Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-09-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 15 septembre 1895 15 septembre 1895
Description : 1895/09/15 (A17,N18). 1895/09/15 (A17,N18).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5509481t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N* 18. — 17e Année.
15 Septembre 1895.
SOMMAIRE
Chronique du Bien, par M" 0 Auguste Sabalior.
Variiilé : La femme du pays basque, par Mmc d'Abbadie
d'Arrasl (suite el lin).
Travail, de Miss Alcool, traduit par M»« Rod-Beuss (suite).
Mouvement féminin.
Bibliographie.
Annonces.
CHRONIQUE DU BIEN
Tout le monde ne peut pas créer quelque vaste
entreprise, fonder une grande oeuvre humanitaire,
mais chacun dans son milieu peut obscurément,
sans bruit, faire quelque bien rien qu'en em-
ployant intelligemment ses loisirs.
Nous voulons vous parler aujourd'hui d'une
très modeste société de travail qui ressemble à
beaucoup d'autres, mais dont l'histoire toute
simple, dont les débuts plus que modestes peu-
vent encourager quelques jeunes filles à fonder
des oeuvres semblables, puisqu'il ne faut pour
capital premier que beaucoup de bonne volonté
et le désir d'être utile.
Pendant la guerre de 1870, bien des familles
avaient envoyé leurs jeunes filles en Angleterre
pour les soustraire aux dangers et aux terreurs
de l'invasion. Cinq d'entre elles étaient réunies
dans le même boarding house, confiées à la garde
maternelle d'une vieille amie. L'une d'elles avait
apporté de France une somme plus que suffisante
à son entretien pendant la période d'exil, mais,
nature ardente, patriote et généreuse, elle s'était
juré de ne pas employer un centime de celle
somme à son usage personnel. Elle chercha à
donner des leçons de français et trouva vite, grâce
à son instruction très solide, à son habitude de la
langue anglaise, à employer son temps d'une fa-
çon assez lucrative pour ne pas entamer son petit
trésor. Tout l'argent qu'elle possédait fut employé
à acheter de la flanelle pour confectionner des
chemises qu'on enverrait à nos pauvres mobiles
si souvent dénués du strict nécessaire. Les jeunes
tilles se mirent à l'ouvrage et chacune, suivant
ses talents, travailla activement. J'ai souvenance
de quelques boutonnières, dont l'étrange façon
donnait la sensation de gros yeux ronds; mais
bah I la chemise n'en était pas moins chaude pour
cela, et le pauvre moblot, tout raidi par le froid,
n'a pas dû s'en scandaliser.
Nos jeunes filles constatèrent avec joie que.
leur coopération avait produit un superbe ré-^
sultat et l'idée leur vint en rentrant au pays de
continuer à se réunir chaque semaine pour tra-
vailler en commun en causant des mauvais jours
passés. Elles constituèrent une petite société qui
débuta tout à fait modestement. Elles commen-
cèrent par s'attribuer gaiement à chacune un titre
pompeux. L'une fut présidente, l'autre vice-pré-
sidente, celle-ci trésorière, celle-là secrétaire et la
dernière pourvoyeuse. Quand tous les grades
lurent conférés, on fit des statuts et on chercha
des membres. L'excellente amie dont j'ai parlé
donna 50 fr. pour mettre la petite barque à flot,
puis l'une apporta des bouts de pièces de calicot,
l'autre de la laine, etc., ce qu'on eut moins le be-
soin de chercher ce fut les pauvres à habiller. ]
Il y a de cela vingt-trois ans. La petite société
a tenu bon. Elle a grandi, prospéré. La salle à
manger qui l'a vue naître est devenue trop étroite.
Les pauvres se sont pressés à la porte de la
Pourvoyauce. Les finances se sont accrues. Main-
tenant tout marche à souhait, et ce qu'il y a de
plus merveilleux, c'est que jamais la discorde
n'a trouvé place, tant la charité faisait bonne
garde.
Mmo Auguste SABATIIÎR.
15 Septembre 1895.
SOMMAIRE
Chronique du Bien, par M" 0 Auguste Sabalior.
Variiilé : La femme du pays basque, par Mmc d'Abbadie
d'Arrasl (suite el lin).
Travail, de Miss Alcool, traduit par M»« Rod-Beuss (suite).
Mouvement féminin.
Bibliographie.
Annonces.
CHRONIQUE DU BIEN
Tout le monde ne peut pas créer quelque vaste
entreprise, fonder une grande oeuvre humanitaire,
mais chacun dans son milieu peut obscurément,
sans bruit, faire quelque bien rien qu'en em-
ployant intelligemment ses loisirs.
Nous voulons vous parler aujourd'hui d'une
très modeste société de travail qui ressemble à
beaucoup d'autres, mais dont l'histoire toute
simple, dont les débuts plus que modestes peu-
vent encourager quelques jeunes filles à fonder
des oeuvres semblables, puisqu'il ne faut pour
capital premier que beaucoup de bonne volonté
et le désir d'être utile.
Pendant la guerre de 1870, bien des familles
avaient envoyé leurs jeunes filles en Angleterre
pour les soustraire aux dangers et aux terreurs
de l'invasion. Cinq d'entre elles étaient réunies
dans le même boarding house, confiées à la garde
maternelle d'une vieille amie. L'une d'elles avait
apporté de France une somme plus que suffisante
à son entretien pendant la période d'exil, mais,
nature ardente, patriote et généreuse, elle s'était
juré de ne pas employer un centime de celle
somme à son usage personnel. Elle chercha à
donner des leçons de français et trouva vite, grâce
à son instruction très solide, à son habitude de la
langue anglaise, à employer son temps d'une fa-
çon assez lucrative pour ne pas entamer son petit
trésor. Tout l'argent qu'elle possédait fut employé
à acheter de la flanelle pour confectionner des
chemises qu'on enverrait à nos pauvres mobiles
si souvent dénués du strict nécessaire. Les jeunes
tilles se mirent à l'ouvrage et chacune, suivant
ses talents, travailla activement. J'ai souvenance
de quelques boutonnières, dont l'étrange façon
donnait la sensation de gros yeux ronds; mais
bah I la chemise n'en était pas moins chaude pour
cela, et le pauvre moblot, tout raidi par le froid,
n'a pas dû s'en scandaliser.
Nos jeunes filles constatèrent avec joie que.
leur coopération avait produit un superbe ré-^
sultat et l'idée leur vint en rentrant au pays de
continuer à se réunir chaque semaine pour tra-
vailler en commun en causant des mauvais jours
passés. Elles constituèrent une petite société qui
débuta tout à fait modestement. Elles commen-
cèrent par s'attribuer gaiement à chacune un titre
pompeux. L'une fut présidente, l'autre vice-pré-
sidente, celle-ci trésorière, celle-là secrétaire et la
dernière pourvoyeuse. Quand tous les grades
lurent conférés, on fit des statuts et on chercha
des membres. L'excellente amie dont j'ai parlé
donna 50 fr. pour mettre la petite barque à flot,
puis l'une apporta des bouts de pièces de calicot,
l'autre de la laine, etc., ce qu'on eut moins le be-
soin de chercher ce fut les pauvres à habiller. ]
Il y a de cela vingt-trois ans. La petite société
a tenu bon. Elle a grandi, prospéré. La salle à
manger qui l'a vue naître est devenue trop étroite.
Les pauvres se sont pressés à la porte de la
Pourvoyauce. Les finances se sont accrues. Main-
tenant tout marche à souhait, et ce qu'il y a de
plus merveilleux, c'est que jamais la discorde
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Mmo Auguste SABATIIÎR.
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