Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1919-02-27
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Description : 27 février 1919 27 février 1919
Description : 1919/02/27 (Numéro 15360). 1919/02/27 (Numéro 15360).
Description : Note : Ed. de Paris. Note : Ed. de Paris.
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/08/2008
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Seine ets.-et-0. 8.» 15.SO
France Colon. 9.» 16.50
Etranger 10.» 18.
JEUDI
FÉVRIER 1919
Sainte Honorine
SOLEIL lev, 6 h, 40; couob. S h. 28
LOBE nouv. le pr. qu. le 9
Temps probable ondées
Ï09» JOOR DE L'ARMISTICE
L'armée allemand
L'ancienne armée allemande, celle-qui
s'appuyait exclusivement sur le capora-
lisme prussien et la discipline du pas de
l'oie, a cessé d'exister. Il en reste bien
.quelques débris, qu'Hindenburg s'ef-
force de radouber mais l'i-nstrument
,de conquêtes et de déprédations, forgé
il y a quelque soixante ans par Bis-
marck, Roon et Moitié, est brisé à tout
jamais. Je n'assurerais même pas que
les morceaux en soient bons.
A ne voir que les tendances actuelles,
on pourrait supposer qu'il ne sera pas
remplacé. A Weimar, on parle en effet
de constituer simplement une milice,
sur le modèle suisse mais c'est comp-
ter sans le réveil d'un pangermanisme
vqui n'est peut-être qu'asspupi et n'attend
qu'une occasion pour se réveiller,
eomm^ semblent l'indiquer les événe-
ments de Munich et certaines manifesta-
tions de hobereaux et de junkhers. Il est
prudent, en tous cas, de se tenir en mé-
tlance contre les procédés plus ou moins
tortueux dont les Allemands n'hésitent
jamais se servir quand il s'agit pour
eux de pratiquer la fraude et le dol.
'L'Histoire nous apprend comment la
• Prusse, condamnée par Napoléon, en
1807, à n'avoir sous les armes que 4Q.000
•Jiomïiïes, a pu, sept ans plus tard, en
jeter 180.000 dans la coalition.
Aussi bien, ne laissera-t-on probable-
ment pas Ebert et consorts libres de pro-
céder comme ils l'entendent à la recons-
titution des forces germaniques. D'après
un journal anglais, le Daily Express,
certaines conditions seraient déjà admi-
ses par l'Entente, auxquelles l'Allema-
gne serait obligée de se soumettre. Ainsi,
elle ne pourrait entretenir que quinze
divisions d'infanterie et cinq de cavale-
rie, formant en tout 300.000 hommes,
avec des états-majors restreints. Les ar-
senaux seraient limités et les importa-
tions d'armes et de munitions interdites.
Enfin, on fixerait. une zone frontière,
.dans laquelle aucune garnison ni aucun
établissement militaire ne seraient to-
lérés.
Tout cela est évidemment fort bien
mais c'est insuffisant. L'Allemagne, si
elle médite une revanche, ne la prépa-
rera par rien de ce qui est ostensible.
Elle ne cherchera pas à développer ses
forces visibles, mais, par contre, elle
s'efforcera d'en découvrir de nouvelles,
qu'elle tiendra cachées jusqu'au dernier
moment. L'atroce ingéniosité qui lui a
fourni l'emploi'des gaz asphyxiants; des
jets de liquides enflammes, de la pira-
terie sous-marine, des canons à la por-
tée invraisemblable, cette infâme appli-
cation de la science aux œuvres de mort,
voilà sur quoi elle basera tous ses cal-
culs. Et, dans cet ordre d'idées, l'aviation
doit, si l'on n'y prend garde, lui être d'un
grand secours. Sous prétexte de com-
merce, elle fabriquera des appareils ca-
pables de détruire une ville en Une nuit.
Voilà donc un champ assez vaste qui
s'ouvre à notre surveillance. La France
et l'Angleterre, qui sont placées aux
premières loges, covnmettraient, en le
négligeant, une grande imprudence. Il
faut absolument placer la fabrication
des avions allemands sous le contrôle
des puissances, la limiter, non seule-
ment comme nombre, mais comme
force motrice. Ce sera là, j'en suis as-
suré, une opération plus profitable que
celle qui consisterait à prendre, en ce
qui concerne les effectifs, des garanties
peut-être trop faciles à éluder.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
LA SITUATION FINANCIÈRE
Dans sa réunion d'hier, au Palais-Bour-
bon, la commission du budget, sous la
présidence de M. Raaut Péret, a abordé
y'examen du projet de loi tendant à aug-
menter de trois milliards le chiffre des
avances que la Banque de France peut
consentir à l'Etat.
A cette occasion, la commission v été
amenée it poursuivre le débat ouvert, le
'18 février, par les déclarations dc Ni. Kbtz,
ministre des Finances, sur la situation
ftnancière, déclarations que nous avons fait
connaître en détail. NI. Raonl Péret, nofam-
inent, et M. ("hurles Dumont ont exposé
'Jeur point de vue au regard de ces déclara-
tions.
La commission rn terminera probable-
ment aujourd'hui sur ce point et fera con-
naître ses conclusions.
M. Wilson est arrivé à Washington
Washington, 26rcvrier.
M. lVilson est arrivé hier dans la mati-
née, sal par de Vives acclamations.
Le cfpinet s'est réuni dans l'après-midi.
LE DOCTEUR CHAPUT
chef du service de chirurgien à Lariboisière
S'EST SUICIDÉ HIER
"(Voir l'article h la 2* >W.)
Le docteur CHAPUT
l'après *n instantané pris pendant sa consultation
a l'hôpital Lariboisière
N. Clemenceau, pour sa première sortie;
va en auto visiter le château de Versailles
LE MATIN, LE CAPITAINE BOUCHARDON ÉTAIT VENU RUE FRANKLIN
RECUEILLIR LE TÉMOIGNAGE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL
ïH.EMrfeetnro *«ra*A#r oé chéIT lui pour faire «un PETIT tour» en auto
(CI. Petit Parisien.)
Voici une bonne nouvelle et qui sera, on
peut maintenant y compter, confirmée dans
l'avenir: NI. Clemenceau est à peu près
complètement guéri. Plus jeune que jamais,
il étonne tous ceux qui l'approchent, par
sa vivacité, son entrain, son ardeur au tra-
vail et il est probable que d'ici à peu de
jours il aura repris définitivement la dire-
tion des affaires publiques, qu'il n'a d'ail-
leuTS jamais cessé d'examiner, soit directe-
ment, soit par l'intermédiaire de ses colla-
borateurs de 'confiance.
Dès le matin, hier, après son petit déjeu-
ner, il a annoncé aux docteurs rlorand,
Tuffier, Laubry, Gosset et Combes son in-
tention bien arrêtée d'aller iaire dans
l'après-midi une promenade en automobile.
Les médecins ont dû s'incliner devant
son désir.
Vers neuf heures, après le départ des
«lecteurs, M. Bouohardon et son greffier, le
capitaine Thibault, furent introduits auprès
du président du Conseil. L'officier rappor-
teur venait recueillir la déposition de M.
Clemenceau, victime de l'attentat du 19 fé-
vrier.
L'entretien duré une demi-heure, pen-
dant 'laquedle ',NI. Clemenceau a parlé avec
une animation, une gaieté, une belle hu-
meur extraordinaires, relatant avec une
luoidwté, une -clarté étonnantes, phases par
phases, les rapides étapes, puurruit-u:i dire,
de l'attentat.
Il s'est rendu parfaitement compte de tout
ce qui s'était passé il a déclaré notamment
qu'il avait parfaitement reconnu Cottin,
dont la présence, rue Franklin, la veille de
l'attentat, l'avait frappé il a vu les balles
'éloiler les unes après les autres les glaces
de l'auto il croit que c'est le second pro-
jectile qui l'atteignit, dans l'angle droit du
véhicule, où il s'était, instinctivement blotti
à la première détonation.
Après le départ des magistrats, M. Cle-
menceau reçut ses deux principaux collabo-
rateurs, M. Mande! et le général Mordacq,
puis s'entretint quelques instants avec MM.
Pichori, Jeunnenoy, Ignace et Henry Simon.
« Chauffeur à Versailles »
A deux heures, accompagné du docteur
Laubrv, M. Clemenceau est sorti dans son
auto que pilotait le chauffeur habituel, M.
Brabant. Les curieux, massés devant la
porte, dès qu'ils aperçurent lo président
du Conseil, lui firent une ovation des plus
émouvantes. M..Clemenceau s'en montra
tràs touché.
