Titre : Le Droit social : organe socialiste révolutionnaire
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1882-07-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32759063z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 98 Nombre total de vues : 98
Description : 16 juillet 1882 16 juillet 1882
Description : 1882/07/16 (A1,N23)-1882/07/22. 1882/07/16 (A1,N23)-1882/07/22.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56080191
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4324
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
IV* 23. — Première Année LIBERTÉ. — ÉGALITÉ. — JUSTICE Dimanclie 16 «Juillet 1882.
f Trois inoif. . . 1 f r. 50 I
Pow tonte la France ] Six moi» ... 8 fr. > 1
( Un *n 0 f r. x I
Etranger: le port en tus. J
ADMINISTRATION & RÉDACTION I
I 7, rue du Port-du-Temple, 7, à Lyon I
Pour toutes communications, s'adresser
au siège social, 7, rue Port-du-Temple, 7
fous les jours, de 8 à 10 heures du soir * }
Les Bureaux du « Droit social »
sont transférés rue Molière, 51. /"
^________________________ ,,(
—- ci
NOUVELLES POURSUITES
u.
CONTR1Ï Ul Si
« DROIT SOCIAL » j
Enfin, notre crainte est dissipée, jj
Depuis longtemps nous attendions — S
et la patience commençait [à nous |
manquer, car ce matis même nous |
désespérions encore d'être appelés à j
temps pour assister parties aux pro- |
chaînes assises — le petit papier dont g
le coût est de soixante centimes, et |
invitant le compagnon A. Bonthoux, |
gérant, à se présenter devant le fj
- « CITOYEN Rigot, » exerçant la |
profession de « juge d'instruction, à !
« l'effet d'y être entendu sur les S
« faits dont il est inculpé (provoca- !
« tion au meurtre, etc., etc.) »
Oui, ainsi que nous le disions plus
haut, malgré l'espoir qu'avaient en-
tretenu en nous la presse et la dépu-
tation lyonnaise par ses insinuations
et par la démarche collective [des
sénateurs du Rhône, nous commen-
cions à désespérer et nous avions
décidé de publier dans notre pro-
chain numéro une attaque satyrique
à la couardise de la magistrature
qui hésitait de nous poursuivre.
Enfin, nous sommes heureux. Il va
nous être donné de porter devant
l'autel même, sur lequel on sacrifie
au Dieu CAPITAL tant de conscien-
ces et tant de libertés, il va nous être
donné, disons-nous, de porter le
blasphème de la revendication pro-
létarienne. Oui, c'est sur l'autel même
des sacrifices bourgeois et à la barbe
des grands prêtres du capital que
nous aurons l'honneur, nous, simple
soldat de l'humanité, de venir plan-
ter le rouge drapeau des revendica-
tions sociales et de la colère proléta-
rienne.
Tous nos compagnons de lutte
peuvent être certains de notre éner-
gique fermeté.
Maintenant, compagnons, nous
sommes à la veille de paraître deux
fois par semaine. Le gouvernement,
en nous intentant un nouveau pro-
cès, espère nous abattre en nous con-
damnant une seconde fois.
Le devoir de tous les révolution-
naires est tracé. Dès aujourd'hui,
nous mettons des listes de souscrip-
tion en circulation. Nos amis y feront
bon acceuil, et par là, les projets de
l'ennemi seront complètement dé-
joués.
Nos abonnés dont F abonnement expire sont pa
"iés de le renouveler au plus lot s'ils ne ue
nient pas subir d'interruption dans la ré,- ç.
ption du Journal.
to
Nous ne comprenons pas pourquoi quelques- ^0
>is de nos dépositaires ne font pas leurs ver- ,
'■menti en retard. Ils savent cependant que \
JUS ne sommes pas millionnaires. P1
«.._--..-_- —-,-_,. ,^—' fc
■ I III llll HH^rmiTWWTIM1MiiY,^J-~— lllllll»!! ■" .
