
lemands envisagent les conséquences finan-
cières'de leur défaite j
Nous irons chercher l'argent des Aile-
raands jusque, dans, leurs .poches disait
en décembre M. David Lloyd George,
Eh non; ce riest pas leur argent qu'il au-
rait fallu aller chercher dans leurs poches
Le Cunseit suprême ayant appris que la
commission tchéro-polonaiM. siégeant à
Cracovie, n'avait pas réussi 11 résoudre la
question des charbonnages do a a).
décidé que ce problème litigieux Ferait
transmis ù une commission dr- la; Ccr.fé-
rence de la paix.
l Les bonnes volontés s'organisent
(Voir en. 2* page)
Dans le médaillon, le sergent Godefroy (Phot. Matin, JPbot. Pathé-Journal)
PROUESSE
UN AVIATEUR PASSE EN AVION
SOUS L'ARC DE TRIOMPHE
Un exploit acrobatique aérien, d'une au-
dsce frisant la témérité, a été accompli hier
à 7 h. 30 l'aviateur Charles Godefroy,
parti de l'aérodrome de Villacoublay sur
un avion bébé,. 120 HP, est passé sous
l'Arc de Triomphe, à la vitesse de 160 ki-
lomètres l'heure.
La question se résumait en une expérien-
ce de sang-froid et de précision, car il s'a-
gissait pour Godefroy d'ajuster les 7 mè-
tres .d'envergure de son appareil dans
l'étroit couloir de l'arche qui mesure
14 m.. 62 en largeur, c'est-à-dire que de
chaque côté de l'extrémité des plans, l'avia-
teur ne possédait qu'une marge de 3 m. 81.
Débouchant de l'avenue du Bois-de-Bôu-
lopjne, à une centaine de mètres de hauteur,
Godefroy aînc>rça~deûx' virées au-dessiiS" de
la place de l'Etoile, se rapprocha du sol,
alla prendre du champ' au-dessus de l'àve-
nue de la Grande-Armée, vira près de la
rue des Acacias, remonta l'avenue, descen-
dit encore 10 mètres de terre environ, puis
visant l'arche,' il s'engouffra duns le por-
tail qu'il franchit comme une flèche.
Au sortir de l'avion vers l'avenue des
Champs-Elysées, une seconde tragique sur-
vint a ce moment, un tramway pacifique
suivait la voie qui contourne la place de'
l'Etoile. Les voyageurs, vovant venir le bo-
lide toute vitesse, furent épouvantés. Go-
defroy, faisant appel il son sang-froid, eut
heureusement le temps de. redresser son
avion, de le mettre en chandefle et de filer
vers la placa de la Concorde où, prenant de
la "hauteur?- il vira et retourna au terrain de
Villncoublay.
L'essai qui pouvait tournei>au drame avait
réussi!
Le hut de cette tentative audacieuse, Gode-
froy nous l'expliquait quelque temps après.
J'ai repris à mon compte, nous a-t-il dit,
la tentative que Navarre voulait faire le jour
du défilé de la Victoire.
Ce jour-là, les avions étaient restés aux
hangar. On avait même interdit aux avia-
teurs de prendre part il la grande fête. J'ai
voulu réparer cet oubli; Il
En 1916, Guynemer avait eu, lui aussi, l'i-
dée de faire passer son avion sous l'Arc
de Triomphe. Il fit un vol au-dessus des
Champs-Elysées, se rendit compte de la té-
mérité de l'entreprise et ne donna pas suite
à. son projet.
L'aviateur Charles Godefroy est ô31 ans. Parti dans l'infanterie au début de
la campagne, il resta 36 mois dans les
.tranchées -et fut eité deux fois à l'ordre
comme agent de liaison.
Affecté dans l'aviation en 1917, il fit ses
classes d'apprentissage à. l'école de Mira-
mas,, où il, fut maintenu comme moniteur.
Il'est démobilisé depuis quelques jours seu-
lement.
Sur quel avion a-t-il réussi sa prouesse
acrobatique ? On est très peu fixé à ce su-
jet. La maison dont il montait le type d'ap-
pareil dit qu'elle a écarté la proposition que
Godefroy lui avait faite et qu'elle a opposé
un refus il sa demande. Elle pense donc
que l'aviateur s'était procuré un avion mi-
litaire à Villacoublay.
La tentative a réussi, tant mieux et pour
le pilote et surtout pour les passants qui se
'trouvaient hier matin sur la place de l'Etoile
et aux alentours, car s'il convient d'excuser
un pareil acte de témérité parce qu'il fut heu-
on peut cependant admettre que, pour
éviter tous risques au public, Godefroy au-
rait pu tenter la chance à une heure plus
matinale, au lever du soleil par exemple:
M. ANTONIO ALMEIDA
élu président
de la République portugaise
LISBONNE, 6:août. Ce soir a eu lieu l'élec-
tion du président de la République. Sur 167
votants, le docteur Antonio Joxe d'Almeida
a été élu par 123 voix au troisième tour;
contre 31 M. Teixeira Gomes,- ministre
du Portugal Londres.
Le nouveau président est un .médecin co-
lonial distingué, de l'université de Coimbre.
Tribun remarquable, très populaire, il fut
un courageux propagateur des idées répu-
blicaines au temps de la monarchie.
Il a été ministre de l'intérieur du gouver-
nement provisoire- Il était récemment le
chef du parti évolutionniste et le président
du gouvernement d'union sacrée qui a en-
voyé le corps expéditionnaire portugais en
France. (Matin.)
Les in^tituteursjorrains à Paris
La délégation des instituteurs lorrains,
conduite parle capitaine Sainte-Croix, a été
reçue hier matin par M. Lafferre, ministre
de l'instruction publique.' Des allocutions
ont été prononcées' par M. Bertin, président
et par le ministre.
L'AJOURNEMENTDE LASOLUTION
DU PROBLÈME TURC
compromet en Turquie la cause de la France
La Conférence de la paix a remis la so-
lution,du vaste problème turc aux calendes
grecques. Les conséquences de ces ater-
moiements ne se sont pas fait attendre et
les nouvelles qui nous arrivent de Turquie
sont rien moins que rassurantes.
On nous informe, en effet, qu'une vive
agitation unioniste, est par conséquent anti-
française, sinon entièrement ententophobe,
commence à se manifester dans toute la
.Turquie.
