Titre : Le Camp-volant : journal des spectacles de tous les pays
Éditeur : Imprimerie de Chaignieau jeune (Paris)
Éditeur : Imprimerie PorthmannImprimerie Porthmann (Paris)
Date d'édition : 1819-02-11
Contributeur : Descombes, Charles-Maurice (1782-1862). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32736748v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 530 Nombre total de vues : 530
Description : 11 février 1819 11 février 1819
Description : 1819/02/11 (N29)-1819/02/12. 1819/02/11 (N29)-1819/02/12.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5627606q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, YF-1044
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
î^° 29. n Février 1819,
PARIS.
ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.
En voulant revenir à Tarare, je m'aperçois que
fai tout dit sur son compte ; car la seconde repré-
sentation n'a rien ajouté , rien diminué à l'idée
([u'en avait donné la première. L'ouvrage est tou-
jours baroque , froid, et sans autre agrément que
celui de quelques morceaux de musique , et de la
pompe du spectacle qu'il offre aux yeux. Dérivis
est beau et bon dans Atar que Chéron jouait bien
aussi. Nourrit nous représente Tarare trop chargé
d'embonpoint. Lecamte finira par chanter le rôle
de Calpigi avec plus d'assurance. Mme Albert n'a
qu'un personnage mal tracé , elle en fait ce qu'elle
peut; et M"e Grassari, sous l'habit de Spinette ,
n'a ni le jeu ni la voix que l'on espérait. Albert,
hut, MU" Bigottini, Fanny-Bias, et Noblet, y
MU'ent ^ 'a hauteur ^e *eur renommée. Quant à
Mme Courlin , en la voyant danser, on ne croirait
pas qu'elle a le titre de premier sujet ; mais il faut
^ rappeler qu'elle est la femme d'un administra-
teur.
A.
M e Thénard, ayant présenté le programme de
» représentation à Mc le duc de Duras, et Mr le
premier gentilhomme en ayant parlé au roi, S. M.
a témoigné le désir de revoir cette actrice qui a
joué sur les théâtres de Brunoi, de Compiègne et
de Fontainebleau. Le roi a daigné l'admettre dans
«a cabinet. Je suis très-satisfait de l'aventure ;
mais j'avoue qu'en pareil cas , je ne saurais com-
Bient m'y prendre pour arriver à ce comble de
weur, de bonheur et d'honneur. Jl n'y a vrai-
ttent que les honteux qui perdent.
L.
«menant en considération notre remarque , Mmc
-danser a corrigé l'une de ses sorties, dans la
un fr ^e\te docilité est un des caractères dis-
ais du vrai mérite; la seule médiocrité s'obs-
tine en ses erreurs, et tombe dans toutes celles que
produit cet entêtement même; nous n'avons pa*
eu cette crainte avec l'une de nos actrices les plus
dévouées aux intérêts de leur art ; et si nous ne
disons pas ici tout le bien que nous pensons de
Mme Boulanger, c'est que la circonstance flatte de
trop près notre amour-propre; nous sommes déjà
assez heureux de pouvoir briser notre orgueil aux
pieds d'une jolie femme.
A.
THÉÂTRE FAVART.
Première représentation de Crispin Biogène ^comé-
die en un acte, en vers.
Les membres du eomité de lecture, qui ont reçu
cette pièce, ont dû bien se divertir, lundi dernier,
en la voyant représenter. Elle a montré toute l'é-
tendue de leur pouvoir, toute l'influence de leurs
caprices sur les plaisirs et les peines de ce boa
peuple de spectateurs. Blotti dans sa loge, chacun
d'eux pouvait se dire : « C'est à moi que l'on doit
« cela; ces bâillemens sont le résultat de ma saga-
« cité; j'ai couvé les sifflets qui éclatent avep.tant
« de force; ces huées, ces honteuses clameurs, sont
« presque mon ouvrage; sans moi, dans ce mo—
« ment, on applaudirait peut-être autre chose, etc.,
« etc. » Ce discours, ces pensées excitent de nobles
transports dans l'âme d'un édile; et lorsqu'il re-
tourne sur son siège pour écouter d'autres pièces,
il est naturellement disposé à n'accueillir que de
nouvelles sottises, il n'a besoin que de se rappeler
ses idées.
