Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1911-04-18
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 avril 1911 18 avril 1911
Description : 1911/04/18 (Numéro 12589). 1911/04/18 (Numéro 12589).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k563945b
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/06/2008
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ÉDITION DE PARIS
Le Pape, les Bulgares
et la lupe-culotte
Les curieux de l'avenir ne manque-
ront pas de s'intéresser à la mémorable
affaire de la jupe-culotte, qui passionna
l'Europe entière au commencement de
l'année et fut marquée, dans les
principales villes de France et de l'étran-
ger, par des incidents tumultueux,
qu'on ne saurait justifier par des consi-
dérations plausibles.
Il est certain que le nouveau vêtement
choquait les regards, parce qu'il man-
quait de grâce, d'élégance, n'étant ni
masculin, ni féminin, et ne pouvant mê-
me pas se recommander de l'Auvergne.
Cela, pourtant, excuse insuffisamment
les manifestations discourtoises qui
accueillirent partout cette bizarre ten-
tative que le succès ne couronna point.
Dans quarante ou cinquante ans d'ici,
on en parlera comme d'une fantaisie
ahurissante, et il se trouvera, j'en suis
sûr, do graves érudits pour démontrer
que ce ne fut qu'une mystification de
carnaval, imaginée par d'ingénieux hu-
moristes.
Mais ce qu'on ne dira pas, probable-
ment parce qu'on n'y songera plus, c'est
que la question de savoir si les fem-
mes doivent, oui ou non, porter la cu-
lotte autrement qu'au figuré, date de
loin, ayant été discutée et réglée, dès
l'an 866, par le pape Nicolas ¡or, lequel
se prononça pour l'affirmative, en ré-
ponse aux demandes des Bulgares con-
vertis au catholicisme.
Cette histoire vaut la peine d'être con-
tée.
Les Bulgares venaient de remplacer
leurs dieux par celui des chrétiens. Le
souverain de ces honnêtes gens avait
même apporté tant de zèle à cette trans-
formation que, voyant les grands du
pays se soulever pour la défense de la
vieille foi, il les fit mettre à mort, ainsi
que leurs enfants, afin de leur appren-
dre à respecter sa liberté de conscience.
Ceci lait, il conçut des inquiétudes,
craignant de s'être montré un peu vif,
et il 'envoya des ambassadeurs au pape
Nicolas, dans le but de savoir s'il avait
commis un péché en agissant avec une
vigueur si excessive. A cette interroga-
tion, il en joignit d'autres, parmi les-
quelles figurait celle visant le port de
la culotte par les femmes, les dames de
Bulgarie tenant beaucoup à conserver'ce
vêtement masculin.
Après plus de mille ans, le pape Nico-
las nous apparaît comme un pontife
f.nno.iliant.. sa.se. olein de bon sens pi.
de finesse. Il commença par blâmer le
massacre des grands et de leurs enfants.
Ces derniers, disait-il, étaient bien inno-
cents des fautes de leurs pères. Il eut
mieux valu persuader que tuer. Mal-
heureusement, ressusciter les pauvres
idolâtres étant impossible, le roi devait,
tout au moins, se repentir et faire péni-
tence. Quant aux entêtés qui se refuse-
raient à embrasser la vraie religion, les
exhortations restant vaines, il fallait
simplement cesser de manger avec eux.
Les instructions romaines, envisa-
geant d'autres sujets, disaient qu'on
était libre de prier pour avoir de la
pluie néanmoins, il serait plus sage de
charger les évêques et les prêtres de ce
soin il n'était pas mal de prendre des
bains, mais le Bulgare qui avait deux
femmes ne devait garder que la pre-
mière il ne fallait pas se nourrir avec
le produit de la chasse d'un païen, et le
ijeûne du vendredi était méritoire, etc.
Le questionnaire des nouveaux chré-
tiens s'étendait aux points les plus di-
vers. Le roi pouvait-il manger seul?
Quelle dot convenait-il d'assurer à une
jeune fille? Etait-il bien de s'adresser
aux augures pour connaître les jours
heureux ou malheureux? Devait-on
essayer de guérir les maladies au
moyen de pierres enchantées? Pé-
chait-on en cherchant à deviner l'ave-
nir en ouvrant un livre au hasard?
Au lieu de la queue de cheval, dont
les soldats, allant à la guerre se fai-
saient précéder, ne serait-il pas préfé-
rable d'arborer une bannière où une
croix serait brodée? Le pape s'expliqua
soigneusement sur chacune de ces ques-
tions, dans un sens qu'il est inutile d'in-
diquer.
Tout cela n'était pas très compliqué,
et.point n'était besoin de longtemps réflé-
chir pour faire aux naïfs Bulgares une
réponse claire et précise. Mais il y avait
quelque chose qui tourmentait infini-
ment plus les excellents convertis, et
leur conscience en était si troublée qu'ils
insistèrent avec force sur ce délicat pro-
blème, posé pour la première fois au
chef de la chrétienté.
Les femmes bulgares, prenant sans
doute leur part des rudes travaux et des
dangers de leurs maris, portaient la cu-
lotte, tout comme les hommes, s'en trou-
vaient bien, et, malgré leur foi récente,
n'entendaient pas abandonner le vète-
ment commode auquel elles étaient ha-
bituées depuis leur enfance. Aucune rè-
gle catholique ne leur paraissait pros-
crire cet habillement, et elles conti-
nuaient à s'en vêtir ainsi qu'avant la
conversion de la nation.
Les époux, perplexes, ayant un vif
souci du salut de ces dames, jugèrent
;que le pape seul devait décider en pa-
reille matière, et ce fut ainsi que Nico-
las I" eut se prononcer sur le port de
la culotte par les femmes- «
Il le ût, on peut le dire, avec autant
d'esprit que de bonne grâce, et non sans
une certaine malice souriante.
« A mes yeux, dit-il, c'est là une ques-
tion secondaire; c'est moins vos vête-
rrents que vos sentiments que je veux
voir changer. Que vos femmes portent
des pantalons au lieu de jupes, cela
m'est égal ce dont je me soucie, c'est de
la foi et des bonnes œuvres. Vous avez
des habitudes qui ne sont pas celles des
autres chrétiens vcs femmes portent
la culotte, et vous craignez que cela ne
vous soit compté comme péché, car vous
savez que dans nos livres il est écrit que
les culottes ont été faites non pour les
femmes mais pour les hommes c'est
pourquoi vous avez cru devoir venir me
consulter.
» Ne vous inquiétez pas de cela agis-
sez comme vous l'entendrez, conservez
vos anciennes habitudes, ou adoptez les
nôtres, puisque, en quelque sorte, vous
devenez des hommes nouveaux en de-
venant des chrétiens et, après tout,
ajoutait-il excellemment, que vous et
vos femmes vous gardiez du vous aban-
'donniez la culotte, cela n'aidera en rien
'à votre salut ni accroîtra votre vertu. »
C'était bien vrai Mais ce mot de ver-
tu éveilla d'autres pensées dans l'esprit
du pape Nicolas. Il se dit qu'en un pays
encore barbare, la culotte pouvait avoir
une heureuse influence sur la pureté des
mœurs, et ce fut pourquoi il termina sa
consultation de la manière suivante
« Les premiers hommes avaient eu re-
cours à des ceintures tant que vous
avez été païens vous avez dû employer
des culottes; maintenant que vous êtes
chrétiens la foi nouvelle vous fortifiera
contre le péché et vous donnera, à vous
et à vos femmes, des culottes spiri-
tuelles. »
Il serait fâcheux de gâter par des com-
mentaires ce mot délicieux du malin
pontife sur les « culottes spirituelles
Bornons-nous à constater que. le digne
Nicolas ¡or se montra, de son temps, plus
tolérant que les hommes du vingtième
siècle, qui, eux, ne furent point spiri-
tuels dans la guerre qu'ils firent à la
culotte 1
JB»H FROLLC
M. FALLIÈRES EN TUNISIE
Bizerte en fête
Les escadres étrangères en rade
sont prêtas à saluer le Président
Bizerte, 17 avril.