Le gouvernement de Damad Ferid pacha,
qui rfest pas ér, mesure, et pour cause, de
faire aucune déclaration au peuple sur la
date, le caractère et les possibilités de la
paix future, se trouve débordé un peu par-
A Erzeroum, il. Sivas, à Amazia, des
congrès des partisans du comité Union et
Progrès » viennent de se réunir, votant ou-
vertement des motions de rébellion contre le
gouvernement actuel. Les adhérents é ces
congrès ont:déclaré ne pas vbuloir se sou-
mettre aux éventuelles décisions du congrès
de Versailles et s^nsurger contre tous les
décrets du gouvernement.
Ce'qui est plus inquiétant, c'est la réor-
ganisation tres rapide de l'armée turque
qui échappe entièrement au contrôle du
Des chefs militaires comme Mustapha
kernel et Reoufi bey sont la tête de ce
mouvement.
Constantindple même, une campagne
d'intrigues est organisée par ce comité unio-
niste qui vise au renversement de Damad
Kerid pacha et à son remplacement par
ïzzett pacha.
Izzett pacha est. un homme habile. C'est
lui qui a signé l'armistice avec les alliés.
Il est partisan d'une politique de compro-
mis.. Il se gardera bien d'adopter une
altitude, de révolte ouverte contre l'Entente.
Mais l'avènement au pouvoir de ce poli-
ticien doit être considéré comme d'autant
plus dangereux, car il s'emploiera, sans au-
cun doute, à ruiner l'influence que la
France a acquise en Orient.
Or, nos intérêts là-bas sont considérables
Une faut pas oublier que la France détient
Ce des titres de 'la dette ottomane exté-
rieure d'avant-guerre.
La moitié des voies ferrées turques sont
exploitées par des compagnies et des capi-
taux français. De même, nous avons une
grosse part dans l'exploitation des mines et
des ports ottomans.
I1 faut que la question du traité avec la
Turquie soit posée à nouveau et d'urgence
devant la Conférence.
NOUVELLE STUPÉFACTION
DU CONSEIL SUPRÊME
Encore un coup d'État
L'archiduc Joseph fait arrêter les
ministres du `cabinet Peidl et
se proclame gouverneur
de l'Etat hongrois
Chaque jour les événements de Hongrie
réservent au conseil suprême une surprise
qui, suivant l'expression d'un des membres
du conseil et non des moindres, rend im-,
possible la continuation d'une politique mé-
thodique.
Hier c'étaient les* Roumains qui, sans se
soucier autrement des petites combinaisons
laiteuses cuisiraes par le conseil suprême,
imposaient aux Magyars un armistice sé-
vère, liquidant d'un seul coup tout le dan-
ger bolchevik.
Aujourd'hui cé sont les Hongrois eux-
mêmes, qui se sont rendus coupables d'un
crime de lèse-Entente. Ils viennent, en effet,
de renverser sans phrases le gouvernement
social démocrate de M. Peldl que les alliés
avaient considéré comme le couronnement
de leur action et de leurs manœuvres diplo-
matiques.
L'évolution vers la droite de la Hongrie se
poursuit à une allure accélérée, car suivant
ce qu'on nous annonce, c'est l'archiduc Jo-
seph qui a perpétré à Budapest ce nouveau
coup d'Etat.
11 s'était assuré la complicité de la gen-
darmerie hongroise et, mercredi, sur le coup
de 17 h. 80, il fit cerner le palais national
ou tenaient séance les ministres social-
démocrates. Tout le cabinet Peidl fut ainsi
fait prisonnier et l'archiduc Joseph, dès qu'il
eut mit ses prédécesseurs sous clef, se dé-
clara gouverneur de l'Etat hongrois.
L'archiduc Joseph, qui vient de mettre fin
à l'existence très provisoire du gouverne-
ment; patronné par certains de nos alliés,
a toujours passé pour un citoyen hongrois.
Il est né en 1872 et se consacra dès sa prime
jeunesse à la carrière militaire.
Il ne' s'y fit pas remarquer d'ailleurs par
des qualités brillantes de stratège. Après
avoir tAté du Russe » sur le front de Buko-
vine, il fut nommé commandant en chef
d'un roupe d'armées sur le front de Volhy-
nie. Il subit là une des plns éclatantes dé-
faites de la campagne austro-hongroise,
laissant devant Loutzk, aux mains des trou-
pes du général Broussiloff. quelque 200.000
prisonniers et 1.100 canons.
Ce revers eut un instant de triste célé-
brité sur tout le territoire d'Autriche-Hon-
Archiduc JOSEPH
grie. Dans les journaux et les cabarets de
Vienne et de Budapest, « le grand barbu »
comme on l'appelait était tourné en déri-
sion. Il fut d'ailleurs privé pendant quel-
que temps de son commandement.
Quelques mois plus tard, pour le conso-
ler de ce retentissant revers, l'empereur
Charles l'expédia en Roumanie comme chef
des armées austro-hongroises d'occupation
où il se distingua par sa férocité et son
intransigeance. II termina sa carrière sur
la Piave, où il assista la débâcle finale
de l'armée impériale.
L'archiduc Joseph, dès qu'il se fut pro-
clamé chef d'état magyar, artnonça sa fer-
me intention de constituer un cabinet de
coalition et éminemment démocratique. Pour
le moment, toutefois. il se contenta de dis-
tribuer des portefeuilles à ses complices et
h des généraux, anciens compagnons de la
défaite. M. Frederick, c'est tout ce qu'on
sait de lui, devient président du conseil.
Les généraux Schwetzer et Tanazos sont
nommés ministres de la guerre et des affai-
res étrangères. Tandis que MM. Bléyer et
Schwartx. dont les noms paraîtront sans
doute beaucoup plus allemands que .ma-
gyars, recueillent les portefeuilles des na-
tionalités et de l'hygiène publique.
Le conseil suprême a donc discuté ces m-
formations et on se doute qu'il lui a été
difficile, d'après ces télégrammes fragmen-
¡aires, de se faire une ïïdée exacte de la ten-
dance de ce nouveau revirement hongrois.
Il semblé néanmoins qu'il a acquis la
conviction que les Roumains n'étaient pour
rien dans toute cette affaire et qup ce coup
de barre vers la droite a été plutôt dirigé
contre les troupes occupantes.
