Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-15
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mars 1908 15 mars 1908
Description : 1908/03/15 (Numéro 8783). 1908/03/15 (Numéro 8783).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/05/2008
CENTIME^
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA
AGENCES A L'ÉTRANGER LONDRES, 160, Queen Victoria Street' BERLIN, 112, Leipzigerstrasse NEW-YORK, 170, Nassau Street
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX: LES QUATRE. PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
LE VAUDEVILLE MODERNE
De la paresse
COMMENT JE SUIS DEVENU VAUDEVILLISTE
Il: est plus facile d'être vaudevilliste
que- d'expliquer pourquoi on l'est. Néan-
moins, je vais essayer.
'Il faut vous dire que j'y suis contraint.
Le Matin m'avait prié de lui fournir un
article à ce sujet. Il fallait parler de moi.
Toute modestie à part, c'est toujours
très-1 gênant de parler de soi. On est,
dans notre métier surtout, si accoutumé
aux traîtrises qu'on en arrive à se méfier
de soi-même. Je venais pour m'excuser
et me. défiler, mais il arriva que, bien-
tôt, je me trouvai enfermé. dans un cabi-
net, confortable, il est vrai, et congru-
ment éclairé; et, à travers la porte close,
j'entendis une voix me crier « Je ne
Vous rendrai votre liberté que contre le
(Piiot. P. Boyer.)
̃• ̃ ̃ M.' Feydeau
papier promis. » Je reconnus. la voix
de celui qui parlait ainsi, un tyran irré-
ductible, et je- dus reconnaître en même
temps- qu'en effet je l'avais promis, ce
papier sur ma vocation.
C'est presque du vaudeville. C'est par-
fait. Ainsi je m'exécute, d'autant plus
que j'ai'hâte d'être libre. 0 liberté 1.
Enfin.
'Comment je suis devenu vaudevil-
liste. ? C'est bien simple. Par paresse,
tout' 'simplement. Cômment 1 cela vous
étonne ? Vous ignorez donc que la pa-
resse, est. la mère miraculeuse, féconde
> Un travail.
Et je dis miraculeuse, parce que le
pèTe" est totalement inconnu.
J'étais tout enfant, six ans, sept ans.
Ce ne sais plus. Un soir, on m'emmena
au théâtre. Que jouait-on ? Je l'ai ou-
blié. Mais je revins enthousiasmé. J'é-
tais touché. Le mal venait d'entrer en
Le lendemain, après n'en avoir pas
dormi de la nuit, dès l'aube, je me mis
au travail. Mon père me surprit. Tirant
la langue et, d'une main fiévreuse, dé-
crêpant mes cheveux emmêlés par Fin-,
eomnie,' j'écrivais une pièce, tout sim-
plement.
Que fais-tu là ? me dit mon père.
Une pièce' de théâtre, répondis-je
avec résolution.
Quelques heures plus tard, comme
l'institutrice chargée de m'inculquer les
premiers éléments de toutes les scien-
ces en usage une bien bonne demoi-
selle, mais combien ennuyeuse 1 ve-
nait nie chercher
Allons, monsieur Georges, il est
temps.
Mon père intervint
-Laissez Georges, dit-il doucement,
Il a travaillé ce matin. Il a fait une pièce.
Laissez-le.
Je vis immédiatement le salut, le truc
Sauveur. Depuis ce jour béni, toutes les
fois que j'avais oublié de faire mon de-
voir, d'apprendre ma leçon, et cela, vous
pouvez m'en croire, arrivait quelque-
fois, je me précipitai sur mon cahier de
drames. Et mon institutrice, médusée,
me laissait la paix. On ne connaît pas
lassez les ressources de la dramaturgie.
"C'est ainsi que je commençai à deve-
nir vaudevilliste.
Puis, je continuai.
Au collège, à Saint-Louis, j'écrivis des
dialogues héroïques et crépitants, mais,
comme le pion me les chipait à mesure
et que je n'ai pas gardé le moindre sou-
tenir de ces chefs-d'oeuvre scolaires, je
n'en parlerai pas davantage. Cependant,
fêtais, dès ce moment, animé d'une vio-
lente ardeur 'pour le théâtre. Auteur .?
'Acteur ? Peu m'importait encore. Je me
,souviens d'avoir organisé, essayé plu-
tôt, avec de.. Péraudy, mon condisciple,
encore qu'il fût chez les grands quand
i'étaïs chez les petits, une représen-
tation dans une; salle que nous avions
louée, près de la rue Boissy-d'Anglas.
Nous devions jouer le Gendre de M. Poi-
rier. ̃
Des cirçonstances empêchèrent que la
cho3e eûtlieu, mais, tout de même, Tin-
fention y était
C'est plus tard, au régiment, au 74ode
ligne, s'il vous plaît, que j'écrivis ma
première grande pièce Tailleur pour
dames.
Saint-Germain et-Galipaux.y tenaient
les rôles principaux. Ce fut un succès.
Ma joie Aies espoirs Hélas ce n'était
pas arrivé, comme je le.pensais bénévo-
lement. Il me fallut déchanter. Je con-
nus l'angoisse des demi-succès. J'avais
de la philosophie déjà, naturellement,
sans compter l'expérience, depuis. Je
déchantai donc, mais je ne perdis pas
courage. Au contraire, je me cherchai
des raisons. Je trouvai, car je suis en-
têté. Avec de la paresse et de l'entête-
ment, on est toujours sûr d'arriver à
quelque chose.
Je me rappelle qu'à la sortie de Tail-
leur pour darnes, ayant rencontré Jules
Prével, celui-ci me dit d'un ton que je
n'ôublierai pas « On vous a fait votre
succès, ce soir, mais on vous le fera
payer. »
Jamais homme n'avait parlé avec tant
de sagesse et de vérité.
Cependant, je remarquai que les vau-
devilles étaient invariablement brodés
sur des trames désuètes, avec des per-
sonnages conventionnels, ridicules et
faux, des fantoches. Or, je pensai que
chacun de nous, dans la vie, passe par
des situations vaudevillesques, sans tou-
tefois qu'à ces jeux nous perdions notre
personnalité intéressante. En fallait-il
davantage ? Je me mis aussitôt à cher-
cher mes personnages dans la réalité,
bien vivants, et, leur conservant leur ca-
ractère propre, je m'efforçai, après une
exposition de comédie, de les jeter dans
des situations burlesques.