L'affluence sera considérable, demain, à
Bizerte le débarquement du Président, la
revue des escadres ont attiré, dans notre
ville, des milliers de voyageurs il n'y a
plus, à l'heure actuelle, une seule place dans
les hôtels.
La division de l'escadre italienne de Ta-
rente, composée du cuirassé Benedetto-Brin,
portant pavillon de l'amiral Aubry, du croi-
seur Roma et de l'aviso Coatit, venua de
Brindisi pour saluer M. Fallières, est arri-
vée ce matin à huit heures.
La division de l'escadre angiaise de la
Méditerranée, composée des cuirassés Swil-
sure, battant pavillon de l'amiral sir Ed-
mund Poe, et Triumph, et du destroyer Hus-
sard, venant de Malte, est arrivée à onze
heures.
L'escadre a pris son mouillage dans le
lac à côté de 1 escadre italienne et du cui-
rase Henri-IV.
C'est à neuf heures quinze que, d'après
le programme. le Président de la Républi-
que doit débarquer à Bizerte.
Aussitôt que le mouillage sera effectué.
Mohamed e1 Nacer, bey de Tunis, et M. Ala-
petite, résident générale de France à Tunis,
monteront à bord du bâtiment présidentiel
et souhaiteront la bienvenue à M. Faîtières,
qui. aussitôt après, recevra les amiraux et
commandants des navires étrangers et leur
rendra immédiatement leur visite, transpor-
té par un contre-torpilleur.
Le Président quittera Bizerte à une heura
et se rendra à bord d'un contre-torpilleur à
Sidi-Abdallah, où il visitera l'arsenal.
L'arrivée du chef de l'Etat à Tunis est pré-
vue pour cinq heures.
EM COURS DE ROUTE
Toulon, 17 avril.
Le vice-amiral Bellue, commandant l'es-
cadre présidentielle, a adressé, ce matin" a
la préfecture maritime, le radiogramme sui-
vant
« La traversée s'eff«tftue dans d'ezcellentes
conditions. a
LES EXPLOITS DE «HICK CARTER»
¡Le policier cambrioleur
a donne de ses nouvelles
Mais Il n'est pas encore arrêté. Dans une
lettre à un de ses anciens collègues,
il menace de brûler la g. au premier
agent qui se présentera devant lui.
Las anciens collègues de Warzet et non
Warzé à la sûreté et à la brigade mobile,
qui ont reçu mission de le rechercher, ne se
1 dissimulent point que leur tàche est des plus
délicates. Plutôt que de tomber Vivant entre
les mains des limiers lancés à ses trousses,
ce fantastique personnage est décidé à tout.
Il l'a écrit à l'un de ses amis.
« Maintenant que je suis dans l'ornière
jusqu'au cou, lui dit-il, dans une lettre mise
à la poste rue Monge, je me sens capable de
toutes les folies. Dis aux copains qu'ils ne
s'y frottent pas, car je brûlerai la g. au
premier qui se présentera devant moi.
Comme on lé voit, Nick (farter est un
gaillard décidé. Il possède, d'ailleurs, un jeu
très complet de fausses barbes, de perru-
ques et de costumes.
Dans sa garde-robe figurent des unifor-
mes d'officier de marine, de gardon dit re-
cette, de facteur des postes, votre de'" cro-
aue-mobt ». Aussi ses camarades &?• désK-'
gnaient-ils souvent sous le surnom de
u Frégoli n.
Il a pu lui être facile de se rendre mé-
connaissable, en empruntant un déguise-
ment quelconque.
A certain moment, Warzet avait exercé
des surveillances dans le quatrième arron-
dissement. C'est en visitant les bouges de
la rue AuBry-le-Boucher qu'il avait rencon-
tré Lilas dont il n'avait pas tardé à faire
sa maîtresse.
( FREGOLI ET LA Il MOUCHE »
Précédemment, il avait daigné remarquer,
dans le triste troupeau des filles qui, la nuit
venue, envahissent le boulevard de Sébasto-
pot et les rues avoisinantes, une fort jolie
blonde, Emma Froget, fine comme un bi-
belot de Saxe et bien supérieure, inteliec-
tuellement, à la majorité de ses compa-
gnes.
Emma Froget, dite la « Mouche n, demeu-
rait dans une chambre meublée de la rue
Simon-le-Frano. 11 n'y avait pas même une
année qu'elle faisait commerce de ses char-
mes. Naguère jnstitutrice dans une famille
bourgeoise de la Plaine-Monceau, elle s'était
laissé séduire par un commensal de la mai-
son. Chassée; quand on avait connu sa faute,
elle avait confié à une brave femme de pro-
vince l'enfant une petite fille qui lui
était née et, croyant s'étourdir, elle avait
fait comme tant d'autres.
La "ir 'Mouche pour
ter, upe proie facile.
Il est inadmissible, lui avait-il dit,
qu'une fille comme toi risque, d'un instant
à l'autre, d'être arrêtée par les « mœurs ».
Je vais te prendre sous mon égide.
UNE LETTRE ANONYME
Cette liaison dura deux mois. Un beau
jour, une lettre anonyme, dévoilant les re-
lations du policier et de la fille publique,
parvint dans un commissariat.
Par mesure de prudence, Nick Carter
rompit avec la Mouche ». Ce fut n Lilas
qui succéda, dans les bonnes grâces du
Don Juan de la n Tour-Pointue à cette
infortunée créature.
Ajoutons que la « Mouche n était une inti-
me amie de Berthe Roubin, qui fut tuée rue
Quincampoix, dans les circonstances que
nous rappelions hier.
A la direction générale des recherches, à
la préfecture de police, les renseignements
suivants nous ont été fournis
Warzet fut nommé inspecteur de la bri-
gade mobile il y a deux ans. Il venait de
quitter le régiment avec le grade de ser-
gent c'était un de ces hommes qui nous sont
imposés par l'autorité militaire et que, trop
souvent, nous prenons dans nos services à
notre corps défendant.
Le bruit courait; hier soir, à la préfec-
ture de police, que l'inspecteur Warzet
était recherché à Bruxelles.
La présence, en cette ville, d'un individu
dont le signalement semble correspondre au
sien, aurait été signalée.
Mais est-ce bien de lui qu'il s'agit ?
Cinq ouvriers sont blessés
dans une rixe à Montrouge
Un soldat du 117e de ligne, en garnison au
Mans, M. Edouard Giraud, en permission à
Paris, passait, la nuit dernière, vers une
heure, route d'Orléans, à Montrouge, lors-
que, à la hauteur de la rue Hortense, il se
trouva en présence de deux bandes d'indivi-
dus qui, au nombre d'une vingtaine, en
étaient venus aux mains. Déjà, deux hom-
mes gisaient sur le sol un troisième, pour-
suivi par plusieurs agresseurs et inondé de
sang, s'écroulait à son tour.
