Titre : L'Extrême-gauche (Alliance radicale-socialiste) : paraissant le dimanche
Auteur : Alliance radicale-socialiste. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Saint-Mandé)
Date d'édition : 1883-12-09
Contributeur : Brousse, Émile (1850-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327724822
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 147 Nombre total de vues : 147
Description : 09 décembre 1883 09 décembre 1883
Description : 1883/12/09 (A1,N41). 1883/12/09 (A1,N41).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5502371x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4969
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/12/2010
Première année,JN° 41,,. . ..,..
FJ^AISSA^FT L^ r^^AlSTCIEEl V_Ol|iJ^cembre 1883.
A l'Extérieur
I/odiaux Chauvin, qui a donné son
nom au Chauvinisme, n'est pas mort,
malheureusement pour nous.
Combien de Fracasses et de, Rodq-
monts encore dans cette Chambre,
dans ce Parlement de 1883, prêts,à nous
jeter dans. les. plus ridicules et les plus,
désastreuses aventures, dès qu'on a
prononcé devant.eux je nom de « sol-
dat français »,.,« d'armée française.»^
« d'honneur du drapeau » !
Si le patriotisme, sage, raisonné et-
raisonnable est excellent en soi, nous
n'en saurions dire autant de cette exa-
gération de vanité nationale qu'on a
flétri du nom de Chauvinisme. Nous
savons bien qu'un certain parti, encore
imbu des préjugés monarchiques et
dont la conception politique se réduit
à gouverner despotiquemeut sous le
nom menteur de République ; noussa-
, vpns bien que ce parti n'a pas assez de
railleries. pour la sagesse dont nous
parlons et qu'il la qualifie de' « hon-
teux aplatissement ».
Ne .nous laissons pas émouvoir au-
jourd'hui par ces injures, pas plus
quelles ne nous ont émus lorsque nous
blâmions l'expédition de Tunisie, et
les velléités d'intervention en Egypte.
Ces tranche-montagnes de l'oppor-
tunisme, ces sectaires de l'autorité et
« du gouvernement fort » n'imaginent
pas que la République puisse avoir une
politique extérieure autre que celle
suivie par la Monarchie. Ils sont inca-
pables de comprendre que la conduite
r d'une République doit s'inspirer cons-
tamment et partout, même à l'exté-
rieur, des principes de justice et du
respect des droits d'autrui.
Nous n'avons jamais admis qu'il pût
y avoir en même temps et dans la
même nation, deuxmorales : une pour
l'intérieur et l'autre pour l'extérieur ;
"une morale indigène et l'autre pour
l'exportation.
Républicains en France, respectueux
de l'autonomie individuelle et régio-
nale, nous ne pouvons pas, décem-
ment, aussitôt que nous avons franchi
la frontière, mettre nos opinions sous
nos pieds et nous déclarer partisans de
la force et de la conquête. Nous ne
pouvons nous ériger, comme l'Eglise
catholique, en dépositaire de la Vérité
et déclarer aux autres peuples qu'ils
doivent suivre]nosinspirations et nous
obéir.
C'est au nom des principes de mo-
rale naturelle etprimordiale, principes
qui n'ont rien à voir avec les délimita-
tions géographiques, que nous avons
"blâmé l'intervention de la France en
Tunisie comme nous blâmons aujour-
d'hui les attaques contre le j,Tonkin et
contre la Chine. .
Non, nous n'admettrons jamais, quoi
qu'on puisse dire, que l'honneur d'une
| nation consiste à se mêler des affaires
! des autres peuples et à leur imposera
coups de canon sa manière devoir et,
sous prétexte de les civiliser, leur ex-
torquer leur argent et leur terri-
toiçe.
Sous la première République* la.
grande, la France mettait chévaléres-;
queinent son épée au service des peu-
ples qui voulaient s'affranchir de leurs
tyrans.
Sous la deuxième République, nous
ne pouvons pas mettre Fépéè de la
France au service des spéculateurs,
des agioteurs, des coureurs d'aventu-
res pour imposer aux populations
étrangères un despotisme plus insup-
portable peut-être que la loi qu'elles j
subissent volontairement.
Supposons qùeles Chinois, sous pré-
texte que nous ne pratiquons pas la loi
de Confucius et que nos moeurs spot
plus relâchées que les leurs, émettent
la prétention de diriger, nos destinées
et de nous faire accepter leur, protec-
torat ? : Comment supporterions-nous
une pareille prétention?
La conquête plus ou moins déguisée
est îe même fait immoral sous tputes
les latitudes.
