Titre : L'Extrême-gauche (Alliance radicale-socialiste) : paraissant le dimanche
Auteur : Alliance radicale-socialiste. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Saint-Mandé)
Date d'édition : 1904-03-12
Contributeur : Brousse, Émile (1850-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327724822
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mars 1904 12 mars 1904
Description : 1904/03/12 (A1,N6). 1904/03/12 (A1,N6).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5502415n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4969
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/12/2010
^Première Année - Numéro 6 PARAIT W SAMEDI 12 Mars 1904
I/É^fRÊMÈ-OAUCHE
est en vente chez tous les
marchands de journaux et
dans tous les kiosques et
chez M. Gpassep, déposi-
taire, 35, quai de l'Hôpital.
Nous rappelons aux organisa-
tions, aux comités politiques, aux
syndicats et aux groupes d'études
sociales que ce journal est une tri-
bune libre où toutes les opinions
républicaines et socialistes peuvent
se faire entendre.
UNE TRAHISON
M. Doumer n'en est plus à une
trahison près. Ce politicien intrigant,
dont l'ambition n'a d'égale que là
fourberie, vient d'en donner la preuve.
Une fois de plus, grâce à lui, nous
allons assister à la lutte de ceux qui '
représentent les idées avancées dans
le Parlement contre ceux qui n'y re-
présentent, hélas ! que des ambitions
inassouvies.
M. Doumer est il un agent incons-
cient de la Congrégation ?Désire-t-il
simplement satisfaire son incommen-
surable ambition ou assouvir ses haines
contre certains hommes politiques
dont le seul topt à ses yeux est de
détenir une place à laquelle il aspire ?
Nul ne le pourrait dire. Dans tous
les cas, il essaye de jouer le rôle de
dissolvant dans notre parti et de dis-
joindre le Bloc républicain. A ce
titre, il nous est suspect, dès à pré^
sent.
Nous ne voudrions pas envenimer
les choses. Nous pensons qu'elles^peu-
vent encore s'arranger. Toutefois
nous devons nous tenir sur nos gar-i
des; M. Doumer se prépare A frapper
dans le dos ceux des nôtres qui
avaient pris l'habitude de le considé^-
rer de la maison. Et nous sommes
prévenus par' lui-même : C'est au
ministère Combes et aux socialistes
qu'il en a!*
La première trahison de M. Dour-
mer eut dû nous éclairer. Nous eus-
sions dû lui témoigner, à son retour,
une confiance plus limitée. Accorde-
t-on aveuglément à un hpmme qui
a donné des preuves aussi tangibles
de versatilité politique^-pour ne pas
dire plus — accorde-t-on ces sympa-
thies dont oh est prodigue avec les
aihis sincères et dévoués ? Evidem-
ment non/ Or, M. DoÙmér avait trahi
leé siens le jour où il avait accepté,
d'un ministère qu'il combattait là
veille, avec son projet d'impôt sur le
revenu, le gouvernement général de
l'Indo-Chine. Et, à ce titre, il eûtdû
déjà nous être suspect.
Nous venons d'écrire que lé parti
socialiste a été trop confiant et qu'il
à eu tort de refaire à M. Doumer une
situation politique en lui permettant
d'arriver jusqu'à la présidence de là
commission dû budget. Ajoutons que J
c'est le seul motif pour lequel ce ra- ,
dical mauvais teint se croît aujour- j
d'hui quelqu'un. Si nos amis se ,
fussent détournés de lui et l'eussent '
laissé à son banc de député, il n'aspi- ,
rerait pas à jouer le rôle de Gesarion.
Mais, si M. Doumer est un ambi- (
tieux* est-ce aussi un niais ? Sa pré- ,
tention dernière le laisserait supposer.
Car enfin, quelle que soit l'influence
qu'il s'attribue à la Chambre, il ne
peut sérieusement supposer qu'il y
constitue à lui seul une majorité.
Qui le suivrait en ce moment ? Qui
consentirait, à cette heure où la lutte
est engagée entre là société laïque et
le parti noir, à renverser d'un seul
coup l'oeuvre que poursuit depuis
deux années avec tant d'opiniâtreté
le parti socialiste ? II est donc indis-
pensable qu'irfasse son dëùil dû rêve
qu'il a caressé.
M. Doumer est un petit bonhomme
sec, acariâtre, avide de réclame. 11 y
a longtemps qu'on n'avait pas eu l'oc-
casion de parler de sa personnalité
dans la presse et au Parlement. Il a
voulu rompre ce silence. Mais, de
même que certains arrivent à la célé-
brité par la droiture et l'honnêteté>
alors que d'autres choisissent la route
de l'intrigue et de la compromission,
il a choisi, lui, celle de la trahison.
Elle lui est connue. Plaignons-le
une fois de plus 1
Jèàn GORSAS.
Voir à H V page les renseif
griements concernant les
PRIfïieS GRATUITES
que nous offrons à tous nos lec-
teurs sans aucune combinai-
son de leur part
Paroles et actes
Dans un discours qu'il a prononcé à
Lyon dimanche dernier. M. Dubief,
parlant au nom du parti radical et radi-
cal socialiste, a insisté sur la nécessité,
pour tous les républicains de s'unir
étroitement afin d'achever l'oeuvre de
laïcité engagée et de déjouer lés ma-
noeuvres des modérés qui font le jeu de
la réaction.
