Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-09-15
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 123753 Nombre total de vues : 123753
Description : 15 septembre 1915 15 septembre 1915
Description : 1915/09/15 (Numéro 11523). 1915/09/15 (Numéro 11523).
Description : Note : édition de Paris. Note : édition de Paris.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k571388p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/05/2008
LES RUINES
historiques
Partout sur notre front l'obus et l'in-
cendie ont accumulé les ruines, amon-
celé les décombres. Nombre de ces rui-
nes sont pleines de souvenirs militaires
et constituent des pages singulièrement
émouvantes et tragiques d'une des pé-
riodes les plus belles de notre histoire
nationale on y lit, mieux que dans
l'ouvrage du plus puissant historien, la
vaillance admirable de nos soldats et la
sauvage barbarie des troupes alle-
mandes.
Certaines de ces ruines sont de plus
grandiosement belles dans leur horreur
tragique. C'est ainsi que je ne connais
pas de spectacle plus imposant, plus
emouvant, plus impressionnant que les
grandioses ruines d'Ypres que, dans
une rage folle de destruction, les bat-
teries allemandes continuent sans cesse
de bombarder. Il n'est pourtant plus
dans cette cité martyre une seule mai-
son debout et les obus allemands se
sont principalement acharnés à détruire
les majestueuses halles du XIV siècle
qui, dans leur déchéance, sont plus
belles que jamais.
Il faut que nous léguions intacts quel-
ques-uns de ces souvenirs tragiques
aux générations futures. Il faut, dès
maintenant, choisir le long de notre
front, quelques-uns des villages com-
plètements détruits pour les conserver
pieusement dans leur état actuel.
Il faut, par exemple, que, dans la ré-
gion du Nord, Carency, dont les décom-
bres impressionnants dénotent l'ardeur
du combat, perpétue la bravoure de
nos soldats et l'impétuosité de leur
offensive.
Il faut qu'à l'est Nomény, odieuse-
ment pillé, lâchement incendié, illustré
par les plus sauvages exploits de la sol-
datesque allemande, rappelle à jamais
par ses murs calcinés et ses décombres
informes les crimes effroyables du mili-
tarisme germanique..
Et c'est dans leur entier qu'il faut
conserver en leur état actuel ces villa-
ges complètement détruits et ne for-
mant plus qu'un amas de ruines inha-
bitabies.
Il est d'autres cités moins complète-
ment anéanties dont il faut néanmoins
conserver certaines des ruines les plus
émouvantes. C'est ainsi qu'il serait infi-
niment regrettable, de faire complète-
ment disparaître de Gerbéviller toute
trace de la harbarie allemande. Il faut
que cette cité si éprouvée garde intacte
celle de Ses rues qui forme le plus im-
posant amas de ruines tragiques.
A.rras doit de son côté conserver pieu-
sement les belles ruines de son regretté
beffroi et du si joli quartier qui l'envi-
tonnait; quartier qui n'est plus à l'heure
qu'il est qu'un majestueux monceau de
:.idécombres.
Il faut que demain et pour toujours
ces ruines historiques deviennent un
lieu de pèlerinage patriotique où seront
conduits les enfants de nos écoles il
n'y aura pas pour eux de meilleure le-
çon d'histoire et de plus efficace ensei-
gnement du patriotisme.
Dira-t-on que ces ruines se désagré-
geront à la longue et perdront de
leur intérêt documentaire, de leur pré-
cision historique ? Le temps, en effet,
les transformera lentement, en modi-
fiera légèrement la forme et la couleur,.
les ornera d'herbes et da mousses mais
elles n'en resteront pas moins, durant
des siècles, le souvenir le plus précieux
et le plus émouvant de la grande pé-
riode que nous vivons.
Objectera-t-on que ces ruines ont tou-
jours de légitimes propriétaires qui sont
libres d'en disposer à leur gré et peu-
vent désirer réédifier leur home à l'en-
droit même où ils ont vécu jadis ? Mais
ici, comme en toute chose, l'intérêt gé-
néral doit dominer l'intérêt personnel et
les sentiments individuels, si respecta-
bles soient-ils, doivent s'effacer devant
le sentiment national.
Bien entendu cetfe expropriation de-
vra donner droit, pour les intéressés, à
une indemnité totale leur permettant.de
reconstruire leur' habitation dans la ré-
gion la plus voisine. Mais il suffit pour
cela de prévoir dans la loigénérale rela-
tive à la réparation des dommages de
guerre une procédure d'expropriation
donnant toute garantie aux intéressés.
Il n'en résultera qu'une dépense sup-
plémentaire relativement légère pour
l'Etat,. puisqu'il est dès maintenant en-
tendu que, dans un grand- et bel effort
de.solidarité nationale, les dommages de
guerre seront intégralement réparés par
la nation.
Bien loin d'être, atteints par cette me-
sure, les habitants des villes détruites
en tireraient avantages et profits, la
vieille cité morte devenant pour la cité
nouvelle édifiée à ses côtés une source
de richesses en attirant lei touristes et
les visiteurs.
Mais il ne faut pas trop tarder à pren-
dre une décision et à classer comme
monuments historiques les ruines à
conserver. Ainsi ces vestiges de la plus
formidable des guerres que l'histoire
de l'humanité ait eu à enregistrer, se-
ront dès maintenant respectés et conser-
vés dans leur aspect le Plus poignant
dans leur entière vérité historique.
Déjà certaines cités détruites, main-
tenant éloignées du front, renaissent de
leurs cendres. C'est ainsi que, grâce aux
bel effort de Mirman, l'actif et coura-
geux préfet de Meurthe-et-Moselle, la
vie renaît rapidement à Gerbéviller,' les
maisons réparables y redeviennent nabi-
tables, des constructions provisoires
parfaitement comprises se sont élevées,
quelques centaines d'habitants vivent
déjà à côté des ruines dont on devrait,
sans plus attendre, limiter la partie à j
conserver.
Que d'intéressants vestiges du moyen
'Age ont totalement disparu faute d'avoir
pris en temps voulu les mesures conser-
vatoires nécessaires. Evitons qu'il en
.soit ainsi des glorieux vestiges de la
guerre actuelle, vestiges consacrés par
tant de misères et de sang.
J.-L. Breton,
tipulê du Cher
M. RENÉ BESNARD
sous-secrétaire d'Etat
de l'aéronautique militaire
Un quatrième sous-secrétariat d'Etat, ce-
lui de l'aéronautique militaire, est créé.
Ainsi que nous l'avons annoncé, le conseil
des ministres a soumis hier le dé-
cret qui l'institue à la signature du prési-
dent de la République.
Le Journal officiel de. ce matin. notifie ce
décret dans les termes suivants
Monsieur le président.
Les besoins de l'aéronautique vont sans
cesse en se développant et en se transformant.
Le zèle et le dévouement du personnel, à tous
les degrés, de la Xll' direction du ministère
de la guerre, ont permis d'améliorer dans des
proportions remarquables là situation initiale.
Les nécessités de la guerre révèlent., cepen-
dant. chaque jour. Vu-
tilûé de modifier les
programmes antérieurs
et de créer pour des be-
soin,s nouveaux des ins-
truments appropriés.
Ces conditions ont
amené le gouverne-
ment penser au'il se-
rait souhaitable d'a-
dopter pour ce service
une forme d'organisa-
lion dont l'expérience
a démontré ailleurs les
avantages.
M. René Besnard, dé-
,pitié, rapporteur du
budget .de la puerre,
lui a paru pleinement
qualifié pour en assu-
mer la charge. Assisté
comme ses collègues,
les sous-secrétaires d'E-
tat de l'artillerie et des
munitions, du ravitail-
tement et ae vm.tenaa.nce, ae consens pns jjut-
mi les techniciens et les industriels. il sera as-
surément en mesure de rendre à l'aéronauti-
que et à l'armée d'éminents services.
