Titre : L'Extrême-gauche (Alliance radicale-socialiste) : paraissant le dimanche
Auteur : Alliance radicale-socialiste. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Saint-Mandé)
Date d'édition : 1883-10-14
Contributeur : Brousse, Émile (1850-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327724822
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 octobre 1883 14 octobre 1883
Description : 1883/10/14 (A1,N33). 1883/10/14 (A1,N33).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5502340c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-4969
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/12/2010
Première année, N° 33.
PARAISSANT LE DIMANCHE
14 octobre 1883.
RÉDACTION. — MM. Emile Brousse,
Mariu3-Poulet^ Duportal, Girodet, doc^
teur Turigny, Gaillard, Victor Leydet,
Roque (de Fiihol), Desmons, Franconie,
Çutailly, Giard, Maurel (Var), Gerville-
Réache, Courmeàux, _ Gaston Laporte,
Beauquier, CÏoVis Hugues, SWMartin,
députés; —A. Robin, Albert Lavigne,
Raoul Canivet, publicistes ; — Plebs,
Givis, chroniqueurs.
Tout ce qui concerne la rédaction doit
être directement adressé à M. Emile
Brousse, député, St-Mandê (Seine). —
lien est de mêrne pour les numéros des
journaux envoyés à titre d'échange.
Un des vaillants députés de l'Extrême-
Gauche, le citoyen Rôselli-Mollet, "vient
de mourir. "
Fils d'un ancien représentant de l'Ain
ién 1848 qui fut proscrit en 1851, Roselli-
Mollet, ancien élève de l'Ecole centrale,
fût directeur du génie pendant la Com-
mune de Paris. Proscrit en 1871, il dut
se réfugier en Suisse, où il fut nommé
ingénieur des chemins de fer et épousa
la nièce de M. Càrteïèt, alors président
du Conseil du canton de Genève^
Après TàmM&tiey il fut élu conseiller
général du département de l'Ain, et, aux
élections législatives de 1881, il fut élu
par 11,243 voix, contre 5,769 données à
M. Chaley, opportuniste, député sortant.
Notre ami était très apprécié a la
Chambre pour la fermeté de ses princi-
pes.ét sa compétence dans les affaires
techniques.
Etudes Sociales
J'ai dit que l'Etat «doit faciliter le
travail et qu'il a pour devoir naturel
de donner la subsistance à quiconque
ne peut pas travailler. »
/5fôus étudierons dans les articles
qui suivront les divers moyens (ils sont
nombreux!de rendre possible pour les
travailleurs l'accès au patronat ou la
participation aux bénéfices, ce double
idéal des intéressés. Cette étude nous
amènera à examiner Un système
proposé par bien des personnes : l'or-
ganisation du travail en mode collectif
(partage entre le capital et le travail),
ainsi qu'elle se pratique dans lès
phalanstères, de Guise et de Villeneu-
Tètte.
Pour aujourd'hui admettons, et mal-
heureusement ce serait la triste réalité,
que l'Etat ayant tait tous les sacrifices
•que nous lui demanderons, la situation
sociale; étant aussi bonne qu'il est
iumainement possible de l'espérer, un
certain nombre de travailleurs se trou-
vent dans l'impossibilité absolue de
gagner leur vie.
L'un aura été victime d'un accident
qui aura ruiné sa santé et. épuisé ses
ressources ayee ses forces ; l'autre, sera
arrivé à cet âge où la sève disparaît et
' où se. déclare un affaiblissement
général.
Que deviennent actuellement ces
malheureux?
Oh ! les statistiques sont là pour le
démontrer: ils deviennent la proie des
hôpitaux où l'on ne peut entrer qu'a-
près des demandes réitérées, du
cabaret où l'on va boire l'alcool qui
donne l'oubli et le délirium trémens,
de la charité publique dont les effets
sont si pernicieux malgré de louables
intentions.
Des centaines de mille individus
grouillent ainsi au fond de l'irrépara-
ble misère, coûtant cher à la Société
et n'ayant aucun espoir de revenir à la
surface.
