Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1883-04-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 avril 1883 01 avril 1883
Description : 1883/04/01 (A5,N7). 1883/04/01 (A5,N7).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5508806x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 7. — 5° Année.
A" Avril 1883.
SOMMAIRE
Un lecteur à la Directrice du journal. — Réflexions tirées
des mémoires d'Elisabeth Fry. — Lo chrétien. — Du
calme. — A chaque chose son temps. — Poésie. — Mon
expérience, nos servantes. — Deux reines. — Coin des
ménagères. — Livres. — Pensées.
UN LECTEUR
A la Directrice du journal « la Femme ».
Chère Madame,
Votre bon journal reparaît au moment opportun
et avec les allures variées qui lui conviennent.
Imprimé d'une manière supérieure, sur beau
papier, « la Femme » ressemble à ces matrones
antiques qui ne devaient leur beauté qu'à elles-
mêmes, parce qu'elles dédaignaient les moyens
factices pour se donner des attraits trompeurs.
C'est dire que le journal est essentielle-
ment chrétien. Oui, chrétien: n'en déplaise à
MM. Daudet, Wolf et Guillemot qui ont expliqué
l'évangélisation à leur manière ; — le besoin d'un
journal spécialement destiné aux femmes se fai-
sait sentir.
On sait quel est le thème des productions litté-
raires de notre époque : Violences, meurtres,
assassinats, cours d'assises, personnages hideux
disséqués, non pas dans tel amphithéâtre, mais
en plein air, aux yeux d'un public qui s'excite
pour y prendre plaisir. Il faut bien que cela cesse :
toutes les épidémies ont une iin. Mais en atten-
dant il faut employer les moyens préventifs. Ah !
si vous arrivez à prévenir le mal dans quelques
coeurs et à dégoûter celles do nos soeurs qui se-
raient tentées d'aller voir, comme les autres, les
productions de ce temps, quelle oeuvre, quelle
bonne oeuvre! Et vous la ferez, j'en ai la douce
confiance.
Un rédacteur du Temps, M. P. Bourde, l'auteur
généreux du Livre d'un Patriote — pas un protes-
tant celui-là, — dénonce en termes énergiques lo
mal que s'efforcent de faire certains auteurs :
« .. .On admire les excentricités; on ne prend
au sérieux que les paradoxes. On se donne un
mal inouï pour ne ressembler à rien d'humain.
On ne croit pas à grand'chose, mais on a peur du
diable. On n'est pas sûr du tout d'avoir une âme,
mais on se persuade qu'il existe positivement
des fantômes. On serait désolé d'être bien por-
tant, car il est incongru de ne pas avoir sa né-
vrose. On tient énormément à l'air démoniaque ;
on est féroce ; on est sardonique ; on est macabre ;
on est vipérin... » Et l'auteur ajoute que le pu-
blic qui a du goût demande à ces auteurs d'où ils
viennent, s'ils ne se seraient pas trompés de temps
et de pays. Oui, le public qui a du goût; mais
l'autre, qui est perverti ou qu'on est en voie de
pervertir ?.. .
Dans tous les cas, on ne fera pas à la Femme le
reproche de se tromper de temps et de pays. Elle
sera toujours dans les limites de son territoire,
car :
La vérité c'est son pays.
Dégoûtées, malheureuses et impuissantes, telle
est la situation de bien des femmes. Votre jour-
nal, en leur parlant du bien à accomplir, des
pauvres enfants à recueillir et à sauver, peut leur
mettre au coeur une ardeur jusqu'ici inconnue.
On a vu souvent, si ce n'est toujours, telle per-
sonne se relever graduellement, devenir forte et
puissante dans la mesure du dévouement qu'elle
a pratiqué envers les autres.
Un jeune pasteur me disait un jour : « J'ai
passé par de grandes angoisses; je ne pouvais
pas prier, pas prier pour moi. L'idée me vint de
prier pour une personne que j'aimais et Dieu me
fit la grâce de pouvoir intercéder pour moi-même
qui en avait tant besoin. » — Vous avez bienfait,
A" Avril 1883.
