Presse et revues
24 pages
Titre : Hebdo-film : revue indépendante et impartiale de la production cinématographique / directeur André de Reusse
Éditeur : Syndicat de la presse cinématographique (Paris)
Date d'édition : 1916-12-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32786168v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5343 Nombre total de vues : 5343
Description : 23 décembre 1916 23 décembre 1916
Description : 1916/12/23 (A1,N43). 1916/12/23 (A1,N43).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5702951q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60562
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
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HËBDOrFIiLM
f^.fiIiâMJ^
Samedi 16 décembre
AU GAUMONT PALACE
«ludéx. — Je suis volé comme dans un bois !
J'avais la maligne espérance de pouvoir exercer ma
rosserie sur le dos des autours, .l'on veux, en effet',
beaucoup à Arthur Bornède depuis certain jour où,
m'étant égaré au Théâtre Monparnasso pour y voir
une de ses pièces, j'ai déchiré mon pantalon à un
clou de mon strapontin. Ce qui m'a permis de juger
que Bernède n'avait aucun talent, n'est-ce pas ?
Quant à Louis Feuillade, depuis que, hanté par le
souvenir morbide de ses imaginations dites crhui,
irelles, j'ai coupé ma grand-mère en morceaux
violé ma concierge, empoisonné ma tante, fait cuire
mes enfants sur mon réchaud à aicooj et vitriolé
ma bonne, je ne puis lui pardonner d'avoir fait du
charmant honnête homme que j'étais, l'épouvantable
chenapan que je suis devenu et qu'ont possédé loutcs
les geôles de France et de Navarre.
Je- dois faire, aujourd'hui, amende honorable :
Bernède, FeuiRa !e et moi no'i=. avons beaucoup do
talent. (Je me mets dans le tas pour profiter du
voyage.)
Judex est, avant tout, quelque chose qui serai le
neuf, l'inédit à plein nez. C'est le roman d'aventures,
mais d'aventures plausibles et possibles, d'aventu-
res vraisemblables. C'est propre, intéressant, ofc çà
no.manque pas de panac'hc. Ici, pas de policier, pas
de coups do couteau, pas de crimes effarants ; per-
sonne qui prenne son Amer Picon à l'acide prussi 1
que ; aucune horeur, aucune hideur. Do la vie cou-
rante, avec un mousquetaire à la clef, voilà tout.
Et îo vous jure que c'est largement suffisant, non
seulement ppur intéresser,, mais pour captiver. Dos
complications, certes ; mais nul embrouillamini. Au-
cune Melie 01 monade mélo encore. C'est charpenté
comme sait clmrpenter Bernède ; c'est découpé et ca-
dré comme sait découper et cadrer Feuillade : et le
tout forme un ensemble haimonieux et complet,
chose plus rare qu'on ne croit.
Judex, c'est le redresseur de torts, personnage de
tous temps sympathique el à qui le premier de tous,
ce sublime Don Quichotte, a légué, impérissable-
ïhënt, sa bonté.et sa poésie, Qu'il s'appelle Lagar-
dère, Cyrano, d'Artagnan, Jean ValJRan ou Judex,
le redresseur de torts sera toujours acclamé de la
foule, chez qui vibre, si réconfortant, le sens de- la
justice et du dévouement. C'est donc une idée très
peureuse et sûre à l'avance du succès, que dé nous
avoir doté d'un nouveau type du Protecteur des fai-.
blés.
J'ignore comme tout le monde la suite du beau
roman dont on.nous offrit samedi les quatre pre-
miers épisodes. Mais, ce que j'en ai vu me fait heu-
reusement préjuger du reste! J'aurai l'occasion d'y
revenir en détail. Je me borne, aujourd'hui, à quel-
ques appréciations! générales : Photo; absolument
parfaite. Mise en scène de première valeur. Scéna-
rio clair, très attachant et merveilleusement con-
duit, s'enchaînant à la perfection. Quant à l'interpre-
lation, qui réunit toutes les étoiles de Gaumont —
mais oui ! toutes les Vedettes ont donné ! — elle
est au-dessus do tout éloge et la grande figure de
Judex (M. Cresté) forme le centre d'une brillante
pléiade qui comprend Mlles Musidora, Y. Aradryor,
Juliette Clarens, la petite Clarens ofc nos talentueux
Lovesque, Leubas, Mathé, Michel, et... Bout-de-Zan,
L'assistance, très nombreuse, a accueilli cette oeu-
vre par d'unanimes acclamations paimi lesquelles
mon oreile de lynx (si j'ose dire) n'a pas eu la veine
'do surprendra la moindre fausse note. C'est le Très
bien sur toute la ligne: celui des grands jours.
