Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-09-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1883 01 septembre 1883
Description : 1883/09/01 (A5,N17). 1883/09/01 (A5,N17).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55088184
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 47. — 5e Année?
1" Septembre 1883.
SOMMAIRE
Quelques erreurs do l'éducation moderne. — Le cacao et
le chocolat — Les prisonnières. — Les lauriers du bon
peuple. — Poésie. — Je puis m'en passer. — Mon journal.
Un concours. — Avis. — Coin des ménagères. — Pen-
sées. — Dons.
QUELQUES ERREURS DE L'ÉDUCATION
MODERNE.
Expériences maternelles.
L'âge d'or pour les parents ne serait-il pas
l'heure charmante qui leur montre leur premier-
né riant dans son berceau? L'enfant ne fait rien
encore, il gazouille, dort, boit ou pleure^ mais à
l'entrée de la vie, tous les hommes n'en sont-ils
pas là, ceux qui seront des héros sur cette terre
aussi bien que les déshérités de ce monde ?
Devant le silence de cette âme inconsciente,
près de ce fragile être sans pensées, nos rêves, à
nous, prennent radieux leur essor ; nous osons
tout espérer de ce trésor mystérieux qui ne sa-
chant rien dire, ne peut rien prouver et qui, dès
lors, ne contredit aucune de nos ambitions et do
nos espérances. Heure douce entre toutes ! la
seule dans la vie de nos chéris que nul souci
d'éducation ne vient troubler; plus tard, nous
pourrons jouir encore mais non sans être obligés
à beaucoup de vigilance et sans que le sentiment
de notre responsabilité ne i>èse sur nos joies.
Nous oublions cela volontiers ; le caractère de
nos enfants s'affirme, que nous prolongeons en-
core cette heure de quiétude ; nous continuons à
voir dans les caprices qui s'éveillent des malices
sans portée ; notre tendresse s'ingénie à les pré-
venir et notre indulgence à leur trouver une
cause. Si notre bon sens proteste, nous nous excu-
sons vis-à-vis de nous-même. « Gomment rai-
sonner une intelligence encore confuse ? Pour-
quoi prendre au tragique cet être mobile papil-
lonnant entre le rire et les larmes et si aimant
quand il est satisfait ? » Près de ce mignon tyran
qui sait bel et bien qu'il est déjà notre maître et
que sa force est dans notre faiblesse, nous remet-
tons la correction à plus tard, « quand il com-
prendra mieux ».
Cet ajournement de la punition n'est-il pas un
premier tort de l'éducation actuelle? Pensez-vous
qu'en ne réprimant pas aujourd'hui un caprice
nous trouverons plus d'énergie pour le réprimer
demain? Gela est peu probable. D'un jour, d'une
semaine à l'autre, notre enfant ne nous semblera
pas mûri au point d'exiger plus de rigueur et
nous laisserons passer le temps, forts de notre
sévérité future.
Tout à coup, un orage plus violent nous dessille
les yeux ; nous nous réveillons de notre inertie,
étonnés et tristes et comprenons, cette fois, mais
un peu tard, que l'heure d'agir a sonné. Nous ne
sommes pas à court, heureusement, de théories
d'éducation. On en fait provision à tout âge en
jugeant les systèmes d'autrui. Quelle sera notre
méthode à nous? Allons-nous enfin sévir? Op-
poser notre autorité à l'emportement de ces petits
despotes? Patience ! l'éducation moderne a trouvé
un biais, doux à la faiblesse maternelle, ingénieux
compromis entre l'indulgence et la sévérité qui
saura ménager l'individualité de chaque caractère.
Avant de défendre et d'ordonner, nous explique-
rons au jeune récalcitrant les motifs de notre
conduite et les raisons qui dictent nos conseils ;
nous lui donnerons voix au chapitre, nous ferons
appel à son jugement et nous l'amènerons, pen-
sons-nous, logiquement à l'obéissance. Nous es-
pérons, en agissant ainsi, nous l'attacher double-
ment et comme fils et comme ami.