| le
LE 14 JUILLETS-
1 to
■ a i
Jour de liesse pour la bourgoisie, 1 cl
jour de deuil pour le peuple ; jour de S pi
liesse pour la bourgeoisie qui, le 14 I "vi
juillet 1789, renversait la Bastille | ti
féodale avec les épaules du peuple et jj
bâtissait sur ses ruiues la Kastille ca- g p
pitaliste, moralement plus odieuse, ! h
plus avilissante, plus exécrable que I p
l'autre ; jour de deuil pour le peuple g si
qui, mystifié parla déclaration men- fi .
songère des Droits de l'Homme, se li- 1
vrait pieds et poings liés au servage jg n
de l'exploitation de l'homme par S n
l'homme, sous l'hypocrite devise : i q
Liberté, Egalité, Fraternité. g C
Jour de liesse pour la bourgeoisie I q
qui, le 14 juillet 1789, d'esclave de- I °
venait maîtresse,— classe dirigeante, g ^
ainsi qu'on l'appelle aujourd'hui ; 1 r
| jour de deuil pour le peuple qui, d'es- JS f
H clave, devenait encore plus esclave ; n j
1 instrument de travail, chair à canon ra 1
M et chair de prostitution. g -
a Eh bien ! peuple, que cet anniver- I *
9 saire, comme tous les anniversaires 9
ï douloureux, ne soit pas lettre morte 1 '
| pour ta conscience et ton avenir. Con- 1 }
| sidère ce que produisent les Itévolu- i J
B tion, qui avortent et concentre dans g
M ton coeur toutes tes colères et tous tes i-
I implacables désirs d'émancipation so- I
s cialc. gl
H Et que les lueurs des feux d'artifi- P
H ces de la bourgeoisie, radieuse de tes B
I larmes soient les premières lueurs de |j
I l'Aurore delà dévolution de demain, H
| laquelle fera seule, désormais, pour n
1 toi, de ce jour de deuil et de haines, I
I un jour de fête et de fraternité uni- S
i verselle. H
il ■■■■■MlHII III II I IH III llll '1 1 IIIHlliHIIIMiïl
BATTRE L'EAU
r-otrn FAMÉ
TAIRE LES GRENOUILLES
Travaille, travaille, peuple, « le traaail
c'est dupain.y Du moins le dit-on, dans les
lieux heureux où le bien-être, sous des cou-.
' leurs blanches ou dorées, coule abondant
des mains oisives, en faisant entendre des
bruits joyeux et doux qu'on aime, qu'on
adore tant de nos jours.
Oui, travaille, pauvre homme ; bâtis ces
lais factices qui vont durer deux La
ures ; fabrique fleurs, rubans, drapeaux; vous
ivecolonnes,arcs-de-lriomphe; tends par- plus
utgirandoles,guirlandes, festons,place en tant
us lieux écussons, trophés, inscriptions, être,
ivises ; lance de toutes parts fusées et phor
:lard$ ; pose des lampions sur toutes tes fuséi
nôtres, mets des lanternes à tous tes vo- tout.
Is, à toutes les branches des arbres, brûle pose
ir lous les toits ou sur de nombreux tré- men
ux, au milieu des places publiques ou sur rien
us les parapets des ponts des feux de gue.
mgale ou autres fusées, et demain ta bu- vieil
ic sera pleine ; la nature en fête, réjouie un g
ir tes chants, tes danses et tes rires, ou- pas i
■ira enfin sou sein généreux et il eu sor- tir,
ra l'abondance. m'ai
"Vois, comme déjà tes greniers se rem- som
lissent. Ne trouves-lu pas que le blé, avec
cireux de se donner, vient de lui-même besc
jyer la sueur que tu répands avec profu- que
on, si ce n'est avec bonheur ? aux
• • • • gaz
Comment ! tu ne le vois pas venir 1 Corn- mil!
