Titre : La France mutilée : bulletin ["puis" organe] de l'Union fédérale des associations françaises de blessés, mutilés, réformés, anciens combattants de la grande guerre et de leurs veuves, orphelins et ascendants
Auteur : Union fédérale des associations françaises de blessés, mutilés, anciens combattants de la Grande guerre, et de leurs veuves, orphelins et ascendants (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Orléans)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-06-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32778016m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1087 Nombre total de vues : 1087
Description : 03 juin 1923 03 juin 1923
Description : 1923/06/03 (A4,N138)-1923/06/09. 1923/06/03 (A4,N138)-1923/06/09.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5604667x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-25331
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
■iLAnnM ~ H°138- PUBLICATION HBBBOMAPAIRB ■>, L« 3T«méro t 20 Centimes V Wïï~^ / Manche 3 Juin 1923.
(Ê»±e3±a.ièr iô-rtlole)
0E GLERMONT A VÏGHY PAR MARSEILLE
Le Congrès de Vichy marque une
date dans la vie de l'Union nationale
dë& Combattants et, ' j& le eroîsi; dajiâ la
vie dé rUriion Fédérale. Notre satis-
faction est grande de constater que lès
soucis qui nous;; agitaient* à ' Glérmont
et à Marseille sont passés dans les âmes
dé; nos 'camarades et que. nous ne
sommés plus seuls à vouloir servir et
' faire triompher en France et hors dé
France i'espnt combattant. Nous ne
serions pas nous-mêmes si le contente-
ment que j'exprime n'était pas nôtre.
. Je; n'ai; jamais: cessé pour mon compte
de proclamer qjae l'union entre les çom-.
battants serait en pensée et en action,
ou ne'serait pas. Ge ' ne sont pas des
cartels *^ des^ statuts j des cadres qu'il
nous. t%aui ; c'est la conjonction des vo
lo.nt^' vers un même but. Quand les
hommes.,de la guerre se seront re-
connus, l'armée des hommes de la paix
sera debout.
Nos camarades réunis à Vichy l'ont
compris. Un des leurs, Ernest Pezet,
administrateur de l'U. N. G., président
de la Section de Reims, directeur du
journal « Le Nord-Est », a accompli à
Vichy le: geste nécessaire. Il s'est fait le
soldat de l'esprit combattant et il a
examiné, telle qu'elle lui apparaissait,
la destinée de nos Associations. Le Con-
grès l'a suivi. Après discussion et votes
au scrutin secret, les conclusions de
son rapport que nous publions aujour-
d'hui, furent adoptées par 154.913 voix
contre 8.936 et 28.603 abstentions. La
publication; immédiate et la .diffusion
la:plus large!,%&isosn travail? fureïitidé-4
cidées par acclamations.
Ernest Pezet a posé la question sous
forme de dilemne. Ou bien les anciens
combattants entreront délibérément
dans la vie politique à l'occasion des
élections de 1924^ ou bien au lende-
main de ces mêmes élections leur mou-
vement aura cessé de vivre.
Je crains fort, dit-il, gué si les Associa-
tions n'osent pas courir le risque d'af-
fronter les devoirs de la vie civique, elles
n'aient, au. matin même du four qui sui-
vra lé scrvMn de 49M, qu'une existence
nominale; qu'elles soient pratiquement
considérées comme ayant abdiqué et peut-
être déserté.
• Si les élections de 192& se passent sans
que' vos■ Associatmns aient influé d'une
fajjoni quelconque, mais évidente, incon-
testable, sérieuse; sur éties^ au lendemain
du scrutin, Gouvernement et- Parlement,
trop heureux d'être, d'unes façon inespérée,
dégagés de votre contrôlé, libérés de votre
influence, tranquilles pour quatre, ans,
. s'empresseront de vousjtifer la révérence.
Geci posé; et répudiant toute poli-
tique de'parti; tout parti qui divise,
tout esprit dé parti, considérant, comme
nous le faisons nous-mêmes, le9 Asso-
ciations comme le plus important pHé-
nomène social d'après guerre, répudiant
tout impérialisme, même l'impérialisme
parlementaire, se réclamant du seul
intérêt du pays et de l'idéal d'union-,:
de paix et de travail des anciens com-
battants, notre camarade de l'U. Ni G.
réclame : '■-
Un plan,
Des hommes-chefs,
Des exécutants.
Les anciens combattants, dit-il, s'eit-
tourant de toutes les questions techni-
ques nécessaires, sont capables de
: dresser ce plan, dé susciter ces hommes-
chefs. Quant aux exécutants, on les
compte dans leurs Associations par
centaines de mille.
Le rapporteur de l'Esprit combattant
'■- devant le- Congrès de Glèrmont-EeiTand.
se doit dé répondre à un tel geste.
L'heure de l'union pour l'action a
sonné. Si nous la laissons passer, elle
ne reviendra jamais.
J'ai eu l'honneur de dire à Clermont-
Ferrand :
Le seul titre d'ancien combattant ne
suffit pas pour qu'un homme se croie
sacré pour l'action sociale ; mais, récipro-
quement, le titre d'ancien combattant ne
saurait être invoqué au point de vue so-
cial comme une disqualification.
Cette vérité prend-tout sofa siens' dès- que,
délaissant le domaine individuel, nous la
transportons dans le domaine collectif. Le
nombre, même organisé/ n'est pas une
force, s'il n'est animé par une penséêi
C'est la Communauté de pensée qui crée,
entre les hommes, le lien le plus puis-
sant, cette discipline intérieure contre la-
quelle la violence, le mensonge, les as-
sauts de tout genre viennent se briser.
Si donc les combattants ont vraiment
rapporté de la guerre — ce que nous
croyons —■ des vertus puissantes, il faut
qu'ils les mettent, dans là paix, au ser-
vice d'une pensée définie et qu'ils orga-
nisent leur action.
Un groupement n'est rien, s'il est sans
programme; un progratryme ne sera ja-
mais une réalité, s'il n'est, servi par -Un;
groupement. La force sfifâf] viteffaiente si
elle n'est pas disciplinée..[:@r^U n'y a dé'
discipline que celte quiï vient de l'esprit.