Il faut, l'heure le commandei.iHt-;il dit»
aue toutes les forces de la démocratie resr
tent compactes. Il ne faut pas qu une As-
sure, quelque petite soit-elle, puisse se
produire dans le Woo qui doit rester en-
tier, L'heure de la bataille,décisive est
arrivée.Du résultat -que donnera la pr<>
cliaine consultation du suffrage universel
dépendent l'avenir «t les destinées de la
République. Sans doute nos-institutions .,
ont déjà eu à sUbir de -terribles, assauts;
mais jamais peut-être on pe s'estprepare
à l'es attaquer avec plus d'acharnement et
d'entente Les républicains, tous les répu-
blicains doivent rester unis, » est à ce
prix que la victoire est certaine. Il ne
s'agit plus maintenant pour nos adversai-
res de retarder, la marche de la.Republi- ...
que vers le progrès, ce^qu'.ls veulent :
c'est entraver cette marche et la rendre
impossible ; c'est au renversement même i
des institutions démocratiques que ten- ,
dent les eïforts coalisés de la réaction. _ ,
Jamais la crise n'a été plus grave, ja. .
mais le danger vraiment plus réel. La
bataille est cette fois nettement,engagée
et aux forces, qui nous seront opposées «1 j
faut pouvoir répondre par des forces aussi (
aussi homogènes. 11 faut que les republi- _
cains vainqueurs restent sur le terrain <
conquis et c'est la discipline sévère de 1
leurs troupes qui peut, par, 1 union des ,
républicains de toute nuance eide tome ■
dpiriion, au ralliement de' l'antrcleric^
lisme, assurer la victoire complète et de- t
finitive. . , l
Et a-t-il ajouté : -x
Ne songea ni à ce qui vous divisait, ni à t
vos'préférences personnelles. N'envisagez (
rien autre que les seuls intérêts de la;Ke-
publique, de la Patrie et de la Démocratie. .
Dèlachez-vous dés petites'rivalités susci- i
tant les querelles; dédaignez la calomnie (
Bt l'outrage; G'est pou* tous les republi- (
cains le devoir de l'heure présente et c'est .
pour eux un devoir impérieux, our il s a- .
eit de rendre service au pays. c
... r
Tous les radicaux présents ont souli- a
jné de chaleureux applaudissements i
cet appel à là disciplme^ôpùblicaine ôt! c
Un ordre du jour réprouvant toute ma
noeuvre qui tendrait à diviser le bloc
républicain a sanctionné le discours de
M. Dubief.
Là-dessus, chacun est rentré satis
fait, le coeur eontent,croyant déjà avoir
pour soi, dans les prochaines batailles
électorales.
Les vents et les étoiles,
Ah bien oui 1
Le lendemain, on apprend qu'à Gre-
noble, malgré Jes.engagements formels
pris entre candid ats ' d u Bloc. malgré
un appel à la discipline émanant du
parti radical et radical-socialiste, un
des candidats de ce parti maintient sa
candidature contre le citoyen Zévaès,
désigné par le suffrage universel pour
être l'élu du Bloc. Et cela, au risque
d'assurer l'élection du réactionnaire
Dorell
En vérité, c'est désespérant: nous
voulons;bien avoir confiance en la sin-
cérité des coalitions qu'on nous pro-
pose à nous socialistes, mais encore
faudrait il que les. actes soient ; con-
formés aux assurances qu'on nous
donne et que nous ne soyons pas tou-
jours obligés de nous demander si
nous ne sommes pas dupes de notre
bonne foi politique.
EDOUARD ARNAUD.
ET ; f;
LE PARTI SOCIALISTE
Nous voici au cinquième acte de l'àf •
faire Dreyfus. La Vérïté dont lé triom-
phe final fut prophétisé à Versailles par
Zola va enfin apparaître aux yeux du
Monde. Sur le théâtre réel de la vie
comme sur le théâtre factice, et aux
feux de la rampe, c'est la vertu qui
l'emporte,
Quels temps lointains déjà que ceux
que nous évoquons en parlant du pro-
cès Zola ! Lés Cannibales — pour nous
servir d'une expression du grand écri-
vain—étaient les maîtres de Paris et
et il suffisait qu'une botte et un sabre
fissent leur apparition pour que des
foules en délire se livrassent aux plus
démentes manifestations. Les Came-
lots de l'Etat-Major tenaient la rue et
assommaient les honnêtes gens qui
protestaient; contre les faussaires. Les
généraux: menaçaient les jurés, jusque
dans lé prétoire. On essayait d'assassi-
ner Labori et on décervelait les répu-
blicains: Quels temps lointains disons
nous et quelles moeurs différentes de
celles d'aujourd'hui. Car aujourd'hui
pn discute avec calme. La Cour dé Cas-
sation, n 'est troublée par aucun bruit
du dehors. Les généraux ne menacent
plus personne et lé Procureur Baudoin
peut eh toute sécurité qualifier de''faus-
saires:'deux qui lé furent, qu'ils s'ap-
pellent Mercier ou d'up autre nom.
Mais, si nous en spmïhes là ne le
doit-on pas aux Socialistes seuls ? Aux
socialistes accourus dès la première
heure au secours de la Vérité ? Aux
socialistes descendus dans la rue pour
se mesurer avec lès bandes, payées par
l'Etat:Major ?
Evidemmënt.si f
Nous né vaudrions pas qu'on nous
Bt l'injure dé supposer, que nous regreN
tons ce que nous ayons fait. Nous
avons lutté pour une question de jus-
tice sans nous préoccuper de là situa-
tion sociale, — pas' plus d'ailleurs que
le la religion — de celui qui en bénëfi-
;iait. Nous eussions agi de moine pour
an catholique innocent. Mais, si nous
ie regrettons fiën, il bous est bien per-
nis.d'exprimer à ce;sujet notre àmer-
;ume lorsque nous" constatons qu'en
échange dé notre concours il ne nous a
:ien été tenu des promesses qui nous
'urent faites au plus fort de la mêlée.
)ui!.nous avions rêvé d'autres résultats
lue ceux de la libération d'un officier
st nous étions en droit de compter que
seux auxquels nous apportâmes sans
•estriction notre dévouement et notre
ictivité pour sauver un des leurs, ne
îoûs marchanderaient pas ensuite leur
îoncours pour sauver les nôtres, en es-
- sayant de saper les Conseils de guerre.
: Hélas 1 il faut en rabattre à cette heure.