Nous ne pouvons pas admettre que
cies: Français, qui, par surcroît sont
des républicains, soutiennent qu'il y a
deux morales, l'une pour les faibles et
l'autre pour les forts.
En 1870, nous nous sommes trouvés
parmi les faibles. Cette leçon aurait dû
nous profiter et nous dégoûter d'une
politique extérieure qui ne s'inspire
pas de la justice et du bon droit.
On parlé d'honneur national ! Mais
s'il y a quelque chose de réellement
déshonorant, c'est bien de soutenir
une politique qui consiste à refuser à
certains peuples, sous prétexte qu'ils
sont orientaux, la liberté que peut re-
vendiquer le plus humbJe des char-
bonniers : la liberté d'être maître chez
lui.
Tant que nous ne nous. inspirerons
pas de ces principes dans notre politi-
que extérieure, fut-ce au Tonkin, nous
n'aurons pas le droit de revendiquer le
titre de RÉPUBLICAINS.
Charles BEAUQUIER,
député du Doubs.
La gloire militaire
Qu'une monarchie ou une dictature
aux abois cherchent à étouffer sous les
fumées malsaines de la gloire militaire
le feu sacré de la liberté et de la justice
sociale, c'est pour elle une nécessité
inexorable mais pour une République,
c'est le suicide.
L'histoire nous montre constamment
la patrie asservie par l'armée qui venait
de soumettre des peuples plus faibles.
Alexandre, ditleGrand, (grandravageur,
oui!) soumet 1* Grèce a son joug en la,
poussant à «combattre la Perse ; Cés;a*!>
passe le Rubieon et soumet Rome a£è(j-
J,les légions qui venaient.de ravager la
I Gaule.; Bonaparte. ié% (autre ravageur)
,fait le 18 hçumajre ayec les,soldats d'Âr-
colerfet d'Egypte ; son digne,,n,è;yeu fait le
Défiée Décembre avec lés généraux et lés,
"soldats. d'Afrique,; là Prusse soumet
■ l'Allemagne à sa! domination, en; prenant
Paris ;: nôtre ■futur dictateur ou César:
! démolira la République avec les vain-
queurs des'Tnnisiens, des Tonkinois, des
-Howas; : et autres triomphes (ejusdem
farinée) qui nous coûteront (je,ne parle
pas du .sang dont l'Etat, heureusement
pour, lui, n'a_pas à payer l'énorme .prix
de revient), qui nous coûteront des
millions, qui seraient mieux employés
en France en travaux productifs, n'otam-
mentën canaux d'irrigationpour lesquels
-noiS sommes si honteusement en retard.
Et puis! n'est-ce pas le comble de
l'absurde; de voir une majorité disperser
si aveuglement nos forces:aux extrémités
du monde,.sous prétexte à'fiuwirviolem-
ment de prétendus débouchés à. nos pro-!
duits,ralors que cette même, majorité a
récemment voté sous la conduite de
Gambétïâ, aidé par MM. .Rouher, Deyès,
Millàud, 'Rouvïer, ete, que rhils't ôire ju-
gera ïous 1 sévèrement, a récemment voté
un désastreux et antipatriotiqùè tarif de
Douanes qui livre le marché national
auxproduîtsétrangers, tarif dontla ré-
vision est devenue le Carthago deléhda
de la prospérité publique en France.
Jérémie BONHOMME,
(abonné deSt Cézaire).
Les décrets de la Providence
Les esprits mal faits qui refusaient de
croire aux miracles, n'ont plus qu'à
s'incliner avec l'humilité qui sied dans
les grandes, défaites. La Providence,
dont les voies sont toujours mystérieu-
ses, et qui pareille à l'Esprit divin, souf-
fle où elle veut, s'est avisée de frapper
inopinément un grand coup, et elle a
voulu démontrer que si elle sommeillait
parfois comme Homère, ses réveils n'en
étaient que plus éclatants.
Là foi périclitait : Lourdes ne faisait
plus recette, et la Salette couvrait diffi-
cilement ses frais. Le temps des prodiges
semblait passé, et l'on attendait vaine-
ment quelque signe de Dieu qui permit
de crier'au miracle et de signaler l'in-
tervention inattendue de celui qui mar-
chait sur les eaux et qui multipliait les
pains, comme s'il avait prévu M. Jules
Ferry et le siège de 1870.