Tout se ramène à une vérité plus que
vieille : avoir un but- vM• doctrine,-AXie-
méthode, dès moyens faction ou, sil'im
veut, avoir un idéal et le'Servir.
Pour avoir oublié cette? vérité élémen-
taire, les combattants n'oint pas conquis
en France, et probablement dans les
autres pays belligérants^ le droit de! fuire
entendre leur voix dans les grands; débats
nationaux.
Toute l'action civique 'de nos groupe-
ments: se subordonne à la règle suivante :
Avoir un esprit.
Choisir les circonstances de l'action.
L'un dit : « Un plan, des chefs, des
soldats » ; l'autre répète : « Avoir un
esprit, choisir- .les -ci^nstences de
l'action ».
Le moment est venu de jouer cartes
sur table et de s'expliquer clairement et
publiquement.
Je n'y manquerai pas.
Henri Pichot,
. Président de l'Union Fédérale.
LES IPÉES PE VlCI-tY
Nous groupons et classons sous cette
rubrique, les passages significatifs -du rap-
port d'Emile Pezet ;
LES ÉLEOTIONS DE 1919
En 1919, un « Comité d'entente » des
Associations exigea sans doute la pré-
sence, dans chaque liste, d'une certaine
proportion d'A. C. Il l'obtint quelquefois ;
mais lorsqu'il ne l'obtint pais, il ne put
rien ou presque rien contre les listes qui
n'acceptèrent pas sa requête.
Ces candidats A. C. furent, il est vrai,
choisis souvent à l'aveuglette, non point
désignés ou soutenus par les Associations
ou leur « Comité d'entente », mais par lès
chefs .de liste qui se les. ad joignirent com-
me mascottes ou fétiches le mieux décorés
possible, ce qui n'était pas tout de même
une suffisante garantie de compétence,
d'habileté et d'expérience dans la con-
duite des affaires publiques.
Est-ce .cela que nos Associations veulent
voir se renouveler ?
Sont-elles donc.tellement satisfaites des
résultats parlementaires d'une telle mé-
thode ?
OU EN SOMMES-NOUS ?
« Comment se fait-il, se demandent avec
une certaine anxiété les militants et les
troupes de nos Associations, que, possé-
dant à la fois la force du nombre organisé
et la puissance dynamique des élites agis-
santes, nous soyons si peu ou si tard
écoutes ? Que nos voeux les moins démago-
giques reviennent de Congrès en Congrès ?
Que nos préoccupations sociales et, par
exemple, notre volonté de pratiquer la so-
lidarité mutualiste, soient presque mises
en échec par un Parlement qui ne semble
pas se rendre suffisamment compte de
tout le sens profond et de toute la valeur
d'exemple de l'action sociale des A. C. ? »
LA QUE8TI0N
Les A. C. peuvent-ils participer à la vie
publique ? Dans quelle mesure ? Dans
quelles formations ? Avec quels objectifs ?
Dans quel esprit ?
IL FAUT CHOISIR LES HOMMES
De saines: ambitions, et qui se justifient,
ne sont pas pour nous déplaire.
Mais des ambitions injustifiées, fié-
vreuses, prêtes à tout pour se produire,
prêtes a tout dominer, et donc prêtes à
tous les abandons et à tous les reniements,
quand elles auront été satisfaites, il fau-
dra les dénoncer sans pitié, leur barrer la
route, bien loin de leur fournir l'appoint
d'une influence qui sera le plus souvent
décisive,
Voilà ce qu'il faut dire tout de suite, (si
l'on prend la détermination d* faire coo-
pérer lee Associations d'A C. à la vie pu-
bllque.
LES INDÉSIRABLES
Oui, gare aux ambitieux ou aux arri-
:: vistes ; il y en a, paraît-il, et il s'en glis-
sera certainement dans nos rangs.
UN FAIT
Le temps n'est pas loin, «souvenez-vous-
en, où des organismes, tels que la
C. G. T., faisaient en quelque sorte la loi
au Paye, et sans être des organismes pror
prement politiques, avaient sur la vie pu-
blique unie influence capitale. Pourquoi
n'entrerions-nous pas dans une ère nou-
velle où la. vie publique subirait l'inspira-
tion et l'influence des grands groupements
d'intérêt général, autant et plus encore
que la défense d'intérêts particuliers, tels
que les Associations de Combattants ?
NOS GAGES
Nous avons donné assez de gages de
notre respect de l'ordre, de notre scrupu-
leux loyalisme constitutionnel, de notre
culte de la légalité pour qu'on ne puisse
pas nous accuser sérieusement d'être des
« trublions », des perturbateurs, encore
moins des « profiteurs » de la politique.
FAIRE UNE POLITIQUE
D'une part, les A. C. semblent recon-
naître généralement qu'ils ont l'obliga-
tion d'exercer un véritable droit de regard
sur la gestion des intérêts du pays ; de
coopérer effectivement à la vie publique ;
d'assurer une réelle participation à la
conduite des affaires de la Nation.
Mais qu'est-ce que cela, sinon participer,
politiquement, à la vie publique ? Après
tout, la politique, à sens élevé et très noble
du mot, est-elle autre chose que l'art de
diriger et gérer les intérêts de la collec-
tivité ?
Par contre, d'autre part, pour garder
leur cohésion, leur unité, et aussi leur
force numérique, qui est leur grand moyen
de se faire prendre aiui sérieux et écouter,
sous le régime politique du nombre, les
Associations d'A. C. ont proclamé à l'envi
qu'elles ne veulent ni ne peuvent faire
« de la politique ».
LAQUELLE ?
Mais comment coopérer à la vie publique
sans faire de la politique de parti ?
Comment exercer une influence effective
et un contrôle efficace sur la gestion des
affaires publiques sans tomber dans un©
sorte de « fascisme » français ?
Comment sauvegarder notre indépen-
dance et notre union nécessaires ?
