Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-06-04
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 juin 1886 04 juin 1886
Description : 1886/06/04 (Numéro 831). 1886/06/04 (Numéro 831).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/03/2008
troisième Aiiiié>e. ̃ Pî° H m
PARIS ET Départements Il CENTIMES
Vendredi JL duin
RÉDACTION De 5 h. du soir à 6 h. du matia
.25, bue d'abgenteuil -?̃
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
1 ADMINISTRATION De 10 h. matinà 5 h. 3 ils
25, RUE D'ARGENTEUIIi
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEBAHT PAB FILS ET SERVICE^ S/1.CI A UX LES .DEBHIÉBES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
FR A NÇA ISE_M A LG ACHE
Vous êtes bien gentille, ô petite reine Binao
d'Ampanimena, qui venez d'écrire à un jour-
naliste! 1
Je sais bien que ce journaliste est un directeur
de journal et que ce directeur dirige le plus grave
des imprimés français. Mais c'est charmant tout
de même, ô reine des Sakalaves
Nous ne sommes pas habitués à recevoir de la
prose royale, quand d'aventure il nous en
tombe dessus, elle est sotte, elle est perfide, elle
est cruelle
Vous, petite reine malgache, vous avez envoyé
à M. Hébrard, directeur du Temps, un billet ado-
rable, émouvant et qui fait songer.
•'• Ah! quel pays ce doit être que le vôtre, que
d'enchantements là-bas, quelle terre bénie, puis-
qu'on s'y soucie toujours des promesses échan-
gées, qu'on y parle encore de fidélité, de justice
et d'amour
Reine, cela n'est pas banal. Reine, votre
royaume est en vérité un coin privilégié du
ciel, pour avoir gardé intactes ces vertus.
Vous avez le dévouement, la confiance, l'es-
poir nous, nous ne connaissons plus guère ces
belles choses.
Elles existent donc encore 11 est un endroit
où elles fleurissent2
O petite reine 1 votre lettre nous est précieuse,
elle qui nous révèle que tous ne sont pas comme
nous pris au cœur par le doute et l'égoïsme et
qu'il faut se faire Malgache si l'on veut être très
heureux
Reine, vous croyez à la France. Vous, vos
guerriers, votre peuple, vous vous êtes sacrifiés
pour nous.
Vous avez eu des blessés et des morts pour la
France. Vous avez préféré aux Hovas les soldats
de chez nous et combattu pour notre gloire. Ah I
petite reine, il reste donc un pays où l'on nous
aime, où l'on a foi dans l'étoile de France!
Et c'est le pays des rêves miraculeux, celui de
Belika.
Cela fait du bien; vous êtes une brave petite
reine.
Ce billet que vous nous adressez, et publié
hier dans le Matin, si touchant, est une con-
solation. Vous, au moins, vous croyez, malgré
tout, qu'ici l'on est bon, fort et généreux. Cela
nous change.
A force d'entendre les nôtres mêmes s'écrier
que nous voila perdus, qu'il n'y a rien à attendre
du. peuple que nous sommes, on pouvait supposer
que c'est bien fini. Au dedans, des haines qui
s'entre-déchirent; au dehors, l'ironie et le dédain.
Reine, vous avez écrit pour faire mentir ces blas-
phèmes..
Allons, vous l'avez dit, nous avons des enfants
qui comptent sur nous: vous parlez de cette noble
terre de France comme de la mère: vous nous
rendez l'orgueil.
C'est la mode ici de proclamer; notre abaisse-
ment, et partout une désillusion nous frappe.
Trouver maintenant au milieu de nous celui qui
croit, celui qui ne veut pas être méprisé, vaincu,
pourri, cela devient impossible.
Quelle tristesse fond sur les plus vaillants ?
Quelle lassitude de condamné qui attend son tour
pèse sur nous? On dirait que l'impuissance, la
décrépitude, la défaite, font notre unique lot.
Tètes courbées, âmes défaillantes; nous balbu-
tions et nous tremblons.
Et c'est une petite reine, une reine de tribu r,
qui nous fait redresser le front et nous rappelle
à la fierté 1
Mon Dieu, que cela est donc agréable de lire
une fois, d'aventure, un peu de bien de soi
Nous ne. savons plus ce que c'est de n'être pas
bafoués.
J'ai appris, écrit la reine, que la règle en France
est que tout le monde connaisse toutes les affaires
et que les journaux les faisaient connaître. Et la
reine trouve cela beau, elle voit le grand bienfait
dè cette liberté et elle s'en sert pour la cause
juste.
Chez nous, c'est à qui blaguera ce progrès con-
quis au prix de tant d'épreuves. La liberté de tout
exprimer et le droit de savoir tout, rengaines,
aous en avons assez. La grandeur du but atteint,
l'idée qui marche enfin, la levée de ce poids for-
midable mis sur l'intelligence et la vérité, tout
ce triomphe remporté nous échappe ou nous
fatigue c'est une étrangère qui lui rend hom-
mage)
Le citoyen libre trouve cela médiocre et s'en
moque la reine qui commande trouve cela beau.
Petite reine malgache, c'est vous qui vengez
tous ceux qui ont bataillé et souffert pour la
pensée; cela nous semble aujourd'hui naturel,
facile et quelque peu fastidieux d'être des
hommes d'un trait de plume vous remettez les
choses en place et nous faites mesurer l'avantage
et la supériorité où nous sommes.
C'est une bonne action, petite reine.
Ce simple écrit de vous devrait faire ici un mi-
racle. nous rendre l'estime de nous-mêmes,' rele-
ver nos consciences et nos courages.
Il y a des reines d'Europe qui ont écrit, et nous
sommes très attentifs à tout ce qui tombe de leur
auguste plume.
La reine Victoria d'Angleterre ne peut célébrer
la qualité du beurre qu'elle achetait pour s on
pauvre mari et ce cabinet de toilette tendu en
soie prune de Monsieur où elle se préparait pour
lui sans que Paris entier soit ému jusqu'aux
larmes.
Quand l'impératrice d'Autriche recommande à
son écuyère Elisa un cheval bien en forme, c'est
fa délire.
Quand parfois cette reine de Roumanie qui est
bas-bleu sous le nom de Carmen Silva daigne
nous apprendre ce qu'elle pense du lac bleuies
rosés rosés, du ruisseau limpide. du rossignol,
du papillon aux champs, du bruit du vent, dans
la ramée et de l'âme qui soupire aussitôt chez
nous on est en l'air et c'est un enthousiasme su-
perbe.
Petite reine, j'estime que votre. prose vaut
bien aussi qu'on l'écoute. Et davantage.
Ce que vous dites, c'est pour nous vous êtes
l'amie, vous qui n'avez rien des artifices, des
menteries de la civilisation.
Simplement, vous évoquez la patrie. Et je don-
nerai tous les bouquins illustrés, toutes les décla-
mations, toutes les protestations pour cette seule
phrase de vous Je ne crois pas que ce soit la
règle en France que tout le monde abandonne ses
enfants quand ils aiment leur père et leur mère,
ce qu'était la France pour nous.
Cela n'est pas correct c'est bien meilleur.
Non, reine, cela n'est pas encore la règle. Vous
avez cru en nous vous avez la parole de la Ré-
publique française.
De vous nous vient encore un peu d'honneur,
vous êtes la pièce à conviction de notre pres-
tige.
La République n'accomplira pas cet abandon
elle ne peut pas être moins française que vous 1
Alexandre Hepp.
Le MATIN publiera demain. un article de
M. AURÉLIEN SCHOLL.
L'ESPAGNE ET LES TRAITÉS DE COMMERCE
Le projet du gouvernement espagnol devant
le Sénat « Modus vivendi avec
l'Angleterre Opposition des
conservateurs.
(PAR SERVICE spécial)
MADRID, 3 juin. M. Moret, ministre des affaires
étrangères, a présenté un projet de loi autorisant le
gouvernement à proroger jusqu'en 1892 tous les trai-
tés de commerce avec les puissances, comme il a été
fait pour le traité de commerce avec la France.