Le plus difficile était fait, il ne restait
qu'à écrire les pièces, ce<|ui, pour un'
bon vaudevilliste, vous le savez, n'est
plus qu'un jeu d'enfant.
Ai-je réussi ? En doutant, je montre-
rais de l'ingratitude envers le public
qui m'a prodigué ses applaudissements,
et qui a ri quelquefois de bon cœur,
quand ma seule intention était de lui
plaire et de le faire rire autant qu'il
est possible. Mais ce sont les lettres,
venues de partout, qui vous affir-
ment, à vous-même, la gloire que
vous rêvez. Et j'en ai reçu. Combien
Une, tenez. Un jour, un monsieur qui
signait J. B. m'écrit de Bordeaux, m'ap-
pelant « cher maître » et vantant, avec
mon goût sûr, mon esprit délicat et mon
talent immense.. Ce sont ses .propres ter-
mes. Il m'envoyait en même temps un
manuscrit, une pièce prestigieuse d'es-
prit, affirmait-il, sur laquelle il deman-
dait mon avis, par politesse, en m'of-
frant d'être son collaborateur.
La pièce dépassait les bornes du per-
mis en fait d'idiotie. Je la renvoyai à son
modeste auteur avec mes regrets.
Or, moins d'une semaine après, je re-
çus de mon correspondant bordelais
une lettre furieuse. Il me traitait des
pieds à la tête, et il terminait par ces
mots d'exquise urbanité
« Et nuis, je vous em. 1 »
A quoi je répondis avec sérénité
Plus maintenant, cher monsieur,
j'ai fini de lire votre pièce. »
Ce fut tout, mais c'était de la gloire.
Georges Feydeau.
PROPOS D'UN PARISIEN
Le tout est d'avoir de la patience et de
durer longtemps. Ceux qui se conformeront
à ces recommandations verront une société
perfectionnée où, à la condition de n'avoir
pas le sou, on mènera une vie fort agréable.
Les autres seront moins bien partagés. Mais
il est entendu qu'on ne peut contenter tout
le monde et son père.,
Je dis cela à propos de la proposition de
loi que le parti socialiste anglais a présentée
à la Chambre des communes. On a pu cons-
tater qu'aux termes de ce projet de loi le
gouvernement serait dans l'obligation de
fournir un emploi à tout homme qui en
manquerait. Au cas où cet emploi ne pour-
rait être donné, le gouvernement devrait
pourvoir à l'existence et de l'homme et de
sa famille.
Simple correctif ceux qui, habituelle-,
ment, n'auraient- pas de travail, par leur
faute, seraient emprisonnés pour une pé-
riode de six mois avec travail forcé.
La Chambre des communes a rejeté cette
proposition par 265 voix contre 116 il y a
eu un nombre considérable d'abstentions du
fait de députés qui, dans leur circonscrip-
tion, ont à compter avec le parti ouvrier.
Ceci peut vouloir dire que le projet, s'il
est mort pour l'instant, n'est pas enterré, et
reviendra sur l'eau.
Pour le cas où il passerait la Manche, il
n'est pas sans intérêt de faire noter que
cette invention anglaise nous a été chipée.
Bien avant les socialistes anglais, les nô-
tres avaient imaginé les ateliers nationaux
à l'usage des ouvriers sans travail. Ils fu-
rent essayés en 1848 on sait avec quel suc-
cès.
Mais quels temps heureux nous réserve
l'avenir On n'aura plus à s'occuper de rien.
L'Etat pourvoira à tout, suivant 'l'Evangile
collectiviste, qui doit faire de nous d'heureux
moines dépourvus de soucis et sûrs du len-
demain. Et, à ce propos, notons que les
collectivistes, eux non plus, n'ont rien in-
venté leur formule, c'est celle de la com-
munauté, du couvent.
Ils se bornent à l'appliquer à toute la
Franche et à tous les Français. H.
HARDUIN.
L'AVIS DE LA FRANGE
DANS LA QUESTION
DE MACÉDOINE
En réponse à la proposition de sir Edouard
Grey, ministre des affaires étrangères de
Grande-Bretagne, concernant la nomination
d'un gouverneur indépendant, la France a
fait savoir qu'elle était disposée'à accepter
et à appuyer toute proposition tendant à as-
surer les réformes en Macédoine, autant
que cette proposition recevrâ l'appui de la
majorité des puissances
M. Briand, garde des sceaux, déposera
demain sur le bureau de la Chambre le pro-
jet d'amnistie que le gouvernement a ap-
prouvé hier en conseil des ministres.
Le gouvernement a pensé que, dans un
but d'apaisement, l'amnistie devait être la
plus large possible, et, il a résolu de l'éten-
dre non seulement aux poursuites engagées
ou aux condamnations prononcées pour les
crimes ou délits commis au cours des trou-
bles du Midi, mais aussi aux faits de grève,
aux délits de presse et de réunion et aux
contraventions encourues soit par les pa-
tronsa soit par les ouvriers, à l'occasion de
1'appucation de la loi sur le repos hebdoma-
daire.
En ce qui concerne les troubles du Midi,
M. Briand a reçu hier la délégation, com-
posée de MM. Sarraut, Lafferre, Brousse,
Salis, l'astre, Bourrât, Augé et Bartissol,
qui avait, reçu des élus méridionaux
mandat' de conférer avec lui sur la portée
du projet. M. Briand leur a annoncé que
l'amnistie serait,pleine et entière pour les
faits se rapportant à la crise viticole, mais
que le bénéfice en serait refusé aux con-
damnés par application de la loi sur les
fraudes alimentaires..Les délégués n'en de-
mandaient pas davantage..
L'amnistie visera aussi, nous l'avons dit,
les déitis de presse et de réunion. Mais,
comme M. Clemenceau l'a déclaré vendredi
à la Chambre, le projet fait une exception
formelle pour les aniipatriotes condamnés.
Les fonctionnaires révoqués seront réinté-
grés individuellement, par décision gouver-
nementale, s'il y a lieu, et'après examen de
chaque esliéce. Notons cependant que M.
Paul Constans reprendra, sous forme d'a-
mendement, sa proposition tendant à la ré-
intégration totale des fonctionnaires révo-
qués.
Il appartiendra à la Chambre de hâler le
vote du projet pour que, anrès adhésion du
Sénat, il obtienne force de loi avant les élec-
tions municipales.
Le projet, sera donc soumis au préalable
à l'examen de la commission de la réforme:
judiciaire.