Je ferai d'abord remarquer qu'il ne
s'agit pas de décider dons l'absolu et dan»
l'abstrait : la politique est essentiellement
l'art du possible ; elle est en quelque sorte
une adaptation journalière aux nécessités ;
une adéquation de l'absolu de» principe»
à la relativité de l'action.
Par conséquent, ce qu'il faut, c'est éta-
blir les principes qui commanderont notre
intervention dans la vie publique ; déter-
miner l'objectif de cotte action ; prévoir
les modalités principales, et en particu-
lier créer l'organisme dont la mission eera
de « mener la barque », avec maîtrise,
prudence et. fermeté, à travers les récifs
nombreux que nous rencontrerons.
UN PROGRAMME
Au lieu de laisser, pour ainsi dire, se
congestionner lee forces intellectuelles,
morales, sociales du pays, dans une lutte
âpre, entre partis, ne pourrait-on pas es-
sayer, par exemple, grâce à l'intervention
des Associations de combattants, de porter
l'ardeur des militants politiques, la flamme
des partisans, sur le terrain de la lutte
contre :
Les fléaux sociaux ;
Les périls nationaux ;
Le» dangers internationaux.
On s'est suffisamment haï, les peuples
ont assez connu de misère pour qu'on
s'efforce aujourd'hui, dans la Nation com-
me entre les Nations, de pacifier et d'unir,
au lieu d'exciter et de diviser ; pour qu'on
s'efforce de rendre la vie meilleure, moins
marâtre, par compensation à l'immenBe
misère commune, et communément sup-
portée, pour qu'on travaille, tenacement,
mais sagement à la fois, à éloigner, le
plus possible, l'effroyable réapparition du
spectre de la guerre.
ABDIQUER ?
Si nous n'avons pas l'âma impavide, la
volonté dressée comme un ressort d'acier,
l'esprit cuirassé d'une sainte indifférence,
ies reins ceints pour un effort qui ressem-
ble au combat, retirons-nous sous la
tente !
Revendiquons, à cor et à cris, notre dé-
mobilisation civique 1
Disons bien à tout le monde que nous
désirons simplement qu'on nous f... la
paix, et qu'à ce prix, nous laisserons tout
faire, que nous noue laisserons tondre,
enchaîner, ridiculiser même, que nous
n'aspirons qu'à rentrer dans la nuit, dans
l'oubli, dans le néant civique...
ÊTRE OU NE PAS ETRE
Ou bien, nous laisserons sans solution
ce problème de notre action civique et nous
signerons ainsi, par avance, un procès-
verbal de carence et de déchéance, qui
provoquerait la stupeur du Pays et la
nôtre même, à l'heure des consultations
électorales ;
Ou. au contraire, pratiquant avec sa-
gesse une politique à longues vues, noue
essaierons de déterminer quels devoirs
nous incombent au point de vue civique et
comment nous les remplirons l'an pro-
chain «n particulier.
L'UNION FEDERALE
©t mots
Camarades de l'Afrique du Nord
Si de tout temps l'Union. Fédérale a
compté die vaillants organisateurs en Al-
gérie, et défendu la cause de nos frères
d'armes de la. France d'outre-mer, il est
réconfortant de constater que le Congrès
de Marseille' a déjà donné, en ce qui con-
cerne nos affectueux rapports avec eux et
le succès de leurs revendications, quelques
fruits permettant de bien augurer des fu-
tures moissons.
■ * '
* *
Nul plus, que le Président de « Clermont
à Marseille » n'avait mesuré l'importance
des assises* inteiriédéTales organisées en
février 1923 par- l'Association de Constan-
tine.toujouoosi, si active. Et c'est avec un
profond! regret, un véritable crève-coeur
qu'il. avaiLt, dû confier au télégraphe le sa-
lut fraternel que ni lui, ni aucun des ad-
ministrateurs de l'U. F., rivés- au sol de
lajMétropole par des professions et des
devoirs absorbants, ne pouvaient porter
de vive voix à nos camarades de l'Afrique
du 'Nord. Aussi, est-ce à l'unartimité que.
le Conseil sortant de l'U. F. avait, le
1er avril, invité les délégués électeurs à
réserver au moins une place du nouveau
Conseil d'administration, à un de nos ca-
marades d'Algérie.
Notre appel n'ayant été entendu qu'in-
suffisamment, lie Présiident du Congrès ne
put proclamer statutairement élu notre
ami Lelouche à qui manquaient quelques
milliers de voiix à,peine. Cependant, les
sympathies évidentes de toute l'Assemblée
plénière se sont traduites par l'attribution
immédiate d'un poète consultatif spécial
aux côtés du Conseil, à celui qui incarne-
rait à nos yeux les intérêts spéciaux de
l'Afrique du Nord. Et le Conseil promit
d'étudier à brève échéance des mesures
complémentaires.
La parole donnée a été tenue sur
l'heure.
Nicolaï qui fut notre hôte à Marseille,
accepta, en sa double qualité de Président
de la Fédération des Bouches-.du-Rhône et
de membre du Conseil de l'U. F., la mis-
sion importante de porter la bonne parole
dans toute l'Algérie et de nouer des liens
plus étroits avec les Associations vivaces
qui y ont surgi de toute part. Il est parti
sur-le-champ et son voyage a duré près de
trois semaines. Quel souvenir réconfortant
il a gardé de l'accueil qui lui fut fait par-
tout, et quelles provisions de renseigne-
ments précieux il a rapportés de son
voyage, c'est ce qu'il a exprimé lui-même
au Conseil d'administration du 5 mai der-
nier, à la grande satisfaction de tous, et
répété dans un articllie, jailli du coeur,
paru dans La France Mutilée !
