Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-07-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1890 15 juillet 1890
Description : 1890/07/15 (A12,N14). 1890/07/15 (A12,N14).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55100452
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 14. — 12e Année.
15 Juillet 1890.
SOMMAIRE.
Jeanne d'Arc. — Carmen Sylva. — Un mystère de grâce.
— Regardez en haut. — Poésie. — L'enfant. -— Associa-
tion des dames suisses pour l'oeuvre du relèvement moral.
Conférences sur la prédication. — Annonces. — Coins
des ménagères. — Pensées. — Avis,
JEANNE D'ARC.
Nancy, le 28 juin 1890.
Il est quatre heures après-midi, les cloches
sonnent, le canon gronde. La ville de Nancy Cé-
lèbre en ce moment la fête de l'inauguration de
la statue de Jeanne d'Arc, la bonne Lorraine, la
libératrice de la France, la martyre de la liberté
de conscience et de l'amour de la Patrie.
De beaux et brillants discours ont été pronon-
cés à cette occasion et nous avons en la joie pro-
fonde de voir tous nos concitoyens, sans distinc-
tion d'opinions politiques et de croyances reli-
gieuses, s'associer dans cet hommage rendu à la
plus pure incarnation du patriotisme.
Au temple, comme à la cathédrale et à la
synagogue, une cérémonie religieuse a précédé
ce matin la fête proprement dite. Chacun a com-
pris, en effet, qu'il fallait honorer non seulement
la guerrière, mais encore et avant tout la patriote
inspirée par Dieu.
Nous pensons publier sous peu tout ou partie
de la conférence que nous avons entendue au
temple et dans laquelle le pasteur a mis en lu-
mière le caractère de la chrétienne. Aujourd'hui,
nous donnons des extraits du panégyrique officiel
prononcé par le doyen de la Faculté des lettres :
« Les bandes anglo-bourguignonnes portaient
sans relâche dans le pays de Vaucouleurs la dé-
vastation et la mort. C'est au bruit des armes, à
la lueur des incendies, au milieu d'une popula-
tion affolée de terreur que grandit la future libé-
ratrice de la France. Mais la pieuse et vaillante
enfant ne voulait pas croire que la France et son
roi pussent jamais succomber. Cela ne serait, pas.
Dieu ne le permettrait point. 11 viendra un sau-
veur. Elle l'appelait dans ses longues et ardentes
prières. Elle l'attendait, elle le pressentait dans
les méditations rustiques où se complaisait son
âme naïve et rêveuse. Qui serait-il? Ne serait-ce
pas une femme? N'entendait-elle pas répéter de
toutes parts qu'un enchanteur célèbre l'avait pré-
dit? Que le royaume vendu par une reine serait
racheté par une vierge des champs, que cette
vierge viendrait des marches de Lorraine, du
bois chesnu, disait la légende ? Mais le bois chesnu,
c'était le coin de forêt qui dominait son village ;
bien plus encore, c'était le domaine de son père ;
elle y était née pour ainsi dire, elle y passait la
moitié de ses jours. La vierge du bois chesnu,
c'était elle peut-être. Ainsi s'opérait peu à peu,
sans qu'elle en eût conscience, le travail mysté-
rieux d'où devait résulter son irrésistible vo-
cation .
«Un jour, elle avait treize ans, c'était en 1425,
une troupe de pillards venait de traverser Dom-
remy ; tout à coup Jeanne vit une grande clarté.
Tremblante, elle entendit une voix qui lui révé-
lait sa mission. Comment eût-elle douté ? L'être
surnaturel qui l'appelait au secours du royaume,
c'était saint Michel;, l'archange guerrier, que la
, France invoquait désespérément comme son pa-
tron, depuis que saint Denis, en laissant occuper
son sanctuaire par l'ennemi, avait semblé renon-
cer à la défendre. Mais aurait-elle le courage de
se mettre en route ? Ignorante, faible, pauvre,
qui la croirait? Qui voudrait la suivre? Pour-
rait-elle, du reste, se résoudre à quitter ses pa-
rents, son lieu natal? Elle n'eût jamais pris ce
15 Juillet 1890.
SOMMAIRE.
