Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-07-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1880 01 juillet 1880
Description : 1880/07/01 (A2,N13). 1880/07/01 (A2,N13).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5508736q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
No 13. _ 2" Année. " 1er Juillet! 880.j
COURAGE ET TRAVAIL
Parmi les lectrices de La Femme, il y en a
beaucoup de bien portantes, do robustes, qui ne
savent pas ce que c'est que la maladie; elles sont
favorisées et ces lignes ne sont pas écrites pour
elles.
En prenant la plume, je pense à une quantité
de femmes qui souffrent, qui sont faibles, mala-
dives, nerveuses, dont la santé est altérée peut-
être profondément, mais qui sont debout ou de-
vraient l'être, tout en sentant continuellement la
lassitude ou l'aiguillon dé la souffrance.
Dans le nombre de ces femmes, il y a des âmes
vaillantes qui savent lutter, supporter sans se
plaindre, souffrir sans murmurer et remplir leurs
devoirs jusqu'au bout; mieux que moi elles pour-
raient exhorter les âmes faibles, celles qui se
laissent dominer par le moindre malaise, et leur
dire: Courage, chères amies! ne vous laissez ni
abattre ni démoraliser; malgré l'angoisse ou la
faiblesse que vous cause la souffrance, forcez-vous
à vous occuper en quelque mesure, manuellement
ou intellectuellement, d'une lecture ou d'un ou-
vrage. Je puis vous assurer par expérience que
vous ne souffrirez pas davantage, et votre moral
s'en trouvera beaucoup mieux. Vous vous serez
distraites un moment et le délassement de votre
esprit réagira sur votre corps, tandis qu'en res-
tant dans une inaction complète, vous vous éner-
vez et vous perdez le peu de forces qui vous res-
tent, au lieu de les conserver par l'usage.
11 faut lutter par la -volonté contre la faiblesse
et le découragement.
« Il faut savoir que l'ouvrage des hommes sur
la terre no se mesure pas à la quantité do leur
force physique, mais à la qualité de leur volonté.
Le travail est toujours un combat dans lequel la
volonté seule remporte la victoire, et la volonté
ne remporte cette victoire qu'au prix du sacri-
fice.
« Le sacrifice, voilà le dernier mot de toute
action féconde en ce monde. Savoir s'immoler,
savoir seperdre, savoir aller du côté de la mort
en acceptant la fatigue et l'épuisement que cau-
sent, les ouvrages difficiles, en surmontant l'hor-
reur que les sens fatigués ont pour le travail, en
se conduisant soi-même à l'ouvrage comme on
ramène au feu une troupe affaiblie et dispersée
par une longue lutte.
« Ceci est purement oeuvre de volonté, mais
c'est aussi la condition de toute victoire contre la
paresse naturelle des sens et par Conséquent de
tout travail. » Et plus loin : « La plupart des hom-
mes souffrent toujours par quelque endroit de
leur corps. Tout l'avantage est à ceux qui savent
tromper le mal, comme on a coutume de dire, et
travailler en dépit d'eux-mêmes 1. »
Le travail est un devoir même pour celles
d'entre nous qui n'ont pas besoin de gagner leur
pain. Nous sommes dans ce monde pour travailler,
et malheur a nous si nous nous laissons aller i
l'oisiveté ! Non seulement notre faiblesse nerveuse
s'accroît, nous sentons davantage nos angoisses
et nos souffrances, mais, ce qui est plus grave
notre caractère se gâte. Trop souvent nous deve
nons exigeantes, capricieuses, maussades, en ur
mot, égoïstes et insupportables pour nos alen-
tours.
Il va sans dire que nous devons proportionnel
nos occupations à notre état de santé, mais il m<
semble que sauf des jours exceptionnellemen
mauvais, des cas de maladies aiguës où l'inactioi
est de force majeure, nous pouvons au moins lin
quelques pages, nous occuper de nos parents e
amis, faire quelques points à un ouvrage de cou
ture, quelques maillons à un tricotage.
