Titre : Le Capitaliste : journal de la banque parisienne
Éditeur : [s. n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-01-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32737285x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 18253 Nombre total de vues : 18253
Description : 13 janvier 1910 13 janvier 1910
Description : 1910/01/13 (A33,N2). 1910/01/13 (A33,N2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5533957v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157161
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
TRENTE-TROISIEME ANNEE. — N° 2.
La NUMERO : 50 Centimes.
13 JANVIER 1910.
LA SITUATION
La Banque d'Angleterre a réduit de 4 et
demi pour cent à 4 pour cent le taux de son
escompte.
La Bourse en a été ravie.
Elle a vu dans ce fait la preuve d'une situa-
tion générale améliorée.
En outre, le mois de janvier passe, avec le
mois de juillet, pour la période des larges
paiements de coupons. Donc, probabilité
d'achats plus importants au comptant.
Les valeurs mobilières se sont multipliées
tellement que ces deux mois de janvier et de
juillet ne sont plus aussi favorisés qu'ils
l'étaient jadis, il y a quarante ou cinquante
ans. Les coupons sont devenus innombrables.
Il s'en détache à toute époque. Mais l'obser-
vation ancienne a chance d'être demeurée
exacte.
En tout cas, la part faite aux dépenses excep-
tionnelles que les étrennes entraînent, un solde
important doit subsister. Le remploi en est
logique. Et la spéculation qui en tient compte
est parfaitement dans son rôle et dans son
droit.
Un autre élément de satisfaction ne saurait
être omis : la publication officielle des résul-
tats de la perception des impôts pendant l'an-
née 1909.
Les plus-values réalisées sont considérables.
Par rapport aux rentrées correspondantes
de l'année 1908, elles ressorlent à 147 millions.
Et, relativement aux prévisions budgétai-
res, elles sont de 111 millions et demi.
Il vaudrait mieux, certes, que ce fût l'in-
verse, et que les 147 millions vinssent amé-
liorer la situation du budget. Mais c'est déjà
beaucoup, avec l'habitude des majorations de
recettes, qu'il reste 111 millions et demi pour
atténuer le déficit de l'exercice 1909.
On en est venu là, en effet ; des plus-values
véritablement énormes servent seulement à
restreindre le déficit.
Les derniers budgets, dressés par M. Gail-
laux et votés par les Chambres, ont si impru-
demment omis de faire face aux besoins des
services, les dépenses ont été si insuffisam-
ment annoncées, et l'emprunt s'est vu si bien
installé dans le budget, que, malgré la rentrée
brillante des revenus publics, le déficit per-
siste.
Aussi la tâche budgétaire qui incombe
aujourd'hui au gouvernement et aux Cham-
bres est-elle terriblement difficile.
Les vacances parlementaires ont pris fin :
conformément aux prescriptions des lois cons-
titutionnelles, les Chambres ont ouvert leur
session.
On se demande comment elles viendront à
bout de leur besogne.
Les pouvoirs de la Chambre actuelle expi-
rant le 31 mai 1910, et les élections législati-
ves devant avoir lieu dans les soixante jours
qui précèdent l'expiration de la législature, on
s'attend à ce que le premier tour de scrutin
soit fixé au 8 mai, et le second, au 22 mai.
D'ici au 8 mai, que pourra faire la Cham-
bre ?
La discussion du budget de 1910 reste en
grande partie à entreprendre, car de très gros
budgets de dépenses n'ont même pas été
abordés : restent ainsi en souffrance l'instruc-
tion publique, les beaux-arts, les travaux
publics, les chemins de fer de l'Etat, les postes
et télégraphes, les colonies, la guerre et la
marine.
Or, sur la plupart de ces budgets, des
débats fort longs sont vraisemblables. Des
interpellations sont liées à plusieurs d'entre
eux. La Chambre juge commode, quand sur-
vient une interpellation, de s'en débarrasser
sur le moment, en la renvoyant au budget qui
semble la concerner. Méthode détestable !
C'est reculer pour mieux sauter.
Quand la Chambre aura franchi cette
étape, elle aura à discuter et à voter toute la
loi de finances. Or, ce n'est pas une petite
affaire.
Il s'agit de savoir quels impôts nouveaux
seront acceptés.
M. Georges Cochery a déclaré qu'il veut un
budget sincère, dont toutes les dépenses
soient couvertes au moyen de revenus régu-
liers. Le ministre des finances a proposé, en
conséquences, et la commission du budget a
admis pour 200 millions environ de recettes
supplémentaires nouvelles.