Ke pouvant se prononcer sur le coup
d'Etat, le conseil suprême a décidé d'atten-
dre. Il s'est abstenu, pour le moment, d'en-
treprendre un échange d'avis radiotélégra-
pmques Ceci ie successeur impérial de Delà
resté inactif il s'est rattrapé en expédiant
aux Roumains un copieux télégramme. Les
sormais le droit de prendre aucune initia-
tive. Ils devront se soumettre aux ordres et
aux instructions de la commission inter-
alliée. Maintenant on ne leur dit pas quels
seront ces,ordres ét ces instructions, pour!
une raison bien simple d'ailleurs, c'est qu'il
faut d'abord les élaborer. Et comme au sein
du conseil suprême tout le monde n'est pas
du même, avis, Roumains et Hongrois de-
.vront s'armer de patience.
POUR PRÉPARER LES ÉTATS UÉNÉRAUX
Le comité interparlementaire
la Chambre
Comment seront classés les vœux
des départements dévastés
Le comité d'organisation des Etats Géné-
raux des départements dévastés s'est réuni
hier à la Chambre des député.
A cette réunion, qui groupait pour la pre»
mière fois les élus des régions sinistrées et
les délégués extraparlementaires des dix
départements envahis, les 'décisions. suivan-
tes ont été prises.
Des commissoires ont été désignés pour,
organiser les Etats départementaux qui doi-
vent se tenir dans chaque département la
17 août courant.
De façon à faciliter le travail de ces Etaty
départementaux, qui prépareront les Etats
Généraux, il a été dressé une liste des ques-
tions sur lesquelles ces Etats auront a ex-
prirner des voeux. Cette liste comprend les
douze chapitres. suivants qui' correspondent
aux douze sections dont se composeront les
Etats Généraux.
I. TRAVAUX DE PREMIÈRE URGENCE
a) Ramassage des engins non éclatés
b) Comblement des tranchées, des trous
d'obus. Enlèvement des fils barbelés.
c) Déblaiement des villages
d) Baraquements et constructions provt-
e) Remise en état des routes, canaux et cho-
mins de fer. Rétablissement des communica-
tions téléphoniques et télégraphiques
f) Hygiène,
0) Bâtiments publics, mairies, éffltees, to
caux scolaires.
IL AGRICULTURE
a) Instruments et matériel agricoles. Moto-
culture.
b) Engrais et semences.
c) Chevaux de culture.
d) Reconstitution du cheptel bovin, ovin,
porcin, animaux de basse-cour etc.
e) Crédit agricole.
f) Office de reconstiitution agricole. Sociétés
tiers-mandataires.
III. COMMERCE
a) Reconstitution des fonds de commerce,
b) Coopératives d'achats pour les commer-
çants.
c) Régime bancaire.
•V. MORATORIUM ET LOYERS
V. INDUSTRIE
a Reconstitution industrielle.
b Matières premières.
c) Comptoir d'achats.
d Droits d'importation.
e) Organisations patronales et ouvrière».
Salaires.
VI. MAIN-D'ŒUVRE
a) Prisonniers de guerre.
b) Main-d'œuvre étrangère,
c) Mesures destinées à conserver aux be-
soins locaux la main-d'œuvre nécessaire.'
V1I. LOI DES DOMMAGES ET
RECONSTRUCTIONS
a) Avances.
b) Estimation des dommages. Commissions
d'évaluation.
c) Coopératives de reconstruction.
d) Relations avec les architectes et les en-
trepreneurs. Matériaux.
e) Attribution des stocks aux populations
sinistrées.
f) Conventions de réciprocité entre Etats
alliés.
a) Emprunt interallié pour la reconstitution
des pays dévastés.
VIII. PAYEMENTS DES RÉQUISITIONS
DOMMAGES DE'CANTONNEMENT
IX. RAVITAILLEMENT ET VIE CHÈRE
a) Mesures à prendre contre les mercantis.
b) Coopératives.
X, -r- RÉFUGIÉS, PRISONNIERS CIVILS
XI. TRANSPORTS
XII. ADMINISTRATION GÉNÉRALE
a) Vie municipale. Allocations. Contribu-
tions de guerre. Budgets communaux. Situa-
tion des maires et secrétaires de mairie.
b) Administration départementale. Recru-
tement du personnel des services publics.
Indemnités aux fonctionnaires. Service médi-
.cal. Moyens de transports. Budgets départe-
mentaux.
c) Pouvoir central. Unité de direction. Coor-
dination des différents services.
Les vœux qui seront émis par les Etats
départementaux devront être transmis im-
médiatement au Malin, qui les fera parvenir
au secrétariat général du comité d'organi-
sution, afin qu'ils soient renvoyés aux sec-
tions compétentes des Etats Généraux.
La session des Etats Généraux durera du
dimanche 31 août au mardi 2 sepleHilîrer
Peuvent adhérer aux Etats Généraux tous
les maires des communes sinistrées, les
conseillers généraux, les conseillers d'arron-
dissement, les présidents ou un délégué (les
chambres de commerce, des sociétés d'agri-
culture, des` syndicats et coopératives agri-
coles et viticoles, des coopératives de re-
construction, des sociétés industrielles, des
coopératives de production et de consomma-
tion, des associations de fonctionnaires, des
syndicats d'ouvriers et d'employés, des fé-
dérations et associations de sinistrés et réfu-
giés, des directeurs ou représentants des
journaux.
Les adhésions devront être adressées
avant le 25 août au Matin (service des Etats
Généraux des régions dévastées). Chaque
adhérent est prié d'indiquer les sections aux
travaux desquelles il désire participer.
Des cartes. seront délivrées à, toute .per-
sonie juslifiant qu'elle rentre dans une des
catégories ci-dessus énoncées.' Ces cartes,
sans la présentation desquelles on n'aura
pas accès aux Etats Généraux, pourront
être retirées du 2ô au 31 août. au Malin.
Elles pourront l'être également, pendant
toute la journée du 31 août, à la permanence
des Etats Généraux, dont le siège sera ulté-
rieurement indiqué.
LES TROUPES UKRANIENNES
ET BOLCHEVIKS
commandées #'ar des Allemands
La délégation polonaise a porté à la
connaissance de la Conférence de la paix les
faits suivants
« Le 6 août les armées polonaises opérant
en Galicie orientale ont fait prisonniers les
états-majors de deux divisions d'Ukranien»
bolcheviks. Après interrogatoire des pri-
sonniers on s'est rendu compte que la ma-
jorité des officiers bolcheviks étaient, des
militaires allemands en service command'1.