Dans l'impossibilité où il se trouvait de
séparer les combattants, le militaire se bor-
na à porter secours aux blessés, s'opposant
à ce qu'on les maltraitât davantage. Puis il
courut à la gendarmerie, d'où on le ren-
voya au poste de police de Montrouge. Quel-
ques minutes après, M. Masseaux et M. Pil-
lot, son secrétaire, intervenaient et faisaient
procéder à l'arrestation de plusieurs per-
sonnages qui, selon toute apparence, avaient
été mélés à l'affaire.
Entre temps, les blessés étaient pansés
dans une pharmacie. Mais l'état de deux
d'entre eux inspirant de vives inquiétudes,
on les fit admettre à l'hôpital Broussais. C'é-
taient un jardinier de trente-quatre ans, Jo-
seph Mougenot, demeurant 1 bis, route d'Or-
léans, qui avait été frappé de deux coups
de couteau dans la région rénale, blessures
jugées dès l'abord très graves, et Guyot, dit
« Cyrano », vingt-trois ans, domicilié 102,
route d'Orléans, qui avait la jambe gauche
brisée.
Les jeunes gens arrêtés étaient également
blessés. C'étaient René T. vingt-trois ans,
demeurant route d'Orléans, atteint d'un
coup de couteau à la joue gauche Arthur
J. charretier, qui en avait reçu deux au
sommet du crâne et Antonin C. domici-
lié rue de Bagneux, blessé à la tête.
Après interrogatoire, ces trois personna-
ges, qui n'ont pu donner sur leurs agres-
seurs et sur tes causes de la rixe que des
données assez imprécises, ont été remis en
liberté. Par contre, on recherche un indivi-
du. employé dans une entreprise de Mont-
rouge, qui semble plus spécialement com-
promis en cette affadis,
La situation à Fez est grave
mais non désespérée
Quatre de nos bataillons de l'armée coloniale vont
renforcer les troupes de la Chaouïa
UNE VUE PITTORESQUE DU PALAIS DU SULTAN, A FEZ
Dans le cartouche le plan de Fez et de ses faubourgs a. kasbah des Cherarda b. fabrique
d'armes c. vieux Mechouar d. Dar el Maghzen e. palais du sultan mosquée du sultan
g. consulat allemand h. consulat anglais t, consulat français j, mosquée Moutey Idris
k, nouveau Mechouar.
Ainsi que nous le disions hier, les dépê-
ches reçues à Madrid, et qui présentent
Hafid cômme réduit aux abois, doivent être
acceptées avec les plus grandes réserves.
Lancées de Melj^fi, elles semblent bien avoir
la même origine suspecte que la nouvelle,
démentie en son temps, d'après laquelle le
colonel Mangin avait été assassiné.
Quoi qu'il en soit la situation dans la-
quelle se trouve le sultan est certes grave,
mais elle n'est pas désespérée.
Oh pensé d'ailleurs que les forces dont dis-
pose Moukiy Hand vont se trouver notable-
ment renforcées par suite de l'arrivée, que
l'on espère prochaine, de la mehalla des Che-
rarda
Ajoutons que le gouvernement décidé,
vu la situation actuelle au Maroc, de renfor-
cer les troupes de la Chaouïa par l'envoi de
quatre bataillons de l'armée coloniale. Ces
troupes partiront pour Casablanca dans le
plus bref délai.
La mehalla du commandant Brémond
s'est de nouveau remise en marche
Tanger, avril.
En apprenant les événements qui se dé-
roulaient à Fez, le commandant Brémond
LES TROUBLES DE CHAMPAGNE
D f a j| plus do émentiers arrêtés
(DE NOTRE envoyé SPÉCIAL)
Eperna>. i7 avril.
La répression continue. Après la trêve
forcée de la journée d'hier, elle a recommen-
cé aujourd'hui, continuera demain et les
jours suivants. Elle ne fessera que lorsque
tous les coupables seront sous les verrous.
Or, il y en a déjà plus de cent vingt dans
les prisons d'Epernay, de Châlons-sur-Mar-
ne et de Reims.
De tous les fonctionnaires d'Epernay, il
n'en est peut-être pas de plus occupé, en ce
moment, que le gardien en chef de la prison.
Le sévère bâtiment dont il assure la sur-
veillance et l'administration, avec deux
gardiens, est archibondé.
Depuis le 11 avril, on lui a amené qua-
rante-trois personnes, inculpées pour les
troubles. Comme il ne dispose que de trente-
quatre cellules, force a été à ce brave fonc-
tionnaire de mettre en commun ceux de ses
prisonniers qui lui paraissaient de moindre
importance. Pour faire de la place, il a dû
encore faire transférer à Châlons plusieurs
individus arrêtés à l'occasion d'autres dé-
lits: Mais si l'ardeur du parquet ne se ra-
lentit pas, ces expédients ne suffiront phis.
Ce matin encore, les gendarmes d'Epernay
écrouaient à la prison un nouveau lot de
douze vignerons, arrêtée pour faits de pil-
lage à Vinay et à Mouny.
De nouvelles arrestations ont été opérées,
cet après-midi, à Av. et on en annonce,
pour demain, vingt autres.
l'action judlciairm
Deux enquêtes suivent actuellement leurs
$ours l'une est d'ordre judiciaire, l'autre
relève de l'autorité administrative.
Ainsi que je vous l'ai dit, on est persuadé
que les vignerons ont entretenu des relations
s'est décidé, le 12 avril, à quitter de nou-
veau le camp du Djebel-Tselfat e: à marcher
au secours de Mouley Hafid. Les pluies,
d'ailleurs, étaient moins fréquentes et la rou-
te conduisant à Fez était par cela même de-
venue plus praticable. Dès son départ, il fut
attaqué, au cours de la matinée,, par les
Cherarda dissidents, qui furent repoussés.
L'engagement du 9'avril fut plutôt une es-
carmouche qu'un véritable combat. Les as-
saillaji.ts perdirent néanmoins onze des
leurs.
Bien que les Oulad Djoumra soient passés
du côté des Beni M'Tir, la région du Gharb
est encore calme car les Hyaïna sont tou-
jours hésitants. Il y toutefois lieu de crain-
dre que Fez ne soit coupée de ses communi-
cations par suite du départ de la colonne du
commandant Brémond.
L'armement du «VInh-Long»
Toulon, 17 avril.
Le transport Vinh-Long a été sorti, cet
après-midi, du bassin de Missiessy et con-
duit aux appontements, où il a été amarré.
Il appareillera mercredi pour Marseiiie, où
il embarquera les troupes à destination du
Maroc. Les permissionnaires ont été rappe-
lés et rallieront leur bâtiment à MarseiÙe.
suivies et un commerce de lettres très actif
soit par l'intermédiaire de leur syndicat, soit
par l'entremise de leurs délégués locaux, soit
individuellement avec des groupements ou
associations révolutionnaires, voire liber-
taires. Mais soupçonner une chose, en avoir
même la certitude morale ne suffit pas. Il
faut la démontrer, en faire la preuve maté-
rielle.
Des bombas?
Quand on parle de bombes, les uns haus-
sent les épaules, les autres disent « C'est
bien possible » NI. Renaudin, chef de la
brigade mobile, répond n J'espère trou-
ver » Le parquet est optimiste.
Le général Abonneau, qui commande l'un
des secteurs en lesquels le vignoble a été
divisé, y croit fermement et sa conviction
est basée sur un fait précis auquel on n'a
peut-être pas prêté suffisamment d'attention.
