Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-12-04
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 décembre 1916 04 décembre 1916
Description : 1916/12/04 (Numéro 11969). 1916/12/04 (Numéro 11969).
Description : Note : 3è édition. Note : 3è édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/05/2008
2 S
LE MATIN
5 12 16
LES USONS DE LA GUERRE
Comment on doit enseigne
l'escrime à la baïonnette
;Elle ne devait plus jouer aucun rôle Le
canon étendant à des lieues l'épervier de la
destruction. comment admettre ce demi-
corps à corps qu'est le combat à la baïon-
nette 2,
Aussi l'étude de cette arme qui transforme
le fusil en pique était-elle fort négligée. Des
officiers clairvoyants, tels que, entre autres,
le commandant Séu et le colonel Mordacq,
avaient bien réagi, obtenu l'adoption du
« matériel d'assaut u (masques- et bâtonnet»
t2s rentrantes) et l'enseignement de princi-
pes meilleurs, mais trop tard; hélas seule-
ment deux années avant la guerre.
.L'héroïsme cle nos soldats, le sens inné
qu'ils ont de l'arme blanche durent leur te-
nir lieu de science et •d'entraînement. On
eut, et on a encore à déplorer de nombreux
coups doubles sur les 'champs de bataille
de.la Marne, de l'Yser, de la Champagne,
des milliers des nôtres expédièrent leur ad.
versaire, mais furent blessés ou tués en
tnéme temps
L'escrime intégrale à la baïonnette est
extrêmement intéressante. Pour ne pas
comporter les fignolages « du fleuret ou de
J'épée, elle n'en est pas moins, en réalité,
assez complexe. Certes, les attaques, pa-
rades, arrêts sont forcément très simples,
à cause du poids de l'arme et de la brutale
brièveté de toute charge mais elles exigent
une vitesse de jeu de jambes un à-pro-
pos de détente, une insistance d'offensive,
difficiles à: acquérir. En raison de la lon-
gueur de l'arme et de l'élan l'un vers l'au-
tre dès adversaires, elle comporte de fré-
quents corps à corps, qui nécessitent un
sérieux entraînement à la lutte libre ou au
jiu-jitsu. Un baïonnettiste expert doit être
un coureur à pied, un escrimeur, un lut-
teur, un aU round athlète.
Ainsi comprise, l'escrime de « Rosalie Il
devient un procédé admirable d'éducation
physique, un exercice à la fois utilitaire et
de développement, très digne de nos gran-
des sociétés athlétiques.
Ce n'est plus une corvée, mais un beau
sport
Elle a deux ennemis ceux qui veulent
l'assimiler à l'infiniment compliquée épée
de combat avec laquelle d'ailleurs elle
n'est pas sans avoir quelques principes
communs et ceux qui en ont une concep-
tion- himpliste, au point d'équivaloir à une
quasi-suppression. Elle doit 1° être une es-
r,rime; et 2° convenir étroitement aux condi-
tions très spéciales, très rudes, dans les-
quelles une charge à la baïonnette s'exé-
eute ou se reçoit.
La grande tache des officiers que j'ai
nommés au début de cet article fut d'établir
que la baïonnette- ne peut s'enseigner sans
matériel d'assaut; que les mouvements d'en-
semble, dans «le vide, quels qu'ils soient,
sont dangereux et pratiquement inférieurs
à ceux que le soldat ferait de lui-même,
s'ils n'ont pas été répétés, travaillés, assi-
milés l'assaut, La première fois que l'hom-
me les essaye, ils lui valént généralement
une surprise désagréable. Donc, que cette
première fois ait lieu avec masques et
baïonnettes rentrantes
Une erreur grave et qui fut lente à dis-
paraître était de considérer l'assaut comme
une sorte de complément, de superflu à n'u-
tiliser que ^si l'on avait trop de temps. Au
contraire Ne dispose-t-on que de deux
séances ? Elles seront employées non à des
exercices dans le vide, mais, après quel.
ques conseils préliminaires, à des assauts
en les conditions du vrai combat. Les hom-
mes gagneront ainsi quelque expérience.
Moins l'on a de temps, et plus tôt doit inter-
venir l'assaut.
Les Allemands faisaient beaucoup plus de
bâionnette que nous et avaient un matériel
d'assaut incomparablement plus important.
Mais ils ne sont pas un peuple d'escrimeurs.
Ils n'aiment pas pointer, Avec le sabre ou
la baïonnette, ils préfèrent donner de larges
coups de tranchant ou de crosse. Et cela
malgré que leurs instructeurs leur ensei-
gnent tout le contraire.
Jules César constatait déjà cette curieuse
inaptitude des Germains à utiliser la pointe.
• J. Joseph-Renaud
Ii'IpÉGURITÉ_DE PflRÏS~
Depuis que, nous faisant l'écho de nos
lecteurs si justement indignés, nous avons
demandé qu'on se décide enfin à épurer la
capitale et à la débarrasser des malandrins
et des filles 'qui la déshonorent ou la terro-
risent, d'utiles nettoyages empressons-
nous de le reconnaître oiit-été faites. Mais
ce n'est pas encore suffisant. Le. mil est
profond, et ce n'est que par des opérations
de police sans cesse répétées qu'on en finira.
Avant.hier soir encore, heures, alors
qu'il regagnait tranquillement son domicile,
boulevard de Grenelle, un journalier
espagnol, Lesura Ruffino, dix-neuf ans, fut
attaqué au coin de la rue de la Cr/iix-Nivert
et de la rue Letellier par plusieurs individus
qui le frappèrent à coups de couteau et pri-
rent la fuite. Le blessé, gravement atteint, a
dû être transporté à l'hôpital Necker.
Quai de la Râpée, c'est une femme de
soixante-quatre ans, Mme Marie Nebout.
99, boulevard de l'Hôpital, qui fut dépouillée
de tout l'argent qu'elle avait sur elle par
trois escarpes qui la défigurèrent à coups
de talons de souliers et, qui également dis-
parurent. La malheureuse dont l'état est
grave est soignée à la Pitié.
Enfin, au guichet du Métro Dauphine, on
arrêta un gamin de quinze ans, Eugène
Perrin, au moment où il se disposait à
dévaliser le guichet des tickets. Un de ses
camarades, du même âge, qui faisait le
guet, a réussi à s'enfuir.
31 Feuilleton du MATIN du 4 déc.
GRAND ROMAN-CINEAIA
XV. LE DOCUMENT SECRET (suite)
Elle était seule dans la pièce, seule
,-<,vec Jack Pott, qui, du haut de son per-
choir, tendait le cou vers son ancienne ca-
marade retrouvée, fixant sur elle son petit
œil rond,pétillant de malice et d'intelligence.
Betiina était debout devant le coffre-fort
scellé dans le mur, dont elle commençait
à faire maniT-uvrcr la combinaison.
Toute à hette opération délicate, elle n'a-
vait pas conscience de la présence de Le-
içar qui, silencieusement, avait tiré de sa
poché une fiole de chloroforme et en ver-
-ait avec précaution le contenu sur un
mouchoir.
Sur. la pointe des pieds il se glissa du
.̃ôiè de Bettina, si occupée à sa besogne
,}v' filp ne l'entendit pas venir.
D'un bond il se jeta sur elle,' paralysant
#̃' son crochet de fer la défense de la
f^une fille, tandis que, de sa main valide,
il s'efforçait de lui appliquer sur la bou-
che le dangereux tampon qui, du même
coup, étouffait les appels désespérés .qu'elle
'efforçait de lancer.?"
A l'odeur, la courageuse créature avait
fvlnf la nature du danger qui la menaçait
t compris qu'elle était perdue si elle ne
i^parv^naix pas à résister à son agresseur.
Vigoureuse, elle- luttait désespérément
Tout dnrftt de, reproduction, «!• trodssUnt et -MiAkpMticM)*-
POUR LA DEFENSE NATIONALE
Réquisition
des usines de. force motrice
On nous communique la note suivante
Le décret signé récemment par le prési.
dent de la République pour réglementer la
distribution de l'énergie électrique et la ré-
quisition des usines de force motrice ne. crée
pas un droit nouveau et ne confère pas au
sous-secrétaire d'Etat des munitions des
pouvoirs plus étendus ce décret ne fait que
préciser les conditions dans lesquelles sera
exercée l'intervention du département de la
guerre dans le fonctionnement des usines
réquisitionnées et dans la distribution de
l'énergie produite par elles. Avant sa pro-
mulgation, la réquisition des usines de force
motrice était parfaitement légale et régu-
lière en vertu de l'article 58 de la loi des
réquisitions qui autorise non seulement la
réquisition de tout ou partie des produits
indispensables aux besoins de l'armée et
de la marine en l'espèce, l'énergie
mais encore la réquisition et la prise de pos-
session de l'établissement producteur lui-
même, en vue de son exploitation directe
pour l'Etat
D'ailleurs, le sous-secrétaire d'Etat de l'ar--
tillerie, qui n'a pas attendu la crise actuelle
pour songer aux conséquences que pourrait
avoir sur nos fabrications de guerre l'arrêt
ou l'insuffisance des usines de force motrice
et qui a dès longtemps confié à un service
spécial le service des forces motrices, rat.
taché à la direction générale des fabrica-
tions de l'artillerie, le soin de mettre nos
usines de production d'énergie en état de
répondre aux besoins du nouveau program-
me d'armement, a déjà, usé, à deux repri-
ses, de ce droit de réquisition.
Le 25 septembre, il a réquisitionné l'usine
et le secteur électriques de Vierzon, possédés
par la société n le Centre électrique n, de
façon à empêcher la fermeture de cette
usine et à continuer la fourniture du cou-
rant nécessaire aux industries de, guerre-de
cette ville et à l'importante gare du P. O.
Dans la banlieue de Paris. le soue-secré-
taire d'Etat de l'artillerie avait déjà réqui-
sitionné le 12 septembre dernier, l'importante
usine que le secteur électrique de la Rive
gauche possédait à Issy-les-Moulineaux et
qui était sur le point d'être dispersée.'
Cette usine a' été remise en marche dans
les délais les plus rapides une turbine de
3.000 kilowatt est en fonctionnement depuis
le 12 octobre et a pu apporter un secours
intéressant à l'Ouest-Lumièfe dans la crtse
récents une nouvelle turbine de 5.000 kilo,
watt est en montage et sera mise en marche
très prochainement.
Cette réquisition a donc permis d'augmen-
ter de kilowatt l'énergie électrique qui
peut être distribuée dans la banlieue sud
et ouest de Paris.
Ces deux cas de réquisition de l'établisse.
ment lui-même ont mis le gouvernement en
présence de certaines difficultés qui ne se
posent pas d'ordinaire lorsqu'il s'agit d'as.
surer directement les besoins de l'armée
elle-même. En raison de la nature spéciale
du produit livré par ces usines de l'éner-
gie destinée à assurer à la fois un service
public et des besoins particuliers. et etant
donnée l'interposition d'une autorité concé-
dante entre KEtnt et le concessionnaire, il
était indispensable d'apporter dans l'appli-
caution du droit de réquisition quelques mo-
dalités spéciales et des précautions particu-
lières. Ce sont ces modalités qui ont été
réglées par le nouveau décret rendu en
conseil des ministres.