lent 1 tu te plains du travail qu'on te don- de 1
e ? Comment 1 malheureux î tu oses dire R
ue ce n'est pas le traveil qui fait vivre ! ruit
omment! tu oses prétendre qu'on ne vit le g
uede pain et qu'on meurt du travail? Tu dan
ses dire que ce qu'il te faut c'est moins ont
e travail et plus de pain ! Tu oses, misé- la r
able, me dire : « Ce n'est pas du travail [ne je veux, on en a toujours trop de cela, /»■«'
G veux du pain. Ce qu'il me faut?.... c'est son
e bien-être pour ma famille et pour moi. » qa'
— Quoi ! quand je daigne te donner de au
'ouvrage, quand, dans ma générosité, je plo
reux bien occuper tes bras a demi crevés pei
LU lieu de te laisser pourrir comme je tan
pourrais le faire, comme tu mériterais que 1u!
c le fasse, misérable ingrat, être vil sans nié
reconnaissance ; quand je m'abaisse, dis-je, rai
jusqu'à m'occuper de toi, tu te plains, tu sm
récrimines, tu n'es pas satisfait encore ! ! fa 1
mais ne crains-tu pas que ma col'ire débor- qu
dant, je ne te chûtie de ton insolence ? car Di
c'est vraiment de l'insolence, rustre, que ta el
plainte effrontée. le
Quoi! tu oses me dire au
Oui, j'ose dire qu'aujourd'hui comme co
toujours on se moque du peuple de la plus l'i
belle façon ; oui, j'ose dire qu'il est temps te:
que ces sottises finissent; j'ose dire qu'il est fa
temps enfin, que l'hy locrite masque de le
générosité dont se couvrent les faces hi-
deuses des exploiteurs tombe devant la q<
science populaire et laisse voir la laideur vi
horrible et nue de leurs consciences mal- le
propres. pi
Oui, j'ose dire que celte activité [que l P
vous m'imposez, ressemble à double titre -
à celle que le seigneur féodal imposait lui ci
aussi, mais avec moins de fourberie, à son ,lf
malheureux serf, quand il Vobligent à bat- à
tre l'eau des fossés d'enceinte de ses chà- il
teaux-forts pour faire taire les grenouil- il
les dont le croassement l'empêchait de n
dormir. fi
Il y a double ressemblance, dis-je, et d
c'est vrai ; s
■
première c'est que tout ce travail que nm
donnez au peuple aujourd'hui pas saii
que celui que faisait alors le serf bat- tra
l'eau, ne produit rien pour le bien- coi
et ce n'est pas faire une meta- qui
e fausse que de dire : « ce n'est que ou
i tout cela ; un peu de fumée et c'est dis
■» Oui, tout ce travail que vous m'im- ter
z est un poids de plus à mon accable- joi
t et il n'est rien autre. 11 ne produit im
pour moi et les miens que de la fali- vie
Après le long mois de labeur que je bo
s de terminer, il n'y aura pas sur terre '0l
;rain de blé de plus pour me nourrir, J 01
anc aune d'étoffe de plus pour me vu- no
pas un bouge nouveau non plus pour 'ei
►riter ; loin de là : que d'effort:; con- co'
mes en une heure quand ou aurait pu ce
eux produire tant de choses pour nos c0
ans ; que de poudre brûlée en fusée, J 0'
d'étoffes mises en lambeaux et pendues ce
fenêtres, que d'huile, de bougies, de <îu
consommés, et qui auraient pu suffire à Jai
c et mille familles dans leurs détresses tt£
'hiver. ™
[ois que cherché-je à montrer ce qu'au- lii
pu produire de bien-être, de bonheur
aspillagc de travail et de produits que, to
s leur sottise ignarde, nos dirigeants u<
commandé? Que peut produire sur eux vt
aison qu'ils n'ont pas ? Dites-leur tant d<
vous voudrez que les cinquante mille pi
tes de travail qu'ils ont mis dans la 0
le maquette de plâtre de la madone te
il ont installée sur une colonne de bois ui
milieu d'une ville comme Lyon, em- d<
yés en travail ntilc et seulement à occu- ig
les ouvriers en chômage ; dites leur q
t que vous voudrez, dis-je, que ces cin- d
mte mille francs se renouvelant d'eux-
mes puisque nous disons travail utile au- r,
entpu, jusqu'à l'infinité des siècles, as- 1
cr l'existence honnête à des milliers de \
nilles dont les membres ne demandent <]
'à produire ce qu'ils désirent consommer! T
tes-le leur tant que vous voudrez, cela, (
quoique évident par lui-môme comme \
plus simple des axiomes, ils vous riront 1
nez, ne comprenant pas. Eb ! comment <
mprendraient-ils leur intérêt ou plutôt |
^uoraucedeleur intérêt véritable leur in- i
rdisant de comprendre? Espérez-vous j
ire comprendre à des gens qui ne leveu-
at pas ?
