Titre : L'Extrême-gauche (Alliance radicale-socialiste) : paraissant le dimanche
Auteur : Alliance radicale-socialiste. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Saint-Mandé)
Date d'édition : 1904-04-09
Contributeur : Brousse, Émile (1850-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327724822
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 avril 1904 09 avril 1904
Description : 1904/04/09 (A1,N10). 1904/04/09 (A1,N10).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5502424m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4969
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/12/2010
Première Année - Numéro 10
PARAIT LE SAMEDI
9 Avril 1904
L'EXTRÊME-GAUCHE
est en vente chez tous les
marchands de journaux,
dans tous les Kiosques et
chez M. Grasser, déposi-
taire général, 35, quai de
l'Hôpital.
Nous continuons dans le
numéro d'aujourd'hui la publi-
cation d'une des oeuvres les plus
fortes et les plus hardies sorties
de la plume du plus grand écri-
vain de notre temps : Honoré de
Balzac,
Cette oeuvre que nous avons
choisie en raison des passions
qu'elle met en jeu et de l'intérêt
qu'elle présente a pour titre :
SPLENDEURS ET miSERES
DES COURTISANES
Dans cette étude, où l'auteur
immortel de la Comédie Humaine
s'est surpassé, nos lecteurs re-
trouveront la plupart des person-
nages des autres parties de l'oeu-
vre du Maître. Et c'est ainsi qu'à
côté des physionomies douces et
sympathiques des sujets féminins
qui s'y agitent, leur apparaîtront
celles de ses héros du sexe fort,
tour à tour aimants ou féroces,
passionnés ou haineux.
Nous engageons vivement nos
lecteurs "à lire dans les précédents
numéros
SPLENDEURS ET MISERES
DES COURTISANES
POUR DEMAIN
Enfin ! La loi fameuse désormais,
la loi portant suppression de l'ensei-
gnement congréganiste, a été votée.
Elle l'a été par une majorité de 65
voix, sur laquelle il est utile de reve-
nir.
Cette majorité n'est pas aussi forte
que celles obtenues par le ministère
en ses périodes les plus victorieuses,
mais elle porte néanmoins une, indi-
cation caractéristique : les singuliers
républicains et les louches radicaux
qui, en ces derniers temps, ont agi
tortueusement contre le gouverne-
ment de combat, c'est à-dire les affa-
més du pouvoir, ont dû eux-mêmes
voter la loi. C'était.déjà un gros sa-
crifice, car la bataille trop vigoureuse
gêne ces gens-là; cet acte décisif
d ' anticléricalisme répugnait à leur
conscience légère, parce que leur
conscience contient des calculs élec-
toraux soigneusement recouverts de
maroquin — de maroquin ministé-
riel. Mais ce n'est pas tout. Pour ces
vaincus de l'heure présente, le plus
amer en leur vote est qu'ils ont dû,
en adoptant la loi, accorder approba-
tion au ministère Combes !
Débarrassée des congrégations, li-
bérée des mille tentacules qui étouf-
faient ses forces vives, soustraite à
une puissance obscure qui lui mas-
quait l'horizon d'intégrale liberté et
de justice sociale, la démocratie fran-
çaise va pouvoir reprendre son élan.
Si, depuis vingt-cinq ans, les gouver-
nants ne s'étaient occupés du danger
clérical que pour en parler, d'autres
seront venus pour oser l'atteindre et
l'enrayer. Et cet acte accompli, d'au-
tres solutions nécessaires pourront
suivre plus aisément. Mais, dès main-
tenant , les plus lourdes entraves
étant brisées, il va falloir aborder
immédiatement — et enfin — les hauts
problêmes économiques et sociaux qui
sont attendus impérieusement par la
démocratie laborieuse.
Le gouvernement va donc pouvoir
s'occuper des questions sociales. Est-
ce à dire qu'il s'en trouvera fortifié ?
Il y devrait regagner tout d'abord,
semble-t-il, l'appui de M. Miilerand
qui, en nous exposant l'autre jour un
amour assi méconnu que sévère pour
les grandes réformes sociales, a atti-
ré le ministère sur les bords de l'a-
bîme. Mais, M. Miilerand est trop
ministériel pour lui-même et il con-
sent trop peu à l'être en faveur des
autres, pour que M. Combes retrouve
son appui. Il reste donc les républi-
cains qui, le jour où M. Miilerand a
voulu être président du Conseil, ont
voté pour lui, contre le cabinet ac-
tuel.
Eh bien, ces derniers ont des pré-
occupations encore plus ardentes que
pouvaient l'être les soucis de M. Mii-
lerand. L'ancien leader socialiste leur
ayant offert une occasion de jeter bas
le ministère, ils se sont empressés
de la saisir. Mais, à.vrai dire, ils ont
des griefs autrement graves, qui ne
leur permettent point de rester atta-
chés au gouvernement. M. Miilerand
parlait de « réformettes » ouvrières...
Qu'est-ce que cela, alors que le dé-
fense nationale est menacée ?
Car il est, dans les couloirs de la
Chambre — leur véritable champ de
manoeuvre — certaines gens, d'éti-
quette républicaine, qui ont emprun-
té aux nationalistes leurs inquiétudes
patriotiques de chaque jour, leurs la-
mentations et leurs tambours. Le
nombre de ces braves s'accroît, va
grandissant. On appelle çà le « grou-
pe des coloniaux ». Il se trouve lâ-
dedans des politiciens qui ont été
ministre des colonies ou de la marine
et qui n'ont pas perdu tout espoir de
le redevenir ; on y compte aussi d'an-
ciens gouverneurs d'Indo-Chine. Ils
sont tous de nuance radicale : car ils
se nomment Lockroy, Doumer, Chau-
temps. Et si, radicaux, ils sont anti-
ministériels devant le cabinet le plus
radical que la République ait eu,
c'est que leur fidélité aux principes
est d'un rigorisme bien connu. Or, le
gouvernement actuel fait peser sur
ces libertaires une tyrannie, et la plus
odieuse, celle des socialistes. C'est
insupportable, surtout lorsqu'on a
consenti à asservir ses opinions radi-
cales-socialistes dans les ministères
Ribot et Dupuy.