Si vous apprnuvez ces considérations, je
vous serai obligé, monsieur le président, de
revétir de votre signature le projet de décret
ci-joint.
Veuillez agréer, monsieur le président.
thommaae de mon respectueux dévouement.
LE ministre DE LA GUERRE.
Le même décret nomme comme sous-se-
crétaire d'Etat placé en cette qualité au mi-
nistère'de la guerre à la tête de la direction
de l'aéronautique militaire M. René Bes-
nard.
Un second décret fixe les attributions du
nouveau titulaire du sous-secrétariat de
l'aéronautique militaire.
En voici le texte
Article premier. il est ajouté au décret
susHsé du 18 juillet un article nouveau
ainsi concu,
« ARTICLE 3 bis. Le sous-secrétaire d'Elat
au ministère de la guerre, placé à la tête de la
12e directioia, prend le titre de sous-secrétaire
d'Etat de l'aéronautique militaire. En cetle
quaLité, au nom et pur délégation permanente
du ministre,, il dingc le service de l'aéronau-
lique militaire.
y> Il arrêta et soumet au ministre toutes les
propositions relatives au personnel et aux
troupes de Vaéronautique qui relèvent de son
autorité.
Le nouveau sous-secrétaire d'Etat de l'a- Il
viàtion militaire est né à Artannes (Indre-et-
le 12 avril 1879 il a donc trente-six
ans.
Elu député en 1906 par la première cir-
conscription de Tours, réélu en 1910, il
rapporta dès cette deuxième législature,
deux budgets importants le budget des
chemins de fer de l'Etat et le budget des
finances.
Lors de la constitution du cabinet Cail-
laux, en juin 1911, il fut le collaborateur de
M. Klotz comme sous-secrétaire d'Etat aux
finances. Il resta le collaborateur du minis-
tre des finances dans le cabinet Poincaré,
constitué en janvier 1912.
Il a été déjà deux fois ministre une pre-
mière fois, il prit le portefeuille des colo-
nies quand le titulaire de ce départemest,
M. 'Albert Lebrun, remplaça dans le cabi-
net Poincaré M. Millerand. ministre de la
guerre démissionnaire une seconde fois, il
fut ministre du travail, dans le cabinet
Briand en'janvier 1913.
Comme l'on voit, bien que M. René Ses-
nard soit un des benjamins de la Chambre,
il a déjà une carrière parlementaire des
mieux remplies.
Le général Hirschauer part pour le front
Le. général Hirschauer, directeur de
l'aéronautique mi'itaire, est mis, sur sa de-
mande, à la disposition du général com-
mandant en chef les armées du nord et de
l'est
PROPOS D'UN PARISIEN
Les deux amis ont épousé les deux
sœurs. La guerre survient. Les deux frères
d'armes, lieutenants tous deux, bataillent
ici et là, restent de longs mois séparés. Le
hasard d'un mouvement les réunit dans ie
même secteur. Tapis dans la même « Ga-
gna », car les marmites pleuvent dru, ils
décident, après l'accolade, d'écrire mutuel-
lement à leurs aimées pour leur faire part-
ger la joie de leur rencontre. Un camarade
entre, prend placé auprès d'eux, bavarde
et plaisante tandis qu'ils écrivent. Un obus
tombe juste sur la « cagna », épargne le
tiers, tue l'un des deux beaux-frères, blesse
mortellement l'autre. Au bout d'un temps,
le moribond s'éveille de sa torpeur, et de-
mande des nouvelles de son ami.
Il est mort, lui dit-on.
Alors, dans un dernier souffle
Je suis content de mourir, balbutie-
t-il, pour ne pas être chargé d'annoncer la
nouvelle à sa femme.
Nos diables bleus », dans un coup de
fougue, avaient enlevé deux lignes de tran-
chées et fait prisonnier un commandant en-
nemi. Tout penaud de s'être, en somme,
assez sottement laissé prendre, l'Allemand
subissait à son propre poste et d'assez
mauvaise grâce l'interrogatoire usuel. Au
bout de quelques secondes, l'artillerie bo-
che, un instant déroutée, se prit à battre
furieusement les positions conquises. Et
chaque rafale qui passait, l'officier, Sicam-
bre sans vergogne, plongeait furieusement
du col.
Peste, monsieur, goguenarda le petit
lieutenant de chasseurs qui l'interrogeait,
voici que vous saluez jusqu'à vos obus
Et comme le Boche faisait mine de rece-
ler, pensant qu'on allait l'évacuer vers des
sites moins accidentés
Patience, monsieur, sourit son inter-
locuteur. Nous ne serons pas, s'il vous
plaît, en reste de politesse, et vous souf-
frirez que nous restions ici, debout, tant
que les vôtres nous feront la grâce de pro-
longer l'entretien.
LES DERNIERS EXPLOITS DE NOS AVIONS
Chacun des points noirs de cette carte représente les endroits où nos escadrilles de'bombar-
dement ont depuis quatre jours fait sentir leur action efficace
(Officiel.) 14 septembre.
Nos avions ont bombardé la ,gare de
bifurcation de Bensdorf, près de Mor-
ange, et les cantonnements ennemis
de Chatel-en-Argonne, et de Lange-
marck, au nord d'Ypres.
A l'heure où l'organisation de notre
armée aérienne est soumise à l'autorité
centralisatrice d'un sous-secrétaire d'E-
tat, il est intéressant de constater que
l'activité de nos escadrilles, durant cette
période d'attente stratégique, rivalise
avec celle de notre artillerie.
Chaque jour, de multiples expéditions
s'essaiment au-dessus des cantonnements,
des centres de ravitaillement ou de ras-
semblement de l'ennemi et il n'est pas
douteux que l'apparition de nos avions*
suivie du jet de nombreux projectiles, ne
produise d'importants effets de trouble
parmi les services d'arrière du front al-
lemand.
Avant-hier, un raid à grande distance
a été particulièrement réussi par una
escadrille dont la composition ne nous
est pas indiquée. Il a été dirigé contre la
petite ville de Donaueschingen, située il
125 kilomètres à l'est de nos lignes d'Al-
sace et non loin des sources du Danube.
Il a pris ensuite pour objectif la gare
de Marbach, peu distante de la ville pré-
cédente. Pour parvenir à leur but, les
aviateurs ont dû survoler les Vosges, la
vallée du Rhin et la Forêt-Noire.
Ces opérations étaient motivées par la
connaissance que possédait notre état-
major de forts rassemblements de trou-
pes dans ces localités. Ces troupes, sta-
tionnées, ou encore en mouvement sur
les voies ferrées, ont été bombardées. Et
ainsi se vérifie la sûreté de notre service
de renseignements.
En même temps, une forte escadrille,
comprenant dix-neuf appareils, allait
au-dessus de la ville de Trèves lancer
une centaine d'obus. C'est ce bombarde-'
ment qui, officiellement, est représenté
comme une réplique aux attaque-s- aérien-
nes récentes dont les villes ouvertes de
Lunéville et de Compiègne ont été les
victimes.
Certes, contre un ennemi sauvage,et
déloyal, toutes représailles sont justi-
fiées. Pourtant nos aviateurs doivent
Communigués officiels du 14 septembre
(408e JOUR DE LA GUERRE)
L'activité de l'artillerie sur le front D'ARTOIS est toujours la même.
Au SUD DE la Somme, bombardement réciproque et particulièrement
violent aux environs de Tilloloy, le Cessicr et Beuvraignes.
,4ctions d'artillerie continues sur le canaL de l'Aisne d la Marne, près
de Sapigneul et du Godai, en Champagne, au nord du camp de ChdLons,
et sur la lisière occidentale de L'Argonne.
Au buis de Mortmare, nos batteries ont fait cesser le leu des mitrail-
leuses ennemies et exécuté des tirs efficaces sur certains saillants de la
signe allemande.