C'est un simple tour au Bois que devait
faire le président du Conseil, pour sa pre-
mière promenade. Mais, brusquement, .le
convalescent'changea d'avis.
L'auto, traversant la place du Trocadéro,
et suivant l'avenue Klé.ber, prit l'avenue du
liois à ta hauteur de l'Arc de Triomphe. On
pouvait encore croire que Ni. Clemenceau
de nouveau interrogé, feint de ne pas se souvenir
Le capitaine Bouchardon a entendu la. ,Il:-
position d'un témoin bénévole, M. Lapôtre,
président d'une société s'occupant de scien-
ces psychiques et d'hypnotisme, qui a dé-
claré que Cottin, depuis près d'un an, sui-
vait assidûment ses réunions.
Cette audition terminée, le rapporteur a
fait subir un nourvet interrogatoire à Cottin,
qui, (-file fois, n'était plus assisté de ses
a voeu s.
Lc magistrat instructeur a ouvert, en pré-
sence de l'inculpé, et examiné avec lui les
scellés l'enfermant les objets saisis dans sa
chambre, il l'hûtel PizouM.
Cottin a été ensuite invité à fournir des
indications plus précises sur l'identité de
son mystérieux visiteur, le jeune homme
blond.
L'inculpé persiste dire qu'il ne connaît
pas le nom de ce camarade.
Quand il se sent serré de trop près par
les questions du rapporteur, Cottin feint de
ne pas se souvenir. L'examen montal dont
est chargé le docteur Roubinovitch rensei-
gnera sans doute le rapporteur sur la sincé-
rité de ce défaut de mémoire. Cottin aurait
toutefois indiqué au magistrat instructeur
un endroit où il serait jwssible de rencon-
trer le jeune homme blond. M. Tanguy a
lancé, de ce côté, ses meilleurs limiers.
D'autres inspecteurs ont été envoyés à
Lyon.
M. Tanguy, d'autre part, a découvert un
ancien camarade de Cottin, qui travailla
avec l'anarchiste à l'usine Cadoret, il Mon-
trouge Ernest-Paul Chenet, c'est son nom,
est âgé de 36 ans, il est ébéniste, et habite
2:), villa Cacheux, à Malakoff. Une perqui-
sition effectuée .chez lui n'a donné aucun
résultat.
M. Chenet a raconté au magistrat que,
lorsqu'il fréquenta Cottin, celui-ci paraissait
avoir des idées CI humanitaires » très avan-
cées, mais qu'il ne parla jamais d'attenter
aux jours de M. Clemenceau.
A la suTce d'une grève, qui se termina
d'ailleurs par une décision prud'hommale
favorable aux ouvriers, Cottin et son cama-
s'en tiendrait à la promenade classique du
tour du lac.
Le président avait de plus audacieux
projets.
A vive allure, la voiture s'engage sur la
route de Suresnes, franchit le pont, atteint
et traverse le parc de Saint-Cloud sans s'y
arrêter. Les voitures d'escorte sont alors
distancées. Un sourire malicieux erre sur
les lèvres de M. Clemenceau, qui s'intéresse
fort aux berges de la Seine, aux rares coins
de verdure du parc ei qui semble participer
avec un sensible plaisir au renouveau qui
s'esquisse ça et là dans le paysage hivernal.
Ville-d'Avray. Enfin Versailles: L'auto
s'arrête dans la cour des marbres du châ-
teau. Alerte, le président descend. Il va,
sans ellort, d'un pas assuré, jusqu'au bas-
de Neptune. r*»-
Son regard vif s'attache aux statues, aux
bâtiments, aux bassins qui forment, pour
son âme d'artiste, un ensemble d'une in-
comparable harmonise. A grands traite, il
boit l'air pur de l'immense esplanade.
Il rejoint le docteur Laubry et monte à la
salle où siège l'Assemblée nationale. Quel-
ques souvenirs rappelés d'une voix tran-
quille, bien timbrée, et NI. Clemenceau vu
s'asseoir sur un banc, au grand air.
La vp.ikiyo arrive, rapide. Pas plas.q.u'-au.
temps du gràM Roi, n'Sl-
ment faire 'attendre leurs maîtres illustres.
Le président prend sur lui une couverture
et l'on revient par le même itinéraire qu'à
l'aller.
A quatre heures, M. Clemenceau était de
retour chez Ini. Dce sa longue prumenade il
ne ressentait aucune fatigue.
Quelques minutes après, il reçut M. Poin-
-avec qui il eut un entretien d'un quart
d'heure. Un peu plus tard, ce fut le maré-
chal Fooh qui fut introduit. L'entrevue fut
d'assez longue durée. Puis, de nouveau, M.
Clemenceau examina les affaires courantes
avec le général Mordacq et NI. Georges
Alandel.
Ajoutons, en terminant, que, suivant une
coutume qui passe à l'état de tradition, tes
admirateurs de M. Clemenceau lui ont en-
voyé, hier, gerbes et'corbeilles de fleura et
sont venus s'inscrire sur les registres.
UNE ADRESSE DES MAIRES DE PARIS
Dans leur réunion mensuelle qui cn lieu
hier, sous 1a présidence de M. Autei.nd,
préfet de la Seine, les maires de Paria ont,
à l'unanimité, voté l'adresse suivante à M.
Clemenceau
Les maires de Pari., très douloureusement
émus et indignées de l'attentat contre )I. (ïle-
meftceaii, leur ancien collègue, s'associent à la
.joie profonde que cause à toute la France l'as-
surance de son prompt et complet rétablisse-
rade quitteront la maison Cadoret rrCottin
refusait de travailler plus longtemps sous
les ordres d'un contremaître dont il disait
avoir eu déjà. il se plaindre à Lyon.
Et le témoin affirma que, depuis cette
époque, il perdait complètement son campa-
On avait cru, d'abord, que M. Chenet
avait dîné, la veille de l'attentat, avec Cot-
tin, dans une coopérative de la rue de Ci-
̃teaux, mais des témoins appelés confirmè-
rent les déclarations de l'ébéniste.
Le cas de Content
Le capitaine Oouchardon avait entendu,
dans la matinée, le gérant du Libertaire,
Content. L'officier rapporteur l'invita il pré-
ciser quelles avaient été ses relations avec
Emile Cottin.
On se souvient, en effet, qu'au cours des
perquisitions faites au Libertaire, on avait
découvert que Cottin était un des souscripr
tcurs les plus zeles.
Content, dont les réponses ont été plutût
laconiques, a refusé do signer son interro-
gatoire, disant « Je ne signe pas dans un
cabinet de juge d'instruction. n
Content a été interrogé égaement par le
capitaine Grébant, en présence de M* Mau-
ranges, son avocat.
L'inculpé, poursuivi pour excitation de
militaires il la'- désobéissance, en vertu de
la loi du 2B juillet 1894, déclare avoir publié
dans le Libertaire du 2 février dernier,
après l'avoir soumis ri la censure qui en
échoppa plusieurs passages, l'article dont il
s'est servi pour composer son tract « au
peuple français n. Il prétend n'avoir fait au-
cun tirage de cette feuille, qu'il se propo-
sait de faire également viser par la cen-
sure. Il en aurait été empêché par son ar-
restation.
Déjà, Content aurait été condamné à cinq
jours de prison et à 16 francs d'amende
ipoirr avoir, le 13 décembre dernier, rue
Grange-aux-Belles, poussé des cris inju-
rienx pour M. Clemenceau.
AU COMITÉ DES^ÛHX
L'Arménie revendique
sa nationalité
Voici le communiqué d'hier
La rétcnion quotidienne des ministres des
frnissanees alliées et associées s'est tenue
au quai d'Orsay, de trois hercres à six heu-
res.
Les premiers échanges de vues ont porté
sur la distribution entre commissions exis-
tantes et commissions nouvelles de l'étude
des différentes questions des /frontières des
Etats eunencis, Les condilions d'examen de
revendications belges et des problèmes qui
s'y rattachent ont été ensuite précisées.
Les représentants du conseil supérieur de
guerre de Versailles ont été alors introduits
pour exposer leurs conclusions sur la fixa-
tion d'une zone intermédiaire en Transyl-
vanie entre les troupes roumaines et hon-
groises.
Ces conclusions ont été adoptées à la
Conférence.
On a entendu enfin l'exposé des revendi-
cations arméniennes par le président de la
délégation de la République arménienne du.
Caucase, M. Ahroitnian, et par Boglios Nu-
bar pacha, pour la question générale armé-
nienne.
