Titre : La Renaissance : politique, littéraire et artistique / dir. Henry Lapauze
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-11-13
Contributeur : Lapauze, Henry (1867-1925). Directeur de publication
Contributeur : Lapauze, Marie-Paule (1889-1975). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32850844w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8435 Nombre total de vues : 8435
Description : 13 novembre 1915 13 novembre 1915
Description : 1915/11/13 (A3,N21). 1915/11/13 (A3,N21).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5693802f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-1097
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
LA RENAISSANCE POLITIQUE, LITTERAIRE Et ARTISTIQUE
&
Peggy Vere, en entendant éclater les bombes, ordonna le
plus fiegmatiquement du monde :
— Fermez la porte !
Et la représentation continua.
triomphe de la Revue
D'ailleurs la revue fait partout fureur, et sur le front,
autant et peut-être plus qu'à Paris.
On peut citer de nombreux titres : Débochons-nous,
Y près, Y près, hourrah! La Revue de détails, la Revue sous
les shrapnells, la .Revue de VEden-Trouca, la Revue sans
Teutons, Sur le front, le Tourneboche, la Woëvre joyeuse,
la Revue du 74. 0, Tout le monde sur le pont... assis! Tout
en Bleu, On se boyaute, la Revue des Zouaves, De front
en Cambres, G. D. B., la Revue du Moulin-Moulin, A
Boche que veuxttu? lu Revue du 6° dragons, Tu rigoles...
Boche? K. K. phonie, Tranchées dans le vif, Ah! c' qu' t'es
boche! la Revue de la soie^ Ne compliquons rien, Repos...
et vous? les Poilus de la 140, les Poilus de la 9°, Tous à
la crête! La 960 ne recule jamais! En avant... Caen...
même! Oh! mais là! Tais-toi, tu m'rends flou! Ça colle!
Paris-Prinz-Karl! En voidez-vous des percos? En position
pour la 32 ! La Revue sans soupape, Rimaille... oh ! mais
n'obuse pas !
Ce relevé, certainement incomplet est, du moins, le pre-
mier qu'on ait pu établir.
Débochons-nous !
Notre confrère, M. Albert Acremant, lieutenant
, dans une tranchée à cent mètres des travaux de l'en-
nemi, a fait représenter par ses soldats une revue intitulée :
Débochons-nous! et composée dans des conditions assez
peu favorables.
Le 354° régiment d'infanterie avait été retiré des tran-
chées et amené à trois kilomètres en arrière du front pour
douze jours, le temps de vacciner les hommes contre la
typhoïde.
En cinq jours, la revue fut écrite. Elle ne comportait
pas moins de vingt-deux personnages et de cinquante-trois
chansons, lesquelles étaient apprises au fur et à mesure .
qu'elles étaient rimées.
Bien entendu, la scène se passait à l'infirmerie pendant
la vaccination. Le compère était le major et la commère,
l'épouse de celui-ci qui avait réussi à rejoindre son mari,
malgré les ordres supérieurs. Ce personnage fut interprété
joyeusement par Maurice Raynal.
Les répétitions furent mouvementées, car, tour à tour,
les artistes furent malades des suites de la piqûre antity-
phoïdiquë. Cette piqûre ankylose le bras très souvent et
donne la fièvre. Les soldats venaient répéter quand même.
Ils auraient pu cependant préférer se reposer après trois
longs mois de stage sans arrêt dans les tranchées.
Le village dans lequel on cantonnait avait été complè-
tement évacué. Impossible de trouver des vêtements de
femme pour la commère, un piano pour l'accompagnateur.
Dans une ferme abandonnée, aux environs, on. découvrit
le-piano quelque peu faussé.
Chacun rivalisa d'ingéniosité pour équiper les person-
nages,, le Kaiser, le Kronprinz et ses frères.
Le Kaiser, sur un casque allemand pris à son proprié-
taire par l'artiste lui-même, à la bataille de la Marne, ar-
borait une énorme chouette empaillée, décrochée de sa pa-
noplie dans un cabaret à demi démoli par un obus.
La scène fut constituée avec des toiles de tentes artis-
tement drapées par un soldat, tapissier dans le civil.
Le général de D... commandant la .." division, assista
à la séance qui eut beaucoup de succès.
'Un-prologue en- vibrants octosyllabes présentait l'oeuvre
et ses interprètes : •
Garde à vous, c'est une revue
Que sur cette scène imprévue,
Nous allons vous offrir, messieurs,
Puisse-telle être sans bévue !....
.... Nous fîmes des préparatifs,
PëUfc'.êtréi hélas 1 un peu hâtifs
Ces décors de papier vulgaire
Avec de rapides motifs
No pourront vous émouvoir guère...
A la guerre comme à la guerre !
La revue était aussi gaie que possible. On y faisait des
fascines sur l'air de Fascination. Le vétérinaire y soignait
des chevaux de frise... Sur l'air, très militaire, des Moi"
neaux sont dans les vignes, on accueillait les marmites :
Allons ! carapatons-nous vite,
Voici venir une marmite,
Quell' dfôP de musique ell' faitl
C'est du Wagner il paraît 1
A voir votre teint pâli,
j'eroyais qu'c'était du Verdi.