Mais la tyranie de M. Combes ne
serait encore rien, si Camille Pelletan
n'avait mis en péril la défense natio-
nale. Or, nous l'avons dit, MM. Loc-
kroy, Doumer et autres sont patriotes
aussi vigilants que radicaux intraita-
bles.Et après n'avoir rien osé faire au
ministère de la marine, ils se sont
avisés de reprocher à Camille Pelletan
de n'avoir pas encore réparé leur
incurie. M. Doumer, réintégré dans
un parti qu'il avait vendu à M. Méline
pour solder ses dette personnelles, a
jeté de patriotiques alarmes. Tout de
même, ce n'est point calomnier tous
ces intègres que de rire du ton au-
quel ils veulent prétendre. Car, entre
nous, on peut se l'avouer tout cela
n'est que comédie. Une seule préoccu-
pation guide les « coloniaux » : ce mi-
nistère a tout bonnement la vie trop
longue. Il ferait si bon être au pou-
voir !
Eh bien, il faudra que ces belli-
queux cherchent, pour arriver à leurs
fins, une autre enseigne que celle de
la patrie en danger. Toute la campa-
gne odieuse menée contre le minis-
tère de la marine a piteusement avor-
té. Et la Chambre a pris ses vacances
en laissant au gouvernement une ma-
jorité à peu près égale à celle qui
s'était affirmée sur l'interpellation
Miilerand, Faut-il en conclure que les
coloniaux et leurs suiveurs sont venus
à résipiscence, ou que, tout au moins,
se trouvant démasqués et battus, ils
renoncent à torpiller le ministère ?
Naïve illusion ! Pour qu'il en fut
ainsi, il faudrait qu'ils aient renoncé,
les uns à redevenir ministres, les au-
tres à le devenir. Or, ils sont prêts
à tout abandonner, mais pas ce doux
espoir. Concluez.
QUAY CENDRE.
Libertaires !
C'était fatal I Une bataille électorale
allant s'engager, on pouvait être cer-
tain que messieurs les anarchistes
donneraient signe de vie.
J'ai reçu un prospectus annonçant la
publication, pendant la période élec-
torale seulement, d'un organe liber-
taire qui aura ce titre suggestif : le Pé
tard et pour collaborateurs : Sébastien-
Faure, Urbain Gohier, Laurent Tail-
hade, etc.
Le but : prêcher le mépris des pro-
grammes et des candidats, c'est-à-dire
l'abstention électorale.
Vous me direz : mais c'est leur droit,
aux anarchistes de faire de la propa-
gande antivotarde et de choisir préci-
sément les périodes où le pays est en
mal de suffrage universel pour intensi-
fier cette propagande. D'accord 1
Pourtant, une chose me chiffonne.
C'est que l'ardeur des libertaires, leur
haine contre les candidats se manifes-
tent uniquement contre les socialistes,
dont les théories sont le moins contrai-
res aux leurs !
Vous avouerez que c'est bizarre !
Aux dernières élections législatives,
il y avait, dans la deuxième circons-
cription de LyoD, quatre candidats en
présence : un réactionnaire, un oppor
tuniste-radical, un radical opportuniste
et un socialiste appartenant à la frac-
tion la plus avancée du parti.
Ce dernier avait — seul de tous les
candidats du Rhône —inscrit dans son
programme la suppression des lois scé-
lérates, ce qui n'était pas pour lui atti-
rer des sympathies parmi les électeurs
timorés !
Eh bien ! c'est contre lui — et uni-
quement contre lui — que les anar-
chistes lyonnais donnèrent.
Us venaient dans toutes ses réunions
publiques distribuer des brochures
antivotardes et ils « l'attrapaient »,
chaque semaine, dans un journal qui,
tout comme le Pétard, avait trouvé
des subsides pour vivre juste pendant
la période électorale !
Quant au candidat clérical, qui aurait
voté leur déportation en masse à l'île
du Diable sinon leur exécution som-
maire, ils ne s'en soucièrent pas plus
qu'un poisson d'une pomme. Et cepen-
dant, c'est lui, et non le socialiste, qui
devait être élu I
Cet exemple n'est pas une exception,
tant s'en faut !
En vérité, messieurs les anarchistes
manquent de logique, à moins qu'ils
n'opèrent pour le compte de la réac-
tion, ce que je me refuse encore à ad-
mettre.
Donc le Pétard va paraître avec des
articles picrateux.
Sébastien Faure aura oublié le Quo-
tidien où il faisait cependant de la be-
sogne électorale, Urbain Gohier ne se
souviendrr plus de son titre de rédac
teur en chef ,,d'un journal qui est l'ur-
gane officiel d'une fédération politique -
et Laurent Tailhade ne .connaîtra plus
l'Action où, plusieurs fois par semaine,
il laisse imprimer son nom à côté de
ceux des pires politiciens !
Et tous, avec un accord touchant,
rééditeront les classiques objections
résumées dans l'article bien connu
d'Octave Mirbeau publié, il y a quel-
ques années, dans le Figaro, qui n'est
pas précisément un Pétard!
Pour être anarchiste, on n'en aime
pas moins les articles bien payés !
Eh bien, soit ! Allez-y, messieurs les
libertaires, ne vous gênez pas et fusti-
ge*„-comme ils méritent de l'être, ces
infâmes politiciens, ces candidats, am-
bitieux, ces « mauvais bergers », qui
trompent le peuple et se moquent de sa
crédulité. C'est bien cela, n'est-ce pas?