Nuit calme sur le reste du f ront. ̃̃̃-̃̃»
• 23 heures
Lutte d'artillerie toujours vive AUTOUR d'Ar ras, dans les régions de
Royc et de Nouvron, et SUR LE front DE Champagne, particulièrement près
d'Aubcrive, de Souain et de Perdes.
Ou signale également une canonnade assez violente en forêt d'Apre-
mont, au nord de Flirey et en Lorraine, dans la région d'Emberménil.
SUR LE FRONT RUSSE
i) Poste sanitaire dans un moulin démoli.
2) L'interrogatoire des prisonniers à l'état-major de la division.
viser plus loin que leur stricte exécù-
tion ce né sont plus des ripostes seule-
ment que la France attend d'eux, mais
bien des coups droits contre les grandes
cités allemandes, qui se croient invulné-
rables dans leur éloignement.
Il est une de ces cités, dont le nom du-
rant quarante-quatre ans a enclos notre
plus .douloureux souvenir. Elle est l'une
des capitales de ce négoce germanique
par lequel le monde devait être conquis,
et dont la faillite doit être précipitée.
Pour la frapper de terreur, il suffit à
des hélices 'de fournir un nombre de
tours up pgu supérieur à celui enregis-
tré par les avions du raid de Marbach et
de Donaueschingen.
Commandant de Civrieux
[Le communiqué du 13 septembre, vine
trois heures, mentionnait sans autre indica-
tion le bombardement des gares de Donaues-
chingen. sur le Danube et de Marbach. Il y a
deux Marbach, l'une de ces villes est située
dans le Wurtemberg, l'autre, de moindre im-
portance. dans le grand-duché de Bade, à une
dizaine de kilomètres au nordrouest de Do-
naueschingen. C'est cette dernière localité qui
a reçu la visite efficace de notre escadrille
d'avions.]
LES ZEPPELINS.
Pour la vingt-deuxième fois,
ils ont hier survolé l'Angleterre
LONDRES, i4 septembre. Dépêche
particulière du Il Matin ». L'aéroplane
qui survola hier la côte du comté de
Kent a blessé non pas quatre person-
nes, comme il a été précédemment rap-
porté, mais bien sept, un homme et six
femmes.
Deux de ces dernières sont griève-
ment atteintes.
Hier soir encore, un zeppelin a sur-
volé la côte Est, jetant quelques bom-
bes.
Les batteries antiaéronefs fixes et mo-
biles entrèrent en action.
Autant qu'on a pu s'en assurer, les
bombes n'ont causé ni accident de per-
sonne, ni aucun dommage matériel.
15 heures
L'ANGOISSE EFFROYABLE
Au poste da rafliotèlégrapMe
[D'UN CORRESPONDANT PARTICULIER DU Il MATIN Il}
Sur le front, septembre 1915.
La lutte d'artillerie ne se prête pas, comme
les combats d'infanterie, aux prouesses indi-
viduelles. L'artilleur, de par sa fonction, ne
connaît pas l'enivrement de l'assaut. D'au-
tres sensations lui sont réservées.
Y a-t-il rien de plus passionnant, en effet,
que de repérer un but ennemi, et quelle sa-
tisfaction vaut celle de savoir que chaque
obus que l'on envoie tombe en bonne place ?
Pour régler son tir, l'ennemi se sert d'aé-
roplanes observateurs, munis d'appareils de
télégraphie sans fil.
C'est un moyen d'information très précis,
dont d'ailleurs nous nous servons aussi bien
qu'eux.
Au petit poste récepteur, établi par nos
soins, ceux d'entre nous qui connaissent
l'allemand vont, à tour de rôle, prêter une
oreille attentive au bavardage des vilaine
oiseaux.
Nous évitons ainsi, de justesse, les mar-
mites et autres cadeaux qui nous sont des-
tinés.
Aux allées et venues rageuses des taubes
et des aviatiks, nous comprlmes un jour
que l'ennemi, devant la vanité de ses
efforts, suupçonnait la présence de notre
petit poste et qu'il mettait toute son appli-
cation à le découvrir.
Bien qu'en rase campagne, il était bien
dissimulé, notre petit poste, seul un mât sup-
portant les fils de l'antenne pouvait donner
l'éveil..
Soudain un taube se mit à décrire au-
dessus ,du petit màt des cercles de plus en
plus étroits. Une formidable explosion se
produisant à quelques mètres, tira tout le
monde d'incertitude.
De toute évidence, nous étions repérés.
Le premier coup était trop long de cent
mètres.
Le second coup, qui ne se fit guère atten-
dre, était, de cent mètres trop court.
Au troisième coup, une gerbe de terre a
jailli tout près du poste sur la même ligne.
Anxieux, nous pensions à l'homme enfer-
mé dans le petit poste pour lequel il n'y
avait aucune retraite possible.
Cet homme doit passer d'étranges mo-
ments. A sa table de service, il enregistre
toutes les rectifications de tir commandées
par le taube. Il sait d'avance que le qua-
trième coup sera le bon.
Il arrive, le quatrième coup, juste en
plein sur l'antenne, qu'il abat.
L'avion ennemi fait alors demi-tour et
rentre dans ses lignes escorté par nos
shrapnells qui moutonnent autour de lui.
Quand nous pouvons arriver au petit pos-
te, nous trouvons notre camarade enseveli
sous un éboulement, sans blessure grave,
mais avec des contusions multiples. Les
appareils étaient saufs. Et le soir même un
nouveau petit poste se trouvait prêt à assis-
ter, en curieux intéressé, aux conversations
échangées entre les avions et les batteries
ennemies.
ON EXTRAIT UN PROJECTILE DU COEUR
Le docteur Infroit a lait hier à l'Acadé-
mie de médecine une communication parti-
culièrement remarquable. Elle concerne
l'extraction d'une balle de shrapnell logée
dans l'oreillette droite du cœur d'un blessé.
C'est là une merveille chirurgicale due
encore une fois aux localisations radiolo<»i-
ques. M. Infroit se sert à cet effet du com-
pas radio-chirurgical dont il est l'inventeur.
Grâce à la précision de sa méthode, le doc-
teur Infroit qui est lui-même un héros 1e
la rad;ogi apfue, puisqu'il a d0 subir ^ne
amputation à la suite d'accidents radiolo-
logiques a effectué des extractions de
corps étrangers de toute nature boutons
d'uniformes, plaques d'équipement, pièces
de munnnie, et projectiles logés dans le pou-
mon, le cerveau, le foie, le rachis. Hier en-
core, il entretenait l'Académie d'une autre
extraction non moins intéressante, celle
d'une pièce de cinq francs dans la paroi ab-
dominale.
On conçoit aisément quelle doit être la
sûreté mathématique de localisations de ce
genre pour que, lors de l'acte opératoire,
les organes essentiels ne soient pas lésés,
Il faut garder à vue
les clous de Hindenburg
Le Matin, dans son numéro d'hier, a re-
produit une vue de la cc kolossale » statue
en bois du maréchal de Hindenburg, dans
laquelle les Berlinois sont invités à enfonct1r
des clous en témoignage de patriotisme. II
y a des clous d'or coûtant cent mark, des
clous d'argent dont leprix est de cinq mark,
et de vulgaires clous de fer qui ne se ven-
dent qu'un mark. II est même question d'ins-
tituer encore une classe intermédiaire des
clous d'argent dont le prix est de cinq mark,
les bourses de la bourgeoisie moyenne, che-
valiers de l'Aigle rouge de quatrième classe,
conseillers d'économie ou de chancellerie,
auxquels leur dignité interdit d'être confon-
dus avec le 'wnulaire.
Hélas malgré toutes ces subtiles et sa-
vantes distinctions, le succès semble loin
d être ce qu'on en attendait.