EST-CE LA
D'Amade va-t-il frapper
un dernier coup ?
Le gouvernement communique la note
suivante
Le général d'Amade télégraphie que les
colonnes se sont portées à Settat, où elles
bivouaquent.
Les mehallas, en déroute, se retirent vers
la nord.
Moulai Hafid et ses cafds ont fait parvenir
au général leur supplique ils demandent
la cessation des hostilités et la conclusion de
la paix.
La pacification se poursuit rapidement
dans toute la région chaouïa.
De notre côté-, nous recevons les dépêches
suivantes de Tanger
Tanger, 14 mars. Dépêche particulière
du Matin n. Les dernières nouvelles re-
çues de Casablanca par radiogrammes par-
ticuliers montrent la situation conrmae étant
bien meilleure que précédemment.
Après la défaite terrible infligée le 8 cou-
rant par le générat d'Amade aux tribus g2ci
no-us attaquaient, soutenues pardes contin-
gents hafidistes, ces mêmes tribus seraient
dans un désarroi presque complet.
On confirme que plrrsieurs ont envoyé des
émissaires au commandant des troupes
françaises, entre autres le grand chérif Bou
Azzaoui, chéri[ de-La secte religieuse des
Dergaoua Aman, mais il ressort des rensei-
gnements reçus qu'il ne faut pas trop croire
aux promesses de soumission auxquelles on
a trop ajouté foi jusqu'à ce jour. (
En tous cas, il ressort nettement de l'en-
semble des informations que la pacification
complète et définitive des Chaouïa est l'af-
faire de quelques jours si les troupes du gé-
néral d'Amade peuvent, par une dernière
poursuite, préciser et confirmer les succès
précédents et réduire par là les tribus à no-
tre merci.
Ce qu'il ne faut pas surtout, c'est que les
Marocains, comme ils l'ont fait précédem-
ment, puissent compter gagner du temps
par leur demande de soumission pour se re-
former et nous attaquer à nouveau.
Il faudrait frapper vite et fort.
Dans le Sud-Oranais.
Nos dépêches confirmées..
Une autre note au sujet de la situation
dans le Sud-Oranais, que communique le
gouvernement, confirme la nouvelle que
nous avons publiée hier matin.
Voici cette note
Le général commandant le 19" corps télé-,
graphie que le lieutenant Carcapyw, qui
commandait le petit détachement envoyé de
Beni-Abbès pour poursuivre le djich de Si-
Beraber du Tafilalet, a été attaqué, le 11
nid)- à l'ouest de Hassi-el-Hamida, par des
été tué, deux sous-officiers blessés.
Le détachement s'est retiré sur Zeghemrs,
ou le commandant de l'annexe de Beni-Ab-
bès se porte à sa rencontre avec les troupes
disponibles.
Le général envoie la compagnie du .ba-
taitton d'Arqué de Taghit à Beni-Abbès
pour renforcer ce poste.
SAISON OU SAISONS?
LES IDÉES
DE PARIS
Faisons un Henley français
dit M. Henry Deutsch.
Le Salon 'de l'automobile constitue
à lui seul une saison de Paris. Mais je
verrais tràs bien une autre saison, vers
l'été, destinée à égayer Paris. Laissons
de côté l'automobile et les aéroplanes.
» Que penseriez-vous d'une grande
fête nautique, une sorte de Henley. fran-
çais ?
•)> Nous avons, aux environs de Paris,
entre Maisons-Laffitte et Conflans, un
bassin qui se prêterait admirablement
à des régates de yachting automobile, de
rowing, de yachts à la voile. On rénove-
rait le sport sur l'eau, bien délaissé en
ce moment. Des courses, des concours
de bateaux fleuris, une fête de nuit or-
ganisés dans le cadre si joli des bords
de la Seine attireraient, j'en suis certain,
un public élégant. »
Les idées de M. Georges Besançon
secrétaire de la chambre syndicale des indus-
tries aéronautiques.
Il y a,, nous dit M. Georges Besan-
çon, une saison intangib|e, c'est celle de
l'automne. Mais, à côté d'elle, on peut
créer, vers le commencement de l'été,
une autre saison, à laquelle l'aviation
pourrait apporter son concours aussi
bien pour une exposition des industries
aéronautiques que pour des essais d'aé-
roplanes; ayant déjà excité la curio-
sité de beaucoup d'étrangers qui n'ont
pas craint de passer le détroit ou de
franchir les frontières de l'est pour as-
sister aux tentatives de Santos-Dumont
et de Farman:
1 Dire que ces essais pourraient avoir
lieu à jour et heure fixes serait une pro-
fonde erreur mais, pendant toute une
semaine que pourrait durer la saison, il
y aurait certes assez de beau temps pour
permettre à nos aviateurs d'évoluer à
Issy-les-Moulineaux.
''MATIN "-NEW-YORK-PARIS
Autant de neige
qu'au Lautaret
New- York, 14 mars (via P.-Q.). Dé-
pêche particulière du « Matin ». La
Zûst, qui, hier encore, marcha mieux,
quittant Cheyenne dans la matinée, at-
teignait Laramie quelques heures plus
tard, après avoir franchi assez facile-
ment le Highest, défilé des Montagnes
Rocheuses.
Après un repos de quelques heures,
Siftori se remettait en route, avec en-
core l'intention de marcher toute la nuit.
La 60 HP. Thomas, arrivée à Evans-
ton, rapporte que les routes entre Carter
et Evanston sont recouvertes d'une cou-
che de neige d'environ trois mètres de
hauteur, qui les rend absolument in-
franchissables.
Aussi, la voiture américaine emprun-
ta-t-elle encore, au cours de l'étape:
d'hier, la vbie terrée de l'Union Pacifie,
voie obscure s'il en fut, qui s'achemine
par de longs et nombreux tunnels à tra-
vers cette partie des Montagnes Ro-
cheuses. ̃ ̃̃
Contrairement à ce qui fut annoncé
hier, la 30 HP. de Dion n'est pas encore
arrivée à Omaha, mais elle se trouvait
hier soir, arrêtée par la boue, tout près
de cette ville.
La Protos a toujours des ennuis avec
ses pneus. Elle était hier soir à Mes Iowa,
ayant seulement parcouru une soixan-
taine de kilomètres dans la journée.