Pourquoi ne pas appliquer tout cet
argent mal distribué, gaspillé, perdu
au fonctionnement de cette Caisse des
Invalides du Travail, réclamée depuis.:
deux ans au moins à l'opportunisme...
qui préfère tout porter en Tunisie?
Deux principes doivent présider à
rorganis0ioùde cette caisse: ;
1' La prévoyance des plus heureux ;
sera encouragée par des primes qui
s'ajouteront aux versements, faits dans
les bureaux de poste ;
2; Lès moins heureux, ceux dont
une commission Cantonale constatera
l'impuissance à faire des économies
parce qu'ils ont beaucoup de bouches
à nourrir, seront dispensés de tout ou
partie des versements.
Ce ne serait pas encourager la
paresse, puisque l'épargne donnerait
droit à des pensions beaucoup plus
élevées que celle des indigents; ce
serait reconnaître que ces derniers,
pourvu qu'ils travaillent pendant qu'ils
le peuvent, ont droit à l'assistance de
l'Etat. Ce principe est d'ailleurs
officiellement admis, mais sous la ..
forme d'AUMÔNE administrative.
Une fois la Caisse créée suivant ces
données, tout travailleur aurait sa
pension de retraite assurée, retraite ]
plus ou moins large suivant les '
chances de la vie, mais la moindre ]
représenterait la subsistance PROMISE
par là Révolution française aux inva- .,
ïides "du travail. \
Les budgets de l'assistance et de la .*
répression publiques^ les dépenses '
exorbitantes du fonctionnarisme y ]
affecté, se réduiraient à si peu de '
choses que sous peu d'années il ne
faudrait pas de trop grands efforts à s
l'Etat pour alimenter la caisse natio- i
nale. <■
Il y aurait bien quelques injùsiices -1
par ci par là, quelques abus électo-
raux; qu'est-ce que cela en face de la. ,
misère à peu 'près anéantie par la rente (
viagère et par les secours des sociê||^N
mutuelles. . /^"'vlvl
j On me dira : «mais le travailleur
souhaite autre chose que la simple
subsistance; il ne veut pas seulement
manger et boire, il aspire à s'élever. »
C'est juste : aussi bien,la subsistance
ne conviendrait-elle qu'à ceux qui
sont profondément misérables et qui
l'accepteraient avec bonheur.
Aux autres, il faut le travail facilité
et honoré par les moyens que je pas-
serai successivement en revue.
EMILE BROUSSE,
Député dés Pyrénées-Orientales.
La Tempête
Le voici donc arrivé ce grave moment
que nous entrevoyions depuis si longr-
temps ! La France, comme un navire en
pleine iner, reçoit de toutes partis le
.: coup et le contre-coup des flots de haine
amoncelés depuis dès siècles. Aura-t-
elle la force et la sagesse nécessaires
pdu> y résister?
Et cependant, qu'a-t-il fallu pour ame-
j /ner ce déchaînement universel ? Peu de
chose en soi, si l'on doit appeler peu de
chose ce qui menace d'entraîner de si
énormes résultats.
Avions-nous assez raison quand nous
invitions au calme nos amis d'outre-
mer, ceux-là qui, ne voyant que leur
cause isolée, cherchaient à nous entraî-
ner à conquérir Madagascar? Mais aussi
qui pouvait, prévoir que tant de venin se
cachait sous des protestations d'amitié 1
Ce n'est pas ici le lieu de récriminer,
il faut tout &XL contraire envisager notre
situation de sang-froid, raisonner et
agir en hommes de coeur. Mais d'abord
revenons sur ce qui s'est passé;
Depuis trois ou quatre ans, une ligue
s'est formée au centre de l'Europe, en
apparence pour défendre la paix contre
nous, qu'on.accuse de chercher la guerre,
en réalité pour nous attaquer et nous
écraser àla première occasion. C'est ici le
renouvellement de ce qui s'est passé en
1870 lors del'invention de la candidature
Hohenzollern au trône d'Espagne. La
Prusse cherchait la guerre avec la France
pour établir sa suprématie en Allemagne,
elle a eu le talent de se faire déclarer par
nous la guerre qu'elle désirait; tout était
préparé depuis longtemps chez elle, rien,
chez nous. Ceci suffîtpour démontrer aux
yeux clairvoyants quel était le véritable
agresseur. Mais c'est ainsi qu'un adver-
saire habile tourne l'opinion publique en
sa faveur, et choisit d'avance son ter-
rain; la masse des spectateurs n'allant
pas au fond des choses ne s'en aperçoit
pas.