C'est, en effet, ce que nous apprend m
journal berlinois des plus kaiseristes, la
Gazelle de Voss
« Jusqu'à présent, constate la feuille ber-
linoise avec mélancolie, c'est à peine si les
clous enfoncés font de rares taches sur le
Hindenburg de bois. On remarque à peine
quelques emplâtres sur ses bottes, quelques
stoppages sur sa gigantesque tunique. »
Non seulement les Berlinois ne s'em.
pressent pas d'enrichir la caisse du « ïéti-
che boche n, mais on est même encore abli-
ge de la préserver contre les voleurs. C'est
toujours la même Gazette qui nous l'ap-
prend
« Afin que des amateurs net patriotique
ne volent pas pendant la nuit les clous d'or
et d'argent enfoncés dans le monument, ;l
a fallu instituer un service spécial de garde
sur la place Royale. En outre, on a uècidé
de renforcer les palissades qui entourent la
place.
Et la Gazette de gémir avec candeur
Les voleurs ne respectent même pas
ce qu'il y a de plus respectable Il
Mon Dieu, oui Ces voleurs oublient qu'ils
ne sont ni en Belgique ni en Frhnce
L'exploit du sous-marin fapin
Nous avons publié hier le communiqué ita-
lien relatant l'attaque de torpilleurs ennemis
par le sous-marin français Pnvin.
Voici la note que communique à ce sujet le
ministère de la marine
Le sous-marin yrançais PaDin,- faisant
partie de l'escadrille de sous-mariits fraie-
çais adjoints aux forces navales italiennes
dons l'Adriatique, a rencontTé lce 9 septem-
bre, près du cap Btanka, un groupe de tor-
pilleurs autrichiens. Il a réussi rl torpiller
t'utt d'eux et lui a. fait subir de graves
avaries.
viflGT-flDiT mmitmijos
Ce sera le bilan formidable
d'un an et demi de guerre
Le projet de loi que M. Ribot, ministre
des fmances, déposera demain sur le bu-
reau de la Chambre fixe à six milliards cent
millions le montant des crédits nécéâsàireâ^
pour les trois derniers mois de l'année oc-
tobre, novembre et décembre.
Du Ie* août 1914, début de la guerre jus-
qu'au 31 décembre 1915, c'est-à-dire dan.4
1 espace d'un an et demi, les crédits deman-
dés par le ouvernement s'élèveront à la
somme de 28 milliards, total qui se décorn-
pose ainsi du août au 31 decembre
bJ79.378.053 francs. du le' janvier au Jitfi
septembre 1915, 15.615.428.643 francs du
1er octobre au 31 décembre 1915 6.100.000.0ÛO
de francs.
28 milliards, ceci représente six année
de budget ordinaire.
Echange de télégrammes entre-le tsar
et le roi des Belges
Petoograd, 14 septembre. Le tsar et
le roi des Belges ont échangé les télégrant-
mes suivants
Me mettant aujourd'hui la tête de me.*
armées, il m'est à coeur d'exprimer à Votre
Majesté le.s souhaits les plus cordiaux que
je forme pour elle ainsi que pour sa noble
et vaillante armée.
NICOLAS.
Je suis très touché du télégramme da
Votre Majesté et je la remercie des senti-
ments de sympathie qu'elle exprime Vè-
gard de la Belgique et de son armée dan*
te temps de dure et longue épreuve.
(Havas.) ALBERT.
Du Jules Verne en action
Marseille, 13 septembre. Du corres-
pondant articulier du Matin ». Actuel-
lement réside dans notre ville un ingénieur
italien qui aurait fait une stupéfiante dé-
couverte en résolvant le problème de l'im-
mobilité absolue d'un corps dans l'espace.
Le professeur Louis Rota c'est sou
nom, aurait inventé un appareil qui,
triomphant de la loi de la gravitation, pour-
rait se tenir immobile dans l'air à une hau-
teur de cinq cents, six cents, voire mille
mètres, et serait susceptible de supporter un
poids considérable.
On pourrait imprimer à cet appareil un»
vitesse prodigieuse dans n'importe quetlu
direction et l'arrêter à n'importe quel point.
Tout cela, bien entendu, sans moteur méca-
nique d'aucune sorte, simplement par l'em-
ploi des ondes hertziennes.
Le principe de cette invention reposerait
sur une répartition spéciale des forces élec-
triques et magnétiques, permettant d'obte-
nir des réactions de répulsion et d'attrac-
tion suffisantes pour maintenir l'appareji
suspendu, immobile, à une hauteur variant
de à 1.000 mètres durant plusieurs heu-
res, quarante au plus. En cas de vent ne
dépassant pas quatorze mètres à la secon-
.de, l'appareil reste au même point. En "as
de vent plus fort, il se meut dans une direc-
tion verticale, monte au-dessus du courant
aérien, et reprend son immobilité.
Des expériences ont été faites qui ont tfêj'à
donné des résultats. D'autres vont être ini.
tes à Marseille même, avec un appareil
ayant la forme d'un cigare, lang de 4 mi>
tres, avec centimètres de diamètre, et du
poids de 95 kilos il peut enlever 45 kilos.
rester 24 heures dans l'air, se déplacer jus-
qu'à 200 kilomètres de son point de départ
Un pourrait le faire aller de Marseille à Pa-
ris (653 kilomètres en ligne directe) en trois
heures, et de Paris à Turin (585 kilomètres)
en deux heures quarante.
M. Poincaré visite
les mobilisés de l'atelier
et ceux du front
Remise de drapeaux
Le président de la République, accompa-
gné de M. Albert Thomas, sous-secrétaire
d'Etat des munitions, a quitté Paris ven-
dredi pour aller visiter, à Lyon, à Saint-
Etienne, et dans plusieurs autres communes
de la région, Oullins, Firminy, le Chani-
bon, etc., les usines qui travaillent pour la
défense nationale.
Il s'est successivement arrêté dans un
grand nombre d'établissements où sont fa-
briqués des canons, des munitions, des mi-
trailleuses et des fusils
Nulle part le travail n'a été interrompt
pendant la visite. Le président s'est entre-
tenu avec les industriels, les officiers d'ar-
tillerie et les ouvriers. Il s'est fait rendre
compte de la situation quotidienne des fa.
brications et des améliorations projetées. Il
a remercié les chefs d'industrie, les ingé-
nieurs, les ouvriers, de leur concours pa-
triotique et il a insisté partout sur la néces-
sité de donner à la production une activité
croissante.
Le président et le sous-secrétaire d'Etat
ont également visité les ateliers de cons-
truction de Lyon, le parc d'artillerie de !a
place, la manufacture d'armes de Saint-
Etienne, ainsi que des usines de produis
chimiques, occupées à fabriquer des explo-
sifs.
Aux écoles des mutilés
Dans l'après-midi de dimanche, le prési-
dent s'est rendu dans les écoles de mutilés,
organisées par M. Herriot, sénateur et mai-
j re de Lyon, qu'il a chaleureusement félicité
1 de sa généreuse initiative. Plus de deux
cents soldats réformés, privés d'une jambe
ou d'un bras, apprennent, dans ces écoles.
des métiers variés menuiserie, cordonne-
rie, reliure, comptabilité, etc. Ils sont logés
et nourris ils reçoivent une paye quotidien-
ne et ont droit, en outre, au produit de leur
travail. La plupart sont déjà parvenus à une
dextérité remarquable.
M. Herriot a ensuite montré au président
les divers services qui fonctionnent à' la
mairie, avec le concours de Mme Herriot et
d'un grand nombre de dames lyonnaises,
pour les envois aux prisonniers, pour la re-
cherche des disparus, pour les secours aux
réfugiés, etc. Le président a vivement admi-
ré cette organisation il a laissé cinq mille
francs il l'iL Herriot pour ces œuvres de
guecre.
Il a ensuite visité l'ambulance installée à
l'Hôtel-Dieu et a remis à un certain nombre
de blessés des médailles militaires et dès
Croix de guerre, pour lesquelles ils étaient
.proposés. Il a laissé mille francs pour les
soldats en traitement.