Le même projet autorise l'Espagne à concéder à
l'Angleterre le traitement de la nation la plus favori-
sée, conformément à la convention du 26 avril.
Les conservateurs combattront ce projet par tous
les moyens possibles.
Ils soutiennent que le modus vivendi avec l'An-
gleterre causera un grave préjudice au Trésor,
et qu'en tout cas le projet doit être déposé à la Cham-
bre avant de l'être au Sénat.
L'opposition s'appuie en outre sur cet argument
que l'abaissement de l'échelle alcoolique ne sera pas
approuvé par l'Angleterre, dans le cas où M. Glads-
tone viendrait à quitter le pouvoir.
Le congrès mercantile.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADRID, 3 juin. Les membres du bureau du
congrès mercantile sont allés chez M. Sagasta qui
leur exprima le désir qu'il avait de voir se dissiper
les craintes de l'industrie espagnole au sujet du mo-
dus vivendi anglo.espagnol.
M. Sagasta offrit même de traduire en lois les con-
clusions du congrès, si elles n'étaient pas en désac-
cord avec les idées du gouvernement.
LA GRÈCE
Retour de M. de Mouy Levée prochaine
du blocus.
(D'UN CORRESPONDANT)
ATHÈNES, 3 juin. M. de Moûy est de retour à
Athènes.
La position de Jygos a été remise aux Turcs.
Les informations de Vienne et de Berlin font espé-
rer la prochaine levée du blocus.
L'accord direct.
(D'UN CORRESPONDANT)
ATHENES, 3 juin. Il devient de plus en plus pro-
bable que le blocus sera prochainement levé.
Les journaux affirment que les arrangements avec
les Turcs vont être incessamment appliqués.
LA SUPPRESSION DE LA CENSURE
Les suites de l'interdiction de « Germinal »
L'amendement de M. Laguerre
adopté.
On sait qu'à la suite de l'interdiction de Germinal,
M. Laguerre avait d'abord manifesté l'intention de
monter à la tribune pour réclamer la suppression de
la censure dramatique, mais que, renonçant à ce
premier moyen, il s'est borné à déposer à la :sous-
commission du budget des beaux arts, dont il est
membre, un amendement tendant à la suppression
du traitement des cenceurs ce qui reviendrait à la
suppression de la censure.
La sous-commission vient d'adopter cet amende-
ment de M. Laguerre.
LES PORTS DU MAROC
Une note du sultan Les navires européens
dans les ports sans douane.
(D'UN correspondant)
MADRID, 3 juin. L'Impartial publie le texte de
la note du sultan du Maroc remise le 18 mai aux
ministres européens à Tanger, noté dans laquelle il
proteste contre l'entrée des navires européens dans
les ports du Maroc qui n'ont pas de douane, et dé-
clare que ces bâtiments courraient de graves risque
sans pouvoirfaire de'réclamations.
LE CAS DE M. GAULIER
Le bureau de la Chambre chargé d'examiner l'é-
lection de M.,Gaulier n'ayant pas cru devoir accueil-
lir la requête par laquelle celui-ci l'avait prié de
consulter son dossier au ministère de la guerre, le
nouveau député de la Seine a écrit, hier, au général
Boulanger pour lui demander de lui communiquer à
lui-même son dossier.
M. Gaulier annonce en même temps son intention
d'intervenir personnellement dans la discussion de
sa validation, afin de répondre aux accusations du
Cri du Pezcple.
UNE REVUE A VIENNE
(D'UN CORRESPONDANT)
ViENNE, 3 juin. L'empereur a passé au Prater
la revue de la garnison de Vienne.
L'archiduc Rodolphe commandait le défilé des
troupes.
L'empereur a adressé aux officiers, quelques pa-
roles témoienant de sa satistactio«-
LA CONFÉRENCE SOCIALISTE AU
CHATEAU-D'EAU
M. Albert Goullé président Les autorités
du parti La grève à Decaze ville
La théorie industrielle et la théorie
révolutionnaire Les dis-
cours Une solution.
Les socialistes ont voulu fêter le retour parmi eux
du citoyen Albert Goullé, rédacteur du Cri du Peuple,
revenu à la suite des incidents que nous avons
racontés, et ils avaient organisé hier, à cet effét, un
grand meeting dans la salle du théâtre du Château
d'Eau. L'ordre du jour portait « La vérité sur la
Compagnie de Decazeville et les dernières violences
gouvernementales. »
Douze cents personnes environ avaient répondu à
l'appel.
Sur l'estrade, on remarquait la citoyenne Louise
Michel, les citoyens Vaughan, Eudes, Jules Guesde,
Massard, Susini, Chauvière, Lafargue, etc.
L'assemblée, consultée sur le choix du président
de la réunion, a acclamé le nom de Goullé et ceux de
MM. Vaughan et Eudes comme assesseurs.
Le citoyen Goullé a pris le premier la parole. Il a
parlé à peine de son « évasion », consacrant son dis-
cours à la grève de Decazeville et aux grévistes, qui
ont la ferme intention de continuer et de ne, point ac-
cepter les propositions de la Compagnie.
L'orateur arapportéunpropos tenu, a-t-il assuré, par
M. Petitjean, qui aurait dit que la théorie indus-
trielle » empêche matériellement la Compagnie de
faire aucune concession aux ouvriers. M. Goullé es-
time que, si les industriels ont une théorie de ce
genre, les ouvriers en ont une autre, la « théorie ré-
volutionnaire D, qui leur interdit aussi toute conces-
sion aux patrons.
On verra laquelle des deux triomphera a a dit le
président en terminant.
Discours de Louise Michel.
Le citoyen Dumay a ensuite longuement parlé des
rapports qui doivent exister entre les capitalistes et
leurs salariés, puis la parole a été donnée à la ci-
toyenne Louise Michel.
La célèbre révolutionnaire avait pris un thème
nouveau pour prêcher la révolte.
La République actuelle n'est point la Républi-
que, a telle dit en substance; le gouvernemeht de
la France n'est pas un gouvernement républicain,
mais un gouvernement réactionnaire c'est l'Em-
pire qui a changé de nom.
» Nos gouvernants ont fait de Marianne une drô-
lesse qu'ils exploitent avidement comme le feraient
des souteneurs.
» Aussi ce que le peuple a fait de l'Empire, ce
gouvernement pourri, doit-il le faire aussi de la Ré-
publique d'aujourd'hui, qui n'a de République que
l'étiquette, la renverser et la remplacer par la Ré-
volution sociale, la seule, la vraie République 1
Le jour, citoyens, où vous serez appelés ti balayer
cette drôlesse et les gens. qui,en vivent n'est pas
éloigné, et ce jour-la vous me verrez avec vous,
comme toujours, prête à donner ma viel D
La'citoyenne Louise a regagné sa place au milieu
d'applaudissements enthousiastes entremêlés des
cris « Vive la Révolution Vive la Commune! »
Guerre aux capitalistes.
M. Jules Guesde a ensuite, selon son habitude,
fait le procès des capitalistes.
Selon l'orateur, ce sont les capitalistes, les gens
de haute banque, qui inspirent tous les actes du mi-
nistère actuel.
Le gouvernement n'aurait point pu faire l'émis-
sion du dernier emprunt s'il n'avait, dans la ques-
tion de la grève de Decazeville, accédé aux désirs de
M. Léon Say, soutenu par MM. de Rothschild.
Et il en sera ainsi tant au'il existera des finan-
ciers assez puissants pour pouvoir dicter leurs con-
ditions, dans toutes les questions politiques ou so-
ciales, au gouvernement du pays.
Aussi la solution est-elle simple? Il suffit d'en-
voyer MM. de Rothschild à Mazas ou au « mur ».
Au mur crient plusieurs assistants.