Aujourd'hui que voyons-nous ? La ligue
anti-française a grandi ; l'Italie, qui ne
nous pardonne pas son émancipation, a
obtenu l'an dernier d'en faire partie, et
Dieu sait avec quels cris de joie elle nous
l'a déclaré ; puis voici qu'après elle sont
venus les petits Etats du Danube; enfin
l'Espagne y a été conviée, mais ne s'en
est approchée qu'avec hésitation.
r v C'était une grande chose pour le prince
tô Bis marck d'avoir avec lui l'Espagne
• parce que son hostilité peut immobiliser
une de nos grandes armées sur les Pyré-
nées, tandis que l'Italie en immobiliserait
une autre sur les Alpes : il fallait donc
attirer l'Espagne et la compromettre
contre nous,, sans que correctement nous
eussions rien à dire !... C'est ce qui vient
d'avoir lieu.
Que l'explosion dé cris et de colères
factices qui retentit d'un bout de l'Eu-
rope à l'autre ne nous empêche pas de
voir clairement la vérité I
Qui a voulu que le roi d'Espagne voya-
geât officiellement à travers la France?
Est-ce le ministère espagnol, est-ce le
ministère français ? Nous avouons humr-
blement que nous n'en savons rien. Mais
en tout cas il nous semble que,, sachant
la mauvaise disposition d'une partie du
public chez nous., il était d'un devoir
étroit pour le roi Alphonse XII de ne pas
accepter le voyage officiel.
La réception qu'il avait eue en Aile*
magne avait été brillante, et s'était ter-r
minée par une marque de distinction
significative : l'empereur Guillaume avait
nommé le roi d'Espagne colonel hono^
raire d'un régiment de uhlans en garni-
son dans une de nos anciennes places
françaises, Strasbourg r il n'était pas
possible que cela passât inaperçu chez
nous. .. ■•'■ ";' ..
Il ne fallait pas que le roi acceptât un
régiment prussien; l'ayant accepté, il ne
fallait pas qu'il acceptât lés uhlaris de
Strasbourg ; les ayant acceptés, il hè fal-
lait pas qu'il repassât par la France, ou
tout au moins s'il y repassait, il ne fallait
pas qu'on s'en aperçut ; autrement c'était
une. inconséquence et une bravade.
Mais l'Allemagnen'a-t-elle pas eu pour
but de metjre la France à l'index ? N'y
a-t-il pas un plan concerté ?
Depuis huit jours, la presse française
reçoit des injures qui ne nous émeuvent
guère, mais qui sont un symptôme de
l'état des esprits en Allemagne et ailleurs^
D?autre part la population officielle et
officieuse de Madrid vient de faire au roi
Alphonse XII un accueil de triompha-
teur, tandis que la colonie française le
crêpé au bras, s'en allait balbutier des
excuses en notre nom.
Pour l'amour de la France, pas de
platitudes, mais du calme et de la résô^-
lution 1 •
PLEBS.
LETTRE D'UN DÉPUTÉ
RÉACTION!
J'ai remarqué que, sous tous les
régimes, le pouvoir marche toujours
ail rebours de l'opinion publique.