Dans la matinée de mercredi, alors que les
incendies commençaient à s'allumer, des
dragons, qui pal rouillaient dans les rues
d'Ay, chargèrent une bande d'émeutiers
qui les serraient de trop près. Soudain une
détonation retentit, un dragon tomba, son
cheval fut tué net; il avait été éventré. Ce
n'était pas, comme tout d'abord on l'avait
cru, une fusée paragréle ou une bombe à
l'oxyde de carbone qui venait d'éclater.
plosif puissant, pouvait avoir un pareil ré-
sultat. Le rapport que firent par la suite un
vétérinaire et un médecin major ne laissent
maintenant aucun dqute à ce sujet
C'est ce fait, peut-être isolé, mais évidem-
ment très grave, qui donne créance à cette
supposition que les incendiaires d'Ay doi-
vent détenir quelque part de la dvnamite ou
tout autre produit du même genre. Mais, je
le répète, c'est ce qu'il faut prouver!
LE TRAFIC DES DECORAT! OMS
Le marchand de palmes
eut d'autres complices
Le scandale s'étend. Diverses perquisi-
tions ont été opérées hier. On annonce
pour aujourd'hui plusieurs arrestations.
M. Tortat est un magistrat infatigable.
Alors qu'hier, le palais était complètement
désert, en ce lundi de Pâques, et que tous
ses collègues goûtaient les joies du repos,
on le vit, comme à l'ordinaire, à son cabinet.
Il y était rejoint, bientôt, par M. Borde,
commi'ssaire de police du Faubourg-Mont-
martre, et les deux magistrats partaient
pour Neuilly-sur-Setne, afin de pratiquer
une perquisition au domicile de Me Guil-
laume Valensi, rue Chauveau.
L'inculpé, qu'assistait son avocat, Me de
Moro-Giafreri, avait été extrait de la Santé
et conduit chez lui en vue de cette opération.
Le bâtonnier avait délégué M* Achille
Raux, secrétaire du conseil,de l'Ordre, pour
vérifier tous les dossiers et les pièces qui se
trouvaient dans le cabinet d'avocat de M*
Valensi avant qu'ils soient examines par
les magistrats:
On sait que les documents que détien-
nent les avocats en qualité de défenseurs
échappent à toute saisie. Des secrets peu-
vent, en effet, leur être confiés par des clients
et il faut éviter à tout prix qu'ils soient
divulgués. D'où la présence indispensable
d'un représentant du bâtonnier à toute per-
quisition chez un avocat
Dans l'espèce, M» Achille Raux n'a eu à
faire aucune réserve. Me Guillaume Valen»i
n'avait d'avocat que le titre. Aucun dossier
appartenant à un client n'était dans son ca-
bmet,
Par contre, on a pu saisir de nombreux,
brevets et le drapeau d'un ordre créé par
Me Guillaume Valensi, dans les conditions
qu'on lira d'autre part celui du Croissant
rouge. I* drapeau, monté sur une hampe,
est blanc, taché au milieu seulement à\m
croissant et d'une étoile rouges.
Etendard et document ont été portés aus-
sitôt au parquet. Ils seront déposés, au-
jourd'hui, au greffe criminel ,jm. hier, était
fermé.
A la suite de cette perquisition, M. Tortat
s'est rendu au parquet, où il s'est entretenn
avec le substitut Grandjean d'une demande
d'examen mental de Me Guillaume Valensi,
demande formulée par le frère du prévenu,
médecin à Montfermeil. Aucune décision n'a
encore été prise à ce sujet.
Un brevet du Nicham
pour quatre-vingts franc$
Dams l'après-midi, Ni. qui était
allé déjeuner chez lui. à Sceaux, et comptai
bien en avoir terminé lendemain,
était rappelé précipitamment Paris, par un
express » du parquet du procureur de la
République. Qua.s s'était-il donc passé? Ceci
Un agent d'assurances, habitant Nouilly,
M. Turnès, s'était présenté spontanément au
palais, déclarant qu'il avait d'importantes
révélations à faire au sujet des trafics de
décorations reprochés à Me Valensi et ses
complices.
M. Tortat, de retour à son cabinet, fit aus-
sitôt introduire M. Turnès. Celui-ci fit alors
le récit suivant
Sachant, dit-il, que Me Guillaume Va-
lensi, avocat à la cour d'appel, prétendait
disposer, à son gré, des distinctions de l'or-
dre du Nicham-Iftikar, et considérant que
je possédais tous les titres nécessaires pour
me faire nommer chevalier de cet ordre, je
suis allé le voir. Il m'accueillit fort bien,me
déclara qu'en efret j'avais tous les droits à
obtenir ce que je désirais. Ensuite, il tne
renvoya à son ami M. démenti, président
de la Ligue nationale humanitaire, an me
disant que ce dernier se chargerait de toutes
les démarches nécessaires.
Je fis ainsi qu'il m'était indiqué. J'eus
diverses entrevues avec M. Clémenti. Peu de
temps auprès, le président de la Ligue natio-
nale humanitaire me remettait le diplôme
convoité. Mais, pour frais et démarches, on
me réclama la somme de quatre-vingts
francs,
Et à qui l'avez-voue versée ? questionna
M. Tortat.
A M. Valensi.
Le juge d'instruction fit enregistrer soi-
gneusement cette déposition par son gref-
fier, et repartit pour Sceaux.
Nouvelle perquisition chez M. Clément!
Peu après M. le commissaire Borde,
accompagné de MM. Mouneyr3t et Colom-
bet, ses secrétaires, et d'inspecteurs de son
commissariat, se transportait au domicile
de M. Qémenti, rue des Moines.
Nanti d'une commission rogatoire déli-
vrée par M. le juge Tortat, il venait opérer
une perquisition.
Mme Clémenti était absente. La magistrat
aurait pu passer outre, mais il préféra atten-
dre et se borna a laisser un de ses subordon-
nés devant la porte de l'appartement.
Il revint vers sept heures et put enfin exé-
cuter sa mission.
Il saisit une volumineuse correspondance,
des documents de tous genres et des diplô-
mes en blanc de divers-ordres.
Rentré à huit heures et demie il eon bn-
reau, M. Borde se mit immédiatement à
l'étude de ces pièces qui, sans doute, apporte-
ront d'utiles éléments à l'instruction.
Dans la soirée, M. Grandjean, substitut du
procureur de la République, est allé conférer
avec le garde 'des Sceaux et l'a mis au cou-
rant des résultats des diverses perquisitions
opérées dans la journée.
ARRESTATIONS ANNONCEES
D'après les bruits qui circulaient hier soir
dans les milieux judiciaires, plusieurs arres-
tations auraient été décidées pour ce matin.
M. Hamard, chef de la sûreté, a été. dit-
on, chargé par le parquet de se rendre dans
la banlieue pour appréhender un personna-
ge dont le nom a été mêlé, par les journaux
allemands, en même tempe que celui de M.
Valensi, aux opérations de la fameuse agen.
ce de Hambourg. Ce personnage serait éga
lement compromis, d'une façon directe,
dans l'affaire Valensi-Clémenti, dont s'oc-
cupe M. le juge Tortat.
De son côté, M. Borde, commissaire du
quartier du faubourg Montmartre, procéde-
rait à deux autres arrestations.
Ajoutons que M. Clémenti a déclaré à M. le
juge Tortat avoir reçu d'une femme, dont il
a cité le nom, des diplômes de palmes qu'il
avait remis à Valensi et où le nom du titu-
laire était laissé en blanc.
