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- LIVRE HUITIEME. Des lettres dans le moyen âge.
- CHAPITRE PREMIER.
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- IGNORANCE des Arabes vers les temps de Mahomet. Ils cherchent à s'instruire sous les Abassides. Le khalife Mamoun attire les savans, fait des collections de livres et fait traduire les plus estimés. Les Arabes ont des écoles. Ils lisent les anciens dans de mauvaises traductions. Ils adoptent Aristote sans pouvoir l'entendre. Ils croient l'entendre et ils forment soixante-dix sectes différentes. A force de subtilités, ils concilient leur péripatétisme avec l'alcoran. Ils s'appliquent à la dialectique, à la médecine, à la géométrie et à l'astronomie. Ils ont nui aux progrès de l'esprit humain.
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- Progrès de l'ignorance dans les sixième et septième siècles. De toutes les sectes d'Alexandrie, le platonisme conserve seul quelques sectateurs. La dialectique d'Aristote est adoptée par les catholiques. Abus de cette méthode. Ruine des lettres chez les Grecs dans le huitième siècle. Léon l'Isaurien y contribue. Dans le neuvième et dans le dixième siècles, les sciences font quelques progrès parmi les Grecs.
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- Ruines des écoles en occident. Impuissance où étoient les peuples de cultiver les lettres. On croyoit à l'astrologie judiciaire. Mais parce que les Chrétiens avoient les astrologues en horreur, ils proscrivirent toutes les sciences. Le pape S. Grégoire croyoit les études profanes contraires à la religion. Ruine de la bibliothèque du temple d'Apollon Palatin. L'autorité de S. Grégoire a dû être funeste aux lettres. Il n'y avoit plus que des compilateurs et des copistes ignorans. Les écrivains ecclésiastiques n'étoient pas plus éclairés. L'ignorance est à son comble dans le huitième siècle.
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- Les grands hommes se forment tout seuls. Ignorance de Charlemagne. Il apprend à écrire. Alcuin son précepteur. Soin de Charlemagne pour relever les anciennes écoles. Il en fonde de nouvelles. Mais on n'étoit pas capable de remonter aux meilleures sources. On suivoit au hasard de nouveaux guides. Un des meilleurs eût été S. Augustin. Les nouvelles écoles étoient trop mauvaises pour dissiper l'ignorance. On ne s'y faisoit que de idées vagues des choses qu'on croyoit enseigner. Cours d'étude. Point de livres classiques. Il ne sortoit des écoles peu fréquentées que de mauvais chantres et de méchans dialecticiens. Dans le neuvième siècle, les écoles tombent encore. Pourquoi? La manie de la dialectique y multiplie les disputes et les erreurs. Le platonisme s'y introduit avec toutes ses absurdites. Sur la fin du neuvième siècle, Alfred protége les lettres en Angleterre. Malgré la protection des Othons le dixième siècle est le plus ignorant, comme le plus corrompu, et on proscrit les sciences, parce qu'on pense qu'elles corrompent les moeurs. Dans le onzième, l'abus des indulgences, et les prétentions du sacerdoce entretiennent l'ignorance qui leur est favorable. Cependant les abus qu'on veut défendre font cultiver la dialectique.
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- Les théologiens abusent de la dialectique. Cet abus leur donne de la célébrité, et les conduit aux honneurs. Les uns croient suivre Aristote; les autres S. Augustin. Il en naît des questions et des disputes sans fin. Les essences de Platon. Les formes d'Aristote. Opinion de Zénon qui rejette ces essences et ces formes. Les Platoniciens vouloient concilier ces trois philosophes. Sectes des réalistes et des nominaux. Quelquefois les questions les plus frivoles excitent les disputes les plus vives. On en subtilise davantage, et il en naît des erreurs. La célebrité que donnent les disputes, suscite des ennemis aux dialecticiens. Caractère d'Abélard. On lui reproche des erreurs. S. Bernard cherche la célébrité à son insu. Son zèle n'est pas assez éclairé. Il devient l'instrument dont on se sert pour perdre Abélard. Pierre Lombard. Son livre des sentences est plein de subtilités. Il est reçu comme principal livre classique. On le commente et il devient plus obscur. On condamne en France les ouvrages d'Aristote, et on les permet par-tout ailleurs. La protection que Frédéric II donne aux lettres met en réputation les commentateurs arabes. Enthousiasme de ces commentateurs pour Aristote. Effet de cet enthousiasme. Albert le Grand passe pour magicien; ainsi que Roger Bacon. S. Bonaventure surnommé le docteur séraphique. S. Thomas d'Aquin docteur angélique. Il acheva de faire prévaloir le péripatétisme. Jean Duns Scot, surnommé à juste titre le docteur subtil. Les écoles et les docteurs les plus renommés ne faisoient que retarder les progrès de l'esprit.