Le jour où ces grands banquiers seront en pri-
son et où l'on pourra leur faire rendre gorge, ce
jour-là, a continué M. Guesde, la question sociale
aura fait un grand pas et la Révolution sera pro-
che
» Mais quel est le ministère qui, dans l'intérêt des
classes ouvrières, fera jamais celât
Pas plus le ministère actuel que le ministère
Clemenceau. Voyez :NI. Clemenceau ne voulant
point prendre la direction du cabinet, il y a casé
quatre de ses créatures MM. Lockroy, Granet, Bou-
langer et Aube. Eh bien, dans la question des grèves
de Decazeville, qu'ont fait ces radicaux? Rien, pas
plus que le leader de l'extrême gauche, et soyez per-
suadés que ni les uns ni les autres ne feront jamais
rien pour la classe des travailleurs
Le « fusil libérateur J.
M. Jules Guesde en a conclu que, puisque les pro-
létaires ne pouvaient rien espérer de leurs élus, il
leur faudrait compter, dans un délai peut-être rap-
proché, sur « le fusil libérateur » qui au moins ap-
portera peut-être une solution aux souffrances des
classes ouvriéres.
Le citoyen Chauvière, lui, a fort malmené les dé-
putés en général, et plus particulièrement les absten-
tionnistes qui sont toujours absents au moment des
votes sur les questions très importantes, pour être
en mesure de répondre à ceux qui arriveront pro-
chainement au pouvoir, ou aux réactionnaires ou
aux révolutionnaires, selon que le voudront les cir-
constances « Je vous suis tout dévoué, puisque,
dans telle ou telle question,je n'ai point voté contre
vous. »
L'orateur a terminé en disant que ceux-là étaient
des êtres méprisables, trahissant la cause qu'ils ont
été appelés à servir.
Le citoyen Paul Lafargue a repris le thème du ci-
toyen Jules Guesde et a dit que le seul obstacle sé.
rieux à la réalisation du but poursuivi par les révo-
lutionnaires était l'existence des gros capitalistes et
des détenteurs de la propriété foncière.
D'après lui, la première chose à faire par les révo-
lutionnaires quand ils arriveront au pouvoir sera
d'emprisonner les Rothschild, les d'Audiffret-Pas-
Pasquier, les Léon Say, avant qu'ils n'aillent à l'é-
tranger rejoindre les gros capitaux qu'ils y ont mis
à l'abri:
Ce moyen serait plus pratique que de les conduire
au mur », car, une fois enfermés, on pourrait
facilement leur faire rendre ces capitaux. De quelle
façon?
Le citoyen Lafargue l'a trouvé
Ces individus, a-t-il dit, ont l'habitude de fort
bien manger, de boire du champagne à tous leurs
repas 1 Eh bien, on les mettrait à la diète, et, quand
ils voudraient manger une côtelette, on la leur ferait
payer 100,000 ffancs 1
Cette ingénieuse combinaison a soulevé des ap-
plaudissements enthousiastes.
Princes et socialistes.
Le citoyen Andrieu a vivement critiqué les actes
du ministère, et a établi un parallèle entre le mandat
d'amener lancé contre M. Albert Goullé et la ques-
tion de l'expulsion des princes.
• Les ministres, a-t-il dit, devaient être en. conseil
en train de discuter cette importante question quj,
semble fort les occuper depuis quelque emps, lors-
qu'on est venu-demander au garde des sceaux d'ap-
poser sa signature au bas du mandat ordonnant.
l'arrestation de notre ami. Comme il s'agissait d'un
socialiste, M". Dem6le n'a pas hésité un instant, il a
signé, puis le conseil a continué à ne point prendre
de résolutions concernant les prétendants.
Ce qui est bien naturel de la part de nos minis-
tres, qui savent fort bien qu'il leur faudrait ensuite
compter avec les amis des princes, c'est-à-dire les
financiers et les capitalistes, tandis que les arresta-
tions de Roche, de Duc-Quercy et de Goullé n'inté-
ressent que la classe ouvrière. Or, chacun sait que la
classe ouvrière est quantité négligeable pour les mi-
nistres républicaines, s
Le docteur Castelnau a présenté un ordre du jour
flétrissant le gouvernement pour ses mesures arbi-
traires envers les révolutionnaires et engageant les
mineurs de Decazeville il continuer la grève.
Cet ordre du jour, mis aux voix par le président,
a été adopté à l'unanimité.
L'ex-général Eudes a alors prononcé quelques pa-
l'oles il a tout d'abord fait l'éloge du citoyen Goullé
pour la campagne qu'il vient de mener dans l'Avey-
ron et a engagé l'assemblée à lui voter des félicita-
tions. Il a ajouté
« La séance va être levée tout à l'heure. Je ne
veux pas vous recommander le calme, je ne veux
pas vous recommander non plus la violence, mais à
la sortie je compte bien que vous accompagnerez
notre ami Goullé et que vous sauriez empêcher qu'il
lui arrive quoi que ce soit! »
Cette recommandation avait trait à l'arrestation
du rédacteur du Cri d2t Peuple, dont le bruit avait
couru un instant, mais elle a été inutile.
A cinq heures la salle se vidait et les assistants se
formaient en groupes devant le théâtre, attendant le
président..
Quelques instants après, le citoyen Goullé sortait;
il était immédiatement entouré par tous les socialis-
tes. criant « Vive Goullé! Vive Goullé! l'accompa-
gnant ainsi jusqu'au café voisin, pendant que cinq
ou six gardiens de la paix les regardaient faire d'un
œil indifférent..
A DÏCAZEVILLE T
Le secours de 5,000 francs voté par leoon-
seil général da la .Seine Le conseil
d'Etat consulté.
Il y a quelques jours, nous avons annoncé que le
conseil des ministres avait résolu d'annuler la délai-
bération par laquelle le conseil général de la Seine
avait voté un crédit de 5,000 francs à titre de se-
cours aux grévistes de Decazeville.
Mais, depuis, le gouvernement a conçu quelques
doutes sur l'étendue exacte des droits des conseils gé-
néraux, qui, en pareille matière, sont plus larges que
ceux des conseils municipaux. Aussi le ministre de
l'intérieur a-t-il cru devoir demander avis au conseil
d'Etat sur la question avant de prendre une décision
définitive.
La continuation de la grève.
(D'UN correspondant)
Decazeville, 3 juin. Cette après-midi, à deux
heures, a eu lieu à Combes uni1 réunion de deux
cent vingt-cinq mineurs. Ils ont voté à bulletin se-
cret sur la question de savoir si le travail devait
être repris.
A l'unanimité, la continuation de la grève a été
votée.
A trois heures et demie, la même opération a eu
lieu à Firmy. Sur quatre-vingt-quinze mineurs qui
ont pris part au vote, deux seulement se sont décla-
rés pour la reprise du travail.
Enfin, à cinq heures et demie, on a procédé au
scrutin sur la même question à Decazeville. La con-
tinuation de la grève a obtenu l'unanimité.
Dans aucune de ces trois réunions, les délégués
n'ont pris part au vote, M. Basly leur ayant demandé
de s'abstenir afin de connaître les véritables inten-
tions des mineurs.
Nouvelles explosions.
(D'UN CORRESPONDANT)
Decazeville, 3 juin. -.Cette nuit, vers deux heu-
res, deux nouvelles explosions ont eu lieu, toutes
deux heureusement sans effet, comme les précé-
dentes.
La première a eu lieu route d'Aubris, dans une
maison habitée par le mineur Montoroi, qui n'a pas
quitté le travail.
La seconde route de Viviez, dans la maison Bra-
vard, qui est en partie habitée par le mineur Co-
lombe, qui a repris le travail.
EXPOSITIONS FRANÇAISES
Dans l'Amérique du Sud Propagande pa-
triotique.
Une série d'expositions françaises dans l'Amérique
du Sud vient d'être inaugurée, au Brésil, par le pré-
sident de la province de Pernambuco et les autorités
locales.