Tout à.coupun bruit serépand. L'Uni-
vers, qui en dépit de la concurrence dé-
sastreuse dû Figaro, conserve encore
quelque clientèle catholique, le propage
après l'avoir soigneusement contrôlé.
Nous sommes en présence d'un miracle
authentique, qui. nous arrive du pays où
fleurit l'oranger, et où s'épanouit le
pronunçiamiento. Il est vrai que le mi-
racle-a pris son temps et qu'il a poussé
avec la lenteur prudente qu'on prête à
la fleur de l'aloès.
C'est eh 1836 qu'il a commencé. De-
puis cette époque, on a observé dans le
coeur de sainte Thérèse, conservé dans
le couvent des Carmélites d'Avila, « une
végétation mystérieuse. » On distingue
aujourd'hui dans le viscère sacré
* quinze épines parfaitement distinctes
sortant du coeur absolument momifié de
la sainte, puis se détachant et se déve-
iïpppant selon les lois d'une croissance
vraiment miraculeuse. Déjà du vivant de
sainte. Thérèse, ce coeur, foyer d'un
y amour si ardent pour Jésus, avait été
I divinement.transpercé par là flèche d?or
d'un séraphin, donti la ..blessure, en ses
effets physiques,- fut Scientifiquement
constatée après la mort !» '•'■"'
Nous aurions peut-être le droit de
faire observer qu'après le miracle « de
la flèche d'or », miracle « constaté scien-
i tifiqùement», le second; celui « des épi-
nes » n'était pas nécessaire. Non bis in
idem. Nous serjpnsvcCailleurs curieux de
savoir comméhMà science, même celle
du seizième siècle,;apu constater, nous
ne dirons pas là blessure, qui traversait
le coeur de la sainte, mais la nature de
cette blessure, et découvrir qu'elle avait
été faite par une flèche d'or — le platine
était déjà plus cher et paraîtrait plus
distingué—et constater en.outre que
cette flèche avait été décochée par • un
séraphin. Certainement la médecine mo-
derne est très forte, mais elle n'en est
pas encore arrivée à cette sûreté de diàg-
. nostic.
En somme, la ' question n'est pas là.
Nous admettons la flèche d'or, le séra-
phin et la blessure. Voila un miracle
dans les règles, qu'on constate àkvmort
de sainte Thérèse, et qui devrait -suffire
aux amateurs dé prodiges authentiqués.
Eh bien ï ces gens-là sont insatiables.
Voici que le coeur dé Thérèse de Cepëfla
devient un; viscèrejà: répétition, !et:ia
Providence, se recommence avec une fa- "
' cilîtë'déplorable."
Ce qu'il y à évidemment déplus sur- '
prenant dans le nouveau miracle, c'est
sa date.; lia commencé en 1836 (?) et. il a
, continué lenleméht, mais sûrement, jus-
; qu'à nos jours. Actuellement il .bât son
plein. Lé Très-Haut a laissé détruire le
pouvoir temporel dupape. Il est '. resté
. sourd aux objurgations de Pie IX, et aux
prières de Léon XIII, mais il s'est rap-
-pelë, au bon moment, qu'il existait dans
un couvent d'Espagne un coeur momifié
el il y a fait pousser des épines.
Pourquoi a-t-il attendu depuis 1582,
date de la mort de sainte Thérèse, jus-
qu'à 1836 ? C'est ce que l'impartilae His-
toire ignorera toujours. Les siècles-se
sont écoulés, ^Inquisition a" vécu, l'Eu-
rope a été bouleversée de fond en com-
ble, Jehovah, dieu des armées et des vé-
gétations mystérieuses, guettait son
heure. Lorsqu'elle sonna à l'horloge de
l'éternité, il fit un signe, et les épines
pointèrent au sommet du coeur. Elles
étaient espagnoles, et par conséquent
elles devaient grandir, mais il est clair-
que leur croissance a été retardée, car
elles ont mis quarante-sept ans^ à se
développer.
Voilà qui relègue dans l'ombre le mi-
racle de saint Janvier. Cemiracle-là était
un miracle raisonnable, qui avait des
habitudes d'ordre et de régularité, et
qu'on trouvait toujours exact à quelques
minutes près. S'il s'avisait d'être en re-
tard, il suffisait d'un général républicain
comme Championnet, pour le décider à
s'exécuter. Celui-ci dérange toutes les
idées reçues, c'est le dahlia bleu des
prodiges, il est inattendu, monstrueux et
incohérent. On ne saurait être dans de
meilleures conditions pour réaliser l'i-
déal dn miracle, et nous lui prédisons
delà meilleure foi du momie le plus
grand succès.
