Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-08-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 août 1895 01 août 1895
Description : 1895/08/01 (A17,N15). 1895/08/01 (A17,N15).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5509477x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 15. — 17e Année. l»r Août 1895.
SOMMAIRE
Chronique du Bien : Travail présenté à la Conférence de
Versailles le 27 juin 1895. i
Variété : Femmes du peuple, par M™ O. Gevin-Gassal.
Nouvelle : L'ami de Lannik, par M 1» 0 M. Girardet.
Coin des ménagères, par M 1" 0 Seignobos.
Dons reçus pour les Colonies de vacances.
CHRONIQUE DU BIEN
Travail présenté à la Conférence de Versailles
27 Juin 1895.
Mesdames,
li y a quelques années, un dimanche matin,
un pasteur de l'Eglise protestante de Marseille
montait en chaire, plus grave, plus pâle que de
coutume, l'air pénétré d'une profoude douleur.
o Mes frères, nous dit-il, j'ai à vous apprendre
que tout près d'ici, dans la rue où s'élève cette
église, un homme est mort de faim, cette nuit.
— Gomment cela s'est-il fait ? Gomment une
chose semblable a-1elle pu se passer parmi no us?
— Me voici devant Dieu, avec vous, pour nous
en enquérir, s
En quelques mots très simples, il nous fit alors
le récit des circonstances de ce malheureux qui
n'était ni son paroissien, ni son coreligionnaire
et dont il n'avait connu la détresse que trop tard
pour le sauver; puis d'une voix émue et solen-
nelle, il ajouta : « En tout premier lieu, c'est moi,
mes frères, qui viens m'accuser devant Dieu de
ce grand malheur. Ce que j'ignorais, j'aurais dû
le savoir — cet homme inconnu, j'aurais dû le
connaître puisqu'il était dans un tel dénûment —
devant mon Maître qui m'a confié le ministère de
ses compassions, je m'humilie et me frappe la
poitrine. »
Puis, après un silence, il continua : « Mais ce
n'est pas assez; qu'ai-je omis? qu'aurais-je pu
faire ? — quelle a été, dans cette Circonstance,
ma négligence ou ma faute ? » Et le pasteur nous
lit alors entrer dans l'intimité de sa lâche, dans
celle de sa conscience en découvrant devant nous
les luttes, les défaillances, les tentations.de, las-
situde... Et nous, qui l'écoutions, nous. sentioiïs:
trembler notre coeur devant cet exemple-: de"
repentir que nous donnait ce grand fidèle, ce
grand sincère, et que notre conscience allait nous
forcer à suivre.
En effet, après cet aveu de sa faute, le pasteur
nous dit : « Et maintenant, mes frères, quelle est
la vôtre ?! Et cette question pénétra dans nos
âmes avec une force, une autorité que je ne
saurais vous décrire. Celui qui nous parlait ainsi
venait d'en acquérir le droit ! Nous venions de
voir comment un disciple du Christ s'accuse et
s'humilie devant lui — pouvions-nous nous
refuser à le suivre ? — Il nous montra alors, il
nous fit sentir notre solidarité intime avec les
douleurs et les fautes de nos frères, de tous nos
frères ; il nous fit frémir d'horreur devant notre
indifférence, notre insouciance habituelle de ce
qui se passe à deux pas de nous — dans nos
maisons presque — et telle était la vérité, la
puissance de ce reproche que moi, qui n'étais
là qu'une étrangère en passage, je m'en sentis
atteinte en pleine poitrine , et ce fut avec larmes
que je me joignis à la prière par laquelle cette
assemblée demanda pardon à Dieu de la mort de
ce malheureux.
Mesdames, je n'oublierai jamais celte expé-
rience. Ce pauvre mort de Marseille est vivant
clans ma conscience et me parle chaque fois
SOMMAIRE
Chronique du Bien : Travail présenté à la Conférence de
Versailles le 27 juin 1895. i
Variété : Femmes du peuple, par M™ O. Gevin-Gassal.
Nouvelle : L'ami de Lannik, par M 1» 0 M. Girardet.
Coin des ménagères, par M 1" 0 Seignobos.
Dons reçus pour les Colonies de vacances.
CHRONIQUE DU BIEN
Travail présenté à la Conférence de Versailles
27 Juin 1895.
Mesdames,
li y a quelques années, un dimanche matin,
un pasteur de l'Eglise protestante de Marseille
montait en chaire, plus grave, plus pâle que de
coutume, l'air pénétré d'une profoude douleur.
o Mes frères, nous dit-il, j'ai à vous apprendre
que tout près d'ici, dans la rue où s'élève cette
église, un homme est mort de faim, cette nuit.
— Gomment cela s'est-il fait ? Gomment une
chose semblable a-1elle pu se passer parmi no us?
— Me voici devant Dieu, avec vous, pour nous
en enquérir, s
En quelques mots très simples, il nous fit alors
le récit des circonstances de ce malheureux qui
n'était ni son paroissien, ni son coreligionnaire
et dont il n'avait connu la détresse que trop tard
pour le sauver; puis d'une voix émue et solen-
nelle, il ajouta : « En tout premier lieu, c'est moi,
mes frères, qui viens m'accuser devant Dieu de
ce grand malheur. Ce que j'ignorais, j'aurais dû
le savoir — cet homme inconnu, j'aurais dû le
connaître puisqu'il était dans un tel dénûment —
devant mon Maître qui m'a confié le ministère de
ses compassions, je m'humilie et me frappe la
poitrine. »
Puis, après un silence, il continua : « Mais ce
n'est pas assez; qu'ai-je omis? qu'aurais-je pu
faire ? — quelle a été, dans cette Circonstance,
ma négligence ou ma faute ? » Et le pasteur nous
lit alors entrer dans l'intimité de sa lâche, dans
celle de sa conscience en découvrant devant nous
les luttes, les défaillances, les tentations.de, las-
situde... Et nous, qui l'écoutions, nous. sentioiïs:
trembler notre coeur devant cet exemple-: de"
repentir que nous donnait ce grand fidèle, ce
grand sincère, et que notre conscience allait nous
forcer à suivre.
En effet, après cet aveu de sa faute, le pasteur
nous dit : « Et maintenant, mes frères, quelle est
la vôtre ?! Et cette question pénétra dans nos
âmes avec une force, une autorité que je ne
saurais vous décrire. Celui qui nous parlait ainsi
venait d'en acquérir le droit ! Nous venions de
voir comment un disciple du Christ s'accuse et
s'humilie devant lui — pouvions-nous nous
refuser à le suivre ? — Il nous montra alors, il
nous fit sentir notre solidarité intime avec les
douleurs et les fautes de nos frères, de tous nos
frères ; il nous fit frémir d'horreur devant notre
indifférence, notre insouciance habituelle de ce
qui se passe à deux pas de nous — dans nos
maisons presque — et telle était la vérité, la
puissance de ce reproche que moi, qui n'étais
là qu'une étrangère en passage, je m'en sentis
atteinte en pleine poitrine , et ce fut avec larmes
que je me joignis à la prière par laquelle cette
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ce malheureux.
Mesdames, je n'oublierai jamais celte expé-
rience. Ce pauvre mort de Marseille est vivant
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