M. Jules Ferry a lutté avec quel-
ques vaillants républicains cpntre les
hommes de l'empire, qui répondaient
aux manifestations libérales du peuple
par des lois de répression ; il a passé
quelque temps pour avoir voulu se-
couer le joug de Gambetta ; il sait
donc mieux que personne, lui le vain-
queur de Napoléon III et le successeur
du chef déïunt de l'opportunisme ago-
nisant, que l'opinion se range du côté
PARAISSANT LE DIMANCHE
14 octobre 1883.
RÉDACTION. — MM. Emile Brousse,
Mariu3-Poulet^ Duportal, Girodet, doc^
teur Turigny, Gaillard, Victor Leydet,
Roque (de Fiihol), Desmons, Franconie,
Çutailly, Giard, Maurel (Var), Gerville-
Réache, Courmeàux, _ Gaston Laporte,
Beauquier, CÏoVis Hugues, SWMartin,
députés; —A. Robin, Albert Lavigne,
Raoul Canivet, publicistes ; — Plebs,
Givis, chroniqueurs.
Tout ce qui concerne la rédaction doit
être directement adressé à M. Emile
Brousse, député, St-Mandê (Seine). —
lien est de mêrne pour les numéros des
journaux envoyés à titre d'échange.
Un des vaillants députés de l'Extrême-
Gauche, le citoyen Rôselli-Mollet, "vient
de mourir. "
Fils d'un ancien représentant de l'Ain
ién 1848 qui fut proscrit en 1851, Roselli-
Mollet, ancien élève de l'Ecole centrale,
fût directeur du génie pendant la Com-
mune de Paris. Proscrit en 1871, il dut
se réfugier en Suisse, où il fut nommé
ingénieur des chemins de fer et épousa
la nièce de M. Càrteïèt, alors président
du Conseil du canton de Genève^
Après TàmM&tiey il fut élu conseiller
général du département de l'Ain, et, aux
élections législatives de 1881, il fut élu
par 11,243 voix, contre 5,769 données à
M. Chaley, opportuniste, député sortant.
Notre ami était très apprécié a la
Chambre pour la fermeté de ses princi-
pes.ét sa compétence dans les affaires
techniques.
Etudes Sociales
J'ai dit que l'Etat «doit faciliter le
travail et qu'il a pour devoir naturel
de donner la subsistance à quiconque
ne peut pas travailler. »
/5fôus étudierons dans les articles
qui suivront les divers moyens (ils sont
nombreux!de rendre possible pour les
travailleurs l'accès au patronat ou la
participation aux bénéfices, ce double
idéal des intéressés. Cette étude nous
amènera à examiner Un système
proposé par bien des personnes : l'or-
ganisation du travail en mode collectif
(partage entre le capital et le travail),
ainsi qu'elle se pratique dans lès
phalanstères, de Guise et de Villeneu-
Tètte.
Pour aujourd'hui admettons, et mal-
heureusement ce serait la triste réalité,
que l'Etat ayant tait tous les sacrifices
•que nous lui demanderons, la situation
sociale; étant aussi bonne qu'il est
iumainement possible de l'espérer, un
certain nombre de travailleurs se trou-
vent dans l'impossibilité absolue de
gagner leur vie.
L'un aura été victime d'un accident
qui aura ruiné sa santé et. épuisé ses
ressources ayee ses forces ; l'autre, sera
arrivé à cet âge où la sève disparaît et
' où se. déclare un affaiblissement
général.
Que deviennent actuellement ces
malheureux?
Oh ! les statistiques sont là pour le
démontrer: ils deviennent la proie des
hôpitaux où l'on ne peut entrer qu'a-
près des demandes réitérées, du
cabaret où l'on va boire l'alcool qui
donne l'oubli et le délirium trémens,
de la charité publique dont les effets
sont si pernicieux malgré de louables
intentions.
Des centaines de mille individus
grouillent ainsi au fond de l'irrépara-
ble misère, coûtant cher à la Société
et n'ayant aucun espoir de revenir à la
surface.
Pourquoi ne pas appliquer tout cet
argent mal distribué, gaspillé, perdu
au fonctionnement de cette Caisse des
Invalides du Travail, réclamée depuis.:
deux ans au moins à l'opportunisme...
qui préfère tout porter en Tunisie?