La prochaine séance aura lieu demain
jeudi, à 3 heures.
Comme -l'on voit, quatre questions ont
ttïttmtftiîer r attention, du
1" Il se préoccupe vivement de hâter ses
travaux, afin de se trouver, sur presque
tous les points, en présence de solutions
concrètes à la fin de la première semaine
de mars. La décision, qu'il a adoptée à eet
égard dans sa dernière séance, complète
celle qu'il avait arrêtée la semaine précé-
dente. Les commissions déjà nommées
avaient, sous divers rapports, à envisager
la délimitation des Etats ennemis com-
missions des affaires polonaises, tc6éco-
slovaques, serbes, roumaines, grecques,
danoises, belges, dont le programme met-
tait en cause l'Allemagne, l'Autriche, la
Hongrie, la Turquie et la Bulgarie. Mais,
en fait, le travail était insuffisamment
coordonné il y avait là une lacune à la-
quelle on a voulu remédter
2° M. Paul Hymans, ministre des Affai-
res étrangères de Belgique, avait, comme
nous l'avons indiqué, énuméré les deside-
rata de son pays.
Cependant, il n'avait, croyons-nous,
laissé aucun mémoire aux mains des délé-
gués des grandes puissances. Et les propo-
sitions du gouvernement de Bruxelles sou-
lèvent, on le sait, quelques problèmes déli-
cats, du côté de la Hollande spécialement.
Comment procéderait-on Se contente-
rait-on de témoignais oraux ? 'NI. André
Tardieu, président de la commission des
affaires belges, avait été prié par celle-ci
de solliciter un" avis ferma da la Gonfé-.
rence.
3° Le Comité avait décidé, dans une
séance antérieure, qu'une zone intermé-
diaire, analogue à celle qui a été créée dans
le Banat de Temesvar entre Serbes et
Roumains serait délimitée en Transyl-
vanie entre Roumains et Magyars, afin que
toute collision armée fût évitée. Le Conseil
dn Versailtes avant été- sollicité de tracer
les limites de cette zone et son projet a été
approuvé.
4° La plus grande partie de la séance
a' été occupée par l'exposé des délégués
arméniens. L'un d'eux, Boglios Nubar pa-
cha, est le président du Comité de Paris et
l'autre, M., Ahrounian, est le président de
la République du Caucase.
On sait que l'Arménie a été partagé
dans le pa,s,sé entre la Russie, la Turquie
et la Perse. D'après certaines évaluations,
les massacres que les Kurdes ont opérés
dans la partie ottomane depuis 1895, sous
le patronage d'Abdul Hamid, d'abord, et
d'Enver pacha ensuite, ont coûté la vie à
un million et demi d'Arméniens. Depuis
1914, le chiffre des victimes ne serait pas
inférieur à un million. Il resterait à peu
près trois millions d'Arméniens dans le
içionde. Ceux-ci forment une nationalité
vivace, active, dont l'ingéniosité comme-
ciale est proverbiale et qui a toujours
assigné une grande importance à la culture
intellectuelle.
Au traité de Berlin, en 1878, les grandes
puissances avaient stipulé que les Armé-
niens de Turquie bénéficieraient de la
liberté et de la sécurité. Mais aujourd'hui
pareilles dispositions peuvent d'autant
moins suffire, qu'elles sont toujours de-
meurées illusoires.
Nubar pacha et M. Ahrounian ont déve-
loppé le plan d'une Arménie qui irait du
Caucase et de la mer Noire à la Méditer-»
ranée, de Trébizonde à Ale^andrette, et qui
couvrirait 240.000 kilomètres carrés. S'é-
tendant sur la Cilicic et sur six vilayets de
l'ancien empire ottoman, elle compren-
draîrt liars, Erivan, Erzeroum, Van, Dtar-
békir et Adana. Elle se gouvernerait elle-
même, mais en empruntant les conseils
d'une grande puissance européenne.
Aujourd'hui, le Comité recevra les délé-
gués sionistes MM. Sokolof, Weissemann,
Haase et Silvain Lévi. L'idée générale de
la Conférence serait, parait-il, contraire à
la restauration d'un Etat juif, mais favora-
ble à la reconnaissance d'une communauté
juive autonome dans le « foyer national
do Pale.stine.
M. Caillaux interrogé par M. Pérès
M. Caillaux a étà conduit, hier, pour la
seconde fois, au Sénat, pour être interrogé
par M. Pérès, président de la commission
d'instruction de ta Haute-Cour. Arrivé au
Luxembourg à deux heures et demie, as-
sisté de ses deux avocats, Me" Démange et
Kloutet, M. Caillaux a donné des explicn-
tions sur les aifaïres du Maroc et sur la poli-
tique générale du ministère qu'il a présidé
en
L'audition de M. Caillaux n'a pris fln
qb'à six heures un quart
Une visite au général Berdoulat
gouverneur militaire de Paris
Campagnes de guerre du Tonkin, de Co-
chinchine, de l'Annam, une seconde fois du
Tonkin, du Soudan, deux campagnes de
guerre de Madagascar, ayant pendant la
guerre contre l'Allemagne commandé le
1" corps d'armée colonial, le corps, dit
de Nancy, la division marocaine, deux divi-
sions américaines, grand-officier de la Lé-
gion d'honneur, quatre palmes sur la croix
de guerre, cinquante-sept ans. C'est du gé-
néral Berdoulat, gouverneur militaire de
Paris qu'il s'agit.
On ne doit voir, dans op qui suit, ni une
interview, ni une déclaration de portée po-
litique ou militaire, mais lettres simple
récit, pour lequel il n'est pas besoin de tail-
ler son crayon avec un isabre, d'une conver-
sation un peu à bâtons rompus que je viens
d'avoir avec le général et qui pourra peut-
être montrer aux Parisiens, qui ne connais-
sent que les vertus du chef, les qualités de
l'homme, son obligeance, sa modestie, sa
simplicité et aussi sa belle et franche hu-
meur. Le général est grand, robuste sans
être gros l'oeil noir, vif et gai, le teint
chaud,la moustache encore rigoureusement
noire, Jes cheveux serrés dru et qui frisent,
toute 'la. physionomie donne l'impression
d'une admirable santé servant une décision
firompte et une volonAé ferme.
Tout d'abord naus parlâmes de Chui-
gnoMes et si je dis parlâmes le gouver-
neur ne saurait nous en vouloir, car étant
né en Haute-Garonne, à Pinsaguet. si je
ne m'abuse, il ne doit pas reculer de-
vant l'.emploi de ce temps de verbe qui
donne tant de sonorité aux, discours du
Midi. Or, Chuignolles est un ravin de la
Somme où, en juillet 1916, j'eus la bonne
fortune de le rencontrer le lendemain du
jour où tous vendoois de prendre Dom-
pierro, la veille de ceux où nous allions
prendre Flaucourt, puis Biache. la Maison-
nette et les abords de Péronne. Glorieux
souvenirs que j'évoquai.
Elève de Gallieni
Ah oui. Chiignolles. les terribles et
magnifiques journées. ta première avance;
mais comment aurais-j.e pu ne pas réus-
sir. avec des hommes comme mes colo-
ni.aux du 1" corps ? comme plus tard av ceux du 20e? J'ai toujours été un privilégié.
N'ai-;je pas eu l'honneur d'être Madagas-
car le chef d'état-major du général Gal-
lieni et plus tard, au début de la guerre,
alors qu'il n'était pas encore gouverneur
1 de Paris, mais déjà l'âme de la résistance,
celui de collaborer avec lui, ou plutôt de
le servir. Je tiens à dire que je suis l'élève,
que je ne suis que le très petite élève du
général Gallieni jamais on n'admirera
assez et homme, jamais le pays n'aura
pour lui assez de gratitude.
Le général est- tout ému en prononçant
ces ,mots il semble que sa mémoire lui
fasse revivre tes .sombres jours dont il ne
convient plus de parter, si ce n'est pour
glorifier ceux dont l'admirablfl audace
sauva le pays. Ali Gallieni Et le général
Berdoulat, assis aujourd'hui devant le
même bureau où l'ancien gouverneur de
Paris signa ses ordres due victoire répète
à voix basse « Son élève, je ne suis que
son très petit élève. Puis. brusquement,
comme dant congé à ses souvenirs
Parlons d'autre choae, voulez-vous ?
Les « galants hommes »
Vous avez eu sous vos ordres des divi-
sions ainiéricaitnes tors de ta dernière offen-
sive 'libératrice ?
