Titre : Le Capitaliste : journal de la banque parisienne
Éditeur : [s. n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-10-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32737285x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 18253 Nombre total de vues : 18253
Description : 09 octobre 1913 09 octobre 1913
Description : 1913/10/09 (A36,N41). 1913/10/09 (A36,N41).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5533830v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157161
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
TRENTE-SIXIEME ANNEE. — N° 41.
LE NUMÉRO : 50 Centimes.
9 OCTOBRE 1913,
LA SITUATION
Faut-il encore parler de la politique
étrangère ?
On ne pourrait que tomber dans des
redites.
Et c'est bien ce qui fait le malheur de la
Bourse.
Elle voit s'éterniser des questions qu'elle
s'était flattée de trouver résolues des cet
automne. D'une guerre, on passe à une
deuxième ; d'une deuxième, on semble
aller à une troisième ; et l'on se demande
quelles conflagrations n'amènerait pas
celle-ci.
Ne dit-on pas que les grandes puissan-
ces auraient l'intention d'intervenir, cette
fois, pour assurer l'autonomie de l'Albanie
et le respect de quelques-unes de leurs dé-
cisions antérieures.
Voilà de l'amour-propre bien mal placé.
Pourquoi le maintien de ces résolutions
plutôt que celui de telles ou telles autres ?
L'Europe est allée de déconvenues en
déconvenues. C'est un régime comme un
autre. L'opinion s'y fait. Mais si elle ren-
contre une Europe moins disposée à s'in-
cliner devant le fait accompli, elle subira
forcément de nouvelles crises d'inquiétude,
tant le concert européen est fait d'harmo-
nies discordantes.
Faut-il considérer comme un symptôme
satisfaisant l'article officieux que la Gazette
de Cologne a consacré aux relations de la
France et de l'Allemagne ? « Le fond en
est parfait, comme la forme, a écrit le
Temps, et digne de ce que doivent être, en
temps de paix, les rapports de deux nobles
peuples que l'Histoire a séparés. »
Appréciation exacte. Eloge mérité. Seu
lement, le Temps ajoute :
« ...Les deux pays ont.consenti des sa-
crifices. La France a limité sa volonté de
reprise au terrain politique. L'Allemagne
a limité sa volonté de conservation à l'ordre
territorial. La France est toujours mutilée.
Mais l'Allemagne n'est plus maîtresse de
l'Europe.
» Les Français n'ont pas regagné tout
ce que les Allemands leur ont pris. Les Al-
lemands n'ont pas conservé tout ce que
nous avons perdu. Ils gardent toujours nos
deux provinces. Mais ils ont cessé de ré-
genter l'Europe : et l'équilibre reconstitué
en face d'eux, les groupements formés sans
eux depuis 1891 les obligent à le constater.
» Bref, nous n'avons pas vidé notre que-
relle à fond par le fer et par le feu. Mais
au sein de la paix, nos positions respecti-
ves se sont profondément, modifiées et cette
modification est assez sensible pour que
nous nous trouvions face à face en posture
d'égalité, capables par conséquent, tout en
réservant l'avenir, de traiter dans le pré-
sent de pair à pair... »
Et ces réflexions aussi paraissent assez
justes.
Mais ce sont celles, peut-être, qui peu-
vent être le plus désagréables à l'Alle-
magne.
Si elles sont prises en bonne part, on
devra s'en féliciter.
Il y aurait à tenir compte, d'ailleurs, de
la recrudescence d'influence que la guerre
des Balkans a value à l'Allemagne. A quoi
bon se payer de mots ? Jamais la Turquie
ne se tourna davantage vers Berlin. La
Serbie se rapproche de l'Autriche. La Rou-
manie, arbitre de la situation, se rejette —
ou est rejetée — vers l'Allemagne.
La Roumanie avait négocié un emprunt
en. France.
Un emprunt étranger en France ! Tous
les politiciens se sont émus.
Le ministre des affaires étrangères et le
ministre des finances ont reçu d'un député
une belle lettre les avisant que, dès la ren-
trée, ils seraient interpellés « sur les em-
prunts balkaniques annoncés en France,
leur opportunité, les conditions dans les-
quelles ils seront émis, et leurs conséquen-
ces au point de vue commercial, industriel
et financier ».
Alors, les établissements financiers qui
s'apprêtaient à ouvrir leurs guichets ont
été invités à n'en rien faire.
