Titre : Les Dimanches de la femme : supplément de la "Mode du jour"
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-09-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757532k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 13670 Nombre total de vues : 13670
Description : 22 septembre 1929 22 septembre 1929
Description : 1929/09/22 (A8,N394). 1929/09/22 (A8,N394).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55626936
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-66555
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
15 COEUP mUNN
BEAUTÉ ET NATURE
On me signale qu'un congrès de l'Association nationale
contre la tuberculose a eu lieu, voilà quelques semaines, à
New-York, et qu'on y a fait entendre une cloche d'alarme
dont le son, à plusieurs reprises, est déjà parvenu à nos
oreilles. Des statistiques que l'on ne peut mettre en doute,
et qui parlent avec cette brutalité décisive des chiffres, démon-
trent péremptoirement que la tuberculose des adolescents,
entre quatorze et dix-neuf ans, fait beaucoup plus de ravages
chez les filles. Quand un seul jeune homme tombe sous la
griffe de l'abominable et sournois fléau, deux jeunes filles
en sont les touchantes victimes.
Pourquoi cette énorme disproportion ? Les médecins
accusent expressément, comme cause première de cet état
de choses, ie stupide régime imposé par la préoccupation
de garder une ligne svelte, une silhouette de sylphide..
Je sais bien qu'on peut dire que, dans certains milieux
sociaux, la modération alimentaire semblerait déterminée plus
par la modicité des salaires que par un souci de coquetterie.
Les salaires de l'ouvrière et de l'employée ne leur per-
mettent pas souvent de mépriser une sage et prudente admi-
nistration de leurs dépenses. Je n en disconviens pas, mais
„ je suis bien obligée de reconnaître qu'il y a un grand pro-
grès, actuellement, sur le sort de 1 ouvrière de la génération
précédente, et sur celui de l'ouvrière d'il y a cent ans, au
temps fameux des ouvrières de modes et des grisettes, qui
nous apparaissent si gaies, si fraîches et si insouciantes à
travers les strophes des poètes.
« Une ouvrière en mode, écrivait un mémorialiste en
1827, est au travail avant neuf heures du matin, et ne le
quitte qu'à dix heures du soir ; elle fait deux repas par jour,
ou plutôt elle, est censée les faire. Dans les plus riches mai-
sons, on ne donne aux modistes que des légumes, rien que
des légumes ; sans doute on craint qu'une nourriture trop
abondante et les sucs nourriciers de la viande ne leur portent
au cerveau. Le vin, qu'elles n'aiment pas, ne leur est pré-
senté qu'après avoir été mis en rapport avec la fontaine, et
le dessert leur ferait perdre trop de temps. Des maux d'esto-
mac les tourmentent presque sans cesse de dix heures à
cinq heures du soir ; ce n'est qu'à force de morceaux de
sucre, et quelquefois après le dîner, avec le secours d une
demi-tasse de café partagée entre quatre, qu'elles se pro-
curent un moment de relâche. Aussi quel accueil font ces
pauvres recluses au cousin de province qui vient généreuse-
ment leur offrir, le dimanche ou un jour de fête, de les réga-
ler du polage à la julienne, du beefsteak, du fricandeau à
l'oseiile et de la classique omelette soufflée I »
Les ouvrières d'une très grande habileté, qui faisaient la
fortune d'une maison, recevaient des salaires qui parais-
saient exorbitants pour l'époque — on en citait qui étaient
payées annuellement jusqu'à mille écus — mais qui, pro-
portionnellement, restent fort inférieurs aux appointements
d'une première actuellement ou d'une modéliste, dune
vendeuse chez un grand couturier.
Le plus souvent, les salaires annuels oscillaient entre
trois cents et cinq cents francs.
Quelle différence, à cent ans de distance 1 Aujourd'hui,
les ouvrières ou vendeuses nourries par les grands magasins,
par les maisons de couture ou de modes, ont généralement
une chère très suffisante, copieuse, variée, et dont ne sont
point éliminés d'agréables desserts.