Il ne nous est pas moins agréable de
recueillir dans la correspondance avec les
Associations de l'Afrique du Nord et dans
les journaux si vivants parus depuis oc
voyage, l'assurance que le succès de la
mission Nicolaï a été complet. Tous ont
pu mesurer de plus près le sens et la por-
tée de notre action. Tous ont pu éprouver
combien l'U. F. réprouve la division des
mutilés, veuves et orphelins en plusieurs
zones, suivant la distance qui les sépare
de Paris. Aussi ce voyage est-il appelé à
avoir des répercussions durables et solides
sur Ja situation des victimes de la guerre
des deux bords de la Méditerranée, unies
lies unes aux autres par le souvenir des sa-
crifices soufferts ensemble dans le passé
et la volonté des actes de justice à réa-
liser dans l'avenir.:
' * s
* *
Voici maintenant quelques éléments
tangibïes pour le présent.
I. Tout d'abord, au point de vue de l'or-
ganisation du travail, le Conseil du 5 mai,
après avoir entendu le rapport de Nicolaï
et examiné de nouveau les statuts fédé-
raux, a décidé que le délégué d'Algérie,
désigné par le précédent Congrès de Mar- ,
sdilie, sera convoqué pour le 30 juin, date
du .prochain Conseil. Un représentant, que
se propose d'envoyer l'Association d'Alger
sera également convoqué pour cette date
et assistera, en outre, au Comité fédéral
du lendemain comme délégué départe-
mental. Celui-ci prendra au sujet des re-
vendications présentées, toutes les déci-
sions utiles.
D'autre pa.rt, le Conseil d'administra-
tion de l'Union in.terfédérale de l'Afrique
du Nord qui s'est réuni récemment, a reçu '
de Pichot le témoignage matériel de la
sympathie unanime de l'U. F. et une cor-
respondance active a commencé à s'échnn- .
gcr.
Des extraits de la presse des anciens
combattants de l'Afrique, du Noffld sont
par nos soins (insérés dans tes grands:
journaux. Enfin;, les Associations: algé^
rfennes non encore àdhéreatés à l'U. F.
ont demandé' à connaître ses statuts; son
journal et sa;'documentation, pour se
mieux pénétrer dé. l'esprit et de la doctrinie
déjà exposés verbalement par notre délé-
gué Nicolaï.
II. S'agit-il des revendications, très
nombreuses, hélas ! et aussi variées que
justifiées, des mesures ont. été prises par
l'U. F. ou déjà obtenues en ce qui con-
cerne les plus urgentes d'enitor'elles.
Il y a d'abord le retard scandaleux apr
porté par l'administration à Jaire parti-
ciper les Associations de victimes. de la
guerre aux élections concernant les Of-
fices de Pupilles de la Nation conformé-
ment à la'loti du 26 octobre 1922. De même,
que jadis pour l'article 64 et le crédit agri-
cole, la « Mer » (ne devrais-]* pas dire
l'Océan des paperasseries' administra-
tives ?) a réduit jusque ici nos camarades
de l'Afrique du Nord à n'être que des
spectateurs. Le 1er juillet, leurs Comités
départemientaux vont être irenouvelés et
aucune disposition n'a encore été prise
pouir que nos amis votent.
Conjuguant ses démarchies 1 avec celles
des intéressés auprès du Gouverneur d'Al-
g&rie; l'U. F. a énergiquement réclamé,
tant à l'Office national- des! Pupilles qu'au
Ministère de l'Intérieur, intermédiaire
obligé avec l'Algérie, la promulgation des
mesures administratives nécessaires. A
l'heure où ces lignes sont écrites, un haut
fonctionnaire quitte Paris, spécialement
pour régler ces questions sur place-. '
Ë y a aussi,1e maintien: de- Ja.mai^n .de,,,..
Koutoa. L'annonce que cellieka serait' pro- ! '
ch'ainemient fetnmée avait vivement ému
le Congrès de Marseille.. Aussi les repré-
sent arats de l'U. F. se sont-ils.employés, à
l'Office national des mutilés, pour que oe
Centre d'hébergement de Kouba reste défi-
nitivement la Maison des Invalides de
l'Afrique du Nord ! En huit jours, le(3
Commissions permanentes du Perfection-
nement et de VAdministration (dont j'ai
l'honneur de faire partie) ont pris des dé-
cisions fermes, et voté les crédits néces-
saires, pour que les mutilés de l'Afrique
du Nord ne souffrent pas des lacunes du
budget de l'Algérie ten ce qui concerne
(( l'assistance et la prévoyance sociales ».
Le danger du cumul de l'emploi de direc-
teur de Kouba avec un autre poste a été
spécialement dénoncé: et sera définitive-
ment écarté.
La question du statut du personnel des
Offices de Pupilles et ceil'le des emplois ré-
servés ont été mises à l'étude. De même
oeOle, très difficile, des Centres d'appa-
reillage.
Enfin, l'ordre du jour de protestation
voté au Congrès de Marseille, contre la
violation de l'article 73 de 'la loi du 31
mars 1919 résultant de la circulaire
n° 913 A. D. du 20 mars 1923, qui refusait
le bénéfice des majorations pour enfants
aux mutilés indigènes algériens, a été
suivi d'un effet presque immédiat.
La section des finances du Conseil
d'Etat saisie de la question, sur des con-
sidérants fortement motivés, émis l'avis
« que le bénéfice de l'article 13 instituant
les majorations annueltes pour enfants ne
saurait être refusé aux militaires visés par
l'article 73 de la loi du 31 mars 1919 ».
' * ->
* *
Si de tels résultats, gages des succès à
venir plus nécessaires encore, ont pu être
obtenus en si peu de temps, c'est, disons-le
sans fausse modestie, grâce, à la coordi-
nation des efforts cl à la suite, dans l'ac-
tion que seule peut réaliser une grande
organisation ayant des représentants ou
des ramifications dans tous les milieux où
se règlent les intérêts des victimes de la
guerre. Au moment où loin de consentir à
des réparations plus adéquates, certains
songent à saper les basés même du droit
k réparation reconnu solennellement, nul,
ne saurait demeurer indifférent. Nos
frères de, l'Afrique d\i Nord, à quelque mi-
lieu, race ou région à laquelle i(ls appar-
tiennent, doivent h l'union déjà réalisée
mtre cube d'apporter à la grande Coopéra-
tive de dévouement que nous avons fondée
voici cinq ans, la contribution de leur
nombre, do. leurs organisations et. de loin-
foi. « Un pour tous » doivent-ils dire. De
la Métropole nous leur crions chaleureu-
sement « Tous pour un » I Et ce sera notre
seule pan vie, car, n'est.-il pas vrai, les
netos comptent plus que les paroles.