Le. spectre de Vicente Gay
Les journaux germanophilea
pleurent encore le pseudo-mort
Nous avons raconté, hier, la joyeuse his-
toire de ce germanophile espagnol, M. Vi-
cente Gay, qui aurait été tué en duel pour
avoir protesté contre l'exposition, à Ma-
drid, des œuvres de Raemaeckers. Ce som
bre drame, imaginé de toutes pièces par le
Libéral et son directeur, M. Gomez Car-
rillo, continue à hanter les cerveaux ger-
maniques. Après les nécrplogies, l'indi-
gnation se donne libre cours. Le correspon.
dant de l'A. H. C., NI, Azpeitàa, télégra-
phie
Les Espagnols résidant dans cefte ville
des tableaux de Raemaeckers, qui sont vils
et répugnants. Ils déplorent la ctindescen-
dance incompréhensible du gouvernement
espagnol. La mort de Gay prnduit une pro-
fonde impression et en ménte temps un
sentiment d'orgueil devant l'esprit chevale-
resque de la race personnifiée par' un hom·
me qui sait mourir en défendant l'honneur,
outragé d'une nation amie.
Que de beaux sentiments perdus
LE CONSEIL DES MINISTRES
Un conseil exceptunnel des ministres
s'est tenu hier matin à l'Elysée sous la pré-
sidence de M. Poincaré.
Les ministres se sont occupés de la situa.'
tion politique, diplomatique, navale et mi-,
litaire.
LES RAIDS BRITANNIQUES
Le correspondant de l'agence Havas sur
le front britannique télégraphie
« Les troupes britanniques opérant dans la
région d'Armentières ont pénétré dans les
lignes allemandes en sept endroits' diffé-
rents. Cela revient à dire que sept raids
entrepris par nos alliés dans les conditions
ordinaires de ce genre d'opérations ont
Heureusement abouti.
» On remarquera la fréquence de plus en
plus grande de ces coups de main dont les
avantages au point de vue du développe-
ment ultérieur des opérations sont infini-
mpnt nrénip.iiY. •
mais son adversaire la dominait de tout
l'avantage de sa force physique, et déjà
l'anesthésique commençait à faire son eftet
sur la malheureuse, qui avait conscience
qu'elle faiblissait peu à peu.
Tout à coup un homme'surgit qui se jeta
sur le chef de la'D. U., A. et, lui arrachant
sa victime, le contraignit à entamer une
lutte dont l'issue semblait pour -lui plus
douteuse que la première.
Cet homme, on l'a deviné, c'était Davy.
Alors, sous les yeux, agrandis par la ter.
reur, ds Bettina, si angoissée qu'il lui était
impossible de jeter un cri, les deux antago-
nistes, accrochés l'un à l'autre, roulèrent
sur le tapis.
Dans leur lutte, ils renversaient les meu.
bles, qui s'écroulaient au milieu d'un va-
carme de potiches fracassées.
Le perchoir de Jack Pott avait été des
premiers précipités à terre est, dans la
chute, la chaîne qui retenait la patte de
l'animal s'était brisée. Mais l'ahurissement
du perroquet bleu était tel qu'il ne pensait
pas à profiter de sa liberté pour s'enfuir et
demeurait immobile en poussant des cris
stridents.
Soudain, d'un coup de tête en pleine poi-
trine, Legar étendit sur le tapis son ad.
versaire, puis se rua vers la porte.
Davy 1 clama Bettina, en se précipi-
tant vers son défenseur, êtes-vous blessé ?
Mais déjà celui-ci s'était relevé et se pré-
cipitait sur les traces du fuyard, tandis que
Jack Pott, bousculé, cherchait sur le rebord
de la fenêtre un asile plus sûr.
Tout en courant, Manley criait, à Burton
et à la femme de chambre, accourus, d'aller
chercher main-forte.
Puis, sans s'occuper de savoir s'il était
suivi, il sortit de l'hôtel, se jetant à la pour.
suite de Legar, qu'il apercevait devant lui
fuyant de toute la vitesse de ses jarrets.
Agile comme il l'était, le jeune homme
Le congrès de ta Fédération de la Seine
Deux thèses sont toujours en présence sur la reprise
des relations internationales
Le 210 congrès de la Fédération socialiste
de la Seine, convoqué conformément aux
nouveaux statuts fédéraux, a tenu hier la
première des deux sessions qui doivent
avoir lieu avant le congrès national, fixé,
comme l'on sait, à Noël prochain.
A dix heures du mutin, le citoyen Lavaud,
ancien député du XI°, qui préside, déclare la
séance ouverte.
Le rapport sur l'Humanité donne l'occa-
sion aux majoritaires et minoritaires de
rompre quelques lances.
Les seconds reprochent au journal du par-
ti de n'être l'organe que d'une seule tendan.
ce, la majoritaire.
Si l'on prend des rédacteurs nouveaux,
s'écrie le citoyen Poisson, il faudra renvoyer
les anciens. De plus, le journal manquerait
d'homogénéité, ce qui lui ferait grand tort
dans le public
Nous n'avons.pas le droit de toucher a
notre organe, appuie le citoyen Thomas, du
fant que les poilus socialistes ne seront
pas de retour. C est à eux qu'il appartient
L'assemblée quasi unanime applaudit.
Quant au citoyen Penaude!, directeur
politique de 17/umanité, il déclare tout net
que si l'on veut l'obliger à transgresser la
décision des divers congrès, il est résolu
à donner sa démission.
La question en reste la en ce qui. concer-
ne l'Humanité, mais se repose, 1& minute
'd'après, au sujet des délégués à la papa-
gande,
Remplaçons les délégués mobilisés,
propose le citoyen Loriot, par des délégués
pria dans la minorité.
Cette proposition est renvoyée à la cora-
missiop des résolutions.
La réorganisation économique nous vaut
ensuite un long discours du citoyen Gaston
Lévy, qui développa cette thèse que les
intérêts généraux du pays doivent se
confondre avec ceux du prolétariat qui est
appelé à continuer la besogne du rapita-
lisme 'en conduisant la société vers une
forme de production nouvelle, la forme col-
lectiviste. M
Une citoyenne de Bois-Colombes émet sur
le travail des femmes des considérations
qui retiennent l'attention de l'assemblée.
Le parti, dit-elle en forme de conclu-
sion, doit-s'occuper du travail des femmes
dans les ateliers, s'inquiéter des conditions
du travail domicile et protéger la mère,
l'enfant et l'ouvrier s'il veut sauvegarder
la famille, et la société.
Le congrès tout entier lui fait un véri-
table succès.
La séance est levée.
Le parti socialiste et la guerre
EUe recommence à 14 h. 30, sous la pré-
sidence du citoyen Varenne.
L'ordre du jour. appelle le parti socia-
liste et la guerre.
Le citoyen Séverac, du quatorzième arron-
dissement, aborde le premier la tribune, il
débute par un exposé de l'attitude du parti
depuis la déclaration de guerre.
Nous sommes restés fidèles à nos doc-
trines, dit-il, en collaborant de toutes nos
forces à la défense nationale et nous avons
envoyé nos amis au pouvoir pour y faire
uniquement de la défense nationale.
En ce qui concerne la reprise de nos
relations internationales, poursuit l'orateur,
je m'étonne que cette question ait .pu divi-
ser les socialistes. Nul ne songe à mer qu'il
faille les reprendre, mais elle ne peuvent
être reprises, de l'avis de tous, majoritaires
et minoritaires, qu'avec des garanties.
Et la principale de ces garanties serait la
désolidarisation complète des 5ocialdémo-
crates d'avec les dirigeants.
Le citoyen Morin, du XII*, qui lui succède
à la tribune; lit une motion aux termes de
laquelle il demande
La convocation immédiate du bureau
socialiste international
2° La démission des ministres socialistes.
Et violemment le citoyen Morin reproche
aux majoritaires d'avoir dit que Liebknecht
était une hirondelle isolée.
Il SI a, s'écrie-t-il, des milliers d'Alle-
mands qui sont en prison pour s'être solida-
risés avec lui.
Toutefois l'orateur concède que les socia-
listes allemands sont totalement incapables
de faire la révolution.
Le ministre des travaux publics, M.
Sembat, le seul ministre qui assiste au
congrès, demande la' parole.
En mon nom personnel et comme dé-
légué de ma fédération, déclare-t-il, je ne
méconnais pas les protestations courageu-
ses des minoritaires d'Allemagne. Mais je
ne puis m'empêcher de vous faire remar-
quer que pour la reprise des relations ce
serait avec les majoritaires de là-bas qu'il
faudrait se rencontrer, et leur attitude de-
vant les déportations en masse qui ont lieu
actuellement mériterait d'être sérieusement
examinée.
» J'espère, poursuit le citoyen Sembat,
qu'après la guerre il y aura une intimité
étroite entre les nations démocratiques,
dont l'influence sera grande sur la paix du
monde et sur la formation de l'Europe de
demain.
Au citoyen Sembat succède le citoyen
Longuet, minoritaire.
Nous ne sommes pas les partisans
d'une paix à tout prix, déclare le député de
la Seine. mais cette paix à tout prix, la
saignée à blanc d'un pays peut amener ce
pays à l'accepter.
0 L'Entente ne peut disposer dn sort de
l'Europe. Elle ne saurait en avoir la pré-
tention.
l'aurait certainement rattrapé si une auto-
mobile n'avait, à ce moment précis, fait son
apparition sur la chaussée.
Trois hommes en sortirent, qui se préci-
pitèrent sur lui. Gràce à son épuisement ils
eurent bientôt fait de l'abattre, et il roula
sur le sol, inanimé.
Avant qu'il eût repris connaissance, il
était jeté, ligoté et bâillonné, à l'intérieur de
l'auto qui s'éloigna rapidement.
Cependant, sur le perron de l'hôtel, Bur-
ton et Mary avaient avisé un policeman, au-
quel, en quelques mots ils racontaient le
drame. Tous les trois s'élancèrent, mais ils
durent s'arrêter en voyant de loin l'automo-
bile filer en vitesse, emportant le prisonnier
et ses vainqueurs.
A l'intérieur de la voiture, un colloque
s'était engagé entre Legar et ses acelytes;,
Vous avez le document interrogea
Slim.
hon dit I'autre d'une Voix rageuse.
Mon coup a raté grâce à ce gêneur
En même temps il allongeait un coup de
pied dans les flancs de Davy, inerte sur le
plancher de la voiture.
Pourquoi nous en embarrasser ?
grommela Slim. Ce serait si facile de
nous en défaire 1 1
Un otage a toujours une valeur ré-
pliqua sèchement Legar, dans la cervelle
duquel jaillissait déjà un nouveau plan.
Il avait repris tout son sang-froid et, à
l'expression rusée de sa physionomie, il
était aisé de voir qu'il travaillait déjà à
chercher une revanche.
Aussitôt qu'on eut rallié le Trou du Hibou,
il donna l'ordre de mettre le prisonnier en
üeu sûr et vint s'asseoir à l'écart, dans la
salle, tandis que, groupés d'un .autre côté,
ses hommes faisaient silence, respectant sa
méditation.
