Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-09-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1880 15 septembre 1880
Description : 1880/09/15 (A2,N18). 1880/09/15 (A2,N18).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55087411
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 18. — 2° Année. /0^]^\ 15 Septembre 1880.
ENSEIGNEMENT
Nous voici en face de jeunes enfants connais-
sant leurs lettres et jouant avec elles. Nul doute
que le papa, la maman ou tout autre ami ne leur
ait déjà fait chercher toutes les lettres d'unmêmo
mot; ils les ont alignées sur la table,etle mot formé
a été tout un triomphe. L'enfant le prend et le re-
forme ensuite jusqu'à ce que, lui étant devenu
facile et trop familier, il le laisse pour un autre.
Les parents, dans cotte voie, ont trouvé la vraie
méthode et doivent s'y tenir. Le désir d'ensei-
gner à lire en très peu de temps a fait inventer
une foule de moyens factices, décorés du nom de
méthode, chacun a cherché a faire école, en se
surpassant dans ce tournoi d'un nouveau genre,
et on voit do très sérieuses enseignes ainsi con-
çues:
Enseignement de la lecture, de l'écriture, et
parfois même de l'orthographe, en 30, 40 jours,
etc. Et les parents de se laisser prendre.
Nous n'avons pas à discuter ces méthodes qui
ne sont ni meilleures, ni plus mauvaises les unes
que les autres; chacune d'elles a son utilité,
mais, par le fait qu'elles ont toutes le défaut do
trop presser l'élève sans lui donner le temps de
pénétrer d'ans la composition du mot dont il ne
comprend pas le sens, elles perpétuent le son
nasillard et traînant des écoliers, et arrêtent l'es-
sor de leur intelligence.
L'enfant, ainsi lancé, croit savoir lire, et bre-
douille. En vérité, il faut ne pas réfléchir aux dif-
ficultés que présente la lecture, lettres douces et
dures, singulier et pluriel, modes et temps des
verbes, lettres donnant l'accent ou simples signes
de telle ou telle chose, etc., pour ne pas faire
grâce aux écoliers de ce dur apprentissage à bref
délai.
Quelle supériorité n'a pas la méthode indiquée
par les goûts même de l'enfant! Il aime à trouver
des mots, et il est facile de lui en faire composer
un, deux, trois ou plusieurs, selon sa force, de lui
en faire chercher les lettres, si on s'amuse, de les
lui faire nommer, si on est sérieux, en les lui fai-
sant ensuite répéter de mémoire. Gela les grave
dans son cerveau, et, en lui donnant quelques
explications sur les difficultés qui se présentent
il arrive, peu à peu, à saisir par l'intelligence le
mécanisme des mots, et l'affaire est faite; non
seulement il les lira avec aisance et sans diffi-
culté, mais, à la première occasion, il se saisira
d'une craie, et vous démontrera, au tableau, qu'il
sait aussi les écrire, semblable à l'enfant qu'on a
laissé se fortifier avant de l'essayer à se tenir sur
ses jambes ; ses premiers pas dans l'étude seront
solides et assurés, tandis quo le pauvre bancal a
longtemps besoin de lisières, s'il n'arrive pas aux
béquilles.
Cette introduction dans la lecture par l'intelli-
gence de la structure des mot* qui, du même
coup, initie l'enfant à leur orthographe est très
importante, rien ne saurait la remplacer. Avec
elle, on gagne un temps précieux ; il est vrai
qu'en apparence on va plus lentement, mais quel
chemin ne fait-on pas, sans que l'élève en éprouve
ni fatigue, ni ennui !
Le rôle de la mère dans co premier enseigne-
ment se confond avec celui des directrices de sal-
les d'asile. Salles d'asile I création charmante qui
se trouve en première ligne sur notre route ! Elles
seraient si précieuses si elles n'avaient pas
dégénéré en simples garderies, où les enfants
grouillent parfois depuis huit heures du malin
jusqu'à six ou sept heures du soir.
