GRANDS EVENEMENTS DE PARIS.
GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
PROCLAMATION
DE LA
Paris, 24 février.
Le gouvernement établi par la révolution de juillet
avait trahi les droits de la nation et ses propres ser -
ments. Il a eu le sort que nous lui avons souvent pré-
dit : il est tombé souillé de sang et couvert d'ignominie.
Sa longue et criminelle obstination , toujours accom-
pagnée de fraude , avait jeté une telle exaspération
dans les esprits , que l'issue de la lutte entreprise con-
tre le peuple ne pouvait être douteuse.
Hier , la garde nationale avait fraternisé avec les
ouvriers ; aujourd'hui, c'était l'armée elle-même. La
troupe de ligne a refusé presque partout de tirer sur
les citoyens. Celte unanimité de sentiments a décon-
certé tous les projets d'un pouvoir en démence.Le
peuple de Paris , héroïque dans son élan , a été admi-
rable de générosité , comme en 1830, après la victoire.
Pas de violence, pas un désordre. Armé pour sa sé-
curité, il veille avec la garde nationale à la sécurité
de tous.
Après avoir ressaisi aussi noblement sa souveraineté,
il saura montrer qu'il sait l'exercer avec dignité et
modération. Que la France entière en ce moment se
préocupe des destinées de l'Europe. Unie et calme
dans sa force, elle peut assurer le salut des peuples
qui tournent depuis si longtemps les regards vers
elle ; si elle avait le malheur de se diviser, elle com-
promettrait avec son propre repos l'avenir de la li-
berté dans le.monde
Nous donnons plus bas le récit des événements de
cette mémorable journée. Ou verra avec quel irrésis-
tible entraînement ils se sont accomplis.
Nous recevons à neuf heures et demie communica-
tion de la pièce suivante :
AU NOM DU PEUPLE SOUVERAIN.
Citoyens ,
Un gouvernement provisoire vient d'être installé ;
il est composé , de par la volonté du peuple, des
citoyens.'; Fr. Arago , Louis Blanc, Marie, Lamar-
tine, Flocon , Ledru-Rollin , Recurt , Marrast , Albert ,
ouvrier mécanicien.
Pour veiller à l'exécution des mesures qui seront
prises par ce gouvernement , la volonté du peuple a
aussi choisi pour délégués au département de la
police les citoyens Caussidière et Sobrier.
La même volonté sonveraine du peuplé a désigné le
citoyen Etienne Arago à la direction générale des pos-
tes.
Comme première exécution des ordres donnés par
le gouvernement provisoire , il est ordonné à tous les
bonlangers et fournisseurs de Vivres , de tenir leurs
magasins ouverts à tous ceux qui en auraient besoin.
Il est expressément recommanderait peuple de ne
point quitter ses armes, ses positions ni son altitude
révolutionnaire. Il a été trop souvent trompé par la
trahison; il importe de ne plus laisser de possibilité
à d'aussi terribles et d'aussi criminels attentats.
Pour satisfaire au voeu général du peuple souve-
rain le gouvernement provisoire a décidé et effectué ,
avec l'aide de la garde nationale , la mise en liberté
de tous nos frères détenus politiques ; mais en même
temps il a conservé dans les prisons, toujours avec
l'assistance , on ne peut plus honorable de la garde
nationale, les détenus constitués en prison pour crimes
ou délits contre les personnes et les propriétés.
Les familles des citoyens morts ou blessés pour la
défense des droits du peuple-souverain sont invitées
à faire parvenir aussitôt que possible, aux délégués
au département de la police, les noms des victimes
de leur dévoûment à la chose publique , afin qu'il soit
pourvu aux besoins les plus pressants .
Fait à Paris, en l'hôtel de la préfecture de police ,
le 24 février 1848.
Les délégués du département de la police.
CAUSSIDIÈRE et SOBRIER.
11 heures du soir. — Nous avons pu arriver ce
soir à l'hôtel-de-ville ; les abords en sont gardés par
un bataillon de garde nationale, et une foule immense
se presse le long de la grille et dans les couloirs de
l'hôtel.
On nous a donné comme arrêtées par le gouverne-
ment provisoire, qui est encore en séance, les nom -
minations suivantes :
.... MM. De Lamartine ministre des affaires étrangères.
Arago à la marine.
Crémieux à la justice.
Lamoricière à la guerre.
Dupont (de l'Eure) président du conseil.
Marie aux travaux publics.
Ledru-Rollin à l'intérieur.
Bethmont au commerce.
Carnot à l'instruction publique.