Le rêve est beau, mais prématuré et notre in-
1" Septembre 1883.
SOMMAIRE
Quelques erreurs do l'éducation moderne. — Le cacao et
le chocolat — Les prisonnières. — Les lauriers du bon
peuple. — Poésie. — Je puis m'en passer. — Mon journal.
Un concours. — Avis. — Coin des ménagères. — Pen-
sées. — Dons.
QUELQUES ERREURS DE L'ÉDUCATION
MODERNE.
Expériences maternelles.
L'âge d'or pour les parents ne serait-il pas
l'heure charmante qui leur montre leur premier-
né riant dans son berceau? L'enfant ne fait rien
encore, il gazouille, dort, boit ou pleure^ mais à
l'entrée de la vie, tous les hommes n'en sont-ils
pas là, ceux qui seront des héros sur cette terre
aussi bien que les déshérités de ce monde ?
Devant le silence de cette âme inconsciente,
près de ce fragile être sans pensées, nos rêves, à
nous, prennent radieux leur essor ; nous osons
tout espérer de ce trésor mystérieux qui ne sa-
chant rien dire, ne peut rien prouver et qui, dès
lors, ne contredit aucune de nos ambitions et do
nos espérances. Heure douce entre toutes ! la
seule dans la vie de nos chéris que nul souci
d'éducation ne vient troubler; plus tard, nous
pourrons jouir encore mais non sans être obligés
à beaucoup de vigilance et sans que le sentiment
de notre responsabilité ne i>èse sur nos joies.
Nous oublions cela volontiers ; le caractère de
nos enfants s'affirme, que nous prolongeons en-
core cette heure de quiétude ; nous continuons à
voir dans les caprices qui s'éveillent des malices
sans portée ; notre tendresse s'ingénie à les pré-
venir et notre indulgence à leur trouver une
cause. Si notre bon sens proteste, nous nous excu-
sons vis-à-vis de nous-même. « Gomment rai-
sonner une intelligence encore confuse ? Pour-
quoi prendre au tragique cet être mobile papil-
lonnant entre le rire et les larmes et si aimant
quand il est satisfait ? » Près de ce mignon tyran
qui sait bel et bien qu'il est déjà notre maître et
que sa force est dans notre faiblesse, nous remet-
tons la correction à plus tard, « quand il com-
prendra mieux ».
Cet ajournement de la punition n'est-il pas un
premier tort de l'éducation actuelle? Pensez-vous
qu'en ne réprimant pas aujourd'hui un caprice
nous trouverons plus d'énergie pour le réprimer
demain? Gela est peu probable. D'un jour, d'une
semaine à l'autre, notre enfant ne nous semblera
pas mûri au point d'exiger plus de rigueur et
nous laisserons passer le temps, forts de notre
sévérité future.
Tout à coup, un orage plus violent nous dessille
les yeux ; nous nous réveillons de notre inertie,
étonnés et tristes et comprenons, cette fois, mais
un peu tard, que l'heure d'agir a sonné. Nous ne
sommes pas à court, heureusement, de théories
d'éducation. On en fait provision à tout âge en
jugeant les systèmes d'autrui. Quelle sera notre
méthode à nous? Allons-nous enfin sévir? Op-
poser notre autorité à l'emportement de ces petits
despotes? Patience ! l'éducation moderne a trouvé
un biais, doux à la faiblesse maternelle, ingénieux
compromis entre l'indulgence et la sévérité qui
saura ménager l'individualité de chaque caractère.
Avant de défendre et d'ordonner, nous explique-
rons au jeune récalcitrant les motifs de notre
conduite et les raisons qui dictent nos conseils ;
nous lui donnerons voix au chapitre, nous ferons
appel à son jugement et nous l'amènerons, pen-
sons-nous, logiquement à l'obéissance. Nous es-
pérons, en agissant ainsi, nous l'attacher double-
ment et comme fils et comme ami.
Le rêve est beau, mais prématuré et notre in-
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