Oh ! allez, dites tant que vous voudrez
le les quatre cent mille francs que la seule
llede Lyon vajeter enfusées,sanscomptcr
s sommes plus formidables encore que la
>pulalion inconsciente ou hypocrite gas-
illera demain, mis en travail productif,
- travail qui ne faisant que transformer
i capital, sans le détruire, en perpétuerait
s bienfaits et la puissance,— pourraient,
eux seuls, résoudre la question sociale ;
s vous traiteront d'idiots, d'insensés,mais
s n'admettront jamais la vérité, ils n'ad-
lettront jamais que si ces quatre cent mille
•ancs étaient constamment employés à
onner du travail productif aux ouvriers
ans travail ; aux menuisiers sans travail,
; serruriers sans travail, aux terrassiers
s travail, comme aux couturières sans
vail, etc., à leur donner un travailquel-
ique et toujours facultatif, mais autant
; possible en rapport à leurs aptitudes
à leurs états ; ils ne comprendront pas,
-je, que ce seul travail, assurant l'exis-
ce aux ouvriers, dans leurs luttes au-
rd'bui meurtrières contre l'immense et
placable exploitation dont ils sont les
Unies, suffirait à dresser comme un seul
mme, contre l'oppression capitaliste,
ite la niasse courbée aujourd'hui sous le
ig avilissant du servage économique;
n, ils ne comprendront pas, parce qu'il
ir est défendu de comprendre. Ils ne
«prendront pas que l'ouvrier certain par
seul fait du pain de demain,se révolterait
ntre la spoliation dont il est victime au-
ird'hui ; non ils ne peuvent comprendre
ia, et, quelle que soit la démonstration
e vous en fassiez, ils ne la comprendront
nais, parce que, ils le savent assez, si
main les ouvriers étaient sûrs de ne pas
surir de faim le règne du capital serait
li.
Oui, va, peuple ouvrier, on se moque de
i en ce jour que l'on fête, on s'en moque
m-seulcment en riant du sang que tu
irsas à pareille date en 1789,mais encore
> celui que sous forme de sueur tu as
rdu dans le mois qui vient de passer,
a se rit de tu peine, vois-tu, on se rit de
savoir étirant tes membres enraidis par
i travail surabondant, et on se rit même
Ï ta joie innocente et naïve, de ta joie
;noraute, et c'est dans ce rire sardonique
ne se trouve la deuxième ressemblance
ont j'ai parlé.
Le travail qu'on te fait faire, ai-je dit,
îssemble à celui qu'on fait quand on bat
eau pour faire taire les grenouilles, et il
ai ressemble parce qu'il n'est pas plus pro-
uctif que lui ; mais il y a un autre côté de
essemblance et celui-là est plus frappant en-
ore ; tu es ia grenouille que le bruit de la
ête fait taire et pendant ton silence, les
>arons de la finance, comme tous les sei-
gneurs de l'industrie et du mercantilisme,
)euvent dormir tranquilles, les sanglots de
a misère ne troublent pas leur sommeil;
es cris menaçants de vengeance sont éteints.
Oui, peuple, on se moque de toi, car on
s'amuse à tes dépens. Penses-tu que dans
la classe bourgeoise on puisse pleurer le
aïoindre peu sur le gaspillage de tes for-
ces, sur le gaspillage du produit de tes
sueurs ! Non, vas, tes peines ne lui coû-
tent rien, à elle, et en user ou en abuser
sont des jeux licites à ses yeux.
Tu crois que ton travail lui coûte quel-
que chose ? Quelle erreur ! Il lui rapporte,
au contraire.
