Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-06-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1880 15 juin 1880
Description : 1880/06/15 (A2,N12). 1880/06/15 (A2,N12).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55087359
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 12. — 2° Année.
15 Juin 1880.
DE L'ÉDUCATION DES ENFANTS
Une do nos abonnées, jeune mère de famille,
nous ayant demandé pour elle et ses amies quel-
ques directions sur la première éducation de leurs
enfants qu'elles veulent diriger elles-mêmes,
nous accédons volontiers à ce voeu, persuadée
par une longue expérience que les femmes seules
peuvent donner une lionne impulsion au déve-
loppement intellectuel et moral de l'enfant. « Ce
sont les mères qui font les hommes, » a-t-ondit,
et ces paroles appliquées a l'être moral sont par-
faitement vraies. Les jeunes mères ne sauraient
donc travailler avec trop de constance et de dé-
vouement à leur éducation. C'est là une noble lâ-
che et leur grand privilège.
Celte tâche, dit avec un grand sens une de nos
correspondantes, dans son dernier article, com-
mence même avant la naissance. Le médecin s'oc-
ctipant spécialement do l'hygiène prescrit aussi
minutieusement tout ce qui le concerne, du moins
pour ceux qui peuvent suivre ses ordonnances.il
croit que l'enfant peut être réglé dès les premiers
jours pour son état physique. Mais où est la mère
assez forte, assez maîtresse d'elle-même pour
se soumettre à ses prescriplions? Dès que son
enfant pleure, elle oublie tout pour le consoler.
Qui n'a, au contraire, été frappé des mille folies
et souri des paroles insensées qu'une mère dé-
bite à son nouveau-né? Ne dirait-on pas qu'elle
a perdu la raison? Sublime folie! Sauvegarde
de l'enfant qui l'habitue ainsi, dès son entrée
danslemonde, à la vive étreinte de celle qui lui
donna le jour.
Il y a quelques années, une enfant naquit
en Angleterre, sourde, aveugle et muette. A me-
sure que la mère découvrait ces infirmités, elle
redoublait de tendresse, et sa fille apprit à la dis-
tinguer entre toutes â cotte ardeur passionnée qui
a pressait sur son sein.
A l'âge de sept ans, elle fut placée dans un pen-
sionnat, bien loin de chez elle pour apprendre le
peu que ses infirmités permettaient do lui ensei-
gner. Deux ans après, sa mère vint la voir ; elle
avait grandi, mais sa figure placide ne s'animait
qu'au conlact de sa maîtresse préférée. Celle-ci
lui fit comprendre que cette dame était sa maman.
L'enfant remercia à sa manière, prit les jolis ca-
deaux qu'elle apportait, l'embrassa comme toutes
les autres dames qui venaient la voir, et ce fut
tout.La mère, désespérée, ne put se contenir plus
longtemps, et l'ayant saisie dans ses bras, l'étrei-
gnit convulsivement comme autrefois, quand elle
était toute petite; l'enfant jette aussitôt les bras
autour de son cou, éclate en sanglots et leurs lar-
mes se confondent. Cette étreinte venait de lui
révéler le sens du nom de mère qu'elle n'avait pas
encore compris.
Les mères ont une puissance que nulle autre
personne ne peutacquérir sur leurs enfants, mais
il faut que cette puissance soit aussi une autorité
et que cette autorité s'exerce avec discerne-
ment.
Cette autorité des mères, si affaiblie aujourd'hui,
étant le principal levier de l'éducation, on nous
permettra, pour le moment, d'intervertir les rô-
les, en venant leur dire, non comment elles doi-
vent élever leurs enfants, mais comment elles
doivent s'élever elles-mêmes à la dignité de cette
souveraine sacrificature.
Pour la plupart des mères, des jeunes surtout,
l'enfant est un joujou, un bébé tout en vie, selon
l'expression d'une fillette qui en attendait un,
remplaçant la poupée de cire ou de carton qui re-
pose paisiblement dans un coin, en attendant que
son tour revienne ; elle veut en jouir, s'en amuse,
le voit dans l'avenir tel qu'elle le désire, et l'idée
que ce pelit être si mignon a besoin, dès les pre-
miers jours de son existence, de sentir un frein,
un joug sur sa volonté, ne se présente pas même
à son esprit.