Quant à la Motofcloc, elle rattrape pe-
tit à petit la distance qu'elle avait perdue
depuis le départ. Faisant bravement hier
150 kilomètres, elle arrivait en très.borr
état à Ccdar-Rapids, d'où elle est repar-
tie aujourd'hui, à bonne allure, dans'
Tintent ion de rattraper la Protos en deux
ou trois jours.
Une halte à i& des
PIE X DÉCLINE
,,ronge le pape*
Rome, 11 mars. Par tettre de notre cor-
respondant particulier. Ceux qui n'ont
plus approché Pie X depuis trois ou quatre
anst et qui l'ont revu en ces derniers temps,
ont été vivement frappés du changement
survenu en lui dans une aussi courte pé-
riode. En effet,les deux portraits que je.
vous envoie comme comparaison celui
datant.du commencement de son règne et
celui qui a été fait tout récemment peu-
vent en donner une idée.
C'est un affaissement profond de tout
l'être physique, me disait hier un prélat, en-
core sous l'impression.
Et, comme je lui demandais si réellement
la goutte ou l'âge avaient pu abattre Pie X
de cette façon
Certainement non, m'a-t-il répondu.
De légers accès de goutte de peu de durée
et trois ou.quatre années de plus n'ont pu
produire de tels ravages*. Ce n'est point cela
qui a ainsi abattu un homme dont la cons-
titution apparaissait si robuste. Il y a une
cause morale, et ses effeis sont effrayants..
» Certes, les persécutions dont l'Eglise est
l'objet ne peuvent qu'affliger le père des fl-
j dèlee. Mais, chez un pape comme Pie X,
dont la foi plane au-dessus des faits.'des
œuvres des hommes, la conviction persiste
en la. force, la durée d'une institution 'dont
le divin fondateur a dit « que les.portes de
» l'enfer ne prévaudront point contre elle.
Mais ce qui ronge l'âme du pape, et qui est
autrement à redouter que la persécution,
c'est le modernisme, dont le venin s'infll'
tre dans les rangs du clergé.
» L'Eglise, dans la pensée du Pontife,
peut rester debout malgré tous les assauts.
lslle en a subi de plus terribles que ceux
de l'heure présente, et ses fondementsvn'en
om1- pas été ébranlés. Il en est autrement de
la propagation des idées 'modernistes', par
les ministres mômes c'est une gangrène
qui s'attaque aux membres et peut gagner
tout le .corps. Ici, le mal serait sans remède.
» Peu importerait encore le relâchement
réel dans la dévotion des fidèles, pourvu
que le corps reste sain mais si le -.corps,
lui aussi, se gangrène, c'en est fini..C'.est ec
que Pie X pressent, ce qui. le torture, l'abat
bien plus que la goutte et l'age. »
Le dernier portrait du pape ..̃̃••"̃̃
En haut, à gauche, le vape à l'ép oque de son élévation au pontificat.
Comment ils font des hommes
en Amérique
L'Université Columbia
New-York, 27 février.
On m'avait dit
Allez donc voir .Golumbia Univer-
sity c'est très curieux
J'allai voir Coiumbia University, et
c'est vrai que c'est très curieux. L'Aima-
Mater n'a pas échappé à la loi générale
qui régit cet étrange pays et qui veut
que tout ici tienne .un peu du caravansé-
rail, que .tout'ait un peu l'aspect du ca-
Columbia University s'étend la-bas,
au nord de et, elle comprend
quinze, vingt bâtiments, je ne sais plus.
Elle a ses églises, sa -.bibliothèque, ses
jardins; son bureau de poste et de télé-
graphie son salon de coiffure, ses réfec-
toires, ses pavillons, ses faubourgs.' Ce
n'est pas une université c'esl une ville.
Ce n'est pas un collège ce sont douze
collèges, greffés les uns sur les autres.
Il y a' le Golumbia collège ou école d'hu-
manités il y a une école de droit, une
école de médecine et de chirurgie, une
école de mines :et d'engineering, une
école des beaux-arts, où l'on .enseigne
l'architecture, la musique et le dessin,
une école des sciences politiques, une
école de pharmacie, une école de philo-
sophie, une école de sciences mathéma-
tiques, une école de professeurs, une
école spéciale pour l'été, nne école d'en-
seignemént technique professionnel
de telle sorte que, lorsque vous avez
passé par Columbia University, vous
pouvez être médecin, avocat, dentiste,
professeur, chimiste, ingélieur, phar-
macien, graveur, philosophe, ténor,
peintre, mécanicien, architecte, chirur-
gien, botaniste, électricien.. Vous pou-
vez même être tout,cela la fois, et,
comme cela n'est pas encore assez, à
partir de l'an prochain, vous pourrez
être reporter, car M. Pulitzer, prince de
)a finance et de la presse, a. donné cinq
millions de francs pour qu'on ajoute une
école de plus à toutes les écoles de Go-*
lumbia l'école du journalisme.
J'ai visité le dédale. Je me suis perdu
dans le labyrinthe. Je ne vous parlerai ni
de l'école de droit, ni de l'école des
beaux-arts, ni de l'école de médecine, ni
d'aucune école, parce que les .amphi-
théâtres où l'on fait les avocats, les- ar-
tistes et les: savants, les chaires où l'on
1 façonne les cerveaux- se ressemblent, au
fond dans tous les pays et sous toutes
les latitudes. Mais je vous.parlerai d'un
bâtiment qui; à Columbia University,
occupe une place d'honneur. Je vous en
parlerai, parce que on ne le re-
trouve pas ailleurs– 'on 'ne le trouve
surtout pas en France i et qu'on y fait
des hommes. Il s'agit .du gymnase.
La, tous, sans exception, doivent pas-
ser. L1 peut y avoir des étudiants dispen-
sés de cours ou d'études-: il-n'y en- a pas
de dispensés de gymnase. Quels que
soient l'âge ou la profession future, il
faut suivre Lés' cours d'assouplissement.
Les professeurs eux-mêmes, deux fois
par semaine, sont invités à déposer leur
dignité avec leur jaquette au vestiaire,
et, sous la direction de moniteurs, à ve-
iïir faire jouer leurs muscles
Mais aussi quelle 'merveilleuse salle'
de gymnastique! Il y la un'espace
énorme avec tous les agrès, tous les mé-
canismes, tous les appareils que. le génie
de l'homme a pu inventer et accumuler ?
puis, autour de l'amphithéâtre, il y a
une piste circulaire avec virages relevés,
où l'on pourrait donner des courses de
bicyclettes, mais où on se contente' de
donner des courses à pied puis, il -y a
une infinité de salles où l'on travailla
plus spécialement l'escrime, la boxe, la
bâton, que sais-je?