Par hasard, penses-tu aussi que, lors-
qu'elle te laisse en chômage, c'est que le
travail à te donner lui manque? Comment
peux-tu croire à une chose semblable!
Mais qui peut lui empêcher de te faire bat-
tre indéfiniment, comme en ces jours pas-
sés, l'eau du fossé pour en faire taire les
f Trois inoif. . . 1 f r. 50 I
Pow tonte la France ] Six moi» ... 8 fr. > 1
( Un *n 0 f r. x I
Etranger: le port en tus. J
ADMINISTRATION & RÉDACTION I
I 7, rue du Port-du-Temple, 7, à Lyon I
Pour toutes communications, s'adresser
au siège social, 7, rue Port-du-Temple, 7
fous les jours, de 8 à 10 heures du soir * }
Les Bureaux du « Droit social »
sont transférés rue Molière, 51. /"
^________________________ ,,(
—- ci
NOUVELLES POURSUITES
u.
CONTR1Ï Ul Si
« DROIT SOCIAL » j
Enfin, notre crainte est dissipée, jj
Depuis longtemps nous attendions — S
et la patience commençait [à nous |
manquer, car ce matis même nous |
désespérions encore d'être appelés à j
temps pour assister parties aux pro- |
chaînes assises — le petit papier dont g
le coût est de soixante centimes, et |
invitant le compagnon A. Bonthoux, |
gérant, à se présenter devant le fj
- « CITOYEN Rigot, » exerçant la |
profession de « juge d'instruction, à !
« l'effet d'y être entendu sur les S
« faits dont il est inculpé (provoca- !
« tion au meurtre, etc., etc.) »
Oui, ainsi que nous le disions plus
haut, malgré l'espoir qu'avaient en-
tretenu en nous la presse et la dépu-
tation lyonnaise par ses insinuations
et par la démarche collective [des
sénateurs du Rhône, nous commen-
cions à désespérer et nous avions
décidé de publier dans notre pro-
chain numéro une attaque satyrique
à la couardise de la magistrature
qui hésitait de nous poursuivre.
Enfin, nous sommes heureux. Il va
nous être donné de porter devant
l'autel même, sur lequel on sacrifie
au Dieu CAPITAL tant de conscien-
ces et tant de libertés, il va nous être
donné, disons-nous, de porter le
blasphème de la revendication pro-
létarienne. Oui, c'est sur l'autel même
des sacrifices bourgeois et à la barbe
des grands prêtres du capital que
nous aurons l'honneur, nous, simple
soldat de l'humanité, de venir plan-
ter le rouge drapeau des revendica-
tions sociales et de la colère proléta-
rienne.
Tous nos compagnons de lutte
peuvent être certains de notre éner-
gique fermeté.
Maintenant, compagnons, nous
sommes à la veille de paraître deux
fois par semaine. Le gouvernement,
en nous intentant un nouveau pro-
cès, espère nous abattre en nous con-
damnant une seconde fois.
Le devoir de tous les révolution-
naires est tracé. Dès aujourd'hui,
nous mettons des listes de souscrip-
tion en circulation. Nos amis y feront
bon acceuil, et par là, les projets de
l'ennemi seront complètement dé-
joués.
Nos abonnés dont F abonnement expire sont pa
"iés de le renouveler au plus lot s'ils ne ue
nient pas subir d'interruption dans la ré,- ç.
ption du Journal.
to
Nous ne comprenons pas pourquoi quelques- ^0
>is de nos dépositaires ne font pas leurs ver- ,
'■menti en retard. Ils savent cependant que \
JUS ne sommes pas millionnaires. P1
«.._--..-_- —-,-_,. ,^—' fc
■ I III llll HH^rmiTWWTIM1MiiY,^J-~— lllllll»!! ■" .