Reconnu à la sortie de la mairie et de
historiques
Partout sur notre front l'obus et l'in-
cendie ont accumulé les ruines, amon-
celé les décombres. Nombre de ces rui-
nes sont pleines de souvenirs militaires
et constituent des pages singulièrement
émouvantes et tragiques d'une des pé-
riodes les plus belles de notre histoire
nationale on y lit, mieux que dans
l'ouvrage du plus puissant historien, la
vaillance admirable de nos soldats et la
sauvage barbarie des troupes alle-
mandes.
Certaines de ces ruines sont de plus
grandiosement belles dans leur horreur
tragique. C'est ainsi que je ne connais
pas de spectacle plus imposant, plus
emouvant, plus impressionnant que les
grandioses ruines d'Ypres que, dans
une rage folle de destruction, les bat-
teries allemandes continuent sans cesse
de bombarder. Il n'est pourtant plus
dans cette cité martyre une seule mai-
son debout et les obus allemands se
sont principalement acharnés à détruire
les majestueuses halles du XIV siècle
qui, dans leur déchéance, sont plus
belles que jamais.
Il faut que nous léguions intacts quel-
ques-uns de ces souvenirs tragiques
aux générations futures. Il faut, dès
maintenant, choisir le long de notre
front, quelques-uns des villages com-
plètements détruits pour les conserver
pieusement dans leur état actuel.
Il faut, par exemple, que, dans la ré-
gion du Nord, Carency, dont les décom-
bres impressionnants dénotent l'ardeur
du combat, perpétue la bravoure de
nos soldats et l'impétuosité de leur
offensive.
Il faut qu'à l'est Nomény, odieuse-
ment pillé, lâchement incendié, illustré
par les plus sauvages exploits de la sol-
datesque allemande, rappelle à jamais
par ses murs calcinés et ses décombres
informes les crimes effroyables du mili-
tarisme germanique..
Et c'est dans leur entier qu'il faut
conserver en leur état actuel ces villa-
ges complètement détruits et ne for-
mant plus qu'un amas de ruines inha-
bitabies.
Il est d'autres cités moins complète-
ment anéanties dont il faut néanmoins
conserver certaines des ruines les plus
émouvantes. C'est ainsi qu'il serait infi-
niment regrettable, de faire complète-
ment disparaître de Gerbéviller toute
trace de la harbarie allemande. Il faut
que cette cité si éprouvée garde intacte
celle de Ses rues qui forme le plus im-
posant amas de ruines tragiques.
A.rras doit de son côté conserver pieu-
sement les belles ruines de son regretté
beffroi et du si joli quartier qui l'envi-
tonnait; quartier qui n'est plus à l'heure
qu'il est qu'un majestueux monceau de
:.idécombres.
Il faut que demain et pour toujours
ces ruines historiques deviennent un
lieu de pèlerinage patriotique où seront
conduits les enfants de nos écoles il
n'y aura pas pour eux de meilleure le-
çon d'histoire et de plus efficace ensei-
gnement du patriotisme.
Dira-t-on que ces ruines se désagré-
geront à la longue et perdront de
leur intérêt documentaire, de leur pré-
cision historique ? Le temps, en effet,
les transformera lentement, en modi-
fiera légèrement la forme et la couleur,.
les ornera d'herbes et da mousses mais
elles n'en resteront pas moins, durant
des siècles, le souvenir le plus précieux
et le plus émouvant de la grande pé-
riode que nous vivons.
Objectera-t-on que ces ruines ont tou-
jours de légitimes propriétaires qui sont
libres d'en disposer à leur gré et peu-
vent désirer réédifier leur home à l'en-
droit même où ils ont vécu jadis ? Mais
ici, comme en toute chose, l'intérêt gé-
néral doit dominer l'intérêt personnel et
les sentiments individuels, si respecta-
bles soient-ils, doivent s'effacer devant
le sentiment national.
Bien entendu cetfe expropriation de-
vra donner droit, pour les intéressés, à
une indemnité totale leur permettant.de
reconstruire leur' habitation dans la ré-
gion la plus voisine. Mais il suffit pour
cela de prévoir dans la loigénérale rela-
tive à la réparation des dommages de
guerre une procédure d'expropriation
donnant toute garantie aux intéressés.
Il n'en résultera qu'une dépense sup-
plémentaire relativement légère pour
l'Etat,. puisqu'il est dès maintenant en-
tendu que, dans un grand- et bel effort
de.solidarité nationale, les dommages de
guerre seront intégralement réparés par
la nation.
Bien loin d'être, atteints par cette me-
sure, les habitants des villes détruites
en tireraient avantages et profits, la
vieille cité morte devenant pour la cité
nouvelle édifiée à ses côtés une source
de richesses en attirant lei touristes et
les visiteurs.
Mais il ne faut pas trop tarder à pren-
dre une décision et à classer comme
monuments historiques les ruines à
conserver. Ainsi ces vestiges de la plus
formidable des guerres que l'histoire
de l'humanité ait eu à enregistrer, se-
ront dès maintenant respectés et conser-
vés dans leur aspect le Plus poignant
dans leur entière vérité historique.
Déjà certaines cités détruites, main-
tenant éloignées du front, renaissent de
leurs cendres. C'est ainsi que, grâce aux
bel effort de Mirman, l'actif et coura-
geux préfet de Meurthe-et-Moselle, la
vie renaît rapidement à Gerbéviller,' les
maisons réparables y redeviennent nabi-
tables, des constructions provisoires
parfaitement comprises se sont élevées,
quelques centaines d'habitants vivent
déjà à côté des ruines dont on devrait,
sans plus attendre, limiter la partie à j
conserver.
Que d'intéressants vestiges du moyen
'Age ont totalement disparu faute d'avoir
pris en temps voulu les mesures conser-
vatoires nécessaires. Evitons qu'il en
.soit ainsi des glorieux vestiges de la
guerre actuelle, vestiges consacrés par
tant de misères et de sang.
J.-L. Breton,
tipulê du Cher
M. RENÉ BESNARD
sous-secrétaire d'Etat
de l'aéronautique militaire
Un quatrième sous-secrétariat d'Etat, ce-
lui de l'aéronautique militaire, est créé.
Ainsi que nous l'avons annoncé, le conseil
des ministres a soumis hier le dé-
cret qui l'institue à la signature du prési-
dent de la République.
Le Journal officiel de. ce matin. notifie ce
décret dans les termes suivants
Monsieur le président.
Les besoins de l'aéronautique vont sans
cesse en se développant et en se transformant.
Le zèle et le dévouement du personnel, à tous
les degrés, de la Xll' direction du ministère
de la guerre, ont permis d'améliorer dans des
proportions remarquables là situation initiale.
Les nécessités de la guerre révèlent., cepen-
dant. chaque jour. Vu-
tilûé de modifier les
programmes antérieurs
et de créer pour des be-
soin,s nouveaux des ins-
truments appropriés.
Ces conditions ont
amené le gouverne-
ment penser au'il se-
rait souhaitable d'a-
dopter pour ce service
une forme d'organisa-
lion dont l'expérience
a démontré ailleurs les
avantages.
M. René Besnard, dé-
,pitié, rapporteur du
budget .de la puerre,
lui a paru pleinement
qualifié pour en assu-
mer la charge. Assisté
comme ses collègues,
les sous-secrétaires d'E-
tat de l'artillerie et des
munitions, du ravitail-
tement et ae vm.tenaa.nce, ae consens pns jjut-
mi les techniciens et les industriels. il sera as-
surément en mesure de rendre à l'aéronauti-
que et à l'armée d'éminents services.
Si vous apprnuvez ces considérations, je
vous serai obligé, monsieur le président, de
revétir de votre signature le projet de décret
ci-joint.
Veuillez agréer, monsieur le président.
thommaae de mon respectueux dévouement.
LE ministre DE LA GUERRE.