Des discours ont été prononcés à cette occasion,
discours très ilatteurs pour notre amour-propre na-
tional.
La presse en parle avec les plus grands détails et
les plus vifs éloges. Elle félicite à la fois leur orga-
nisateur. M. Régnier, et les fabricants français qu'il
a, après un long voyage d'étude préalable, réunis en
société coopérative.
C'est par ces journaux que nous apprenons l'exis-
tence de cette Société, qui n'a pas fait parler d'elle
en France et a préféré en faire parler à l'étranger,
réalisant ce que tout le monde conseille, ce que per-
sonne ne pratique; le transport économique des pro.
duits de fabricants-associés sur les lieux mêmes de
consommation. La presse française doit remercier la
presse américaine de l'accueil fait à nos nationaux
et féliciter ceux qui ont entrepris cette croisade pour
le relèvement de notre commerce extérieur.
Le succès de la première exposition ne peut man-.
quer d'attirer des adhésions nouvelles à la Société
coopérative dont nous ignorons le siège à Paris;
mais nous savons que l'organisateur de ces exposi-
tions, M. Regnier, a quitté Pernambuco, laissant à
ses représentants associés, MM. Lapprte, la con-
tinuation de son œuvre, et qu'il est en ce moment à
Bahia.
r. C'est là qu'aura lieu la seconde exposition. La
suivante se fera à Rio-Janeiro. Nos consuls et agents
se montrent, paraît-il, pleins de bon vouloir pour
favoriser cette campagne commerciale, ce dont il
convient de les féliciter.
ÉMIGRÉS POLONAIS
ir (D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 3 juin. On télégraphie de Saint-Péters-
bourg que plusieurs émigrés polonais qui ont pris
part à l'insurrection de 1863 contre la Russie et qui
se trouvent actuellement en France et en Angleterre
sa sont entendus pour demander une amnistie au
czar.
LES ÉTRANGERS EN AMÉRIQUE
(PAR CABLE AU € MATIN
Washington, 3 juin. Hier, le Sénat a adopté
le bill interdisant aux étrangers l'acquisition de
biens-fonds sur le territoire des Etats-Unis,
L'EXPULSION
LA QUESTION DES PRINCES AU CON-
SEIL DES MINISTRES
On désire toujours l'entente Le conseil
de cabinet d'hier La décision ren-
voyée à lundi Ce qui se pas-
sera aujourd'hui Un
nouveau texte.
La note communiquée à l'agence Havas par le
ministère de l'intérieur sur le conseil de cabinet
tenu hier matin dit, en parlant de la question
des princes:
« Le ministre des affaires étrangères, le mi-
nistre de l'intérieur et le garde des sceaux ont
rendu compte de l'entrevue qu'ils ont eue mardi
avec la commission chargée d'examiner le projet
relatif aux princes.
s Ils en ont rapporté l'impression qu'il existe
de part et d'autre un vif désir d'accord.
3 Le gouvernement n'a pu délibérer sur aucun
texte transactionnel, puisqu'il n'est pas saisi
officiellement des propositions de la commis-,
sion. »
Ces lignes ont lieu d'étonner quelque peu
En effet, s'il est exact que les six membres de' ̃*
la majorité de la commission soient allés voiri
mercredi M. de Freycinet, à titre purement offl-
cieux s'il est exact que, bien que MM. Brousse ef\
Burdeàu aient rédigé d'avance un texte transac.-t
tionnel sur lequel ils pensaient que l'accord pou-'
vait se faire, la majorité de la commission se.;
soit bornée à indiquer au président du conseil
les termes de ce texte, sans saisir officiellement
le gouvernement de cette proposition,
M. de Freycinet, loin de répondre aux six
commissaires que le cabinet ne pouvait se con-,
sidérer comme valablement saisi, leur avait^
laissé entendre qu'il allait en délibérer en con-;
seil.
Autrement, si le gouvernement attendait que,
la commission eût pris une décision officielle sur]
la proposition pour l'examiner à son tour, comme,
M. de Freycinet a laissé pressentir que le cabi-ï
net n'accepterait sans doute pas le texte transac-
tionnel proposé, le gouvernement et la commis-
sion seraient exposés à tourner dans un cercle'
vicieux et la question risquerait de s'éterniser;
sans recevoir de solution.
Puisque c'est une entente que l'on recherche
des deux côtés, il faut nécessairement que les(
deux parties se mettent d'accord sur les bases de,
la transaction avant qu'unè décision officielle ait!
été prise de part et d'autre.
Mais la vérité est que le conseil d'hier matin a
délibéré sur le projet transactionnel proposé au.
gouvernement.
Toutefois, la délibération à ce sujet a été
courte.
Délibération du cabinet.
M. de Freycinet a rendu compte à ses collègues
de son entrevue de mercredi avec la majorité de
la commission.
Chaque ministre de son côté a donné son im"!
pression personnelle sur les dispositions de la
Chambre.
Tout les ministres ont été d'accord sur la .né-
cessité d'une transaction, mais on n'a pu prendra
une décision sur les termes mêmes de cette trans-
action.
M. de Freycinet a désiré. en effet, avoir encore
une journée tout entière pour amener la com.
mission à lui faire des concessions plus grandes.
Mais, ce qui a surtout empêché une discussion
approfondie, c'est l'absence de M. Grévy. Les
ministres ont préféré renvoyer au conseil de de-
main samedi, qui doit se tenir à l'Elysée, la réso-
lution définitive qu'ils prendront.
Cependant, les ministres radicaux ont vive-
ment insisté auprès de M. de Freycinet pour qu'il
étendît encore ses concessions, au moins sur la
question du principe, quitte à se réserver une
plus grande liberté dans l'application.
Le président du conseil, affirment ses collè-
gues, s'est montré rempli de dispositions conci-.
liantes, et l'impression générale était qu'une en-
tente serait facile.
M. Brousse au quai d'Orsay.
Du reste, à peine le conseil était-il terminé que
M. de Freycinet recevait M. Brousse, membre de
la majorité et secrétaire de la commission, et lui
exposait à peu près les termes du projet qu'il
croyait pouvoir accepter.
L'entrevue de M. de Freycinet et de M. Brousse
a été fort longue.
Aujourd'hui, dès l'ouverture de la commis-
sion, M. Brousse lui soumettra un texte nouveau,
et il est probable que vers trois heures le prési-
dent du conseil sera entendu de rechef.
CONSEIL DE CABINET
Le régime des sucres et la prochaine discus-.
sion à la Chambre Les résolutions du_>'
gouvernement.
Outre l'affaire des princes, le conseil s'est occupé
de la question du régime des sucres, que la Chambre^
doit discuter lundi prochain. -.i
II a été reconnu d'abord qu'un malentendu existait;
dans le rapport de la commission parlementaire, et'
que celle-ci n'avait été saisie d'aucun projet, par le
gouvernement, qui s'est borné à- lui communiquer:
des notes et renseignements préliminaires..
Puis, les ministres des finances, de l'agriculture et
du commerce se sont entendus sur les dispositions;
qu'ils défendront devant la Chambre.
Jugeant que le projet général de la commission
soulevait un trop grand nombre de questions et que
certaines d'entre elles sont en outre trop complexes
pour pouvoir être résolues par le Parlement avant 1^
clôture de la présente session, les ministres ontdécide;
qu'ils demanderaient à la Chambre de limiter, pour-
le moment, la discussion à la solution de celles des;
susdites questions qui présentaient un caractère
d'urgence, c'est-à-dire celle de la prorogation de la,
surtaxe sur les sucres européens étrangers et celle du
régime imposé aux sucres coloniaux français.
Ajoutons que le gouvernement consent à la proro*
gation pour deux années de la surtaxe de 7 fr. appli-
quée par la loi du 29 juillet 1884 aux sucres euro.
péens étrangers, prorogation qui expire le 31 août
prochaine.
Le gouvernement admet aussi le principe de 1 équi-
valence pour les sucres coloniaux français.