René Cassin,
Président honoraire, do, VU. F.
(Ê»±e3±a.ièr iô-rtlole)
0E GLERMONT A VÏGHY PAR MARSEILLE
Le Congrès de Vichy marque une
date dans la vie de l'Union nationale
dë& Combattants et, ' j& le eroîsi; dajiâ la
vie dé rUriion Fédérale. Notre satis-
faction est grande de constater que lès
soucis qui nous;; agitaient* à ' Glérmont
et à Marseille sont passés dans les âmes
dé; nos 'camarades et que. nous ne
sommés plus seuls à vouloir servir et
' faire triompher en France et hors dé
France i'espnt combattant. Nous ne
serions pas nous-mêmes si le contente-
ment que j'exprime n'était pas nôtre.
. Je; n'ai; jamais: cessé pour mon compte
de proclamer qjae l'union entre les çom-.
battants serait en pensée et en action,
ou ne'serait pas. Ge ' ne sont pas des
cartels *^ des^ statuts j des cadres qu'il
nous. t%aui ; c'est la conjonction des vo
lo.nt^' vers un même but. Quand les
hommes.,de la guerre se seront re-
connus, l'armée des hommes de la paix
sera debout.
Nos camarades réunis à Vichy l'ont
compris. Un des leurs, Ernest Pezet,
administrateur de l'U. N. G., président
de la Section de Reims, directeur du
journal « Le Nord-Est », a accompli à
Vichy le: geste nécessaire. Il s'est fait le
soldat de l'esprit combattant et il a
examiné, telle qu'elle lui apparaissait,
la destinée de nos Associations. Le Con-
grès l'a suivi. Après discussion et votes
au scrutin secret, les conclusions de
son rapport que nous publions aujour-
d'hui, furent adoptées par 154.913 voix
contre 8.936 et 28.603 abstentions. La
publication; immédiate et la .diffusion
la:plus large!,%&isosn travail? fureïitidé-4
cidées par acclamations.
Ernest Pezet a posé la question sous
forme de dilemne. Ou bien les anciens
combattants entreront délibérément
dans la vie politique à l'occasion des
élections de 1924^ ou bien au lende-
main de ces mêmes élections leur mou-
vement aura cessé de vivre.
Je crains fort, dit-il, gué si les Associa-
tions n'osent pas courir le risque d'af-
fronter les devoirs de la vie civique, elles
n'aient, au. matin même du four qui sui-
vra lé scrvMn de 49M, qu'une existence
nominale; qu'elles soient pratiquement
considérées comme ayant abdiqué et peut-
être déserté.
• Si les élections de 192& se passent sans
que' vos■ Associatmns aient influé d'une
fajjoni quelconque, mais évidente, incon-
testable, sérieuse; sur éties^ au lendemain
du scrutin, Gouvernement et- Parlement,
trop heureux d'être, d'unes façon inespérée,
dégagés de votre contrôlé, libérés de votre
influence, tranquilles pour quatre, ans,
. s'empresseront de vousjtifer la révérence.
Geci posé; et répudiant toute poli-
tique de'parti; tout parti qui divise,
tout esprit dé parti, considérant, comme
nous le faisons nous-mêmes, le9 Asso-
ciations comme le plus important pHé-
nomène social d'après guerre, répudiant
tout impérialisme, même l'impérialisme
parlementaire, se réclamant du seul
intérêt du pays et de l'idéal d'union-,:
de paix et de travail des anciens com-
battants, notre camarade de l'U. Ni G.
réclame : '■-
Un plan,
Des hommes-chefs,
Des exécutants.
Les anciens combattants, dit-il, s'eit-
tourant de toutes les questions techni-
ques nécessaires, sont capables de
: dresser ce plan, dé susciter ces hommes-
chefs. Quant aux exécutants, on les
compte dans leurs Associations par
centaines de mille.
Le rapporteur de l'Esprit combattant
'■- devant le- Congrès de Glèrmont-EeiTand.
se doit dé répondre à un tel geste.
L'heure de l'union pour l'action a
sonné. Si nous la laissons passer, elle
ne reviendra jamais.
J'ai eu l'honneur de dire à Clermont-
Ferrand :
Le seul titre d'ancien combattant ne
suffit pas pour qu'un homme se croie
sacré pour l'action sociale ; mais, récipro-
quement, le titre d'ancien combattant ne
saurait être invoqué au point de vue so-
cial comme une disqualification.
Cette vérité prend-tout sofa siens' dès- que,
délaissant le domaine individuel, nous la
transportons dans le domaine collectif. Le
nombre, même organisé/ n'est pas une
force, s'il n'est animé par une penséêi
C'est la Communauté de pensée qui crée,
entre les hommes, le lien le plus puis-
sant, cette discipline intérieure contre la-
quelle la violence, le mensonge, les as-
sauts de tout genre viennent se briser.
Si donc les combattants ont vraiment
rapporté de la guerre — ce que nous
croyons —■ des vertus puissantes, il faut
qu'ils les mettent, dans là paix, au ser-
vice d'une pensée définie et qu'ils orga-
nisent leur action.
Un groupement n'est rien, s'il est sans
programme; un progratryme ne sera ja-
mais une réalité, s'il n'est, servi par -Un;
groupement. La force sfifâf] viteffaiente si
elle n'est pas disciplinée..[:@r^U n'y a dé'
discipline que celte quiï vient de l'esprit.
Tout se ramène à une vérité plus que
vieille : avoir un but- vM• doctrine,-AXie-
méthode, dès moyens faction ou, sil'im
veut, avoir un idéal et le'Servir.