î Tous les jours des enfants du Peuple
sont victimes de l'institution dont M. le
commandant d'Omerscheville est un
■ des plus beaux ornements. Tous les
i jôUrs de jeunes hommes de vingt à
vingt-cinq ans sont, pour des fautes lé-
gères, jetés aux silos d'Afrique ou con
damnés àd'excessives et ridicules péna-
lités. Personne ne s'en préoccupait
avant' 1 affaire Dreyfus ; personne ne
s'enpj^pccuperaaprès.Jëlè répète,nous
avions lô droit d'espérer d'autres résul-
tats en échange des sacrifices que nous
avons consentis au moment où elle
battait son plein.
C'est en vain que le réquisitoire du
Procureur général Baudoin aura énu-
méré la série des crimes d'officiers jé-
suites décidés à maintenir à l'îe du
Diable un juif innocent. C'est en vain
qu'il aura dévoilé la Comédie judiciaire
jouée depuis 10 années par ces mêmes
officiers; leurs faux, leurs témoignages
contraires à la Vérité- Aucun d'eux ne
sera inquiété- La prescription leur est
acquise. Ils peuvent être cloués depuis
longtemps au pilori de l'Infamie par
l'Opinion publique, ils n'éprouveront
ni les émotions de la Cour d'assises, ni
les promiscuités du bagne. Ces petits
inconvénients continueront à être ré-
servés aux seuls civils qui auront
gratté un billet à ordre-ou aux pauvres
petits pioupious qui auront lancé un
boulon de culotte à la tête d'un de leurs
chefs.
Claude LETELLIER.
Entre eux
Nous plaisantions dans notre, précé-
dent numéro, les petits jeunes en-
flammés du Jeune Républicain sur •
lèur/our des Folies Bergère.
Nous avions tort, car ces petits jeu-
nes gens sont vraiment dignes de pi-
tié.
Songez-donc qu'on s'est payé de leur
tête jusqu'à la dernière minute en leur
laissant croire que Gaston Méry leur
amenait la Nini Buffet au rendez vous
pris ; qu'on leur a volé pour cent francs
de cartes d'entrées, enfin qu'on leur a
fait mille misères abominables.
C'est encore un coup de ces sales
-socialistes penserez-vous ?
Vous n'y êtes pas.
Les nationalistes du Jeune Machin
ont été trompés, escroqués, tout sim-
plement par les nationalistes du Rappel
tout aussi... machin. C'est eux, du
moins, qui nous l'apprennent. Vous
avouerez que la blague est bonne.
Mais ils la trouvent mauvaise !
Et ils servent aux Jossier et autres
Gurnaud une macédoine d'épithètes et
d'accusations à leur faire prendre une
indigestion.
C'est égal.. Nous nous doutions bien
que Jossier était une crapule, mais çà
nous fait tout de même plaisir de l'en
tendre affirmer par les amis politiques
de ce menteur en chef.
En passant, nous donnerons un bon
conseil aux rédacteurs du Jeune Ma-
chin : au lieu de faire une besogne de
mouchards et de délateurs en publiant
les noms des francs-maçons lyonnais
(ce qui, entre parenthèse, ne gêne
guère ces derniers) ils feraient bien
mieux de publier les noms des honnê-
tes gens de. leur parti..
La liste serait peut être moins lon-
gue. . E.A. : |
PROPOS D'UN GRINCHEUX
Boulomanie ]
i
Voici le printemps et les beaux jours, i
Avec les premiers lilas, les tournois 1
boulistes vont refleurir et, déjà, les
chroniqueurs du sport nouveau apprê- I
tent leur plume pour nous narrer avec É
des expressions et des détails qui feront f
s'ébaudir les chercheurs des généra- \
tions futures, les péripéties de ces ç
combats pluriels qui ont pour champ
clos l'enceinte d'un boulodrome.
Ah ! ce style bouliste 1 que de génie il
exige ! Répéter cent fois la même chose
à l'aide de termes divers, n'est pas à la
portée du commun des mortels. Et je
me déclare tout de suite inapte à vous
parler convenablement engins, artil-
leurs, carreaux, palets, nourrissons,
bébés, brochets, etc., etc.
Que les mânes de Boileau me le par-
donnent !
Or donc, on nous annonce de sensa-
tionnels concours pour la saison qui va
s'ouvrir, avec dqs prix en argent fort
élevés.
Heureux vainqueurs, ils vont passer
à la caisse. Et vous viendrez prétendre
après çà qu'il n'y a que le travail pour
enrichir ! Eh bien, c'est égal, cette vogue
du jeu de boules m'inspire d'amères
réflexions. Et, puisqu'il est entendu
que je suis un grincheux, vous allez me
permettre de vous les soumettre mes
réflexions améres. Je sais bien que je
vais faire faire la grimace à mon direc-
teur qui me rappellera que l'agglomé-
ration lyonnaise possède un millier de
boulodromes fréquentés par 80.000
joueurs! Mais je lui répondrai que le
souci du lecteur ne doit pas primer le
souci de la vérité et que.contrairement
à ce que prétend le proverbe, il est
toujours bon de dire la vérité.
Pour beaucoup de profanes, le jeu do
boules évoque encore la classique par-
tie du dimanche, si bien illustrée par
De Boissieu- Or, que nous sommes
loin de ce bon temps où quatre amis
faisaient paisiblement choquer leurs
sphères de bois en buvant un pot de vin
clairet.
Aujourd'hui, le jeu de boules est un
véritable sport avec ses règlements, ses
professionnels, ses champions et... ses
abus. Et, pour un trop grand nombre
de ceux qui s'y livrent, ce jeu est une
passion — le mot n'est pas trop fort —,
une passion qui leur fait oublier tout le,
reste : hygiène, famille, travail et pen-
sée.