Les grèves.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a fait savoir
que le nombre des ouvriers qui ont repris le travail
à Decazeville s'élève maintenant à 564.
A Fourmies (Nord), raccord semble devoir s éta-
blir entre les patrons et les ouvriers.
M. Demôle, garde des sceaux, a été autorisé à dé·,
PARIS ET Départements Il CENTIMES
Vendredi JL duin
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FR A NÇA ISE_M A LG ACHE
Vous êtes bien gentille, ô petite reine Binao
d'Ampanimena, qui venez d'écrire à un jour-
naliste! 1
Je sais bien que ce journaliste est un directeur
de journal et que ce directeur dirige le plus grave
des imprimés français. Mais c'est charmant tout
de même, ô reine des Sakalaves
Nous ne sommes pas habitués à recevoir de la
prose royale, quand d'aventure il nous en
tombe dessus, elle est sotte, elle est perfide, elle
est cruelle
Vous, petite reine malgache, vous avez envoyé
à M. Hébrard, directeur du Temps, un billet ado-
rable, émouvant et qui fait songer.
•'• Ah! quel pays ce doit être que le vôtre, que
d'enchantements là-bas, quelle terre bénie, puis-
qu'on s'y soucie toujours des promesses échan-
gées, qu'on y parle encore de fidélité, de justice
et d'amour
Reine, cela n'est pas banal. Reine, votre
royaume est en vérité un coin privilégié du
ciel, pour avoir gardé intactes ces vertus.
Vous avez le dévouement, la confiance, l'es-
poir nous, nous ne connaissons plus guère ces
belles choses.
Elles existent donc encore 11 est un endroit
où elles fleurissent2
O petite reine 1 votre lettre nous est précieuse,
elle qui nous révèle que tous ne sont pas comme
nous pris au cœur par le doute et l'égoïsme et
qu'il faut se faire Malgache si l'on veut être très
heureux
Reine, vous croyez à la France. Vous, vos
guerriers, votre peuple, vous vous êtes sacrifiés
pour nous.
Vous avez eu des blessés et des morts pour la
France. Vous avez préféré aux Hovas les soldats
de chez nous et combattu pour notre gloire. Ah I
petite reine, il reste donc un pays où l'on nous
aime, où l'on a foi dans l'étoile de France!
Et c'est le pays des rêves miraculeux, celui de
Belika.
Cela fait du bien; vous êtes une brave petite
reine.
Ce billet que vous nous adressez, et publié
hier dans le Matin, si touchant, est une con-
solation. Vous, au moins, vous croyez, malgré
tout, qu'ici l'on est bon, fort et généreux. Cela
nous change.
A force d'entendre les nôtres mêmes s'écrier
que nous voila perdus, qu'il n'y a rien à attendre
du. peuple que nous sommes, on pouvait supposer
que c'est bien fini. Au dedans, des haines qui
s'entre-déchirent; au dehors, l'ironie et le dédain.
Reine, vous avez écrit pour faire mentir ces blas-
phèmes..
Allons, vous l'avez dit, nous avons des enfants
qui comptent sur nous: vous parlez de cette noble
terre de France comme de la mère: vous nous
rendez l'orgueil.
C'est la mode ici de proclamer; notre abaisse-
ment, et partout une désillusion nous frappe.
Trouver maintenant au milieu de nous celui qui
croit, celui qui ne veut pas être méprisé, vaincu,
pourri, cela devient impossible.
Quelle tristesse fond sur les plus vaillants ?
Quelle lassitude de condamné qui attend son tour
pèse sur nous? On dirait que l'impuissance, la
décrépitude, la défaite, font notre unique lot.
Tètes courbées, âmes défaillantes; nous balbu-
tions et nous tremblons.
Et c'est une petite reine, une reine de tribu r,
qui nous fait redresser le front et nous rappelle
à la fierté 1
Mon Dieu, que cela est donc agréable de lire
une fois, d'aventure, un peu de bien de soi
Nous ne. savons plus ce que c'est de n'être pas
bafoués.
J'ai appris, écrit la reine, que la règle en France
est que tout le monde connaisse toutes les affaires
et que les journaux les faisaient connaître. Et la
reine trouve cela beau, elle voit le grand bienfait
dè cette liberté et elle s'en sert pour la cause
juste.
Chez nous, c'est à qui blaguera ce progrès con-
quis au prix de tant d'épreuves. La liberté de tout
exprimer et le droit de savoir tout, rengaines,
aous en avons assez. La grandeur du but atteint,
l'idée qui marche enfin, la levée de ce poids for-
midable mis sur l'intelligence et la vérité, tout
ce triomphe remporté nous échappe ou nous
fatigue c'est une étrangère qui lui rend hom-
mage)
Le citoyen libre trouve cela médiocre et s'en
moque la reine qui commande trouve cela beau.
Petite reine malgache, c'est vous qui vengez
tous ceux qui ont bataillé et souffert pour la
pensée; cela nous semble aujourd'hui naturel,
facile et quelque peu fastidieux d'être des
hommes d'un trait de plume vous remettez les
choses en place et nous faites mesurer l'avantage
et la supériorité où nous sommes.
C'est une bonne action, petite reine.
Ce simple écrit de vous devrait faire ici un mi-
racle. nous rendre l'estime de nous-mêmes,' rele-
ver nos consciences et nos courages.
Il y a des reines d'Europe qui ont écrit, et nous
sommes très attentifs à tout ce qui tombe de leur
auguste plume.
La reine Victoria d'Angleterre ne peut célébrer
la qualité du beurre qu'elle achetait pour s on
pauvre mari et ce cabinet de toilette tendu en
soie prune de Monsieur où elle se préparait pour
lui sans que Paris entier soit ému jusqu'aux
larmes.
Quand l'impératrice d'Autriche recommande à
son écuyère Elisa un cheval bien en forme, c'est
fa délire.
Quand parfois cette reine de Roumanie qui est
bas-bleu sous le nom de Carmen Silva daigne
nous apprendre ce qu'elle pense du lac bleuies
rosés rosés, du ruisseau limpide. du rossignol,
du papillon aux champs, du bruit du vent, dans
la ramée et de l'âme qui soupire aussitôt chez
nous on est en l'air et c'est un enthousiasme su-
perbe.
Petite reine, j'estime que votre. prose vaut
bien aussi qu'on l'écoute. Et davantage.
Ce que vous dites, c'est pour nous vous êtes
l'amie, vous qui n'avez rien des artifices, des
menteries de la civilisation.
Simplement, vous évoquez la patrie. Et je don-
nerai tous les bouquins illustrés, toutes les décla-
mations, toutes les protestations pour cette seule
phrase de vous Je ne crois pas que ce soit la
règle en France que tout le monde abandonne ses
enfants quand ils aiment leur père et leur mère,
ce qu'était la France pour nous.
Cela n'est pas correct c'est bien meilleur.
Non, reine, cela n'est pas encore la règle. Vous
avez cru en nous vous avez la parole de la Ré-
publique française.
De vous nous vient encore un peu d'honneur,
vous êtes la pièce à conviction de notre pres-
tige.
La République n'accomplira pas cet abandon
elle ne peut pas être moins française que vous 1
Alexandre Hepp.
Le MATIN publiera demain. un article de
M. AURÉLIEN SCHOLL.
L'ESPAGNE ET LES TRAITÉS DE COMMERCE
Le projet du gouvernement espagnol devant
le Sénat « Modus vivendi avec
l'Angleterre Opposition des
conservateurs.
(PAR SERVICE spécial)
MADRID, 3 juin. M. Moret, ministre des affaires
étrangères, a présenté un projet de loi autorisant le
gouvernement à proroger jusqu'en 1892 tous les trai-
tés de commerce avec les puissances, comme il a été
fait pour le traité de commerce avec la France.
Le même projet autorise l'Espagne à concéder à
l'Angleterre le traitement de la nation la plus favori-
sée, conformément à la convention du 26 avril.