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LE 14 JUILLETS-
1 to
■ a i
Jour de liesse pour la bourgoisie, 1 cl
jour de deuil pour le peuple ; jour de S pi
liesse pour la bourgeoisie qui, le 14 I "vi
juillet 1789, renversait la Bastille | ti
féodale avec les épaules du peuple et jj
bâtissait sur ses ruiues la Kastille ca- g p
pitaliste, moralement plus odieuse, ! h
plus avilissante, plus exécrable que I p
l'autre ; jour de deuil pour le peuple g si
qui, mystifié parla déclaration men- fi .
songère des Droits de l'Homme, se li- 1
vrait pieds et poings liés au servage jg n
de l'exploitation de l'homme par S n
l'homme, sous l'hypocrite devise : i q
Liberté, Egalité, Fraternité. g C
Jour de liesse pour la bourgeoisie I q
qui, le 14 juillet 1789, d'esclave de- I °
venait maîtresse,— classe dirigeante, g ^
ainsi qu'on l'appelle aujourd'hui ; 1 r
| jour de deuil pour le peuple qui, d'es- JS f
H clave, devenait encore plus esclave ; n j
1 instrument de travail, chair à canon ra 1
M et chair de prostitution. g -
a Eh bien ! peuple, que cet anniver- I *
9 saire, comme tous les anniversaires 9
ï douloureux, ne soit pas lettre morte 1 '
| pour ta conscience et ton avenir. Con- 1 }
| sidère ce que produisent les Itévolu- i J
B tion, qui avortent et concentre dans g
M ton coeur toutes tes colères et tous tes i-
I implacables désirs d'émancipation so- I
s cialc. gl
H Et que les lueurs des feux d'artifi- P
H ces de la bourgeoisie, radieuse de tes B
I larmes soient les premières lueurs de |j
I l'Aurore delà dévolution de demain, H
| laquelle fera seule, désormais, pour n
1 toi, de ce jour de deuil et de haines, I
I un jour de fête et de fraternité uni- S
i verselle. H
il ■■■■■MlHII III II I IH III llll '1 1 IIIHlliHIIIMiïl
BATTRE L'EAU
r-otrn FAMÉ
TAIRE LES GRENOUILLES
Travaille, travaille, peuple, « le traaail
c'est dupain.y Du moins le dit-on, dans les
lieux heureux où le bien-être, sous des cou-.
' leurs blanches ou dorées, coule abondant
des mains oisives, en faisant entendre des
bruits joyeux et doux qu'on aime, qu'on
adore tant de nos jours.
Oui, travaille, pauvre homme ; bâtis ces
lais factices qui vont durer deux La
ures ; fabrique fleurs, rubans, drapeaux; vous
ivecolonnes,arcs-de-lriomphe; tends par- plus
utgirandoles,guirlandes, festons,place en tant
us lieux écussons, trophés, inscriptions, être,
ivises ; lance de toutes parts fusées et phor
:lard$ ; pose des lampions sur toutes tes fuséi
nôtres, mets des lanternes à tous tes vo- tout.
Is, à toutes les branches des arbres, brûle pose
ir lous les toits ou sur de nombreux tré- men
ux, au milieu des places publiques ou sur rien
us les parapets des ponts des feux de gue.
mgale ou autres fusées, et demain ta bu- vieil
ic sera pleine ; la nature en fête, réjouie un g
ir tes chants, tes danses et tes rires, ou- pas i
■ira enfin sou sein généreux et il eu sor- tir,
ra l'abondance. m'ai
"Vois, comme déjà tes greniers se rem- som
lissent. Ne trouves-lu pas que le blé, avec
cireux de se donner, vient de lui-même besc
jyer la sueur que tu répands avec profu- que
on, si ce n'est avec bonheur ? aux
• • • • gaz
Comment ! tu ne le vois pas venir 1 Corn- mil!
lent 1 tu te plains du travail qu'on te don- de 1
e ? Comment 1 malheureux î tu oses dire R
ue ce n'est pas le traveil qui fait vivre ! ruit
omment! tu oses prétendre qu'on ne vit le g
uede pain et qu'on meurt du travail? Tu dan
ses dire que ce qu'il te faut c'est moins ont
e travail et plus de pain ! Tu oses, misé- la r
able, me dire : « Ce n'est pas du travail
G veux du pain. Ce qu'il me faut?.... c'est son
e bien-être pour ma famille et pour moi. » qa'
— Quoi ! quand je daigne te donner de au
'ouvrage, quand, dans ma générosité, je plo
reux bien occuper tes bras a demi crevés pei
LU lieu de te laisser pourrir comme je tan
pourrais le faire, comme tu mériterais que 1u!