Toutefois, tâchez de vous souvenir,
si possible, que ces méprisables politi-
ciens luttent parfois (plus souvent
qu'on ne le suppose) au détriment de
leur tranquillité, de leur bien-être, de
leur santé ; qu'ils ont payé fréquem-
ment de la perte de leur liberté leur
amour pour l'humanité, leur haine de
toutes les servitudes physiques et mo-
rales, et qu'enfin, si vous pouvez, vous
anarchistes, à l'heure actuelle, publier
vos idées, lancer des Pétard, goûter la
joie de vivre en liberté, c'est à eux,
c'est à leurs protestations, à leurs ef-
forts, à leurs sacrifices, que vous le
devez I
EDOUARD ARNAUD.
Ce soir samedi, à huit heures
SALLE DES FOLIES-BERGÈRE
GRAND MEETING
Anticlérical
Organisé par l'Association 'des' Anciens
Elèves des Ecoles Municipales du 5° arron-
dissement, avec le concours assuré du
citoyen
VICTOR CMARBONNEL
DIRECTEUR DE LA Raison
Tous les républicains, socialistes et
libres penseurs sont invités à assister à
cette manifestation républicaine et anti-
cléricale.
masques et Visages
MILLERAND
Le Sphynx du Socialisme Jrançais.
Les guesdistes le dénomment : « Le
Latude de la prison de Saint-fMandé».
Imaginez un premier clerc mariné
dans l'âcreté des procédures. Est-ce le
labeur qui, prématurément, grisonna
celte tête de quadragénaire? Est-ce la
fièvre, de l'ambition ? Le poil est en
brosse, planté dru sur Un crâne rond,
trop bien construit. Les regards, qui
voudraient être acérés, louvoient et
tanguent comme des regards de ti-
mide. Les lèvres sont fraîches, étaient
faites pour le rire, qui depuis long-
temps ne s'y promène plus. Car il est
l'homme clos, hermétique, le monsieur
qui boulonne sa redingote lorsqu'il re-
çoit un ami. Sa rapide fortune est un
exemple de ce que peuvent la ténacité
et l'esprit de suite, dans un milieu de
versatiles et d'impidsifs. Son labeur
est persistant et sourd, comme doit
être celui d'un termite. Sa qualité maî-
tresse est l'absence d'enthousiasme. Est
pour le système des « réalités ». Un
morceau de pain sur le radeau de la
Méduse. Sa politique, c'est l'art de
ramasser les miettes sous la table,
sans gêner les convives. Excelle à ren-
verser les situations, à tel point qu'à
Bordeaux ce furent ses juges qui com-
parurent devant lui. Sembat nous l'a
dépeint à ses débuts, « jeûne figure
crépue de garçon photographe, courant
après Laguerre par les salles du Pa-
lais ». On le voit, certain jour, émer-
ger de l'ombre puissante de Clemen-
ceau. Pieds-joints, il enjamba l'ombre
menue du vieux Goblet, et tout d'un-
coup se retrouva sur la frontière du
socialisme. Lors, les radicaux crièrent
à la trahison, comme les socialistes le
devaient crier plus tard Ne sied-il pas
plutôt d'admettre qu'il fut l'avocat de
diverses politiques, avec la froideur
d'un retors notateur des Pandectes ?
On l'a comparé tour à tour à un Ro-
bespierre moins idéologue, à un Ver-
gniaud moins verbeux, à un Barnave
moins efféminé. Jaurès, qui se rappelle
parfois le sort de Danton, devrait sur-
tout voir en lui un Lamelh plus auto-
ritaire. Certes, personne ne discute les
réformes accomplies par le ministre
qu'il fut : cet homme si personnel sait,
à l'occasion, s'entourer de talents.
[Mais, ces réformes, un radical comme
'Pelletan ne les accomplit-il pas, lui
aussi, sans pour cela se masquer d'é-
quivoque ? Si le peuple devait payer
chaque étape de progrès d'un lambeau
de sa dignité, il serait bientôt plus
dénué qu'un esclave.. La vérité est,
qu'en dépit des votes congressistes,
ceux qui acclament dans le Socialisme
l'intégrale doctrine de régénération
humaine ne sauraient admettre que leur
magnifique idéal soit réduit à une sor-
dide question de réformes, amoindri,
rétréci, jusqu'à n'être plus qu'un sujet
de concours pour jeunes bourgeois uni-
versitaires, un thème ingénieux pour
veules parlottes d'avocassiers.
TABARANT.
Un Magnaud italien
M. Magnaud, le bon juge de Château-
Thierry, fait école. Voici, en effet, qu'un
de ses confrères de l'autre côté des
Alpes, M. Pola di Torino, juge à Lucca,
vient de se prononcer d'une façon
équitable sur le sort d'une fille publi-
que qui avait été surprise dans la rue,
par les agents des moeurs, en train de
raccoler les passants.
Le bon juge italien a acquitté l'incul-
pée par un jugement qui fait grand
bruit en Italie et qui contient textuel-
lement le considérant suivant :
« Pourquoi punirais je cette malheu-
reuse? Parce que ses sourires et ses
oeillades étaient séduisants ? Mais alors
pourquoi n'amène t-on pas devant mon
siège de juge toutes ies femmes et tou-
tes les jeunes filles qui, dans les salons,
au théâtre et dans les endroits publics,
sont très prodigues de leurs sourires
et de leurs oeillades ? Pourquoi ne
m'amène ton pas toute cette bande de
débauchés qui, pour tuer le temps, dé-
visagent les jeunes filles de toutes les
classes de la société et essaient de les
séduire? La justice doit être égale pour
tous et ne doit pas servir à punir de
pauvres filles qui font, par besoin, ce
que des femmes riches font par désoeu-
vrement ou par vice ».