Que décidera la Chambre ?
Peut-être, sans prétendre en rien à un don
de seconde vue, le pourrait-on dire dès main-
tenant : l'emprunt continuera d'être la res-
source suprême.
La Chambre frappera, d'un coeur léger, tout
ce qui est richesse acquise, les fortunes, les
successions. Mais elle s'en remettra à l'em-
prunt, pour le reste.
Ce pourrait être, à la rigueur, le travail de
quelques heures.
Mais ce serait de mauvais travait, trahissant
un dédain souverain des intérêts du pays.
Pour la forme, l'éloquence coulera à flots.
Vers quelle date le Sénat recevra-t-il la loi
de finances, et pourra-til la discuter à son
tour ?
Pauvre Sénat !
Chaque année, il se plaint du mépris où le
tient la Chambre. Chaque année, il accuse des
velléités de révolte. Il s'indigne ; ses orateurs
les plus éminents déclarent intolérable la vio-
lation manifeste de la Constitution : au lieu
de deux Chambres, une seule n'existe-t-elle
pas, en fait? Une seule ne s'arroge-t-elle pas
le pouvoir de voter l'impôt? Le Sénat a-t-il
autre chose qu'une existence nominale ?
C'est, chaque année, le même antienne.
Et, toujours, la Haute-Assemblée s'incline.
Il en sera de même, cette fois.
Mais après combien de douzièmes provi-
soires?
Trois ou quatre.
Autant dire que la France s'éloigne de
cette précision budgétaire qui fit, autrefois,
son orgueil.
Pour comble d'infortune, Pâques tombe,
cette année, le 27 mars, ce qui met au 4 avril
l'ouverture de la session des conseils géné-
raux.
Par suite, la Chambre voudra partir, au
plus tard, la veille de Pâques, le 26 mars.
Dans deux mois et demi.
Mais cette éventualité même n'a rien de
désagréable pour la Bourse.
Point de session, point de lois nouvelles.
Au moins, pendant ce temps, la paix du tra-
vail jouit d'une sécurité relative. Les inven-
tions législatives chôment.
On estime que le Sénat emploiera ses pro-
chaines séances à tâcher de mettre sur pied,
tant bien que mal, une loi sur les retraites
obligatoires. Il s'y applique depuis une année
entière.
En quelle aventure l'a jeté, — et, avec lui,
le pays entier, — la volte-face lamentable de
la commission sénatoriale des retraites !
A l'heure où les pouvoirs publics sont à la
La NUMERO : 50 Centimes.
13 JANVIER 1910.
LA SITUATION
La Banque d'Angleterre a réduit de 4 et
demi pour cent à 4 pour cent le taux de son
escompte.
La Bourse en a été ravie.
Elle a vu dans ce fait la preuve d'une situa-
tion générale améliorée.
En outre, le mois de janvier passe, avec le
mois de juillet, pour la période des larges
paiements de coupons. Donc, probabilité
d'achats plus importants au comptant.
Les valeurs mobilières se sont multipliées
tellement que ces deux mois de janvier et de
juillet ne sont plus aussi favorisés qu'ils
l'étaient jadis, il y a quarante ou cinquante
ans. Les coupons sont devenus innombrables.
Il s'en détache à toute époque. Mais l'obser-
vation ancienne a chance d'être demeurée
exacte.
En tout cas, la part faite aux dépenses excep-
tionnelles que les étrennes entraînent, un solde
important doit subsister. Le remploi en est
logique. Et la spéculation qui en tient compte
est parfaitement dans son rôle et dans son
droit.
Un autre élément de satisfaction ne saurait
être omis : la publication officielle des résul-
tats de la perception des impôts pendant l'an-
née 1909.
Les plus-values réalisées sont considérables.
Par rapport aux rentrées correspondantes
de l'année 1908, elles ressorlent à 147 millions.
Et, relativement aux prévisions budgétai-
res, elles sont de 111 millions et demi.
Il vaudrait mieux, certes, que ce fût l'in-
verse, et que les 147 millions vinssent amé-
liorer la situation du budget. Mais c'est déjà
beaucoup, avec l'habitude des majorations de
recettes, qu'il reste 111 millions et demi pour
atténuer le déficit de l'exercice 1909.
On en est venu là, en effet ; des plus-values
véritablement énormes servent seulement à
restreindre le déficit.
Les derniers budgets, dressés par M. Gail-
laux et votés par les Chambres, ont si impru-
demment omis de faire face aux besoins des
services, les dépenses ont été si insuffisam-
ment annoncées, et l'emprunt s'est vu si bien
installé dans le budget, que, malgré la rentrée
brillante des revenus publics, le déficit per-
siste.