Jeanne d'Arc. — Carmen Sylva. — Un mystère de grâce.
— Regardez en haut. — Poésie. — L'enfant. -— Associa-
tion des dames suisses pour l'oeuvre du relèvement moral.
Conférences sur la prédication. — Annonces. — Coins
des ménagères. — Pensées. — Avis,
JEANNE D'ARC.
Nancy, le 28 juin 1890.
Il est quatre heures après-midi, les cloches
sonnent, le canon gronde. La ville de Nancy Cé-
lèbre en ce moment la fête de l'inauguration de
la statue de Jeanne d'Arc, la bonne Lorraine, la
libératrice de la France, la martyre de la liberté
de conscience et de l'amour de la Patrie.
De beaux et brillants discours ont été pronon-
cés à cette occasion et nous avons en la joie pro-
fonde de voir tous nos concitoyens, sans distinc-
tion d'opinions politiques et de croyances reli-
gieuses, s'associer dans cet hommage rendu à la
plus pure incarnation du patriotisme.
Au temple, comme à la cathédrale et à la
synagogue, une cérémonie religieuse a précédé
ce matin la fête proprement dite. Chacun a com-
pris, en effet, qu'il fallait honorer non seulement
la guerrière, mais encore et avant tout la patriote
inspirée par Dieu.
Nous pensons publier sous peu tout ou partie
de la conférence que nous avons entendue au
temple et dans laquelle le pasteur a mis en lu-
mière le caractère de la chrétienne. Aujourd'hui,
nous donnons des extraits du panégyrique officiel
prononcé par le doyen de la Faculté des lettres :
« Les bandes anglo-bourguignonnes portaient
sans relâche dans le pays de Vaucouleurs la dé-
vastation et la mort. C'est au bruit des armes, à
la lueur des incendies, au milieu d'une popula-
tion affolée de terreur que grandit la future libé-
ratrice de la France. Mais la pieuse et vaillante
enfant ne voulait pas croire que la France et son
roi pussent jamais succomber. Cela ne serait, pas.
Dieu ne le permettrait point. 11 viendra un sau-
veur. Elle l'appelait dans ses longues et ardentes
prières. Elle l'attendait, elle le pressentait dans
les méditations rustiques où se complaisait son
âme naïve et rêveuse. Qui serait-il? Ne serait-ce
pas une femme? N'entendait-elle pas répéter de
toutes parts qu'un enchanteur célèbre l'avait pré-
dit? Que le royaume vendu par une reine serait
racheté par une vierge des champs, que cette
vierge viendrait des marches de Lorraine, du
bois chesnu, disait la légende ? Mais le bois chesnu,
c'était le coin de forêt qui dominait son village ;
bien plus encore, c'était le domaine de son père ;
elle y était née pour ainsi dire, elle y passait la
moitié de ses jours. La vierge du bois chesnu,
c'était elle peut-être. Ainsi s'opérait peu à peu,
sans qu'elle en eût conscience, le travail mysté-
rieux d'où devait résulter son irrésistible vo-
cation .
«Un jour, elle avait treize ans, c'était en 1425,
une troupe de pillards venait de traverser Dom-
remy ; tout à coup Jeanne vit une grande clarté.
Tremblante, elle entendit une voix qui lui révé-
lait sa mission. Comment eût-elle douté ? L'être
surnaturel qui l'appelait au secours du royaume,
c'était saint Michel;, l'archange guerrier, que la
, France invoquait désespérément comme son pa-
tron, depuis que saint Denis, en laissant occuper
son sanctuaire par l'ennemi, avait semblé renon-
cer à la défendre. Mais aurait-elle le courage de
se mettre en route ? Ignorante, faible, pauvre,
qui la croirait? Qui voudrait la suivre? Pour-
rait-elle, du reste, se résoudre à quitter ses pa-
rents, son lieu natal? Elle n'eût jamais pris ce
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