Nous applaudissons à cette sentence
conforme à 1 esprit d'égalité qui devrait
animer tous les hommes appelés â ren
dre la justice.
Nous y applaudissons d'autant plus
que les malheureuses obligées de se
prostituer pour vivre n'ont pas plus
commis de délit que les grandes dames
riches et adulées qui courent les soi-
rées à la recherche d'amants de leur
monde.
Des oeillades ? des invites ? Ça se voit
tous les jours dans les grands bals, où
les danseuses sont le plus souvent, en
outre, outrageusement décolletées 1
Que la police n'y intervient-elle
aussi? X.
A NOS_AMIS
On sait à quelle, force d'i-
nertie se heurte tout nouvel
organe, surtout s'il est heb-
domadaire. Nous prions donc
les militants qui s'intéressent
au sort de VExtrême-Gauche de
réclamer impérieusement le
journal dans les kiosques et
chez les marchands de jour-
naux. Nous rappelons encore
à nos amis que le meilleur
moyen défaire vivre un jour-
nal est de s'y abonner et de
lui procurer de nombreux
abonnés. Nous comptons que
notre appel sera entendu.
Les Élections municipales
DE 1900
Passons au troisième arrondissement
qui ne comportait pas moins de six lis-
tes et quatre-vingt-seize candidats.
Beaucoup d'appelés, peu d'élus !
Aucun élu même au premier tour,
les abstentions ayant atteint cinquante
pour cent des inscriptions, puisqu'il
n'y eut que. 12,974 votants sur 24,627
inscrits !.
La liste la plus favorisée fut celle du
Comité dit de Défense républicaine
(radicaux et radicaux-socialistes) :
Bataille, conseiller sortant, adjoint
au maire, 6,305 voix/— Bruaard,
5,982. — Hoffher', 5,793.— Beauvisage,
5,881. — Décléris, 6,014. — Ghevrot,
5,486. — Caillot, 5,308.— Menut. 5,440.
— Garle, 5,200. — Veyron, 5,086. —
Abel, 5,431. —Albert, 5,175. — Roche,
5,004. — Masson, 4,939. — Mairet,
5,016. — Didier, 4,941. .
Venait ensuite la liste du Comité de
concentration républicaine (opportu-
nistes) : , ; ■ .
Firmery, conseiller sortant/3,399 v.
— Ampaire, 2,577. — Aûrard, 2,054. —
Baby, 2,907.—Dugbis,2,820. — Génîn,
2,488. — Marmonnier, 3,103. — Rey-
naud, 2:551. — Buffaud, 3,306. — Au-
gier, 2,709.—Averly, 2,971.— Bernard,
2,654. — Jouffray, 2,740, — Maillot,
2,465.,— Micha, 2,613. -r-Thivel, 2,623.
En classant les listes par !e chiffre de
voix obtenu par chacune d'elles, nous
trouvons en troisième lieu la liste de
Concentration révolutionnaire (socia-
listes jauressistes, guesdistes et vaillan-
tistes) : . " '
Rognon;-2,436 voix. — Besset, 2,133.
— Tixier, 2,271. — Molaret, 2,363. —
Sabatier, 2,105. — Groûsséau, 2;170. —
Nachury, 2,144. — Froumajou,' 1,969.
— Ghampeimont, 2,131.— Chaix, 2,025.
— Boi3son, 2,107. — Richerand. 2,220.
— Novel, .1,974.,— Tamizon, 2,095,.—
Pérônin, 2,096. --.Barjilori, 1,062. :. _-
Une liste cléricale'obtenait der Ï.OQO
à 1,200 voix.; ;■ : ' '"'■ ■:/.'
Restaient la liste dite du Comité ré-
publicain démocratique [ Rossignol,
Nesle, etc.) qui n'obtint que 400 voix,
sauf le conseiller sortant, tête de liste,
qui eût 933 voix, et la liste dite Blan-
quiste (Bnnardistes), qui obtint un mil-
lier de voix. Il y avait, donc, ballotage.
*
Au deuxième tour, (13 mai)rtroi* lis-
tes seulement restaient en présence.
L'union n'ayant pu se faire entre les
radicaux (Bataille) et lés; 'socialistes
(Rognon)', 'ces derniers~ maintinrent
leur liste au scrutin de ballotage. Les
« grandes cheminées » (Firmery, But-
faud).se représentèrent également.
. Voici quels furent les résultats :'
Comité de Défense républicaine :
Bataille, 8,290.voix. — Décléris, 8045.
— Brunard, 8,231. — Beauvisage, 8120.
Hoffher, 8,038. — Chevrot, 7,943. —
Menut, 7,418, —Abel, 7,161. — Caillot,
7,526. — Carie, 7,787. — Albert, 6,560.
— Veyron, 7,454. — Mairet, 7,316. —
Roche, 6,417. — Didier, 5,713. — Mas-
son, 6,509.
Tous élus.
Concentration socialiste révolution-
naire :
Rognon, 3,007 voix. — Besset, 2,448.
— Tixier, 2,526. — Môlaret, 2,469. —
Sabatier, 2,526. — Grousseau, 2,453. —
Nachury, 2,406. — Froumajou, 2,356.
— Champeimont, 2,413.— Chaix, 2,376.
— Boisson. 2,405. — Richerand, 2,405.-
—Novel, 2,335. — Tamizon, 2,374. —
Péronin, 2,367. — Barillon, 2,325.
Liste modérée :
Firm.ery, 4,623, — Rossignol, 4,317.
— Marmoni6r, 4,268.— Jouffray, 3,840.
Buffaud, 4,598. — Averly, 4,074. — Ba-
by, 4,063. - Aurard, 3,987. - Augier,
3,775. — Bernard, 3,998. — Dr Carrier,
3,952. — Micha, 3,892.— Ampère, 3842.