Trente par trente, les étudiants défi*
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LE VAUDEVILLE MODERNE
De la paresse
COMMENT JE SUIS DEVENU VAUDEVILLISTE
Il: est plus facile d'être vaudevilliste
que- d'expliquer pourquoi on l'est. Néan-
moins, je vais essayer.
'Il faut vous dire que j'y suis contraint.
Le Matin m'avait prié de lui fournir un
article à ce sujet. Il fallait parler de moi.
Toute modestie à part, c'est toujours
très-1 gênant de parler de soi. On est,
dans notre métier surtout, si accoutumé
aux traîtrises qu'on en arrive à se méfier
de soi-même. Je venais pour m'excuser
et me. défiler, mais il arriva que, bien-
tôt, je me trouvai enfermé. dans un cabi-
net, confortable, il est vrai, et congru-
ment éclairé; et, à travers la porte close,
j'entendis une voix me crier « Je ne
Vous rendrai votre liberté que contre le
(Piiot. P. Boyer.)
̃• ̃ ̃ M.' Feydeau
papier promis. » Je reconnus. la voix
de celui qui parlait ainsi, un tyran irré-
ductible, et je- dus reconnaître en même
temps- qu'en effet je l'avais promis, ce
papier sur ma vocation.
C'est presque du vaudeville. C'est par-
fait. Ainsi je m'exécute, d'autant plus
que j'ai'hâte d'être libre. 0 liberté 1.
Enfin.
'Comment je suis devenu vaudevil-
liste. ? C'est bien simple. Par paresse,
tout' 'simplement. Cômment 1 cela vous
étonne ? Vous ignorez donc que la pa-
resse, est. la mère miraculeuse, féconde
> Un travail.
Et je dis miraculeuse, parce que le
pèTe" est totalement inconnu.
J'étais tout enfant, six ans, sept ans.
Ce ne sais plus. Un soir, on m'emmena
au théâtre. Que jouait-on ? Je l'ai ou-
blié. Mais je revins enthousiasmé. J'é-
tais touché. Le mal venait d'entrer en
Le lendemain, après n'en avoir pas
dormi de la nuit, dès l'aube, je me mis
au travail. Mon père me surprit. Tirant
la langue et, d'une main fiévreuse, dé-
crêpant mes cheveux emmêlés par Fin-,
eomnie,' j'écrivais une pièce, tout sim-
plement.
Que fais-tu là ? me dit mon père.
Une pièce' de théâtre, répondis-je
avec résolution.
Quelques heures plus tard, comme
l'institutrice chargée de m'inculquer les
premiers éléments de toutes les scien-
ces en usage une bien bonne demoi-
selle, mais combien ennuyeuse 1 ve-
nait nie chercher
Allons, monsieur Georges, il est
temps.
Mon père intervint
-Laissez Georges, dit-il doucement,
Il a travaillé ce matin. Il a fait une pièce.
Laissez-le.
Je vis immédiatement le salut, le truc
Sauveur. Depuis ce jour béni, toutes les
fois que j'avais oublié de faire mon de-
voir, d'apprendre ma leçon, et cela, vous
pouvez m'en croire, arrivait quelque-
fois, je me précipitai sur mon cahier de
drames. Et mon institutrice, médusée,
me laissait la paix. On ne connaît pas
lassez les ressources de la dramaturgie.
"C'est ainsi que je commençai à deve-
nir vaudevilliste.
Puis, je continuai.
Au collège, à Saint-Louis, j'écrivis des
dialogues héroïques et crépitants, mais,
comme le pion me les chipait à mesure
et que je n'ai pas gardé le moindre sou-
tenir de ces chefs-d'oeuvre scolaires, je
n'en parlerai pas davantage. Cependant,
fêtais, dès ce moment, animé d'une vio-
lente ardeur 'pour le théâtre. Auteur .?
'Acteur ? Peu m'importait encore. Je me
,souviens d'avoir organisé, essayé plu-
tôt, avec de.. Péraudy, mon condisciple,
encore qu'il fût chez les grands quand
i'étaïs chez les petits, une représen-
tation dans une; salle que nous avions
louée, près de la rue Boissy-d'Anglas.
Nous devions jouer le Gendre de M. Poi-
rier. ̃
Des cirçonstances empêchèrent que la
cho3e eûtlieu, mais, tout de même, Tin-
fention y était
C'est plus tard, au régiment, au 74ode
ligne, s'il vous plaît, que j'écrivis ma
première grande pièce Tailleur pour
dames.
Saint-Germain et-Galipaux.y tenaient
les rôles principaux. Ce fut un succès.
Ma joie Aies espoirs Hélas ce n'était
pas arrivé, comme je le.pensais bénévo-
lement. Il me fallut déchanter. Je con-
nus l'angoisse des demi-succès. J'avais
de la philosophie déjà, naturellement,
sans compter l'expérience, depuis. Je
déchantai donc, mais je ne perdis pas
courage. Au contraire, je me cherchai
des raisons. Je trouvai, car je suis en-
têté. Avec de la paresse et de l'entête-
ment, on est toujours sûr d'arriver à
quelque chose.
Je me rappelle qu'à la sortie de Tail-
leur pour darnes, ayant rencontré Jules
Prével, celui-ci me dit d'un ton que je
n'ôublierai pas « On vous a fait votre
succès, ce soir, mais on vous le fera
payer. »
Jamais homme n'avait parlé avec tant
de sagesse et de vérité.
Cependant, je remarquai que les vau-
devilles étaient invariablement brodés
sur des trames désuètes, avec des per-
sonnages conventionnels, ridicules et
faux, des fantoches. Or, je pensai que
chacun de nous, dans la vie, passe par
des situations vaudevillesques, sans tou-
tefois qu'à ces jeux nous perdions notre
personnalité intéressante. En fallait-il
davantage ? Je me mis aussitôt à cher-
cher mes personnages dans la réalité,
bien vivants, et, leur conservant leur ca-
ractère propre, je m'efforçai, après une
exposition de comédie, de les jeter dans
des situations burlesques.
Le plus difficile était fait, il ne restait
qu'à écrire les pièces, ce<|ui, pour un'
bon vaudevilliste, vous le savez, n'est
plus qu'un jeu d'enfant.