Ces diplômes portaient la signature dn
chef de cabinet de M. Doumergue, ancien
ministre de l'Instruction publique; mais *•
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ÉDITION DE PARIS
Le Pape, les Bulgares
et la lupe-culotte
Les curieux de l'avenir ne manque-
ront pas de s'intéresser à la mémorable
affaire de la jupe-culotte, qui passionna
l'Europe entière au commencement de
l'année et fut marquée, dans les
principales villes de France et de l'étran-
ger, par des incidents tumultueux,
qu'on ne saurait justifier par des consi-
dérations plausibles.
Il est certain que le nouveau vêtement
choquait les regards, parce qu'il man-
quait de grâce, d'élégance, n'étant ni
masculin, ni féminin, et ne pouvant mê-
me pas se recommander de l'Auvergne.
Cela, pourtant, excuse insuffisamment
les manifestations discourtoises qui
accueillirent partout cette bizarre ten-
tative que le succès ne couronna point.
Dans quarante ou cinquante ans d'ici,
on en parlera comme d'une fantaisie
ahurissante, et il se trouvera, j'en suis
sûr, do graves érudits pour démontrer
que ce ne fut qu'une mystification de
carnaval, imaginée par d'ingénieux hu-
moristes.
Mais ce qu'on ne dira pas, probable-
ment parce qu'on n'y songera plus, c'est
que la question de savoir si les fem-
mes doivent, oui ou non, porter la cu-
lotte autrement qu'au figuré, date de
loin, ayant été discutée et réglée, dès
l'an 866, par le pape Nicolas ¡or, lequel
se prononça pour l'affirmative, en ré-
ponse aux demandes des Bulgares con-
vertis au catholicisme.
Cette histoire vaut la peine d'être con-
tée.
Les Bulgares venaient de remplacer
leurs dieux par celui des chrétiens. Le
souverain de ces honnêtes gens avait
même apporté tant de zèle à cette trans-
formation que, voyant les grands du
pays se soulever pour la défense de la
vieille foi, il les fit mettre à mort, ainsi
que leurs enfants, afin de leur appren-
dre à respecter sa liberté de conscience.
Ceci lait, il conçut des inquiétudes,
craignant de s'être montré un peu vif,
et il 'envoya des ambassadeurs au pape
Nicolas, dans le but de savoir s'il avait
commis un péché en agissant avec une
vigueur si excessive. A cette interroga-
tion, il en joignit d'autres, parmi les-
quelles figurait celle visant le port de
la culotte par les femmes, les dames de
Bulgarie tenant beaucoup à conserver'ce
vêtement masculin.
Après plus de mille ans, le pape Nico-
las nous apparaît comme un pontife
f.nno.iliant.. sa.se. olein de bon sens pi.
de finesse. Il commença par blâmer le
massacre des grands et de leurs enfants.
Ces derniers, disait-il, étaient bien inno-
cents des fautes de leurs pères. Il eut
mieux valu persuader que tuer. Mal-
heureusement, ressusciter les pauvres
idolâtres étant impossible, le roi devait,
tout au moins, se repentir et faire péni-
tence. Quant aux entêtés qui se refuse-
raient à embrasser la vraie religion, les
exhortations restant vaines, il fallait
simplement cesser de manger avec eux.
Les instructions romaines, envisa-
geant d'autres sujets, disaient qu'on
était libre de prier pour avoir de la
pluie néanmoins, il serait plus sage de
charger les évêques et les prêtres de ce
soin il n'était pas mal de prendre des
bains, mais le Bulgare qui avait deux
femmes ne devait garder que la pre-
mière il ne fallait pas se nourrir avec
le produit de la chasse d'un païen, et le
ijeûne du vendredi était méritoire, etc.
Le questionnaire des nouveaux chré-
tiens s'étendait aux points les plus di-
vers. Le roi pouvait-il manger seul?
Quelle dot convenait-il d'assurer à une
jeune fille? Etait-il bien de s'adresser
aux augures pour connaître les jours
heureux ou malheureux? Devait-on
essayer de guérir les maladies au
moyen de pierres enchantées? Pé-
chait-on en cherchant à deviner l'ave-
nir en ouvrant un livre au hasard?
Au lieu de la queue de cheval, dont
les soldats, allant à la guerre se fai-
saient précéder, ne serait-il pas préfé-
rable d'arborer une bannière où une
croix serait brodée? Le pape s'expliqua
soigneusement sur chacune de ces ques-
tions, dans un sens qu'il est inutile d'in-
diquer.
Tout cela n'était pas très compliqué,
et.point n'était besoin de longtemps réflé-
chir pour faire aux naïfs Bulgares une
réponse claire et précise. Mais il y avait
quelque chose qui tourmentait infini-
ment plus les excellents convertis, et
leur conscience en était si troublée qu'ils
insistèrent avec force sur ce délicat pro-
blème, posé pour la première fois au
chef de la chrétienté.
Les femmes bulgares, prenant sans
doute leur part des rudes travaux et des
dangers de leurs maris, portaient la cu-
lotte, tout comme les hommes, s'en trou-
vaient bien, et, malgré leur foi récente,
n'entendaient pas abandonner le vète-
ment commode auquel elles étaient ha-
bituées depuis leur enfance. Aucune rè-
gle catholique ne leur paraissait pros-
crire cet habillement, et elles conti-
nuaient à s'en vêtir ainsi qu'avant la
conversion de la nation.
Les époux, perplexes, ayant un vif
souci du salut de ces dames, jugèrent
;que le pape seul devait décider en pa-
reille matière, et ce fut ainsi que Nico-
las I" eut se prononcer sur le port de
la culotte par les femmes- «
Il le ût, on peut le dire, avec autant
d'esprit que de bonne grâce, et non sans
une certaine malice souriante.
« A mes yeux, dit-il, c'est là une ques-
tion secondaire; c'est moins vos vête-
rrents que vos sentiments que je veux
voir changer. Que vos femmes portent
des pantalons au lieu de jupes, cela
m'est égal ce dont je me soucie, c'est de
la foi et des bonnes œuvres. Vous avez
des habitudes qui ne sont pas celles des
autres chrétiens vcs femmes portent
la culotte, et vous craignez que cela ne
vous soit compté comme péché, car vous
savez que dans nos livres il est écrit que
les culottes ont été faites non pour les
femmes mais pour les hommes c'est
pourquoi vous avez cru devoir venir me
consulter.
» Ne vous inquiétez pas de cela agis-
sez comme vous l'entendrez, conservez
vos anciennes habitudes, ou adoptez les
nôtres, puisque, en quelque sorte, vous
devenez des hommes nouveaux en de-
venant des chrétiens et, après tout,
ajoutait-il excellemment, que vous et
vos femmes vous gardiez du vous aban-
'donniez la culotte, cela n'aidera en rien
'à votre salut ni accroîtra votre vertu. »
C'était bien vrai Mais ce mot de ver-
tu éveilla d'autres pensées dans l'esprit
du pape Nicolas. Il se dit qu'en un pays
encore barbare, la culotte pouvait avoir
une heureuse influence sur la pureté des
mœurs, et ce fut pourquoi il termina sa
consultation de la manière suivante
« Les premiers hommes avaient eu re-
cours à des ceintures tant que vous
avez été païens vous avez dû employer
des culottes; maintenant que vous êtes
chrétiens la foi nouvelle vous fortifiera
contre le péché et vous donnera, à vous
et à vos femmes, des culottes spiri-
tuelles. »
Il serait fâcheux de gâter par des com-
mentaires ce mot délicieux du malin
pontife sur les « culottes spirituelles
Bornons-nous à constater que. le digne
Nicolas ¡or se montra, de son temps, plus
tolérant que les hommes du vingtième
siècle, qui, eux, ne furent point spiri-
tuels dans la guerre qu'ils firent à la
culotte 1
JB»H FROLLC
M. FALLIÈRES EN TUNISIE
Bizerte en fête
Les escadres étrangères en rade
sont prêtas à saluer le Président
Bizerte, 17 avril.