Léon MILLOT.
J±M Village
— Ecoutez-moi, monsieur le maire ;
je crois vraiment que le gouvernement
se moque de nous.
— Mon cher Jean, ce ne serait pas
la première fois que les gouvernants
FJ^AISSA^FT L^ r^^AlSTCIEEl V_Ol|iJ^cembre 1883.
A l'Extérieur
I/odiaux Chauvin, qui a donné son
nom au Chauvinisme, n'est pas mort,
malheureusement pour nous.
Combien de Fracasses et de, Rodq-
monts encore dans cette Chambre,
dans ce Parlement de 1883, prêts,à nous
jeter dans. les. plus ridicules et les plus,
désastreuses aventures, dès qu'on a
prononcé devant.eux je nom de « sol-
dat français »,.,« d'armée française.»^
« d'honneur du drapeau » !
Si le patriotisme, sage, raisonné et-
raisonnable est excellent en soi, nous
n'en saurions dire autant de cette exa-
gération de vanité nationale qu'on a
flétri du nom de Chauvinisme. Nous
savons bien qu'un certain parti, encore
imbu des préjugés monarchiques et
dont la conception politique se réduit
à gouverner despotiquemeut sous le
nom menteur de République ; noussa-
, vpns bien que ce parti n'a pas assez de
railleries. pour la sagesse dont nous
parlons et qu'il la qualifie de' « hon-
teux aplatissement ».
Ne .nous laissons pas émouvoir au-
jourd'hui par ces injures, pas plus
quelles ne nous ont émus lorsque nous
blâmions l'expédition de Tunisie, et
les velléités d'intervention en Egypte.
Ces tranche-montagnes de l'oppor-
tunisme, ces sectaires de l'autorité et
« du gouvernement fort » n'imaginent
pas que la République puisse avoir une
politique extérieure autre que celle
suivie par la Monarchie. Ils sont inca-
pables de comprendre que la conduite
r d'une République doit s'inspirer cons-
tamment et partout, même à l'exté-
rieur, des principes de justice et du
respect des droits d'autrui.
Nous n'avons jamais admis qu'il pût
y avoir en même temps et dans la
même nation, deuxmorales : une pour
l'intérieur et l'autre pour l'extérieur ;
"une morale indigène et l'autre pour
l'exportation.
Républicains en France, respectueux
de l'autonomie individuelle et régio-
nale, nous ne pouvons pas, décem-
ment, aussitôt que nous avons franchi
la frontière, mettre nos opinions sous
nos pieds et nous déclarer partisans de
la force et de la conquête. Nous ne
pouvons nous ériger, comme l'Eglise
catholique, en dépositaire de la Vérité
et déclarer aux autres peuples qu'ils
doivent suivre]nosinspirations et nous
obéir.
C'est au nom des principes de mo-
rale naturelle etprimordiale, principes
qui n'ont rien à voir avec les délimita-
tions géographiques, que nous avons
"blâmé l'intervention de la France en
Tunisie comme nous blâmons aujour-
d'hui les attaques contre le j,Tonkin et
contre la Chine. .
Non, nous n'admettrons jamais, quoi
qu'on puisse dire, que l'honneur d'une
| nation consiste à se mêler des affaires
! des autres peuples et à leur imposera
coups de canon sa manière devoir et,
sous prétexte de les civiliser, leur ex-
torquer leur argent et leur terri-
toiçe.
Sous la première République* la.
grande, la France mettait chévaléres-;
queinent son épée au service des peu-
ples qui voulaient s'affranchir de leurs
tyrans.
Sous la deuxième République, nous
ne pouvons pas mettre Fépéè de la
France au service des spéculateurs,
des agioteurs, des coureurs d'aventu-
res pour imposer aux populations
étrangères un despotisme plus insup-
portable peut-être que la loi qu'elles j
subissent volontairement.
Supposons qùeles Chinois, sous pré-
texte que nous ne pratiquons pas la loi
de Confucius et que nos moeurs spot
plus relâchées que les leurs, émettent
la prétention de diriger, nos destinées
et de nous faire accepter leur, protec-
torat ? : Comment supporterions-nous
une pareille prétention?
La conquête plus ou moins déguisée
est îe même fait immoral sous tputes
les latitudes.
Nous ne pouvons pas admettre que
cies: Français, qui, par surcroît sont
des républicains, soutiennent qu'il y a
deux morales, l'une pour les faibles et
l'autre pour les forts.