Slim et son compagnon ne la troublèrent
que pour lui annoncer que ses ordres
Les gouvernants de partout d'ailleurs le
sentent, et ils sont prêts à accepter toute
M L'initiative de la paix, déclare-t-il enfin,
ne doit pas être laissée aux seuls gouver-
nants, et il ne serait pas bon qu'au moment
où l'humanité tout entière attend beaucoup
de l'Internationale, celle-ci aille se coucher.»
Le citoyen Loriot fait à la tribune une
nouvelle apparition. Il reproche au précé-
dent orateur sa modération.
Au nom de la section de Suresnes, le
citoyen Sellier apporte une motion de conci-
liation entre les diverses tendances.
Cette motion se prononce contre toute
annexion, réclame la création de milices
et demande qu'on ne subordonne pas la
réorganisation économique à la victoire
militaire
Un incident
Le citoyen Georges Weil, député socia-
liste de Metz au Reichstag, monte ensuite
à la tribune. et là se place le seul gros
incident de cette journée qui, fut relative-
ment calme.
L'orateur rappelant son passage an
Reichstag, une voix l'interrompit
Où vous siégiez comme sujet alle-
mand, cria-t-elîe.
Tout le monde est debout.
Qui a prononcé ces paroles interroge le
président Varenne.
Moi, répond le zimmerwaldien Bour-
deron,
Le tumulte devient alors indescriptible.
Des Il hou hou conspuez-le » retentis-
sent, énergiques.
Le président, s'adressant au citoyen Lon-
guet et lui désignant Bourderon
Désavouez.le, au moins, s'écrie-t-il.
Ce n'est pas la peine, dit M. Georges
Weil, conciliateur.
Oui, au fond, il vaut mieux ne pas atta-
cher d'importance aux paroles de ce mal-
heureux, acquiesce le citoyen Varenne.
Et comme le citoyen Bourderon proteste
Oui, oui, Bourderon, vous êtes un
malheureux, appuie le président.
,Le tumulte s'apaise et M. Georges Weil
peut continuer son disconrs,
L'Alsace et la Lorraine,- dit-il en subs-
tance, ont une personnalité distincte et une
culture intellectuelle autre que celle de
l'Allemagne, et cela, elles le tiennent de
leurs liens français.
Le citoyen Letroquet s'étonne qu'avant
la guerre on ne lui ait point montré les
socialdénjocrates allemands sous le jour où
on les lui dépeint depuis l'ouverture des
hostilités.
C'est le dernier orateur inscrit. Le
congrès tiendra une deuxième session le
dimanche 17 décembre.
LES RÉUNIONS D'HIER
L'anniversaire de Champigny
Comme les années précédentes. l'anniver-
saire de la bataille de Champigny a donné
lieu, hier à une imposante manifestation qui.
er» raison des circonstances actuelles, a revêtu
un caractère particulièrement grave et émou-
vant. De très nombreuses sociétés, parmi les-
quelles la. Lieue des patriotes, les Anciens
combattants de la Marne. les Enfants volon-
taires de 1870-71. les Vétérans de terre et de
mer, etc.. ainsi que la municipalité de Cham-
Digny, ont porté en cortège des fleurs et des
couronnes au monument commémoratif, au
monument des mobiles de la Cote-d'Or et au
1 cimetière.
Le commandant Gérard remplaçait M. Al-
bert Thomas. sous-secrétaire d'Etat des mu-
nitions et maire de Champigny. retenu par
la séance du comité secret.
M. Gay, vice-président du conseil munici-
pal de Paris, a salué les srloriëux morts de
1870. Puis. M. Maurice Barrès a pris la parole
et, en termes ardents, a dit les raisons oui
commandent aux alliés de l'Entente la
confiance absolue dans l'avenir.
Une remise de diplômes d'honneur
Une émouvante cérémonie a eu lieu hier, à
10 heures, dans la salle des fêtes de la mai-
rie du quatrième arrondissement. M. Georges
Callé. maire, assisté de MM. Michel Dennery,
Paul Dubure et du docteur Moutrin. maires-
adjoints, a procédé à une distribution de
cent diplômes d'honneur aux familles des
militaires tombés à l'ennemi.
Au milieu d'un silence impressionnant. M.
<;alié a rendu hommage ceux de nos en-
fants qui ont DaYé de leur vie la sécurité de
ia patrie, et salué les, familles françaises vi-
timés. dans leurs affections les plus chères
des vils appétits d'hégémonie des empires
centraux.
Enfin, la cérémonie de la remise des diplô-
mes se déroulé avec une simplicité émou-
vante, pendant que les chœurs de l'école
Sophie-Germain font entendre les plus belles
paxes de leur répertoire musical. Le secré-
taire général de la mairie appela les noms des
Üisparus et ajouta, d'une voix haute e Mort
au champ d'honneur !» Le maire serre les
mains des mères ou des épouses et remet le
précieux diplôme aut consacre le sacrifice su-
prenne consenti à la patrie.
En l'honneur de la Roumanie
Une matinée gratuite consacrée à la Rou-
manie avait été organisée hier, par V Aide
morale ». sous la présidence d'honneur de M
Lahovary et la présidence de M. Ferdinand
Buisson. M. Auguste Dorchain a fait une
conférence fort applaudie.
A Bry-sur-Marne
Une cérémonie commémorative a en lien
hier, à 14 heures, comme tous les ans à cette
époque. devant le monument des soldats tom.
bés au champ d'honneur en 1870. Des discours
ont été prononcés pat MM. Mascuraud. séna-
teur, et le maire de Bry-sur-Marne, et plu-
sieurs décorations furent remises aux familles
de soldats morts à l'ennemi, au cours do la
guerre actuelle.
avaient été exécutés et que Davy, solide-
ment attaché, se trouvait en sûreté dana la
cave.
Il se leva, prit une lampe et se dirigea
vers le cachot improvisé.
Sur une misérable paillasse, le jeune se.
crétaire d'Eric Drayton était couché, dans
l'impossibilité de faire un mouvement.
Seule, outre la porte, une petite ouverture
percée dans le mur et garnie de solides
barreaux laissait un peu d'air et de lumiè-
re dans ce lieu dont les murs suintaient
d'humidité.
Bien lé bonjour, Monsieur Legar fit
plaisamment le jeune homme. Comme c'est
aimable a vous de venir me rendre visite
Je dois vous dire que si c'est en qualité de
propriétaire, j'ai des réclamations h vous
adresser. Ce logement est abominablement
humide et je réclame des réparations.
Cette humidité, dont vous vous plai-
gnez, tient à la disposition des lieux, répon-
dit son interlocuteur, dissimulant la rage
que lui causait le sang-froid du valeureux
garçon. Cette cave, comme vous pouvez
vous en rendre compte, est creusée en
contre-bas de la rivière,
Construction malsaine au premier chef
observa placidement Davy.
Save?-vous, répliqua l'autre, que vous
avez l'air bien tranquille pour un homme
qui ignore s'il ne sera pas mort dans dix
Ah voilà un point sur lequel je suis
pleinement rassuré Et voulez-vous,que
je vous dise pourquoi ?
J'avoue que je n'en serais pas fâché
C'est que si vous n'aviez pas un inté-
rêt de, tout premier ordre à me conserver
vivant. monsieur Legar, il y a déjà long-
temps que mon compte serait réglé. N'ai-je
pas raison, dites ?
Pour toute réponse, le manchot m&cbon-
LA GRISE DU CHARBON
Les blanchisseurs
devront peut-être fermer
Ainsi que nous l'avons annoncé, une
réunion corporative des blanchisseurs et
buandiers de Paris et du département de la
Seine, a été tenue hier à 14 heures, à la
mairie du 'quatrième arrondissement.
Un grand nombre de blanchisseries
étaient représentées cette réunion prési-
dée par M. Granger, président du syndicat
de la blanchisserie, assisté de M. Barbier,
sénateur de la Seine. Le ministre des travaux
publics s'était'fait représenter.
On avait à envisager la situation faite
à la corporation par la crise du charbon et
les difficultés de toutes sortes apportées à
l'industrie du blanchissage.
M. yrànger a d'abord comparé les prix
payés en ce moment pour les matières em-
ployées pour le blanchissage (charbon, car-
-bonate, eau de Javel, savon, amidon, etc.) à
ceux qu'ils étaient payés au mois de mai
dernier.
Croyez-vous, ,a-t-il déclaré, que l'aug-
mentation de 20 puisse apporter une sim-
ple amélioration à notre situation actuelle ?
Si l'Etat ne peut plas nous fournir le char-
bon qui nous est nécessaire, nous serons
forcés de fermer nos usines. Les marchands
de charbon nous font des prix exorbitants
que nos ressources ne nous permettent pas
d'accepter. Nous avons des péniches char-
gées depuis plusieurs jours à Rouen. Elles
sont toujours quai. Dans cette ville mê-
me, la situation n'est pas meilleure.
Puis l'orateur fit ressortir le péril' qu'en-
courait l'hygiène publique si les blanchis-
series venaient à suspendre leur industrie.
Ni. Barbier lui répondit et promit tout son
concours pour que cette situation prenne
fin et que les blanchisseurs soient fournis
en charbon, soit par wagons, soit par Ba-
teaux-Parisiens, soit par service automo-
bile. Le délégué du ministre des travaux
publics a enregistré les doléances des blan-
chisseurs.
En fin de séance, un ordre du jour a été
voté, dans lequel les blanchisseurs préci-
sent leur intention de fermer leurs usines,
si d'ici à quelques jours, le charbon dont ils
ont besoin n'arrive pas. La date choisie
pour cette fermeture est le 20 décembre.
Avant de se séparer, ils ont décidé de se
réunir à nouveau, le 17 décembre, afin de
prendre les résolutions que comportera la
situation.
A travers Paris
Le mauvais moyen de parvenir. De-
puis bientôt deux mois, les directeurs des
grands magasins de la rue de Rivoli, des
mandataires aux Halles et des artistes de
la Comédie-Française, recevaient des let-
tres les invitant à apporter à la nuit tom-
bante, à l'angle de la rue de Turbigo et de la
rue des Gravilliers, des sommes variant
entre 500 et 1.000 francs toutes ces missi-
yes étaient rédigées dans la même forme
et dans des termes également comminatoi-
res.
Si vous ou un'de vos employés ne se
présente pas avec une enveloppe à la main,
à l'endroit indiqué, vous aurez bientôt de'
nos nouvelles, Inutile dé prévenir la police,
nous avons pris nos précautions et nous
tirerons de vous une vengeance plus écla-
tante encore.
Comme personne ne prenait ces menaces
an sérieux, leur auteur se mit en frais de
pneumatiques et les renouvela de façon de
plus en plus menaçante, affirmant qu'il ne
reculerait point devant le vitriol et l'incen-
die. Les plaintes finirent par affluer au
commissariat des quartiers des Halles,
Saint-Germain-l'Auxerrois et Saint-Mcrri,
et l'on résolut de prendre l'individu à son
propre piège. Hier donc, l'employé d'un
grand magasin se rendit, sur l'ordre de son
patron, à l'angle de la rue de Turbigo et des
Gravilliers, accompagné d'inspecteurs de la
police judiciaire qui se dissimulèrent aux
alentours. L'homme ne tarda pas à par£il-
tre, mais à peine abordait-il l'employé qu'on
lui mettait la main-au collet. C'est un jeune
homme de 19 ans, Joseph Lecuny, demeu-
rant chez sa mère, rue du Bac. M. Leblanc,
commissaire de police du- quartier Saint-
Germain-l'Auxerrois, l'a envoyé rédiger ses
lettres au Dépôt
l*AiT9-DtVBR8
arr*. Le fen s'est déclare dans la cave
de M. Simonet, 74. rue du Temple.