Pour avoir oublié cette? vérité élémen-
taire, les combattants n'oint pas conquis
en France, et probablement dans les
autres pays belligérants^ le droit de! fuire
entendre leur voix dans les grands; débats
nationaux.
Toute l'action civique 'de nos groupe-
ments: se subordonne à la règle suivante :
Avoir un esprit.
Choisir les circonstances de l'action.
L'un dit : « Un plan, des chefs, des
soldats » ; l'autre répète : « Avoir un
esprit, choisir- .les -ci^nstences de
l'action ».
Le moment est venu de jouer cartes
sur table et de s'expliquer clairement et
publiquement.
Je n'y manquerai pas.
Henri Pichot,
. Président de l'Union Fédérale.
LES IPÉES PE VlCI-tY
Nous groupons et classons sous cette
rubrique, les passages significatifs -du rap-
port d'Emile Pezet ;
LES ÉLEOTIONS DE 1919
En 1919, un « Comité d'entente » des
Associations exigea sans doute la pré-
sence, dans chaque liste, d'une certaine
proportion d'A. C. Il l'obtint quelquefois ;
mais lorsqu'il ne l'obtint pais, il ne put
rien ou presque rien contre les listes qui
n'acceptèrent pas sa requête.
Ces candidats A. C. furent, il est vrai,
choisis souvent à l'aveuglette, non point
désignés ou soutenus par les Associations
ou leur « Comité d'entente », mais par lès
chefs .de liste qui se les. ad joignirent com-
me mascottes ou fétiches le mieux décorés
possible, ce qui n'était pas tout de même
une suffisante garantie de compétence,
d'habileté et d'expérience dans la con-
duite des affaires publiques.
Est-ce .cela que nos Associations veulent
voir se renouveler ?
Sont-elles donc.tellement satisfaites des
résultats parlementaires d'une telle mé-
thode ?
OU EN SOMMES-NOUS ?
« Comment se fait-il, se demandent avec
une certaine anxiété les militants et les
troupes de nos Associations, que, possé-
dant à la fois la force du nombre organisé
et la puissance dynamique des élites agis-
santes, nous soyons si peu ou si tard
écoutes ? Que nos voeux les moins démago-
giques reviennent de Congrès en Congrès ?
Que nos préoccupations sociales et, par
exemple, notre volonté de pratiquer la so-
lidarité mutualiste, soient presque mises
en échec par un Parlement qui ne semble
pas se rendre suffisamment compte de
tout le sens profond et de toute la valeur
d'exemple de l'action sociale des A. C. ? »
LA QUE8TI0N
Les A. C. peuvent-ils participer à la vie
publique ? Dans quelle mesure ? Dans
quelles formations ? Avec quels objectifs ?
Dans quel esprit ?
IL FAUT CHOISIR LES HOMMES
De saines: ambitions, et qui se justifient,
ne sont pas pour nous déplaire.
Mais des ambitions injustifiées, fié-
vreuses, prêtes à tout pour se produire,
prêtes a tout dominer, et donc prêtes à
tous les abandons et à tous les reniements,
quand elles auront été satisfaites, il fau-
dra les dénoncer sans pitié, leur barrer la
route, bien loin de leur fournir l'appoint
d'une influence qui sera le plus souvent
décisive,
Voilà ce qu'il faut dire tout de suite, (si
l'on prend la détermination d* faire coo-
pérer lee Associations d'A C. à la vie pu-
bllque.
LES INDÉSIRABLES
Oui, gare aux ambitieux ou aux arri-
:: vistes ; il y en a, paraît-il, et il s'en glis-
sera certainement dans nos rangs.
UN FAIT
Le temps n'est pas loin, «souvenez-vous-
en, où des organismes, tels que la
C. G. T., faisaient en quelque sorte la loi
au Paye, et sans être des organismes pror
prement politiques, avaient sur la vie pu-
blique unie influence capitale. Pourquoi
n'entrerions-nous pas dans une ère nou-
velle où la. vie publique subirait l'inspira-
tion et l'influence des grands groupements
d'intérêt général, autant et plus encore
que la défense d'intérêts particuliers, tels
que les Associations de Combattants ?
NOS GAGES
Nous avons donné assez de gages de
notre respect de l'ordre, de notre scrupu-
leux loyalisme constitutionnel, de notre
culte de la légalité pour qu'on ne puisse
pas nous accuser sérieusement d'être des
« trublions », des perturbateurs, encore
moins des « profiteurs » de la politique.
FAIRE UNE POLITIQUE
D'une part, les A. C. semblent recon-
naître généralement qu'ils ont l'obliga-
tion d'exercer un véritable droit de regard
sur la gestion des intérêts du pays ; de
coopérer effectivement à la vie publique ;
d'assurer une réelle participation à la
conduite des affaires de la Nation.
Mais qu'est-ce que cela, sinon participer,
politiquement, à la vie publique ? Après
tout, la politique, à sens élevé et très noble
du mot, est-elle autre chose que l'art de
diriger et gérer les intérêts de la collec-
tivité ?
Par contre, d'autre part, pour garder
leur cohésion, leur unité, et aussi leur
force numérique, qui est leur grand moyen
de se faire prendre aiui sérieux et écouter,
sous le régime politique du nombre, les
Associations d'A. C. ont proclamé à l'envi
qu'elles ne veulent ni ne peuvent faire
« de la politique ».
LAQUELLE ?
Mais comment coopérer à la vie publique
sans faire de la politique de parti ?
Comment exercer une influence effective
et un contrôle efficace sur la gestion des
affaires publiques sans tomber dans un©
sorte de « fascisme » français ?
Comment sauvegarder notre indépen-
dance et notre union nécessaires ?
Je ferai d'abord remarquer qu'il ne
s'agit pas de décider dons l'absolu et dan»
l'abstrait : la politique est essentiellement
l'art du possible ; elle est en quelque sorte
une adaptation journalière aux nécessités ;
une adéquation de l'absolu de» principe»
à la relativité de l'action.