En 1870, nous nous sommes trouvés
parmi les faibles. Cette leçon aurait dû
nous profiter et nous dégoûter d'une
politique extérieure qui ne s'inspire
pas de la justice et du bon droit.
On parlé d'honneur national ! Mais
s'il y a quelque chose de réellement
déshonorant, c'est bien de soutenir
une politique qui consiste à refuser à
certains peuples, sous prétexte qu'ils
sont orientaux, la liberté que peut re-
vendiquer le plus humbJe des char-
bonniers : la liberté d'être maître chez
lui.
Tant que nous ne nous. inspirerons
pas de ces principes dans notre politi-
que extérieure, fut-ce au Tonkin, nous
n'aurons pas le droit de revendiquer le
titre de RÉPUBLICAINS.
Charles BEAUQUIER,
député du Doubs.
La gloire militaire
Qu'une monarchie ou une dictature
aux abois cherchent à étouffer sous les
fumées malsaines de la gloire militaire
le feu sacré de la liberté et de la justice
sociale, c'est pour elle une nécessité
inexorable mais pour une République,
c'est le suicide.
L'histoire nous montre constamment
la patrie asservie par l'armée qui venait
de soumettre des peuples plus faibles.
Alexandre, ditleGrand, (grandravageur,
oui!) soumet 1* Grèce a son joug en la,
poussant à «combattre la Perse ; Cés;a*!>
passe le Rubieon et soumet Rome a£è(j-
J,les légions qui venaient.de ravager la
I Gaule.; Bonaparte. ié% (autre ravageur)
,fait le 18 hçumajre ayec les,soldats d'Âr-
colerfet d'Egypte ; son digne,,n,è;yeu fait le
Défiée Décembre avec lés généraux et lés,
"soldats. d'Afrique,; là Prusse soumet
■ l'Allemagne à sa! domination, en; prenant
Paris ;: nôtre ■futur dictateur ou César:
! démolira la République avec les vain-
queurs des'Tnnisiens, des Tonkinois, des
-Howas; : et autres triomphes (ejusdem
farinée) qui nous coûteront (je,ne parle
pas du .sang dont l'Etat, heureusement
pour, lui, n'a_pas à payer l'énorme .prix
de revient), qui nous coûteront des
millions, qui seraient mieux employés
en France en travaux productifs, n'otam-
mentën canaux d'irrigationpour lesquels
-noiS sommes si honteusement en retard.
Et puis! n'est-ce pas le comble de
l'absurde; de voir une majorité disperser
si aveuglement nos forces:aux extrémités
du monde,.sous prétexte à'fiuwirviolem-
ment de prétendus débouchés à. nos pro-!
duits,ralors que cette même, majorité a
récemment voté sous la conduite de
Gambétïâ, aidé par MM. .Rouher, Deyès,
Millàud, 'Rouvïer, ete, que rhils't ôire ju-
gera ïous 1 sévèrement, a récemment voté
un désastreux et antipatriotiqùè tarif de
Douanes qui livre le marché national
auxproduîtsétrangers, tarif dontla ré-
vision est devenue le Carthago deléhda
de la prospérité publique en France.
Jérémie BONHOMME,
(abonné deSt Cézaire).
Les décrets de la Providence
Les esprits mal faits qui refusaient de
croire aux miracles, n'ont plus qu'à
s'incliner avec l'humilité qui sied dans
les grandes, défaites. La Providence,
dont les voies sont toujours mystérieu-
ses, et qui pareille à l'Esprit divin, souf-
fle où elle veut, s'est avisée de frapper
inopinément un grand coup, et elle a
voulu démontrer que si elle sommeillait
parfois comme Homère, ses réveils n'en
étaient que plus éclatants.
Là foi périclitait : Lourdes ne faisait
plus recette, et la Salette couvrait diffi-
cilement ses frais. Le temps des prodiges
semblait passé, et l'on attendait vaine-
ment quelque signe de Dieu qui permit
de crier'au miracle et de signaler l'in-
tervention inattendue de celui qui mar-
chait sur les eaux et qui multipliait les
pains, comme s'il avait prévu M. Jules
Ferry et le siège de 1870.
Tout à.coupun bruit serépand. L'Uni-
vers, qui en dépit de la concurrence dé-
sastreuse dû Figaro, conserve encore
quelque clientèle catholique, le propage
après l'avoir soigneusement contrôlé.