Les conservateurs combattront ce projet par tous
les moyens possibles.
Ils soutiennent que le modus vivendi avec l'An-
gleterre causera un grave préjudice au Trésor,
et qu'en tout cas le projet doit être déposé à la Cham-
bre avant de l'être au Sénat.
L'opposition s'appuie en outre sur cet argument
que l'abaissement de l'échelle alcoolique ne sera pas
approuvé par l'Angleterre, dans le cas où M. Glads-
tone viendrait à quitter le pouvoir.
Le congrès mercantile.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADRID, 3 juin. Les membres du bureau du
congrès mercantile sont allés chez M. Sagasta qui
leur exprima le désir qu'il avait de voir se dissiper
les craintes de l'industrie espagnole au sujet du mo-
dus vivendi anglo.espagnol.
M. Sagasta offrit même de traduire en lois les con-
clusions du congrès, si elles n'étaient pas en désac-
cord avec les idées du gouvernement.
LA GRÈCE
Retour de M. de Mouy Levée prochaine
du blocus.
(D'UN CORRESPONDANT)
ATHÈNES, 3 juin. M. de Moûy est de retour à
Athènes.
La position de Jygos a été remise aux Turcs.
Les informations de Vienne et de Berlin font espé-
rer la prochaine levée du blocus.
L'accord direct.
(D'UN CORRESPONDANT)
ATHENES, 3 juin. Il devient de plus en plus pro-
bable que le blocus sera prochainement levé.
Les journaux affirment que les arrangements avec
les Turcs vont être incessamment appliqués.
LA SUPPRESSION DE LA CENSURE
Les suites de l'interdiction de « Germinal »
L'amendement de M. Laguerre
adopté.
On sait qu'à la suite de l'interdiction de Germinal,
M. Laguerre avait d'abord manifesté l'intention de
monter à la tribune pour réclamer la suppression de
la censure dramatique, mais que, renonçant à ce
premier moyen, il s'est borné à déposer à la :sous-
commission du budget des beaux arts, dont il est
membre, un amendement tendant à la suppression
du traitement des cenceurs ce qui reviendrait à la
suppression de la censure.
La sous-commission vient d'adopter cet amende-
ment de M. Laguerre.
LES PORTS DU MAROC
Une note du sultan Les navires européens
dans les ports sans douane.
(D'UN correspondant)
MADRID, 3 juin. L'Impartial publie le texte de
la note du sultan du Maroc remise le 18 mai aux
ministres européens à Tanger, noté dans laquelle il
proteste contre l'entrée des navires européens dans
les ports du Maroc qui n'ont pas de douane, et dé-
clare que ces bâtiments courraient de graves risque
sans pouvoirfaire de'réclamations.
LE CAS DE M. GAULIER
Le bureau de la Chambre chargé d'examiner l'é-
lection de M.,Gaulier n'ayant pas cru devoir accueil-
lir la requête par laquelle celui-ci l'avait prié de
consulter son dossier au ministère de la guerre, le
nouveau député de la Seine a écrit, hier, au général
Boulanger pour lui demander de lui communiquer à
lui-même son dossier.
M. Gaulier annonce en même temps son intention
d'intervenir personnellement dans la discussion de
sa validation, afin de répondre aux accusations du
Cri du Pezcple.
UNE REVUE A VIENNE
(D'UN CORRESPONDANT)
ViENNE, 3 juin. L'empereur a passé au Prater
la revue de la garnison de Vienne.
L'archiduc Rodolphe commandait le défilé des
troupes.
L'empereur a adressé aux officiers, quelques pa-
roles témoienant de sa satistactio«-
LA CONFÉRENCE SOCIALISTE AU
CHATEAU-D'EAU
M. Albert Goullé président Les autorités
du parti La grève à Decaze ville
La théorie industrielle et la théorie
révolutionnaire Les dis-
cours Une solution.
Les socialistes ont voulu fêter le retour parmi eux
du citoyen Albert Goullé, rédacteur du Cri du Peuple,
revenu à la suite des incidents que nous avons
racontés, et ils avaient organisé hier, à cet effét, un
grand meeting dans la salle du théâtre du Château
d'Eau. L'ordre du jour portait « La vérité sur la
Compagnie de Decazeville et les dernières violences
gouvernementales. »
Douze cents personnes environ avaient répondu à
l'appel.
Sur l'estrade, on remarquait la citoyenne Louise
Michel, les citoyens Vaughan, Eudes, Jules Guesde,
Massard, Susini, Chauvière, Lafargue, etc.
L'assemblée, consultée sur le choix du président
de la réunion, a acclamé le nom de Goullé et ceux de
MM. Vaughan et Eudes comme assesseurs.
Le citoyen Goullé a pris le premier la parole. Il a
parlé à peine de son « évasion », consacrant son dis-
cours à la grève de Decazeville et aux grévistes, qui
ont la ferme intention de continuer et de ne, point ac-
cepter les propositions de la Compagnie.
L'orateur arapportéunpropos tenu, a-t-il assuré, par
M. Petitjean, qui aurait dit que la théorie indus-
trielle » empêche matériellement la Compagnie de
faire aucune concession aux ouvriers. M. Goullé es-
time que, si les industriels ont une théorie de ce
genre, les ouvriers en ont une autre, la « théorie ré-
volutionnaire D, qui leur interdit aussi toute conces-
sion aux patrons.
On verra laquelle des deux triomphera a a dit le
président en terminant.
Discours de Louise Michel.
Le citoyen Dumay a ensuite longuement parlé des
rapports qui doivent exister entre les capitalistes et
leurs salariés, puis la parole a été donnée à la ci-
toyenne Louise Michel.
La célèbre révolutionnaire avait pris un thème
nouveau pour prêcher la révolte.
La République actuelle n'est point la Républi-
que, a telle dit en substance; le gouvernemeht de
la France n'est pas un gouvernement républicain,
mais un gouvernement réactionnaire c'est l'Em-
pire qui a changé de nom.
» Nos gouvernants ont fait de Marianne une drô-
lesse qu'ils exploitent avidement comme le feraient
des souteneurs.
» Aussi ce que le peuple a fait de l'Empire, ce
gouvernement pourri, doit-il le faire aussi de la Ré-
publique d'aujourd'hui, qui n'a de République que
l'étiquette, la renverser et la remplacer par la Ré-
volution sociale, la seule, la vraie République 1
Le jour, citoyens, où vous serez appelés ti balayer
cette drôlesse et les gens. qui,en vivent n'est pas
éloigné, et ce jour-la vous me verrez avec vous,
comme toujours, prête à donner ma viel D
La'citoyenne Louise a regagné sa place au milieu
d'applaudissements enthousiastes entremêlés des
cris « Vive la Révolution Vive la Commune! »
Guerre aux capitalistes.
M. Jules Guesde a ensuite, selon son habitude,
fait le procès des capitalistes.
Selon l'orateur, ce sont les capitalistes, les gens
de haute banque, qui inspirent tous les actes du mi-
nistère actuel.
Le gouvernement n'aurait point pu faire l'émis-
sion du dernier emprunt s'il n'avait, dans la ques-
tion de la grève de Decazeville, accédé aux désirs de
M. Léon Say, soutenu par MM. de Rothschild.
Et il en sera ainsi tant au'il existera des finan-
ciers assez puissants pour pouvoir dicter leurs con-
ditions, dans toutes les questions politiques ou so-
ciales, au gouvernement du pays.
Aussi la solution est-elle simple? Il suffit d'en-
voyer MM. de Rothschild à Mazas ou au « mur ».
Au mur crient plusieurs assistants.