Qui, dut divisions américaines
étaient aux aik» de mon corps d'armée. Je
me suis souvent demandé quel terme exact
pourrait définir la collaboration améri-
caine et,je me auis arrête à celui-ci. Ils se
sont battus en yalants hommes et surtout
pas prendre l'expression dans son
sens iaotue.1 et banal, cnais dans sa- signifi-
cation ancienne, qui est 'la véritable. Par
galants homme, j'en-tenis ées hommes,-
chefs ét soldats, qui professaient l'honneur
avec une délicatesse minutieuse, des scru-
pules religieux. Un exemple. Lorsque je
pris le commandement, généraux et colo-
nels vinrent me trouver Savez-vous,
mon général, me dit 'l'un, que nous man-
quons de tel matérial ? Jt le sais, mais
on attaquera demain tout de même. Oh
il ne s'agit ,pas de cefla. Je voulais savoir
seulement si vous saviez, parce qu'on ne
doit rien cacher à un général en chefs. Un
autre, le même jour, vint me dire Sa-
vez-vous que ma division, qui vient d'arri-
ver, m'a pas dormi depuis cinq jours?
Je le sais, mais i'l faut attaquer demain
matin. Alors même réponse Je voulais
seulement savoir si vous connaissiez le
coeifficienit de sommeil de mes -hommes car
il est de mon devoir de tout vous dire.
Quant il. attaquer. cela va de soi.
lis attaquèrent, et si bren, qu'ils rame-
nèrent le aeir 91 canons attelés à l'arrière
de leurs camions. Rencontrant sur une
route 1e triomphal cortège Ce n'est pas
de jeu, dis-je en riant au colomel, de vous
emparer ainsi de tous les canons pris en
commun. Mon général, me répondit-il,
nous nous sommes chargés, puisque nous
disposions de camions, des poids lourds em-
barrassants, mais à vous les prisonniers,
cela marche tout seul, il n'y n qu'à 'pous-
ser.
La joie du 18 juillet
Les gens qui prétendent n'avoir ja-
mais été éunus à la guerre, .mentent. Quelle
a été votre plus grosse émotion ?
Le 18 juillet au matin de la jour-
née qui devait marque* '4a débâcle définitive
de 1 ennemi. Quelque temps auparavant
j'avais été pour une mission spéciale en Al-
sace où j'avais fait la connaissance du mai-
re de Montreux-le-Vieux. Or, averti par des
actions qui précédèrent notre grande offen-
sive de l'imminence d'une bataille décisive,
le maire de Montroux-le-Vieux m'écrivit
une lettre qui me parvint le matin même du
18 juillet. EMe contenait ces mots « Tous
mes vœux pour votre succès et notre vic-
toire.» Eh bien! j'étais, ce jour-là, je ne sais
pourquoi, si ému par la certitude du triom-
phe qu'au moment même où j'action se dé-
clançhait, bien avant d'en connaître le ré-
sultat, séance tenante, je répondis au maire
de Montreux « Vos vœux sont exaucés,
c'est la victoire, la déroute de l'ennemi.»
Qui m'a poussé à écrire ainsi et à annon-
cer le gain d'une bataille qui n'était pas
commencée ? Pourquoi ai-je fait cela ?
Pourquoi ce matin-là avais-je non plus
l'espoir mais la certitude du succès ? La
vérité c'est qu'vne force mystérieuse me
possédait. Ce fut là ma plus grosse émo-
Qéniral BERDOULAT
tion de toute la guerre. Le soir, nous avons
couché h 15 kilomètres de nos, lignes de
départ.
L'enseignement de la guerre
Quel enseignement la guerre ?.
Oh très clair celui que le maréchal
Foc h, bien avant les hostilités, dévelop-
pait en ses livres. Nous avons eu deux
sortes de guerre, l'une de tranchées, l'au-
tre de campagne. Du jour où nous avons
pu disposer du matériel suffisant, eü ap-
pliquant les règles de l'enseignement du
maréchal Foch sur les sièges, l'attaque du
point faible, c'en a été fini des tranchées.
Et du jour où, en rase campagne nous
avons appliqué sa méthode la surprime
et la poursuite intensive de l'ennemi
l'Allemand déguerpit. Je ne crois pas,
je puis me tromper que la guerre ait
rév.élé, sauf des détails d'organisation, la
supériorité d'une méthode nouvelle. Celle
du maréchal suffit amplement.
Puis le général s'interrompant:
Ni, parlons pas de stratégie ou de tac-
tique. mais aidez-moi plutôt la me faire
îvndre justice. Je crois que je suis victime
d'une iniquité, du moins je le redoute.
Imaginez-vous qu'en juin 1917, le général'
Guillemot .ma..présenta un livre du genre
de ceux où tes jeunes 111 les ou jeunes fem-
mes ont coutume d'inviter leurs amis ii
déposer des pensées rares. Il ne s'agissait
pas l'n l'occasion de faire les jolis cœurs,
mais seulement de répondre à cette ques-
tion « Quand linira ta guerre ? Déjà.
presque tous, les grands chefs de toutes tes
années alliées, maréchaux, généraux et
aussi des colonels et des officiers de tous
etats-majors et de toutes armes avaient ré-
pondu. Je venais un des derniers et écrivis-
« La guerre finira en novembre 1918. » Or
l'armistice est du 11 et comme il avait été
convenu que de livre appartiendrait à ce-
1ui dont le pronostic -se rapprocherait le
plus de la .réalité, je ne vçis pas pourquoi
1'on ne m'enverrait pas le bouquin, car je
ne suppose pas que quelqu'un ait précisé
la dato du 11. Vraiment j'aimerais bien
avoir ce
Comme je m'apprêtais à partir, nous re-
marquâmes que la pluie tombait à tor-
Ça tombe, ça tombe, fit le général. at-
tendez un peu, comment allez-vous faire?
Lne phrase que l'on entendit souvent, au
front. Enfin, conclut-W gaîment, aujour-
d liui ce n'est tout de même que de l'eau.
G. de MAIZIERE.
La prime de démobilisation
devant la Chambre
Le débat a. été amorcé hier. Il continuera
cet après-midi.
La grosse question mii a élé agitée est
Il( 1 faut-il' faire une différence, quant
Il l'attribution de la prime, entre les- com-
battants et les soldats de l'intérieur ?
Les différentes commissions qui avaient
eu il s occuper de la question et dont M
André Paisant était te rapporteur, avaient
voulu que ln prime m une prime de dé(i(JUj_
magement, ponr le soldat, quel qu'il soit
puisque aussi bien il avait été absentde son
loyer. -Ccst-à-dire que c« qu'on vnulait c'é-
tait lui donner, à son retour au foyer, une
petite somme pour l'aider. Et il n'était pas
dans leur intention de payer le combattant
On ne paye pus, on ne peut pas payer l'hé-
Au cours du débat d'hier, M. Bltfisot fi
soutenu tte ne pa.s accorder au soldat du front une
faveur particulièrc, et il estimait ilue la jus-
îcc voudrait qu'on accordât plus l'un qu'à
autre. Dans un contre-projet dont est
I aiitpnr, il proposait fr. pour le premier
Ï-.H) fr. pour le second.
A cela M André faisant a ohjecté des
raisons de droit et de tait
I/kléfl quo Pi,lus avons poursuivie est celle-
!ci: un honwne a 6té séparé de son fover qui,
souvent, été dévasté: il swa obligé de le re-
constituer. Quel qu'il soit,Sionwne *era obligé de se refaire nne existence
1 Coifiballant ou non, il se trouvera en pré-
^e.n«« des^môiues charges. Et puis, comment
M. Borrel. Vous les distinguez bien par
̃il indemnité de tranchée,?
Jl. LE Rapporteur, -i- Comment le suivre
dans toute sa vie militaire? Aillez-vous faire des
!victimes de ceux qui ont cUi eniioloyés quoique-
anois dans une formation de l'intérieur et leur
idonnçr moins?
D'ailleurs, il s'agit d'une prime à la re-con-sti-
tution du foyvr oui n'a aucun rapport avec la
Wim« du combattant. Ce n'est pas une loi de
WcomifK-nsc au sMdat du front.
Et M. Rognon, au nom de la commission
de l'armée, a ajouté
Noue ne voulons pas diviser la France entre
deux catégories de snldats. Jamais vous ne
pourrez .payer aux soldats du front les sacri-
flceg qu'ils ont consenlic, Nous avons donc- posé
la question sur son véritable terrain.