4' arr*. Un feu de cheminée rapidement
éteint s'est déclaré au théâtre Sarah-
Bernhardt-
̃6è arr*. Boulevard Saint-Germain, près
de la rue du Four. on arrête Louis Chudrot
manœuvre. 22, rue Madame, qui menaçait de
son couteau une jeune -fille avec laquelle il
avait eu une altercation. Au Dépôt.
arr*. Rue Saint-Lazare, le cheval d'une
voiture de place s'emporte le cocher. Fran-
çois Bley, soixante-deux ans. 23. passage Dou-
deau ville, est projeté sur la chaussée et griè-
vement blessé.
Ile ARR'. L'ouvrier Pierre Thomas, cin-
quante ans, 56, rue des Boulets, a eu la main
droite broyée dans un laminoir, à l'usine où
il travaille- M, même rue. A Saint-Antoine.
13' arr'. Mlle Anna Nilchaud, quararite-
cinq ans. lingère, 12. rue Coypel, a été jeriè-
vement brûlée par l'explosion d'une lampe à
pétrole. A Saint-Antoine.
16. arr'. Eugène Rigal. cinquante et un
sris, sans domicile, sans profession, 'titulaire
d'un certain nombre de condamnations, a été
envoyé au Dépôt pour vagabondage et men-
dicité.
18e abb1. Rue Marcadet. à la suite d'une
collision, le-chauffeur Alexis Chériaux. vingt-
six ans. 11 bU, rue des Saules, est jeté terre
et sérieusement contusionné. A Bichat.
na entre ses dents un juron. Le calme de
celui qu'il tenait à sa merci le mettait hors
de ses gonds.
Eh bien, c'est vrai dit-il brûle-pour-
point. Oui J'ai besoin de vous pour ren-
trer en possession d'un certain papier que
détient actuellement rniss Drayton.
Et vous avez compté sur moi-pour lui
conseiller de vous le remettre ? C'est me
connaître assez mal
Pourtant, la vie est belle à votre âge
D'ailleurs, rassurez-vous t je n'ai pas be-
soin que vous donniez le moindre conseil à
miss Drayton.
Il fit une pause, pendant laquelle il contem-
pla le captif et, avec un sourire
Vous êtes vraiment un très, joli jeune
homme, poursuivit-il, et je ne suis pas sur-
pris que vous ayez auprès ,de toutes les
femmes un succès que votre physique ex-
plique. Miss Drayton, pas plus que les au-
tres, n's'dû résister à votre charme.
J'ignore, monsieur Legar, jusqu'à quel
point vous pouvez être exactement rensei-
gné sur tes sentiments de miss Drayton à
mon endroit, mais je crois la connaître as-
sez pour être certain qu'eut-elle pour moi
une de ces passions qui emportent les fem-
mes jusqu'aux étoiles, la fille d'Eric Dray-
ton est incapable d'une lâcheté.
Le chef de la D. U, A. eut un hochement
de tête qui disait tout son scepticisme.
En tout cas, vous savez maintenant
pourquoi je ne vous ai pas exécuté tout à
l'heure. Oui, parfaitement C'est parce
que je compte me servir de vous pour ren-
trer en possession, sans qu'il soit besoin de
forcer un coffre-fort, du papier qui s'y trou-
ve enfermé.
D'un geste de !a main, il salua ironique-
ment Davy et fit un pas de retraite. Mais
se retournant sur le seuil
̃ A propos, songez à ce que je vous ai
dit pour la rivière Pas d'évasion possible,
ECHOS
 Lyon SE TIENT en ce moment une « si:-
marne de l'Amérique datine ». Des Amé-
ricains du Sud et des Français, esprits impor-
tanis, J> étudient les moyens de resserrer les
ilens qui les unissent. Il est femps Nous
avons, dans latine@ des amis qui,
par le coeur, l'intelligence, la façon de
comprendre la vie, aont midle fois plus près de
nous que nos voisins des plus proches, et si tous
dà·bas ne sont pas des amis, c'est uniquement
de notre faute. Le terrain était bon, nous ne
l'avons pas cultivé. S'id est stupide de garder
par négligence un bon sol improductif, il esî-
non moins stupide de laisser des amitiés en Îri-
che.
A Lyon, les manifestations purernent oratoi-
res n'encombrent pas le programme. Quelques,
discours, naturellement. lis ne peuoent pas
faire de mal, autre que celui d'user du temps,
parce que des Américains lafins ont aussi nos
déf auts et qu'ils aiment dés belles phrases
mais on y parlera surtout de problèmes éco-
nomiques. C'est l'essentiel. On ne craindra
pas d'y prononcer le mot affaires ». Il sera
question déports, de cacao, de café, de salpê-
tre, de capitaux, de banques, de change, de
produits chimiques et de viande. Ce sont des
problèmes immenses, essentiels à connaître pour
qui veut guider le desfin des nations. Aussi
faut-il se féliciter de voir qu'à côté de spécia-
listes qualijiés. beaucaap de personnages en
situation mettcnt aujamd'hui une grande bonne,
Volonté à étudier ces graoes problèmes éconbmj-
ques, dont on n,a pas idée au chef-lieu de ans*
ton, et. pour l'heure, à découvrir l' Amérique*
du Sud. Louis Forest
Les artistes ont été, eux aussi, cruellement
frappés par la guerre ils payent également
un large et douloureux tribut et ils ont laisse
derrière eux bien des souffrances et des mi-
.,ères.
Une œuvre, pourtant, leur prodigue, de»-
puis deux ans, des secours c'est l'Union des
Arts (fondation Rachel Boyer), qui, recon-
nue d'utilité publique, s'honore du haut pa-
trona.ge du chef de l'Etat. Elle a réalisé déni
efforts surhumains et opéré des prodiges pour
parer aux plus vives détresses.
Le président du conseil a bien voulu
lui-même recommander cette oeuvre- à M.
Peixotto, président de' la chambre de com-
'merce américaine de Paris, et voici darp
quels termes il l'a fait
Cher monsieur Pàxatt'o,
Vous me demandez ce que je pense de ï'Univtç
des Arti (fondation Rachel laquelle
vous désirez marquer un intérêt particulier as
court de votre s vvyage en Amérique. le ne fuis
vous dire qu'une chose c'est que cette auvm
t'est depuis le' début de la guerre conduite d'une
admirable façon, prodiguant ses efforts pour vtair
en aide tous les artistes peintres, sculpteurs,
musiciens, artistèr dramatiques et lyriques, »
éprouvés par la guerre.
Vous ne pouvez donc pas votes intéresser à an*
auvre plus digne
Bien cordialement vôtre.
A. BKU.V».
L'élite de nos écrivains, de nos hommes
politiques a voulu joindre son témoignage
celui du président du conseil et formuler un
éloquent appel à la générosité de tous. Une
souscription s'est immédiatement ouverte,
qu'il convient d'encourager pour que l'œuvre
puisse continuer à distribuer des secours, car
l'Union des Arts a déjà versé près d'un demi-
million aux artistes nécessiteux.
MM. Ribot, Léon Bourgeois, Viviani, Des.
chanel, Ch. Humbert, Edmond Rostand,
Jean Richepin, Maurice Donnay, Henri Lave-
dan, Maeterlinck, Saint-Sacns, Roll Mmes
la duchesse d'Uzès, la comtesse de Noailles,
Sarah Bcrnhardt, Bartet, Réjane, Pierson,
dans des lettres généreuses, ont rendu hom-
mage à l'oeuvre .poursuivie par l'Union des
Arts.
Leurs lettres, autographiées, ont été réur
nies dans une brochure véritable rareté ty-
pographique, qui sera adressée à tous les
généreux souscripteurs. Charité féconde, puis-
que laissant à ses auteurs un souvenir
unique, elle leur donnera la double joie
d'adoucir les misères d'aujourd'hui et de fa-
voriser les beaux essors de demain-
E. LIVRE D'OR DE L'UNIVERSITÉ. Sur la
Lcent huitième liste des membres de l'en-
seignemenc tués à l'ennemi, nous relevons .les
noms de MM. 'Poulain', professeur au pryta-
née militaire de la Flèche Biet, Poulet,
Vialle, élèves des écoles normales d'Arras,
de la Drôme et de l'Ardèche CappeJ Lardé.
Morel, Richir, Siache et Sauvage, instituteurs
du Pas-de-Calais, etc.
A PARTIR d'aupurd'hui lundi 4 décembre et
pendant quelques jours seulement, la
Maison BRANirr, 16, rue de la Paix, soldera,
comme chaque année, à la même époque, ses
modèles de robes, manteaux et fourrures à des
prix tout à fait dérisoires. Ventes au comptant.
Cours, conférences et réunions
A h., à la Société nationale d'acclimatation, 33,
rue Buffon, reprise des séances.
A 17 h., 18, rue Mazarine, sixième réunion aml-
calo des Artistes indépendants.
A 19 h., à la 5e chambre du tribunal civil de
la Seine, réouverture des cours de l'école polytech-
nique du notariat. 1
A 19 h. 30. Il la Société de géographie. 184, 6prr
levard Saint-Germain, réunion de la section de Pa-
ris du Club Aipln. conférence de M. G. BJondel,
sur « La question d'Autriche ».
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contenant
56 Cartes en deux couleurs
Prix de 1'exemplaire,\ 1 franc
faire noyer comme un rat
Et il sortit, faisant claquer derrière lui
les verrous avec complaisance.
Le prisonnier n'eut pas le loisir de réflé-
chir beaucoup à l'avis qu'il venait de rece-
voir, car son attention fut tout de suite at-
tirée par un visiteur inattendu- qui venait
de surgir sur le rebord de la fenêtre.
Ce visiteur n'était autre que Jack Pott, le
perroquet bleu que la rupture de sa cbatne
avait rendu à la liberté-
Avec l'instinct admirable des bêtes, il
avait voleté de toit en toit, de fenêtre' en le»
nêtre jusqu'à son ancien domicile.
Engagé entre les barreaux qui garnis-
saient la meurtrière, il fixait sur David son
œil toujours légèrement goguenard.
Eh bonjour, Jack fit le jeune homme
avec enjouement Comment vous portez-
vous, nld jellow
L'animai fit entendre un petit grincement
qui lui était propre, et par lequel il mar-
quait d'ordinaire son contentement Puis,
après un moment d'hésitation, il se laissa
tomber eur la paillasse où Davy était
étendu.
Pendant ce temps, dans la salle, Legar
avait rejoint ses hommes.
Je sors, dit-il En mon absence, qu'on
veille étroitement sur le prisonnier.
Comme il atteignait la porte, Muller, un
de ses lieutenants en qui il avait le 'plus
de confiance, s'approcha de lui
Si vous vouliez me permettre de vous
donner mon avis, gouverneur, je ne laisse-
rais pas cet homme dans le caveau.