Tout le monde en convenant, je suis obligé de re-
connaître que Bernède et Feuillade ont du talont,
beaucoup de talent, énormément dé talent... Je m'ar-
rête, je n'en garderais plus'pour moi !
Lundi 18 décembre
PRESENTATION GAUMONT
C'est une très belle c'hose que le drame en 1.192
mètres qui s'intitule L'Instinct est maître, bien que
lo titre exact eût été (s'il n'est déjà pris) L'Atavisme
Le sujet en est très intéressant et suffisamment poi-
gnant pour ne lasser a aucune -minute l'attention,
Certaines scènes ont été très étudiées et prouvent un
réel souci de l'exactitude. Je loue particulièrement
'la très belle mise en scène. La photo est bonne, par-
fois même excellente. Quant à l'interprétation, elle
a le grand mérite d'être fort homogène et très cons-
ciencieuse. Je voudrais m'étendre davantage sur ce
film ; mais je crains do dire des bourdes par con-
fusion plausible : on nous a servi, mercredi, cher
Pal'hé, un autre film du môme genre, et, comme à
la présentation on n'a pas le temps de prendre de
longues notes, il arrive, au moment du compte^
rendu, que la pauvre cervelle du malheureux criti-'
que est un véritable champ de foire où les moutons
se mêlent aux veaux, pendant qu'oeufs et légumes
s'entassent dans la môme botte. Si bien qu'on ne sait
plus, finaJeimonl, qui vous a vendu toi ou tel article.
Quel métier, bon Dieu, et que le voilà donc bien le
purgatoire sur. terre ! Je me borne donc à m&s sim-
ples annotations et je déclare que> L'Instinct est maî-
tre vaut très largement le Bien. — Trop jolie, comé-
die ■(3G5mi.),q.ui:possède dé la photo suffisante et e§t
enlevée avec brio, mérite l'Àssez bien... pour ceux
qui 'Comiprenidront l'histoire rudement embrouillée
de cette dactylo, laquelle s'enlaidit pour arriver à
trouver une place où le patron ne s'excite pas sur
sa beauté et ne la barbe pas de déclarations incen-
diaires. Elle n'en finit pas moins par épouser son
dernier singe. — Dormez, je le veux, d'après le lé-
gendaire succès .de PeydéaUi 'yaudeyi'Uise "pendant
710 mètres, ce qui est un tantinet long. Et voici une
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Samedi 16 décembre
AU GAUMONT PALACE
«ludéx. — Je suis volé comme dans un bois !
J'avais la maligne espérance de pouvoir exercer ma
rosserie sur le dos des autours, .l'on veux, en effet',
beaucoup à Arthur Bornède depuis certain jour où,
m'étant égaré au Théâtre Monparnasso pour y voir
une de ses pièces, j'ai déchiré mon pantalon à un
clou de mon strapontin. Ce qui m'a permis de juger
que Bernède n'avait aucun talent, n'est-ce pas ?
Quant à Louis Feuillade, depuis que, hanté par le
souvenir morbide de ses imaginations dites crhui,
irelles, j'ai coupé ma grand-mère en morceaux
violé ma concierge, empoisonné ma tante, fait cuire
mes enfants sur mon réchaud à aicooj et vitriolé
ma bonne, je ne puis lui pardonner d'avoir fait du
charmant honnête homme que j'étais, l'épouvantable
chenapan que je suis devenu et qu'ont possédé loutcs
les geôles de France et de Navarre.
Je- dois faire, aujourd'hui, amende honorable :
Bernède, FeuiRa !e et moi no'i=. avons beaucoup do
talent. (Je me mets dans le tas pour profiter du
voyage.)
Judex est, avant tout, quelque chose qui serai le
neuf, l'inédit à plein nez. C'est le roman d'aventures,
mais d'aventures plausibles et possibles, d'aventu-
res vraisemblables. C'est propre, intéressant, ofc çà
no.manque pas de panac'hc. Ici, pas de policier, pas
de coups do couteau, pas de crimes effarants ; per-
sonne qui prenne son Amer Picon à l'acide prussi 1
que ; aucune horeur, aucune hideur. Do la vie cou-
rante, avec un mousquetaire à la clef, voilà tout.