Deux principes doivent présider à
rorganis0ioùde cette caisse: ;
1' La prévoyance des plus heureux ;
sera encouragée par des primes qui
s'ajouteront aux versements, faits dans
les bureaux de poste ;
2; Lès moins heureux, ceux dont
une commission Cantonale constatera
l'impuissance à faire des économies
parce qu'ils ont beaucoup de bouches
à nourrir, seront dispensés de tout ou
partie des versements.
Ce ne serait pas encourager la
paresse, puisque l'épargne donnerait
droit à des pensions beaucoup plus
élevées que celle des indigents; ce
serait reconnaître que ces derniers,
pourvu qu'ils travaillent pendant qu'ils
le peuvent, ont droit à l'assistance de
l'Etat. Ce principe est d'ailleurs
officiellement admis, mais sous la ..
forme d'AUMÔNE administrative.
Une fois la Caisse créée suivant ces
données, tout travailleur aurait sa
pension de retraite assurée, retraite ]
plus ou moins large suivant les '
chances de la vie, mais la moindre ]
représenterait la subsistance PROMISE
par là Révolution française aux inva- .,
ïides "du travail. \
Les budgets de l'assistance et de la .*
répression publiques^ les dépenses '
exorbitantes du fonctionnarisme y ]
affecté, se réduiraient à si peu de '
choses que sous peu d'années il ne
faudrait pas de trop grands efforts à s
l'Etat pour alimenter la caisse natio- i
nale. <■
Il y aurait bien quelques injùsiices -1
par ci par là, quelques abus électo-
raux; qu'est-ce que cela en face de la. ,
misère à peu 'près anéantie par la rente (
viagère et par les secours des sociê||^N
mutuelles. . /^"'vlvl
j On me dira : «mais le travailleur
souhaite autre chose que la simple
subsistance; il ne veut pas seulement
manger et boire, il aspire à s'élever. »
C'est juste : aussi bien,la subsistance
ne conviendrait-elle qu'à ceux qui
sont profondément misérables et qui
l'accepteraient avec bonheur.
Aux autres, il faut le travail facilité
et honoré par les moyens que je pas-
serai successivement en revue.
EMILE BROUSSE,
Député dés Pyrénées-Orientales.
La Tempête
Le voici donc arrivé ce grave moment
que nous entrevoyions depuis si longr-
temps ! La France, comme un navire en
pleine iner, reçoit de toutes partis le
.: coup et le contre-coup des flots de haine
amoncelés depuis dès siècles. Aura-t-
elle la force et la sagesse nécessaires
pdu> y résister?
Et cependant, qu'a-t-il fallu pour ame-
j /ner ce déchaînement universel ? Peu de
chose en soi, si l'on doit appeler peu de
chose ce qui menace d'entraîner de si
énormes résultats.
Avions-nous assez raison quand nous
invitions au calme nos amis d'outre-
mer, ceux-là qui, ne voyant que leur
cause isolée, cherchaient à nous entraî-
ner à conquérir Madagascar? Mais aussi
qui pouvait, prévoir que tant de venin se
cachait sous des protestations d'amitié 1
Ce n'est pas ici le lieu de récriminer,
il faut tout &XL contraire envisager notre
situation de sang-froid, raisonner et
agir en hommes de coeur. Mais d'abord
revenons sur ce qui s'est passé;
Depuis trois ou quatre ans, une ligue
s'est formée au centre de l'Europe, en
apparence pour défendre la paix contre
nous, qu'on.accuse de chercher la guerre,
en réalité pour nous attaquer et nous
écraser àla première occasion. C'est ici le
renouvellement de ce qui s'est passé en
1870 lors del'invention de la candidature
Hohenzollern au trône d'Espagne. La
Prusse cherchait la guerre avec la France
pour établir sa suprématie en Allemagne,
elle a eu le talent de se faire déclarer par
nous la guerre qu'elle désirait; tout était
préparé depuis longtemps chez elle, rien,
chez nous. Ceci suffîtpour démontrer aux
yeux clairvoyants quel était le véritable
agresseur. Mais c'est ainsi qu'un adver-
saire habile tourne l'opinion publique en
sa faveur, et choisit d'avance son ter-
rain; la masse des spectateurs n'allant
pas au fond des choses ne s'en aperçoit
pas.