En 1830, une modiste restait penchée sur son travail jus-
<
qu'à dix heures du soir. Aujourd'hui, elle connaît la semaine
anglaise, la loi de huit heures, elle peut profiter de maintes -j
oeuvres de prévoyance, dont beaucoup sont malheureusement .
trop ignorées, comme la Caisse nationale des Retraites, mais
qui n'en existent pas moins. Enfin, les salaires sont très supé- 1
rieurs, et si la Mimi Pinson de Musset revenait parmi nous, d
elle ne serait pas au bout de ses étonnements.
Sans doute, il y a quand même des jeunes filles qui gagnent
trop peu pour s offrir une alimentation suffisante, et qui
ignorent qu'en certains restaurants féminins, ouverts à
toutes, comme celui de la rue de Ponthieu, on peut faire
un repas substantiel pour quatre francs, mais reconnaissons
que le plus souvent celles qui s'astreignent à un régime
de privations n'obéissent qu'à leur coquetterie et pourraient
manger à leur faim.
D'ailleurs le mal sévit dans toutes les classes de la société,
aussi bien dans la bourgeoisie opulente que chez la petite
ouvrière. Un léger embonpoint, cette plénitude harmonieuse
de formes que nous proposent les chefs-d'oeuvre de la sculp-
ture ou les tableaux des grands maîtres, et qui correspond
à la beauté vraie, est considérée comme une tare irrémédiable.
Que de jeunes êtres, qui fournissent. parfois un effort
laborieux assidu, qui travaillent dans des locaux où, fatale-
ment, on respire un air vicié, se condamnent volontairement,
au moment où le corps se forme, où l'on a le plus besoin
d'un régime fortifiant, à un jeûne débilitant; cela passe
l'entendement, quand on y réfléchit, et semble une chose
impossible. Cela est, cependant,et aboutit à ce beau résultat:
chez les jeunes filles, la tuberculose fait deux fois plus de
ravages que chez les jeunes gens.
De telles pratiques n'existent que dans les grandes villes,
et en particulier à Paris. En province, on apprécie toujours
la belle fille épanouie et saine, qui pourra donner de beaux
enfants à son époux.
Certes, toutes les affamées volontaires ne deviennent pas
tuberculeuses. Mais presque toutes compromettent leur
santé et ruineront leur beauté. Dix années, quinze années
plus tard, les fanatiques de la ligne, maigres, sans couleurs,
sans charme se seront préparé une mélancolique déchéance
physique. Et leur mari regardera à la dérobée les jeunes
personnes aux lèvres roses et aux joues fraîches, qui n'im-
posent pas d'épreuve à leur appétit;
Sans compter qu'il est démontré — c'est Brillât-Savarin
qui parle, lui qui avait étudié la médecine et dont les concep-
tions devancent bien souvent les découvertes actuelles —
qu'un régime délicat, soigné, où l'on use sans abuser,
« repousse longtemps et. bien loin les apparences extérieures
de la vieillesse ». Sans compter qu'un mouvement se dessine
indéniablement et que les sportifs d'aujourd'hui, vigoureux
et normalement alimentés, hésitent à épouser les fragiles
statuettes que sont trop souvent les jeunes filles actuelles.
Les hommes protestent et commencent à se fâcher. Ils récla-
ment des épouses qui deviennent de vaillantes mamans.
Jeunes martyres de la ligne, entendez mon adjuration !
Croyez-moi, la beauté réelle est dans la nature ; la nature
nous a pourvues de formes que nous n'avons pas le droit
d'escamoter, et elle punit sévèrement celles qui commettent
cet outrage. Et puisque l'amour, enfin, est le seul maître
que l'on écoute, consentez à rester belles selon la nature,
si vous voulez être aimées et garder votre amour.
MARTINE:
LA LETTRE
à la petite soeur en vacances.
Oh ! comme ton départ a changé toutes choses !
Plus rien ne rit dans l'air, on dirait que nos roses
Pleurent de ne plus voir passer ton chapeau blanc.