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- Comment les circonstances ont fait oublier aux moines l'esprit de leur première institution. Comment sans projets d'ambition ils deviennent ambitieux. Ils entretiennent l'ignorance parce qu'ils sont ignorans, et parce qu'il est dangereux pour eux qu'on s'éclaire. D'ailleurs ils devoient leur célébrité aux futilités qu'ils enseignoient. Comment le péripatétisme étoit devenu la secte dominante. Rome ordonne l'étude des livres d'Aristote dont elle avoit défendu la lecture. Chacun le commente et il se forme plusieurs sectes de péripatétisme. Occam, qui avoit écrit pour Philippe le Bel et pour Louis de Bavière, renouvelle la secte des nominaux. Les nominaux sont persécutés. Les meilleurs esprits s'élevoient inutilement contre les écoles. Quelques-uns commencent à faire de meilleurs études. On commence à cultiver l'eloquence et la poésie. Il importe de connoître les erreurs et leurs causes. Comment les opinions les plus absurdes se soutiennent pendant des siècles, et gouvernent le monde. C'est une leçon pour les princes.
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- Les changemens, qu'a essuyés la scholastique, font qu'on a de la peine à s'en faire une idée. Le trivium et quadrivium étoient tombés lorsque le péripatétisme introduisit un nouveau cours d'étude. On commence à écrire en langues vulgaires. Mais sans goût et sans règles. Par conséquent on ne pouvoit parler que fort mal latin. La grammaire, la rhétorique et la poésie gâtoient le jugement. On en étoit plus incapable d'apprendre l'art de raisonner. On ne savoit comment se conduire pour acquérir des connoissances, ni même par où commencer. Ne pouvant donc raisonner sur des idées, on raisonna sur des mots et on fit des syllogismes. La métaphysique tout aussi absurde fut remplie d'abstractions mal faites, qu'on prenoit pour des essences. Cette métaphysique prenoit le nom de physique, et rendoit raison de tout, parce qu'on ne savoit pas raisonner. Les meilleurs esprits obéissoient à ce torrent d'absurdités ou même le faisoient croître. La morale et la politique n'étoient pas mieux traitées. Vraie source des principes de la morale. Les scholastiques la cherchoient dans Aristote qu'ils n'entendoient pas, et multiplioient les questions sans les résoudre. Il n'y eut plus que des probabilités en morale. Abus qui en naîtront. Quel devoit être l'objet de la politique. On étoit incapable de le connoître. Les scholastiques cherchent la politique dans Aristote. Ils subtilisent en défendant mal les meilleurs droits. Ils se faisoient de fausses idées du droit civil et canonique. Où ils puisoient les principes du dernier. Combien ils raisonnoient mal d'après l'écriture. Combien il étoit difficile qu'on fit de meilleures études. Les esprits les mieux intentionnés étoient trop ignorans pour les réformer. La cour de Rome, qui s'étoit arrogé l'inspection sur les universités, ne vouloit point de réforme. Pour bien étudier il auroit fallu commencer par où les scholastiques finissoient. Observer avant de se faire des principes généraux. Etudier d'abord la physique; puis la métaphysique; ensuite l'art de raisonner, enfin l'art de parler. En effet, il faut bien parler et bien raisonner avant d'en apprendre les règles. L'histoire de l'esprit humain prouve qu'il n'y a pas d'ordre plus propre à l'instruction. Les scholastiques divisoient trop les objets de nos connoissances. En Grèce on cultivoit à-la-fois tous les arts et toutes les sciences. Les étudier tout-à-fait séparément c'est nuire aux progrès de l'esprit. Voilà pourquoi nous n'avons que de mauvais livres élémentaires. Il y a donc des études qu'on ne doit pas séparer, quoiqu'elles paroissent avoir des objets différens. Mais on s'est obstiné à diviser sans fin. De sorte qu'on ne trouve nulle part des choses qu'il faut étudier en même tems. Les meilleurs esprits subjugués par les préjugés, ne remontent pas à la source de cet abus.