Aujourd'hui que voyons-nous ? La ligue
anti-française a grandi ; l'Italie, qui ne
nous pardonne pas son émancipation, a
obtenu l'an dernier d'en faire partie, et
Dieu sait avec quels cris de joie elle nous
l'a déclaré ; puis voici qu'après elle sont
venus les petits Etats du Danube; enfin
l'Espagne y a été conviée, mais ne s'en
est approchée qu'avec hésitation.
r v C'était une grande chose pour le prince
tô Bis marck d'avoir avec lui l'Espagne
• parce que son hostilité peut immobiliser
une de nos grandes armées sur les Pyré-
nées, tandis que l'Italie en immobiliserait
une autre sur les Alpes : il fallait donc
attirer l'Espagne et la compromettre
contre nous,, sans que correctement nous
eussions rien à dire !... C'est ce qui vient
d'avoir lieu.
Que l'explosion dé cris et de colères
factices qui retentit d'un bout de l'Eu-
rope à l'autre ne nous empêche pas de
voir clairement la vérité I
Qui a voulu que le roi d'Espagne voya-
geât officiellement à travers la France?
Est-ce le ministère espagnol, est-ce le
ministère français ? Nous avouons humr-
blement que nous n'en savons rien. Mais
en tout cas il nous semble que,, sachant
la mauvaise disposition d'une partie du
public chez nous., il était d'un devoir
étroit pour le roi Alphonse XII de ne pas
accepter le voyage officiel.
La réception qu'il avait eue en Aile*
magne avait été brillante, et s'était ter-r
minée par une marque de distinction
significative : l'empereur Guillaume avait
nommé le roi d'Espagne colonel hono^
raire d'un régiment de uhlans en garni-
son dans une de nos anciennes places
françaises, Strasbourg r il n'était pas
possible que cela passât inaperçu chez
nous. .. ■•'■ ";' ..
Il ne fallait pas que le roi acceptât un
régiment prussien; l'ayant accepté, il ne
fallait pas qu'il acceptât lés uhlaris de
Strasbourg ; les ayant acceptés, il hè fal-
lait pas qu'il repassât par la France, ou
tout au moins s'il y repassait, il ne fallait
pas qu'on s'en aperçut ; autrement c'était
une. inconséquence et une bravade.
Mais l'Allemagnen'a-t-elle pas eu pour
but de metjre la France à l'index ? N'y
a-t-il pas un plan concerté ?
Depuis huit jours, la presse française
reçoit des injures qui ne nous émeuvent
guère, mais qui sont un symptôme de
l'état des esprits en Allemagne et ailleurs^
D?autre part la population officielle et
officieuse de Madrid vient de faire au roi
Alphonse XII un accueil de triompha-
teur, tandis que la colonie française le
crêpé au bras, s'en allait balbutier des
excuses en notre nom.
Pour l'amour de la France, pas de
platitudes, mais du calme et de la résô^-
lution 1 •
PLEBS.
LETTRE D'UN DÉPUTÉ
RÉACTION!
J'ai remarqué que, sous tous les
régimes, le pouvoir marche toujours
ail rebours de l'opinion publique.
M. Jules Ferry a lutté avec quel-
ques vaillants républicains cpntre les
hommes de l'empire, qui répondaient
aux manifestations libérales du peuple
par des lois de répression ; il a passé
quelque temps pour avoir voulu se-
couer le joug de Gambetta ; il sait
donc mieux que personne, lui le vain-
queur de Napoléon III et le successeur
du chef déïunt de l'opportunisme ago-
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