11 Ou a identifié comme faisant partie de
l'armée. bolchevik ukranienne les of liciers
allemands suivants
» Le général Grek.ow, commandant <».i
ehéf, le général major Kraus, les généraux
(ie brigade Adolf Wolff, Tinke, Bi/.auz,
.Tackwe'rfh, Kart Hoffmann et Karl Schlos-
» Il faut &:ouler à cette liste de nombreux
officiera subalternes.. »
BOUL' FAUB" POISSONNIÈRE, PARIS (IX') f.DRESSE TtUCS. MATIN-PARIS TÉL GUT. 03-04, Q3-O6, 08-06. 15-80
Vendredi 8 Août 1019
Si Lebureau
voulait.
tfô POUVOIRS PUBLICS CESSÉ»
VITE DE SE MOQUER DE LUI
Qu'il eommertee donc par obéir
à l'article 29
du code d'instruction criminelle
Le vieux commis d'ordre .laissa re-
tomber l'Officiel. Je pris le journal, que
je n'avais pas encore lu je le reçois
fidèlement à 11 heures « quand il n'y a
rien », il, -ne me parvient guère avant
4 heures « quand il y a quelque chose »
donc je relevai 'l'Officiel et j'y trouvai
l'annonce des élections prochaines.
Alors le, vieux commis d'ordre gronda
Je me demande ce que nos nouvel-
les soldes vont devenir dans tout cela ?
Je haussai les épaules et répondis
iSgariarelle, en riant lui réclamait ses gages,
Tandis aue don Luis, avec son doigt tremblant,
Montrait à tous les morts errants sur les ri-
[vases.
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Le digne homme à qui je m'adressais
n'était ni un symboliste, ni même un
parnassien. Mais il avait lu Molière, à
défaut de Baudelaire, et, vieux Fran-
çais de bonne souche, il ne manquait ni
du bon sens robuste, ni de l'esprit na-
turel à la race. Il comprit le sens'que.je
donnais à ces vers baudelairiens, somp-
tueux comme un coucher de soleil sur
J'Atlantique.
Pour sûr, voilà assez longtemps
qu'on réclame et qu'ils se f. de nous
interpréta-t-il, indigné"
--Fonctionnaires, mes chers collègues,
vous avez réclamé d'abord humble-,
ment puis aussi en grondant un peu.
Croyez-moi, le rôle de S;ganarelle, l'hon-
nête et dévoué valet de don Juan, ne
convient ni à votre valeur morale ni à
ivoire dignité professionnelle. Vous per-
dez Votre temps à prier les « pouvoirs
publies » de vous payer votre dû, et.de
lutter sérieusement contre la vie chère.
Tous ces gens-là se moquent de vous,
» Assez de prières et d'objurgations.
Vous pouvez jouer à l'égard des Don
,luan du suffrage universel et des igno-
bles nouveaux riches qui vous couvrent
4e sarcasme un tout autre rôle que le
rôle de-bouffon de Sganayelle le rôle
tragique .de la statue du Commandeur.
Vous avez entre les mains tous les élé-
ment.s de la puissance publique. Je ne
vous conseille pas de faire grève. Au
contraire. Je vous demande de faire ao-
ire métier avec le plus grand zèle, selon
toute la rigueur des lois. Il est des gens
îiîiB places à qui il pourrait bien en
cuire, tfar contre on ne pourra vous cri-
tiquer de faire votre devoir et même un
peu plus. Vous connaissez la loi et la
,Constitution. Je vais vous dire, par un
exemple, comment vous pouvez vous
en servir.
» Savez-vous que l'article 29 du code
d'instruction criminelle fait de vous de
véritables « auxiliaires de l'officier de
police judiciaire » par excellence, du
procureur de la République ? Que dit
Ce texte trop oublié ?
Toute autorité constituée, tout (onc-
tionnaire ou officier public, qui, dans
» l'exercice de ses fonctions, acquerra
1) la. connaissance d'un crime ou-d'un
» délit, sera tenu d'en donner, sur-le-
champ, avis au procureur de la Ré-
publique près le tribunal dans le res-
» sort duquel le crime ou le délit aura
été commis, ou dans lequel le pré-
» venu pourrait être trouvé, et de trans-
» mettre à ce magistrat tous les ren-
» geignements, actes et procès-verbaux
o qui y sont relatifs. »
» Cette prescription, encore que dé-
pourvue de sanction pénale, est conçue
̃en termes impératifs, elle vous impose
ùn devoir, mes chers collègues.
» Ah l'on vous reproche de man-
quer d'initiative. Eh bien, prenez donc
cette initiative-là. pour commencer.
Les résultats ne se feront pas attendre.
quand les receveurs de l'enregistrement
et les contrôleurs des contributions di-
rectes dénonceront les fraudes des nou-
veaux riches, directement aux procu-
reurs de la République, quand les hum-
bles douaniers dénonceront toutes les
affaires de mistelles et tous les trafics de
mercantis qu'ils peuvent apercevoir à
l'occasion de leur service, quand les
fonctionnaires de tout ordre crieront
comme des perdus à toute tentative de
Corruption -dont ils so'nt l'objet, quand
les inspecteurs et les commissaires de
police dénonceront les trafics d'influen-
ces et de fraudes électorales des candi-
dats, sans omettre bien entendu ceux
qui sont hostiles aux fonctionnaires.
cela deviendra tout à fait.. réjouissant, et
nous aurons le public pour nous,
comme nous avons déjà la presse, nous
fonctionnaires professionnels, dont elle
a su la première apprécier l'honnêteté.
'Montrons un peu de courage civique.
d'abord pour apporter à la lutte contre
la vie chère notre appoint si puissant.
Mais si l'on frappe les fonction-
ilaires dénonciateurs des mercantis
trop puissants ?
On ne les frappera pas, si vous
faites faire la dénonciation par le bu-
reau de votre association, gardienne de
l'}\onneur et des intérêts professionnels
reconnue par la loi.
Et si l'action publique ne veut pas
se mettre en mouvement ?
Vos associations « professionnel-
les devront alors s'affilier à la C. G. T.
qui est une force, et qui, recevant le
duplicata du dossier, saura bien se faire
entendre.