L'indemnité de démobilisation est une indem-
ni.té cTiiloignement du foyer.
A deux reprises, nous avons obtenu de la
DIRECTON & MrtMHISTRATION
iti, rue cTBngblen, Paris
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Adresse télégraphique Petitslen-Pans
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Seine ets.-et-0. 8.» 15.SO
France Colon. 9.» 16.50
Etranger 10.» 18.
JEUDI
FÉVRIER 1919
Sainte Honorine
SOLEIL lev, 6 h, 40; couob. S h. 28
LOBE nouv. le pr. qu. le 9
Temps probable ondées
Ï09» JOOR DE L'ARMISTICE
L'armée allemand
L'ancienne armée allemande, celle-qui
s'appuyait exclusivement sur le capora-
lisme prussien et la discipline du pas de
l'oie, a cessé d'exister. Il en reste bien
.quelques débris, qu'Hindenburg s'ef-
force de radouber mais l'i-nstrument
,de conquêtes et de déprédations, forgé
il y a quelque soixante ans par Bis-
marck, Roon et Moitié, est brisé à tout
jamais. Je n'assurerais même pas que
les morceaux en soient bons.
A ne voir que les tendances actuelles,
on pourrait supposer qu'il ne sera pas
remplacé. A Weimar, on parle en effet
de constituer simplement une milice,
sur le modèle suisse mais c'est comp-
ter sans le réveil d'un pangermanisme
vqui n'est peut-être qu'asspupi et n'attend
qu'une occasion pour se réveiller,
eomm^ semblent l'indiquer les événe-
ments de Munich et certaines manifesta-
tions de hobereaux et de junkhers. Il est
prudent, en tous cas, de se tenir en mé-
tlance contre les procédés plus ou moins
tortueux dont les Allemands n'hésitent
jamais se servir quand il s'agit pour
eux de pratiquer la fraude et le dol.
'L'Histoire nous apprend comment la
• Prusse, condamnée par Napoléon, en
1807, à n'avoir sous les armes que 4Q.000
•Jiomïiïes, a pu, sept ans plus tard, en
jeter 180.000 dans la coalition.
Aussi bien, ne laissera-t-on probable-
ment pas Ebert et consorts libres de pro-
céder comme ils l'entendent à la recons-
titution des forces germaniques. D'après
un journal anglais, le Daily Express,
certaines conditions seraient déjà admi-
ses par l'Entente, auxquelles l'Allema-
gne serait obligée de se soumettre. Ainsi,
elle ne pourrait entretenir que quinze
divisions d'infanterie et cinq de cavale-
rie, formant en tout 300.000 hommes,
avec des états-majors restreints. Les ar-
senaux seraient limités et les importa-
tions d'armes et de munitions interdites.
Enfin, on fixerait. une zone frontière,
.dans laquelle aucune garnison ni aucun
établissement militaire ne seraient to-
lérés.
Tout cela est évidemment fort bien
mais c'est insuffisant. L'Allemagne, si
elle médite une revanche, ne la prépa-
rera par rien de ce qui est ostensible.
Elle ne cherchera pas à développer ses
forces visibles, mais, par contre, elle
s'efforcera d'en découvrir de nouvelles,
qu'elle tiendra cachées jusqu'au dernier
moment. L'atroce ingéniosité qui lui a
fourni l'emploi'des gaz asphyxiants; des
jets de liquides enflammes, de la pira-
terie sous-marine, des canons à la por-
tée invraisemblable, cette infâme appli-
cation de la science aux œuvres de mort,
voilà sur quoi elle basera tous ses cal-
culs. Et, dans cet ordre d'idées, l'aviation
doit, si l'on n'y prend garde, lui être d'un
grand secours. Sous prétexte de com-
merce, elle fabriquera des appareils ca-
pables de détruire une ville en Une nuit.
Voilà donc un champ assez vaste qui
s'ouvre à notre surveillance. La France
et l'Angleterre, qui sont placées aux
premières loges, covnmettraient, en le
négligeant, une grande imprudence. Il
faut absolument placer la fabrication
des avions allemands sous le contrôle
des puissances, la limiter, non seule-
ment comme nombre, mais comme
force motrice. Ce sera là, j'en suis as-
suré, une opération plus profitable que
celle qui consisterait à prendre, en ce
qui concerne les effectifs, des garanties
peut-être trop faciles à éluder.
Lieutenant-colonel ROUSSET.
LA SITUATION FINANCIÈRE
Dans sa réunion d'hier, au Palais-Bour-
bon, la commission du budget, sous la
présidence de M. Raaut Péret, a abordé
y'examen du projet de loi tendant à aug-
menter de trois milliards le chiffre des
avances que la Banque de France peut
consentir à l'Etat.
A cette occasion, la commission v été
amenée it poursuivre le débat ouvert, le
'18 février, par les déclarations dc Ni. Kbtz,
ministre des Finances, sur la situation
ftnancière, déclarations que nous avons fait
connaître en détail. NI. Raonl Péret, nofam-
inent, et M. ("hurles Dumont ont exposé
'Jeur point de vue au regard de ces déclara-
tions.
La commission rn terminera probable-
ment aujourd'hui sur ce point et fera con-
naître ses conclusions.
M. Wilson est arrivé à Washington
Washington, 26rcvrier.
M. lVilson est arrivé hier dans la mati-
née, sal par de Vives acclamations.
Le cfpinet s'est réuni dans l'après-midi.
LE DOCTEUR CHAPUT
chef du service de chirurgien à Lariboisière
S'EST SUICIDÉ HIER
"(Voir l'article h la 2* >W.)
Le docteur CHAPUT
l'après *n instantané pris pendant sa consultation
a l'hôpital Lariboisière
N. Clemenceau, pour sa première sortie;
va en auto visiter le château de Versailles
LE MATIN, LE CAPITAINE BOUCHARDON ÉTAIT VENU RUE FRANKLIN
RECUEILLIR LE TÉMOIGNAGE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL
ïH.EMrfeetnro *«ra*A#r oé chéIT lui pour faire «un PETIT tour» en auto
(CI. Petit Parisien.)
Voici une bonne nouvelle et qui sera, on
peut maintenant y compter, confirmée dans
l'avenir: NI. Clemenceau est à peu près
complètement guéri. Plus jeune que jamais,
il étonne tous ceux qui l'approchent, par
sa vivacité, son entrain, son ardeur au tra-
vail et il est probable que d'ici à peu de
jours il aura repris définitivement la dire-
tion des affaires publiques, qu'il n'a d'ail-
leuTS jamais cessé d'examiner, soit directe-
ment, soit par l'intermédiaire de ses colla-
borateurs de 'confiance.
Dès le matin, hier, après son petit déjeu-
ner, il a annoncé aux docteurs rlorand,
Tuffier, Laubry, Gosset et Combes son in-
tention bien arrêtée d'aller iaire dans
l'après-midi une promenade en automobile.
Les médecins ont dû s'incliner devant
son désir.
Vers neuf heures, après le départ des
«lecteurs, M. Bouohardon et son greffier, le
capitaine Thibault, furent introduits auprès
du président du Conseil. L'officier rappor-
teur venait recueillir la déposition de M.
Clemenceau, victime de l'attentat du 19 fé-
vrier.
L'entretien duré une demi-heure, pen-
dant 'laquedle ',NI. Clemenceau a parlé avec
une animation, une gaieté, une belle hu-
meur extraordinaires, relatant avec une
luoidwté, une -clarté étonnantes, phases par
phases, les rapides étapes, puurruit-u:i dire,
de l'attentat.
Il s'est rendu parfaitement compte de tout
ce qui s'était passé il a déclaré notamment
qu'il avait parfaitement reconnu Cottin,
dont la présence, rue Franklin, la veille de
l'attentat, l'avait frappé il a vu les balles
'éloiler les unes après les autres les glaces
de l'auto il croit que c'est le second pro-
jectile qui l'atteignit, dans l'angle droit du
véhicule, où il s'était, instinctivement blotti
à la première détonation.
Après le départ des magistrats, M. Cle-
menceau reçut ses deux principaux collabo-
rateurs, M. Mande! et le général Mordacq,
puis s'entretint quelques instants avec MM.
Pichori, Jeunnenoy, Ignace et Henry Simon.
« Chauffeur à Versailles »
A deux heures, accompagné du docteur
Laubrv, M. Clemenceau est sorti dans son
auto que pilotait le chauffeur habituel, M.
Brabant. Les curieux, massés devant la
porte, dès qu'ils aperçurent lo président
du Conseil, lui firent une ovation des plus
émouvantes. M..Clemenceau s'en montra
tràs touché.