Oh I je le sais, la chair est faible, et il y a do
moments où l'âme qui l'habite se sent comm<
écrasée par l'inertie de son enveloppe, la lutt
n'est plus possible, le corps ne veut plus obéir,
il faut lui accorder quelques heures, quelque
| 1. Jouvnke des malades,
COURAGE ET TRAVAIL
Parmi les lectrices de La Femme, il y en a
beaucoup de bien portantes, do robustes, qui ne
savent pas ce que c'est que la maladie; elles sont
favorisées et ces lignes ne sont pas écrites pour
elles.
En prenant la plume, je pense à une quantité
de femmes qui souffrent, qui sont faibles, mala-
dives, nerveuses, dont la santé est altérée peut-
être profondément, mais qui sont debout ou de-
vraient l'être, tout en sentant continuellement la
lassitude ou l'aiguillon dé la souffrance.
Dans le nombre de ces femmes, il y a des âmes
vaillantes qui savent lutter, supporter sans se
plaindre, souffrir sans murmurer et remplir leurs
devoirs jusqu'au bout; mieux que moi elles pour-
raient exhorter les âmes faibles, celles qui se
laissent dominer par le moindre malaise, et leur
dire: Courage, chères amies! ne vous laissez ni
abattre ni démoraliser; malgré l'angoisse ou la
faiblesse que vous cause la souffrance, forcez-vous
à vous occuper en quelque mesure, manuellement
ou intellectuellement, d'une lecture ou d'un ou-
vrage. Je puis vous assurer par expérience que
vous ne souffrirez pas davantage, et votre moral
s'en trouvera beaucoup mieux. Vous vous serez
distraites un moment et le délassement de votre
esprit réagira sur votre corps, tandis qu'en res-
tant dans une inaction complète, vous vous éner-
vez et vous perdez le peu de forces qui vous res-
tent, au lieu de les conserver par l'usage.
11 faut lutter par la -volonté contre la faiblesse
et le découragement.
« Il faut savoir que l'ouvrage des hommes sur
la terre no se mesure pas à la quantité do leur
force physique, mais à la qualité de leur volonté.
Le travail est toujours un combat dans lequel la
volonté seule remporte la victoire, et la volonté
ne remporte cette victoire qu'au prix du sacri-
fice.
« Le sacrifice, voilà le dernier mot de toute
action féconde en ce monde. Savoir s'immoler,
savoir seperdre, savoir aller du côté de la mort
en acceptant la fatigue et l'épuisement que cau-
sent, les ouvrages difficiles, en surmontant l'hor-
reur que les sens fatigués ont pour le travail, en
se conduisant soi-même à l'ouvrage comme on
ramène au feu une troupe affaiblie et dispersée
par une longue lutte.
« Ceci est purement oeuvre de volonté, mais
c'est aussi la condition de toute victoire contre la
paresse naturelle des sens et par Conséquent de
tout travail. » Et plus loin : « La plupart des hom-
mes souffrent toujours par quelque endroit de
leur corps. Tout l'avantage est à ceux qui savent
tromper le mal, comme on a coutume de dire, et
travailler en dépit d'eux-mêmes 1. »
Le travail est un devoir même pour celles
d'entre nous qui n'ont pas besoin de gagner leur
pain. Nous sommes dans ce monde pour travailler,
et malheur a nous si nous nous laissons aller i
l'oisiveté ! Non seulement notre faiblesse nerveuse
s'accroît, nous sentons davantage nos angoisses
et nos souffrances, mais, ce qui est plus grave
notre caractère se gâte. Trop souvent nous deve
nons exigeantes, capricieuses, maussades, en ur
mot, égoïstes et insupportables pour nos alen-
tours.
Il va sans dire que nous devons proportionnel
nos occupations à notre état de santé, mais il m<
semble que sauf des jours exceptionnellemen
mauvais, des cas de maladies aiguës où l'inactioi
est de force majeure, nous pouvons au moins lin
quelques pages, nous occuper de nos parents e
amis, faire quelques points à un ouvrage de cou
ture, quelques maillons à un tricotage.
Oh I je le sais, la chair est faible, et il y a do
moments où l'âme qui l'habite se sent comm<
écrasée par l'inertie de son enveloppe, la lutt
n'est plus possible, le corps ne veut plus obéir,
il faut lui accorder quelques heures, quelque
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