c le fasse, misérable ingrat, être vil sans nié
reconnaissance ; quand je m'abaisse, dis-je, rai
jusqu'à m'occuper de toi, tu te plains, tu sm
récrimines, tu n'es pas satisfait encore ! ! fa 1
mais ne crains-tu pas que ma col'ire débor- qu
dant, je ne te chûtie de ton insolence ? car Di
c'est vraiment de l'insolence, rustre, que ta el
plainte effrontée. le
Quoi! tu oses me dire au
Oui, j'ose dire qu'aujourd'hui comme co
toujours on se moque du peuple de la plus l'i
belle façon ; oui, j'ose dire qu'il est temps te:
que ces sottises finissent; j'ose dire qu'il est fa
temps enfin, que l'hy locrite masque de le
générosité dont se couvrent les faces hi-
deuses des exploiteurs tombe devant la q<
science populaire et laisse voir la laideur vi
horrible et nue de leurs consciences mal- le
propres. pi
Oui, j'ose dire que celte activité [que l P
vous m'imposez, ressemble à double titre -
à celle que le seigneur féodal imposait lui ci
aussi, mais avec moins de fourberie, à son ,lf
malheureux serf, quand il Vobligent à bat- à
tre l'eau des fossés d'enceinte de ses chà- il
teaux-forts pour faire taire les grenouil- il
les dont le croassement l'empêchait de n
dormir. fi
Il y a double ressemblance, dis-je, et d
c'est vrai ; s
■
première c'est que tout ce travail que nm
donnez au peuple aujourd'hui pas saii
que celui que faisait alors le serf bat- tra
l'eau, ne produit rien pour le bien- coi
et ce n'est pas faire une meta- qui
e fausse que de dire : « ce n'est que ou
i tout cela ; un peu de fumée et c'est dis
■» Oui, tout ce travail que vous m'im- ter
z est un poids de plus à mon accable- joi
t et il n'est rien autre. 11 ne produit im
pour moi et les miens que de la fali- vie
Après le long mois de labeur que je bo
s de terminer, il n'y aura pas sur terre '0l
;rain de blé de plus pour me nourrir, J 01
anc aune d'étoffe de plus pour me vu- no
pas un bouge nouveau non plus pour 'ei
►riter ; loin de là : que d'effort:; con- co'
mes en une heure quand ou aurait pu ce
eux produire tant de choses pour nos c0
ans ; que de poudre brûlée en fusée, J 0'
d'étoffes mises en lambeaux et pendues ce
fenêtres, que d'huile, de bougies, de <îu
consommés, et qui auraient pu suffire à Jai
c et mille familles dans leurs détresses tt£
'hiver. ™
[ois que cherché-je à montrer ce qu'au- lii
pu produire de bien-être, de bonheur
aspillagc de travail et de produits que, to
s leur sottise ignarde, nos dirigeants u<
commandé? Que peut produire sur eux vt
aison qu'ils n'ont pas ? Dites-leur tant d<
vous voudrez que les cinquante mille pi
tes de travail qu'ils ont mis dans la 0
le maquette de plâtre de la madone te
il ont installée sur une colonne de bois ui
milieu d'une ville comme Lyon, em- d<
yés en travail ntilc et seulement à occu- ig
les ouvriers en chômage ; dites leur q
t que vous voudrez, dis-je, que ces cin- d
mte mille francs se renouvelant d'eux-
mes puisque nous disons travail utile au- r,
entpu, jusqu'à l'infinité des siècles, as- 1
cr l'existence honnête à des milliers de \
nilles dont les membres ne demandent <]
'à produire ce qu'ils désirent consommer! T
tes-le leur tant que vous voudrez, cela, (
quoique évident par lui-môme comme \
plus simple des axiomes, ils vous riront 1
nez, ne comprenant pas. Eb ! comment <
mprendraient-ils leur intérêt ou plutôt |
^uoraucedeleur intérêt véritable leur in- i
rdisant de comprendre? Espérez-vous j
ire comprendre à des gens qui ne leveu-
at pas ?