Le jour où ces grands banquiers seront en pri-
son et où l'on pourra leur faire rendre gorge, ce
jour-là, a continué M. Guesde, la question sociale
aura fait un grand pas et la Révolution sera pro-
che
» Mais quel est le ministère qui, dans l'intérêt des
classes ouvrières, fera jamais celât
Pas plus le ministère actuel que le ministère
Clemenceau. Voyez :NI. Clemenceau ne voulant
point prendre la direction du cabinet, il y a casé
quatre de ses créatures MM. Lockroy, Granet, Bou-
langer et Aube. Eh bien, dans la question des grèves
de Decazeville, qu'ont fait ces radicaux? Rien, pas
plus que le leader de l'extrême gauche, et soyez per-
suadés que ni les uns ni les autres ne feront jamais
rien pour la classe des travailleurs
Le « fusil libérateur J.
M. Jules Guesde en a conclu que, puisque les pro-
létaires ne pouvaient rien espérer de leurs élus, il
leur faudrait compter, dans un délai peut-être rap-
proché, sur « le fusil libérateur » qui au moins ap-
portera peut-être une solution aux souffrances des
classes ouvriéres.
Le citoyen Chauvière, lui, a fort malmené les dé-
putés en général, et plus particulièrement les absten-
tionnistes qui sont toujours absents au moment des
votes sur les questions très importantes, pour être
en mesure de répondre à ceux qui arriveront pro-
chainement au pouvoir, ou aux réactionnaires ou
aux révolutionnaires, selon que le voudront les cir-
constances « Je vous suis tout dévoué, puisque,
dans telle ou telle question,je n'ai point voté contre
vous. »
L'orateur a terminé en disant que ceux-là étaient
des êtres méprisables, trahissant la cause qu'ils ont
été appelés à servir.
Le citoyen Paul Lafargue a repris le thème du ci-
toyen Jules Guesde et a dit que le seul obstacle sé.
rieux à la réalisation du but poursuivi par les révo-
lutionnaires était l'existence des gros capitalistes et
des détenteurs de la propriété foncière.
D'après lui, la première chose à faire par les révo-
lutionnaires quand ils arriveront au pouvoir sera
d'emprisonner les Rothschild, les d'Audiffret-Pas-
Pasquier, les Léon Say, avant qu'ils n'aillent à l'é-
tranger rejoindre les gros capitaux qu'ils y ont mis
à l'abri:
Ce moyen serait plus pratique que de les conduire
au mur », car, une fois enfermés, on pourrait
facilement leur faire rendre ces capitaux. De quelle
façon?
Le citoyen Lafargue l'a trouvé
Ces individus, a-t-il dit, ont l'habitude de fort
bien manger, de boire du champagne à tous leurs
repas 1 Eh bien, on les mettrait à la diète, et, quand
ils voudraient manger une côtelette, on la leur ferait
payer 100,000 ffancs 1
Cette ingénieuse combinaison a soulevé des ap-
plaudissements enthousiastes.
Princes et socialistes.
Le citoyen Andrieu a vivement critiqué les actes
du ministère, et a établi un parallèle entre le mandat
d'amener lancé contre M. Albert Goullé et la ques-
tion de l'expulsion des princes.
• Les ministres, a-t-il dit, devaient être en. conseil
en train de discuter cette importante question quj,
semble fort les occuper depuis quelque emps, lors-
qu'on est venu-demander au garde des sceaux d'ap-
poser sa signature au bas du mandat ordonnant.
l'arrestation de notre ami. Comme il s'agissait d'un
socialiste, M". Dem6le n'a pas hésité un instant, il a
signé, puis le conseil a continué à ne point prendre
de résolutions concernant les prétendants.
Ce qui est bien naturel de la part de nos minis-
tres, qui savent fort bien qu'il leur faudrait ensuite
compter avec les amis des princes, c'est-à-dire les
financiers et les capitalistes, tandis que les arresta-
tions de Roche, de Duc-Quercy et de Goullé n'inté-
ressent que la classe ouvrière. Or, chacun sait que la
classe ouvrière est quantité négligeable pour les mi-
nistres républicaines, s
Le docteur Castelnau a présenté un ordre du jour
flétrissant le gouvernement pour ses mesures arbi-
traires envers les révolutionnaires et engageant les
mineurs de Decazeville il continuer la grève.
Cet ordre du jour, mis aux voix par le président,
a été adopté à l'unanimité.
L'ex-général Eudes a alors prononcé quelques pa-
l'oles il a tout d'abord fait l'éloge du citoyen Goullé
pour la campagne qu'il vient de mener dans l'Avey-
ron et a engagé l'assemblée à lui voter des félicita-
tions. Il a ajouté
« La séance va être levée tout à l'heure. Je ne
veux pas vous recommander le calme, je ne veux
pas vous recommander non plus la violence, mais à
la sortie je compte bien que vous accompagnerez
notre ami Goullé et que vous sauriez empêcher qu'il
lui arrive quoi que ce soit! »
Cette recommandation avait trait à l'arrestation
du rédacteur du Cri d2t Peuple, dont le bruit avait
couru un instant, mais elle a été inutile.
A cinq heures la salle se vidait et les assistants se
formaient en groupes devant le théâtre, attendant le
président..
Quelques instants après, le citoyen Goullé sortait;
il était immédiatement entouré par tous les socialis-
tes. criant « Vive Goullé! Vive Goullé! l'accompa-
gnant ainsi jusqu'au café voisin, pendant que cinq
ou six gardiens de la paix les regardaient faire d'un
œil indifférent..
A DÏCAZEVILLE T
Le secours de 5,000 francs voté par leoon-
seil général da la .Seine Le conseil
d'Etat consulté.
Il y a quelques jours, nous avons annoncé que le
conseil des ministres avait résolu d'annuler la délai-
bération par laquelle le conseil général de la Seine
avait voté un crédit de 5,000 francs à titre de se-
cours aux grévistes de Decazeville.
Mais, depuis, le gouvernement a conçu quelques
doutes sur l'étendue exacte des droits des conseils gé-
néraux, qui, en pareille matière, sont plus larges que
ceux des conseils municipaux. Aussi le ministre de
l'intérieur a-t-il cru devoir demander avis au conseil
d'Etat sur la question avant de prendre une décision
définitive.
La continuation de la grève.
(D'UN correspondant)
Decazeville, 3 juin. Cette après-midi, à deux
heures, a eu lieu à Combes uni1 réunion de deux
cent vingt-cinq mineurs. Ils ont voté à bulletin se-
cret sur la question de savoir si le travail devait
être repris.
A l'unanimité, la continuation de la grève a été
votée.
A trois heures et demie, la même opération a eu
lieu à Firmy. Sur quatre-vingt-quinze mineurs qui
ont pris part au vote, deux seulement se sont décla-
rés pour la reprise du travail.
Enfin, à cinq heures et demie, on a procédé au
scrutin sur la même question à Decazeville. La con-
tinuation de la grève a obtenu l'unanimité.
Dans aucune de ces trois réunions, les délégués
n'ont pris part au vote, M. Basly leur ayant demandé
de s'abstenir afin de connaître les véritables inten-
tions des mineurs.
Nouvelles explosions.
(D'UN CORRESPONDANT)
Decazeville, 3 juin. -.Cette nuit, vers deux heu-
res, deux nouvelles explosions ont eu lieu, toutes
deux heureusement sans effet, comme les précé-
dentes.
La première a eu lieu route d'Aubris, dans une
maison habitée par le mineur Montoroi, qui n'a pas
quitté le travail.
La seconde route de Viviez, dans la maison Bra-
vard, qui est en partie habitée par le mineur Co-
lombe, qui a repris le travail.
EXPOSITIONS FRANÇAISES
Dans l'Amérique du Sud Propagande pa-
triotique.
Une série d'expositions françaises dans l'Amérique
du Sud vient d'être inaugurée, au Brésil, par le pré-
sident de la province de Pernambuco et les autorités
locales.
Des discours ont été prononcés à cette occasion,
discours très ilatteurs pour notre amour-propre na-
tional.
La presse en parle avec les plus grands détails et
les plus vifs éloges. Elle félicite à la fois leur orga-
nisateur. M. Régnier, et les fabricants français qu'il
a, après un long voyage d'étude préalable, réunis en
société coopérative.