Je le répète, ceci n'est qu'un com-
méncement de plan d'action. Il y aura
mieux. Mais ce sera plus cher pour les
gens qui nous ont si indignement ber-
nés: »
Lebureau
DANS LES CLUBS D'ANVERS
LA. FIÈVRE
Ce sont Ies Allemands qui ont
acheté une bonne partie des
diamants du monde
Elle gagne. elle gagne.
Elle est générale, mais c'est Anvers
'qu'elle ,a son si«g«v Quand, aujourd'hui,
vous annoncez que vous allez à Anvers, des
gens avcrtis vous disent en clignant de
l'œil «.(Alors, vous irez au Diamant-Club?»
Quand vous en revend, les, mêmes gens vous
disant avec un regard d'envie n Alors,
vous avez passé au Diamant-Club ? »
En fait, il y a à Anvers plusieurs clubs de
diamants cinq ou six. Et n'y entre pas qui
veut. Mais ceux qui y entrent, ou qui en sor-
tent, apportent ou emportent dans leurs po-
ches des fortunes qui, même en ce temps où
les fortunes couvrent les rues, sont respecta-
bles, puisqu'elles se chiffrant s.ouypnt pat
plusieurs millions. Ces clubs de diamant
constituent la grande bourse mondiale où
en achéte, revend, rachète, repasse la ver-
roterie étincelante qui a aujourd'hui la pré-
tention de détrôner l'or.
Rien d'extraordinaire, ,en apparence, dans
ces clubs. Ils contiennent tous une grande
salle, avec de multiples tables, où des gens
sont, assis. C'est s'y méprendre une salle
de jeu. ;Lès jpu£urA..̃' s.çttj,«meiit, sont • d'àc-
coutrements étranges à côté de jeunes gen-
tlemen bien mis, il y a de» .vieux sordides,
avec de longues barbes et des nez effroya-
bles, véritables silhouettes des ghettos de
Pologne et de Russie. L'enjeu est curieux
aussi pas de cartes, ou de jetons, ou d'ar-
gent. Seulement, sur chaque table, un lot de
diamants bruts, non taillés. Chacun le re-
garde, le touche du doigt et le dialogue sui-
vant s'engage
Combien as-tu payé cela ?
Tant
Combien veux^tu gagner dessus ?
Tant 1
Les habitués jurent que les chiffres pro-
noncés respectent toujours la vérité. On ne
ment pas au club de diamant.
Alors, quelqu'un dit
J'achète, en offrant un bénéfice de
Entendu.
Le lot de diamants passe alors de.la table
dans la poche de l'acheteur, qui paye comp-
tant.
:Mais c'est ici que la fièvre commence
apparaître le vendeur, au bout d'un
qpart d'heure, est en proie à des sollicita-
̃ tiens diverses
Eh quoi, tu as de l'argent ? Malheu-
reux, tu vas le perdre Et puis l'argent,
dans un an, ne vaudra rien. Rachète vite'des
diamants, d'autres diamants. Le diamant,
c'est la seule chose vraie et solide.
Et 1 e vendeur rachète = parfois son pro-
pre diamant-
Les prix mesurent le chemin parcouru
par la nouvelle folie.
Une des plus vieilles maisons de taillerie
de diamant d'Anvers nous donne les chiffres
que voici
En 1914, avant la guerre, le diamant,
qui comme l'or ou le cuivre a un marché
avec des cours déterminés, valait 140 francs
le carat. Nous l'achetions brut à ce prix et
le revendions taillé et travaillé au prix de
06o francs, en consentant des crédits de trois
mois et souvent même de six mois. Il nous
fallait alors chercher et réclamer le client.
Après ra déclaration de guerre, il y eut
baisse. Qui, au début des hostilités, songeait,
je vous prie, à acheter des diamants ?. Le
carat tomba à 115 francs. I1 y resta jusqu'en
1915. Mais les Allemands qui, les premiers,
commencèrent à avoir des doutes sur la va-
leur de leur monnaie de papier. se mirent à
acheter- des diamants. Dans d'autres pays,
on suivit. Les prix montèrent. Le 10 novem-
bre 1918, veille de l'armistice, le carat attei-
gnait le prix énorme de 350 francs. Il va-
cille pendant quelques semaines, une fois
les hostilités suspendues, .tombe à 270 francs,
puis remonte. Les difficultés financières, les
discussions sur le billet,de banque, lui don-
nent une impulsion formidable, inouïe. Il
monte toujours. Le carat actuellement vaut
750 francs.
Notre interlocuteur ajoute
Et je vous prie de croire, monsieur,
qu'aujourd'hui, nous autres, diamantaires,
nous ne sommes pas obligés de courir après
les acheteurs. Non, ce sont eux qui se bat-
tent à notre porte. Dès qu'on, sait que nous
avons reçu de Londres un colis on nous as-
saille. Les demandes affluent. On achète
sans voir, de confiance. Bien entendu,
nous ne consentons plus de crédit. On paye
comptant. De notre côté, nous réglons la
plupart de nos comptes en Amérique non
pas en or, mais en diamants.
V*
Là dedans, il y a une chose au moins qu'il
faut retenir,' parce que, vérifiée, elle est ri-
goureusement exacte « Les Allemands, les
̃premiers, achetèrent des diamants. Eh 1
oui, contraints par les autorités de verser
tout leur or, menacés d'avoir à donner leurs
titres nationaux ou étrangers, inquiets sur
la valeur de leur papier-monnaie, ils ont
peu peu converti toute leur fortune privée
en diamants qu'ils achetaient à d'autant
meilleur compte qu'ils les payaient en mark
de papier. Aujourd'hui, une bonne partie, la
plus grande partie peut-être, de la produc-
tion mondiale de diamant, est garée, en lieu
sûr dans les coffres-forts germaniques. Voilà
qui, jusqu'à un certain point, explique la
parfaite longanimité avec laquelle tant d'Al-
lemands envisagent les conséquences finan-
cières'de leur défaite j
Nous irons chercher l'argent des Aile-
raands jusque, dans, leurs .poches disait
en décembre M. David Lloyd George,
Eh non; ce riest pas leur argent qu'il au-
rait fallu aller chercher dans leurs poches
Le Cunseit suprême ayant appris que la
commission tchéro-polonaiM. siégeant à
Cracovie, n'avait pas réussi 11 résoudre la
question des charbonnages do a a).
décidé que ce problème litigieux Ferait
transmis ù une commission dr- la; Ccr.fé-
rence de la paix.
l Les bonnes volontés s'organisent
(Voir en. 2* page)
Dans le médaillon, le sergent Godefroy (Phot. Matin, JPbot. Pathé-Journal)
PROUESSE
UN AVIATEUR PASSE EN AVION
SOUS L'ARC DE TRIOMPHE
Un exploit acrobatique aérien, d'une au-
dsce frisant la témérité, a été accompli hier
à 7 h. 30 l'aviateur Charles Godefroy,
parti de l'aérodrome de Villacoublay sur
un avion bébé,. 120 HP, est passé sous
l'Arc de Triomphe, à la vitesse de 160 ki-
lomètres l'heure.