Oh ! allez, dites tant que vous voudrez
le les quatre cent mille francs que la seule
llede Lyon vajeter enfusées,sanscomptcr
s sommes plus formidables encore que la
>pulalion inconsciente ou hypocrite gas-
illera demain, mis en travail productif,
- travail qui ne faisant que transformer
i capital, sans le détruire, en perpétuerait
s bienfaits et la puissance,— pourraient,
eux seuls, résoudre la question sociale ;
s vous traiteront d'idiots, d'insensés,mais
s n'admettront jamais la vérité, ils n'ad-
lettront jamais que si ces quatre cent mille
•ancs étaient constamment employés à
onner du travail productif aux ouvriers
ans travail ; aux menuisiers sans travail,
; serruriers sans travail, aux terrassiers
s travail, comme aux couturières sans
vail, etc., à leur donner un travailquel-
ique et toujours facultatif, mais autant
; possible en rapport à leurs aptitudes
à leurs états ; ils ne comprendront pas,
-je, que ce seul travail, assurant l'exis-
ce aux ouvriers, dans leurs luttes au-
rd'bui meurtrières contre l'immense et
placable exploitation dont ils sont les
Unies, suffirait à dresser comme un seul
mme, contre l'oppression capitaliste,
ite la niasse courbée aujourd'hui sous le
ig avilissant du servage économique;
n, ils ne comprendront pas, parce qu'il
ir est défendu de comprendre. Ils ne
«prendront pas que l'ouvrier certain par
seul fait du pain de demain,se révolterait
ntre la spoliation dont il est victime au-
ird'hui ; non ils ne peuvent comprendre
ia, et, quelle que soit la démonstration
e vous en fassiez, ils ne la comprendront
nais, parce que, ils le savent assez, si
main les ouvriers étaient sûrs de ne pas
surir de faim le règne du capital serait
li.
Oui, va, peuple ouvrier, on se moque de
i en ce jour que l'on fête, on s'en moque
m-seulcment en riant du sang que tu
irsas à pareille date en 1789,mais encore
> celui que sous forme de sueur tu as
rdu dans le mois qui vient de passer,
a se rit de tu peine, vois-tu, on se rit de
savoir étirant tes membres enraidis par
i travail surabondant, et on se rit même
Ï ta joie innocente et naïve, de ta joie
;noraute, et c'est dans ce rire sardonique
ne se trouve la deuxième ressemblance
ont j'ai parlé.
Le travail qu'on te fait faire, ai-je dit,
îssemble à celui qu'on fait quand on bat
eau pour faire taire les grenouilles, et il
ai ressemble parce qu'il n'est pas plus pro-
uctif que lui ; mais il y a un autre côté de
essemblance et celui-là est plus frappant en-
ore ; tu es ia grenouille que le bruit de la
ête fait taire et pendant ton silence, les
>arons de la finance, comme tous les sei-
gneurs de l'industrie et du mercantilisme,
)euvent dormir tranquilles, les sanglots de
a misère ne troublent pas leur sommeil;
es cris menaçants de vengeance sont éteints.
Oui, peuple, on se moque de toi, car on
s'amuse à tes dépens. Penses-tu que dans
la classe bourgeoise on puisse pleurer le
aïoindre peu sur le gaspillage de tes for-
ces, sur le gaspillage du produit de tes
sueurs ! Non, vas, tes peines ne lui coû-
tent rien, à elle, et en user ou en abuser
sont des jeux licites à ses yeux.
Tu crois que ton travail lui coûte quel-
que chose ? Quelle erreur ! Il lui rapporte,
au contraire.
Par hasard, penses-tu aussi que, lors-
qu'elle te laisse en chômage, c'est que le
travail à te donner lui manque? Comment
peux-tu croire à une chose semblable!
Mais qui peut lui empêcher de te faire bat-
tre indéfiniment, comme en ces jours pas-
sés, l'eau du fossé pour en faire taire les
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