Pourquoi ?
(A suivre.)
{Ce feuilleton esi te troisième de Pépisode
n' 5 intituté le perroquet bleu et qui sera pro-
jeté au cinéma à partir du vendredi 8 dé>
LE MATIN
5 12 16
LES USONS DE LA GUERRE
Comment on doit enseigne
l'escrime à la baïonnette
;Elle ne devait plus jouer aucun rôle Le
canon étendant à des lieues l'épervier de la
destruction. comment admettre ce demi-
corps à corps qu'est le combat à la baïon-
nette 2,
Aussi l'étude de cette arme qui transforme
le fusil en pique était-elle fort négligée. Des
officiers clairvoyants, tels que, entre autres,
le commandant Séu et le colonel Mordacq,
avaient bien réagi, obtenu l'adoption du
« matériel d'assaut u (masques- et bâtonnet»
t2s rentrantes) et l'enseignement de princi-
pes meilleurs, mais trop tard; hélas seule-
ment deux années avant la guerre.
.L'héroïsme cle nos soldats, le sens inné
qu'ils ont de l'arme blanche durent leur te-
nir lieu de science et •d'entraînement. On
eut, et on a encore à déplorer de nombreux
coups doubles sur les 'champs de bataille
de.la Marne, de l'Yser, de la Champagne,
des milliers des nôtres expédièrent leur ad.
versaire, mais furent blessés ou tués en
tnéme temps
L'escrime intégrale à la baïonnette est
extrêmement intéressante. Pour ne pas
comporter les fignolages « du fleuret ou de
J'épée, elle n'en est pas moins, en réalité,
assez complexe. Certes, les attaques, pa-
rades, arrêts sont forcément très simples,
à cause du poids de l'arme et de la brutale
brièveté de toute charge mais elles exigent
une vitesse de jeu de jambes un à-pro-
pos de détente, une insistance d'offensive,
difficiles à: acquérir. En raison de la lon-
gueur de l'arme et de l'élan l'un vers l'au-
tre dès adversaires, elle comporte de fré-
quents corps à corps, qui nécessitent un
sérieux entraînement à la lutte libre ou au
jiu-jitsu. Un baïonnettiste expert doit être
un coureur à pied, un escrimeur, un lut-
teur, un aU round athlète.
Ainsi comprise, l'escrime de « Rosalie Il
devient un procédé admirable d'éducation
physique, un exercice à la fois utilitaire et
de développement, très digne de nos gran-
des sociétés athlétiques.
Ce n'est plus une corvée, mais un beau
sport
Elle a deux ennemis ceux qui veulent
l'assimiler à l'infiniment compliquée épée
de combat avec laquelle d'ailleurs elle
n'est pas sans avoir quelques principes
communs et ceux qui en ont une concep-
tion- himpliste, au point d'équivaloir à une
quasi-suppression. Elle doit 1° être une es-
r,rime; et 2° convenir étroitement aux condi-
tions très spéciales, très rudes, dans les-
quelles une charge à la baïonnette s'exé-
eute ou se reçoit.
La grande tache des officiers que j'ai
nommés au début de cet article fut d'établir
que la baïonnette- ne peut s'enseigner sans
matériel d'assaut; que les mouvements d'en-
semble, dans «le vide, quels qu'ils soient,
sont dangereux et pratiquement inférieurs
à ceux que le soldat ferait de lui-même,
s'ils n'ont pas été répétés, travaillés, assi-
milés l'assaut, La première fois que l'hom-
me les essaye, ils lui valént généralement
une surprise désagréable. Donc, que cette
première fois ait lieu avec masques et
baïonnettes rentrantes
Une erreur grave et qui fut lente à dis-
paraître était de considérer l'assaut comme
une sorte de complément, de superflu à n'u-
tiliser que ^si l'on avait trop de temps. Au
contraire Ne dispose-t-on que de deux
séances ? Elles seront employées non à des
exercices dans le vide, mais, après quel.
ques conseils préliminaires, à des assauts
en les conditions du vrai combat. Les hom-
mes gagneront ainsi quelque expérience.
Moins l'on a de temps, et plus tôt doit inter-
venir l'assaut.
Les Allemands faisaient beaucoup plus de
bâionnette que nous et avaient un matériel
d'assaut incomparablement plus important.
Mais ils ne sont pas un peuple d'escrimeurs.
Ils n'aiment pas pointer, Avec le sabre ou
la baïonnette, ils préfèrent donner de larges
coups de tranchant ou de crosse. Et cela
malgré que leurs instructeurs leur ensei-
gnent tout le contraire.
Jules César constatait déjà cette curieuse
inaptitude des Germains à utiliser la pointe.
• J. Joseph-Renaud
Ii'IpÉGURITÉ_DE PflRÏS~
Depuis que, nous faisant l'écho de nos
lecteurs si justement indignés, nous avons
demandé qu'on se décide enfin à épurer la
capitale et à la débarrasser des malandrins
et des filles 'qui la déshonorent ou la terro-
risent, d'utiles nettoyages empressons-
nous de le reconnaître oiit-été faites. Mais
ce n'est pas encore suffisant. Le. mil est
profond, et ce n'est que par des opérations
de police sans cesse répétées qu'on en finira.
Avant.hier soir encore, heures, alors
qu'il regagnait tranquillement son domicile,
boulevard de Grenelle, un journalier
espagnol, Lesura Ruffino, dix-neuf ans, fut
attaqué au coin de la rue de la Cr/iix-Nivert
et de la rue Letellier par plusieurs individus
qui le frappèrent à coups de couteau et pri-
rent la fuite. Le blessé, gravement atteint, a
dû être transporté à l'hôpital Necker.
Quai de la Râpée, c'est une femme de
soixante-quatre ans, Mme Marie Nebout.
99, boulevard de l'Hôpital, qui fut dépouillée
de tout l'argent qu'elle avait sur elle par
trois escarpes qui la défigurèrent à coups
de talons de souliers et, qui également dis-
parurent. La malheureuse dont l'état est
grave est soignée à la Pitié.
Enfin, au guichet du Métro Dauphine, on
arrêta un gamin de quinze ans, Eugène
Perrin, au moment où il se disposait à
dévaliser le guichet des tickets. Un de ses
camarades, du même âge, qui faisait le
guet, a réussi à s'enfuir.
31 Feuilleton du MATIN du 4 déc.
GRAND ROMAN-CINEAIA
XV. LE DOCUMENT SECRET (suite)
Elle était seule dans la pièce, seule
,-<,vec Jack Pott, qui, du haut de son per-
choir, tendait le cou vers son ancienne ca-
marade retrouvée, fixant sur elle son petit
œil rond,pétillant de malice et d'intelligence.
Betiina était debout devant le coffre-fort
scellé dans le mur, dont elle commençait
à faire maniT-uvrcr la combinaison.
Toute à hette opération délicate, elle n'a-
vait pas conscience de la présence de Le-
içar qui, silencieusement, avait tiré de sa
poché une fiole de chloroforme et en ver-
-ait avec précaution le contenu sur un
mouchoir.
Sur. la pointe des pieds il se glissa du
.̃ôiè de Bettina, si occupée à sa besogne
,}v' filp ne l'entendit pas venir.
D'un bond il se jeta sur elle,' paralysant
#̃' son crochet de fer la défense de la
f^une fille, tandis que, de sa main valide,
il s'efforçait de lui appliquer sur la bou-
che le dangereux tampon qui, du même
coup, étouffait les appels désespérés .qu'elle
'efforçait de lancer.?"
A l'odeur, la courageuse créature avait
fvlnf la nature du danger qui la menaçait
t compris qu'elle était perdue si elle ne
i^parv^naix pas à résister à son agresseur.
Vigoureuse, elle- luttait désespérément
Tout dnrftt de, reproduction, «!• trodssUnt et -MiAkpMticM)*-
POUR LA DEFENSE NATIONALE
Réquisition
des usines de. force motrice
On nous communique la note suivante
Le décret signé récemment par le prési.
dent de la République pour réglementer la
distribution de l'énergie électrique et la ré-
quisition des usines de force motrice ne. crée
pas un droit nouveau et ne confère pas au
sous-secrétaire d'Etat des munitions des
pouvoirs plus étendus ce décret ne fait que
préciser les conditions dans lesquelles sera
exercée l'intervention du département de la
guerre dans le fonctionnement des usines
réquisitionnées et dans la distribution de
l'énergie produite par elles. Avant sa pro-
mulgation, la réquisition des usines de force
motrice était parfaitement légale et régu-
lière en vertu de l'article 58 de la loi des
réquisitions qui autorise non seulement la
réquisition de tout ou partie des produits
indispensables aux besoins de l'armée et
de la marine en l'espèce, l'énergie
mais encore la réquisition et la prise de pos-
session de l'établissement producteur lui-
même, en vue de son exploitation directe
pour l'Etat
D'ailleurs, le sous-secrétaire d'Etat de l'ar--
tillerie, qui n'a pas attendu la crise actuelle
pour songer aux conséquences que pourrait
avoir sur nos fabrications de guerre l'arrêt
ou l'insuffisance des usines de force motrice
et qui a dès longtemps confié à un service
spécial le service des forces motrices, rat.
taché à la direction générale des fabrica-
tions de l'artillerie, le soin de mettre nos
usines de production d'énergie en état de
répondre aux besoins du nouveau program-
me d'armement, a déjà, usé, à deux repri-
ses, de ce droit de réquisition.
Le 25 septembre, il a réquisitionné l'usine
et le secteur électriques de Vierzon, possédés
par la société n le Centre électrique n, de
façon à empêcher la fermeture de cette
usine et à continuer la fourniture du cou-
rant nécessaire aux industries de, guerre-de
cette ville et à l'importante gare du P. O.
Dans la banlieue de Paris. le soue-secré-
taire d'Etat de l'artillerie avait déjà réqui-
sitionné le 12 septembre dernier, l'importante
usine que le secteur électrique de la Rive
gauche possédait à Issy-les-Moulineaux et
qui était sur le point d'être dispersée.'
Cette usine a' été remise en marche dans
les délais les plus rapides une turbine de
3.000 kilowatt est en fonctionnement depuis
le 12 octobre et a pu apporter un secours
intéressant à l'Ouest-Lumièfe dans la crtse
récents une nouvelle turbine de 5.000 kilo,
watt est en montage et sera mise en marche
très prochainement.
Cette réquisition a donc permis d'augmen-
ter de kilowatt l'énergie électrique qui
peut être distribuée dans la banlieue sud
et ouest de Paris.
Ces deux cas de réquisition de l'établisse.
ment lui-même ont mis le gouvernement en
présence de certaines difficultés qui ne se
posent pas d'ordinaire lorsqu'il s'agit d'as.
surer directement les besoins de l'armée
elle-même. En raison de la nature spéciale
du produit livré par ces usines de l'éner-
gie destinée à assurer à la fois un service
public et des besoins particuliers. et etant
donnée l'interposition d'une autorité concé-
dante entre KEtnt et le concessionnaire, il
était indispensable d'apporter dans l'appli-
caution du droit de réquisition quelques mo-
dalités spéciales et des précautions particu-
lières. Ce sont ces modalités qui ont été
réglées par le nouveau décret rendu en
conseil des ministres.
Le. spectre de Vicente Gay
Les journaux germanophilea
pleurent encore le pseudo-mort
Nous avons raconté, hier, la joyeuse his-
toire de ce germanophile espagnol, M. Vi-
cente Gay, qui aurait été tué en duel pour
avoir protesté contre l'exposition, à Ma-
drid, des œuvres de Raemaeckers. Ce som
bre drame, imaginé de toutes pièces par le
Libéral et son directeur, M. Gomez Car-
rillo, continue à hanter les cerveaux ger-
maniques. Après les nécrplogies, l'indi-
gnation se donne libre cours. Le correspon.
dant de l'A. H. C., NI, Azpeitàa, télégra-
phie
Les Espagnols résidant dans cefte ville
des tableaux de Raemaeckers, qui sont vils
et répugnants. Ils déplorent la ctindescen-
dance incompréhensible du gouvernement
espagnol. La mort de Gay prnduit une pro-
fonde impression et en ménte temps un
sentiment d'orgueil devant l'esprit chevale-
resque de la race personnifiée par' un hom·
me qui sait mourir en défendant l'honneur,
outragé d'une nation amie.
Que de beaux sentiments perdus
LE CONSEIL DES MINISTRES
Un conseil exceptunnel des ministres
s'est tenu hier matin à l'Elysée sous la pré-
sidence de M. Poincaré.
Les ministres se sont occupés de la situa.'
tion politique, diplomatique, navale et mi-,
litaire.
LES RAIDS BRITANNIQUES
Le correspondant de l'agence Havas sur
le front britannique télégraphie
« Les troupes britanniques opérant dans la
région d'Armentières ont pénétré dans les
lignes allemandes en sept endroits' diffé-
rents. Cela revient à dire que sept raids
entrepris par nos alliés dans les conditions
ordinaires de ce genre d'opérations ont
Heureusement abouti.
» On remarquera la fréquence de plus en
plus grande de ces coups de main dont les
avantages au point de vue du développe-
ment ultérieur des opérations sont infini-
mpnt nrénip.iiY. •
mais son adversaire la dominait de tout
l'avantage de sa force physique, et déjà
l'anesthésique commençait à faire son eftet
sur la malheureuse, qui avait conscience
qu'elle faiblissait peu à peu.
Tout à coup un homme'surgit qui se jeta
sur le chef de la'D. U., A. et, lui arrachant
sa victime, le contraignit à entamer une
lutte dont l'issue semblait pour -lui plus
douteuse que la première.
Cet homme, on l'a deviné, c'était Davy.
Alors, sous les yeux, agrandis par la ter.
reur, ds Bettina, si angoissée qu'il lui était
impossible de jeter un cri, les deux antago-
nistes, accrochés l'un à l'autre, roulèrent
sur le tapis.
Dans leur lutte, ils renversaient les meu.
bles, qui s'écroulaient au milieu d'un va-
carme de potiches fracassées.
Le perchoir de Jack Pott avait été des
premiers précipités à terre est, dans la
chute, la chaîne qui retenait la patte de
l'animal s'était brisée. Mais l'ahurissement
du perroquet bleu était tel qu'il ne pensait
pas à profiter de sa liberté pour s'enfuir et
demeurait immobile en poussant des cris
stridents.
Soudain, d'un coup de tête en pleine poi-
trine, Legar étendit sur le tapis son ad.
versaire, puis se rua vers la porte.
Davy 1 clama Bettina, en se précipi-
tant vers son défenseur, êtes-vous blessé ?
Mais déjà celui-ci s'était relevé et se pré-
cipitait sur les traces du fuyard, tandis que
Jack Pott, bousculé, cherchait sur le rebord
de la fenêtre un asile plus sûr.
Tout en courant, Manley criait, à Burton
et à la femme de chambre, accourus, d'aller
chercher main-forte.
Puis, sans s'occuper de savoir s'il était
suivi, il sortit de l'hôtel, se jetant à la pour.
suite de Legar, qu'il apercevait devant lui
fuyant de toute la vitesse de ses jarrets.
Agile comme il l'était, le jeune homme
Le congrès de ta Fédération de la Seine
Deux thèses sont toujours en présence sur la reprise
des relations internationales
Le 210 congrès de la Fédération socialiste
de la Seine, convoqué conformément aux
nouveaux statuts fédéraux, a tenu hier la
première des deux sessions qui doivent
avoir lieu avant le congrès national, fixé,
comme l'on sait, à Noël prochain.
A dix heures du mutin, le citoyen Lavaud,
ancien député du XI°, qui préside, déclare la
séance ouverte.
Le rapport sur l'Humanité donne l'occa-
sion aux majoritaires et minoritaires de
rompre quelques lances.
Les seconds reprochent au journal du par-
ti de n'être l'organe que d'une seule tendan.
ce, la majoritaire.
Si l'on prend des rédacteurs nouveaux,
s'écrie le citoyen Poisson, il faudra renvoyer
les anciens. De plus, le journal manquerait
d'homogénéité, ce qui lui ferait grand tort
dans le public
Nous n'avons.pas le droit de toucher a
notre organe, appuie le citoyen Thomas, du
fant que les poilus socialistes ne seront
pas de retour. C est à eux qu'il appartient
L'assemblée quasi unanime applaudit.
Quant au citoyen Penaude!, directeur
politique de 17/umanité, il déclare tout net
que si l'on veut l'obliger à transgresser la
décision des divers congrès, il est résolu
à donner sa démission.
La question en reste la en ce qui. concer-
ne l'Humanité, mais se repose, 1& minute
'd'après, au sujet des délégués à la papa-
gande,
Remplaçons les délégués mobilisés,
propose le citoyen Loriot, par des délégués
pria dans la minorité.
Cette proposition est renvoyée à la cora-
missiop des résolutions.
La réorganisation économique nous vaut
ensuite un long discours du citoyen Gaston
Lévy, qui développa cette thèse que les
intérêts généraux du pays doivent se
confondre avec ceux du prolétariat qui est
appelé à continuer la besogne du rapita-
lisme 'en conduisant la société vers une
forme de production nouvelle, la forme col-
lectiviste. M
Une citoyenne de Bois-Colombes émet sur
le travail des femmes des considérations
qui retiennent l'attention de l'assemblée.
Le parti, dit-elle en forme de conclu-
sion, doit-s'occuper du travail des femmes
dans les ateliers, s'inquiéter des conditions
du travail domicile et protéger la mère,
l'enfant et l'ouvrier s'il veut sauvegarder
la famille, et la société.
Le congrès tout entier lui fait un véri-
table succès.
La séance est levée.
Le parti socialiste et la guerre
EUe recommence à 14 h. 30, sous la pré-
sidence du citoyen Varenne.
L'ordre du jour. appelle le parti socia-
liste et la guerre.
Le citoyen Séverac, du quatorzième arron-
dissement, aborde le premier la tribune, il
débute par un exposé de l'attitude du parti
depuis la déclaration de guerre.
Nous sommes restés fidèles à nos doc-
trines, dit-il, en collaborant de toutes nos
forces à la défense nationale et nous avons
envoyé nos amis au pouvoir pour y faire
uniquement de la défense nationale.
En ce qui concerne la reprise de nos
relations internationales, poursuit l'orateur,
je m'étonne que cette question ait .pu divi-
ser les socialistes. Nul ne songe à mer qu'il
faille les reprendre, mais elle ne peuvent
être reprises, de l'avis de tous, majoritaires
et minoritaires, qu'avec des garanties.
Et la principale de ces garanties serait la
désolidarisation complète des 5ocialdémo-
crates d'avec les dirigeants.
Le citoyen Morin, du XII*, qui lui succède
à la tribune; lit une motion aux termes de
laquelle il demande
La convocation immédiate du bureau
socialiste international
2° La démission des ministres socialistes.
Et violemment le citoyen Morin reproche
aux majoritaires d'avoir dit que Liebknecht
était une hirondelle isolée.
Il SI a, s'écrie-t-il, des milliers d'Alle-
mands qui sont en prison pour s'être solida-
risés avec lui.
Toutefois l'orateur concède que les socia-
listes allemands sont totalement incapables
de faire la révolution.
Le ministre des travaux publics, M.
Sembat, le seul ministre qui assiste au
congrès, demande la' parole.
En mon nom personnel et comme dé-
légué de ma fédération, déclare-t-il, je ne
méconnais pas les protestations courageu-
ses des minoritaires d'Allemagne. Mais je
ne puis m'empêcher de vous faire remar-
quer que pour la reprise des relations ce
serait avec les majoritaires de là-bas qu'il
faudrait se rencontrer, et leur attitude de-
vant les déportations en masse qui ont lieu
actuellement mériterait d'être sérieusement
examinée.
» J'espère, poursuit le citoyen Sembat,
qu'après la guerre il y aura une intimité
étroite entre les nations démocratiques,
dont l'influence sera grande sur la paix du
monde et sur la formation de l'Europe de
demain.
Au citoyen Sembat succède le citoyen
Longuet, minoritaire.
Nous ne sommes pas les partisans
d'une paix à tout prix, déclare le député de
la Seine. mais cette paix à tout prix, la
saignée à blanc d'un pays peut amener ce
pays à l'accepter.
0 L'Entente ne peut disposer dn sort de
l'Europe. Elle ne saurait en avoir la pré-
tention.
l'aurait certainement rattrapé si une auto-
mobile n'avait, à ce moment précis, fait son
apparition sur la chaussée.
Trois hommes en sortirent, qui se préci-
pitèrent sur lui. Gràce à son épuisement ils
eurent bientôt fait de l'abattre, et il roula
sur le sol, inanimé.
Avant qu'il eût repris connaissance, il
était jeté, ligoté et bâillonné, à l'intérieur de
l'auto qui s'éloigna rapidement.
Cependant, sur le perron de l'hôtel, Bur-
ton et Mary avaient avisé un policeman, au-
quel, en quelques mots ils racontaient le
drame. Tous les trois s'élancèrent, mais ils
durent s'arrêter en voyant de loin l'automo-
bile filer en vitesse, emportant le prisonnier
et ses vainqueurs.
A l'intérieur de la voiture, un colloque
s'était engagé entre Legar et ses acelytes;,
Vous avez le document interrogea
Slim.
hon dit I'autre d'une Voix rageuse.
Mon coup a raté grâce à ce gêneur
En même temps il allongeait un coup de
pied dans les flancs de Davy, inerte sur le
plancher de la voiture.
Pourquoi nous en embarrasser ?
grommela Slim. Ce serait si facile de
nous en défaire 1 1
Un otage a toujours une valeur ré-
pliqua sèchement Legar, dans la cervelle
duquel jaillissait déjà un nouveau plan.
Il avait repris tout son sang-froid et, à
l'expression rusée de sa physionomie, il
était aisé de voir qu'il travaillait déjà à
chercher une revanche.
Aussitôt qu'on eut rallié le Trou du Hibou,
il donna l'ordre de mettre le prisonnier en
üeu sûr et vint s'asseoir à l'écart, dans la
salle, tandis que, groupés d'un .autre côté,
ses hommes faisaient silence, respectant sa
méditation.
Slim et son compagnon ne la troublèrent
que pour lui annoncer que ses ordres
Les gouvernants de partout d'ailleurs le
sentent, et ils sont prêts à accepter toute
M L'initiative de la paix, déclare-t-il enfin,
ne doit pas être laissée aux seuls gouver-
nants, et il ne serait pas bon qu'au moment
où l'humanité tout entière attend beaucoup
de l'Internationale, celle-ci aille se coucher.»
Le citoyen Loriot fait à la tribune une
nouvelle apparition. Il reproche au précé-
dent orateur sa modération.
Au nom de la section de Suresnes, le
citoyen Sellier apporte une motion de conci-
liation entre les diverses tendances.
Cette motion se prononce contre toute
annexion, réclame la création de milices
et demande qu'on ne subordonne pas la
réorganisation économique à la victoire
militaire
Un incident
Le citoyen Georges Weil, député socia-
liste de Metz au Reichstag, monte ensuite
à la tribune. et là se place le seul gros
incident de cette journée qui, fut relative-
ment calme.
L'orateur rappelant son passage an
Reichstag, une voix l'interrompit
Où vous siégiez comme sujet alle-
mand, cria-t-elîe.
Tout le monde est debout.
Qui a prononcé ces paroles interroge le
président Varenne.
Moi, répond le zimmerwaldien Bour-
deron,
Le tumulte devient alors indescriptible.
Des Il hou hou conspuez-le » retentis-
sent, énergiques.
Le président, s'adressant au citoyen Lon-
guet et lui désignant Bourderon
Désavouez.le, au moins, s'écrie-t-il.
Ce n'est pas la peine, dit M. Georges
Weil, conciliateur.
Oui, au fond, il vaut mieux ne pas atta-
cher d'importance aux paroles de ce mal-
heureux, acquiesce le citoyen Varenne.
Et comme le citoyen Bourderon proteste
Oui, oui, Bourderon, vous êtes un
malheureux, appuie le président.
,Le tumulte s'apaise et M. Georges Weil
peut continuer son disconrs,
L'Alsace et la Lorraine,- dit-il en subs-
tance, ont une personnalité distincte et une
culture intellectuelle autre que celle de
l'Allemagne, et cela, elles le tiennent de
leurs liens français.
Le citoyen Letroquet s'étonne qu'avant
la guerre on ne lui ait point montré les
socialdénjocrates allemands sous le jour où
on les lui dépeint depuis l'ouverture des
hostilités.
C'est le dernier orateur inscrit. Le
congrès tiendra une deuxième session le
dimanche 17 décembre.
LES RÉUNIONS D'HIER
L'anniversaire de Champigny
Comme les années précédentes. l'anniver-
saire de la bataille de Champigny a donné
lieu, hier à une imposante manifestation qui.
er» raison des circonstances actuelles, a revêtu
un caractère particulièrement grave et émou-
vant. De très nombreuses sociétés, parmi les-
quelles la. Lieue des patriotes, les Anciens
combattants de la Marne. les Enfants volon-
taires de 1870-71. les Vétérans de terre et de
mer, etc.. ainsi que la municipalité de Cham-
Digny, ont porté en cortège des fleurs et des
couronnes au monument commémoratif, au
monument des mobiles de la Cote-d'Or et au
1 cimetière.
Le commandant Gérard remplaçait M. Al-
bert Thomas. sous-secrétaire d'Etat des mu-
nitions et maire de Champigny. retenu par
la séance du comité secret.
M. Gay, vice-président du conseil munici-
pal de Paris, a salué les srloriëux morts de
1870. Puis. M. Maurice Barrès a pris la parole
et, en termes ardents, a dit les raisons oui
commandent aux alliés de l'Entente la
confiance absolue dans l'avenir.
Une remise de diplômes d'honneur
Une émouvante cérémonie a eu lieu hier, à
10 heures, dans la salle des fêtes de la mai-
rie du quatrième arrondissement. M. Georges
Callé. maire, assisté de MM. Michel Dennery,
Paul Dubure et du docteur Moutrin. maires-
adjoints, a procédé à une distribution de
cent diplômes d'honneur aux familles des
militaires tombés à l'ennemi.
Au milieu d'un silence impressionnant. M.
<;alié a rendu hommage ceux de nos en-
fants qui ont DaYé de leur vie la sécurité de
ia patrie, et salué les, familles françaises vi-
timés. dans leurs affections les plus chères
des vils appétits d'hégémonie des empires
centraux.
Enfin, la cérémonie de la remise des diplô-
mes se déroulé avec une simplicité émou-
vante, pendant que les chœurs de l'école
Sophie-Germain font entendre les plus belles
paxes de leur répertoire musical. Le secré-
taire général de la mairie appela les noms des
Üisparus et ajouta, d'une voix haute e Mort
au champ d'honneur !» Le maire serre les
mains des mères ou des épouses et remet le
précieux diplôme aut consacre le sacrifice su-
prenne consenti à la patrie.
En l'honneur de la Roumanie
Une matinée gratuite consacrée à la Rou-
manie avait été organisée hier, par V Aide
morale ». sous la présidence d'honneur de M
Lahovary et la présidence de M. Ferdinand
Buisson. M. Auguste Dorchain a fait une
conférence fort applaudie.
A Bry-sur-Marne
Une cérémonie commémorative a en lien
hier, à 14 heures, comme tous les ans à cette
époque. devant le monument des soldats tom.
bés au champ d'honneur en 1870. Des discours
ont été prononcés pat MM. Mascuraud. séna-
teur, et le maire de Bry-sur-Marne, et plu-
sieurs décorations furent remises aux familles
de soldats morts à l'ennemi, au cours do la
guerre actuelle.
avaient été exécutés et que Davy, solide-
ment attaché, se trouvait en sûreté dana la
cave.
Il se leva, prit une lampe et se dirigea
vers le cachot improvisé.
Sur une misérable paillasse, le jeune se.
crétaire d'Eric Drayton était couché, dans
l'impossibilité de faire un mouvement.
Seule, outre la porte, une petite ouverture
percée dans le mur et garnie de solides
barreaux laissait un peu d'air et de lumiè-
re dans ce lieu dont les murs suintaient
d'humidité.
Bien lé bonjour, Monsieur Legar fit
plaisamment le jeune homme. Comme c'est
aimable a vous de venir me rendre visite
Je dois vous dire que si c'est en qualité de
propriétaire, j'ai des réclamations h vous
adresser. Ce logement est abominablement
humide et je réclame des réparations.
Cette humidité, dont vous vous plai-
gnez, tient à la disposition des lieux, répon-
dit son interlocuteur, dissimulant la rage
que lui causait le sang-froid du valeureux
garçon. Cette cave, comme vous pouvez
vous en rendre compte, est creusée en
contre-bas de la rivière,
Construction malsaine au premier chef
observa placidement Davy.
Save?-vous, répliqua l'autre, que vous
avez l'air bien tranquille pour un homme
qui ignore s'il ne sera pas mort dans dix
Ah voilà un point sur lequel je suis
pleinement rassuré Et voulez-vous,que
je vous dise pourquoi ?
J'avoue que je n'en serais pas fâché
C'est que si vous n'aviez pas un inté-
rêt de, tout premier ordre à me conserver
vivant. monsieur Legar, il y a déjà long-
temps que mon compte serait réglé. N'ai-je
pas raison, dites ?
Pour toute réponse, le manchot m&cbon-
LA GRISE DU CHARBON
Les blanchisseurs
devront peut-être fermer
Ainsi que nous l'avons annoncé, une
réunion corporative des blanchisseurs et
buandiers de Paris et du département de la
Seine, a été tenue hier à 14 heures, à la
mairie du 'quatrième arrondissement.
Un grand nombre de blanchisseries
étaient représentées cette réunion prési-
dée par M. Granger, président du syndicat
de la blanchisserie, assisté de M. Barbier,
sénateur de la Seine. Le ministre des travaux
publics s'était'fait représenter.
On avait à envisager la situation faite
à la corporation par la crise du charbon et
les difficultés de toutes sortes apportées à
l'industrie du blanchissage.
M. yrànger a d'abord comparé les prix
payés en ce moment pour les matières em-
ployées pour le blanchissage (charbon, car-
-bonate, eau de Javel, savon, amidon, etc.) à
ceux qu'ils étaient payés au mois de mai
dernier.
Croyez-vous, ,a-t-il déclaré, que l'aug-
mentation de 20 puisse apporter une sim-
ple amélioration à notre situation actuelle ?
Si l'Etat ne peut plas nous fournir le char-
bon qui nous est nécessaire, nous serons
forcés de fermer nos usines. Les marchands
de charbon nous font des prix exorbitants
que nos ressources ne nous permettent pas
d'accepter. Nous avons des péniches char-
gées depuis plusieurs jours à Rouen. Elles
sont toujours quai. Dans cette ville mê-
me, la situation n'est pas meilleure.
Puis l'orateur fit ressortir le péril' qu'en-
courait l'hygiène publique si les blanchis-
series venaient à suspendre leur industrie.
Ni. Barbier lui répondit et promit tout son
concours pour que cette situation prenne
fin et que les blanchisseurs soient fournis
en charbon, soit par wagons, soit par Ba-
teaux-Parisiens, soit par service automo-
bile. Le délégué du ministre des travaux
publics a enregistré les doléances des blan-
chisseurs.
En fin de séance, un ordre du jour a été
voté, dans lequel les blanchisseurs préci-
sent leur intention de fermer leurs usines,
si d'ici à quelques jours, le charbon dont ils
ont besoin n'arrive pas. La date choisie
pour cette fermeture est le 20 décembre.
Avant de se séparer, ils ont décidé de se
réunir à nouveau, le 17 décembre, afin de
prendre les résolutions que comportera la
situation.
A travers Paris
Le mauvais moyen de parvenir. De-
puis bientôt deux mois, les directeurs des
grands magasins de la rue de Rivoli, des
mandataires aux Halles et des artistes de
la Comédie-Française, recevaient des let-
tres les invitant à apporter à la nuit tom-
bante, à l'angle de la rue de Turbigo et de la
rue des Gravilliers, des sommes variant
entre 500 et 1.000 francs toutes ces missi-
yes étaient rédigées dans la même forme
et dans des termes également comminatoi-
res.
Si vous ou un'de vos employés ne se
présente pas avec une enveloppe à la main,
à l'endroit indiqué, vous aurez bientôt de'
nos nouvelles, Inutile dé prévenir la police,
nous avons pris nos précautions et nous
tirerons de vous une vengeance plus écla-
tante encore.
Comme personne ne prenait ces menaces
an sérieux, leur auteur se mit en frais de
pneumatiques et les renouvela de façon de
plus en plus menaçante, affirmant qu'il ne
reculerait point devant le vitriol et l'incen-
die. Les plaintes finirent par affluer au
commissariat des quartiers des Halles,
Saint-Germain-l'Auxerrois et Saint-Mcrri,
et l'on résolut de prendre l'individu à son
propre piège. Hier donc, l'employé d'un
grand magasin se rendit, sur l'ordre de son
patron, à l'angle de la rue de Turbigo et des
Gravilliers, accompagné d'inspecteurs de la
police judiciaire qui se dissimulèrent aux
alentours. L'homme ne tarda pas à par£il-
tre, mais à peine abordait-il l'employé qu'on
lui mettait la main-au collet. C'est un jeune
homme de 19 ans, Joseph Lecuny, demeu-
rant chez sa mère, rue du Bac. M. Leblanc,
commissaire de police du- quartier Saint-
Germain-l'Auxerrois, l'a envoyé rédiger ses
lettres au Dépôt
l*AiT9-DtVBR8
arr*. Le fen s'est déclare dans la cave
de M. Simonet, 74. rue du Temple.