L'affluence sera considérable, demain, à
Bizerte le débarquement du Président, la
revue des escadres ont attiré, dans notre
ville, des milliers de voyageurs il n'y a
plus, à l'heure actuelle, une seule place dans
les hôtels.
La division de l'escadre italienne de Ta-
rente, composée du cuirassé Benedetto-Brin,
portant pavillon de l'amiral Aubry, du croi-
seur Roma et de l'aviso Coatit, venua de
Brindisi pour saluer M. Fallières, est arri-
vée ce matin à huit heures.
La division de l'escadre angiaise de la
Méditerranée, composée des cuirassés Swil-
sure, battant pavillon de l'amiral sir Ed-
mund Poe, et Triumph, et du destroyer Hus-
sard, venant de Malte, est arrivée à onze
heures.
L'escadre a pris son mouillage dans le
lac à côté de 1 escadre italienne et du cui-
rase Henri-IV.
C'est à neuf heures quinze que, d'après
le programme. le Président de la Républi-
que doit débarquer à Bizerte.
Aussitôt que le mouillage sera effectué.
Mohamed e1 Nacer, bey de Tunis, et M. Ala-
petite, résident générale de France à Tunis,
monteront à bord du bâtiment présidentiel
et souhaiteront la bienvenue à M. Faîtières,
qui. aussitôt après, recevra les amiraux et
commandants des navires étrangers et leur
rendra immédiatement leur visite, transpor-
té par un contre-torpilleur.
Le Président quittera Bizerte à une heura
et se rendra à bord d'un contre-torpilleur à
Sidi-Abdallah, où il visitera l'arsenal.
L'arrivée du chef de l'Etat à Tunis est pré-
vue pour cinq heures.
EM COURS DE ROUTE
Toulon, 17 avril.
Le vice-amiral Bellue, commandant l'es-
cadre présidentielle, a adressé, ce matin" a
la préfecture maritime, le radiogramme sui-
vant
« La traversée s'eff«tftue dans d'ezcellentes
conditions. a
LES EXPLOITS DE «HICK CARTER»
¡Le policier cambrioleur
a donne de ses nouvelles
Mais Il n'est pas encore arrêté. Dans une
lettre à un de ses anciens collègues,
il menace de brûler la g. au premier
agent qui se présentera devant lui.
Las anciens collègues de Warzet et non
Warzé à la sûreté et à la brigade mobile,
qui ont reçu mission de le rechercher, ne se
1 dissimulent point que leur tàche est des plus
délicates. Plutôt que de tomber Vivant entre
les mains des limiers lancés à ses trousses,
ce fantastique personnage est décidé à tout.
Il l'a écrit à l'un de ses amis.
« Maintenant que je suis dans l'ornière
jusqu'au cou, lui dit-il, dans une lettre mise
à la poste rue Monge, je me sens capable de
toutes les folies. Dis aux copains qu'ils ne
s'y frottent pas, car je brûlerai la g. au
premier qui se présentera devant moi.
Comme on lé voit, Nick (farter est un
gaillard décidé. Il possède, d'ailleurs, un jeu
très complet de fausses barbes, de perru-
ques et de costumes.
Dans sa garde-robe figurent des unifor-
mes d'officier de marine, de gardon dit re-
cette, de facteur des postes, votre de'" cro-
aue-mobt ». Aussi ses camarades &?• désK-'
gnaient-ils souvent sous le surnom de
u Frégoli n.
Il a pu lui être facile de se rendre mé-
connaissable, en empruntant un déguise-
ment quelconque.
A certain moment, Warzet avait exercé
des surveillances dans le quatrième arron-
dissement. C'est en visitant les bouges de
la rue AuBry-le-Boucher qu'il avait rencon-
tré Lilas dont il n'avait pas tardé à faire
sa maîtresse.
( FREGOLI ET LA Il MOUCHE »
Précédemment, il avait daigné remarquer,
dans le triste troupeau des filles qui, la nuit
venue, envahissent le boulevard de Sébasto-
pot et les rues avoisinantes, une fort jolie
blonde, Emma Froget, fine comme un bi-
belot de Saxe et bien supérieure, inteliec-
tuellement, à la majorité de ses compa-
gnes.
Emma Froget, dite la « Mouche n, demeu-
rait dans une chambre meublée de la rue
Simon-le-Frano. 11 n'y avait pas même une
année qu'elle faisait commerce de ses char-
mes. Naguère jnstitutrice dans une famille
bourgeoise de la Plaine-Monceau, elle s'était
laissé séduire par un commensal de la mai-
son. Chassée; quand on avait connu sa faute,
elle avait confié à une brave femme de pro-
vince l'enfant une petite fille qui lui
était née et, croyant s'étourdir, elle avait
fait comme tant d'autres.
La "ir 'Mouche pour
ter, upe proie facile.
Il est inadmissible, lui avait-il dit,
qu'une fille comme toi risque, d'un instant
à l'autre, d'être arrêtée par les « mœurs ».
Je vais te prendre sous mon égide.
UNE LETTRE ANONYME
Cette liaison dura deux mois. Un beau
jour, une lettre anonyme, dévoilant les re-
lations du policier et de la fille publique,
parvint dans un commissariat.
Par mesure de prudence, Nick Carter
rompit avec la Mouche ». Ce fut n Lilas
qui succéda, dans les bonnes grâces du
Don Juan de la n Tour-Pointue à cette
infortunée créature.
Ajoutons que la « Mouche n était une inti-
me amie de Berthe Roubin, qui fut tuée rue
Quincampoix, dans les circonstances que
nous rappelions hier.
A la direction générale des recherches, à
la préfecture de police, les renseignements
suivants nous ont été fournis
Warzet fut nommé inspecteur de la bri-
gade mobile il y a deux ans. Il venait de
quitter le régiment avec le grade de ser-
gent c'était un de ces hommes qui nous sont
imposés par l'autorité militaire et que, trop
souvent, nous prenons dans nos services à
notre corps défendant.
Le bruit courait; hier soir, à la préfec-
ture de police, que l'inspecteur Warzet
était recherché à Bruxelles.
La présence, en cette ville, d'un individu
dont le signalement semble correspondre au
sien, aurait été signalée.
Mais est-ce bien de lui qu'il s'agit ?
Cinq ouvriers sont blessés
dans une rixe à Montrouge
Un soldat du 117e de ligne, en garnison au
Mans, M. Edouard Giraud, en permission à
Paris, passait, la nuit dernière, vers une
heure, route d'Orléans, à Montrouge, lors-
que, à la hauteur de la rue Hortense, il se
trouva en présence de deux bandes d'indivi-
dus qui, au nombre d'une vingtaine, en
étaient venus aux mains. Déjà, deux hom-
mes gisaient sur le sol un troisième, pour-
suivi par plusieurs agresseurs et inondé de
sang, s'écroulait à son tour.