Garnier Pagès , maire de Paris ;
Recurt, adjoint ;
Guinard , adjoint ;
Le général Cavaignac, gouverneur général de l'Al-
gérie ;
De Courtais , commandant supérieur des gardes na-
tionales.
ÉVÉNEMENTS DE LA JOURNÉE.
Dans la nuit des barricades avaient été élevée sur
tout le parcours dès boulevards et dans les rues qui
y aboutissent ; vers sept heures du matin un feu de
peloton se fit entendre à la hauteur du faubourg
Montmartre, sur le boulevard ; on nous a dit qu'il était
fait par plusieurs détachements des chasseurs d'Or-
léans.
A ce bruit de nouvelles barricades s'élevèrent com-
me par enchantement ; les rues furent dépavées , de
nouveaux obstacles composés uniquement de tas de
pavés hauts de deux mètres environ furent élevés à
l'angle de toutes les rues.
A neuf heures , on apprit que le roi avait appelé
dans la nuit MM. Odilon Barrot et Thiers , et qu'un
ministère composé de MM. Odilon Barrot, Thiers ,
Duvergier de Hauranne , Léon de Malleville et de Ré-
musat, venait d'être nommé, et que la dissolution de
la chambre était arrêtée.
Mais, par un aveuglement qu'on ne peut s'expli-
quer, le Moniteur ne contenait que la nomination de
M. Bugeaud aux fonctions de commandant supérieur,
des forces militaires du département de la Seine.
Celle nouvelle jeta une exaspération terrible dans le
peuple.
A dix heures M. Barrol fut enlevé de chez lui par
le peuple et promené triomphalement sur les lignes du
boulevard.
A onze heures M. Barrot , conduit par le peuple ,
entrait au ministère de l'intérieur. Un quart-d'heure
après, il se rendait aux Tuileries ; il allait dire au roi
que les mesures arrêtées le matin ne suffisaient plus
et que le peuple exigeait son abdication.
A une heure les députés se rendaient à la chambre,
où ils attendaient avec anxiété les nouvelles de la
matinée.
SÉANCE DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
A une heure et demie, 300 députés environ étaient
réunis en séance au palais de la chambre.
On annonce une députation des combattants et une
députation de la garde nationale.
On annonce officiellement que le roi a signé son
abdication et qu'il a quitté Paris.
A une heure un quart, M. Lacrosse, député , se-
crétaire de la chambre , arrive à cheval et annonce
que Mme la duchesse d'Orléans , suivie de ses deux
enfants, se rend à la chambre, on aperçoit sur le
pont de la Révolution la duchesse à pied , suivie
d'une foule immense de gardes nationaux.
Elle est introduite dans l'intérieur de la chambre.
On place aussitôt, aux pieds de la tribune, à la
place réservée ordinairement aux huissiers, trois fau-
teuils ; la duchesse y prend place avec ses deux en-
fants ; elle est entourée d'une foule de généraux et
d'aides de camp en grand costume; nous remarquons
devant la duchesse M. le duc de Nemours en uni-
forme de lieutenant général.
En même temps , les deux couloirs de la chambre
sont envahis par une foule énorme de gardes natio-
naux et de combattants.
M. Dupin monte à la tribune.
Il annonce que le roi a quitté Paris.
Une voix des tribunes. — Il est trop tard, monsieur.
M. Dupin, reprenant, dit que le roi a signé un
acte d'abdication en faveur de son petit-fils, M. le
comte de Paris, ce qui établit une transmission lé-
gitime de la couronne , avec la régence de la mère,
Mme la duchesse d'Orléans.
M. Marie monte à la tribune.
Le bruit augmente, l'hémicycle est envahi par les
citoyens qui étaient restés jusque là dans les couloirs.
La foule devient à chaque instant de plus en plus grande;
des députés prennent les jeunes princes dans leurs
bras , et les élèvent au-dessus de la foule ; M. le duc
de Nemours s'efforce de refouler les assistants; enfin,
on fait monter Mme la duchesse d'Orléans et ses en-
fants sur les bancs réservés à MM. les députés, au cen-
tre, sous l'horloge qui fait face au président ; elle s'as-
sied sur un banc entre ses deux enfants, M. le duc de
Nemours à sa gauche, et entourée des officiers et des
aides de camp qui l'ont accompagnée ; les gardes na-
tionaux se postent sous l'horloge.
Le silence se rétablit.
M. Marie dit que, quelque louchante que soit la scène
à laquelle la chambre vient d'assister, il ne peut oublier
les droits du peuple, qu'il faut nécessairement un gou-
vernement provisoire.