Aussi la tâche budgétaire qui incombe
aujourd'hui au gouvernement et aux Cham-
bres est-elle terriblement difficile.
Les vacances parlementaires ont pris fin :
conformément aux prescriptions des lois cons-
titutionnelles, les Chambres ont ouvert leur
session.
On se demande comment elles viendront à
bout de leur besogne.
Les pouvoirs de la Chambre actuelle expi-
rant le 31 mai 1910, et les élections législati-
ves devant avoir lieu dans les soixante jours
qui précèdent l'expiration de la législature, on
s'attend à ce que le premier tour de scrutin
soit fixé au 8 mai, et le second, au 22 mai.
D'ici au 8 mai, que pourra faire la Cham-
bre ?
La discussion du budget de 1910 reste en
grande partie à entreprendre, car de très gros
budgets de dépenses n'ont même pas été
abordés : restent ainsi en souffrance l'instruc-
tion publique, les beaux-arts, les travaux
publics, les chemins de fer de l'Etat, les postes
et télégraphes, les colonies, la guerre et la
marine.
Or, sur la plupart de ces budgets, des
débats fort longs sont vraisemblables. Des
interpellations sont liées à plusieurs d'entre
eux. La Chambre juge commode, quand sur-
vient une interpellation, de s'en débarrasser
sur le moment, en la renvoyant au budget qui
semble la concerner. Méthode détestable !
C'est reculer pour mieux sauter.
Quand la Chambre aura franchi cette
étape, elle aura à discuter et à voter toute la
loi de finances. Or, ce n'est pas une petite
affaire.
Il s'agit de savoir quels impôts nouveaux
seront acceptés.
M. Georges Cochery a déclaré qu'il veut un
budget sincère, dont toutes les dépenses
soient couvertes au moyen de revenus régu-
liers. Le ministre des finances a proposé, en
conséquences, et la commission du budget a
admis pour 200 millions environ de recettes
supplémentaires nouvelles.
Que décidera la Chambre ?
Peut-être, sans prétendre en rien à un don
de seconde vue, le pourrait-on dire dès main-
tenant : l'emprunt continuera d'être la res-
source suprême.
La Chambre frappera, d'un coeur léger, tout
ce qui est richesse acquise, les fortunes, les
successions. Mais elle s'en remettra à l'em-
prunt, pour le reste.
Ce pourrait être, à la rigueur, le travail de
quelques heures.
Mais ce serait de mauvais travait, trahissant
un dédain souverain des intérêts du pays.
Pour la forme, l'éloquence coulera à flots.
Vers quelle date le Sénat recevra-t-il la loi
de finances, et pourra-til la discuter à son
tour ?
Pauvre Sénat !
Chaque année, il se plaint du mépris où le
tient la Chambre. Chaque année, il accuse des
velléités de révolte. Il s'indigne ; ses orateurs
les plus éminents déclarent intolérable la vio-
lation manifeste de la Constitution : au lieu
de deux Chambres, une seule n'existe-t-elle
pas, en fait? Une seule ne s'arroge-t-elle pas
le pouvoir de voter l'impôt? Le Sénat a-t-il
autre chose qu'une existence nominale ?
C'est, chaque année, le même antienne.
Et, toujours, la Haute-Assemblée s'incline.
Il en sera de même, cette fois.
Mais après combien de douzièmes provi-
soires?
Trois ou quatre.
Autant dire que la France s'éloigne de
cette précision budgétaire qui fit, autrefois,
son orgueil.
Pour comble d'infortune, Pâques tombe,
cette année, le 27 mars, ce qui met au 4 avril
l'ouverture de la session des conseils géné-
raux.
Par suite, la Chambre voudra partir, au
plus tard, la veille de Pâques, le 26 mars.
Dans deux mois et demi.
Mais cette éventualité même n'a rien de
désagréable pour la Bourse.
Point de session, point de lois nouvelles.
Au moins, pendant ce temps, la paix du tra-
vail jouit d'une sécurité relative. Les inven-
tions législatives chôment.
On estime que le Sénat emploiera ses pro-
chaines séances à tâcher de mettre sur pied,
tant bien que mal, une loi sur les retraites
obligatoires. Il s'y applique depuis une année
entière.
En quelle aventure l'a jeté, — et, avec lui,
le pays entier, — la volte-face lamentable de
la commission sénatoriale des retraites !
A l'heure où les pouvoirs publics sont à la
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