Par conséquent, ce qu'il faut, c'est éta-
blir les principes qui commanderont notre
intervention dans la vie publique ; déter-
miner l'objectif de cotte action ; prévoir
les modalités principales, et en particu-
lier créer l'organisme dont la mission eera
de « mener la barque », avec maîtrise,
prudence et. fermeté, à travers les récifs
nombreux que nous rencontrerons.
UN PROGRAMME
Au lieu de laisser, pour ainsi dire, se
congestionner lee forces intellectuelles,
morales, sociales du pays, dans une lutte
âpre, entre partis, ne pourrait-on pas es-
sayer, par exemple, grâce à l'intervention
des Associations de combattants, de porter
l'ardeur des militants politiques, la flamme
des partisans, sur le terrain de la lutte
contre :
Les fléaux sociaux ;
Les périls nationaux ;
Le» dangers internationaux.
On s'est suffisamment haï, les peuples
ont assez connu de misère pour qu'on
s'efforce aujourd'hui, dans la Nation com-
me entre les Nations, de pacifier et d'unir,
au lieu d'exciter et de diviser ; pour qu'on
s'efforce de rendre la vie meilleure, moins
marâtre, par compensation à l'immenBe
misère commune, et communément sup-
portée, pour qu'on travaille, tenacement,
mais sagement à la fois, à éloigner, le
plus possible, l'effroyable réapparition du
spectre de la guerre.
ABDIQUER ?
Si nous n'avons pas l'âma impavide, la
volonté dressée comme un ressort d'acier,
l'esprit cuirassé d'une sainte indifférence,
ies reins ceints pour un effort qui ressem-
ble au combat, retirons-nous sous la
tente !
Revendiquons, à cor et à cris, notre dé-
mobilisation civique 1
Disons bien à tout le monde que nous
désirons simplement qu'on nous f... la
paix, et qu'à ce prix, nous laisserons tout
faire, que nous noue laisserons tondre,
enchaîner, ridiculiser même, que nous
n'aspirons qu'à rentrer dans la nuit, dans
l'oubli, dans le néant civique...
ÊTRE OU NE PAS ETRE
Ou bien, nous laisserons sans solution
ce problème de notre action civique et nous
signerons ainsi, par avance, un procès-
verbal de carence et de déchéance, qui
provoquerait la stupeur du Pays et la
nôtre même, à l'heure des consultations
électorales ;
Ou. au contraire, pratiquant avec sa-
gesse une politique à longues vues, noue
essaierons de déterminer quels devoirs
nous incombent au point de vue civique et
comment nous les remplirons l'an pro-
chain «n particulier.
L'UNION FEDERALE
©t mots
Camarades de l'Afrique du Nord
Si de tout temps l'Union. Fédérale a
compté die vaillants organisateurs en Al-
gérie, et défendu la cause de nos frères
d'armes de la. France d'outre-mer, il est
réconfortant de constater que le Congrès
de Marseille' a déjà donné, en ce qui con-
cerne nos affectueux rapports avec eux et
le succès de leurs revendications, quelques
fruits permettant de bien augurer des fu-
tures moissons.
■ * '
* *
Nul plus, que le Président de « Clermont
à Marseille » n'avait mesuré l'importance
des assises* inteiriédéTales organisées en
février 1923 par- l'Association de Constan-
tine.toujouoosi, si active. Et c'est avec un
profond! regret, un véritable crève-coeur
qu'il. avaiLt, dû confier au télégraphe le sa-
lut fraternel que ni lui, ni aucun des ad-
ministrateurs de l'U. F., rivés- au sol de
lajMétropole par des professions et des
devoirs absorbants, ne pouvaient porter
de vive voix à nos camarades de l'Afrique
du 'Nord. Aussi, est-ce à l'unartimité que.
le Conseil sortant de l'U. F. avait, le
1er avril, invité les délégués électeurs à
réserver au moins une place du nouveau
Conseil d'administration, à un de nos ca-
marades d'Algérie.
Notre appel n'ayant été entendu qu'in-
suffisamment, lie Présiident du Congrès ne
put proclamer statutairement élu notre
ami Lelouche à qui manquaient quelques
milliers de voiix à,peine. Cependant, les
sympathies évidentes de toute l'Assemblée
plénière se sont traduites par l'attribution
immédiate d'un poète consultatif spécial
aux côtés du Conseil, à celui qui incarne-
rait à nos yeux les intérêts spéciaux de
l'Afrique du Nord. Et le Conseil promit
d'étudier à brève échéance des mesures
complémentaires.
La parole donnée a été tenue sur
l'heure.
Nicolaï qui fut notre hôte à Marseille,
accepta, en sa double qualité de Président
de la Fédération des Bouches-.du-Rhône et
de membre du Conseil de l'U. F., la mis-
sion importante de porter la bonne parole
dans toute l'Algérie et de nouer des liens
plus étroits avec les Associations vivaces
qui y ont surgi de toute part. Il est parti
sur-le-champ et son voyage a duré près de
trois semaines. Quel souvenir réconfortant
il a gardé de l'accueil qui lui fut fait par-
tout, et quelles provisions de renseigne-
ments précieux il a rapportés de son
voyage, c'est ce qu'il a exprimé lui-même
au Conseil d'administration du 5 mai der-
nier, à la grande satisfaction de tous, et
répété dans un articllie, jailli du coeur,
paru dans La France Mutilée !
Il ne nous est pas moins agréable de
recueillir dans la correspondance avec les
Associations de l'Afrique du Nord et dans
les journaux si vivants parus depuis oc
voyage, l'assurance que le succès de la
mission Nicolaï a été complet. Tous ont
pu mesurer de plus près le sens et la por-
tée de notre action. Tous ont pu éprouver
combien l'U. F. réprouve la division des
mutilés, veuves et orphelins en plusieurs
zones, suivant la distance qui les sépare
de Paris. Aussi ce voyage est-il appelé à
avoir des répercussions durables et solides
sur Ja situation des victimes de la guerre
des deux bords de la Méditerranée, unies
lies unes aux autres par le souvenir des sa-
crifices soufferts ensemble dans le passé
et la volonté des actes de justice à réa-
liser dans l'avenir.:
' * s
* *
Voici maintenant quelques éléments
tangibïes pour le présent.