— Raynaud, 3,804. r- Genin, 3,713. —
Maillot, 3,643.
Nous poursuivrons cette étude ré-
trospective la semaine prochaine.
PARAIT LE SAMEDI
9 Avril 1904
L'EXTRÊME-GAUCHE
est en vente chez tous les
marchands de journaux,
dans tous les Kiosques et
chez M. Grasser, déposi-
taire général, 35, quai de
l'Hôpital.
Nous continuons dans le
numéro d'aujourd'hui la publi-
cation d'une des oeuvres les plus
fortes et les plus hardies sorties
de la plume du plus grand écri-
vain de notre temps : Honoré de
Balzac,
Cette oeuvre que nous avons
choisie en raison des passions
qu'elle met en jeu et de l'intérêt
qu'elle présente a pour titre :
SPLENDEURS ET miSERES
DES COURTISANES
Dans cette étude, où l'auteur
immortel de la Comédie Humaine
s'est surpassé, nos lecteurs re-
trouveront la plupart des person-
nages des autres parties de l'oeu-
vre du Maître. Et c'est ainsi qu'à
côté des physionomies douces et
sympathiques des sujets féminins
qui s'y agitent, leur apparaîtront
celles de ses héros du sexe fort,
tour à tour aimants ou féroces,
passionnés ou haineux.
Nous engageons vivement nos
lecteurs "à lire dans les précédents
numéros
SPLENDEURS ET MISERES
DES COURTISANES
POUR DEMAIN
Enfin ! La loi fameuse désormais,
la loi portant suppression de l'ensei-
gnement congréganiste, a été votée.
Elle l'a été par une majorité de 65
voix, sur laquelle il est utile de reve-
nir.
Cette majorité n'est pas aussi forte
que celles obtenues par le ministère
en ses périodes les plus victorieuses,
mais elle porte néanmoins une, indi-
cation caractéristique : les singuliers
républicains et les louches radicaux
qui, en ces derniers temps, ont agi
tortueusement contre le gouverne-
ment de combat, c'est à-dire les affa-
més du pouvoir, ont dû eux-mêmes
voter la loi. C'était.déjà un gros sa-
crifice, car la bataille trop vigoureuse
gêne ces gens-là; cet acte décisif
d ' anticléricalisme répugnait à leur
conscience légère, parce que leur
conscience contient des calculs élec-
toraux soigneusement recouverts de
maroquin — de maroquin ministé-
riel. Mais ce n'est pas tout. Pour ces
vaincus de l'heure présente, le plus
amer en leur vote est qu'ils ont dû,
en adoptant la loi, accorder approba-
tion au ministère Combes !
Débarrassée des congrégations, li-
bérée des mille tentacules qui étouf-
faient ses forces vives, soustraite à
une puissance obscure qui lui mas-
quait l'horizon d'intégrale liberté et
de justice sociale, la démocratie fran-
çaise va pouvoir reprendre son élan.
Si, depuis vingt-cinq ans, les gouver-
nants ne s'étaient occupés du danger
clérical que pour en parler, d'autres
seront venus pour oser l'atteindre et
l'enrayer. Et cet acte accompli, d'au-
tres solutions nécessaires pourront
suivre plus aisément. Mais, dès main-
tenant , les plus lourdes entraves
étant brisées, il va falloir aborder
immédiatement — et enfin — les hauts
problêmes économiques et sociaux qui
sont attendus impérieusement par la
démocratie laborieuse.
Le gouvernement va donc pouvoir
s'occuper des questions sociales. Est-
ce à dire qu'il s'en trouvera fortifié ?
Il y devrait regagner tout d'abord,
semble-t-il, l'appui de M. Miilerand
qui, en nous exposant l'autre jour un
amour assi méconnu que sévère pour
les grandes réformes sociales, a atti-
ré le ministère sur les bords de l'a-
bîme. Mais, M. Miilerand est trop
ministériel pour lui-même et il con-
sent trop peu à l'être en faveur des
autres, pour que M. Combes retrouve
son appui. Il reste donc les républi-
cains qui, le jour où M. Miilerand a
voulu être président du Conseil, ont
voté pour lui, contre le cabinet ac-
tuel.
Eh bien, ces derniers ont des pré-
occupations encore plus ardentes que
pouvaient l'être les soucis de M. Mii-
lerand. L'ancien leader socialiste leur
ayant offert une occasion de jeter bas
le ministère, ils se sont empressés
de la saisir. Mais, à.vrai dire, ils ont
des griefs autrement graves, qui ne
leur permettent point de rester atta-
chés au gouvernement. M. Miilerand
parlait de « réformettes » ouvrières...
Qu'est-ce que cela, alors que le dé-
fense nationale est menacée ?
Car il est, dans les couloirs de la
Chambre — leur véritable champ de
manoeuvre — certaines gens, d'éti-
quette républicaine, qui ont emprun-
té aux nationalistes leurs inquiétudes
patriotiques de chaque jour, leurs la-
mentations et leurs tambours. Le
nombre de ces braves s'accroît, va
grandissant. On appelle çà le « grou-
pe des coloniaux ». Il se trouve lâ-
dedans des politiciens qui ont été
ministre des colonies ou de la marine
et qui n'ont pas perdu tout espoir de
le redevenir ; on y compte aussi d'an-
ciens gouverneurs d'Indo-Chine. Ils
sont tous de nuance radicale : car ils
se nomment Lockroy, Doumer, Chau-
temps. Et si, radicaux, ils sont anti-
ministériels devant le cabinet le plus
radical que la République ait eu,
c'est que leur fidélité aux principes
est d'un rigorisme bien connu. Or, le
gouvernement actuel fait peser sur
ces libertaires une tyrannie, et la plus
odieuse, celle des socialistes. C'est
insupportable, surtout lorsqu'on a
consenti à asservir ses opinions radi-
cales-socialistes dans les ministères
Ribot et Dupuy.