M. Crémieux monte à la tribune et développe l'idée
exprimée déjà par M. Marie ; il demande la constitu-
tion immédiate d'un gouvernement provisoire assez fort
pour rassurer le peuple et lui donner la garantie que
ses droits sont reconnus. Ce discours est vivement ap-
plaudi dans une partie de la chambre et dans les tri-
bunes.
M. Odilon Barrol arrive en ce moment; il monte à
la tribune, et il dit que jamais la France n'a eu plus
besoin de toutes ses forces et de tout son courage; il
fait un appel énergique à la générosité de la nation
française , et il annonce qu'un gouvernement dont il
fera partie va être formé , qu'un appel sera fait au
pays.
M. de la Rocbejacquelein demande la parole.
M. Odilon Barrot demande si par hasard on vou-
drait évoquer des souvenirs dont la révolution de juillet
a fait justice.
M. de la Rochejacquelein se précipite à la tribune;
il s'écrie : Je ne suis plus rien , vous n'êtes plus rien...
En ce moment, un flot populaire entre par toutes
les issues de la chambre; des ouvriers , des officiers
portent et agitent des drapeaux tricolores et viennent
se placer sur les marches de la tribune.
Un citoyen se précipite sur le bureau du président
et s'élance de là à la tribune , que M. de la Roche-
jacquelein quitte à l'instant ; nous croyons seulement
comprendre qu'il réclame la constitution immédiate
d'un gouvernement provisoire.
M. le général Oudinol Hance à la tribune et pro-
nonce au milieu du bruit des paroles que nous ne
pouvons entendre.
La tribune est successivement et simultanément oc-
cupée par des officiers de la garde nationale et des
citoyens qui agitent des drapeaux et prononcent des
1848
GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
PROCLAMATION
DE LA
Paris, 24 février.
Le gouvernement établi par la révolution de juillet
avait trahi les droits de la nation et ses propres ser -
ments. Il a eu le sort que nous lui avons souvent pré-
dit : il est tombé souillé de sang et couvert d'ignominie.
Sa longue et criminelle obstination , toujours accom-
pagnée de fraude , avait jeté une telle exaspération
dans les esprits , que l'issue de la lutte entreprise con-
tre le peuple ne pouvait être douteuse.
Hier , la garde nationale avait fraternisé avec les
ouvriers ; aujourd'hui, c'était l'armée elle-même. La
troupe de ligne a refusé presque partout de tirer sur
les citoyens. Celte unanimité de sentiments a décon-
certé tous les projets d'un pouvoir en démence.Le
peuple de Paris , héroïque dans son élan , a été admi-
rable de générosité , comme en 1830, après la victoire.
Pas de violence, pas un désordre. Armé pour sa sé-
curité, il veille avec la garde nationale à la sécurité
de tous.
Après avoir ressaisi aussi noblement sa souveraineté,
il saura montrer qu'il sait l'exercer avec dignité et
modération. Que la France entière en ce moment se
préocupe des destinées de l'Europe. Unie et calme
dans sa force, elle peut assurer le salut des peuples
qui tournent depuis si longtemps les regards vers
elle ; si elle avait le malheur de se diviser, elle com-
promettrait avec son propre repos l'avenir de la li-
berté dans le.monde
Nous donnons plus bas le récit des événements de
cette mémorable journée. Ou verra avec quel irrésis-
tible entraînement ils se sont accomplis.
Nous recevons à neuf heures et demie communica-
tion de la pièce suivante :
AU NOM DU PEUPLE SOUVERAIN.
Citoyens ,
Un gouvernement provisoire vient d'être installé ;
il est composé , de par la volonté du peuple, des
citoyens.'; Fr. Arago , Louis Blanc, Marie, Lamar-
tine, Flocon , Ledru-Rollin , Recurt , Marrast , Albert ,
ouvrier mécanicien.
Pour veiller à l'exécution des mesures qui seront
prises par ce gouvernement , la volonté du peuple a
aussi choisi pour délégués au département de la
police les citoyens Caussidière et Sobrier.
La même volonté sonveraine du peuplé a désigné le
citoyen Etienne Arago à la direction générale des pos-
tes.
Comme première exécution des ordres donnés par
le gouvernement provisoire , il est ordonné à tous les
bonlangers et fournisseurs de Vivres , de tenir leurs
magasins ouverts à tous ceux qui en auraient besoin.
Il est expressément recommanderait peuple de ne
point quitter ses armes, ses positions ni son altitude
révolutionnaire. Il a été trop souvent trompé par la
trahison; il importe de ne plus laisser de possibilité
à d'aussi terribles et d'aussi criminels attentats.