Et j'ai peur d'être seule et je vais en tremblant
Dans ta chambre où le lit garde ses deux rideaux
Non chiffonnés le soir. Eteints, les deux flambeaux
Me regardent venir. Ils regrettent la flamme
Qui veillait chaque nuit près de toi, ma chère âme.
Tes robes du matin, la rose et puis la verte..
Sont mortes dans leur pose à force d'être ouvertes.
Et tes souliers ont l'air d'être dans leur velours
Deux petits pieds défunts effacés sans retour.
Tout me chasse d'ici !... Je vais dans le jardin
Et dans les matins frais je vois passer le train.
Il semble l'entraîner encor, ma bien-aimee
Ravi de l'emporter, d'une rose fumée.
Vers cet endroit léger qu'on appelle vacances
Et qui met la maison dans un mortel silence.
Je l'écris pour te dire, enfant, que les raisins
Sont dorés sous la treille et j'ai, près des fusains,
Retrouvé ion collier perdu. Raconte-moi
Tout ce que l'on le dit cl tout ce que lu vois,
Si lu mets ton manteau pour regarder la lune r
Si l'air de ce pays rend ta peau fraîche brune ?
Tiï peux rester encor... J'ai pris cette habitude
De l'évoquer si bien en pleine solitude ?...
Elisa, la pauvresse, a frappé ce matin
A la porte en disant sa misère et sa faim.
: J'ai fait donner du pain, des fruits et des légumes.
i Mais tout en acceptant, elle dit l'amertume
j De ne plus te revoir car dans ta charité
^ Il y avait le don serein de la beauté.
j Elle m'a répété ce que Ut savais dire,
Tous les mots consolants suivis de ton sourire :
:, ■ o Quand elle entre chez moi, dans mon pauvre taudis,
e « C'est le bon Dieu qui marche et fout ce qu'elle dit
e
" « Me force à relever mon vieux visage éteint
« El je crois au repos en regardant son teint... »
Elle m'a dit encor, je crois, mille folies.
,_ Les pauvres, ma chérie, ont leurs mélancolies !
n' Tu peux rester encor... Je vois à ta fenêtre
;e Ton serin immobile et soucieux peut-être.
îe On dit... que d'un chagrin un oiseau peut mourir.
l' Alors... ma chère enfant, si tu pouvais venir?
MARGUERITE VIGIER.
s.
BEAUTÉ ET NATURE
On me signale qu'un congrès de l'Association nationale
contre la tuberculose a eu lieu, voilà quelques semaines, à
New-York, et qu'on y a fait entendre une cloche d'alarme
dont le son, à plusieurs reprises, est déjà parvenu à nos
oreilles. Des statistiques que l'on ne peut mettre en doute,
et qui parlent avec cette brutalité décisive des chiffres, démon-
trent péremptoirement que la tuberculose des adolescents,
entre quatorze et dix-neuf ans, fait beaucoup plus de ravages
chez les filles. Quand un seul jeune homme tombe sous la
griffe de l'abominable et sournois fléau, deux jeunes filles
en sont les touchantes victimes.
Pourquoi cette énorme disproportion ? Les médecins
accusent expressément, comme cause première de cet état
de choses, ie stupide régime imposé par la préoccupation
de garder une ligne svelte, une silhouette de sylphide..
Je sais bien qu'on peut dire que, dans certains milieux
sociaux, la modération alimentaire semblerait déterminée plus
par la modicité des salaires que par un souci de coquetterie.
Les salaires de l'ouvrière et de l'employée ne leur per-
mettent pas souvent de mépriser une sage et prudente admi-
nistration de leurs dépenses. Je n en disconviens pas, mais
„ je suis bien obligée de reconnaître qu'il y a un grand pro-
grès, actuellement, sur le sort de 1 ouvrière de la génération
précédente, et sur celui de l'ouvrière d'il y a cent ans, au
temps fameux des ouvrières de modes et des grisettes, qui
nous apparaissent si gaies, si fraîches et si insouciantes à
travers les strophes des poètes.