La question se résumait en une expérien-
ce de sang-froid et de précision, car il s'a-
gissait pour Godefroy d'ajuster les 7 mè-
tres .d'envergure de son appareil dans
l'étroit couloir de l'arche qui mesure
14 m.. 62 en largeur, c'est-à-dire que de
chaque côté de l'extrémité des plans, l'avia-
teur ne possédait qu'une marge de 3 m. 81.
Débouchant de l'avenue du Bois-de-Bôu-
lopjne, à une centaine de mètres de hauteur,
Godefroy aînc>rça~deûx' virées au-dessiiS" de
la place de l'Etoile, se rapprocha du sol,
alla prendre du champ' au-dessus de l'àve-
nue de la Grande-Armée, vira près de la
rue des Acacias, remonta l'avenue, descen-
dit encore 10 mètres de terre environ, puis
visant l'arche,' il s'engouffra duns le por-
tail qu'il franchit comme une flèche.
Au sortir de l'avion vers l'avenue des
Champs-Elysées, une seconde tragique sur-
vint a ce moment, un tramway pacifique
suivait la voie qui contourne la place de'
l'Etoile. Les voyageurs, vovant venir le bo-
lide toute vitesse, furent épouvantés. Go-
defroy, faisant appel il son sang-froid, eut
heureusement le temps de. redresser son
avion, de le mettre en chandefle et de filer
vers la placa de la Concorde où, prenant de
la "hauteur?- il vira et retourna au terrain de
Villncoublay.
L'essai qui pouvait tournei>au drame avait
réussi!
Le hut de cette tentative audacieuse, Gode-
froy nous l'expliquait quelque temps après.
J'ai repris à mon compte, nous a-t-il dit,
la tentative que Navarre voulait faire le jour
du défilé de la Victoire.
Ce jour-là, les avions étaient restés aux
hangar. On avait même interdit aux avia-
teurs de prendre part il la grande fête. J'ai
voulu réparer cet oubli; Il
En 1916, Guynemer avait eu, lui aussi, l'i-
dée de faire passer son avion sous l'Arc
de Triomphe. Il fit un vol au-dessus des
Champs-Elysées, se rendit compte de la té-
mérité de l'entreprise et ne donna pas suite
à. son projet.
L'aviateur Charles Godefroy est ô
la campagne, il resta 36 mois dans les
.tranchées -et fut eité deux fois à l'ordre
comme agent de liaison.
Affecté dans l'aviation en 1917, il fit ses
classes d'apprentissage à. l'école de Mira-
mas,, où il, fut maintenu comme moniteur.
Il'est démobilisé depuis quelques jours seu-
lement.
Sur quel avion a-t-il réussi sa prouesse
acrobatique ? On est très peu fixé à ce su-
jet. La maison dont il montait le type d'ap-
pareil dit qu'elle a écarté la proposition que
Godefroy lui avait faite et qu'elle a opposé
un refus il sa demande. Elle pense donc
que l'aviateur s'était procuré un avion mi-
litaire à Villacoublay.
La tentative a réussi, tant mieux et pour
le pilote et surtout pour les passants qui se
'trouvaient hier matin sur la place de l'Etoile
et aux alentours, car s'il convient d'excuser
un pareil acte de témérité parce qu'il fut heu-
on peut cependant admettre que, pour
éviter tous risques au public, Godefroy au-
rait pu tenter la chance à une heure plus
matinale, au lever du soleil par exemple:
M. ANTONIO ALMEIDA
élu président
de la République portugaise
LISBONNE, 6:août. Ce soir a eu lieu l'élec-
tion du président de la République. Sur 167
votants, le docteur Antonio Joxe d'Almeida
a été élu par 123 voix au troisième tour;
contre 31 M. Teixeira Gomes,- ministre
du Portugal Londres.
Le nouveau président est un .médecin co-
lonial distingué, de l'université de Coimbre.
Tribun remarquable, très populaire, il fut
un courageux propagateur des idées répu-
blicaines au temps de la monarchie.
Il a été ministre de l'intérieur du gouver-
nement provisoire- Il était récemment le
chef du parti évolutionniste et le président
du gouvernement d'union sacrée qui a en-
voyé le corps expéditionnaire portugais en
France. (Matin.)
Les in^tituteursjorrains à Paris
La délégation des instituteurs lorrains,
conduite parle capitaine Sainte-Croix, a été
reçue hier matin par M. Lafferre, ministre
de l'instruction publique.' Des allocutions
ont été prononcées' par M. Bertin, président
et par le ministre.
L'AJOURNEMENTDE LASOLUTION
DU PROBLÈME TURC
compromet en Turquie la cause de la France
La Conférence de la paix a remis la so-
lution,du vaste problème turc aux calendes
grecques. Les conséquences de ces ater-
moiements ne se sont pas fait attendre et
les nouvelles qui nous arrivent de Turquie
sont rien moins que rassurantes.
On nous informe, en effet, qu'une vive
agitation unioniste, est par conséquent anti-
française, sinon entièrement ententophobe,
commence à se manifester dans toute la
.Turquie.
Le gouvernement de Damad Ferid pacha,
qui rfest pas ér, mesure, et pour cause, de
faire aucune déclaration au peuple sur la
date, le caractère et les possibilités de la
paix future, se trouve débordé un peu par-
A Erzeroum, il. Sivas, à Amazia, des
congrès des partisans du comité Union et
Progrès » viennent de se réunir, votant ou-
vertement des motions de rébellion contre le
gouvernement actuel. Les adhérents é ces
congrès ont:déclaré ne pas vbuloir se sou-
mettre aux éventuelles décisions du congrès
de Versailles et s^nsurger contre tous les
décrets du gouvernement.