C'est un simple tour au Bois que devait
faire le président du Conseil, pour sa pre-
mière promenade. Mais, brusquement, .le
convalescent'changea d'avis.
L'auto, traversant la place du Trocadéro,
et suivant l'avenue Klé.ber, prit l'avenue du
liois à ta hauteur de l'Arc de Triomphe. On
pouvait encore croire que Ni. Clemenceau
de nouveau interrogé, feint de ne pas se souvenir
Le capitaine Bouchardon a entendu la. ,Il:-
position d'un témoin bénévole, M. Lapôtre,
président d'une société s'occupant de scien-
ces psychiques et d'hypnotisme, qui a dé-
claré que Cottin, depuis près d'un an, sui-
vait assidûment ses réunions.
Cette audition terminée, le rapporteur a
fait subir un nourvet interrogatoire à Cottin,
qui, (-file fois, n'était plus assisté de ses
a voeu s.
Lc magistrat instructeur a ouvert, en pré-
sence de l'inculpé, et examiné avec lui les
scellés l'enfermant les objets saisis dans sa
chambre, il l'hûtel PizouM.
Cottin a été ensuite invité à fournir des
indications plus précises sur l'identité de
son mystérieux visiteur, le jeune homme
blond.
L'inculpé persiste dire qu'il ne connaît
pas le nom de ce camarade.
Quand il se sent serré de trop près par
les questions du rapporteur, Cottin feint de
ne pas se souvenir. L'examen montal dont
est chargé le docteur Roubinovitch rensei-
gnera sans doute le rapporteur sur la sincé-
rité de ce défaut de mémoire. Cottin aurait
toutefois indiqué au magistrat instructeur
un endroit où il serait jwssible de rencon-
trer le jeune homme blond. M. Tanguy a
lancé, de ce côté, ses meilleurs limiers.
D'autres inspecteurs ont été envoyés à
Lyon.
M. Tanguy, d'autre part, a découvert un
ancien camarade de Cottin, qui travailla
avec l'anarchiste à l'usine Cadoret, il Mon-
trouge Ernest-Paul Chenet, c'est son nom,
est âgé de 36 ans, il est ébéniste, et habite
2:), villa Cacheux, à Malakoff. Une perqui-
sition effectuée .chez lui n'a donné aucun
résultat.
M. Chenet a raconté au magistrat que,
lorsqu'il fréquenta Cottin, celui-ci paraissait
avoir des idées CI humanitaires » très avan-
cées, mais qu'il ne parla jamais d'attenter
aux jours de M. Clemenceau.
A la suTce d'une grève, qui se termina
d'ailleurs par une décision prud'hommale
favorable aux ouvriers, Cottin et son cama-
s'en tiendrait à la promenade classique du
tour du lac.
Le président avait de plus audacieux
projets.
A vive allure, la voiture s'engage sur la
route de Suresnes, franchit le pont, atteint
et traverse le parc de Saint-Cloud sans s'y
arrêter. Les voitures d'escorte sont alors
distancées. Un sourire malicieux erre sur
les lèvres de M. Clemenceau, qui s'intéresse
fort aux berges de la Seine, aux rares coins
de verdure du parc ei qui semble participer
avec un sensible plaisir au renouveau qui
s'esquisse ça et là dans le paysage hivernal.
Ville-d'Avray. Enfin Versailles: L'auto
s'arrête dans la cour des marbres du châ-
teau. Alerte, le président descend. Il va,
sans ellort, d'un pas assuré, jusqu'au bas-
de Neptune. r*»-
Son regard vif s'attache aux statues, aux
bâtiments, aux bassins qui forment, pour
son âme d'artiste, un ensemble d'une in-
comparable harmonise. A grands traite, il
boit l'air pur de l'immense esplanade.
Il rejoint le docteur Laubry et monte à la
salle où siège l'Assemblée nationale. Quel-
ques souvenirs rappelés d'une voix tran-
quille, bien timbrée, et NI. Clemenceau vu
s'asseoir sur un banc, au grand air.
La vp.ikiyo arrive, rapide. Pas plas.q.u'-au.
temps du gràM Roi, n'Sl-
ment faire 'attendre leurs maîtres illustres.
Le président prend sur lui une couverture
et l'on revient par le même itinéraire qu'à
l'aller.
A quatre heures, M. Clemenceau était de
retour chez Ini. Dce sa longue prumenade il
ne ressentait aucune fatigue.
Quelques minutes après, il reçut M. Poin-
-avec qui il eut un entretien d'un quart
d'heure. Un peu plus tard, ce fut le maré-
chal Fooh qui fut introduit. L'entrevue fut
d'assez longue durée. Puis, de nouveau, M.
Clemenceau examina les affaires courantes
avec le général Mordacq et NI. Georges
Alandel.
Ajoutons, en terminant, que, suivant une
coutume qui passe à l'état de tradition, tes
admirateurs de M. Clemenceau lui ont en-
voyé, hier, gerbes et'corbeilles de fleura et
sont venus s'inscrire sur les registres.
UNE ADRESSE DES MAIRES DE PARIS
Dans leur réunion mensuelle qui cn lieu
hier, sous 1a présidence de M. Autei.nd,
préfet de la Seine, les maires de Paria ont,
à l'unanimité, voté l'adresse suivante à M.
Clemenceau
Les maires de Pari., très douloureusement
émus et indignées de l'attentat contre )I. (ïle-
meftceaii, leur ancien collègue, s'associent à la
.joie profonde que cause à toute la France l'as-
surance de son prompt et complet rétablisse-
rade quitteront la maison Cadoret rrCottin
refusait de travailler plus longtemps sous
les ordres d'un contremaître dont il disait
avoir eu déjà. il se plaindre à Lyon.
Et le témoin affirma que, depuis cette
époque, il perdait complètement son campa-
On avait cru, d'abord, que M. Chenet
avait dîné, la veille de l'attentat, avec Cot-
tin, dans une coopérative de la rue de Ci-
̃teaux, mais des témoins appelés confirmè-
rent les déclarations de l'ébéniste.
Le cas de Content
Le capitaine Oouchardon avait entendu,
dans la matinée, le gérant du Libertaire,
Content. L'officier rapporteur l'invita il pré-
ciser quelles avaient été ses relations avec
Emile Cottin.
On se souvient, en effet, qu'au cours des
perquisitions faites au Libertaire, on avait
découvert que Cottin était un des souscripr
tcurs les plus zeles.
Content, dont les réponses ont été plutût
laconiques, a refusé do signer son interro-
gatoire, disant « Je ne signe pas dans un
cabinet de juge d'instruction. n
Content a été interrogé égaement par le
capitaine Grébant, en présence de M* Mau-
ranges, son avocat.
L'inculpé, poursuivi pour excitation de
militaires il la'- désobéissance, en vertu de
la loi du 2B juillet 1894, déclare avoir publié
dans le Libertaire du 2 février dernier,
après l'avoir soumis ri la censure qui en
échoppa plusieurs passages, l'article dont il
s'est servi pour composer son tract « au
peuple français n. Il prétend n'avoir fait au-
cun tirage de cette feuille, qu'il se propo-
sait de faire également viser par la cen-
sure. Il en aurait été empêché par son ar-
restation.
Déjà, Content aurait été condamné à cinq
jours de prison et à 16 francs d'amende
ipoirr avoir, le 13 décembre dernier, rue
Grange-aux-Belles, poussé des cris inju-
rienx pour M. Clemenceau.
AU COMITÉ DES^ÛHX
L'Arménie revendique
sa nationalité
Voici le communiqué d'hier
La rétcnion quotidienne des ministres des
frnissanees alliées et associées s'est tenue
au quai d'Orsay, de trois hercres à six heu-
res.
Les premiers échanges de vues ont porté
sur la distribution entre commissions exis-
tantes et commissions nouvelles de l'étude
des différentes questions des /frontières des
Etats eunencis, Les condilions d'examen de
revendications belges et des problèmes qui
s'y rattachent ont été ensuite précisées.
Les représentants du conseil supérieur de
guerre de Versailles ont été alors introduits
pour exposer leurs conclusions sur la fixa-
tion d'une zone intermédiaire en Transyl-
vanie entre les troupes roumaines et hon-
groises.
Ces conclusions ont été adoptées à la
Conférence.
On a entendu enfin l'exposé des revendi-
cations arméniennes par le président de la
délégation de la République arménienne du.