« Une ouvrière en mode, écrivait un mémorialiste en
1827, est au travail avant neuf heures du matin, et ne le
quitte qu'à dix heures du soir ; elle fait deux repas par jour,
ou plutôt elle, est censée les faire. Dans les plus riches mai-
sons, on ne donne aux modistes que des légumes, rien que
des légumes ; sans doute on craint qu'une nourriture trop
abondante et les sucs nourriciers de la viande ne leur portent
au cerveau. Le vin, qu'elles n'aiment pas, ne leur est pré-
senté qu'après avoir été mis en rapport avec la fontaine, et
le dessert leur ferait perdre trop de temps. Des maux d'esto-
mac les tourmentent presque sans cesse de dix heures à
cinq heures du soir ; ce n'est qu'à force de morceaux de
sucre, et quelquefois après le dîner, avec le secours d une
demi-tasse de café partagée entre quatre, qu'elles se pro-
curent un moment de relâche. Aussi quel accueil font ces
pauvres recluses au cousin de province qui vient généreuse-
ment leur offrir, le dimanche ou un jour de fête, de les réga-
ler du polage à la julienne, du beefsteak, du fricandeau à
l'oseiile et de la classique omelette soufflée I »
Les ouvrières d'une très grande habileté, qui faisaient la
fortune d'une maison, recevaient des salaires qui parais-
saient exorbitants pour l'époque — on en citait qui étaient
payées annuellement jusqu'à mille écus — mais qui, pro-
portionnellement, restent fort inférieurs aux appointements
d'une première actuellement ou d'une modéliste, dune
vendeuse chez un grand couturier.
Le plus souvent, les salaires annuels oscillaient entre
trois cents et cinq cents francs.
Quelle différence, à cent ans de distance 1 Aujourd'hui,
les ouvrières ou vendeuses nourries par les grands magasins,
par les maisons de couture ou de modes, ont généralement
une chère très suffisante, copieuse, variée, et dont ne sont
point éliminés d'agréables desserts.
En 1830, une modiste restait penchée sur son travail jus-
<
qu'à dix heures du soir. Aujourd'hui, elle connaît la semaine
anglaise, la loi de huit heures, elle peut profiter de maintes -j
oeuvres de prévoyance, dont beaucoup sont malheureusement .
trop ignorées, comme la Caisse nationale des Retraites, mais
qui n'en existent pas moins. Enfin, les salaires sont très supé- 1
rieurs, et si la Mimi Pinson de Musset revenait parmi nous, d
elle ne serait pas au bout de ses étonnements.
Sans doute, il y a quand même des jeunes filles qui gagnent
trop peu pour s offrir une alimentation suffisante, et qui
ignorent qu'en certains restaurants féminins, ouverts à
toutes, comme celui de la rue de Ponthieu, on peut faire
un repas substantiel pour quatre francs, mais reconnaissons
que le plus souvent celles qui s'astreignent à un régime
de privations n'obéissent qu'à leur coquetterie et pourraient
manger à leur faim.
D'ailleurs le mal sévit dans toutes les classes de la société,
aussi bien dans la bourgeoisie opulente que chez la petite
ouvrière. Un léger embonpoint, cette plénitude harmonieuse
de formes que nous proposent les chefs-d'oeuvre de la sculp-
ture ou les tableaux des grands maîtres, et qui correspond
à la beauté vraie, est considérée comme une tare irrémédiable.
Que de jeunes êtres, qui fournissent. parfois un effort
laborieux assidu, qui travaillent dans des locaux où, fatale-
ment, on respire un air vicié, se condamnent volontairement,
au moment où le corps se forme, où l'on a le plus besoin
d'un régime fortifiant, à un jeûne débilitant; cela passe
l'entendement, quand on y réfléchit, et semble une chose
impossible. Cela est, cependant,et aboutit à ce beau résultat:
chez les jeunes filles, la tuberculose fait deux fois plus de
ravages que chez les jeunes gens.
De telles pratiques n'existent que dans les grandes villes,
et en particulier à Paris. En province, on apprécie toujours
la belle fille épanouie et saine, qui pourra donner de beaux
enfants à son époux.