Mais la tyranie de M. Combes ne
serait encore rien, si Camille Pelletan
n'avait mis en péril la défense natio-
nale. Or, nous l'avons dit, MM. Loc-
kroy, Doumer et autres sont patriotes
aussi vigilants que radicaux intraita-
bles.Et après n'avoir rien osé faire au
ministère de la marine, ils se sont
avisés de reprocher à Camille Pelletan
de n'avoir pas encore réparé leur
incurie. M. Doumer, réintégré dans
un parti qu'il avait vendu à M. Méline
pour solder ses dette personnelles, a
jeté de patriotiques alarmes. Tout de
même, ce n'est point calomnier tous
ces intègres que de rire du ton au-
quel ils veulent prétendre. Car, entre
nous, on peut se l'avouer tout cela
n'est que comédie. Une seule préoccu-
pation guide les « coloniaux » : ce mi-
nistère a tout bonnement la vie trop
longue. Il ferait si bon être au pou-
voir !
Eh bien, il faudra que ces belli-
queux cherchent, pour arriver à leurs
fins, une autre enseigne que celle de
la patrie en danger. Toute la campa-
gne odieuse menée contre le minis-
tère de la marine a piteusement avor-
té. Et la Chambre a pris ses vacances
en laissant au gouvernement une ma-
jorité à peu près égale à celle qui
s'était affirmée sur l'interpellation
Miilerand, Faut-il en conclure que les
coloniaux et leurs suiveurs sont venus
à résipiscence, ou que, tout au moins,
se trouvant démasqués et battus, ils
renoncent à torpiller le ministère ?
Naïve illusion ! Pour qu'il en fut
ainsi, il faudrait qu'ils aient renoncé,
les uns à redevenir ministres, les au-
tres à le devenir. Or, ils sont prêts
à tout abandonner, mais pas ce doux
espoir. Concluez.
QUAY CENDRE.
Libertaires !
C'était fatal I Une bataille électorale
allant s'engager, on pouvait être cer-
tain que messieurs les anarchistes
donneraient signe de vie.
J'ai reçu un prospectus annonçant la
publication, pendant la période élec-
torale seulement, d'un organe liber-
taire qui aura ce titre suggestif : le Pé
tard et pour collaborateurs : Sébastien-
Faure, Urbain Gohier, Laurent Tail-
hade, etc.
Le but : prêcher le mépris des pro-
grammes et des candidats, c'est-à-dire
l'abstention électorale.
Vous me direz : mais c'est leur droit,
aux anarchistes de faire de la propa-
gande antivotarde et de choisir préci-
sément les périodes où le pays est en
mal de suffrage universel pour intensi-
fier cette propagande. D'accord 1
Pourtant, une chose me chiffonne.
C'est que l'ardeur des libertaires, leur
haine contre les candidats se manifes-
tent uniquement contre les socialistes,
dont les théories sont le moins contrai-
res aux leurs !
Vous avouerez que c'est bizarre !
Aux dernières élections législatives,
il y avait, dans la deuxième circons-
cription de LyoD, quatre candidats en
présence : un réactionnaire, un oppor
tuniste-radical, un radical opportuniste
et un socialiste appartenant à la frac-
tion la plus avancée du parti.
Ce dernier avait — seul de tous les
candidats du Rhône —inscrit dans son
programme la suppression des lois scé-
lérates, ce qui n'était pas pour lui atti-
rer des sympathies parmi les électeurs
timorés !
Eh bien ! c'est contre lui — et uni-
quement contre lui — que les anar-
chistes lyonnais donnèrent.
Us venaient dans toutes ses réunions
publiques distribuer des brochures
antivotardes et ils « l'attrapaient »,
chaque semaine, dans un journal qui,
tout comme le Pétard, avait trouvé
des subsides pour vivre juste pendant
la période électorale !
Quant au candidat clérical, qui aurait
voté leur déportation en masse à l'île
du Diable sinon leur exécution som-
maire, ils ne s'en soucièrent pas plus
qu'un poisson d'une pomme. Et cepen-
dant, c'est lui, et non le socialiste, qui
devait être élu I
Cet exemple n'est pas une exception,
tant s'en faut !
En vérité, messieurs les anarchistes
manquent de logique, à moins qu'ils
n'opèrent pour le compte de la réac-
tion, ce que je me refuse encore à ad-
mettre.
Donc le Pétard va paraître avec des
articles picrateux.
Sébastien Faure aura oublié le Quo-
tidien où il faisait cependant de la be-
sogne électorale, Urbain Gohier ne se
souviendrr plus de son titre de rédac
teur en chef ,,d'un journal qui est l'ur-
gane officiel d'une fédération politique -
et Laurent Tailhade ne .connaîtra plus
l'Action où, plusieurs fois par semaine,
il laisse imprimer son nom à côté de
ceux des pires politiciens !
Et tous, avec un accord touchant,
rééditeront les classiques objections
résumées dans l'article bien connu
d'Octave Mirbeau publié, il y a quel-
ques années, dans le Figaro, qui n'est
pas précisément un Pétard!
Pour être anarchiste, on n'en aime
pas moins les articles bien payés !
Eh bien, soit ! Allez-y, messieurs les
libertaires, ne vous gênez pas et fusti-
ge*„-comme ils méritent de l'être, ces
infâmes politiciens, ces candidats, am-
bitieux, ces « mauvais bergers », qui
trompent le peuple et se moquent de sa
crédulité. C'est bien cela, n'est-ce pas?