Caucase, M. Ahroitnian, et par Boglios Nu-
bar pacha, pour la question générale armé-
nienne.
La prochaine séance aura lieu demain
jeudi, à 3 heures.
Comme -l'on voit, quatre questions ont
ttïttmtftiîer r attention, du
1" Il se préoccupe vivement de hâter ses
travaux, afin de se trouver, sur presque
tous les points, en présence de solutions
concrètes à la fin de la première semaine
de mars. La décision, qu'il a adoptée à eet
égard dans sa dernière séance, complète
celle qu'il avait arrêtée la semaine précé-
dente. Les commissions déjà nommées
avaient, sous divers rapports, à envisager
la délimitation des Etats ennemis com-
missions des affaires polonaises, tc6éco-
slovaques, serbes, roumaines, grecques,
danoises, belges, dont le programme met-
tait en cause l'Allemagne, l'Autriche, la
Hongrie, la Turquie et la Bulgarie. Mais,
en fait, le travail était insuffisamment
coordonné il y avait là une lacune à la-
quelle on a voulu remédter
2° M. Paul Hymans, ministre des Affai-
res étrangères de Belgique, avait, comme
nous l'avons indiqué, énuméré les deside-
rata de son pays.
Cependant, il n'avait, croyons-nous,
laissé aucun mémoire aux mains des délé-
gués des grandes puissances. Et les propo-
sitions du gouvernement de Bruxelles sou-
lèvent, on le sait, quelques problèmes déli-
cats, du côté de la Hollande spécialement.
Comment procéderait-on Se contente-
rait-on de témoignais oraux ? 'NI. André
Tardieu, président de la commission des
affaires belges, avait été prié par celle-ci
de solliciter un" avis ferma da la Gonfé-.
rence.
3° Le Comité avait décidé, dans une
séance antérieure, qu'une zone intermé-
diaire, analogue à celle qui a été créée dans
le Banat de Temesvar entre Serbes et
Roumains serait délimitée en Transyl-
vanie entre Roumains et Magyars, afin que
toute collision armée fût évitée. Le Conseil
dn Versailtes avant été- sollicité de tracer
les limites de cette zone et son projet a été
approuvé.
4° La plus grande partie de la séance
a' été occupée par l'exposé des délégués
arméniens. L'un d'eux, Boglios Nubar pa-
cha, est le président du Comité de Paris et
l'autre, M., Ahrounian, est le président de
la République du Caucase.
On sait que l'Arménie a été partagé
dans le pa,s,sé entre la Russie, la Turquie
et la Perse. D'après certaines évaluations,
les massacres que les Kurdes ont opérés
dans la partie ottomane depuis 1895, sous
le patronage d'Abdul Hamid, d'abord, et
d'Enver pacha ensuite, ont coûté la vie à
un million et demi d'Arméniens. Depuis
1914, le chiffre des victimes ne serait pas
inférieur à un million. Il resterait à peu
près trois millions d'Arméniens dans le
içionde. Ceux-ci forment une nationalité
vivace, active, dont l'ingéniosité comme-
ciale est proverbiale et qui a toujours
assigné une grande importance à la culture
intellectuelle.
Au traité de Berlin, en 1878, les grandes
puissances avaient stipulé que les Armé-
niens de Turquie bénéficieraient de la
liberté et de la sécurité. Mais aujourd'hui
pareilles dispositions peuvent d'autant
moins suffire, qu'elles sont toujours de-
meurées illusoires.
Nubar pacha et M. Ahrounian ont déve-
loppé le plan d'une Arménie qui irait du
Caucase et de la mer Noire à la Méditer-»
ranée, de Trébizonde à Ale^andrette, et qui
couvrirait 240.000 kilomètres carrés. S'é-
tendant sur la Cilicic et sur six vilayets de
l'ancien empire ottoman, elle compren-
draîrt liars, Erivan, Erzeroum, Van, Dtar-
békir et Adana. Elle se gouvernerait elle-
même, mais en empruntant les conseils
d'une grande puissance européenne.
Aujourd'hui, le Comité recevra les délé-
gués sionistes MM. Sokolof, Weissemann,
Haase et Silvain Lévi. L'idée générale de
la Conférence serait, parait-il, contraire à
la restauration d'un Etat juif, mais favora-
ble à la reconnaissance d'une communauté
juive autonome dans le « foyer national
do Pale.stine.
M. Caillaux interrogé par M. Pérès
M. Caillaux a étà conduit, hier, pour la
seconde fois, au Sénat, pour être interrogé
par M. Pérès, président de la commission
d'instruction de ta Haute-Cour. Arrivé au
Luxembourg à deux heures et demie, as-
sisté de ses deux avocats, Me" Démange et
Kloutet, M. Caillaux a donné des explicn-
tions sur les aifaïres du Maroc et sur la poli-
tique générale du ministère qu'il a présidé
en
L'audition de M. Caillaux n'a pris fln
qb'à six heures un quart
Une visite au général Berdoulat
gouverneur militaire de Paris
Campagnes de guerre du Tonkin, de Co-
chinchine, de l'Annam, une seconde fois du
Tonkin, du Soudan, deux campagnes de
guerre de Madagascar, ayant pendant la
guerre contre l'Allemagne commandé le
1" corps d'armée colonial, le corps, dit
de Nancy, la division marocaine, deux divi-
sions américaines, grand-officier de la Lé-
gion d'honneur, quatre palmes sur la croix
de guerre, cinquante-sept ans. C'est du gé-
néral Berdoulat, gouverneur militaire de
Paris qu'il s'agit.
On ne doit voir, dans op qui suit, ni une
interview, ni une déclaration de portée po-
litique ou militaire, mais lettres simple
récit, pour lequel il n'est pas besoin de tail-
ler son crayon avec un isabre, d'une conver-
sation un peu à bâtons rompus que je viens
d'avoir avec le général et qui pourra peut-
être montrer aux Parisiens, qui ne connais-
sent que les vertus du chef, les qualités de
l'homme, son obligeance, sa modestie, sa
simplicité et aussi sa belle et franche hu-
meur. Le général est grand, robuste sans
être gros l'oeil noir, vif et gai, le teint
chaud,la moustache encore rigoureusement
noire, Jes cheveux serrés dru et qui frisent,
toute 'la. physionomie donne l'impression
d'une admirable santé servant une décision
firompte et une volonAé ferme.
Tout d'abord naus parlâmes de Chui-
gnoMes et si je dis parlâmes le gouver-
neur ne saurait nous en vouloir, car étant
né en Haute-Garonne, à Pinsaguet. si je
ne m'abuse, il ne doit pas reculer de-
vant l'.emploi de ce temps de verbe qui
donne tant de sonorité aux, discours du
Midi. Or, Chuignolles est un ravin de la
Somme où, en juillet 1916, j'eus la bonne
fortune de le rencontrer le lendemain du
jour où tous vendoois de prendre Dom-
pierro, la veille de ceux où nous allions
prendre Flaucourt, puis Biache. la Maison-
nette et les abords de Péronne. Glorieux
souvenirs que j'évoquai.
Elève de Gallieni
Ah oui. Chiignolles. les terribles et
magnifiques journées. ta première avance;
mais comment aurais-j.e pu ne pas réus-
sir. avec des hommes comme mes colo-
ni.aux du 1" corps ? comme plus tard av
N'ai-;je pas eu l'honneur d'être Madagas-
car le chef d'état-major du général Gal-
lieni et plus tard, au début de la guerre,
alors qu'il n'était pas encore gouverneur
1 de Paris, mais déjà l'âme de la résistance,
celui de collaborer avec lui, ou plutôt de
le servir. Je tiens à dire que je suis l'élève,
que je ne suis que le très petite élève du
général Gallieni jamais on n'admirera
assez et homme, jamais le pays n'aura
pour lui assez de gratitude.
Le général est- tout ému en prononçant
ces ,mots il semble que sa mémoire lui
fasse revivre tes .sombres jours dont il ne
convient plus de parter, si ce n'est pour
glorifier ceux dont l'admirablfl audace
sauva le pays. Ali Gallieni Et le général
Berdoulat, assis aujourd'hui devant le
même bureau où l'ancien gouverneur de
Paris signa ses ordres due victoire répète
à voix basse « Son élève, je ne suis que
son très petit élève. Puis. brusquement,
comme dant congé à ses souvenirs
Parlons d'autre choae, voulez-vous ?
Les « galants hommes »
Vous avez eu sous vos ordres des divi-
sions ainiéricaitnes tors de ta dernière offen-
sive 'libératrice ?