J'exagère ? Que non pas 1 Les exem-
ples fourmillent, qui justifient ce que
j'avance I
Combien en connaissez vous de ces
joueurs, autrefois sobres pères de fa-
mille, aimant leur intérieur, qui, main-
tenant,, et tous les soirs de la belle sai-
son, s'empressent de quitter l'atelier
(quelquefois une heure ou deux avant
la sortie réglementaire, s'ils sont payés
à la tâche) pour courir à leur boulo-
drome habituel où vous les verrez jouor
encore, la nuit venue, à la lueur des
chandelles !
Pour ma part, je me charge d'en
trouver une bonne douzaine parmi mes
voisins.
Ceux-là, dès l'apparition de l'aube,
le dimanche matin, sont sur pied ! Le
café bu, vous les verrez Mer. à un
concours quelconque ou descendre à
leur boulodrome pour tâter le terrain,
vérifier les lignes réglementaires et
s'assurer que leurs engins^ y est.moi
aussi !) sont bien en main. Ils ne rentre-
ront au logis que fort tard, éreintés,
émêchés, sinon tout à-fait ivres. Le
lendemain, ils fêteront la Saint-Lundi
parcequ'ils seront encore fatigués des
nombreuses parties de la veille et aussi
parcequ'on fera la belle dans l'après-
midi. Il faut bien prendre sa revanche
ou finir d'écraser l'adversaire I Un bon
joueur se respecte, que diable 1
Vous voyez le résultat, n'est-ce pas?
La famille délaissée, le seul jour de
sortie dont elle peut disposer et. ce qui
est pire, la famille ayant un peu moins
de bien être pendant la semaine parce-
que la paye du père aura été écornée
au boulodrome.
De jouer, çà altère, et les consomma-
tions, çà se paye.
Il faut encore payer le casse-croûte,
les séries des concours auxquels on
prend part, les cotisations à là société
Doulis.te où on est inscrit, et toutes ces
petites sommes additionnées doivent
ïnir par faire un joli total au bout de
.'année. ' '
Mais tout cela ne serait rien encore. '
;i y a pire. Il y a le travailleur honnête ]
st courageux, qui peu à peu se laisse ;
asciner par les prix attribués aux \
vainqueurs des tournois boulistes et ]
lui arrive à délaisser l'atelier ou le (
) magasin pour devenir un professionnel
de la boule.
I Si, pendant quelques temps, il a eu
s de la veine, s'il a encaissé autant en
i jouant qu'en travaillant, il ira à tous
i les concours, espérant gagner davan-
; tage. Or qui dit jeu dit chance. Et la
chance n'est pas toujours pour lui.
C'est alors la gêne, mauvaise conseil-
lère 1 Et puis le goût du travail perdu,
il est difficile de le reprendre !
Enfin, la passion bouliste a encore
une conséquence désastreuse et c'est
peut être celle qui nous préoccupe le
plus en traitant la question, car, sans
qu'il y paraisse, elle a des conséquences
sociales qu'on ne soupçonne même pas.
Je vous ai dit tout-à l'heure qu'à
Lyon, on comptait environ 80.000
joueurs de boules. Combien y a-t-il
de boulomanes parmi eux? Je parie-
rais pour un sixième,'mais je réduis
volontiers ma proportion à un dixième.
Eh bien, vos 8.000 boulomanes sont
8.000 citoyens de moins. Vous ne com-
prenez pas ? Attendez !
Le boulomane ne connaît que sa
paire, son règlement, et il n'a d'autre
horizon que celui formé par l'enceinte
du boulodrome.
Demandez-lui à ce citoyen-là ce qu'il
pense de la question sociale : il vous
rira au nez. Parlez-lui d'une réunion
publique, d'une conférence politique
ou économique, il vous enverra pro-
mener. Proposez-lui timidement de se
faire inscrire dans un comité, dans un
groupe d'études sociales, il se fâchera.
S'il est syndiqué, il désertera le syn-
dicat
Que le jour d'un scrutin arrive, notre
boulomane sera un abstentionniste, il
ne quittera pas le jeu un quart d heure
pour aller jusqu'au bureau de vote. Il
fera bien, d'ailleurs, car n'ayant pas
suivi la lutte électorale, il serait inca-
pable de déposer dans l'urne un bulletin
conscient.
Vous dites qu'il y a des exceptions ?
soit : elles ne font que confirmer la
règle.
Et cette désastreuse influence de la
boulomanie sur le peuple est tellement
réelle que nous voyons des organes
réactionnaires se mettre à consacrer
une colonne ou deux à la chronique
bouliste.
Ils comprennent qu'en faisant des
boulomanes, ils nous empêchent de
faire dès socialistes. Ce n'est déjà pas si
bête ! Mais ceux qui sont stupides, ce
sont les travailleurs qui gobent toutes
les boulettes que leurs adversaires de
classe leur jettent pour les abêtir et les
maintenir dans cet esclavage moral
dont ils tirent profit.
Jouez aux boules tant que vous vou-
drez, mais sapristi ! soyez tout de même
des hommes.
MÉDÉRIC MAUBEC.
Le Discours de (il. Corafies
ET
LA PRESSE RÉACTIONNAIRE
Le discours prononcé lundi, à la
Chambre, par M. Combes et relatif à
la suppression de l'enseignement con-
gréganiste a eu pour effet de mettre en
fureur la « gent » catholique et réac- '
tionnaire. Les organes de la Congréga-
tion ne décolèrent pas contre lui, cette
semaine, et le Nouvelliste de Lyon,
comme le Rappel dit républicain de
notre ville, lui décochent leurs epi-
thètes habituelles. C'est à l'adresse du
présidert du Conseil une véritable ava-
lanche d'injures, qui lui fait, d'ailleurs,
le plus grand honneur.
A constater la fureur des cléricaux à
propos de la loi contre l'enseignement
congréganiste, comme l'opiniâtreté
avec laquelle leurs journaux mènent la
campagne contre ceux qui poursuivent
sa suppression, on se rend compte de
l'importance qu'elle aura si elle est
votée. Les réactionnaires le sentent
bien, eux aussi. Ils comprennent que
çà serait la fin de l'influence qu'exerce
en France l'Eglise. Aussi ses séïdes dé-
fendent-ils avec acharnement le prin-
cipe de la liberté de l'enseignement,
avec l'espoir secret de conserver leurs
prérogatives et de continuer, grâce à
lui, à déformer à leur gré les jeunes
cerveaux.