Ai-je réussi ? En doutant, je montre-
rais de l'ingratitude envers le public
qui m'a prodigué ses applaudissements,
et qui a ri quelquefois de bon cœur,
quand ma seule intention était de lui
plaire et de le faire rire autant qu'il
est possible. Mais ce sont les lettres,
venues de partout, qui vous affir-
ment, à vous-même, la gloire que
vous rêvez. Et j'en ai reçu. Combien
Une, tenez. Un jour, un monsieur qui
signait J. B. m'écrit de Bordeaux, m'ap-
pelant « cher maître » et vantant, avec
mon goût sûr, mon esprit délicat et mon
talent immense.. Ce sont ses .propres ter-
mes. Il m'envoyait en même temps un
manuscrit, une pièce prestigieuse d'es-
prit, affirmait-il, sur laquelle il deman-
dait mon avis, par politesse, en m'of-
frant d'être son collaborateur.
La pièce dépassait les bornes du per-
mis en fait d'idiotie. Je la renvoyai à son
modeste auteur avec mes regrets.
Or, moins d'une semaine après, je re-
çus de mon correspondant bordelais
une lettre furieuse. Il me traitait des
pieds à la tête, et il terminait par ces
mots d'exquise urbanité
« Et nuis, je vous em. 1 »
A quoi je répondis avec sérénité
Plus maintenant, cher monsieur,
j'ai fini de lire votre pièce. »
Ce fut tout, mais c'était de la gloire.
Georges Feydeau.
PROPOS D'UN PARISIEN
Le tout est d'avoir de la patience et de
durer longtemps. Ceux qui se conformeront
à ces recommandations verront une société
perfectionnée où, à la condition de n'avoir
pas le sou, on mènera une vie fort agréable.
Les autres seront moins bien partagés. Mais
il est entendu qu'on ne peut contenter tout
le monde et son père.,
Je dis cela à propos de la proposition de
loi que le parti socialiste anglais a présentée
à la Chambre des communes. On a pu cons-
tater qu'aux termes de ce projet de loi le
gouvernement serait dans l'obligation de
fournir un emploi à tout homme qui en
manquerait. Au cas où cet emploi ne pour-
rait être donné, le gouvernement devrait
pourvoir à l'existence et de l'homme et de
sa famille.
Simple correctif ceux qui, habituelle-,
ment, n'auraient- pas de travail, par leur
faute, seraient emprisonnés pour une pé-
riode de six mois avec travail forcé.
La Chambre des communes a rejeté cette
proposition par 265 voix contre 116 il y a
eu un nombre considérable d'abstentions du
fait de députés qui, dans leur circonscrip-
tion, ont à compter avec le parti ouvrier.
Ceci peut vouloir dire que le projet, s'il
est mort pour l'instant, n'est pas enterré, et
reviendra sur l'eau.
Pour le cas où il passerait la Manche, il
n'est pas sans intérêt de faire noter que
cette invention anglaise nous a été chipée.
Bien avant les socialistes anglais, les nô-
tres avaient imaginé les ateliers nationaux
à l'usage des ouvriers sans travail. Ils fu-
rent essayés en 1848 on sait avec quel suc-
cès.
Mais quels temps heureux nous réserve
l'avenir On n'aura plus à s'occuper de rien.
L'Etat pourvoira à tout, suivant 'l'Evangile
collectiviste, qui doit faire de nous d'heureux
moines dépourvus de soucis et sûrs du len-
demain. Et, à ce propos, notons que les
collectivistes, eux non plus, n'ont rien in-
venté leur formule, c'est celle de la com-
munauté, du couvent.
Ils se bornent à l'appliquer à toute la
Franche et à tous les Français. H.
HARDUIN.
L'AVIS DE LA FRANGE
DANS LA QUESTION
DE MACÉDOINE
En réponse à la proposition de sir Edouard
Grey, ministre des affaires étrangères de
Grande-Bretagne, concernant la nomination
d'un gouverneur indépendant, la France a
fait savoir qu'elle était disposée'à accepter
et à appuyer toute proposition tendant à as-
surer les réformes en Macédoine, autant
que cette proposition recevrâ l'appui de la
majorité des puissances
M. Briand, garde des sceaux, déposera
demain sur le bureau de la Chambre le pro-
jet d'amnistie que le gouvernement a ap-
prouvé hier en conseil des ministres.
Le gouvernement a pensé que, dans un
but d'apaisement, l'amnistie devait être la
plus large possible, et, il a résolu de l'éten-
dre non seulement aux poursuites engagées
ou aux condamnations prononcées pour les
crimes ou délits commis au cours des trou-
bles du Midi, mais aussi aux faits de grève,
aux délits de presse et de réunion et aux
contraventions encourues soit par les pa-
tronsa soit par les ouvriers, à l'occasion de
1'appucation de la loi sur le repos hebdoma-
daire.
En ce qui concerne les troubles du Midi,
M. Briand a reçu hier la délégation, com-
posée de MM. Sarraut, Lafferre, Brousse,
Salis, l'astre, Bourrât, Augé et Bartissol,
qui avait, reçu des élus méridionaux
mandat' de conférer avec lui sur la portée
du projet. M. Briand leur a annoncé que
l'amnistie serait,pleine et entière pour les
faits se rapportant à la crise viticole, mais
que le bénéfice en serait refusé aux con-
damnés par application de la loi sur les
fraudes alimentaires..Les délégués n'en de-
mandaient pas davantage..
L'amnistie visera aussi, nous l'avons dit,
les déitis de presse et de réunion. Mais,
comme M. Clemenceau l'a déclaré vendredi
à la Chambre, le projet fait une exception
formelle pour les aniipatriotes condamnés.
Les fonctionnaires révoqués seront réinté-
grés individuellement, par décision gouver-
nementale, s'il y a lieu, et'après examen de
chaque esliéce. Notons cependant que M.
Paul Constans reprendra, sous forme d'a-
mendement, sa proposition tendant à la ré-
intégration totale des fonctionnaires révo-
qués.
Il appartiendra à la Chambre de hâler le
vote du projet pour que, anrès adhésion du
Sénat, il obtienne force de loi avant les élec-
tions municipales.
Le projet, sera donc soumis au préalable
à l'examen de la commission de la réforme:
judiciaire.
EST-CE LA
D'Amade va-t-il frapper
un dernier coup ?
Le gouvernement communique la note
suivante
Le général d'Amade télégraphie que les
colonnes se sont portées à Settat, où elles
bivouaquent.