Dans l'impossibilité où il se trouvait de
séparer les combattants, le militaire se bor-
na à porter secours aux blessés, s'opposant
à ce qu'on les maltraitât davantage. Puis il
courut à la gendarmerie, d'où on le ren-
voya au poste de police de Montrouge. Quel-
ques minutes après, M. Masseaux et M. Pil-
lot, son secrétaire, intervenaient et faisaient
procéder à l'arrestation de plusieurs per-
sonnages qui, selon toute apparence, avaient
été mélés à l'affaire.
Entre temps, les blessés étaient pansés
dans une pharmacie. Mais l'état de deux
d'entre eux inspirant de vives inquiétudes,
on les fit admettre à l'hôpital Broussais. C'é-
taient un jardinier de trente-quatre ans, Jo-
seph Mougenot, demeurant 1 bis, route d'Or-
léans, qui avait été frappé de deux coups
de couteau dans la région rénale, blessures
jugées dès l'abord très graves, et Guyot, dit
« Cyrano », vingt-trois ans, domicilié 102,
route d'Orléans, qui avait la jambe gauche
brisée.
Les jeunes gens arrêtés étaient également
blessés. C'étaient René T. vingt-trois ans,
demeurant route d'Orléans, atteint d'un
coup de couteau à la joue gauche Arthur
J. charretier, qui en avait reçu deux au
sommet du crâne et Antonin C. domici-
lié rue de Bagneux, blessé à la tête.
Après interrogatoire, ces trois personna-
ges, qui n'ont pu donner sur leurs agres-
seurs et sur tes causes de la rixe que des
données assez imprécises, ont été remis en
liberté. Par contre, on recherche un indivi-
du. employé dans une entreprise de Mont-
rouge, qui semble plus spécialement com-
promis en cette affadis,
La situation à Fez est grave
mais non désespérée
Quatre de nos bataillons de l'armée coloniale vont
renforcer les troupes de la Chaouïa
UNE VUE PITTORESQUE DU PALAIS DU SULTAN, A FEZ
Dans le cartouche le plan de Fez et de ses faubourgs a. kasbah des Cherarda b. fabrique
d'armes c. vieux Mechouar d. Dar el Maghzen e. palais du sultan mosquée du sultan
g. consulat allemand h. consulat anglais t, consulat français j, mosquée Moutey Idris
k, nouveau Mechouar.
Ainsi que nous le disions hier, les dépê-
ches reçues à Madrid, et qui présentent
Hafid cômme réduit aux abois, doivent être
acceptées avec les plus grandes réserves.
Lancées de Melj^fi, elles semblent bien avoir
la même origine suspecte que la nouvelle,
démentie en son temps, d'après laquelle le
colonel Mangin avait été assassiné.
Quoi qu'il en soit la situation dans la-
quelle se trouve le sultan est certes grave,
mais elle n'est pas désespérée.
Oh pensé d'ailleurs que les forces dont dis-
pose Moukiy Hand vont se trouver notable-
ment renforcées par suite de l'arrivée, que
l'on espère prochaine, de la mehalla des Che-
rarda
Ajoutons que le gouvernement décidé,
vu la situation actuelle au Maroc, de renfor-
cer les troupes de la Chaouïa par l'envoi de
quatre bataillons de l'armée coloniale. Ces
troupes partiront pour Casablanca dans le
plus bref délai.
La mehalla du commandant Brémond
s'est de nouveau remise en marche
Tanger, avril.
En apprenant les événements qui se dé-
roulaient à Fez, le commandant Brémond
LES TROUBLES DE CHAMPAGNE
D f a j| plus do émentiers arrêtés
(DE NOTRE envoyé SPÉCIAL)
Eperna>. i7 avril.
La répression continue. Après la trêve
forcée de la journée d'hier, elle a recommen-
cé aujourd'hui, continuera demain et les
jours suivants. Elle ne fessera que lorsque
tous les coupables seront sous les verrous.
Or, il y en a déjà plus de cent vingt dans
les prisons d'Epernay, de Châlons-sur-Mar-
ne et de Reims.
De tous les fonctionnaires d'Epernay, il
n'en est peut-être pas de plus occupé, en ce
moment, que le gardien en chef de la prison.
Le sévère bâtiment dont il assure la sur-
veillance et l'administration, avec deux
gardiens, est archibondé.
Depuis le 11 avril, on lui a amené qua-
rante-trois personnes, inculpées pour les
troubles. Comme il ne dispose que de trente-
quatre cellules, force a été à ce brave fonc-
tionnaire de mettre en commun ceux de ses
prisonniers qui lui paraissaient de moindre
importance. Pour faire de la place, il a dû
encore faire transférer à Châlons plusieurs
individus arrêtés à l'occasion d'autres dé-
lits: Mais si l'ardeur du parquet ne se ra-
lentit pas, ces expédients ne suffiront phis.
Ce matin encore, les gendarmes d'Epernay
écrouaient à la prison un nouveau lot de
douze vignerons, arrêtée pour faits de pil-
lage à Vinay et à Mouny.
De nouvelles arrestations ont été opérées,
cet après-midi, à Av. et on en annonce,
pour demain, vingt autres.
l'action judlciairm
Deux enquêtes suivent actuellement leurs
$ours l'une est d'ordre judiciaire, l'autre
relève de l'autorité administrative.
Ainsi que je vous l'ai dit, on est persuadé
que les vignerons ont entretenu des relations
s'est décidé, le 12 avril, à quitter de nou-
veau le camp du Djebel-Tselfat e: à marcher
au secours de Mouley Hafid. Les pluies,
d'ailleurs, étaient moins fréquentes et la rou-
te conduisant à Fez était par cela même de-
venue plus praticable. Dès son départ, il fut
attaqué, au cours de la matinée,, par les
Cherarda dissidents, qui furent repoussés.
L'engagement du 9'avril fut plutôt une es-
carmouche qu'un véritable combat. Les as-
saillaji.ts perdirent néanmoins onze des
leurs.
Bien que les Oulad Djoumra soient passés
du côté des Beni M'Tir, la région du Gharb
est encore calme car les Hyaïna sont tou-
jours hésitants. Il y toutefois lieu de crain-
dre que Fez ne soit coupée de ses communi-
cations par suite du départ de la colonne du
commandant Brémond.
L'armement du «VInh-Long»
Toulon, 17 avril.
Le transport Vinh-Long a été sorti, cet
après-midi, du bassin de Missiessy et con-
duit aux appontements, où il a été amarré.
Il appareillera mercredi pour Marseiiie, où
il embarquera les troupes à destination du
Maroc. Les permissionnaires ont été rappe-
lés et rallieront leur bâtiment à MarseiÙe.
suivies et un commerce de lettres très actif
soit par l'intermédiaire de leur syndicat, soit
par l'entremise de leurs délégués locaux, soit
individuellement avec des groupements ou
associations révolutionnaires, voire liber-
taires. Mais soupçonner une chose, en avoir
même la certitude morale ne suffit pas. Il
faut la démontrer, en faire la preuve maté-
rielle.
Des bombas?
Quand on parle de bombes, les uns haus-
sent les épaules, les autres disent « C'est
bien possible » NI. Renaudin, chef de la
brigade mobile, répond n J'espère trou-
ver » Le parquet est optimiste.
Le général Abonneau, qui commande l'un
des secteurs en lesquels le vignoble a été
divisé, y croit fermement et sa conviction
est basée sur un fait précis auquel on n'a
peut-être pas prêté suffisamment d'attention.