I/É^fRÊMÈ-OAUCHE
est en vente chez tous les
marchands de journaux et
dans tous les kiosques et
chez M. Gpassep, déposi-
taire, 35, quai de l'Hôpital.
Nous rappelons aux organisa-
tions, aux comités politiques, aux
syndicats et aux groupes d'études
sociales que ce journal est une tri-
bune libre où toutes les opinions
républicaines et socialistes peuvent
se faire entendre.
UNE TRAHISON
M. Doumer n'en est plus à une
trahison près. Ce politicien intrigant,
dont l'ambition n'a d'égale que là
fourberie, vient d'en donner la preuve.
Une fois de plus, grâce à lui, nous
allons assister à la lutte de ceux qui '
représentent les idées avancées dans
le Parlement contre ceux qui n'y re-
présentent, hélas ! que des ambitions
inassouvies.
M. Doumer est il un agent incons-
cient de la Congrégation ?Désire-t-il
simplement satisfaire son incommen-
surable ambition ou assouvir ses haines
contre certains hommes politiques
dont le seul topt à ses yeux est de
détenir une place à laquelle il aspire ?
Nul ne le pourrait dire. Dans tous
les cas, il essaye de jouer le rôle de
dissolvant dans notre parti et de dis-
joindre le Bloc républicain. A ce
titre, il nous est suspect, dès à pré^
sent.
Nous ne voudrions pas envenimer
les choses. Nous pensons qu'elles^peu-
vent encore s'arranger. Toutefois
nous devons nous tenir sur nos gar-i
des; M. Doumer se prépare A frapper
dans le dos ceux des nôtres qui
avaient pris l'habitude de le considé^-
rer de la maison. Et nous sommes
prévenus par' lui-même : C'est au
ministère Combes et aux socialistes
qu'il en a!*
La première trahison de M. Dour-
mer eut dû nous éclairer. Nous eus-
sions dû lui témoigner, à son retour,
une confiance plus limitée. Accorde-
t-on aveuglément à un hpmme qui
a donné des preuves aussi tangibles
de versatilité politique^-pour ne pas
dire plus — accorde-t-on ces sympa-
thies dont oh est prodigue avec les
aihis sincères et dévoués ? Evidem-
ment non/ Or, M. DoÙmér avait trahi
leé siens le jour où il avait accepté,
d'un ministère qu'il combattait là
veille, avec son projet d'impôt sur le
revenu, le gouvernement général de
l'Indo-Chine. Et, à ce titre, il eûtdû
déjà nous être suspect.
Nous venons d'écrire que lé parti
socialiste a été trop confiant et qu'il
à eu tort de refaire à M. Doumer une
situation politique en lui permettant
d'arriver jusqu'à la présidence de là
commission dû budget. Ajoutons que J
c'est le seul motif pour lequel ce ra- ,
dical mauvais teint se croît aujour- j
d'hui quelqu'un. Si nos amis se ,
fussent détournés de lui et l'eussent '
laissé à son banc de député, il n'aspi- ,
rerait pas à jouer le rôle de Gesarion.
Mais, si M. Doumer est un ambi- (
tieux* est-ce aussi un niais ? Sa pré- ,
tention dernière le laisserait supposer.
Car enfin, quelle que soit l'influence
qu'il s'attribue à la Chambre, il ne
peut sérieusement supposer qu'il y
constitue à lui seul une majorité.
Qui le suivrait en ce moment ? Qui
consentirait, à cette heure où la lutte
est engagée entre là société laïque et
le parti noir, à renverser d'un seul
coup l'oeuvre que poursuit depuis
deux années avec tant d'opiniâtreté
le parti socialiste ? II est donc indis-
pensable qu'irfasse son dëùil dû rêve
qu'il a caressé.
M. Doumer est un petit bonhomme
sec, acariâtre, avide de réclame. 11 y
a longtemps qu'on n'avait pas eu l'oc-
casion de parler de sa personnalité
dans la presse et au Parlement. Il a
voulu rompre ce silence. Mais, de
même que certains arrivent à la célé-
brité par la droiture et l'honnêteté>
alors que d'autres choisissent la route
de l'intrigue et de la compromission,
il a choisi, lui, celle de la trahison.
Elle lui est connue. Plaignons-le
une fois de plus 1
Jèàn GORSAS.
Voir à H V page les renseif
griements concernant les
PRIfïieS GRATUITES
que nous offrons à tous nos lec-
teurs sans aucune combinai-
son de leur part
Paroles et actes
Dans un discours qu'il a prononcé à
Lyon dimanche dernier. M. Dubief,
parlant au nom du parti radical et radi-
cal socialiste, a insisté sur la nécessité,
pour tous les républicains de s'unir
étroitement afin d'achever l'oeuvre de
laïcité engagée et de déjouer lés ma-
noeuvres des modérés qui font le jeu de
la réaction.
