Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 15. — 16e Année.
I 01 Août 1894.
SOMMAIRE
Chronique du Bien : Les Colonies de vacances, par Anna Lampériére [le Pelil Temps).
Variété : Le président Carnot, par G. Rey.
Nouvelle : Légende bretonne, Eenoiweau, .par Jeanne- Marie Marillier.
Mouvement féminin.
Bibliographie, par M»c A. Doy.
Pensées.
Coin des ménagères, par M* 0. Seignobos.
Dons reçus pour les Colonies de vacances.
Souscription nationale : Deuxième liste.
Annonces.
CHRONIQUE DU BIEN
COLONIES DE VACANCES
Devant ses malles ouvertes, la maman a de joyeuses songeries; tandis qu'elle réunit et en- tasse les vêtements clairs, les accessoires de ' chasse et de pêche, elle pense aux « potaches » courbés sur leurs compositions, aux petites soeurs qui attendent les prix et qu'elle verra bien- tôt cabrioler en liberté, les yeux brillants et les joues roses, dans quelque parc chenu ou quelque prairie ensoleillée.
On a sonné : c'est une pauvre brave femme d'ouvrière qui vient livrer de l'ouvrage. Elle est propre dans sa simplicité, mais elle a de la tris- tesse dans le regard; devant ces apprêts de voyage une ride de plus marque son front.
Et la joyeuse maman, qui n'y prend garde :
— C'est bien, cela, d'avoir été exacte. Gom- ment vont vos enfants ?
.. — Pas trop bien, madame; la chaleur les éprouve.
— 11 faut les mettre à la campagne.
— HélasI madame, comment?
— Vous n'avez pas de famille qui les pren- drait?
— De la famille qui n'est pas plus riche que moi; et puis... le voyage I
— C'est vrai. C'est bien triste. Tâchez au moins de les mener au bois. N'oubliez pas de m'apporter avant la lin de la
semaine ce que vous aveu encore â moi... (■>-■-• :
L'ouvrière se retire, le coeur gros-;- mais là.ma?- raan joyeuse, qui est- une bonne et charmante ; maman, a comme un petit point noii^tlan^ sou bonheur. ^ :•
Supposez qu'alors une amie comme on en a — de ces amies qui vous tirent si souvent par la manche, les chères bonnes âmes, pour vous don- ner l'occasion de bien placer quelques louis — supposez qu'elle soit entrée, elle qui sait tout ce qu'on peut faire de bien en ce monde, et qu'elle ait dit :
« Ma toute belle, je viens de voir un départ qui m'a réjoui le coeur... Imaginez une centaine de bambins qu'on embarquait à ht gare de Paris- Lyon-Méditerranée; de pauvres petites mines pâlottes, des joues creuses, c'est vrai, mais une flamme dans les yeux à cette idée de « voyager ». Tout ce petit inonde se bousculait pour s'empiler plus vite dans les wagons, et les employés du chemin de fer attendris, plus empressés que s'il s'agissait d'un pourboire de «première », se mul- tipliaient pour aider les gardiennes à guider les « gosses i. C'était d'un pittoresque et d'un tou- chant que je ne puis vous dire.
— Où les emmenait-on, ces enfants?
— A. la campagne, ma bonne amie, pour un mois, et môme deux au besoin. Une femme de grand coeur a fait aménager une ferme, auprès de sa maison de campagne, et quand la ferme est
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