Dans la matinée de mercredi, alors que les
incendies commençaient à s'allumer, des
dragons, qui pal rouillaient dans les rues
d'Ay, chargèrent une bande d'émeutiers
qui les serraient de trop près. Soudain une
détonation retentit, un dragon tomba, son
cheval fut tué net; il avait été éventré. Ce
n'était pas, comme tout d'abord on l'avait
cru, une fusée paragréle ou une bombe à
l'oxyde de carbone qui venait d'éclater.
plosif puissant, pouvait avoir un pareil ré-
sultat. Le rapport que firent par la suite un
vétérinaire et un médecin major ne laissent
maintenant aucun dqute à ce sujet
C'est ce fait, peut-être isolé, mais évidem-
ment très grave, qui donne créance à cette
supposition que les incendiaires d'Ay doi-
vent détenir quelque part de la dvnamite ou
tout autre produit du même genre. Mais, je
le répète, c'est ce qu'il faut prouver!
LE TRAFIC DES DECORAT! OMS
Le marchand de palmes
eut d'autres complices
Le scandale s'étend. Diverses perquisi-
tions ont été opérées hier. On annonce
pour aujourd'hui plusieurs arrestations.
M. Tortat est un magistrat infatigable.
Alors qu'hier, le palais était complètement
désert, en ce lundi de Pâques, et que tous
ses collègues goûtaient les joies du repos,
on le vit, comme à l'ordinaire, à son cabinet.
Il y était rejoint, bientôt, par M. Borde,
commi'ssaire de police du Faubourg-Mont-
martre, et les deux magistrats partaient
pour Neuilly-sur-Setne, afin de pratiquer
une perquisition au domicile de Me Guil-
laume Valensi, rue Chauveau.
L'inculpé, qu'assistait son avocat, Me de
Moro-Giafreri, avait été extrait de la Santé
et conduit chez lui en vue de cette opération.
Le bâtonnier avait délégué M* Achille
Raux, secrétaire du conseil,de l'Ordre, pour
vérifier tous les dossiers et les pièces qui se
trouvaient dans le cabinet d'avocat de M*
Valensi avant qu'ils soient examines par
les magistrats:
On sait que les documents que détien-
nent les avocats en qualité de défenseurs
échappent à toute saisie. Des secrets peu-
vent, en effet, leur être confiés par des clients
et il faut éviter à tout prix qu'ils soient
divulgués. D'où la présence indispensable
d'un représentant du bâtonnier à toute per-
quisition chez un avocat
Dans l'espèce, M» Achille Raux n'a eu à
faire aucune réserve. Me Guillaume Valen»i
n'avait d'avocat que le titre. Aucun dossier
appartenant à un client n'était dans son ca-
bmet,
Par contre, on a pu saisir de nombreux,
brevets et le drapeau d'un ordre créé par
Me Guillaume Valensi, dans les conditions
qu'on lira d'autre part celui du Croissant
rouge. I* drapeau, monté sur une hampe,
est blanc, taché au milieu seulement à\m
croissant et d'une étoile rouges.
Etendard et document ont été portés aus-
sitôt au parquet. Ils seront déposés, au-
jourd'hui, au greffe criminel ,jm. hier, était
fermé.
A la suite de cette perquisition, M. Tortat
s'est rendu au parquet, où il s'est entretenn
avec le substitut Grandjean d'une demande
d'examen mental de Me Guillaume Valensi,
demande formulée par le frère du prévenu,
médecin à Montfermeil. Aucune décision n'a
encore été prise à ce sujet.
Un brevet du Nicham
pour quatre-vingts franc$
Dams l'après-midi, Ni. qui était
allé déjeuner chez lui. à Sceaux, et comptai
bien en avoir terminé lendemain,
était rappelé précipitamment Paris, par un
express » du parquet du procureur de la
République. Qua.s s'était-il donc passé? Ceci
Un agent d'assurances, habitant Nouilly,
M. Turnès, s'était présenté spontanément au
palais, déclarant qu'il avait d'importantes
révélations à faire au sujet des trafics de
décorations reprochés à Me Valensi et ses
complices.
M. Tortat, de retour à son cabinet, fit aus-
sitôt introduire M. Turnès. Celui-ci fit alors
le récit suivant
Sachant, dit-il, que Me Guillaume Va-
lensi, avocat à la cour d'appel, prétendait
disposer, à son gré, des distinctions de l'or-
dre du Nicham-Iftikar, et considérant que
je possédais tous les titres nécessaires pour
me faire nommer chevalier de cet ordre, je
suis allé le voir. Il m'accueillit fort bien,me
déclara qu'en efret j'avais tous les droits à
obtenir ce que je désirais. Ensuite, il tne
renvoya à son ami M. démenti, président
de la Ligue nationale humanitaire, an me
disant que ce dernier se chargerait de toutes
les démarches nécessaires.
Je fis ainsi qu'il m'était indiqué. J'eus
diverses entrevues avec M. Clémenti. Peu de
temps auprès, le président de la Ligue natio-
nale humanitaire me remettait le diplôme
convoité. Mais, pour frais et démarches, on
me réclama la somme de quatre-vingts
francs,
Et à qui l'avez-voue versée ? questionna
M. Tortat.
A M. Valensi.
Le juge d'instruction fit enregistrer soi-
gneusement cette déposition par son gref-
fier, et repartit pour Sceaux.
Nouvelle perquisition chez M. Clément!
Peu après M. le commissaire Borde,
accompagné de MM. Mouneyr3t et Colom-
bet, ses secrétaires, et d'inspecteurs de son
commissariat, se transportait au domicile
de M. Qémenti, rue des Moines.
Nanti d'une commission rogatoire déli-
vrée par M. le juge Tortat, il venait opérer
une perquisition.
Mme Clémenti était absente. La magistrat
aurait pu passer outre, mais il préféra atten-
dre et se borna a laisser un de ses subordon-
nés devant la porte de l'appartement.
Il revint vers sept heures et put enfin exé-
cuter sa mission.
Il saisit une volumineuse correspondance,
des documents de tous genres et des diplô-
mes en blanc de divers-ordres.
Rentré à huit heures et demie il eon bn-
reau, M. Borde se mit immédiatement à
l'étude de ces pièces qui, sans doute, apporte-
ront d'utiles éléments à l'instruction.
Dans la soirée, M. Grandjean, substitut du
procureur de la République, est allé conférer
avec le garde 'des Sceaux et l'a mis au cou-
rant des résultats des diverses perquisitions
opérées dans la journée.
ARRESTATIONS ANNONCEES
D'après les bruits qui circulaient hier soir
dans les milieux judiciaires, plusieurs arres-
tations auraient été décidées pour ce matin.
M. Hamard, chef de la sûreté, a été. dit-
on, chargé par le parquet de se rendre dans
la banlieue pour appréhender un personna-
ge dont le nom a été mêlé, par les journaux
allemands, en même tempe que celui de M.
Valensi, aux opérations de la fameuse agen.
ce de Hambourg. Ce personnage serait éga
lement compromis, d'une façon directe,
dans l'affaire Valensi-Clémenti, dont s'oc-
cupe M. le juge Tortat.
De son côté, M. Borde, commissaire du
quartier du faubourg Montmartre, procéde-
rait à deux autres arrestations.
Ajoutons que M. Clémenti a déclaré à M. le
juge Tortat avoir reçu d'une femme, dont il
a cité le nom, des diplômes de palmes qu'il
avait remis à Valensi et où le nom du titu-
laire était laissé en blanc.
Ces diplômes portaient la signature dn
chef de cabinet de M. Doumergue, ancien
ministre de l'Instruction publique; mais *•
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