Le même décret nomme comme sous-se-
crétaire d'Etat placé en cette qualité au mi-
nistère'de la guerre à la tête de la direction
de l'aéronautique militaire M. René Bes-
nard.
Un second décret fixe les attributions du
nouveau titulaire du sous-secrétariat de
l'aéronautique militaire.
En voici le texte
Article premier. il est ajouté au décret
susHsé du 18 juillet un article nouveau
ainsi concu,
« ARTICLE 3 bis. Le sous-secrétaire d'Elat
au ministère de la guerre, placé à la tête de la
12e directioia, prend le titre de sous-secrétaire
d'Etat de l'aéronautique militaire. En cetle
quaLité, au nom et pur délégation permanente
du ministre,, il dingc le service de l'aéronau-
lique militaire.
y> Il arrêta et soumet au ministre toutes les
propositions relatives au personnel et aux
troupes de Vaéronautique qui relèvent de son
autorité.
Le nouveau sous-secrétaire d'Etat de l'a- Il
viàtion militaire est né à Artannes (Indre-et-
le 12 avril 1879 il a donc trente-six
ans.
Elu député en 1906 par la première cir-
conscription de Tours, réélu en 1910, il
rapporta dès cette deuxième législature,
deux budgets importants le budget des
chemins de fer de l'Etat et le budget des
finances.
Lors de la constitution du cabinet Cail-
laux, en juin 1911, il fut le collaborateur de
M. Klotz comme sous-secrétaire d'Etat aux
finances. Il resta le collaborateur du minis-
tre des finances dans le cabinet Poincaré,
constitué en janvier 1912.
Il a été déjà deux fois ministre une pre-
mière fois, il prit le portefeuille des colo-
nies quand le titulaire de ce départemest,
M. 'Albert Lebrun, remplaça dans le cabi-
net Poincaré M. Millerand. ministre de la
guerre démissionnaire une seconde fois, il
fut ministre du travail, dans le cabinet
Briand en'janvier 1913.
Comme l'on voit, bien que M. René Ses-
nard soit un des benjamins de la Chambre,
il a déjà une carrière parlementaire des
mieux remplies.
Le général Hirschauer part pour le front
Le. général Hirschauer, directeur de
l'aéronautique mi'itaire, est mis, sur sa de-
mande, à la disposition du général com-
mandant en chef les armées du nord et de
l'est
PROPOS D'UN PARISIEN
Les deux amis ont épousé les deux
sœurs. La guerre survient. Les deux frères
d'armes, lieutenants tous deux, bataillent
ici et là, restent de longs mois séparés. Le
hasard d'un mouvement les réunit dans ie
même secteur. Tapis dans la même « Ga-
gna », car les marmites pleuvent dru, ils
décident, après l'accolade, d'écrire mutuel-
lement à leurs aimées pour leur faire part-
ger la joie de leur rencontre. Un camarade
entre, prend placé auprès d'eux, bavarde
et plaisante tandis qu'ils écrivent. Un obus
tombe juste sur la « cagna », épargne le
tiers, tue l'un des deux beaux-frères, blesse
mortellement l'autre. Au bout d'un temps,
le moribond s'éveille de sa torpeur, et de-
mande des nouvelles de son ami.
Il est mort, lui dit-on.
Alors, dans un dernier souffle
Je suis content de mourir, balbutie-
t-il, pour ne pas être chargé d'annoncer la
nouvelle à sa femme.
Nos diables bleus », dans un coup de
fougue, avaient enlevé deux lignes de tran-
chées et fait prisonnier un commandant en-
nemi. Tout penaud de s'être, en somme,
assez sottement laissé prendre, l'Allemand
subissait à son propre poste et d'assez
mauvaise grâce l'interrogatoire usuel. Au
bout de quelques secondes, l'artillerie bo-
che, un instant déroutée, se prit à battre
furieusement les positions conquises. Et
chaque rafale qui passait, l'officier, Sicam-
bre sans vergogne, plongeait furieusement
du col.
Peste, monsieur, goguenarda le petit
lieutenant de chasseurs qui l'interrogeait,
voici que vous saluez jusqu'à vos obus
Et comme le Boche faisait mine de rece-
ler, pensant qu'on allait l'évacuer vers des
sites moins accidentés
Patience, monsieur, sourit son inter-
locuteur. Nous ne serons pas, s'il vous
plaît, en reste de politesse, et vous souf-
frirez que nous restions ici, debout, tant
que les vôtres nous feront la grâce de pro-
longer l'entretien.
LES DERNIERS EXPLOITS DE NOS AVIONS
Chacun des points noirs de cette carte représente les endroits où nos escadrilles de'bombar-
dement ont depuis quatre jours fait sentir leur action efficace
(Officiel.) 14 septembre.
Nos avions ont bombardé la ,gare de
bifurcation de Bensdorf, près de Mor-
ange, et les cantonnements ennemis
de Chatel-en-Argonne, et de Lange-
marck, au nord d'Ypres.
A l'heure où l'organisation de notre
armée aérienne est soumise à l'autorité
centralisatrice d'un sous-secrétaire d'E-
tat, il est intéressant de constater que
l'activité de nos escadrilles, durant cette
période d'attente stratégique, rivalise
avec celle de notre artillerie.
Chaque jour, de multiples expéditions
s'essaiment au-dessus des cantonnements,
des centres de ravitaillement ou de ras-
semblement de l'ennemi et il n'est pas
douteux que l'apparition de nos avions*
suivie du jet de nombreux projectiles, ne
produise d'importants effets de trouble
parmi les services d'arrière du front al-
lemand.
Avant-hier, un raid à grande distance
a été particulièrement réussi par una
escadrille dont la composition ne nous
est pas indiquée. Il a été dirigé contre la
petite ville de Donaueschingen, située il
125 kilomètres à l'est de nos lignes d'Al-
sace et non loin des sources du Danube.
Il a pris ensuite pour objectif la gare
de Marbach, peu distante de la ville pré-
cédente. Pour parvenir à leur but, les
aviateurs ont dû survoler les Vosges, la
vallée du Rhin et la Forêt-Noire.
Ces opérations étaient motivées par la
connaissance que possédait notre état-
major de forts rassemblements de trou-
pes dans ces localités. Ces troupes, sta-
tionnées, ou encore en mouvement sur
les voies ferrées, ont été bombardées. Et
ainsi se vérifie la sûreté de notre service
de renseignements.
En même temps, une forte escadrille,
comprenant dix-neuf appareils, allait
au-dessus de la ville de Trèves lancer
une centaine d'obus. C'est ce bombarde-'
ment qui, officiellement, est représenté
comme une réplique aux attaque-s- aérien-
nes récentes dont les villes ouvertes de
Lunéville et de Compiègne ont été les
victimes.
Certes, contre un ennemi sauvage,et
déloyal, toutes représailles sont justi-
fiées. Pourtant nos aviateurs doivent
Communigués officiels du 14 septembre
(408e JOUR DE LA GUERRE)
L'activité de l'artillerie sur le front D'ARTOIS est toujours la même.
Au SUD DE la Somme, bombardement réciproque et particulièrement
violent aux environs de Tilloloy, le Cessicr et Beuvraignes.
,4ctions d'artillerie continues sur le canaL de l'Aisne d la Marne, près
de Sapigneul et du Godai, en Champagne, au nord du camp de ChdLons,
et sur la lisière occidentale de L'Argonne.
Au buis de Mortmare, nos batteries ont fait cesser le leu des mitrail-
leuses ennemies et exécuté des tirs efficaces sur certains saillants de la
signe allemande.
Nuit calme sur le reste du f ront. ̃̃̃-̃̃»
• 23 heures
Lutte d'artillerie toujours vive AUTOUR d'Ar ras, dans les régions de
Royc et de Nouvron, et SUR LE front DE Champagne, particulièrement près
d'Aubcrive, de Souain et de Perdes.