Ce'qui est plus inquiétant, c'est la réor-
ganisation tres rapide de l'armée turque
qui échappe entièrement au contrôle du
Des chefs militaires comme Mustapha
kernel et Reoufi bey sont la tête de ce
mouvement.
Constantindple même, une campagne
d'intrigues est organisée par ce comité unio-
niste qui vise au renversement de Damad
Kerid pacha et à son remplacement par
ïzzett pacha.
Izzett pacha est. un homme habile. C'est
lui qui a signé l'armistice avec les alliés.
Il est partisan d'une politique de compro-
mis.. Il se gardera bien d'adopter une
altitude, de révolte ouverte contre l'Entente.
Mais l'avènement au pouvoir de ce poli-
ticien doit être considéré comme d'autant
plus dangereux, car il s'emploiera, sans au-
cun doute, à ruiner l'influence que la
France a acquise en Orient.
Or, nos intérêts là-bas sont considérables
Une faut pas oublier que la France détient
Ce des titres de 'la dette ottomane exté-
rieure d'avant-guerre.
La moitié des voies ferrées turques sont
exploitées par des compagnies et des capi-
taux français. De même, nous avons une
grosse part dans l'exploitation des mines et
des ports ottomans.
I1 faut que la question du traité avec la
Turquie soit posée à nouveau et d'urgence
devant la Conférence.
NOUVELLE STUPÉFACTION
DU CONSEIL SUPRÊME
Encore un coup d'État
L'archiduc Joseph fait arrêter les
ministres du `cabinet Peidl et
se proclame gouverneur
de l'Etat hongrois
Chaque jour les événements de Hongrie
réservent au conseil suprême une surprise
qui, suivant l'expression d'un des membres
du conseil et non des moindres, rend im-,
possible la continuation d'une politique mé-
thodique.
Hier c'étaient les* Roumains qui, sans se
soucier autrement des petites combinaisons
laiteuses cuisiraes par le conseil suprême,
imposaient aux Magyars un armistice sé-
vère, liquidant d'un seul coup tout le dan-
ger bolchevik.
Aujourd'hui cé sont les Hongrois eux-
mêmes, qui se sont rendus coupables d'un
crime de lèse-Entente. Ils viennent, en effet,
de renverser sans phrases le gouvernement
social démocrate de M. Peldl que les alliés
avaient considéré comme le couronnement
de leur action et de leurs manœuvres diplo-
matiques.
L'évolution vers la droite de la Hongrie se
poursuit à une allure accélérée, car suivant
ce qu'on nous annonce, c'est l'archiduc Jo-
seph qui a perpétré à Budapest ce nouveau
coup d'Etat.
11 s'était assuré la complicité de la gen-
darmerie hongroise et, mercredi, sur le coup
de 17 h. 80, il fit cerner le palais national
ou tenaient séance les ministres social-
démocrates. Tout le cabinet Peidl fut ainsi
fait prisonnier et l'archiduc Joseph, dès qu'il
eut mit ses prédécesseurs sous clef, se dé-
clara gouverneur de l'Etat hongrois.
L'archiduc Joseph, qui vient de mettre fin
à l'existence très provisoire du gouverne-
ment; patronné par certains de nos alliés,
a toujours passé pour un citoyen hongrois.
Il est né en 1872 et se consacra dès sa prime
jeunesse à la carrière militaire.
Il ne' s'y fit pas remarquer d'ailleurs par
des qualités brillantes de stratège. Après
avoir tAté du Russe » sur le front de Buko-
vine, il fut nommé commandant en chef
d'un roupe d'armées sur le front de Volhy-
nie. Il subit là une des plns éclatantes dé-
faites de la campagne austro-hongroise,
laissant devant Loutzk, aux mains des trou-
pes du général Broussiloff. quelque 200.000
prisonniers et 1.100 canons.
Ce revers eut un instant de triste célé-
brité sur tout le territoire d'Autriche-Hon-
Archiduc JOSEPH
grie. Dans les journaux et les cabarets de
Vienne et de Budapest, « le grand barbu »
comme on l'appelait était tourné en déri-
sion. Il fut d'ailleurs privé pendant quel-
que temps de son commandement.
Quelques mois plus tard, pour le conso-
ler de ce retentissant revers, l'empereur
Charles l'expédia en Roumanie comme chef
des armées austro-hongroises d'occupation
où il se distingua par sa férocité et son
intransigeance. II termina sa carrière sur
la Piave, où il assista la débâcle finale
de l'armée impériale.
L'archiduc Joseph, dès qu'il se fut pro-
clamé chef d'état magyar, artnonça sa fer-
me intention de constituer un cabinet de
coalition et éminemment démocratique. Pour
le moment, toutefois. il se contenta de dis-
tribuer des portefeuilles à ses complices et
h des généraux, anciens compagnons de la
défaite. M. Frederick, c'est tout ce qu'on
sait de lui, devient président du conseil.
Les généraux Schwetzer et Tanazos sont
nommés ministres de la guerre et des affai-
res étrangères. Tandis que MM. Bléyer et
Schwartx. dont les noms paraîtront sans
doute beaucoup plus allemands que .ma-
gyars, recueillent les portefeuilles des na-
tionalités et de l'hygiène publique.
Le conseil suprême a donc discuté ces m-
formations et on se doute qu'il lui a été
difficile, d'après ces télégrammes fragmen-
¡aires, de se faire une ïïdée exacte de la ten-
dance de ce nouveau revirement hongrois.
Il semblé néanmoins qu'il a acquis la
conviction que les Roumains n'étaient pour
rien dans toute cette affaire et qup ce coup
de barre vers la droite a été plutôt dirigé
contre les troupes occupantes.
Ke pouvant se prononcer sur le coup
d'Etat, le conseil suprême a décidé d'atten-
dre. Il s'est abstenu, pour le moment, d'en-
treprendre un échange d'avis radiotélégra-
pmques Ceci ie successeur impérial de Delà
resté inactif il s'est rattrapé en expédiant
aux Roumains un copieux télégramme. Les
sormais le droit de prendre aucune initia-
tive. Ils devront se soumettre aux ordres et
aux instructions de la commission inter-
alliée. Maintenant on ne leur dit pas quels
seront ces,ordres ét ces instructions, pour!
une raison bien simple d'ailleurs, c'est qu'il
faut d'abord les élaborer. Et comme au sein
du conseil suprême tout le monde n'est pas
du même, avis, Roumains et Hongrois de-
.vront s'armer de patience.