- LIVRE NEUVIEME. De l'Italie.
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- L'ITALIE plus troublée qu'aucune autre province. L'amour de la liberté y causoit des désordres. L'ambition des papes en causoit de plus grands. Les Lombards abolissent la royauté, et créent trente ducs. Ils retablissent des rois, qui règnent parmi les troubles. Longin avoit créé des ducs. Première cause des troubles de l'Italie. La puissance des papes commence avec les troubles. Pepin et Charlemagne accroissent cette puissance. Elle s'accroît encore par la foiblesse de leurs successeurs. Après la déposition de Charles le Gros, les troubles sont plus grands que jamais: et les papes sont continuellement entraînés d'un parti dans un autre. Othon I fait respecter sa puissance et la laisse à ses successeurs. Cependant le calme n'étoit jamais que passager. Le clergé élevé par les Othons devient ennemi des empereurs. Dans ces circonstances les empereurs ont de nouveaux ennemis dans les Normands qui s'établissent en Italie. Circonstances favorables à l'ambition de Grégoire VII. L'audace de ce pape fait une révolution dans les esprits, Combien alors il étoit difficile aux deux Frédérics de défendre les droits de l'empire. Les factions Guelfes et Gibelines augmentent les désordres Après Conrad IV, temps d'anarchie favorable aux usurpations. Il se forme des confédérations, et des villes pensent à se gouverner.
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- L'égalité est le fondement d'une bonne république. Inégalité odieuse et destructive. Il y a une pauvreté qui contribue à la prospérité des états. L'opulence est ruineuse, lorsqu'elle est le fruit de l'avidité. Elle produit le luxe, qui consiste moins dans l'usage des richesses, que dans un travers de l'imagination. Maux que produit le luxe. C'est en observant les mauvais gouvernemens qu'on en peut imaginer de meilleurs. L'ambition peut être utile ou nuisible à l'état. Ambition utile. Ambition nuisible. L'égalité fait les bonnes moeurs. Les bonnes moeurs font les bonnes républiques.
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- Il ne pouvoit pas se former des républiques dans le royaume de Naples. Il étoit difficile qu'il s'en formât dans la Lombardie. L'état ecclésiastique étoit exposé à tous les désordres que causoit l'ambition peu raisonnée des papes. Il devoit s'y former des principautés. Il s'y forma des républiques pendant la résidence des papes à Avignon. C'est en Toscane qu'il devoit se former des républiques. Mais elles devoient être continuellement agitéess. Elles vouloient être libres, sans savoir ce qui constitue la liberté. L'égalité est le fondement du gouvernement républicain. Les Romains n'ont été puissans, que parce qu'ils tendoient à l'égalitté. Les Italiens n'ont jamais connu l'égalité. Le gouvernement féodal, et les richesses apportées par le commerce, en avoient effacé toute idée. Il n'en restoit aucune trace dans les provinces où il y avoit beaucoup de gentilshommes. Dans la Toscaue où il y en a moins, il se forme des républiques; mais elles sont troublées parce qu'il y reste encore des gentilshommes. Elles sont toutes commerçantes. Elles n'ont que des troupes mercenaires. Combien il leur en coûte pour se défendre. Le commerce suscite entre elles des guerres ruineuses. Elles se ruinent même avec des succès. L'argent est pour elles le nerf de la guerre. Elles ont dès leur établissement tous les vices des républiques corrompues. Pourquoi les républiques Suisse et d'Allemagne étoient moins mal constituées.
