Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
La prophétie d'Emmanuel,
Isaïe, VII, 13 ss.
La prophétie d'Emmanuel est sans nul doute l'une des plus importantes et des plus obscures de l'Ancien Testament. Depuis de longs siècles, exégètes et théologiens s'appliquent à résou- dre les graves difficultés qu'elle soulève, mais sans jamais par- venir à se mettre d'accord. Il serait trop long d'énumérer les essais d'interprétation qui ont été proposés dans les commen- taires et les revues. Un des meilleurs travaux, parus en ces der- nières années, est dû au R. P. Condamin. Dans son beau livre sur Isaïe, le docte professeur a traité la question qui nous occupe avec un soin tout particulier. Mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'ici, il a su dégager et mettre en relief la messianité de la célèbre prophétie.
Nous voudrions, à notre tour, reprendre l'étude de ce diffi- cile problème, complexe entre tous. Mais, pour ne pas sortir du cadre de la Revue, nous écarterons les discussions techni- ques et critiques; nous nous bornerons à faire connaître les conclusions de notre enquête, en indiquant brièvement, fût-ce par une simple note jetée au bas de la page, quelques-unes des raisons sur lesquelles elles s'appuient. Après avoir exposé les arguments qui établissent le sens messianique de l'oracle, nous nous efforcerons de déterminer la nature du signe donné par Isaïe à Achaz. Nous répondrons, en terminant, à une diffi- culté souvent répétée et qui vient naturellement à l'esprit : comment le prophète a-t-il pu représenter comme prochaine, voire même comme déjà réalisée, la naissance d'Emmanuel qui n'apparaîtra que sept siècles plus tard ?
Sens messianique de la prophétie.
Les circonstances dans lesquelles Isaïe prononça la prophétie d'Emmanuel sont bien connues. C'était au commencement du règne d'Achaz (735-734). Les rois de Damas et de Samarie avaient fait alliance et déclaré la guerre à Juda. Leur dessein était de détrôner Achaz, qui refusait d'entrer dans la coalition formée contre Assour. et de le remplacer par une de leurs créa- tures, le fils de Tabeel. Déjà, ils lui avaient infligé plusieurs
REVUE D'APOLOGÉTIQUE. — T. XI. — N° 122, — 15 OCTOBRE 1910. 6
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