Et puis, c'est l'eau dans les boyaux, sur l'air'du Pendu '
le lieutenant se plaint au capitaine, qui demande au -com-
mandant, qui s'adresse au colonel, qui informe la brigade ;
c'est le sempiternel jeu des ricochets :
La Brigade à l'instant informe
La Division, et celle-ci
Prévient l'ministre dans les formes
Et le ministre répondit :
Nous croyons pouvoir affirmer
Que le rôle de l'infanterie,
En temps de guerr', c'est d'écoper. » ■■
Et c'est encore le bombardement d'un cimetière par l'en-
nemi, sur le rythme du Clairon de Déroulède; la strophe
alors s'élance, claironne et vibre :
Parmi l'éclatement des bombes
On voyait s'entr'ouvrir les tombes,
Les Allemands sont sans remords,
Ils comprennent ainsi la guerre :
Les morts ne se défendent guère,
Ils aiment bombarder les morts !
Tout cela, après une heure de rire et d'enthousiasme,
se termine par l'arrivée de la famille impériale allemande.
Guillaume, sur l'air de Y Amour meurt, avoue qu'il est. ka-
pout. Il fallut un certain courage.à l'interprète chargé de
personnifier l'empereur exécré pour affronter les invectives
d'un public au sang chaud ; comme les traîtres de l'an-
cien mélo, il dut recevoir des menaces à la sortie.
Le lendemain de la représentation, auteur, acteurs et au-
diteurs de la revue, la vaccination étant finie, allaient s'ins-
taller dans une tranchée, exactement à vingt-huit mètres
des Allemands. Ces représentations théâtrales sont diffi-
ciles à renouveler, car toute la troupe est depuis dix mois
en première ligne. De temps en temps, une ou deux com-
pagnies sont envoyées quelques jours au repos à quatre
kilomètres du front. M. Acremant leur fait alors une con-
férenQe intitulée : « Ce qui, de nous, étonné le plus lés ci-
vils )). Deux hommes, un chanteur, un diseur, l'acoompa-'
gnent. Mais plus d'une fois, une attaque a empêché la con-
férence d'avoir lieu.
(Albert Acremant a, depuis lors, été blessé pour ' la
deuxième fois, et.dans l'hôpital où il est en traitement, il a
fait représenter une nouvelle revue.)
Dans le même secteur, fécond en organisations drama-
tiques, le sergent Lévy, du 294° régiment d'infanterie, a
écrit pour ses camarades une revue qui eut, nous dit-on,
beaucoup de succès.
GU1LLOT DE SA1X.
1 (A suivre.) .
1775: ,
&
Peggy Vere, en entendant éclater les bombes, ordonna le
plus fiegmatiquement du monde :
— Fermez la porte !
Et la représentation continua.
triomphe de la Revue
D'ailleurs la revue fait partout fureur, et sur le front,
autant et peut-être plus qu'à Paris.
On peut citer de nombreux titres : Débochons-nous,
Y près, Y près, hourrah! La Revue de détails, la Revue sous
les shrapnells, la .Revue de VEden-Trouca, la Revue sans
Teutons, Sur le front, le Tourneboche, la Woëvre joyeuse,
la Revue du 74. 0, Tout le monde sur le pont... assis! Tout
en Bleu, On se boyaute, la Revue des Zouaves, De front
en Cambres, G. D. B., la Revue du Moulin-Moulin, A
Boche que veuxttu? lu Revue du 6° dragons, Tu rigoles...
Boche? K. K. phonie, Tranchées dans le vif, Ah! c' qu' t'es
boche! la Revue de la soie^ Ne compliquons rien, Repos...
et vous? les Poilus de la 140, les Poilus de la 9°, Tous à
la crête! La 960 ne recule jamais! En avant... Caen...
même! Oh! mais là! Tais-toi, tu m'rends flou! Ça colle!
Paris-Prinz-Karl! En voidez-vous des percos? En position
pour la 32 ! La Revue sans soupape, Rimaille... oh ! mais
n'obuse pas !
Ce relevé, certainement incomplet est, du moins, le pre-
mier qu'on ait pu établir.
Débochons-nous !
Notre confrère, M. Albert Acremant, lieutenant
, dans une tranchée à cent mètres des travaux de l'en-
nemi, a fait représenter par ses soldats une revue intitulée :
Débochons-nous! et composée dans des conditions assez
peu favorables.
Le 354° régiment d'infanterie avait été retiré des tran-
chées et amené à trois kilomètres en arrière du front pour
douze jours, le temps de vacciner les hommes contre la
typhoïde.
En cinq jours, la revue fut écrite. Elle ne comportait
pas moins de vingt-deux personnages et de cinquante-trois
chansons, lesquelles étaient apprises au fur et à mesure .
qu'elles étaient rimées.