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- Commencement de Venise sous la protection des Padouans. Gouvernement des douze tribuns. Pepin, fils de Charlemagne, protége Venise. La trop grande puissance du doge occasionne des troubles continuels. Nouveau gouvernement qui la limite. La démocratie se change en aristocratie sous le doge Pierre Gradenigo. Conspirations des familles qui ont perdu leur part à la souveraineté. Conseil des dix pour prévenir ces conspirations. Inquisiteurs d'état établis pour la même fin. Combien ces moyens sont absurdes, et cependant nécessaires à la tranquillité publique. Le gouvernement de Venise s'affermit en bannissant les moeurs. Toujours soupçonneux, il n'a pas de citoyens même parmi les nobles. Il ne s'affermit au dedans qu'en s'affoiblissant au dehors. Les sages. Le sénat. Le grand conseil. La manière dont les magistratures se combinent, met une barrière à l'ambition, et assujettit la république à un plan dont elle ne peut s'écarter. Mais ses opérations en sont plus lentes et il lui est presque impossible de faire les changemens que les circonstances demandent. Erreur de Machiavel sur l'aristocratie de Venise. La noblesse de Venise est bien différente de la noblesse féodale. Gênes est une aristocratie, qui ne pouvoit s'établir sur des principes fixes. Pourquoi? Puissance de Venise et de Gênes sur mer. Les croisades contribuent à leur puissance. Conquêtes des Vénitiens. Les Vénitiens et les Génois se ruinent mutuellement. Mais les troubles domestiques sont funestes aux Génois. Conquêtes des Vénitiens en Italie. Les succès de ces républicains n'ont rien de surprenant. Ils étoient ruineux pour leur commerce. Ils ne les devoient qu'à la foiblesse des autres peuples de l'Europe.
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- L'histoire de Florence est intéressante. Les Florentins sont long-tems avant de prendre part aux querelles du sacerdoce et de l'empire. Commencemens des dissentions. Faction des Buondelmonti et faction des Uberti. Les Uberti sont protégés par Frédéric II. Ils prennent le nom de Gibelins, et les Buondel monti celui de Guelfes. A la mort de Frédéric ces deux factions se réconcilient pour donner la liberté à Florence. Douze anciens ont le gouvernement de la république. Coutume singulière des Florentins. Leurs progrès dans dix ans de calme et de liberté. Mais le peuple rallume l'esprit de faction en se jetant dans le parti des Guelfes. Conduite de Benoît XII et de Frédéric II pour entretenir cet esprit. Les Gibelins sont chassés de Florence. Ils chassent à leur tour les Guelfes. Ceux-ci appelés à Parme en chassent les Gibelins. Ils sont soutenus par Charles d'Anjou, et les Gibelins rendent l'autorité au peuple de Florence, qu'ils veulent gagner. Les Florentins tentent d'assurer leur liberté. Les Gibelins conspirent, et sont forcés à se retirer. Trois classes de citoyens dans Florence. Création des douze bons hommes et de trois conseils. Ce nouveau gouvernement ne peut empêcher les violences des Guelfes. C'est pourquoi les bons hommes rappellent les Gibelins. Les papes continuent à nourrir l'esprit de faction. Nouveau gouvernement qui exclut des magistratures toute la noblesse. Mais la seigneurie est trop foible contre les entreprises des gentilshommes. Moyens qu'on emploie pour lui donner plus d'autorité. Troubles qui en naissent. Ils sont appaisés. Progrès des Florentins malgré leurs divisions. Factions blanche et noire. Les noirs sont chassés et quelque-uns des blancs à qui ont permet de revenir. Charles de Valois entretient les dissentions. Les désordres sont plus grands que jamais. Les Florentins se donnent à Robert, roi de Naples, pour cinq ans. Royalistes et anti-royalistes. Différentes révolutions dans Florence. Sage proposition des Florentins aux peuples qui avoient été leurs sujets. Partage de l'autorité entre les nobles et le peuple. Les nobles voulant commander seuls, restent sans autorité. Leurs efforts pour recouvrer l'autorité. Ils ne se relèvent plus.
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- Lors de la fondation de Rome, on pensoit que tous les citoyens devoient jouir des mêmes droits. On pensoit bien différemment lorsque Florence tenta de se gouverner en république. Les patriciens ne pouvoient pas imaginer de se fortifier dans des châteaux: ni les plébéiens de prendre les armes contre les patriciens. Ceux-ci cédoient avec espérance de recouvrer; et les plébéiens ne songeoient pas à les dépouiller de toute autorité. Il y avoit donc toujours des moyens de conciliation pour réunir les deux partis contre l'ennemi. La politique des Romains, pour contenir les peuples conquis, est un effet des circonstances où ils se sont trouvés. A Florence, au contraire, les citadins devoient tout tenter pour dépouiller les nobles. Il ne pouvoit y avoir aucuns moyens de conciliation. Les factions devoient se multiplier, et livrer la patrie à l'étranger. Florence ne pouvoit employer la même politique avec les villes conquises. Elle est au contraire dans la nécessité d'acheter des amis et des alliés. Les commencemens des républiques de Rome et de Florence arrêtoient ce qui devoit arriver à l'une et à l'autre.