Et îo vous jure que c'est largement suffisant, non
seulement ppur intéresser,, mais pour captiver. Dos
complications, certes ; mais nul embrouillamini. Au-
cune Melie 01 monade mélo encore. C'est charpenté
comme sait clmrpenter Bernède ; c'est découpé et ca-
dré comme sait découper et cadrer Feuillade : et le
tout forme un ensemble haimonieux et complet,
chose plus rare qu'on ne croit.
Judex, c'est le redresseur de torts, personnage de
tous temps sympathique el à qui le premier de tous,
ce sublime Don Quichotte, a légué, impérissable-
ïhënt, sa bonté.et sa poésie, Qu'il s'appelle Lagar-
dère, Cyrano, d'Artagnan, Jean ValJRan ou Judex,
le redresseur de torts sera toujours acclamé de la
foule, chez qui vibre, si réconfortant, le sens de- la
justice et du dévouement. C'est donc une idée très
peureuse et sûre à l'avance du succès, que dé nous
avoir doté d'un nouveau type du Protecteur des fai-.
blés.
J'ignore comme tout le monde la suite du beau
roman dont on.nous offrit samedi les quatre pre-
miers épisodes. Mais, ce que j'en ai vu me fait heu-
reusement préjuger du reste! J'aurai l'occasion d'y
revenir en détail. Je me borne, aujourd'hui, à quel-
ques appréciations! générales : Photo; absolument
parfaite. Mise en scène de première valeur. Scéna-
rio clair, très attachant et merveilleusement con-
duit, s'enchaînant à la perfection. Quant à l'interpre-
lation, qui réunit toutes les étoiles de Gaumont —
mais oui ! toutes les Vedettes ont donné ! — elle
est au-dessus do tout éloge et la grande figure de
Judex (M. Cresté) forme le centre d'une brillante
pléiade qui comprend Mlles Musidora, Y. Aradryor,
Juliette Clarens, la petite Clarens ofc nos talentueux
Lovesque, Leubas, Mathé, Michel, et... Bout-de-Zan,
L'assistance, très nombreuse, a accueilli cette oeu-
vre par d'unanimes acclamations paimi lesquelles
mon oreile de lynx (si j'ose dire) n'a pas eu la veine
'do surprendra la moindre fausse note. C'est le Très
bien sur toute la ligne: celui des grands jours.
Tout le monde en convenant, je suis obligé de re-
connaître que Bernède et Feuillade ont du talont,
beaucoup de talent, énormément dé talent... Je m'ar-
rête, je n'en garderais plus'pour moi !
Lundi 18 décembre
PRESENTATION GAUMONT
C'est une très belle c'hose que le drame en 1.192
mètres qui s'intitule L'Instinct est maître, bien que
lo titre exact eût été (s'il n'est déjà pris) L'Atavisme
Le sujet en est très intéressant et suffisamment poi-
gnant pour ne lasser a aucune -minute l'attention,
Certaines scènes ont été très étudiées et prouvent un
réel souci de l'exactitude. Je loue particulièrement
'la très belle mise en scène. La photo est bonne, par-
fois même excellente. Quant à l'interprétation, elle
a le grand mérite d'être fort homogène et très cons-
ciencieuse. Je voudrais m'étendre davantage sur ce
film ; mais je crains do dire des bourdes par con-
fusion plausible : on nous a servi, mercredi, cher
Pal'hé, un autre film du môme genre, et, comme à
la présentation on n'a pas le temps de prendre de
longues notes, il arrive, au moment du compte^
rendu, que la pauvre cervelle du malheureux criti-'
que est un véritable champ de foire où les moutons
se mêlent aux veaux, pendant qu'oeufs et légumes
s'entassent dans la môme botte. Si bien qu'on ne sait
plus, finaJeimonl, qui vous a vendu toi ou tel article.
Quel métier, bon Dieu, et que le voilà donc bien le
purgatoire sur. terre ! Je me borne donc à m&s sim-
ples annotations et je déclare que> L'Instinct est maî-
tre vaut très largement le Bien. — Trop jolie, comé-
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enlevée avec brio, mérite l'Àssez bien... pour ceux
qui 'Comiprenidront l'histoire rudement embrouillée
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trouver une place où le patron ne s'excite pas sur
sa beauté et ne la barbe pas de déclarations incen-
diaires. Elle n'en finit pas moins par épouser son
dernier singe. — Dormez, je le veux, d'après le lé-
gendaire succès .de PeydéaUi 'yaudeyi'Uise "pendant
710 mètres, ce qui est un tantinet long. Et voici une
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