POUR PRÉPARER LES ÉTATS UÉNÉRAUX
Le comité interparlementaire
la Chambre
Comment seront classés les vœux
des départements dévastés
Le comité d'organisation des Etats Géné-
raux des départements dévastés s'est réuni
hier à la Chambre des député.
A cette réunion, qui groupait pour la pre»
mière fois les élus des régions sinistrées et
les délégués extraparlementaires des dix
départements envahis, les 'décisions. suivan-
tes ont été prises.
Des commissoires ont été désignés pour,
organiser les Etats départementaux qui doi-
vent se tenir dans chaque département la
17 août courant.
De façon à faciliter le travail de ces Etaty
départementaux, qui prépareront les Etats
Généraux, il a été dressé une liste des ques-
tions sur lesquelles ces Etats auront a ex-
prirner des voeux. Cette liste comprend les
douze chapitres. suivants qui' correspondent
aux douze sections dont se composeront les
Etats Généraux.
I. TRAVAUX DE PREMIÈRE URGENCE
a) Ramassage des engins non éclatés
b) Comblement des tranchées, des trous
d'obus. Enlèvement des fils barbelés.
c) Déblaiement des villages
d) Baraquements et constructions provt-
e) Remise en état des routes, canaux et cho-
mins de fer. Rétablissement des communica-
tions téléphoniques et télégraphiques
f) Hygiène,
0) Bâtiments publics, mairies, éffltees, to
caux scolaires.
IL AGRICULTURE
a) Instruments et matériel agricoles. Moto-
culture.
b) Engrais et semences.
c) Chevaux de culture.
d) Reconstitution du cheptel bovin, ovin,
porcin, animaux de basse-cour etc.
e) Crédit agricole.
f) Office de reconstiitution agricole. Sociétés
tiers-mandataires.
III. COMMERCE
a) Reconstitution des fonds de commerce,
b) Coopératives d'achats pour les commer-
çants.
c) Régime bancaire.
•V. MORATORIUM ET LOYERS
V. INDUSTRIE
a Reconstitution industrielle.
b Matières premières.
c) Comptoir d'achats.
d Droits d'importation.
e) Organisations patronales et ouvrière».
Salaires.
VI. MAIN-D'ŒUVRE
a) Prisonniers de guerre.
b) Main-d'œuvre étrangère,
c) Mesures destinées à conserver aux be-
soins locaux la main-d'œuvre nécessaire.'
V1I. LOI DES DOMMAGES ET
RECONSTRUCTIONS
a) Avances.
b) Estimation des dommages. Commissions
d'évaluation.
c) Coopératives de reconstruction.
d) Relations avec les architectes et les en-
trepreneurs. Matériaux.
e) Attribution des stocks aux populations
sinistrées.
f) Conventions de réciprocité entre Etats
alliés.
a) Emprunt interallié pour la reconstitution
des pays dévastés.
VIII. PAYEMENTS DES RÉQUISITIONS
DOMMAGES DE'CANTONNEMENT
IX. RAVITAILLEMENT ET VIE CHÈRE
a) Mesures à prendre contre les mercantis.
b) Coopératives.
X, -r- RÉFUGIÉS, PRISONNIERS CIVILS
XI. TRANSPORTS
XII. ADMINISTRATION GÉNÉRALE
a) Vie municipale. Allocations. Contribu-
tions de guerre. Budgets communaux. Situa-
tion des maires et secrétaires de mairie.
b) Administration départementale. Recru-
tement du personnel des services publics.
Indemnités aux fonctionnaires. Service médi-
.cal. Moyens de transports. Budgets départe-
mentaux.
c) Pouvoir central. Unité de direction. Coor-
dination des différents services.
Les vœux qui seront émis par les Etats
départementaux devront être transmis im-
médiatement au Malin, qui les fera parvenir
au secrétariat général du comité d'organi-
sution, afin qu'ils soient renvoyés aux sec-
tions compétentes des Etats Généraux.
La session des Etats Généraux durera du
dimanche 31 août au mardi 2 sepleHilîrer
Peuvent adhérer aux Etats Généraux tous
les maires des communes sinistrées, les
conseillers généraux, les conseillers d'arron-
dissement, les présidents ou un délégué (les
chambres de commerce, des sociétés d'agri-
culture, des` syndicats et coopératives agri-
coles et viticoles, des coopératives de re-
construction, des sociétés industrielles, des
coopératives de production et de consomma-
tion, des associations de fonctionnaires, des
syndicats d'ouvriers et d'employés, des fé-
dérations et associations de sinistrés et réfu-
giés, des directeurs ou représentants des
journaux.
Les adhésions devront être adressées
avant le 25 août au Matin (service des Etats
Généraux des régions dévastées). Chaque
adhérent est prié d'indiquer les sections aux
travaux desquelles il désire participer.
Des cartes. seront délivrées à, toute .per-
sonie juslifiant qu'elle rentre dans une des
catégories ci-dessus énoncées.' Ces cartes,
sans la présentation desquelles on n'aura
pas accès aux Etats Généraux, pourront
être retirées du 2ô au 31 août. au Malin.
Elles pourront l'être également, pendant
toute la journée du 31 août, à la permanence
des Etats Généraux, dont le siège sera ulté-
rieurement indiqué.
LES TROUPES UKRANIENNES
ET BOLCHEVIKS
commandées #'ar des Allemands
La délégation polonaise a porté à la
connaissance de la Conférence de la paix les
faits suivants
« Le 6 août les armées polonaises opérant
en Galicie orientale ont fait prisonniers les
états-majors de deux divisions d'Ukranien»
bolcheviks. Après interrogatoire des pri-
sonniers on s'est rendu compte que la ma-
jorité des officiers bolcheviks étaient, des
militaires allemands en service command'1.
11 Ou a identifié comme faisant partie de
l'armée. bolchevik ukranienne les of liciers
allemands suivants
» Le général Grek.ow, commandant <».i
ehéf, le général major Kraus, les généraux
(ie brigade Adolf Wolff, Tinke, Bi/.auz,
.Tackwe'rfh, Kart Hoffmann et Karl Schlos-
» Il faut &:ouler à cette liste de nombreux
officiera subalternes.. »
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