Une de nos amies qui a voué sa vie à ces éco-
les enfantines, nous a promis de nous communi-
quer, sur ce sujet, le fruit de son expérience ; le
moment est venu do le faire. Que do maîtresses
auront à profiter de ses observations ! — Quant
à nous, nous ne pouvons quo les engager à ensei-
gner leurs jeunes élèves, non plus à lire, mais à
composer et à décomposer les mots, soit au ta-
bleau, soit de mémoire dans les exercices au gra-
din; faitos-leur un personnage burlesque, s'il le
ENSEIGNEMENT
Nous voici en face de jeunes enfants connais-
sant leurs lettres et jouant avec elles. Nul doute
que le papa, la maman ou tout autre ami ne leur
ait déjà fait chercher toutes les lettres d'unmêmo
mot; ils les ont alignées sur la table,etle mot formé
a été tout un triomphe. L'enfant le prend et le re-
forme ensuite jusqu'à ce que, lui étant devenu
facile et trop familier, il le laisse pour un autre.
Les parents, dans cotte voie, ont trouvé la vraie
méthode et doivent s'y tenir. Le désir d'ensei-
gner à lire en très peu de temps a fait inventer
une foule de moyens factices, décorés du nom de
méthode, chacun a cherché a faire école, en se
surpassant dans ce tournoi d'un nouveau genre,
et on voit do très sérieuses enseignes ainsi con-
çues:
Enseignement de la lecture, de l'écriture, et
parfois même de l'orthographe, en 30, 40 jours,
etc. Et les parents de se laisser prendre.
Nous n'avons pas à discuter ces méthodes qui
ne sont ni meilleures, ni plus mauvaises les unes
que les autres; chacune d'elles a son utilité,
mais, par le fait qu'elles ont toutes le défaut do
trop presser l'élève sans lui donner le temps de
pénétrer d'ans la composition du mot dont il ne
comprend pas le sens, elles perpétuent le son
nasillard et traînant des écoliers, et arrêtent l'es-
sor de leur intelligence.
L'enfant, ainsi lancé, croit savoir lire, et bre-
douille. En vérité, il faut ne pas réfléchir aux dif-
ficultés que présente la lecture, lettres douces et
dures, singulier et pluriel, modes et temps des
verbes, lettres donnant l'accent ou simples signes
de telle ou telle chose, etc., pour ne pas faire
grâce aux écoliers de ce dur apprentissage à bref
délai.
Quelle supériorité n'a pas la méthode indiquée
par les goûts même de l'enfant! Il aime à trouver
des mots, et il est facile de lui en faire composer
un, deux, trois ou plusieurs, selon sa force, de lui
en faire chercher les lettres, si on s'amuse, de les
lui faire nommer, si on est sérieux, en les lui fai-
sant ensuite répéter de mémoire. Gela les grave
dans son cerveau, et, en lui donnant quelques
explications sur les difficultés qui se présentent
il arrive, peu à peu, à saisir par l'intelligence le
mécanisme des mots, et l'affaire est faite; non
seulement il les lira avec aisance et sans diffi-
culté, mais, à la première occasion, il se saisira
d'une craie, et vous démontrera, au tableau, qu'il
sait aussi les écrire, semblable à l'enfant qu'on a
laissé se fortifier avant de l'essayer à se tenir sur
ses jambes ; ses premiers pas dans l'étude seront
solides et assurés, tandis quo le pauvre bancal a
longtemps besoin de lisières, s'il n'arrive pas aux
béquilles.
Cette introduction dans la lecture par l'intelli-
gence de la structure des mot* qui, du même
coup, initie l'enfant à leur orthographe est très
importante, rien ne saurait la remplacer. Avec
elle, on gagne un temps précieux ; il est vrai
qu'en apparence on va plus lentement, mais quel
chemin ne fait-on pas, sans que l'élève en éprouve
ni fatigue, ni ennui !
Le rôle de la mère dans co premier enseigne-
ment se confond avec celui des directrices de sal-
les d'asile. Salles d'asile I création charmante qui
se trouve en première ligne sur notre route ! Elles
seraient si précieuses si elles n'avaient pas
dégénéré en simples garderies, où les enfants
grouillent parfois depuis huit heures du malin
jusqu'à six ou sept heures du soir.
Une de nos amies qui a voué sa vie à ces éco-
les enfantines, nous a promis de nous communi-
quer, sur ce sujet, le fruit de son expérience ; le
moment est venu do le faire. Que do maîtresses
auront à profiter de ses observations ! — Quant
à nous, nous ne pouvons quo les engager à ensei-
gner leurs jeunes élèves, non plus à lire, mais à
composer et à décomposer les mots, soit au ta-
bleau, soit de mémoire dans les exercices au gra-
din; faitos-leur un personnage burlesque, s'il le
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