DEFAITE
DE L'ARMEE DES INSURGES,
A AUPS (Var), le 10 décembre 1851.
Avant de faire le récit des évènements qui ont en lieu à Aups à la fin de
l'année dernières mil huit cent cinquante-un, il n'est pas hors de propos de
donner une: notion topographique de cette ville. Aups, Civitas Alpensis,
dont la fondation remonte à l'occupation des Gaules par les Romains, sous
Jules César, est située aux pieds d'une chaîne de montagnes très-élèvèes et
couvertes jusqu'au milieu de leurs flancs par de magnifiques oliviers ; le reste
jusqu'à leur sommet est entièrement nu, car on ne voit çà et là que quelques
mauvais pins pu quelques chênes verts; ces montagnes s'élèvent au nord de la
ville et s'étendent du levant au couchant; à l'est, au midi et à l'ouest, la vue
se perd dans un horizon sans bornes. Ainsi l'on a devant soi une immense
plaine très-accidentée, il est vrai, mais néanmoins très-fertile. Une grande
prairie qui tantôt se resserre et tantôt se développe, par les sinuosités des forêts
de pins qui l'environnent, s'étend depuis la ville au levant, jusqu'au terroir de
Salernes. Aups communique avec les départements voisins et l'intérieur du
Var par quatre grandes routes : la route de Marseille, la route de Draguignan,
celles de Riez et de Castellane. Entourée de remparts au moyen-àge, elle vil
disparaître en grande partie ses fortifications à l'époque des guerres de religion
dont le souvenir se transmet d'âge en âge par l'établissement d'une foire à la-
quelle l'on a donné le nom de foire du massacre, par ordonnance du roi
Charles IX, en mémoire du massacre des habitants par les Huguenots. Sous le
rapport stratégique, la position de la ville d'Aups convenait parfaitement à une
armée d'insurgés. Éloignés de vingt kilomètres seulement de Draguignan, ils
pouvaient facilement connaître tous les mouvemenls du chef-lieu du départe-
ment, et en cas d'une défaite dans leur quartier général, il leur était facile de
se jeter du côté des frontières et de gagner le Piémont ou d'aller se joindre
aux frères et amis des Basses-Alpes. Était-ce là le but des chefs de formée
révolutionnaire?on en sait rien. Peut-être avaient-ils des desseins plus con-
formes à leurs sentiments, Comme la ville d'Aups compte bon nombre de;
familles anciennes et qu'elle n'a jamais montré que du dégoût pour les idées
anarchiques, l'on peut supposer, avec fondement, que leur intention était de la
châtier de son peu de sympathie pour la sociale. Au reste, l'opinion la plus pro-
bable est qu'ils avaient un double but ainsi que la suite des évènements paraît
l'Indiquer d'une manière certaine : piller la ville; d'Aups, gagner l'étranger;
voilà l'idée fixe des démocrates, de ces barbares du dix-neuvième siècle.
Entrons maintenant dans les détails de ces évènemenls dont le souvenir ne
s'effacera jamais. Dès que le grand acte du 2 décembre 1851, du prince
DE L'ARMEE DES INSURGES,
A AUPS (Var), le 10 décembre 1851.
Avant de faire le récit des évènements qui ont en lieu à Aups à la fin de
l'année dernières mil huit cent cinquante-un, il n'est pas hors de propos de
donner une: notion topographique de cette ville. Aups, Civitas Alpensis,
dont la fondation remonte à l'occupation des Gaules par les Romains, sous
Jules César, est située aux pieds d'une chaîne de montagnes très-élèvèes et
couvertes jusqu'au milieu de leurs flancs par de magnifiques oliviers ; le reste
jusqu'à leur sommet est entièrement nu, car on ne voit çà et là que quelques
mauvais pins pu quelques chênes verts; ces montagnes s'élèvent au nord de la
ville et s'étendent du levant au couchant; à l'est, au midi et à l'ouest, la vue
se perd dans un horizon sans bornes. Ainsi l'on a devant soi une immense
plaine très-accidentée, il est vrai, mais néanmoins très-fertile. Une grande
prairie qui tantôt se resserre et tantôt se développe, par les sinuosités des forêts
de pins qui l'environnent, s'étend depuis la ville au levant, jusqu'au terroir de
Salernes. Aups communique avec les départements voisins et l'intérieur du
Var par quatre grandes routes : la route de Marseille, la route de Draguignan,
celles de Riez et de Castellane. Entourée de remparts au moyen-àge, elle vil
disparaître en grande partie ses fortifications à l'époque des guerres de religion
dont le souvenir se transmet d'âge en âge par l'établissement d'une foire à la-
quelle l'on a donné le nom de foire du massacre, par ordonnance du roi
Charles IX, en mémoire du massacre des habitants par les Huguenots. Sous le
rapport stratégique, la position de la ville d'Aups convenait parfaitement à une
armée d'insurgés. Éloignés de vingt kilomètres seulement de Draguignan, ils
pouvaient facilement connaître tous les mouvemenls du chef-lieu du départe-
ment, et en cas d'une défaite dans leur quartier général, il leur était facile de
se jeter du côté des frontières et de gagner le Piémont ou d'aller se joindre
aux frères et amis des Basses-Alpes. Était-ce là le but des chefs de formée
révolutionnaire?on en sait rien. Peut-être avaient-ils des desseins plus con-
formes à leurs sentiments, Comme la ville d'Aups compte bon nombre de;
familles anciennes et qu'elle n'a jamais montré que du dégoût pour les idées
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bable est qu'ils avaient un double but ainsi que la suite des évènements paraît
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voilà l'idée fixe des démocrates, de ces barbares du dix-neuvième siècle.
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