C'est par ces journaux que nous apprenons l'exis-
tence de cette Société, qui n'a pas fait parler d'elle
en France et a préféré en faire parler à l'étranger,
réalisant ce que tout le monde conseille, ce que per-
sonne ne pratique; le transport économique des pro.
duits de fabricants-associés sur les lieux mêmes de
consommation. La presse française doit remercier la
presse américaine de l'accueil fait à nos nationaux
et féliciter ceux qui ont entrepris cette croisade pour
le relèvement de notre commerce extérieur.
Le succès de la première exposition ne peut man-.
quer d'attirer des adhésions nouvelles à la Société
coopérative dont nous ignorons le siège à Paris;
mais nous savons que l'organisateur de ces exposi-
tions, M. Regnier, a quitté Pernambuco, laissant à
ses représentants associés, MM. Lapprte, la con-
tinuation de son œuvre, et qu'il est en ce moment à
Bahia.
r. C'est là qu'aura lieu la seconde exposition. La
suivante se fera à Rio-Janeiro. Nos consuls et agents
se montrent, paraît-il, pleins de bon vouloir pour
favoriser cette campagne commerciale, ce dont il
convient de les féliciter.
ÉMIGRÉS POLONAIS
ir (D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 3 juin. On télégraphie de Saint-Péters-
bourg que plusieurs émigrés polonais qui ont pris
part à l'insurrection de 1863 contre la Russie et qui
se trouvent actuellement en France et en Angleterre
sa sont entendus pour demander une amnistie au
czar.
LES ÉTRANGERS EN AMÉRIQUE
(PAR CABLE AU € MATIN
Washington, 3 juin. Hier, le Sénat a adopté
le bill interdisant aux étrangers l'acquisition de
biens-fonds sur le territoire des Etats-Unis,
L'EXPULSION
LA QUESTION DES PRINCES AU CON-
SEIL DES MINISTRES
On désire toujours l'entente Le conseil
de cabinet d'hier La décision ren-
voyée à lundi Ce qui se pas-
sera aujourd'hui Un
nouveau texte.
La note communiquée à l'agence Havas par le
ministère de l'intérieur sur le conseil de cabinet
tenu hier matin dit, en parlant de la question
des princes:
« Le ministre des affaires étrangères, le mi-
nistre de l'intérieur et le garde des sceaux ont
rendu compte de l'entrevue qu'ils ont eue mardi
avec la commission chargée d'examiner le projet
relatif aux princes.
s Ils en ont rapporté l'impression qu'il existe
de part et d'autre un vif désir d'accord.
3 Le gouvernement n'a pu délibérer sur aucun
texte transactionnel, puisqu'il n'est pas saisi
officiellement des propositions de la commis-,
sion. »
Ces lignes ont lieu d'étonner quelque peu
En effet, s'il est exact que les six membres de' ̃*
la majorité de la commission soient allés voiri
mercredi M. de Freycinet, à titre purement offl-
cieux s'il est exact que, bien que MM. Brousse ef\
Burdeàu aient rédigé d'avance un texte transac.-t
tionnel sur lequel ils pensaient que l'accord pou-'
vait se faire, la majorité de la commission se.;
soit bornée à indiquer au président du conseil
les termes de ce texte, sans saisir officiellement
le gouvernement de cette proposition,
M. de Freycinet, loin de répondre aux six
commissaires que le cabinet ne pouvait se con-,
sidérer comme valablement saisi, leur avait^
laissé entendre qu'il allait en délibérer en con-;
seil.
Autrement, si le gouvernement attendait que,
la commission eût pris une décision officielle sur]
la proposition pour l'examiner à son tour, comme,
M. de Freycinet a laissé pressentir que le cabi-ï
net n'accepterait sans doute pas le texte transac-
tionnel proposé, le gouvernement et la commis-
sion seraient exposés à tourner dans un cercle'
vicieux et la question risquerait de s'éterniser;
sans recevoir de solution.
Puisque c'est une entente que l'on recherche
des deux côtés, il faut nécessairement que les(
deux parties se mettent d'accord sur les bases de,
la transaction avant qu'unè décision officielle ait!
été prise de part et d'autre.
Mais la vérité est que le conseil d'hier matin a
délibéré sur le projet transactionnel proposé au.
gouvernement.
Toutefois, la délibération à ce sujet a été
courte.
Délibération du cabinet.
M. de Freycinet a rendu compte à ses collègues
de son entrevue de mercredi avec la majorité de
la commission.
Chaque ministre de son côté a donné son im"!
pression personnelle sur les dispositions de la
Chambre.
Tout les ministres ont été d'accord sur la .né-
cessité d'une transaction, mais on n'a pu prendra
une décision sur les termes mêmes de cette trans-
action.
M. de Freycinet a désiré. en effet, avoir encore
une journée tout entière pour amener la com.
mission à lui faire des concessions plus grandes.
Mais, ce qui a surtout empêché une discussion
approfondie, c'est l'absence de M. Grévy. Les
ministres ont préféré renvoyer au conseil de de-
main samedi, qui doit se tenir à l'Elysée, la réso-
lution définitive qu'ils prendront.
Cependant, les ministres radicaux ont vive-
ment insisté auprès de M. de Freycinet pour qu'il
étendît encore ses concessions, au moins sur la
question du principe, quitte à se réserver une
plus grande liberté dans l'application.
Le président du conseil, affirment ses collè-
gues, s'est montré rempli de dispositions conci-.
liantes, et l'impression générale était qu'une en-
tente serait facile.
M. Brousse au quai d'Orsay.
Du reste, à peine le conseil était-il terminé que
M. de Freycinet recevait M. Brousse, membre de
la majorité et secrétaire de la commission, et lui
exposait à peu près les termes du projet qu'il
croyait pouvoir accepter.
L'entrevue de M. de Freycinet et de M. Brousse
a été fort longue.
Aujourd'hui, dès l'ouverture de la commis-
sion, M. Brousse lui soumettra un texte nouveau,
et il est probable que vers trois heures le prési-
dent du conseil sera entendu de rechef.
CONSEIL DE CABINET
Le régime des sucres et la prochaine discus-.
sion à la Chambre Les résolutions du_>'
gouvernement.
Outre l'affaire des princes, le conseil s'est occupé
de la question du régime des sucres, que la Chambre^
doit discuter lundi prochain. -.i
II a été reconnu d'abord qu'un malentendu existait;
dans le rapport de la commission parlementaire, et'
que celle-ci n'avait été saisie d'aucun projet, par le
gouvernement, qui s'est borné à- lui communiquer:
des notes et renseignements préliminaires..
Puis, les ministres des finances, de l'agriculture et
du commerce se sont entendus sur les dispositions;
qu'ils défendront devant la Chambre.
Jugeant que le projet général de la commission
soulevait un trop grand nombre de questions et que
certaines d'entre elles sont en outre trop complexes
pour pouvoir être résolues par le Parlement avant 1^
clôture de la présente session, les ministres ontdécide;
qu'ils demanderaient à la Chambre de limiter, pour-
le moment, la discussion à la solution de celles des;
susdites questions qui présentaient un caractère
d'urgence, c'est-à-dire celle de la prorogation de la,
surtaxe sur les sucres européens étrangers et celle du
régime imposé aux sucres coloniaux français.
Ajoutons que le gouvernement consent à la proro*
gation pour deux années de la surtaxe de 7 fr. appli-
quée par la loi du 29 juillet 1884 aux sucres euro.
péens étrangers, prorogation qui expire le 31 août
prochaine.
Le gouvernement admet aussi le principe de 1 équi-
valence pour les sucres coloniaux français.
Les grèves.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a fait savoir
que le nombre des ouvriers qui ont repris le travail
à Decazeville s'élève maintenant à 564.
A Fourmies (Nord), raccord semble devoir s éta-
blir entre les patrons et les ouvriers.
M. Demôle, garde des sceaux, a été autorisé à dé·,
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