Toutefois, tâchez de vous souvenir,
si possible, que ces méprisables politi-
ciens luttent parfois (plus souvent
qu'on ne le suppose) au détriment de
leur tranquillité, de leur bien-être, de
leur santé ; qu'ils ont payé fréquem-
ment de la perte de leur liberté leur
amour pour l'humanité, leur haine de
toutes les servitudes physiques et mo-
rales, et qu'enfin, si vous pouvez, vous
anarchistes, à l'heure actuelle, publier
vos idées, lancer des Pétard, goûter la
joie de vivre en liberté, c'est à eux,
c'est à leurs protestations, à leurs ef-
forts, à leurs sacrifices, que vous le
devez I
EDOUARD ARNAUD.
Ce soir samedi, à huit heures
SALLE DES FOLIES-BERGÈRE
GRAND MEETING
Anticlérical
Organisé par l'Association 'des' Anciens
Elèves des Ecoles Municipales du 5° arron-
dissement, avec le concours assuré du
citoyen
VICTOR CMARBONNEL
DIRECTEUR DE LA Raison
Tous les républicains, socialistes et
libres penseurs sont invités à assister à
cette manifestation républicaine et anti-
cléricale.
masques et Visages
MILLERAND
Le Sphynx du Socialisme Jrançais.
Les guesdistes le dénomment : « Le
Latude de la prison de Saint-fMandé».
Imaginez un premier clerc mariné
dans l'âcreté des procédures. Est-ce le
labeur qui, prématurément, grisonna
celte tête de quadragénaire? Est-ce la
fièvre, de l'ambition ? Le poil est en
brosse, planté dru sur Un crâne rond,
trop bien construit. Les regards, qui
voudraient être acérés, louvoient et
tanguent comme des regards de ti-
mide. Les lèvres sont fraîches, étaient
faites pour le rire, qui depuis long-
temps ne s'y promène plus. Car il est
l'homme clos, hermétique, le monsieur
qui boulonne sa redingote lorsqu'il re-
çoit un ami. Sa rapide fortune est un
exemple de ce que peuvent la ténacité
et l'esprit de suite, dans un milieu de
versatiles et d'impidsifs. Son labeur
est persistant et sourd, comme doit
être celui d'un termite. Sa qualité maî-
tresse est l'absence d'enthousiasme. Est
pour le système des « réalités ». Un
morceau de pain sur le radeau de la
Méduse. Sa politique, c'est l'art de
ramasser les miettes sous la table,
sans gêner les convives. Excelle à ren-
verser les situations, à tel point qu'à
Bordeaux ce furent ses juges qui com-
parurent devant lui. Sembat nous l'a
dépeint à ses débuts, « jeûne figure
crépue de garçon photographe, courant
après Laguerre par les salles du Pa-
lais ». On le voit, certain jour, émer-
ger de l'ombre puissante de Clemen-
ceau. Pieds-joints, il enjamba l'ombre
menue du vieux Goblet, et tout d'un-
coup se retrouva sur la frontière du
socialisme. Lors, les radicaux crièrent
à la trahison, comme les socialistes le
devaient crier plus tard Ne sied-il pas
plutôt d'admettre qu'il fut l'avocat de
diverses politiques, avec la froideur
d'un retors notateur des Pandectes ?
On l'a comparé tour à tour à un Ro-
bespierre moins idéologue, à un Ver-
gniaud moins verbeux, à un Barnave
moins efféminé. Jaurès, qui se rappelle
parfois le sort de Danton, devrait sur-
tout voir en lui un Lamelh plus auto-
ritaire. Certes, personne ne discute les
réformes accomplies par le ministre
qu'il fut : cet homme si personnel sait,
à l'occasion, s'entourer de talents.
[Mais, ces réformes, un radical comme
'Pelletan ne les accomplit-il pas, lui
aussi, sans pour cela se masquer d'é-
quivoque ? Si le peuple devait payer
chaque étape de progrès d'un lambeau
de sa dignité, il serait bientôt plus
dénué qu'un esclave.. La vérité est,
qu'en dépit des votes congressistes,
ceux qui acclament dans le Socialisme
l'intégrale doctrine de régénération
humaine ne sauraient admettre que leur
magnifique idéal soit réduit à une sor-
dide question de réformes, amoindri,
rétréci, jusqu'à n'être plus qu'un sujet
de concours pour jeunes bourgeois uni-
versitaires, un thème ingénieux pour
veules parlottes d'avocassiers.
TABARANT.
Un Magnaud italien
M. Magnaud, le bon juge de Château-
Thierry, fait école. Voici, en effet, qu'un
de ses confrères de l'autre côté des
Alpes, M. Pola di Torino, juge à Lucca,
vient de se prononcer d'une façon
équitable sur le sort d'une fille publi-
que qui avait été surprise dans la rue,
par les agents des moeurs, en train de
raccoler les passants.
Le bon juge italien a acquitté l'incul-
pée par un jugement qui fait grand
bruit en Italie et qui contient textuel-
lement le considérant suivant :
« Pourquoi punirais je cette malheu-
reuse? Parce que ses sourires et ses
oeillades étaient séduisants ? Mais alors
pourquoi n'amène t-on pas devant mon
siège de juge toutes ies femmes et tou-
tes les jeunes filles qui, dans les salons,
au théâtre et dans les endroits publics,
sont très prodigues de leurs sourires
et de leurs oeillades ? Pourquoi ne
m'amène ton pas toute cette bande de
débauchés qui, pour tuer le temps, dé-
visagent les jeunes filles de toutes les
classes de la société et essaient de les
séduire? La justice doit être égale pour
tous et ne doit pas servir à punir de
pauvres filles qui font, par besoin, ce
que des femmes riches font par désoeu-
vrement ou par vice ».
Nous applaudissons à cette sentence
conforme à 1 esprit d'égalité qui devrait
animer tous les hommes appelés â ren
dre la justice.