Il faut, l'heure le commandei.iHt-;il dit»
aue toutes les forces de la démocratie resr
tent compactes. Il ne faut pas qu une As-
sure, quelque petite soit-elle, puisse se
produire dans le Woo qui doit rester en-
tier, L'heure de la bataille,décisive est
arrivée.Du résultat -que donnera la pr<>
cliaine consultation du suffrage universel
dépendent l'avenir «t les destinées de la
République. Sans doute nos-institutions .,
ont déjà eu à sUbir de -terribles, assauts;
mais jamais peut-être on pe s'estprepare
à l'es attaquer avec plus d'acharnement et
d'entente Les républicains, tous les répu-
blicains doivent rester unis, » est à ce
prix que la victoire est certaine. Il ne
s'agit plus maintenant pour nos adversai-
res de retarder, la marche de la.Republi- ...
que vers le progrès, ce^qu'.ls veulent :
c'est entraver cette marche et la rendre
impossible ; c'est au renversement même i
des institutions démocratiques que ten- ,
dent les eïforts coalisés de la réaction. _ ,
Jamais la crise n'a été plus grave, ja. .
mais le danger vraiment plus réel. La
bataille est cette fois nettement,engagée
et aux forces, qui nous seront opposées «1 j
faut pouvoir répondre par des forces aussi (
aussi homogènes. 11 faut que les republi- _
cains vainqueurs restent sur le terrain <
conquis et c'est la discipline sévère de 1
leurs troupes qui peut, par, 1 union des ,
républicains de toute nuance eide tome ■
dpiriion, au ralliement de' l'antrcleric^
lisme, assurer la victoire complète et de- t
finitive. . , l
Et a-t-il ajouté : -x
Ne songea ni à ce qui vous divisait, ni à t
vos'préférences personnelles. N'envisagez (
rien autre que les seuls intérêts de la;Ke-
publique, de la Patrie et de la Démocratie. .
Dèlachez-vous dés petites'rivalités susci- i
tant les querelles; dédaignez la calomnie (
Bt l'outrage; G'est pou* tous les republi- (
cains le devoir de l'heure présente et c'est .
pour eux un devoir impérieux, our il s a- .
eit de rendre service au pays. c
... r
Tous les radicaux présents ont souli- a
jné de chaleureux applaudissements i
cet appel à là disciplme^ôpùblicaine ôt! c
Un ordre du jour réprouvant toute ma
noeuvre qui tendrait à diviser le bloc
républicain a sanctionné le discours de
M. Dubief.
Là-dessus, chacun est rentré satis
fait, le coeur eontent,croyant déjà avoir
pour soi, dans les prochaines batailles
électorales.
Les vents et les étoiles,
Ah bien oui 1
Le lendemain, on apprend qu'à Gre-
noble, malgré Jes.engagements formels
pris entre candid ats ' d u Bloc. malgré
un appel à la discipline émanant du
parti radical et radical-socialiste, un
des candidats de ce parti maintient sa
candidature contre le citoyen Zévaès,
désigné par le suffrage universel pour
être l'élu du Bloc. Et cela, au risque
d'assurer l'élection du réactionnaire
Dorell
En vérité, c'est désespérant: nous
voulons;bien avoir confiance en la sin-
cérité des coalitions qu'on nous pro-
pose à nous socialistes, mais encore
faudrait il que les. actes soient ; con-
formés aux assurances qu'on nous
donne et que nous ne soyons pas tou-
jours obligés de nous demander si
nous ne sommes pas dupes de notre
bonne foi politique.
EDOUARD ARNAUD.
ET ; f;
LE PARTI SOCIALISTE
Nous voici au cinquième acte de l'àf •
faire Dreyfus. La Vérïté dont lé triom-
phe final fut prophétisé à Versailles par
Zola va enfin apparaître aux yeux du
Monde. Sur le théâtre réel de la vie
comme sur le théâtre factice, et aux
feux de la rampe, c'est la vertu qui
l'emporte,
Quels temps lointains déjà que ceux
que nous évoquons en parlant du pro-
cès Zola ! Lés Cannibales — pour nous
servir d'une expression du grand écri-
vain—étaient les maîtres de Paris et
et il suffisait qu'une botte et un sabre
fissent leur apparition pour que des
foules en délire se livrassent aux plus
démentes manifestations. Les Came-
lots de l'Etat-Major tenaient la rue et
assommaient les honnêtes gens qui
protestaient; contre les faussaires. Les
généraux: menaçaient les jurés, jusque
dans lé prétoire. On essayait d'assassi-
ner Labori et on décervelait les répu-
blicains: Quels temps lointains disons
nous et quelles moeurs différentes de
celles d'aujourd'hui. Car aujourd'hui
pn discute avec calme. La Cour dé Cas-
sation, n 'est troublée par aucun bruit
du dehors. Les généraux ne menacent
plus personne et lé Procureur Baudoin
peut eh toute sécurité qualifier de''faus-
saires:'deux qui lé furent, qu'ils s'ap-
pellent Mercier ou d'up autre nom.
Mais, si nous en spmïhes là ne le
doit-on pas aux Socialistes seuls ? Aux
socialistes accourus dès la première
heure au secours de la Vérité ? Aux
socialistes descendus dans la rue pour
se mesurer avec lès bandes, payées par
l'Etat:Major ?
Evidemmënt.si f
Nous né vaudrions pas qu'on nous
Bt l'injure dé supposer, que nous regreN
tons ce que nous ayons fait. Nous
avons lutté pour une question de jus-
tice sans nous préoccuper de là situa-
tion sociale, — pas' plus d'ailleurs que
le la religion — de celui qui en bénëfi-
;iait. Nous eussions agi de moine pour
an catholique innocent. Mais, si nous
ie regrettons fiën, il bous est bien per-
nis.d'exprimer à ce;sujet notre àmer-
;ume lorsque nous" constatons qu'en
échange dé notre concours il ne nous a
:ien été tenu des promesses qui nous
'urent faites au plus fort de la mêlée.
)ui!.nous avions rêvé d'autres résultats
lue ceux de la libération d'un officier
st nous étions en droit de compter que
seux auxquels nous apportâmes sans
•estriction notre dévouement et notre
ictivité pour sauver un des leurs, ne
îoûs marchanderaient pas ensuite leur
îoncours pour sauver les nôtres, en es-
- sayant de saper les Conseils de guerre.
: Hélas 1 il faut en rabattre à cette heure.
î Tous les jours des enfants du Peuple
sont victimes de l'institution dont M. le
commandant d'Omerscheville est un
■ des plus beaux ornements. Tous les
i jôUrs de jeunes hommes de vingt à
vingt-cinq ans sont, pour des fautes lé-
gères, jetés aux silos d'Afrique ou con
damnés àd'excessives et ridicules péna-
lités. Personne ne s'en préoccupait
avant' 1 affaire Dreyfus ; personne ne
s'enpj^pccuperaaprès.Jëlè répète,nous
avions lô droit d'espérer d'autres résul-
tats en échange des sacrifices que nous
avons consentis au moment où elle
battait son plein.