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- Jean Visconti fait la guerre aux Florentins. Différens partis qui couroient l'Italie. Les Albizi et les Ricci forment deux factions ennemies. Ce qui donne lieu à l'avertissement. Abus qu'on en fait. On y remédie. Les Abus recommencent avec plus de désordres. Cinquante-six personnes nommées pour réformer le gouvernement. Différentes guerres. Le pape excommunie les Florentins qu'il n'a pu vaincre. Les deux factions méditent leur ruine. Silvestro Medici est fait gonfalonier. Il arme le peuple pour faire passer une loi. Désordres que cause la populace armée. Elle obtient que personne ne sera averti comme Gibelin. Elle se saisit de toute l'autorité. Elle dispose de tout avec caprice. Michel de Lando gonfalonier se fait respecter. La populace est exclue des magistratures; mais les petits artisans y ont la plus grande part. Autant de factions que de classes de citoyens. Après bien des troubles la première classe prévaut. Guerre des Florentins avec Galéas Visconti. Véri Médici médiateur entre la seigneurie et les petits artisans. Les Florentins ont la guerre avec Philippe, fils de Galéas Visconti, et avec Ladislas. Les impôts qu'il a fallu mettre soulèvent le peuple. Jean Médici n'approuve pas qu'on rende l'autorité aux nobles pour l'enlever aux petits artisans. Sa conduite pour appaiser le peuple qui se soulève contre les impôts mal répartis. Côme son fils est banni. Il est rappelé. A la tête des nomini di balîa il est maître de la république. Les partisans de Côme, jaloux de son autorité, font cesser la commission. Mais se voyant moins considérés qu'auparavant, ils l'invitent à reprendre l'autorité. La chose souffroit des difficultés que Côme ne se presse pas de lever. La commission est rétablie, et Côme en est le chef. Neroni engage Pierre, fils de Côme, dans des démarches qui aliènent les esprits. Conjuration contre Pierre. Elle est découverte, et l'autorité de Pierre en est plus assurée. Mais il ne peut point apporter de remèdes aux abus. Thomas Sodérini conserve l'autorité aux deux fils de Pierre. Conjuration contre Laurent et Julien Julien est assassiné. Laurent gouverne avec gloire. Jugement de Machiavel sur la manière dont les Italiens faisoient la guerre.
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- Les écoles tombent après Carlemagne. On est ignorant et on ne sent pas le besoin de s'instruire. En occupant notre enfance de frivolités on nous expose à rester enfans toute notre vie. Il faut faire sentir aux enfans le besoin d'exercer les facultés du corps. Il faut leur apprendre à se servir eux-mêmes. Il faut à plus forte raison leur faire un besoin d'exercer les facultés de l'ame. Les instruire comme en jouant: et leur faire un besoin de s'occuper pour écarter l'ennui. C'est déjà savoir beaucoup que savoir s'occuper. Alors on prend du goût pour des études qui sans cela seroient rebutantes. L'étude de l'histoire doit faire sentir le besoin des vertus et des talens. Plus on sent ce besoin, plus on s'intéresse aux grands hommes. Les connoissances naissent et se développent dans tout un peuple comme dans chaque particulier. L'ordre de nos besoins détermine le choix de nos études. La méthode accélère ou ralentit le progrès de nos connoissances. L'ordre le plus parfait est celui qui développe le mieux les facultés de l'ame. En lisant les poëtes, un enfant apprend à son insu l'art de raisonner. C'est que le goût est de toutes les facultés de l'ame la première qu'il faut développer.