Bien entendu, la scène se passait à l'infirmerie pendant
la vaccination. Le compère était le major et la commère,
l'épouse de celui-ci qui avait réussi à rejoindre son mari,
malgré les ordres supérieurs. Ce personnage fut interprété
joyeusement par Maurice Raynal.
Les répétitions furent mouvementées, car, tour à tour,
les artistes furent malades des suites de la piqûre antity-
phoïdiquë. Cette piqûre ankylose le bras très souvent et
donne la fièvre. Les soldats venaient répéter quand même.
Ils auraient pu cependant préférer se reposer après trois
longs mois de stage sans arrêt dans les tranchées.
Le village dans lequel on cantonnait avait été complè-
tement évacué. Impossible de trouver des vêtements de
femme pour la commère, un piano pour l'accompagnateur.
Dans une ferme abandonnée, aux environs, on. découvrit
le-piano quelque peu faussé.
Chacun rivalisa d'ingéniosité pour équiper les person-
nages,, le Kaiser, le Kronprinz et ses frères.
Le Kaiser, sur un casque allemand pris à son proprié-
taire par l'artiste lui-même, à la bataille de la Marne, ar-
borait une énorme chouette empaillée, décrochée de sa pa-
noplie dans un cabaret à demi démoli par un obus.
La scène fut constituée avec des toiles de tentes artis-
tement drapées par un soldat, tapissier dans le civil.
Le général de D... commandant la .." division, assista
à la séance qui eut beaucoup de succès.
'Un-prologue en- vibrants octosyllabes présentait l'oeuvre
et ses interprètes : •
Garde à vous, c'est une revue
Que sur cette scène imprévue,
Nous allons vous offrir, messieurs,
Puisse-telle être sans bévue !....
.... Nous fîmes des préparatifs,
PëUfc'.êtréi hélas 1 un peu hâtifs
Ces décors de papier vulgaire
Avec de rapides motifs
No pourront vous émouvoir guère...
A la guerre comme à la guerre !
La revue était aussi gaie que possible. On y faisait des
fascines sur l'air de Fascination. Le vétérinaire y soignait
des chevaux de frise... Sur l'air, très militaire, des Moi"
neaux sont dans les vignes, on accueillait les marmites :
Allons ! carapatons-nous vite,
Voici venir une marmite,
Quell' dfôP de musique ell' faitl
C'est du Wagner il paraît 1
A voir votre teint pâli,
j'eroyais qu'c'était du Verdi.
Et puis, c'est l'eau dans les boyaux, sur l'air'du Pendu '
le lieutenant se plaint au capitaine, qui demande au -com-
mandant, qui s'adresse au colonel, qui informe la brigade ;
c'est le sempiternel jeu des ricochets :
La Brigade à l'instant informe
La Division, et celle-ci
Prévient l'ministre dans les formes
Et le ministre répondit :
Nous croyons pouvoir affirmer
Que le rôle de l'infanterie,
En temps de guerr', c'est d'écoper. » ■■
Et c'est encore le bombardement d'un cimetière par l'en-
nemi, sur le rythme du Clairon de Déroulède; la strophe
alors s'élance, claironne et vibre :
Parmi l'éclatement des bombes
On voyait s'entr'ouvrir les tombes,
Les Allemands sont sans remords,
Ils comprennent ainsi la guerre :
Les morts ne se défendent guère,
Ils aiment bombarder les morts !
Tout cela, après une heure de rire et d'enthousiasme,
se termine par l'arrivée de la famille impériale allemande.
Guillaume, sur l'air de Y Amour meurt, avoue qu'il est. ka-
pout. Il fallut un certain courage.à l'interprète chargé de
personnifier l'empereur exécré pour affronter les invectives
d'un public au sang chaud ; comme les traîtres de l'an-
cien mélo, il dut recevoir des menaces à la sortie.
Le lendemain de la représentation, auteur, acteurs et au-
diteurs de la revue, la vaccination étant finie, allaient s'ins-
taller dans une tranchée, exactement à vingt-huit mètres
des Allemands. Ces représentations théâtrales sont diffi-
ciles à renouveler, car toute la troupe est depuis dix mois
en première ligne. De temps en temps, une ou deux com-
pagnies sont envoyées quelques jours au repos à quatre
kilomètres du front. M. Acremant leur fait alors une con-
férenQe intitulée : « Ce qui, de nous, étonné le plus lés ci-
vils )). Deux hommes, un chanteur, un diseur, l'acoompa-'
gnent. Mais plus d'une fois, une attaque a empêché la con-
férence d'avoir lieu.
(Albert Acremant a, depuis lors, été blessé pour ' la
deuxième fois, et.dans l'hôpital où il est en traitement, il a
fait représenter une nouvelle revue.)
Dans le même secteur, fécond en organisations drama-
tiques, le sergent Lévy, du 294° régiment d'infanterie, a
écrit pour ses camarades une revue qui eut, nous dit-on,
beaucoup de succès.
GU1LLOT DE SA1X.
1 (A suivre.) .
1775: ,
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