Les mehallas, en déroute, se retirent vers
la nord.
Moulai Hafid et ses cafds ont fait parvenir
au général leur supplique ils demandent
la cessation des hostilités et la conclusion de
la paix.
La pacification se poursuit rapidement
dans toute la région chaouïa.
De notre côté-, nous recevons les dépêches
suivantes de Tanger
Tanger, 14 mars. Dépêche particulière
du Matin n. Les dernières nouvelles re-
çues de Casablanca par radiogrammes par-
ticuliers montrent la situation conrmae étant
bien meilleure que précédemment.
Après la défaite terrible infligée le 8 cou-
rant par le générat d'Amade aux tribus g2ci
no-us attaquaient, soutenues pardes contin-
gents hafidistes, ces mêmes tribus seraient
dans un désarroi presque complet.
On confirme que plrrsieurs ont envoyé des
émissaires au commandant des troupes
françaises, entre autres le grand chérif Bou
Azzaoui, chéri[ de-La secte religieuse des
Dergaoua Aman, mais il ressort des rensei-
gnements reçus qu'il ne faut pas trop croire
aux promesses de soumission auxquelles on
a trop ajouté foi jusqu'à ce jour. (
En tous cas, il ressort nettement de l'en-
semble des informations que la pacification
complète et définitive des Chaouïa est l'af-
faire de quelques jours si les troupes du gé-
néral d'Amade peuvent, par une dernière
poursuite, préciser et confirmer les succès
précédents et réduire par là les tribus à no-
tre merci.
Ce qu'il ne faut pas surtout, c'est que les
Marocains, comme ils l'ont fait précédem-
ment, puissent compter gagner du temps
par leur demande de soumission pour se re-
former et nous attaquer à nouveau.
Il faudrait frapper vite et fort.
Dans le Sud-Oranais.
Nos dépêches confirmées..
Une autre note au sujet de la situation
dans le Sud-Oranais, que communique le
gouvernement, confirme la nouvelle que
nous avons publiée hier matin.
Voici cette note
Le général commandant le 19" corps télé-,
graphie que le lieutenant Carcapyw, qui
commandait le petit détachement envoyé de
Beni-Abbès pour poursuivre le djich de Si-
Beraber du Tafilalet, a été attaqué, le 11
nid)- à l'ouest de Hassi-el-Hamida, par des
été tué, deux sous-officiers blessés.
Le détachement s'est retiré sur Zeghemrs,
ou le commandant de l'annexe de Beni-Ab-
bès se porte à sa rencontre avec les troupes
disponibles.
Le général envoie la compagnie du .ba-
taitton d'Arqué de Taghit à Beni-Abbès
pour renforcer ce poste.
SAISON OU SAISONS?
LES IDÉES
DE PARIS
Faisons un Henley français
dit M. Henry Deutsch.
Le Salon 'de l'automobile constitue
à lui seul une saison de Paris. Mais je
verrais tràs bien une autre saison, vers
l'été, destinée à égayer Paris. Laissons
de côté l'automobile et les aéroplanes.
» Que penseriez-vous d'une grande
fête nautique, une sorte de Henley. fran-
çais ?
•)> Nous avons, aux environs de Paris,
entre Maisons-Laffitte et Conflans, un
bassin qui se prêterait admirablement
à des régates de yachting automobile, de
rowing, de yachts à la voile. On rénove-
rait le sport sur l'eau, bien délaissé en
ce moment. Des courses, des concours
de bateaux fleuris, une fête de nuit or-
ganisés dans le cadre si joli des bords
de la Seine attireraient, j'en suis certain,
un public élégant. »
Les idées de M. Georges Besançon
secrétaire de la chambre syndicale des indus-
tries aéronautiques.
Il y a,, nous dit M. Georges Besan-
çon, une saison intangib|e, c'est celle de
l'automne. Mais, à côté d'elle, on peut
créer, vers le commencement de l'été,
une autre saison, à laquelle l'aviation
pourrait apporter son concours aussi
bien pour une exposition des industries
aéronautiques que pour des essais d'aé-
roplanes; ayant déjà excité la curio-
sité de beaucoup d'étrangers qui n'ont
pas craint de passer le détroit ou de
franchir les frontières de l'est pour as-
sister aux tentatives de Santos-Dumont
et de Farman:
1 Dire que ces essais pourraient avoir
lieu à jour et heure fixes serait une pro-
fonde erreur mais, pendant toute une
semaine que pourrait durer la saison, il
y aurait certes assez de beau temps pour
permettre à nos aviateurs d'évoluer à
Issy-les-Moulineaux.
''MATIN "-NEW-YORK-PARIS
Autant de neige
qu'au Lautaret
New- York, 14 mars (via P.-Q.). Dé-
pêche particulière du « Matin ». La
Zûst, qui, hier encore, marcha mieux,
quittant Cheyenne dans la matinée, at-
teignait Laramie quelques heures plus
tard, après avoir franchi assez facile-
ment le Highest, défilé des Montagnes
Rocheuses.
Après un repos de quelques heures,
Siftori se remettait en route, avec en-
core l'intention de marcher toute la nuit.
La 60 HP. Thomas, arrivée à Evans-
ton, rapporte que les routes entre Carter
et Evanston sont recouvertes d'une cou-
che de neige d'environ trois mètres de
hauteur, qui les rend absolument in-
franchissables.
Aussi, la voiture américaine emprun-
ta-t-elle encore, au cours de l'étape:
d'hier, la vbie terrée de l'Union Pacifie,
voie obscure s'il en fut, qui s'achemine
par de longs et nombreux tunnels à tra-
vers cette partie des Montagnes Ro-
cheuses. ̃ ̃̃
Contrairement à ce qui fut annoncé
hier, la 30 HP. de Dion n'est pas encore
arrivée à Omaha, mais elle se trouvait
hier soir, arrêtée par la boue, tout près
de cette ville.
La Protos a toujours des ennuis avec
ses pneus. Elle était hier soir à Mes Iowa,
ayant seulement parcouru une soixan-
taine de kilomètres dans la journée.
Quant à la Motofcloc, elle rattrape pe-
tit à petit la distance qu'elle avait perdue
depuis le départ. Faisant bravement hier
150 kilomètres, elle arrivait en très.borr
état à Ccdar-Rapids, d'où elle est repar-
tie aujourd'hui, à bonne allure, dans'
Tintent ion de rattraper la Protos en deux
ou trois jours.