I. Tout d'abord, au point de vue de l'or-
ganisation du travail, le Conseil du 5 mai,
après avoir entendu le rapport de Nicolaï
et examiné de nouveau les statuts fédé-
raux, a décidé que le délégué d'Algérie,
désigné par le précédent Congrès de Mar- ,
sdilie, sera convoqué pour le 30 juin, date
du .prochain Conseil. Un représentant, que
se propose d'envoyer l'Association d'Alger
sera également convoqué pour cette date
et assistera, en outre, au Comité fédéral
du lendemain comme délégué départe-
mental. Celui-ci prendra au sujet des re-
vendications présentées, toutes les déci-
sions utiles.
D'autre pa.rt, le Conseil d'administra-
tion de l'Union in.terfédérale de l'Afrique
du Nord qui s'est réuni récemment, a reçu '
de Pichot le témoignage matériel de la
sympathie unanime de l'U. F. et une cor-
respondance active a commencé à s'échnn- .
gcr.
Des extraits de la presse des anciens
combattants de l'Afrique, du Noffld sont
par nos soins (insérés dans tes grands:
journaux. Enfin;, les Associations: algé^
rfennes non encore àdhéreatés à l'U. F.
ont demandé' à connaître ses statuts; son
journal et sa;'documentation, pour se
mieux pénétrer dé. l'esprit et de la doctrinie
déjà exposés verbalement par notre délé-
gué Nicolaï.
II. S'agit-il des revendications, très
nombreuses, hélas ! et aussi variées que
justifiées, des mesures ont. été prises par
l'U. F. ou déjà obtenues en ce qui con-
cerne les plus urgentes d'enitor'elles.
Il y a d'abord le retard scandaleux apr
porté par l'administration à Jaire parti-
ciper les Associations de victimes. de la
guerre aux élections concernant les Of-
fices de Pupilles de la Nation conformé-
ment à la'loti du 26 octobre 1922. De même,
que jadis pour l'article 64 et le crédit agri-
cole, la « Mer » (ne devrais-]* pas dire
l'Océan des paperasseries' administra-
tives ?) a réduit jusque ici nos camarades
de l'Afrique du Nord à n'être que des
spectateurs. Le 1er juillet, leurs Comités
départemientaux vont être irenouvelés et
aucune disposition n'a encore été prise
pouir que nos amis votent.
Conjuguant ses démarchies 1 avec celles
des intéressés auprès du Gouverneur d'Al-
g&rie; l'U. F. a énergiquement réclamé,
tant à l'Office national- des! Pupilles qu'au
Ministère de l'Intérieur, intermédiaire
obligé avec l'Algérie, la promulgation des
mesures administratives nécessaires. A
l'heure où ces lignes sont écrites, un haut
fonctionnaire quitte Paris, spécialement
pour régler ces questions sur place-. '
Ë y a aussi,1e maintien: de- Ja.mai^n .de,,,..
Koutoa. L'annonce que cellieka serait' pro- ! '
ch'ainemient fetnmée avait vivement ému
le Congrès de Marseille.. Aussi les repré-
sent arats de l'U. F. se sont-ils.employés, à
l'Office national des mutilés, pour que oe
Centre d'hébergement de Kouba reste défi-
nitivement la Maison des Invalides de
l'Afrique du Nord ! En huit jours, le(3
Commissions permanentes du Perfection-
nement et de VAdministration (dont j'ai
l'honneur de faire partie) ont pris des dé-
cisions fermes, et voté les crédits néces-
saires, pour que les mutilés de l'Afrique
du Nord ne souffrent pas des lacunes du
budget de l'Algérie ten ce qui concerne
(( l'assistance et la prévoyance sociales ».
Le danger du cumul de l'emploi de direc-
teur de Kouba avec un autre poste a été
spécialement dénoncé: et sera définitive-
ment écarté.
La question du statut du personnel des
Offices de Pupilles et ceil'le des emplois ré-
servés ont été mises à l'étude. De même
oeOle, très difficile, des Centres d'appa-
reillage.
Enfin, l'ordre du jour de protestation
voté au Congrès de Marseille, contre la
violation de l'article 73 de 'la loi du 31
mars 1919 résultant de la circulaire
n° 913 A. D. du 20 mars 1923, qui refusait
le bénéfice des majorations pour enfants
aux mutilés indigènes algériens, a été
suivi d'un effet presque immédiat.
La section des finances du Conseil
d'Etat saisie de la question, sur des con-
sidérants fortement motivés, émis l'avis
« que le bénéfice de l'article 13 instituant
les majorations annueltes pour enfants ne
saurait être refusé aux militaires visés par
l'article 73 de la loi du 31 mars 1919 ».
' * ->
* *
Si de tels résultats, gages des succès à
venir plus nécessaires encore, ont pu être
obtenus en si peu de temps, c'est, disons-le
sans fausse modestie, grâce, à la coordi-
nation des efforts cl à la suite, dans l'ac-
tion que seule peut réaliser une grande
organisation ayant des représentants ou
des ramifications dans tous les milieux où
se règlent les intérêts des victimes de la
guerre. Au moment où loin de consentir à
des réparations plus adéquates, certains
songent à saper les basés même du droit
k réparation reconnu solennellement, nul,
ne saurait demeurer indifférent. Nos
frères de, l'Afrique d\i Nord, à quelque mi-
lieu, race ou région à laquelle i(ls appar-
tiennent, doivent h l'union déjà réalisée
mtre cube d'apporter à la grande Coopéra-
tive de dévouement que nous avons fondée
voici cinq ans, la contribution de leur
nombre, do. leurs organisations et. de loin-
foi. « Un pour tous » doivent-ils dire. De
la Métropole nous leur crions chaleureu-
sement « Tous pour un » I Et ce sera notre
seule pan vie, car, n'est.-il pas vrai, les
netos comptent plus que les paroles.
René Cassin,
Président honoraire, do, VU. F.
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