Pour satisfaire au voeu général du peuple souve-
rain le gouvernement provisoire a décidé et effectué ,
avec l'aide de la garde nationale , la mise en liberté
de tous nos frères détenus politiques ; mais en même
temps il a conservé dans les prisons, toujours avec
l'assistance , on ne peut plus honorable de la garde
nationale, les détenus constitués en prison pour crimes
ou délits contre les personnes et les propriétés.
Les familles des citoyens morts ou blessés pour la
défense des droits du peuple-souverain sont invitées
à faire parvenir aussitôt que possible, aux délégués
au département de la police, les noms des victimes
de leur dévoûment à la chose publique , afin qu'il soit
pourvu aux besoins les plus pressants .
Fait à Paris, en l'hôtel de la préfecture de police ,
le 24 février 1848.
Les délégués du département de la police.
CAUSSIDIÈRE et SOBRIER.
11 heures du soir. — Nous avons pu arriver ce
soir à l'hôtel-de-ville ; les abords en sont gardés par
un bataillon de garde nationale, et une foule immense
se presse le long de la grille et dans les couloirs de
l'hôtel.
On nous a donné comme arrêtées par le gouverne-
ment provisoire, qui est encore en séance, les nom -
minations suivantes :
.... MM. De Lamartine ministre des affaires étrangères.
Arago à la marine.
Crémieux à la justice.
Lamoricière à la guerre.
Dupont (de l'Eure) président du conseil.
Marie aux travaux publics.
Ledru-Rollin à l'intérieur.
Bethmont au commerce.
Carnot à l'instruction publique.
Garnier Pagès , maire de Paris ;
Recurt, adjoint ;
Guinard , adjoint ;
Le général Cavaignac, gouverneur général de l'Al-
gérie ;
De Courtais , commandant supérieur des gardes na-
tionales.
ÉVÉNEMENTS DE LA JOURNÉE.
Dans la nuit des barricades avaient été élevée sur
tout le parcours dès boulevards et dans les rues qui
y aboutissent ; vers sept heures du matin un feu de
peloton se fit entendre à la hauteur du faubourg
Montmartre, sur le boulevard ; on nous a dit qu'il était
fait par plusieurs détachements des chasseurs d'Or-
léans.
A ce bruit de nouvelles barricades s'élevèrent com-
me par enchantement ; les rues furent dépavées , de
nouveaux obstacles composés uniquement de tas de
pavés hauts de deux mètres environ furent élevés à
l'angle de toutes les rues.
A neuf heures , on apprit que le roi avait appelé
dans la nuit MM. Odilon Barrot et Thiers , et qu'un
ministère composé de MM. Odilon Barrot, Thiers ,
Duvergier de Hauranne , Léon de Malleville et de Ré-
musat, venait d'être nommé, et que la dissolution de
la chambre était arrêtée.
Mais, par un aveuglement qu'on ne peut s'expli-
quer, le Moniteur ne contenait que la nomination de
M. Bugeaud aux fonctions de commandant supérieur,
des forces militaires du département de la Seine.
Celle nouvelle jeta une exaspération terrible dans le
peuple.
A dix heures M. Barrol fut enlevé de chez lui par
le peuple et promené triomphalement sur les lignes du
boulevard.
A onze heures M. Barrot , conduit par le peuple ,
entrait au ministère de l'intérieur. Un quart-d'heure
après, il se rendait aux Tuileries ; il allait dire au roi
que les mesures arrêtées le matin ne suffisaient plus
et que le peuple exigeait son abdication.
A une heure les députés se rendaient à la chambre,
où ils attendaient avec anxiété les nouvelles de la
matinée.
SÉANCE DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
A une heure et demie, 300 députés environ étaient
réunis en séance au palais de la chambre.
On annonce une députation des combattants et une
députation de la garde nationale.
On annonce officiellement que le roi a signé son
abdication et qu'il a quitté Paris.
A une heure un quart, M. Lacrosse, député , se-
crétaire de la chambre , arrive à cheval et annonce
que Mme la duchesse d'Orléans , suivie de ses deux
enfants, se rend à la chambre, on aperçoit sur le
pont de la Révolution la duchesse à pied , suivie
d'une foule immense de gardes nationaux.
Elle est introduite dans l'intérieur de la chambre.
On place aussitôt, aux pieds de la tribune, à la
place réservée ordinairement aux huissiers, trois fau-
teuils ; la duchesse y prend place avec ses deux en-
fants ; elle est entourée d'une foule de généraux et
d'aides de camp en grand costume; nous remarquons
devant la duchesse M. le duc de Nemours en uni-
forme de lieutenant général.