Nous y applaudissons d'autant plus
que les malheureuses obligées de se
prostituer pour vivre n'ont pas plus
commis de délit que les grandes dames
riches et adulées qui courent les soi-
rées à la recherche d'amants de leur
monde.
Des oeillades ? des invites ? Ça se voit
tous les jours dans les grands bals, où
les danseuses sont le plus souvent, en
outre, outrageusement décolletées 1
Que la police n'y intervient-elle
aussi? X.
A NOS_AMIS
On sait à quelle, force d'i-
nertie se heurte tout nouvel
organe, surtout s'il est heb-
domadaire. Nous prions donc
les militants qui s'intéressent
au sort de VExtrême-Gauche de
réclamer impérieusement le
journal dans les kiosques et
chez les marchands de jour-
naux. Nous rappelons encore
à nos amis que le meilleur
moyen défaire vivre un jour-
nal est de s'y abonner et de
lui procurer de nombreux
abonnés. Nous comptons que
notre appel sera entendu.
Les Élections municipales
DE 1900
Passons au troisième arrondissement
qui ne comportait pas moins de six lis-
tes et quatre-vingt-seize candidats.
Beaucoup d'appelés, peu d'élus !
Aucun élu même au premier tour,
les abstentions ayant atteint cinquante
pour cent des inscriptions, puisqu'il
n'y eut que. 12,974 votants sur 24,627
inscrits !.
La liste la plus favorisée fut celle du
Comité dit de Défense républicaine
(radicaux et radicaux-socialistes) :
Bataille, conseiller sortant, adjoint
au maire, 6,305 voix/— Bruaard,
5,982. — Hoffher', 5,793.— Beauvisage,
5,881. — Décléris, 6,014. — Ghevrot,
5,486. — Caillot, 5,308.— Menut. 5,440.
— Garle, 5,200. — Veyron, 5,086. —
Abel, 5,431. —Albert, 5,175. — Roche,
5,004. — Masson, 4,939. — Mairet,
5,016. — Didier, 4,941. .
Venait ensuite la liste du Comité de
concentration républicaine (opportu-
nistes) : , ; ■ .
Firmery, conseiller sortant/3,399 v.
— Ampaire, 2,577. — Aûrard, 2,054. —
Baby, 2,907.—Dugbis,2,820. — Génîn,
2,488. — Marmonnier, 3,103. — Rey-
naud, 2:551. — Buffaud, 3,306. — Au-
gier, 2,709.—Averly, 2,971.— Bernard,
2,654. — Jouffray, 2,740, — Maillot,
2,465.,— Micha, 2,613. -r-Thivel, 2,623.
En classant les listes par !e chiffre de
voix obtenu par chacune d'elles, nous
trouvons en troisième lieu la liste de
Concentration révolutionnaire (socia-
listes jauressistes, guesdistes et vaillan-
tistes) : . " '
Rognon;-2,436 voix. — Besset, 2,133.
— Tixier, 2,271. — Molaret, 2,363. —
Sabatier, 2,105. — Groûsséau, 2;170. —
Nachury, 2,144. — Froumajou,' 1,969.
— Ghampeimont, 2,131.— Chaix, 2,025.
— Boi3son, 2,107. — Richerand. 2,220.
— Novel, .1,974.,— Tamizon, 2,095,.—
Pérônin, 2,096. --.Barjilori, 1,062. :. _-
Une liste cléricale'obtenait der Ï.OQO
à 1,200 voix.; ;■ : ' '"'■ ■:/.'
Restaient la liste dite du Comité ré-
publicain démocratique [ Rossignol,
Nesle, etc.) qui n'obtint que 400 voix,
sauf le conseiller sortant, tête de liste,
qui eût 933 voix, et la liste dite Blan-
quiste (Bnnardistes), qui obtint un mil-
lier de voix. Il y avait, donc, ballotage.
*
Au deuxième tour, (13 mai)rtroi* lis-
tes seulement restaient en présence.
L'union n'ayant pu se faire entre les
radicaux (Bataille) et lés; 'socialistes
(Rognon)', 'ces derniers~ maintinrent
leur liste au scrutin de ballotage. Les
« grandes cheminées » (Firmery, But-
faud).se représentèrent également.
. Voici quels furent les résultats :'
Comité de Défense républicaine :
Bataille, 8,290.voix. — Décléris, 8045.
— Brunard, 8,231. — Beauvisage, 8120.
Hoffher, 8,038. — Chevrot, 7,943. —
Menut, 7,418, —Abel, 7,161. — Caillot,
7,526. — Carie, 7,787. — Albert, 6,560.
— Veyron, 7,454. — Mairet, 7,316. —
Roche, 6,417. — Didier, 5,713. — Mas-
son, 6,509.
Tous élus.
Concentration socialiste révolution-
naire :
Rognon, 3,007 voix. — Besset, 2,448.
— Tixier, 2,526. — Môlaret, 2,469. —
Sabatier, 2,526. — Grousseau, 2,453. —
Nachury, 2,406. — Froumajou, 2,356.
— Champeimont, 2,413.— Chaix, 2,376.
— Boisson. 2,405. — Richerand, 2,405.-
—Novel, 2,335. — Tamizon, 2,374. —
Péronin, 2,367. — Barillon, 2,325.
Liste modérée :
Firm.ery, 4,623, — Rossignol, 4,317.
— Marmoni6r, 4,268.— Jouffray, 3,840.
Buffaud, 4,598. — Averly, 4,074. — Ba-
by, 4,063. - Aurard, 3,987. - Augier,
3,775. — Bernard, 3,998. — Dr Carrier,
3,952. — Micha, 3,892.— Ampère, 3842.
— Raynaud, 3,804. r- Genin, 3,713. —
Maillot, 3,643.
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