Qui, dut divisions américaines
étaient aux aik» de mon corps d'armée. Je
me suis souvent demandé quel terme exact
pourrait définir la collaboration améri-
caine et,je me auis arrête à celui-ci. Ils se
sont battus en yalants hommes et surtout
pas prendre l'expression dans son
sens iaotue.1 et banal, cnais dans sa- signifi-
cation ancienne, qui est 'la véritable. Par
galants homme, j'en-tenis ées hommes,-
chefs ét soldats, qui professaient l'honneur
avec une délicatesse minutieuse, des scru-
pules religieux. Un exemple. Lorsque je
pris le commandement, généraux et colo-
nels vinrent me trouver Savez-vous,
mon général, me dit 'l'un, que nous man-
quons de tel matérial ? Jt le sais, mais
on attaquera demain tout de même. Oh
il ne s'agit ,pas de cefla. Je voulais savoir
seulement si vous saviez, parce qu'on ne
doit rien cacher à un général en chefs. Un
autre, le même jour, vint me dire Sa-
vez-vous que ma division, qui vient d'arri-
ver, m'a pas dormi depuis cinq jours?
Je le sais, mais i'l faut attaquer demain
matin. Alors même réponse Je voulais
seulement savoir si vous connaissiez le
coeifficienit de sommeil de mes -hommes car
il est de mon devoir de tout vous dire.
Quant il. attaquer. cela va de soi.
lis attaquèrent, et si bren, qu'ils rame-
nèrent le aeir 91 canons attelés à l'arrière
de leurs camions. Rencontrant sur une
route 1e triomphal cortège Ce n'est pas
de jeu, dis-je en riant au colomel, de vous
emparer ainsi de tous les canons pris en
commun. Mon général, me répondit-il,
nous nous sommes chargés, puisque nous
disposions de camions, des poids lourds em-
barrassants, mais à vous les prisonniers,
cela marche tout seul, il n'y n qu'à 'pous-
ser.
La joie du 18 juillet
Les gens qui prétendent n'avoir ja-
mais été éunus à la guerre, .mentent. Quelle
a été votre plus grosse émotion ?
Le 18 juillet au matin de la jour-
née qui devait marque* '4a débâcle définitive
de 1 ennemi. Quelque temps auparavant
j'avais été pour une mission spéciale en Al-
sace où j'avais fait la connaissance du mai-
re de Montreux-le-Vieux. Or, averti par des
actions qui précédèrent notre grande offen-
sive de l'imminence d'une bataille décisive,
le maire de Montroux-le-Vieux m'écrivit
une lettre qui me parvint le matin même du
18 juillet. EMe contenait ces mots « Tous
mes vœux pour votre succès et notre vic-
toire.» Eh bien! j'étais, ce jour-là, je ne sais
pourquoi, si ému par la certitude du triom-
phe qu'au moment même où j'action se dé-
clançhait, bien avant d'en connaître le ré-
sultat, séance tenante, je répondis au maire
de Montreux « Vos vœux sont exaucés,
c'est la victoire, la déroute de l'ennemi.»
Qui m'a poussé à écrire ainsi et à annon-
cer le gain d'une bataille qui n'était pas
commencée ? Pourquoi ai-je fait cela ?
Pourquoi ce matin-là avais-je non plus
l'espoir mais la certitude du succès ? La
vérité c'est qu'vne force mystérieuse me
possédait. Ce fut là ma plus grosse émo-
Qéniral BERDOULAT
tion de toute la guerre. Le soir, nous avons
couché h 15 kilomètres de nos, lignes de
départ.
L'enseignement de la guerre
Quel enseignement la guerre ?.
Oh très clair celui que le maréchal
Foc h, bien avant les hostilités, dévelop-
pait en ses livres. Nous avons eu deux
sortes de guerre, l'une de tranchées, l'au-
tre de campagne. Du jour où nous avons
pu disposer du matériel suffisant, eü ap-
pliquant les règles de l'enseignement du
maréchal Foch sur les sièges, l'attaque du
point faible, c'en a été fini des tranchées.
Et du jour où, en rase campagne nous
avons appliqué sa méthode la surprime
et la poursuite intensive de l'ennemi
l'Allemand déguerpit. Je ne crois pas,
je puis me tromper que la guerre ait
rév.élé, sauf des détails d'organisation, la
supériorité d'une méthode nouvelle. Celle
du maréchal suffit amplement.
Puis le général s'interrompant:
Ni, parlons pas de stratégie ou de tac-
tique. mais aidez-moi plutôt la me faire
îvndre justice. Je crois que je suis victime
d'une iniquité, du moins je le redoute.
Imaginez-vous qu'en juin 1917, le général'
Guillemot .ma..présenta un livre du genre
de ceux où tes jeunes 111 les ou jeunes fem-
mes ont coutume d'inviter leurs amis ii
déposer des pensées rares. Il ne s'agissait
pas l'n l'occasion de faire les jolis cœurs,
mais seulement de répondre à cette ques-
tion « Quand linira ta guerre ? Déjà.
presque tous, les grands chefs de toutes tes
années alliées, maréchaux, généraux et
aussi des colonels et des officiers de tous
etats-majors et de toutes armes avaient ré-
pondu. Je venais un des derniers et écrivis-
« La guerre finira en novembre 1918. » Or
l'armistice est du 11 et comme il avait été
convenu que de livre appartiendrait à ce-
1ui dont le pronostic -se rapprocherait le
plus de la .réalité, je ne vçis pas pourquoi
1'on ne m'enverrait pas le bouquin, car je
ne suppose pas que quelqu'un ait précisé
la dato du 11. Vraiment j'aimerais bien
avoir ce
Comme je m'apprêtais à partir, nous re-
marquâmes que la pluie tombait à tor-
Ça tombe, ça tombe, fit le général. at-
tendez un peu, comment allez-vous faire?
Lne phrase que l'on entendit souvent, au
front. Enfin, conclut-W gaîment, aujour-
d liui ce n'est tout de même que de l'eau.
G. de MAIZIERE.
La prime de démobilisation
devant la Chambre
Le débat a. été amorcé hier. Il continuera
cet après-midi.
La grosse question mii a élé agitée est
Il( 1 faut-il' faire une différence, quant
Il l'attribution de la prime, entre les- com-
battants et les soldats de l'intérieur ?
Les différentes commissions qui avaient
eu il s occuper de la question et dont M
André Paisant était te rapporteur, avaient
voulu que ln prime m une prime de dé(i(JUj_
magement, ponr le soldat, quel qu'il soit
puisque aussi bien il avait été absentde son
loyer. -Ccst-à-dire que c« qu'on vnulait c'é-
tait lui donner, à son retour au foyer, une
petite somme pour l'aider. Et il n'était pas
dans leur intention de payer le combattant
On ne paye pus, on ne peut pas payer l'hé-
Au cours du débat d'hier, M. Bltfisot fi
soutenu
faveur particulièrc, et il estimait ilue la jus-
îcc voudrait qu'on accordât plus l'un qu'à
autre. Dans un contre-projet dont est
I aiitpnr, il proposait fr. pour le premier
Ï-.H) fr. pour le second.
A cela M André faisant a ohjecté des
raisons de droit et de tait
I/kléfl quo Pi,lus avons poursuivie est celle-
!ci: un honwne a 6té séparé de son fover qui,
souvent, été dévasté: il swa obligé de le re-
constituer. Quel qu'il soit,
1 Coifiballant ou non, il se trouvera en pré-
^e.n«« des^môiues charges. Et puis, comment
M. Borrel. Vous les distinguez bien par
̃il indemnité de tranchée,?
Jl. LE Rapporteur, -i- Comment le suivre
dans toute sa vie militaire? Aillez-vous faire des
!victimes de ceux qui ont cUi eniioloyés quoique-
anois dans une formation de l'intérieur et leur
idonnçr moins?
D'ailleurs, il s'agit d'une prime à la re-con-sti-
tution du foyvr oui n'a aucun rapport avec la
Wim« du combattant. Ce n'est pas une loi de
WcomifK-nsc au sMdat du front.
Et M. Rognon, au nom de la commission
de l'armée, a ajouté
Noue ne voulons pas diviser la France entre
deux catégories de snldats. Jamais vous ne
pourrez .payer aux soldats du front les sacri-
flceg qu'ils ont consenlic, Nous avons donc- posé
la question sur son véritable terrain.
L'indemnité de démobilisation est une indem-
ni.té cTiiloignement du foyer.
A deux reprises, nous avons obtenu de la
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