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- Pourquoi les écoles étoient tombées dans les neuvième et dixième siècles. La répulation des Arabes donne la curiosité de s'instrure. La considération qu'on accorde aux lettres augmente cette curiosité. L'école de Salerne devient la plus célèbre. On s'applique particulièrement à la dialectique et à la scholastique; à la médecine; à la jurisprudence, et aux questions qu'élèvent les querelles du sacerdoce et de l'empire. Mais ni l'objet des études ni la méthode ne permettoient d'acquérir de vraies connoissances. Les Arabes qu'on étudioit, n'ont fait que mettre des entraves au génie. Les lettres ne pouvoient pas naître dans les écoles. Elles devoient naître chez le peuple qui le premier auroit du goût. Les Provençaux, après bien des révolutions, s'enrichissent par le commerce et cultivent la poésie. Ils répandent le goût chez d'autres peuples et principalement parmi les grands. Les lettres sont protégées à Naples. Mais quoique cette ville devienne tous les jours plus florissante, la bonne poésie n'y devoit pas naître. Pendant long-temps les Vénitiens ne cultivent que le commerce. Ils n'ont pour lois que des usages introduits par les circonstances. Ils connoissent l'abus de la multitude des lois et en ont peu. Nulle part la justice n'étoit mieux administrée. Leurs lois cependant n'étoient pas assez simples puisqu'ils avoient besoin de jurisconsultes. Ils étudient la jurisprudence, et n'en sont pas plus instruits. Les Italiens enrichis par le commerce, cultivent les arts. Ils commencent à avoir des historiens. Les lettres dans des circonstances, où elles paroissoient devoir faire des progrès, étoient retardées par la protection accordée aux mauvaises études. La Toscane en devoit être le berceau. A Florence les factions mêmes devoient contribuer à la naissance des arts. Dante. Pétrarque. Bocace. Ceux qui les premiers ont du goût, le communiquent rapidement. Il passe aussitôt d'un genre dans un autre. La prise de Constantinople, bien loin de porter le goût en Italie, a retardé le progrès des lettres.
- LIVRE DIXIEME.
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- Frédéric III est le dernier empereur qui ait été couronné à Rome. Le règne de Maximilien I est l'époque où l'ambition commence à faire mouvoir ensembles le principales puissances de l'Europe. Ce prince avoit épousé Marie, héritière de la maison de Bourgogne. Il divise l'Allemagne en cercles. Il crée la chambre impériale qui devoit prendre connoissance des différends des princes. Ces moyens ne pouvoient assurer la tranquillité. Troubles en Angleterre sous Henri VI qui perd la couronne et la vie. Fin de la domination des Plantagenets. Puissance de Charles VII après l'expulsion des Anglais. Caractère de Louis XI. Il est incapable de bien placer sa confiance. Guerre du bien public. Louis XI traître envers Charles duc de Bourgogne, en est puni. Sa conduite avec le duc de Berry son frère. Il pouvoit être absolu sans être cruel. Domaines qu'il réunit à la couronne. Il fait rendre la justice. Il laisse la couronne à Charles VIII, et le gouvernement du royaume à Anne de Beaujeu. Guerre civile qui finit par la défaite du duc d'Orléans. Charles épouse l'héritière de Bretagne. Il se propose la conquête du royaume de Naples. Plusieurs prétendans au duché de Milan. Cette ville veut se gouverner elle même. Ainsi que Pavie et Parme. Les Milanais se livrent imprudemment à François Sforze. Ludovic Sforze usurpe l'autorité sur Jean-Galéas-Marie son neveu. Le royaume du Naples avoit été florissant sous Alphonse, concurrent de Réné d'Anjou. Troubles sous Ferdinand son fils. Laurent Medici s'occupoit des moyens d'assurer la paix de l'Italie; tandis que toutes les puissances formoient des projets de guerre. Il étoit de l'intérêt de Ferdinand et de Ludovic d'entrer dans les vues de Laurent. Tous trois ligues ensemble ils assurent la paix, malgré le pape et malgré les Vénitiens. L'Italie heureuse sous Laurent. Il meurt regretté de toute l'Europe. Rodrigue Borgia, Alexandre VI, sur la chaire de S. Pierre. Pierre II succède à Laurent. Projet de Ludovic pour montrer au pape combien les confédérés étoient unis. Ce projet n'est pas exécuté. Ludovic en prend de l'ombrage contre Ferdinand et contre Pierre. Il fomente des divisions qui