Titre : Le Mousquetaire : journal de M. Alexandre Dumas
Auteur : Dumas, Alexandre (1802-1870). Auteur du texte
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1855-07-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32820482q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 550 Nombre total de vues : 550
Description : 08 juillet 1855 08 juillet 1855
Description : 1855/07/08 (A2,N40). 1855/07/08 (A2,N40).
Description : Note : 02 PI 0286 vues Réd. 14 x R182449. Note : 02 PI 0286 vues Réd. 14 x R182449.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5682277h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-2140
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
- Aller à la page de la table des matières432
- LES MOHICANS DE PARIS.
Dimanelie 8 Juillet 18HS.
lu Numéro : 30 Centimes.
Édition hebdomadaire.—!V 40.
MADAME EMILE DE GIRARDIN 4i4
Nous Savions Mme de Girardin souffrante, et nous avions
fait demander plusieurs fois de ses nouvelles, sans nous
douter de la gravité de sa situation, lorsque tout-à-coup un
bruit, qui nous paraissait impossible à croire, est arrivé )
jusqu'à nous comme un coup de foudre, j
Je pris la plume et j'écrivis ces cinq mots seulement : j
« Cher Cabarrus, est ce vrai ? » j
Dix minutes après, je recevais cette réponse : I
a Cher ami, hélas ! oui, ce noble coeur et ce grand esprit que !
nous aimions tant ont cessé de vivre hier, è minuit, après une
longue et douloureuse maladie.
» Après-demain, lundi, nous conduirons notre pauvre amie à
sa dernière demeure. Le service est fixé à onze heures précises, à
Chaillot. Les journaux vont l'annoncer, mais aucune lettre per-
sonnelle ne sera envoyée.
» La mort en veut bien à la gloire. I
» A vous de coeur, E. CAHAÏUUÎS. » j
Pauvre Cabarrus ! Voici trois ans qu'il m'annonçait à
Bruxelles, où j'étais alors au milieu de mes chers exilés, la
mort d'un autre ami, grand coeur et grand esprit aussi, ce-
lui-là, la mort du comte d'Orsay.
Mme de Girardin morte ! Celait à n'y pas croire. On se
demande comment certains coeurs peuvent cesser de battre,
comment certains esprits peuvent cesser d'exister, tant la
vie éternelle, la vie puissante de la bonté et du génie étaient
en eux.
if.
Mme de Girardin morte ! Je perdais là plus qu'une amie*
je perdais un frère, un défenseur, (C'était une des haules
qualités de Mme de Girardin, celle-là; là femme virile en
tendresse ne permettait point que l'on touchât à ses amis de-
vant elle.
Quand trois députés m'insultèrent à la Chambre et que je
pris la plume pour leur demander raison de l'insulte; elle,
en même temps, prenait la plume aussi et elle écrivait clans
la Presse, devenue aux mains de la noble amazone lance et
bouclier, elle écrivait quelques-unes des pages les mieux
senties qu'un ami ait jamais écrites sur un ami, une femme
de talent sur un homme de talent.
En apprenant cette mort inattendue, je fis demander une
place au Mousquetaire pour annoncer la fatale nouvelle. Il
était trop tard, on avait tiré ensemble le journal du samedi
et celui du dimanche, c'est pourquoi notre deuil s'est trouvé
ajourné à celte heure.
Le soir, je montai en voiture pour aller m'inscrire rue de
Chaillot, La maison était sombre; dans un petit pavil-
lon, une lampe brûlait; un domestique en noir était assis,
un registre funèbre était ouvert.
Et elle, la femme, la Muse, la reine, elle, à trente pas de
là, elle dormait du sommeil éternel.
J'aurais donné beaucoup pour m'agenouiller près de ce
lit de mort pour baiser une dernière fois cette main glacée
qui avait écrit tant de nobles pages et qui jamais n'avait été
complice d'un seul mauvais sentiment.
Je n'osai trapper à la porte sombre, derrière laquelle pleu-
rait un homme au coeur de bronze, qui a versé peu de lar-
mes dans sa vie, et qui, seul avec sa douleur, versait en c
moment ses larmes les plus amères.
La mort a son étiquette plus sainte et plus rigide encore
que celle des rois.
lu Numéro : 30 Centimes.
Édition hebdomadaire.—!V 40.
MADAME EMILE DE GIRARDIN 4i4
Nous Savions Mme de Girardin souffrante, et nous avions
fait demander plusieurs fois de ses nouvelles, sans nous
douter de la gravité de sa situation, lorsque tout-à-coup un
bruit, qui nous paraissait impossible à croire, est arrivé )
jusqu'à nous comme un coup de foudre, j
Je pris la plume et j'écrivis ces cinq mots seulement : j
« Cher Cabarrus, est ce vrai ? » j
Dix minutes après, je recevais cette réponse : I
a Cher ami, hélas ! oui, ce noble coeur et ce grand esprit que !
nous aimions tant ont cessé de vivre hier, è minuit, après une
longue et douloureuse maladie.
» Après-demain, lundi, nous conduirons notre pauvre amie à
sa dernière demeure. Le service est fixé à onze heures précises, à
Chaillot. Les journaux vont l'annoncer, mais aucune lettre per-
sonnelle ne sera envoyée.
» La mort en veut bien à la gloire. I
» A vous de coeur, E. CAHAÏUUÎS. » j
Pauvre Cabarrus ! Voici trois ans qu'il m'annonçait à
Bruxelles, où j'étais alors au milieu de mes chers exilés, la
mort d'un autre ami, grand coeur et grand esprit aussi, ce-
lui-là, la mort du comte d'Orsay.
Mme de Girardin morte ! Celait à n'y pas croire. On se
demande comment certains coeurs peuvent cesser de battre,
comment certains esprits peuvent cesser d'exister, tant la
vie éternelle, la vie puissante de la bonté et du génie étaient
en eux.
if.
Mme de Girardin morte ! Je perdais là plus qu'une amie*
je perdais un frère, un défenseur, (C'était une des haules
qualités de Mme de Girardin, celle-là; là femme virile en
tendresse ne permettait point que l'on touchât à ses amis de-
vant elle.
Quand trois députés m'insultèrent à la Chambre et que je
pris la plume pour leur demander raison de l'insulte; elle,
en même temps, prenait la plume aussi et elle écrivait clans
la Presse, devenue aux mains de la noble amazone lance et
bouclier, elle écrivait quelques-unes des pages les mieux
senties qu'un ami ait jamais écrites sur un ami, une femme
de talent sur un homme de talent.
En apprenant cette mort inattendue, je fis demander une
place au Mousquetaire pour annoncer la fatale nouvelle. Il
était trop tard, on avait tiré ensemble le journal du samedi
et celui du dimanche, c'est pourquoi notre deuil s'est trouvé
ajourné à celte heure.
Le soir, je montai en voiture pour aller m'inscrire rue de
Chaillot, La maison était sombre; dans un petit pavil-
lon, une lampe brûlait; un domestique en noir était assis,
un registre funèbre était ouvert.
Et elle, la femme, la Muse, la reine, elle, à trente pas de
là, elle dormait du sommeil éternel.
J'aurais donné beaucoup pour m'agenouiller près de ce
lit de mort pour baiser une dernière fois cette main glacée
qui avait écrit tant de nobles pages et qui jamais n'avait été
complice d'un seul mauvais sentiment.
Je n'osai trapper à la porte sombre, derrière laquelle pleu-
rait un homme au coeur de bronze, qui a versé peu de lar-
mes dans sa vie, et qui, seul avec sa douleur, versait en c
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que celle des rois.
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