La Roumanie s'est retournée vers le
marché allemand.
Cette façon de s'attirer les sympathies
des nations en quête de capitaux ferait,
assurément, la joie de M.. Bornais. On l'en-
tend : — « Ne faut-il pas garder en France
les capitaux français?... Interdire le drai-
nage de l'or français ?... Le réserver pour
les seuls amis de la France ?... »
Mais le marché français se rétrécit cha-
que jour. Les places étrangères se voient
fortifiées. Et les souscripteurs, s'ils trou-
vent avantageuses les nouvelles valeurs, les
achèteront au dehors, tout bonnement, au
lieu de concentrer leurs opérations sur le
marché français.
La Banque d'Angleterre a élevé à 5 %
le taux de son escompte. Elle n'a pas cou-
tume d'agir à la légère. Elle avertit d'un
renchérissement de l'argent.
La Banque de France sera-t-elle obligée
de modifier à son tour les conditions de
son crédit ? Quelques-uns le croient.
Le dernier bilan, arrêté au 2 octobre,
laisse beaucoup à désirer.
Il accuse un portefeuille commercial en
augmentation de 256 millions et demi, par
rapport au bilan correspondant de la se-
maine précédente.
Simultanément, les avances sur titres se
sont accrues de 18 millions.
Voilà ces avances parvenues à 738 mil-
lions, et le portefeuille commercial porté
à 1.650 millions.
Le total de ces crédits n'est pas moindre
de 2 milliards 388 millions.
Il a fallu que la Banque de France enflât
de 220 millions et demi la circulation de
ses billets. L'encaisse a varié à peine
(2 millions et demi de rentrées au profit de
l'encaisse en argent).
De sorte que, au 2 octobre, la circulation
fiduciaire était de 5 milliards 740 millions,
contre une encaisse en or de 3 milliards
460 millions seulement.
Les billets en cours dépassaient donc de
2 milliards 280 millions l'encaisse en or.
Evidemment, il serait excessif de pous-
ser un, cri d'alarme ; néanmoins, l'opinion
publique aurait tort de se désintéresser
d'une telle situation.
Comme les besoins de fin. d'année ne se
sont pas encore fait sentir, on se rend
compte des difficultés qui pourraient naî-
tre si, dès maintenant, la Banque de
France ne veillait pas rigoureusement à
empêcher toute inflation nouvelle.
Un relèvement du taux des avances sur
titres serait tout indiqué.
LE NUMÉRO : 50 Centimes.
9 OCTOBRE 1913,
LA SITUATION
Faut-il encore parler de la politique
étrangère ?
On ne pourrait que tomber dans des
redites.
Et c'est bien ce qui fait le malheur de la
Bourse.
Elle voit s'éterniser des questions qu'elle
s'était flattée de trouver résolues des cet
automne. D'une guerre, on passe à une
deuxième ; d'une deuxième, on semble
aller à une troisième ; et l'on se demande
quelles conflagrations n'amènerait pas
celle-ci.
Ne dit-on pas que les grandes puissan-
ces auraient l'intention d'intervenir, cette
fois, pour assurer l'autonomie de l'Albanie
et le respect de quelques-unes de leurs dé-
cisions antérieures.
Voilà de l'amour-propre bien mal placé.
Pourquoi le maintien de ces résolutions
plutôt que celui de telles ou telles autres ?
L'Europe est allée de déconvenues en
déconvenues. C'est un régime comme un
autre. L'opinion s'y fait. Mais si elle ren-
contre une Europe moins disposée à s'in-
cliner devant le fait accompli, elle subira
forcément de nouvelles crises d'inquiétude,
tant le concert européen est fait d'harmo-
nies discordantes.
Faut-il considérer comme un symptôme
satisfaisant l'article officieux que la Gazette
de Cologne a consacré aux relations de la
France et de l'Allemagne ? « Le fond en
est parfait, comme la forme, a écrit le
Temps, et digne de ce que doivent être, en
temps de paix, les rapports de deux nobles
peuples que l'Histoire a séparés. »
Appréciation exacte. Eloge mérité. Seu
lement, le Temps ajoute :
« ...Les deux pays ont.consenti des sa-
crifices. La France a limité sa volonté de
reprise au terrain politique. L'Allemagne
a limité sa volonté de conservation à l'ordre
territorial. La France est toujours mutilée.