Nous sommes en présence d'un miracle
authentique, qui. nous arrive du pays où
fleurit l'oranger, et où s'épanouit le
pronunçiamiento. Il est vrai que le mi-
racle-a pris son temps et qu'il a poussé
avec la lenteur prudente qu'on prête à
la fleur de l'aloès.
C'est eh 1836 qu'il a commencé. De-
puis cette époque, on a observé dans le
coeur de sainte Thérèse, conservé dans
le couvent des Carmélites d'Avila, « une
végétation mystérieuse. » On distingue
aujourd'hui dans le viscère sacré
* quinze épines parfaitement distinctes
sortant du coeur absolument momifié de
la sainte, puis se détachant et se déve-
iïpppant selon les lois d'une croissance
vraiment miraculeuse. Déjà du vivant de
sainte. Thérèse, ce coeur, foyer d'un
y amour si ardent pour Jésus, avait été
I divinement.transpercé par là flèche d?or
d'un séraphin, donti la ..blessure, en ses
effets physiques,- fut Scientifiquement
constatée après la mort !» '•'■"'
Nous aurions peut-être le droit de
faire observer qu'après le miracle « de
la flèche d'or », miracle « constaté scien-
i tifiqùement», le second; celui « des épi-
nes » n'était pas nécessaire. Non bis in
idem. Nous serjpnsvcCailleurs curieux de
savoir comméhMà science, même celle
du seizième siècle,;apu constater, nous
ne dirons pas là blessure, qui traversait
le coeur de la sainte, mais la nature de
cette blessure, et découvrir qu'elle avait
été faite par une flèche d'or — le platine
était déjà plus cher et paraîtrait plus
distingué—et constater en.outre que
cette flèche avait été décochée par • un
séraphin. Certainement la médecine mo-
derne est très forte, mais elle n'en est
pas encore arrivée à cette sûreté de diàg-
. nostic.
En somme, la ' question n'est pas là.
Nous admettons la flèche d'or, le séra-
phin et la blessure. Voila un miracle
dans les règles, qu'on constate àkvmort
de sainte Thérèse, et qui devrait -suffire
aux amateurs dé prodiges authentiqués.
Eh bien ï ces gens-là sont insatiables.
Voici que le coeur dé Thérèse de Cepëfla
devient un; viscèrejà: répétition, !et:ia
Providence, se recommence avec une fa- "
' cilîtë'déplorable."
Ce qu'il y à évidemment déplus sur- '
prenant dans le nouveau miracle, c'est
sa date.; lia commencé en 1836 (?) et. il a
, continué lenleméht, mais sûrement, jus-
; qu'à nos jours. Actuellement il .bât son
plein. Lé Très-Haut a laissé détruire le
pouvoir temporel dupape. Il est '. resté
. sourd aux objurgations de Pie IX, et aux
prières de Léon XIII, mais il s'est rap-
-pelë, au bon moment, qu'il existait dans
un couvent d'Espagne un coeur momifié
el il y a fait pousser des épines.
Pourquoi a-t-il attendu depuis 1582,
date de la mort de sainte Thérèse, jus-
qu'à 1836 ? C'est ce que l'impartilae His-
toire ignorera toujours. Les siècles-se
sont écoulés, ^Inquisition a" vécu, l'Eu-
rope a été bouleversée de fond en com-
ble, Jehovah, dieu des armées et des vé-
gétations mystérieuses, guettait son
heure. Lorsqu'elle sonna à l'horloge de
l'éternité, il fit un signe, et les épines
pointèrent au sommet du coeur. Elles
étaient espagnoles, et par conséquent
elles devaient grandir, mais il est clair-
que leur croissance a été retardée, car
elles ont mis quarante-sept ans^ à se
développer.
Voilà qui relègue dans l'ombre le mi-
racle de saint Janvier. Cemiracle-là était
un miracle raisonnable, qui avait des
habitudes d'ordre et de régularité, et
qu'on trouvait toujours exact à quelques
minutes près. S'il s'avisait d'être en re-
tard, il suffisait d'un général républicain
comme Championnet, pour le décider à
s'exécuter. Celui-ci dérange toutes les
idées reçues, c'est le dahlia bleu des
prodiges, il est inattendu, monstrueux et
incohérent. On ne saurait être dans de
meilleures conditions pour réaliser l'i-
déal dn miracle, et nous lui prédisons
delà meilleure foi du momie le plus
grand succès.
Léon MILLOT.
J±M Village
— Ecoutez-moi, monsieur le maire ;
je crois vraiment que le gouvernement
se moque de nous.
— Mon cher Jean, ce ne serait pas
la première fois que les gouvernants
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