commençoient entre eux et Alexandre VI. Ce pape étoit prêt à tout, pourvu qu'il obtînt des principautés pour ses neveux. Il se ligue avec Ludovic et avec les Vénitiens. Ludovic invite Charles VIII à la conquête du royaume de Naples. Ferdinand négocie inutilement pour détourner Charles de cette entreprise. Il se réconcilie avec le pape, mais il ne peut regagner Ludovic. Charles passe les Alpes. Il s'ouvre un chemin par la Toscane. Sac de Finizano. Situation embarrassante des Français. Pierre est blâmé de les avoir armés contre sa patrie pour réparer cette faute, il en fait une plus grande. La fermeté d'un Florentin intimide les Français, qui se croyoient maîtres de Florence. A l'approche de Charles, le pape s'enferme dans le château S. Ange. Charles se réconcilie avec le pape. Le royaume de Naples le reçoit. Entrée de Charles dans la ville de Naples. Maximilien tente inutilement d'armer l'Allemagne contre Charles. L'Italie et l'Espagne se liguent avec lui. Cependant les Napolitains, déjà dégoûtés des Français, songeoient à les renvoyer: et Charles se retire, lorsque Ferdinand II commençoit à recouvrer son royaume. Charles approche de Fornovo. Incertitude des ennemis, qui s'effraient. Bataille de Fornovo. Mort de Charles. Louis XII a, comme Charles VIII, l'ambition de faire des conquêtes en Italie. Il devoit prévoir qu'il ne les conserveroit pas. Il fait celle du Milanès. Ludovic est conduit en France. Louis partage le royaume de Naples avec Ferdinand le Catholique qui le garde tout entier. Ses négociations détournent l'empire du dessein d'armer contre lui. Maximilien qui ne peut pas être couronné prend le titre d'empereur élu. Les Vénitiens par une imprudence réunissent contre eux Maximilien et Louis XII. Ligue de Cambrai. Prétentions des puissances liguées. Articles dont on étoit convenu. Ce traité étoit l'ouvrage de Maximilien seul. Offres du pape aux Vénitiens. Si ces républicains les eussent acceptées, la ligue eût été sans effet. Ils perdent presque tout ce qu'ils possédoient en terre ferme. Ils en recouvrent une partie. Jules II quitte le parti des ligués. Cependant Louis XII veut encore compter sur ce pape. Mais Jules s'allie des Vénitiens et prend les armes. Il fait une ligue contre la France. Il tombe malade, et Maximilien songe à se faire pape. Maximilien Sforze est rétabli dans le duché de Milan. Jean d'Albert perd la Navarre. Louis reprend et reperd le Milanès. Il fait la paix avec tous ses ennemis, et meurt. François I veut encore conquérir le duché de Milan. Il passe les Alpes. Bataille de Marignan. Conquête du Milanès. Charles-Quint maître des Pays-Bas, de l'Espagne, du royaume de Naples, et empereur.
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- La puissance de la cour de Rome empêchoit la réforme de l'église. Mais cette puissance s'affoiblissoit elle-même en voulant trop s'accroître. Elle avoit long-temps remué l'Europe. Elle devoit enfin la soulever. Elle s'affoiblit lorsqu'elle paroît remporter le plus grand avantage. Elle s'affermit dans Rome à mesure qu'elle s'affoiblit ailleurs. Les papes étoient encore assez puissans pour entretenir les abus qui enrichissoient la chambre apostolique. Ces abus trouvoient peu d'obstacle en Italie. En Allemagne, on s'en plaignoit hautement. Ils paroissent détruits en France depuis la pragmatique de Charles VII. Louis XI trompé révoque cette loi. Il la révoque une seconde fois. Il n'y a plus rien de determiné à ce sujet. Concordat de Léon X et de François I. On a tort en France de regarder ce concordat comme une loi. François I le fait exécuter. Les dissipations de Léon X épuisent les ressources du saint siége. Il fait publier des indulgences dans toute la chrétienté. Pendant qu'en Allemagne les diètes se plaignent de cet abus, les Augustins sont offensés de n'en être pas l'instrument. Les Dominicains les prêchent avec scandale. L'électeur de Saxe protége les Augustins; et Martin Luther écrit. Léon X demande aux diètes que Luther soit puni. Elles répondent par des plaintes contre les exactions de la cour de Rome. Luther ne garde plus de mesures. Des peuples le croient destiné à éclairer l'église. Ils attendent de lui une réforme générale. Il fait une révolution qu'on n'avoit pas prévue et qu'il n'avoit pas projetée. Causes de la rapidité de cette révolution.