SOMMAIRE
Un lecteur à la Directrice du journal. — Réflexions tirées
des mémoires d'Elisabeth Fry. — Lo chrétien. — Du
calme. — A chaque chose son temps. — Poésie. — Mon
expérience, nos servantes. — Deux reines. — Coin des
ménagères. — Livres. — Pensées.
UN LECTEUR
A la Directrice du journal « la Femme ».
Chère Madame,
Votre bon journal reparaît au moment opportun
et avec les allures variées qui lui conviennent.
Imprimé d'une manière supérieure, sur beau
papier, « la Femme » ressemble à ces matrones
antiques qui ne devaient leur beauté qu'à elles-
mêmes, parce qu'elles dédaignaient les moyens
factices pour se donner des attraits trompeurs.
C'est dire que le journal est essentielle-
ment chrétien. Oui, chrétien: n'en déplaise à
MM. Daudet, Wolf et Guillemot qui ont expliqué
l'évangélisation à leur manière ; — le besoin d'un
journal spécialement destiné aux femmes se fai-
sait sentir.
On sait quel est le thème des productions litté-
raires de notre époque : Violences, meurtres,
assassinats, cours d'assises, personnages hideux
disséqués, non pas dans tel amphithéâtre, mais
en plein air, aux yeux d'un public qui s'excite
pour y prendre plaisir. Il faut bien que cela cesse :
toutes les épidémies ont une iin. Mais en atten-
dant il faut employer les moyens préventifs. Ah !
si vous arrivez à prévenir le mal dans quelques
coeurs et à dégoûter celles do nos soeurs qui se-
raient tentées d'aller voir, comme les autres, les
productions de ce temps, quelle oeuvre, quelle
bonne oeuvre! Et vous la ferez, j'en ai la douce
confiance.
Un rédacteur du Temps, M. P. Bourde, l'auteur
généreux du Livre d'un Patriote — pas un protes-
tant celui-là, — dénonce en termes énergiques lo
mal que s'efforcent de faire certains auteurs :
« .. .On admire les excentricités; on ne prend
au sérieux que les paradoxes. On se donne un
mal inouï pour ne ressembler à rien d'humain.
On ne croit pas à grand'chose, mais on a peur du
diable. On n'est pas sûr du tout d'avoir une âme,
mais on se persuade qu'il existe positivement
des fantômes. On serait désolé d'être bien por-
tant, car il est incongru de ne pas avoir sa né-
vrose. On tient énormément à l'air démoniaque ;
on est féroce ; on est sardonique ; on est macabre ;
on est vipérin... » Et l'auteur ajoute que le pu-
blic qui a du goût demande à ces auteurs d'où ils
viennent, s'ils ne se seraient pas trompés de temps
et de pays. Oui, le public qui a du goût; mais
l'autre, qui est perverti ou qu'on est en voie de
pervertir ?.. .
Dans tous les cas, on ne fera pas à la Femme le
reproche de se tromper de temps et de pays. Elle
sera toujours dans les limites de son territoire,
car :
La vérité c'est son pays.
Dégoûtées, malheureuses et impuissantes, telle
est la situation de bien des femmes. Votre jour-
nal, en leur parlant du bien à accomplir, des
pauvres enfants à recueillir et à sauver, peut leur
mettre au coeur une ardeur jusqu'ici inconnue.
On a vu souvent, si ce n'est toujours, telle per-
sonne se relever graduellement, devenir forte et
puissante dans la mesure du dévouement qu'elle
a pratiqué envers les autres.
Un jeune pasteur me disait un jour : « J'ai
passé par de grandes angoisses; je ne pouvais
pas prier, pas prier pour moi. L'idée me vint de
prier pour une personne que j'aimais et Dieu me
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