Une halte à i& des
PIE X DÉCLINE
,,ronge le pape*
Rome, 11 mars. Par tettre de notre cor-
respondant particulier. Ceux qui n'ont
plus approché Pie X depuis trois ou quatre
anst et qui l'ont revu en ces derniers temps,
ont été vivement frappés du changement
survenu en lui dans une aussi courte pé-
riode. En effet,les deux portraits que je.
vous envoie comme comparaison celui
datant.du commencement de son règne et
celui qui a été fait tout récemment peu-
vent en donner une idée.
C'est un affaissement profond de tout
l'être physique, me disait hier un prélat, en-
core sous l'impression.
Et, comme je lui demandais si réellement
la goutte ou l'âge avaient pu abattre Pie X
de cette façon
Certainement non, m'a-t-il répondu.
De légers accès de goutte de peu de durée
et trois ou.quatre années de plus n'ont pu
produire de tels ravages*. Ce n'est point cela
qui a ainsi abattu un homme dont la cons-
titution apparaissait si robuste. Il y a une
cause morale, et ses effeis sont effrayants..
» Certes, les persécutions dont l'Eglise est
l'objet ne peuvent qu'affliger le père des fl-
j dèlee. Mais, chez un pape comme Pie X,
dont la foi plane au-dessus des faits.'des
œuvres des hommes, la conviction persiste
en la. force, la durée d'une institution 'dont
le divin fondateur a dit « que les.portes de
» l'enfer ne prévaudront point contre elle.
Mais ce qui ronge l'âme du pape, et qui est
autrement à redouter que la persécution,
c'est le modernisme, dont le venin s'infll'
tre dans les rangs du clergé.
» L'Eglise, dans la pensée du Pontife,
peut rester debout malgré tous les assauts.
lslle en a subi de plus terribles que ceux
de l'heure présente, et ses fondementsvn'en
om1- pas été ébranlés. Il en est autrement de
la propagation des idées 'modernistes', par
les ministres mômes c'est une gangrène
qui s'attaque aux membres et peut gagner
tout le .corps. Ici, le mal serait sans remède.
» Peu importerait encore le relâchement
réel dans la dévotion des fidèles, pourvu
que le corps reste sain mais si le -.corps,
lui aussi, se gangrène, c'en est fini..C'.est ec
que Pie X pressent, ce qui. le torture, l'abat
bien plus que la goutte et l'age. »
Le dernier portrait du pape ..̃̃••"̃̃
En haut, à gauche, le vape à l'ép oque de son élévation au pontificat.
Comment ils font des hommes
en Amérique
L'Université Columbia
New-York, 27 février.
On m'avait dit
Allez donc voir .Golumbia Univer-
sity c'est très curieux
J'allai voir Coiumbia University, et
c'est vrai que c'est très curieux. L'Aima-
Mater n'a pas échappé à la loi générale
qui régit cet étrange pays et qui veut
que tout ici tienne .un peu du caravansé-
rail, que .tout'ait un peu l'aspect du ca-
Columbia University s'étend la-bas,
au nord de et, elle comprend
quinze, vingt bâtiments, je ne sais plus.
Elle a ses églises, sa -.bibliothèque, ses
jardins; son bureau de poste et de télé-
graphie son salon de coiffure, ses réfec-
toires, ses pavillons, ses faubourgs.' Ce
n'est pas une université c'esl une ville.
Ce n'est pas un collège ce sont douze
collèges, greffés les uns sur les autres.
Il y a' le Golumbia collège ou école d'hu-
manités il y a une école de droit, une
école de médecine et de chirurgie, une
école de mines :et d'engineering, une
école des beaux-arts, où l'on .enseigne
l'architecture, la musique et le dessin,
une école des sciences politiques, une
école de pharmacie, une école de philo-
sophie, une école de sciences mathéma-
tiques, une école de professeurs, une
école spéciale pour l'été, nne école d'en-
seignemént technique professionnel
de telle sorte que, lorsque vous avez
passé par Columbia University, vous
pouvez être médecin, avocat, dentiste,
professeur, chimiste, ingélieur, phar-
macien, graveur, philosophe, ténor,
peintre, mécanicien, architecte, chirur-
gien, botaniste, électricien.. Vous pou-
vez même être tout,cela la fois, et,
comme cela n'est pas encore assez, à
partir de l'an prochain, vous pourrez
être reporter, car M. Pulitzer, prince de
)a finance et de la presse, a. donné cinq
millions de francs pour qu'on ajoute une
école de plus à toutes les écoles de Go-*
lumbia l'école du journalisme.
J'ai visité le dédale. Je me suis perdu
dans le labyrinthe. Je ne vous parlerai ni
de l'école de droit, ni de l'école des
beaux-arts, ni de l'école de médecine, ni
d'aucune école, parce que les .amphi-
théâtres où l'on fait les avocats, les- ar-
tistes et les: savants, les chaires où l'on
1 façonne les cerveaux- se ressemblent, au
fond dans tous les pays et sous toutes
les latitudes. Mais je vous.parlerai d'un
bâtiment qui; à Columbia University,
occupe une place d'honneur. Je vous en
parlerai, parce que on ne le re-
trouve pas ailleurs– 'on 'ne le trouve
surtout pas en France i et qu'on y fait
des hommes. Il s'agit .du gymnase.
La, tous, sans exception, doivent pas-
ser. L1 peut y avoir des étudiants dispen-
sés de cours ou d'études-: il-n'y en- a pas
de dispensés de gymnase. Quels que
soient l'âge ou la profession future, il
faut suivre Lés' cours d'assouplissement.
Les professeurs eux-mêmes, deux fois
par semaine, sont invités à déposer leur
dignité avec leur jaquette au vestiaire,
et, sous la direction de moniteurs, à ve-
iïir faire jouer leurs muscles
Mais aussi quelle 'merveilleuse salle'
de gymnastique! Il y la un'espace
énorme avec tous les agrès, tous les mé-
canismes, tous les appareils que. le génie
de l'homme a pu inventer et accumuler ?
puis, autour de l'amphithéâtre, il y a
une piste circulaire avec virages relevés,
où l'on pourrait donner des courses de
bicyclettes, mais où on se contente' de
donner des courses à pied puis, il -y a
une infinité de salles où l'on travailla
plus spécialement l'escrime, la boxe, la
bâton, que sais-je?
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