Mais l'Allemagne n'est plus maîtresse de
l'Europe.
» Les Français n'ont pas regagné tout
ce que les Allemands leur ont pris. Les Al-
lemands n'ont pas conservé tout ce que
nous avons perdu. Ils gardent toujours nos
deux provinces. Mais ils ont cessé de ré-
genter l'Europe : et l'équilibre reconstitué
en face d'eux, les groupements formés sans
eux depuis 1891 les obligent à le constater.
» Bref, nous n'avons pas vidé notre que-
relle à fond par le fer et par le feu. Mais
au sein de la paix, nos positions respecti-
ves se sont profondément, modifiées et cette
modification est assez sensible pour que
nous nous trouvions face à face en posture
d'égalité, capables par conséquent, tout en
réservant l'avenir, de traiter dans le pré-
sent de pair à pair... »
Et ces réflexions aussi paraissent assez
justes.
Mais ce sont celles, peut-être, qui peu-
vent être le plus désagréables à l'Alle-
magne.
Si elles sont prises en bonne part, on
devra s'en féliciter.
Il y aurait à tenir compte, d'ailleurs, de
la recrudescence d'influence que la guerre
des Balkans a value à l'Allemagne. A quoi
bon se payer de mots ? Jamais la Turquie
ne se tourna davantage vers Berlin. La
Serbie se rapproche de l'Autriche. La Rou-
manie, arbitre de la situation, se rejette —
ou est rejetée — vers l'Allemagne.
La Roumanie avait négocié un emprunt
en. France.
Un emprunt étranger en France ! Tous
les politiciens se sont émus.
Le ministre des affaires étrangères et le
ministre des finances ont reçu d'un député
une belle lettre les avisant que, dès la ren-
trée, ils seraient interpellés « sur les em-
prunts balkaniques annoncés en France,
leur opportunité, les conditions dans les-
quelles ils seront émis, et leurs conséquen-
ces au point de vue commercial, industriel
et financier ».
Alors, les établissements financiers qui
s'apprêtaient à ouvrir leurs guichets ont
été invités à n'en rien faire.
La Roumanie s'est retournée vers le
marché allemand.
Cette façon de s'attirer les sympathies
des nations en quête de capitaux ferait,
assurément, la joie de M.. Bornais. On l'en-
tend : — « Ne faut-il pas garder en France
les capitaux français?... Interdire le drai-
nage de l'or français ?... Le réserver pour
les seuls amis de la France ?... »
Mais le marché français se rétrécit cha-
que jour. Les places étrangères se voient
fortifiées. Et les souscripteurs, s'ils trou-
vent avantageuses les nouvelles valeurs, les
achèteront au dehors, tout bonnement, au
lieu de concentrer leurs opérations sur le
marché français.
La Banque d'Angleterre a élevé à 5 %
le taux de son escompte. Elle n'a pas cou-
tume d'agir à la légère. Elle avertit d'un
renchérissement de l'argent.
La Banque de France sera-t-elle obligée
de modifier à son tour les conditions de
son crédit ? Quelques-uns le croient.
Le dernier bilan, arrêté au 2 octobre,
laisse beaucoup à désirer.
Il accuse un portefeuille commercial en
augmentation de 256 millions et demi, par
rapport au bilan correspondant de la se-
maine précédente.
Simultanément, les avances sur titres se
sont accrues de 18 millions.
Voilà ces avances parvenues à 738 mil-
lions, et le portefeuille commercial porté
à 1.650 millions.
Le total de ces crédits n'est pas moindre
de 2 milliards 388 millions.
Il a fallu que la Banque de France enflât
de 220 millions et demi la circulation de
ses billets. L'encaisse a varié à peine
(2 millions et demi de rentrées au profit de
l'encaisse en argent).
De sorte que, au 2 octobre, la circulation
fiduciaire était de 5 milliards 740 millions,
contre une encaisse en or de 3 milliards
460 millions seulement.
Les billets en cours dépassaient donc de
2 milliards 280 millions l'encaisse en or.
Evidemment, il serait excessif de pous-
ser un, cri d'alarme ; néanmoins, l'opinion
publique aurait tort de se désintéresser
d'une telle situation.
Comme les besoins de fin. d'année ne se
sont pas encore fait sentir, on se rend
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