C'est en vain que le réquisitoire du
Procureur général Baudoin aura énu-
méré la série des crimes d'officiers jé-
suites décidés à maintenir à l'îe du
Diable un juif innocent. C'est en vain
qu'il aura dévoilé la Comédie judiciaire
jouée depuis 10 années par ces mêmes
officiers; leurs faux, leurs témoignages
contraires à la Vérité- Aucun d'eux ne
sera inquiété- La prescription leur est
acquise. Ils peuvent être cloués depuis
longtemps au pilori de l'Infamie par
l'Opinion publique, ils n'éprouveront
ni les émotions de la Cour d'assises, ni
les promiscuités du bagne. Ces petits
inconvénients continueront à être ré-
servés aux seuls civils qui auront
gratté un billet à ordre-ou aux pauvres
petits pioupious qui auront lancé un
boulon de culotte à la tête d'un de leurs
chefs.
Claude LETELLIER.
Entre eux
Nous plaisantions dans notre, précé-
dent numéro, les petits jeunes en-
flammés du Jeune Républicain sur •
lèur/our des Folies Bergère.
Nous avions tort, car ces petits jeu-
nes gens sont vraiment dignes de pi-
tié.
Songez-donc qu'on s'est payé de leur
tête jusqu'à la dernière minute en leur
laissant croire que Gaston Méry leur
amenait la Nini Buffet au rendez vous
pris ; qu'on leur a volé pour cent francs
de cartes d'entrées, enfin qu'on leur a
fait mille misères abominables.
C'est encore un coup de ces sales
-socialistes penserez-vous ?
Vous n'y êtes pas.
Les nationalistes du Jeune Machin
ont été trompés, escroqués, tout sim-
plement par les nationalistes du Rappel
tout aussi... machin. C'est eux, du
moins, qui nous l'apprennent. Vous
avouerez que la blague est bonne.
Mais ils la trouvent mauvaise !
Et ils servent aux Jossier et autres
Gurnaud une macédoine d'épithètes et
d'accusations à leur faire prendre une
indigestion.
C'est égal.. Nous nous doutions bien
que Jossier était une crapule, mais çà
nous fait tout de même plaisir de l'en
tendre affirmer par les amis politiques
de ce menteur en chef.
En passant, nous donnerons un bon
conseil aux rédacteurs du Jeune Ma-
chin : au lieu de faire une besogne de
mouchards et de délateurs en publiant
les noms des francs-maçons lyonnais
(ce qui, entre parenthèse, ne gêne
guère ces derniers) ils feraient bien
mieux de publier les noms des honnê-
tes gens de. leur parti..
La liste serait peut être moins lon-
gue. . E.A. : |
PROPOS D'UN GRINCHEUX
Boulomanie ]
i
Voici le printemps et les beaux jours, i
Avec les premiers lilas, les tournois 1
boulistes vont refleurir et, déjà, les
chroniqueurs du sport nouveau apprê- I
tent leur plume pour nous narrer avec É
des expressions et des détails qui feront f
s'ébaudir les chercheurs des généra- \
tions futures, les péripéties de ces ç
combats pluriels qui ont pour champ
clos l'enceinte d'un boulodrome.
Ah ! ce style bouliste 1 que de génie il
exige ! Répéter cent fois la même chose
à l'aide de termes divers, n'est pas à la
portée du commun des mortels. Et je
me déclare tout de suite inapte à vous
parler convenablement engins, artil-
leurs, carreaux, palets, nourrissons,
bébés, brochets, etc., etc.
Que les mânes de Boileau me le par-
donnent !
Or donc, on nous annonce de sensa-
tionnels concours pour la saison qui va
s'ouvrir, avec dqs prix en argent fort
élevés.
Heureux vainqueurs, ils vont passer
à la caisse. Et vous viendrez prétendre
après çà qu'il n'y a que le travail pour
enrichir ! Eh bien, c'est égal, cette vogue
du jeu de boules m'inspire d'amères
réflexions. Et, puisqu'il est entendu
que je suis un grincheux, vous allez me
permettre de vous les soumettre mes
réflexions améres. Je sais bien que je
vais faire faire la grimace à mon direc-
teur qui me rappellera que l'agglomé-
ration lyonnaise possède un millier de
boulodromes fréquentés par 80.000
joueurs! Mais je lui répondrai que le
souci du lecteur ne doit pas primer le
souci de la vérité et que.contrairement
à ce que prétend le proverbe, il est
toujours bon de dire la vérité.
Pour beaucoup de profanes, le jeu do
boules évoque encore la classique par-
tie du dimanche, si bien illustrée par
De Boissieu- Or, que nous sommes
loin de ce bon temps où quatre amis
faisaient paisiblement choquer leurs
sphères de bois en buvant un pot de vin
clairet.
Aujourd'hui, le jeu de boules est un
véritable sport avec ses règlements, ses
professionnels, ses champions et... ses
abus. Et, pour un trop grand nombre
de ceux qui s'y livrent, ce jeu est une
passion — le mot n'est pas trop fort —,
une passion qui leur fait oublier tout le,
reste : hygiène, famille, travail et pen-
sée.
J'exagère ? Que non pas 1 Les exem-
ples fourmillent, qui justifient ce que
j'avance I
Combien en connaissez vous de ces
joueurs, autrefois sobres pères de fa-
mille, aimant leur intérieur, qui, main-
tenant,, et tous les soirs de la belle sai-
son, s'empressent de quitter l'atelier
(quelquefois une heure ou deux avant
la sortie réglementaire, s'ils sont payés
à la tâche) pour courir à leur boulo-
drome habituel où vous les verrez jouor
encore, la nuit venue, à la lueur des
chandelles !