Certes, toutes les affamées volontaires ne deviennent pas
tuberculeuses. Mais presque toutes compromettent leur
santé et ruineront leur beauté. Dix années, quinze années
plus tard, les fanatiques de la ligne, maigres, sans couleurs,
sans charme se seront préparé une mélancolique déchéance
physique. Et leur mari regardera à la dérobée les jeunes
personnes aux lèvres roses et aux joues fraîches, qui n'im-
posent pas d'épreuve à leur appétit;
Sans compter qu'il est démontré — c'est Brillât-Savarin
qui parle, lui qui avait étudié la médecine et dont les concep-
tions devancent bien souvent les découvertes actuelles —
qu'un régime délicat, soigné, où l'on use sans abuser,
« repousse longtemps et. bien loin les apparences extérieures
de la vieillesse ». Sans compter qu'un mouvement se dessine
indéniablement et que les sportifs d'aujourd'hui, vigoureux
et normalement alimentés, hésitent à épouser les fragiles
statuettes que sont trop souvent les jeunes filles actuelles.
Les hommes protestent et commencent à se fâcher. Ils récla-
ment des épouses qui deviennent de vaillantes mamans.
Jeunes martyres de la ligne, entendez mon adjuration !
Croyez-moi, la beauté réelle est dans la nature ; la nature
nous a pourvues de formes que nous n'avons pas le droit
d'escamoter, et elle punit sévèrement celles qui commettent
cet outrage. Et puisque l'amour, enfin, est le seul maître
que l'on écoute, consentez à rester belles selon la nature,
si vous voulez être aimées et garder votre amour.
MARTINE:
LA LETTRE
à la petite soeur en vacances.
Oh ! comme ton départ a changé toutes choses !
Plus rien ne rit dans l'air, on dirait que nos roses
Pleurent de ne plus voir passer ton chapeau blanc.
Et j'ai peur d'être seule et je vais en tremblant
Dans ta chambre où le lit garde ses deux rideaux
Non chiffonnés le soir. Eteints, les deux flambeaux
Me regardent venir. Ils regrettent la flamme
Qui veillait chaque nuit près de toi, ma chère âme.
Tes robes du matin, la rose et puis la verte..
Sont mortes dans leur pose à force d'être ouvertes.
Et tes souliers ont l'air d'être dans leur velours
Deux petits pieds défunts effacés sans retour.
Tout me chasse d'ici !... Je vais dans le jardin
Et dans les matins frais je vois passer le train.
Il semble l'entraîner encor, ma bien-aimee
Ravi de l'emporter, d'une rose fumée.
Vers cet endroit léger qu'on appelle vacances
Et qui met la maison dans un mortel silence.
Je l'écris pour te dire, enfant, que les raisins
Sont dorés sous la treille et j'ai, près des fusains,
Retrouvé ion collier perdu. Raconte-moi
Tout ce que l'on le dit cl tout ce que lu vois,
Si lu mets ton manteau pour regarder la lune r
Si l'air de ce pays rend ta peau fraîche brune ?
Tiï peux rester encor... J'ai pris cette habitude
De l'évoquer si bien en pleine solitude ?...
Elisa, la pauvresse, a frappé ce matin
A la porte en disant sa misère et sa faim.
: J'ai fait donner du pain, des fruits et des légumes.
i Mais tout en acceptant, elle dit l'amertume
j De ne plus te revoir car dans ta charité
^ Il y avait le don serein de la beauté.
j Elle m'a répété ce que Ut savais dire,
Tous les mots consolants suivis de ton sourire :
:, ■ o Quand elle entre chez moi, dans mon pauvre taudis,
e « C'est le bon Dieu qui marche et fout ce qu'elle dit
e
" « Me force à relever mon vieux visage éteint
« El je crois au repos en regardant son teint... »
Elle m'a dit encor, je crois, mille folies.
,_ Les pauvres, ma chérie, ont leurs mélancolies !
n' Tu peux rester encor... Je vois à ta fenêtre
;e Ton serin immobile et soucieux peut-être.
îe On dit... que d'un chagrin un oiseau peut mourir.
l' Alors... ma chère enfant, si tu pouvais venir?
MARGUERITE VIGIER.
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