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- Les calamités avoient préparé les Anglais à la plus grande soumission. On a remarqué la même chose des Romains. Les Anglais n'avoient jamais déterminé les droits respectifs du souverain et de la nation. Henri VII étoit donc le maître d'étendre ses prérogatives. Il est reconnu par la nation, quoiqu'il n'eût que des titres équivoques. Il demande des titres au pape. Il rallume l'esprit de faction qui s'éteignoit. Simnel ou le faux Warvick. Perkin ou le faux duc d'York. Deux conspirations dissipées assuroient le trône à Henri. Mais son caractère soupçonneux lui faisoit toujours des sujets de crainte. Son avarice et son despotisme. On espéroit mieux de Henri VIII, mais sans fondement. La flatterie applaudit à ses dissipations. Il s'engage inconsidérément dans la ligue qui se forme contre Louis XII. Avec ses troupes, Ferdinand le Catholique envahit la Navarre. Il entre dans une nouvelle ligue et compte encore sur des alliés qui le jouent. Victoire de Guinegate. Henri n'en sait pas profiter. Les Suisses ne font pas la diversion qu'ils avoient promise. Louis fait la paix avec Maximilien et avec Ferdinand le Catholique. Les articles de cette pacification donnent de l'inquiétude à Léon X. Henri VIII indigné contre ses alliés, fait la paix avec la France. Wolsei avoit toute sa confiance. Il gouvernoit seul. Son caractère. Conduite adroite de ce cardinal. Henri jaloux du vainqueur de Marignan, qui n'a pas ménagé Wolsei, s'allie avec Maximilien, qui le trompe. Il est forcé à la paix. A la mort de Ferdinand le Catholique, François I met Wolsei dans son intérêt. Il obtint la restitution de Tournai. Il négocioit celle de Calais. Aveuglement de Henri VIII.
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- Nouvelle situation de l'Europe à la fin du quinzième siècle. Inquiétude des puissances qui ne savent comment se conduire. Causes qui concouroient à changer la face de l'Europe. Effets du luxe: il ruine les grands qu'il amolit. L'ancienne noblesse s'éteint et il n'y a que des riches et des pauvres. Il augmente la population dans les villes et la diminue dans les campagnes qu'il rend misérables. Comment il tend à ruiner de plus en plus l'agriculture et la population. Proportion des soldats au reste du peuple dans les républiques anciennes. Quelle est cette proportion aujourd'hui. Comment le luxe multiplie les classes de citoyens. Le crédit favorise le commerce. Mais il arrivera qu'on sera moins riche en fonds qu'en crédit, et qu'on aura plus de dettes que de bien. A cet égard il en sera des nations comme des particuliers. Les fortunes nationales seront mal assurées comme les fortunes particulières. On croira s'être enrichi et on sera trop heureux d'avoir un champ à cultiver. Le luxe fait dépendre la fortune des talens plutôt que des titres. Mais il tend à confondre les conditions, et il n'y a plus que des riches et des pauvres. Il n'adoucit les moeurs que parce qu'il énerve les corps. Commerce intérieur, et commerce extérieur. Les puissances de l'Europe ont mis des entraves au commerce intérieur. Cependant il falloit commencer par le favoriser. Mais les Européens ont été chercher dans les Indes les richesses qu'ils auroient trouvées dans leur sol. Ils en ont été plus pauvres. Combien les souverains du seizième siècle se sont trompés à cet égard. Le commerce extérieur n'est avantageux qu'autant qu'il fait fleurir le commerce intérieur.
- FIN DE LA TABLE DE CE VOLUME.
HISTOIRE MODERNE.
TOME III.
A PARIS,
DE L'IMPRIMERIE DE CH. HOUEL.
AN VI. — 1798. ( E. vulg. )
TOME III.
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AN VI. — 1798. ( E. vulg. )
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