Pour ma part, je me charge d'en
trouver une bonne douzaine parmi mes
voisins.
Ceux-là, dès l'apparition de l'aube,
le dimanche matin, sont sur pied ! Le
café bu, vous les verrez Mer. à un
concours quelconque ou descendre à
leur boulodrome pour tâter le terrain,
vérifier les lignes réglementaires et
s'assurer que leurs engins^ y est.moi
aussi !) sont bien en main. Ils ne rentre-
ront au logis que fort tard, éreintés,
émêchés, sinon tout à-fait ivres. Le
lendemain, ils fêteront la Saint-Lundi
parcequ'ils seront encore fatigués des
nombreuses parties de la veille et aussi
parcequ'on fera la belle dans l'après-
midi. Il faut bien prendre sa revanche
ou finir d'écraser l'adversaire I Un bon
joueur se respecte, que diable 1
Vous voyez le résultat, n'est-ce pas?
La famille délaissée, le seul jour de
sortie dont elle peut disposer et. ce qui
est pire, la famille ayant un peu moins
de bien être pendant la semaine parce-
que la paye du père aura été écornée
au boulodrome.
De jouer, çà altère, et les consomma-
tions, çà se paye.
Il faut encore payer le casse-croûte,
les séries des concours auxquels on
prend part, les cotisations à là société
Doulis.te où on est inscrit, et toutes ces
petites sommes additionnées doivent
ïnir par faire un joli total au bout de
.'année. ' '
Mais tout cela ne serait rien encore. '
;i y a pire. Il y a le travailleur honnête ]
st courageux, qui peu à peu se laisse ;
asciner par les prix attribués aux \
vainqueurs des tournois boulistes et ]
lui arrive à délaisser l'atelier ou le (
) magasin pour devenir un professionnel
de la boule.
I Si, pendant quelques temps, il a eu
s de la veine, s'il a encaissé autant en
i jouant qu'en travaillant, il ira à tous
i les concours, espérant gagner davan-
; tage. Or qui dit jeu dit chance. Et la
chance n'est pas toujours pour lui.
C'est alors la gêne, mauvaise conseil-
lère 1 Et puis le goût du travail perdu,
il est difficile de le reprendre !
Enfin, la passion bouliste a encore
une conséquence désastreuse et c'est
peut être celle qui nous préoccupe le
plus en traitant la question, car, sans
qu'il y paraisse, elle a des conséquences
sociales qu'on ne soupçonne même pas.
Je vous ai dit tout-à l'heure qu'à
Lyon, on comptait environ 80.000
joueurs de boules. Combien y a-t-il
de boulomanes parmi eux? Je parie-
rais pour un sixième,'mais je réduis
volontiers ma proportion à un dixième.
Eh bien, vos 8.000 boulomanes sont
8.000 citoyens de moins. Vous ne com-
prenez pas ? Attendez !
Le boulomane ne connaît que sa
paire, son règlement, et il n'a d'autre
horizon que celui formé par l'enceinte
du boulodrome.
Demandez-lui à ce citoyen-là ce qu'il
pense de la question sociale : il vous
rira au nez. Parlez-lui d'une réunion
publique, d'une conférence politique
ou économique, il vous enverra pro-
mener. Proposez-lui timidement de se
faire inscrire dans un comité, dans un
groupe d'études sociales, il se fâchera.
S'il est syndiqué, il désertera le syn-
dicat
Que le jour d'un scrutin arrive, notre
boulomane sera un abstentionniste, il
ne quittera pas le jeu un quart d heure
pour aller jusqu'au bureau de vote. Il
fera bien, d'ailleurs, car n'ayant pas
suivi la lutte électorale, il serait inca-
pable de déposer dans l'urne un bulletin
conscient.
Vous dites qu'il y a des exceptions ?
soit : elles ne font que confirmer la
règle.
Et cette désastreuse influence de la
boulomanie sur le peuple est tellement
réelle que nous voyons des organes
réactionnaires se mettre à consacrer
une colonne ou deux à la chronique
bouliste.
Ils comprennent qu'en faisant des
boulomanes, ils nous empêchent de
faire dès socialistes. Ce n'est déjà pas si
bête ! Mais ceux qui sont stupides, ce
sont les travailleurs qui gobent toutes
les boulettes que leurs adversaires de
classe leur jettent pour les abêtir et les
maintenir dans cet esclavage moral
dont ils tirent profit.
Jouez aux boules tant que vous vou-
drez, mais sapristi ! soyez tout de même
des hommes.
MÉDÉRIC MAUBEC.
Le Discours de (il. Corafies
ET
LA PRESSE RÉACTIONNAIRE
Le discours prononcé lundi, à la
Chambre, par M. Combes et relatif à
la suppression de l'enseignement con-
gréganiste a eu pour effet de mettre en
fureur la « gent » catholique et réac- '
tionnaire. Les organes de la Congréga-
tion ne décolèrent pas contre lui, cette
semaine, et le Nouvelliste de Lyon,
comme le Rappel dit républicain de
notre ville, lui décochent leurs epi-
thètes habituelles. C'est à l'adresse du
présidert du Conseil une véritable ava-
lanche d'injures, qui lui fait, d'ailleurs,
le plus grand honneur.
A constater la fureur des cléricaux à
propos de la loi contre l'enseignement
congréganiste, comme l'opiniâtreté
avec laquelle leurs journaux mènent la
campagne contre ceux qui poursuivent
sa suppression, on se rend compte de
l'importance qu'elle aura si elle est
votée. Les réactionnaires le sentent
bien, eux aussi. Ils comprennent que
çà serait la fin de l'influence qu'exerce
en France l'Eglise. Aussi ses séïdes dé-
fendent-ils avec acharnement le prin-
cipe de la liberté de l'enseignement,
avec l'espoir secret de conserver leurs
prérogatives et de continuer, grâce à
lui, à déformer à leur gré les jeunes
cerveaux.
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