Par quel malheur n'aurai-je donc que des criti-
ques à faire , que de pénibles remarques à produire
sur un théâlre que j'aimerais tant à favoriser, et
dont il me serait si doux de seconder les efforts
s'il prenait vers le bien , la direction qu'on avait lieu
d'espérer V mais je le demande aux personnes les
plus désintéressées , les plus froides, les moins
amies de l'art dont les destins nous sont confiés,
puis-je approuver , puis-je ne pas trouver détesta-
ble une comédie dont voici le sujet?
PARIS.
ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.
En voulant revenir à Tarare, je m'aperçois que
fai tout dit sur son compte ; car la seconde repré-
sentation n'a rien ajouté , rien diminué à l'idée
([u'en avait donné la première. L'ouvrage est tou-
jours baroque , froid, et sans autre agrément que
celui de quelques morceaux de musique , et de la
pompe du spectacle qu'il offre aux yeux. Dérivis
est beau et bon dans Atar que Chéron jouait bien
aussi. Nourrit nous représente Tarare trop chargé
d'embonpoint. Lecamte finira par chanter le rôle
de Calpigi avec plus d'assurance. Mme Albert n'a
qu'un personnage mal tracé , elle en fait ce qu'elle
peut; et M"e Grassari, sous l'habit de Spinette ,
n'a ni le jeu ni la voix que l'on espérait. Albert,
hut, MU" Bigottini, Fanny-Bias, et Noblet, y
MU'ent ^ 'a hauteur ^e *eur renommée. Quant à
Mme Courlin , en la voyant danser, on ne croirait
pas qu'elle a le titre de premier sujet ; mais il faut
^ rappeler qu'elle est la femme d'un administra-
teur.
A.
M e Thénard, ayant présenté le programme de
» représentation à Mc le duc de Duras, et Mr le
premier gentilhomme en ayant parlé au roi, S. M.
a témoigné le désir de revoir cette actrice qui a
joué sur les théâtres de Brunoi, de Compiègne et
de Fontainebleau. Le roi a daigné l'admettre dans
«a cabinet. Je suis très-satisfait de l'aventure ;
mais j'avoue qu'en pareil cas , je ne saurais com-
Bient m'y prendre pour arriver à ce comble de
weur, de bonheur et d'honneur. Jl n'y a vrai-
ttent que les honteux qui perdent.
L.
«menant en considération notre remarque , Mmc
-danser a corrigé l'une de ses sorties, dans la
un fr ^e\te docilité est un des caractères dis-
ais du vrai mérite; la seule médiocrité s'obs-
tine en ses erreurs, et tombe dans toutes celles que
produit cet entêtement même; nous n'avons pa*
eu cette crainte avec l'une de nos actrices les plus
dévouées aux intérêts de leur art ; et si nous ne
disons pas ici tout le bien que nous pensons de
Mme Boulanger, c'est que la circonstance flatte de
trop près notre amour-propre; nous sommes déjà
assez heureux de pouvoir briser notre orgueil aux
pieds d'une jolie femme.
A.
THÉÂTRE FAVART.
Première représentation de Crispin Biogène ^comé-
die en un acte, en vers.
Les membres du eomité de lecture, qui ont reçu
cette pièce, ont dû bien se divertir, lundi dernier,
en la voyant représenter. Elle a montré toute l'é-
tendue de leur pouvoir, toute l'influence de leurs
caprices sur les plaisirs et les peines de ce boa
peuple de spectateurs. Blotti dans sa loge, chacun
d'eux pouvait se dire : « C'est à moi que l'on doit
« cela; ces bâillemens sont le résultat de ma saga-
« cité; j'ai couvé les sifflets qui éclatent avep.tant
« de force; ces huées, ces honteuses clameurs, sont
« presque mon ouvrage; sans moi, dans ce mo—
« ment, on applaudirait peut-être autre chose, etc.,
« etc. » Ce discours, ces pensées excitent de nobles
transports dans l'âme d'un édile; et lorsqu'il re-
tourne sur son siège pour écouter d'autres pièces,
il est naturellement disposé à n'accueillir que de
nouvelles sottises, il n'a besoin que de se rappeler
ses idées.
Par quel malheur n'aurai-je donc que des criti-
ques à faire , que de pénibles remarques à produire
sur un théâlre que j'aimerais tant à favoriser, et
dont il me serait si doux de seconder les efforts
s'il prenait vers le bien , la direction qu'on avait lieu
d'espérer V mais je le demande aux personnes les
plus désintéressées , les plus froides, les moins
amies de l'art dont les destins nous sont confiés,
puis-je approuver , puis-je ne pas trouver détesta-
ble une comédie dont voici le sujet?
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