Ou signale également une canonnade assez violente en forêt d'Apre-
mont, au nord de Flirey et en Lorraine, dans la région d'Emberménil.
SUR LE FRONT RUSSE
i) Poste sanitaire dans un moulin démoli.
2) L'interrogatoire des prisonniers à l'état-major de la division.
viser plus loin que leur stricte exécù-
tion ce né sont plus des ripostes seule-
ment que la France attend d'eux, mais
bien des coups droits contre les grandes
cités allemandes, qui se croient invulné-
rables dans leur éloignement.
Il est une de ces cités, dont le nom du-
rant quarante-quatre ans a enclos notre
plus .douloureux souvenir. Elle est l'une
des capitales de ce négoce germanique
par lequel le monde devait être conquis,
et dont la faillite doit être précipitée.
Pour la frapper de terreur, il suffit à
des hélices 'de fournir un nombre de
tours up pgu supérieur à celui enregis-
tré par les avions du raid de Marbach et
de Donaueschingen.
Commandant de Civrieux
[Le communiqué du 13 septembre, vine
trois heures, mentionnait sans autre indica-
tion le bombardement des gares de Donaues-
chingen. sur le Danube et de Marbach. Il y a
deux Marbach, l'une de ces villes est située
dans le Wurtemberg, l'autre, de moindre im-
portance. dans le grand-duché de Bade, à une
dizaine de kilomètres au nordrouest de Do-
naueschingen. C'est cette dernière localité qui
a reçu la visite efficace de notre escadrille
d'avions.]
LES ZEPPELINS.
Pour la vingt-deuxième fois,
ils ont hier survolé l'Angleterre
LONDRES, i4 septembre. Dépêche
particulière du Il Matin ». L'aéroplane
qui survola hier la côte du comté de
Kent a blessé non pas quatre person-
nes, comme il a été précédemment rap-
porté, mais bien sept, un homme et six
femmes.
Deux de ces dernières sont griève-
ment atteintes.
Hier soir encore, un zeppelin a sur-
volé la côte Est, jetant quelques bom-
bes.
Les batteries antiaéronefs fixes et mo-
biles entrèrent en action.
Autant qu'on a pu s'en assurer, les
bombes n'ont causé ni accident de per-
sonne, ni aucun dommage matériel.
15 heures
L'ANGOISSE EFFROYABLE
Au poste da rafliotèlégrapMe
[D'UN CORRESPONDANT PARTICULIER DU Il MATIN Il}
Sur le front, septembre 1915.
La lutte d'artillerie ne se prête pas, comme
les combats d'infanterie, aux prouesses indi-
viduelles. L'artilleur, de par sa fonction, ne
connaît pas l'enivrement de l'assaut. D'au-
tres sensations lui sont réservées.
Y a-t-il rien de plus passionnant, en effet,
que de repérer un but ennemi, et quelle sa-
tisfaction vaut celle de savoir que chaque
obus que l'on envoie tombe en bonne place ?
Pour régler son tir, l'ennemi se sert d'aé-
roplanes observateurs, munis d'appareils de
télégraphie sans fil.
C'est un moyen d'information très précis,
dont d'ailleurs nous nous servons aussi bien
qu'eux.
Au petit poste récepteur, établi par nos
soins, ceux d'entre nous qui connaissent
l'allemand vont, à tour de rôle, prêter une
oreille attentive au bavardage des vilaine
oiseaux.
Nous évitons ainsi, de justesse, les mar-
mites et autres cadeaux qui nous sont des-
tinés.
Aux allées et venues rageuses des taubes
et des aviatiks, nous comprlmes un jour
que l'ennemi, devant la vanité de ses
efforts, suupçonnait la présence de notre
petit poste et qu'il mettait toute son appli-
cation à le découvrir.
Bien qu'en rase campagne, il était bien
dissimulé, notre petit poste, seul un mât sup-
portant les fils de l'antenne pouvait donner
l'éveil..
Soudain un taube se mit à décrire au-
dessus ,du petit màt des cercles de plus en
plus étroits. Une formidable explosion se
produisant à quelques mètres, tira tout le
monde d'incertitude.
De toute évidence, nous étions repérés.
Le premier coup était trop long de cent
mètres.
Le second coup, qui ne se fit guère atten-
dre, était, de cent mètres trop court.
Au troisième coup, une gerbe de terre a
jailli tout près du poste sur la même ligne.
Anxieux, nous pensions à l'homme enfer-
mé dans le petit poste pour lequel il n'y
avait aucune retraite possible.
Cet homme doit passer d'étranges mo-
ments. A sa table de service, il enregistre
toutes les rectifications de tir commandées
par le taube. Il sait d'avance que le qua-
trième coup sera le bon.
Il arrive, le quatrième coup, juste en
plein sur l'antenne, qu'il abat.
L'avion ennemi fait alors demi-tour et
rentre dans ses lignes escorté par nos
shrapnells qui moutonnent autour de lui.
Quand nous pouvons arriver au petit pos-
te, nous trouvons notre camarade enseveli
sous un éboulement, sans blessure grave,
mais avec des contusions multiples. Les
appareils étaient saufs. Et le soir même un
nouveau petit poste se trouvait prêt à assis-
ter, en curieux intéressé, aux conversations
échangées entre les avions et les batteries
ennemies.
ON EXTRAIT UN PROJECTILE DU COEUR
Le docteur Infroit a lait hier à l'Acadé-
mie de médecine une communication parti-
culièrement remarquable. Elle concerne
l'extraction d'une balle de shrapnell logée
dans l'oreillette droite du cœur d'un blessé.
C'est là une merveille chirurgicale due
encore une fois aux localisations radiolo<»i-
ques. M. Infroit se sert à cet effet du com-
pas radio-chirurgical dont il est l'inventeur.
Grâce à la précision de sa méthode, le doc-
teur Infroit qui est lui-même un héros 1e
la rad;ogi apfue, puisqu'il a d0 subir ^ne
amputation à la suite d'accidents radiolo-
logiques a effectué des extractions de
corps étrangers de toute nature boutons
d'uniformes, plaques d'équipement, pièces
de munnnie, et projectiles logés dans le pou-
mon, le cerveau, le foie, le rachis. Hier en-
core, il entretenait l'Académie d'une autre
extraction non moins intéressante, celle
d'une pièce de cinq francs dans la paroi ab-
dominale.
On conçoit aisément quelle doit être la
sûreté mathématique de localisations de ce
genre pour que, lors de l'acte opératoire,
les organes essentiels ne soient pas lésés,
Il faut garder à vue
les clous de Hindenburg
Le Matin, dans son numéro d'hier, a re-
produit une vue de la cc kolossale » statue
en bois du maréchal de Hindenburg, dans
laquelle les Berlinois sont invités à enfonct1r
des clous en témoignage de patriotisme. II
y a des clous d'or coûtant cent mark, des
clous d'argent dont leprix est de cinq mark,
et de vulgaires clous de fer qui ne se ven-
dent qu'un mark. II est même question d'ins-
tituer encore une classe intermédiaire des
clous d'argent dont le prix est de cinq mark,
les bourses de la bourgeoisie moyenne, che-
valiers de l'Aigle rouge de quatrième classe,
conseillers d'économie ou de chancellerie,
auxquels leur dignité interdit d'être confon-
dus avec le 'wnulaire.
Hélas malgré toutes ces subtiles et sa-
vantes distinctions, le succès semble loin
d être ce qu'on en attendait.