4' arr*. Un feu de cheminée rapidement
éteint s'est déclaré au théâtre Sarah-
Bernhardt-
̃6è arr*. Boulevard Saint-Germain, près
de la rue du Four. on arrête Louis Chudrot
manœuvre. 22, rue Madame, qui menaçait de
son couteau une jeune -fille avec laquelle il
avait eu une altercation. Au Dépôt.
arr*. Rue Saint-Lazare, le cheval d'une
voiture de place s'emporte le cocher. Fran-
çois Bley, soixante-deux ans. 23. passage Dou-
deau ville, est projeté sur la chaussée et griè-
vement blessé.
Ile ARR'. L'ouvrier Pierre Thomas, cin-
quante ans, 56, rue des Boulets, a eu la main
droite broyée dans un laminoir, à l'usine où
il travaille- M, même rue. A Saint-Antoine.
13' arr'. Mlle Anna Nilchaud, quararite-
cinq ans. lingère, 12. rue Coypel, a été jeriè-
vement brûlée par l'explosion d'une lampe à
pétrole. A Saint-Antoine.
16. arr'. Eugène Rigal. cinquante et un
sris, sans domicile, sans profession, 'titulaire
d'un certain nombre de condamnations, a été
envoyé au Dépôt pour vagabondage et men-
dicité.
18e abb1. Rue Marcadet. à la suite d'une
collision, le-chauffeur Alexis Chériaux. vingt-
six ans. 11 bU, rue des Saules, est jeté terre
et sérieusement contusionné. A Bichat.
na entre ses dents un juron. Le calme de
celui qu'il tenait à sa merci le mettait hors
de ses gonds.
Eh bien, c'est vrai dit-il brûle-pour-
point. Oui J'ai besoin de vous pour ren-
trer en possession d'un certain papier que
détient actuellement rniss Drayton.
Et vous avez compté sur moi-pour lui
conseiller de vous le remettre ? C'est me
connaître assez mal
Pourtant, la vie est belle à votre âge
D'ailleurs, rassurez-vous t je n'ai pas be-
soin que vous donniez le moindre conseil à
miss Drayton.
Il fit une pause, pendant laquelle il contem-
pla le captif et, avec un sourire
Vous êtes vraiment un très, joli jeune
homme, poursuivit-il, et je ne suis pas sur-
pris que vous ayez auprès ,de toutes les
femmes un succès que votre physique ex-
plique. Miss Drayton, pas plus que les au-
tres, n's'dû résister à votre charme.
J'ignore, monsieur Legar, jusqu'à quel
point vous pouvez être exactement rensei-
gné sur tes sentiments de miss Drayton à
mon endroit, mais je crois la connaître as-
sez pour être certain qu'eut-elle pour moi
une de ces passions qui emportent les fem-
mes jusqu'aux étoiles, la fille d'Eric Dray-
ton est incapable d'une lâcheté.
Le chef de la D. U, A. eut un hochement
de tête qui disait tout son scepticisme.
En tout cas, vous savez maintenant
pourquoi je ne vous ai pas exécuté tout à
l'heure. Oui, parfaitement C'est parce
que je compte me servir de vous pour ren-
trer en possession, sans qu'il soit besoin de
forcer un coffre-fort, du papier qui s'y trou-
ve enfermé.
D'un geste de !a main, il salua ironique-
ment Davy et fit un pas de retraite. Mais
se retournant sur le seuil
̃ A propos, songez à ce que je vous ai
dit pour la rivière Pas d'évasion possible,
ECHOS
 Lyon SE TIENT en ce moment une « si:-
marne de l'Amérique datine ». Des Amé-
ricains du Sud et des Français, esprits impor-
tanis, J> étudient les moyens de resserrer les
ilens qui les unissent. Il est femps Nous
avons, dans latine@ des amis qui,
par le coeur, l'intelligence, la façon de
comprendre la vie, aont midle fois plus près de
nous que nos voisins des plus proches, et si tous
dà·bas ne sont pas des amis, c'est uniquement
de notre faute. Le terrain était bon, nous ne
l'avons pas cultivé. S'id est stupide de garder
par négligence un bon sol improductif, il esî-
non moins stupide de laisser des amitiés en Îri-
che.
A Lyon, les manifestations purernent oratoi-
res n'encombrent pas le programme. Quelques,
discours, naturellement. lis ne peuoent pas
faire de mal, autre que celui d'user du temps,
parce que des Américains lafins ont aussi nos
déf auts et qu'ils aiment dés belles phrases
mais on y parlera surtout de problèmes éco-
nomiques. C'est l'essentiel. On ne craindra
pas d'y prononcer le mot affaires ». Il sera
question déports, de cacao, de café, de salpê-
tre, de capitaux, de banques, de change, de
produits chimiques et de viande. Ce sont des
problèmes immenses, essentiels à connaître pour
qui veut guider le desfin des nations. Aussi
faut-il se féliciter de voir qu'à côté de spécia-
listes qualijiés. beaucaap de personnages en
situation mettcnt aujamd'hui une grande bonne,
Volonté à étudier ces graoes problèmes éconbmj-
ques, dont on n,a pas idée au chef-lieu de ans*
ton, et. pour l'heure, à découvrir l' Amérique*
du Sud. Louis Forest
Les artistes ont été, eux aussi, cruellement
frappés par la guerre ils payent également
un large et douloureux tribut et ils ont laisse
derrière eux bien des souffrances et des mi-
.,ères.
Une œuvre, pourtant, leur prodigue, de»-
puis deux ans, des secours c'est l'Union des
Arts (fondation Rachel Boyer), qui, recon-
nue d'utilité publique, s'honore du haut pa-
trona.ge du chef de l'Etat. Elle a réalisé déni
efforts surhumains et opéré des prodiges pour
parer aux plus vives détresses.
Le président du conseil a bien voulu
lui-même recommander cette oeuvre- à M.
Peixotto, président de' la chambre de com-
'merce américaine de Paris, et voici darp
quels termes il l'a fait
Cher monsieur Pàxatt'o,
Vous me demandez ce que je pense de ï'Univtç
des Arti (fondation Rachel laquelle
vous désirez marquer un intérêt particulier as
court de votre s vvyage en Amérique. le ne fuis
vous dire qu'une chose c'est que cette auvm
t'est depuis le' début de la guerre conduite d'une
admirable façon, prodiguant ses efforts pour vtair
en aide tous les artistes peintres, sculpteurs,
musiciens, artistèr dramatiques et lyriques, »
éprouvés par la guerre.
Vous ne pouvez donc pas votes intéresser à an*
auvre plus digne
Bien cordialement vôtre.
A. BKU.V».
L'élite de nos écrivains, de nos hommes
politiques a voulu joindre son témoignage
celui du président du conseil et formuler un
éloquent appel à la générosité de tous. Une
souscription s'est immédiatement ouverte,
qu'il convient d'encourager pour que l'œuvre
puisse continuer à distribuer des secours, car
l'Union des Arts a déjà versé près d'un demi-
million aux artistes nécessiteux.
MM. Ribot, Léon Bourgeois, Viviani, Des.
chanel, Ch. Humbert, Edmond Rostand,
Jean Richepin, Maurice Donnay, Henri Lave-
dan, Maeterlinck, Saint-Sacns, Roll Mmes
la duchesse d'Uzès, la comtesse de Noailles,
Sarah Bcrnhardt, Bartet, Réjane, Pierson,
dans des lettres généreuses, ont rendu hom-
mage à l'oeuvre .poursuivie par l'Union des
Arts.
Leurs lettres, autographiées, ont été réur
nies dans une brochure véritable rareté ty-
pographique, qui sera adressée à tous les
généreux souscripteurs. Charité féconde, puis-
que laissant à ses auteurs un souvenir
unique, elle leur donnera la double joie
d'adoucir les misères d'aujourd'hui et de fa-
voriser les beaux essors de demain-
E. LIVRE D'OR DE L'UNIVERSITÉ. Sur la
Lcent huitième liste des membres de l'en-
seignemenc tués à l'ennemi, nous relevons .les
noms de MM. 'Poulain', professeur au pryta-
née militaire de la Flèche Biet, Poulet,
Vialle, élèves des écoles normales d'Arras,
de la Drôme et de l'Ardèche CappeJ Lardé.
Morel, Richir, Siache et Sauvage, instituteurs
du Pas-de-Calais, etc.
A PARTIR d'aupurd'hui lundi 4 décembre et
pendant quelques jours seulement, la
Maison BRANirr, 16, rue de la Paix, soldera,
comme chaque année, à la même époque, ses
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Cours, conférences et réunions
A h., à la Société nationale d'acclimatation, 33,
rue Buffon, reprise des séances.
A 17 h., 18, rue Mazarine, sixième réunion aml-
calo des Artistes indépendants.
A 19 h., à la 5e chambre du tribunal civil de
la Seine, réouverture des cours de l'école polytech-
nique du notariat. 1
A 19 h. 30. Il la Société de géographie. 184, 6prr
levard Saint-Germain, réunion de la section de Pa-
ris du Club Aipln. conférence de M. G. BJondel,
sur « La question d'Autriche ».
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faire noyer comme un rat
Et il sortit, faisant claquer derrière lui
les verrous avec complaisance.
Le prisonnier n'eut pas le loisir de réflé-
chir beaucoup à l'avis qu'il venait de rece-
voir, car son attention fut tout de suite at-
tirée par un visiteur inattendu- qui venait
de surgir sur le rebord de la fenêtre.
Ce visiteur n'était autre que Jack Pott, le
perroquet bleu que la rupture de sa cbatne
avait rendu à la liberté-
Avec l'instinct admirable des bêtes, il
avait voleté de toit en toit, de fenêtre' en le»
nêtre jusqu'à son ancien domicile.
Engagé entre les barreaux qui garnis-
saient la meurtrière, il fixait sur David son
œil toujours légèrement goguenard.
Eh bonjour, Jack fit le jeune homme
avec enjouement Comment vous portez-
vous, nld jellow
L'animai fit entendre un petit grincement
qui lui était propre, et par lequel il mar-
quait d'ordinaire son contentement Puis,
après un moment d'hésitation, il se laissa
tomber eur la paillasse où Davy était
étendu.
Pendant ce temps, dans la salle, Legar
avait rejoint ses hommes.
Je sors, dit-il En mon absence, qu'on
veille étroitement sur le prisonnier.
Comme il atteignait la porte, Muller, un
de ses lieutenants en qui il avait le 'plus
de confiance, s'approcha de lui
Si vous vouliez me permettre de vous
donner mon avis, gouverneur, je ne laisse-
rais pas cet homme dans le caveau.
Pourquoi ?
(A suivre.)
{Ce feuilleton esi te troisième de Pépisode
n' 5 intituté le perroquet bleu et qui sera pro-
jeté au cinéma à partir du vendredi 8 dé>
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