L'enfant, avec une sagacité qui étonne, com-
prend que ses caprices font loi, que ses pleurs le
rendent maître de la volonté molle et flasque qui
15 Juin 1880.
DE L'ÉDUCATION DES ENFANTS
Une do nos abonnées, jeune mère de famille,
nous ayant demandé pour elle et ses amies quel-
ques directions sur la première éducation de leurs
enfants qu'elles veulent diriger elles-mêmes,
nous accédons volontiers à ce voeu, persuadée
par une longue expérience que les femmes seules
peuvent donner une lionne impulsion au déve-
loppement intellectuel et moral de l'enfant. « Ce
sont les mères qui font les hommes, » a-t-ondit,
et ces paroles appliquées a l'être moral sont par-
faitement vraies. Les jeunes mères ne sauraient
donc travailler avec trop de constance et de dé-
vouement à leur éducation. C'est là une noble lâ-
che et leur grand privilège.
Celte tâche, dit avec un grand sens une de nos
correspondantes, dans son dernier article, com-
mence même avant la naissance. Le médecin s'oc-
ctipant spécialement do l'hygiène prescrit aussi
minutieusement tout ce qui le concerne, du moins
pour ceux qui peuvent suivre ses ordonnances.il
croit que l'enfant peut être réglé dès les premiers
jours pour son état physique. Mais où est la mère
assez forte, assez maîtresse d'elle-même pour
se soumettre à ses prescriplions? Dès que son
enfant pleure, elle oublie tout pour le consoler.
Qui n'a, au contraire, été frappé des mille folies
et souri des paroles insensées qu'une mère dé-
bite à son nouveau-né? Ne dirait-on pas qu'elle
a perdu la raison? Sublime folie! Sauvegarde
de l'enfant qui l'habitue ainsi, dès son entrée
danslemonde, à la vive étreinte de celle qui lui
donna le jour.
Il y a quelques années, une enfant naquit
en Angleterre, sourde, aveugle et muette. A me-
sure que la mère découvrait ces infirmités, elle
redoublait de tendresse, et sa fille apprit à la dis-
tinguer entre toutes â cotte ardeur passionnée qui
a pressait sur son sein.
A l'âge de sept ans, elle fut placée dans un pen-
sionnat, bien loin de chez elle pour apprendre le
peu que ses infirmités permettaient do lui ensei-
gner. Deux ans après, sa mère vint la voir ; elle
avait grandi, mais sa figure placide ne s'animait
qu'au conlact de sa maîtresse préférée. Celle-ci
lui fit comprendre que cette dame était sa maman.
L'enfant remercia à sa manière, prit les jolis ca-
deaux qu'elle apportait, l'embrassa comme toutes
les autres dames qui venaient la voir, et ce fut
tout.La mère, désespérée, ne put se contenir plus
longtemps, et l'ayant saisie dans ses bras, l'étrei-
gnit convulsivement comme autrefois, quand elle
était toute petite; l'enfant jette aussitôt les bras
autour de son cou, éclate en sanglots et leurs lar-
mes se confondent. Cette étreinte venait de lui
révéler le sens du nom de mère qu'elle n'avait pas
encore compris.
Les mères ont une puissance que nulle autre
personne ne peutacquérir sur leurs enfants, mais
il faut que cette puissance soit aussi une autorité
et que cette autorité s'exerce avec discerne-
ment.
Cette autorité des mères, si affaiblie aujourd'hui,
étant le principal levier de l'éducation, on nous
permettra, pour le moment, d'intervertir les rô-
les, en venant leur dire, non comment elles doi-
vent élever leurs enfants, mais comment elles
doivent s'élever elles-mêmes à la dignité de cette
souveraine sacrificature.
Pour la plupart des mères, des jeunes surtout,
l'enfant est un joujou, un bébé tout en vie, selon
l'expression d'une fillette qui en attendait un,
remplaçant la poupée de cire ou de carton qui re-
pose paisiblement dans un coin, en attendant que
son tour revienne ; elle veut en jouir, s'en amuse,
le voit dans l'avenir tel qu'elle le désire, et l'idée
que ce pelit être si mignon a besoin, dès les pre-
miers jours de son existence, de sentir un frein,
un joug sur sa volonté, ne se présente pas même
à son esprit.
L'enfant, avec une sagacité qui étonne, com-
prend que ses caprices font loi, que ses pleurs le
rendent maître de la volonté molle et flasque qui
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