En même temps , les deux couloirs de la chambre
sont envahis par une foule énorme de gardes natio-
naux et de combattants.
M. Dupin monte à la tribune.
Il annonce que le roi a quitté Paris.
Une voix des tribunes. — Il est trop tard, monsieur.
M. Dupin, reprenant, dit que le roi a signé un
acte d'abdication en faveur de son petit-fils, M. le
comte de Paris, ce qui établit une transmission lé-
gitime de la couronne , avec la régence de la mère,
Mme la duchesse d'Orléans.
M. Marie monte à la tribune.
Le bruit augmente, l'hémicycle est envahi par les
citoyens qui étaient restés jusque là dans les couloirs.
La foule devient à chaque instant de plus en plus grande;
des députés prennent les jeunes princes dans leurs
bras , et les élèvent au-dessus de la foule ; M. le duc
de Nemours s'efforce de refouler les assistants; enfin,
on fait monter Mme la duchesse d'Orléans et ses en-
fants sur les bancs réservés à MM. les députés, au cen-
tre, sous l'horloge qui fait face au président ; elle s'as-
sied sur un banc entre ses deux enfants, M. le duc de
Nemours à sa gauche, et entourée des officiers et des
aides de camp qui l'ont accompagnée ; les gardes na-
tionaux se postent sous l'horloge.
Le silence se rétablit.
M. Marie dit que, quelque louchante que soit la scène
à laquelle la chambre vient d'assister, il ne peut oublier
les droits du peuple, qu'il faut nécessairement un gou-
vernement provisoire.
M. Crémieux monte à la tribune et développe l'idée
exprimée déjà par M. Marie ; il demande la constitu-
tion immédiate d'un gouvernement provisoire assez fort
pour rassurer le peuple et lui donner la garantie que
ses droits sont reconnus. Ce discours est vivement ap-
plaudi dans une partie de la chambre et dans les tri-
bunes.
M. Odilon Barrol arrive en ce moment; il monte à
la tribune, et il dit que jamais la France n'a eu plus
besoin de toutes ses forces et de tout son courage; il
fait un appel énergique à la générosité de la nation
française , et il annonce qu'un gouvernement dont il
fera partie va être formé , qu'un appel sera fait au
pays.
M. de la Rocbejacquelein demande la parole.
M. Odilon Barrot demande si par hasard on vou-
drait évoquer des souvenirs dont la révolution de juillet
a fait justice.
M. de la Rochejacquelein se précipite à la tribune;
il s'écrie : Je ne suis plus rien , vous n'êtes plus rien...
En ce moment, un flot populaire entre par toutes
les issues de la chambre; des ouvriers , des officiers
portent et agitent des drapeaux tricolores et viennent
se placer sur les marches de la tribune.
Un citoyen se précipite sur le bureau du président
et s'élance de là à la tribune , que M. de la Roche-
jacquelein quitte à l'instant ; nous croyons seulement
comprendre qu'il réclame la constitution immédiate
d'un gouvernement provisoire.
M. le général Oudinol Hance à la tribune et pro-
nonce au milieu du bruit des paroles que nous ne
pouvons entendre.
La tribune est successivement et simultanément oc-
cupée par des officiers de la garde nationale et des
citoyens qui agitent des drapeaux et prononcent des
1848
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
- Sujets similaires France 1848 1852 2e République France 1848 1852 2e République /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "France 1848 1852 2e République "Idées révolutionnaires : les Malthusiens, programme révolutionnaire, la réaction, question étrangère, la présidence, argument de la Montagne, le terme, toast à la révolution, etc... / par P.-J. Proudhon,... ; avec une préface par Alfred Darimon /ark:/12148/bpt6k903003s.highres Société des droits de l'homme et du citoyen. [Affiche exposant le but de la société, signée : L.-J. Villain, Napoléon Lebon, A. Huber, V. Chipron, A. Barbès.] /ark:/12148/bd6t5775357s.highres
- Collections numériques similaires Fonds régional : Ville de Paris Fonds régional : Ville de Paris /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "VilledePa1"Déclaration... qui excepte la grande rue du fauxbourg S. Honoré et une partie du même fauxbourg de la disposition des articles VII et VIII de la déclaration du 18 juillet 1724, qui fixe les limites de la ville de Paris... [Enregistrée au Parlement le 13 août 1740.] /ark:/12148/bd6t54200453s.highres Description historique des tableaux de l'église de Paris /ark:/12148/bd6t54199653h.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5611520h/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5611520h/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5611520h/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5611520h/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5611520h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5611520h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5611520h/f4.image × Aide