C'est, en effet, ce que nous apprend m
journal berlinois des plus kaiseristes, la
Gazelle de Voss
« Jusqu'à présent, constate la feuille ber-
linoise avec mélancolie, c'est à peine si les
clous enfoncés font de rares taches sur le
Hindenburg de bois. On remarque à peine
quelques emplâtres sur ses bottes, quelques
stoppages sur sa gigantesque tunique. »
Non seulement les Berlinois ne s'em.
pressent pas d'enrichir la caisse du « ïéti-
che boche n, mais on est même encore abli-
ge de la préserver contre les voleurs. C'est
toujours la même Gazette qui nous l'ap-
prend
« Afin que des amateurs net patriotique
ne volent pas pendant la nuit les clous d'or
et d'argent enfoncés dans le monument, ;l
a fallu instituer un service spécial de garde
sur la place Royale. En outre, on a uècidé
de renforcer les palissades qui entourent la
place.
Et la Gazette de gémir avec candeur
Les voleurs ne respectent même pas
ce qu'il y a de plus respectable Il
Mon Dieu, oui Ces voleurs oublient qu'ils
ne sont ni en Belgique ni en Frhnce
L'exploit du sous-marin fapin
Nous avons publié hier le communiqué ita-
lien relatant l'attaque de torpilleurs ennemis
par le sous-marin français Pnvin.
Voici la note que communique à ce sujet le
ministère de la marine
Le sous-marin yrançais PaDin,- faisant
partie de l'escadrille de sous-mariits fraie-
çais adjoints aux forces navales italiennes
dons l'Adriatique, a rencontTé lce 9 septem-
bre, près du cap Btanka, un groupe de tor-
pilleurs autrichiens. Il a réussi rl torpiller
t'utt d'eux et lui a. fait subir de graves
avaries.
viflGT-flDiT mmitmijos
Ce sera le bilan formidable
d'un an et demi de guerre
Le projet de loi que M. Ribot, ministre
des fmances, déposera demain sur le bu-
reau de la Chambre fixe à six milliards cent
millions le montant des crédits nécéâsàireâ^
pour les trois derniers mois de l'année oc-
tobre, novembre et décembre.
Du Ie* août 1914, début de la guerre jus-
qu'au 31 décembre 1915, c'est-à-dire dan.4
1 espace d'un an et demi, les crédits deman-
dés par le ouvernement s'élèveront à la
somme de 28 milliards, total qui se décorn-
pose ainsi du août au 31 decembre
bJ79.378.053 francs. du le' janvier au Jitfi
septembre 1915, 15.615.428.643 francs du
1er octobre au 31 décembre 1915 6.100.000.0ÛO
de francs.
28 milliards, ceci représente six année
de budget ordinaire.
Echange de télégrammes entre-le tsar
et le roi des Belges
Petoograd, 14 septembre. Le tsar et
le roi des Belges ont échangé les télégrant-
mes suivants
Me mettant aujourd'hui la tête de me.*
armées, il m'est à coeur d'exprimer à Votre
Majesté le.s souhaits les plus cordiaux que
je forme pour elle ainsi que pour sa noble
et vaillante armée.
NICOLAS.
Je suis très touché du télégramme da
Votre Majesté et je la remercie des senti-
ments de sympathie qu'elle exprime Vè-
gard de la Belgique et de son armée dan*
te temps de dure et longue épreuve.
(Havas.) ALBERT.
Du Jules Verne en action
Marseille, 13 septembre. Du corres-
pondant articulier du Matin ». Actuel-
lement réside dans notre ville un ingénieur
italien qui aurait fait une stupéfiante dé-
couverte en résolvant le problème de l'im-
mobilité absolue d'un corps dans l'espace.
Le professeur Louis Rota c'est sou
nom, aurait inventé un appareil qui,
triomphant de la loi de la gravitation, pour-
rait se tenir immobile dans l'air à une hau-
teur de cinq cents, six cents, voire mille
mètres, et serait susceptible de supporter un
poids considérable.
On pourrait imprimer à cet appareil un»
vitesse prodigieuse dans n'importe quetlu
direction et l'arrêter à n'importe quel point.
Tout cela, bien entendu, sans moteur méca-
nique d'aucune sorte, simplement par l'em-
ploi des ondes hertziennes.
Le principe de cette invention reposerait
sur une répartition spéciale des forces élec-
triques et magnétiques, permettant d'obte-
nir des réactions de répulsion et d'attrac-
tion suffisantes pour maintenir l'appareji
suspendu, immobile, à une hauteur variant
de à 1.000 mètres durant plusieurs heu-
res, quarante au plus. En cas de vent ne
dépassant pas quatorze mètres à la secon-
.de, l'appareil reste au même point. En "as
de vent plus fort, il se meut dans une direc-
tion verticale, monte au-dessus du courant
aérien, et reprend son immobilité.
Des expériences ont été faites qui ont tfêj'à
donné des résultats. D'autres vont être ini.
tes à Marseille même, avec un appareil
ayant la forme d'un cigare, lang de 4 mi>
tres, avec centimètres de diamètre, et du
poids de 95 kilos il peut enlever 45 kilos.
rester 24 heures dans l'air, se déplacer jus-
qu'à 200 kilomètres de son point de départ
Un pourrait le faire aller de Marseille à Pa-
ris (653 kilomètres en ligne directe) en trois
heures, et de Paris à Turin (585 kilomètres)
en deux heures quarante.
M. Poincaré visite
les mobilisés de l'atelier
et ceux du front
Remise de drapeaux
Le président de la République, accompa-
gné de M. Albert Thomas, sous-secrétaire
d'Etat des munitions, a quitté Paris ven-
dredi pour aller visiter, à Lyon, à Saint-
Etienne, et dans plusieurs autres communes
de la région, Oullins, Firminy, le Chani-
bon, etc., les usines qui travaillent pour la
défense nationale.
Il s'est successivement arrêté dans un
grand nombre d'établissements où sont fa-
briqués des canons, des munitions, des mi-
trailleuses et des fusils
Nulle part le travail n'a été interrompt
pendant la visite. Le président s'est entre-
tenu avec les industriels, les officiers d'ar-
tillerie et les ouvriers. Il s'est fait rendre
compte de la situation quotidienne des fa.
brications et des améliorations projetées. Il
a remercié les chefs d'industrie, les ingé-
nieurs, les ouvriers, de leur concours pa-
triotique et il a insisté partout sur la néces-
sité de donner à la production une activité
croissante.
Le président et le sous-secrétaire d'Etat
ont également visité les ateliers de cons-
truction de Lyon, le parc d'artillerie de !a
place, la manufacture d'armes de Saint-
Etienne, ainsi que des usines de produis
chimiques, occupées à fabriquer des explo-
sifs.
Aux écoles des mutilés
Dans l'après-midi de dimanche, le prési-
dent s'est rendu dans les écoles de mutilés,
organisées par M. Herriot, sénateur et mai-
j re de Lyon, qu'il a chaleureusement félicité
1 de sa généreuse initiative. Plus de deux
cents soldats réformés, privés d'une jambe
ou d'un bras, apprennent, dans ces écoles.
des métiers variés menuiserie, cordonne-
rie, reliure, comptabilité, etc. Ils sont logés
et nourris ils reçoivent une paye quotidien-
ne et ont droit, en outre, au produit de leur
travail. La plupart sont déjà parvenus à une
dextérité remarquable.
M. Herriot a ensuite montré au président
les divers services qui fonctionnent à' la
mairie, avec le concours de Mme Herriot et
d'un grand nombre de dames lyonnaises,
pour les envois aux prisonniers, pour la re-
cherche des disparus, pour les secours aux
réfugiés, etc. Le président a vivement admi-
ré cette organisation il a laissé cinq mille
francs il l'iL Herriot pour ces œuvres de
guecre.
Il a ensuite visité l'ambulance installée à
l'Hôtel-Dieu et a remis à un certain nombre
de blessés des médailles militaires et dès
Croix de guerre, pour lesquelles ils étaient
.proposés. Il a laissé mille francs pour les
soldats en traitement.
Reconnu à la sortie de la mairie et de
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Edwards Alfred Edwards Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Edwards Alfred" or dc.contributor adj "Edwards Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k571388p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k571388p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k571388p/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k571388p/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k571388p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k571388p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k571388p/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest