Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-04-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1911 01 avril 1911
Description : 1911/04/01 (A33,N4)-1911/04/30. 1911/04/01 (A33,N4)-1911/04/30.
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5501973h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 4.
33« Année.
Avril 1911
Revue paraissant le 20 de chaque mois.
CAUSERIE SUR LE MARIAGE
à la Maison Verte, 129, rue Mercadet
Qui ne se rappelle le petit bossu d'Athènes,
Esope malicieux et hardi, alors esclave en ser-
vice dans une maison de la ville. Son maître lui
donne l'ordre d'aller au marché et d'en rapporter
ce qu'il y trouvera de meilleur. Il rapporte une
langue : Son maître s'étonne. « Vous m'avez dit
d'acheter ce qu'il y avait de meilleur, je vous ai
•rapporté une langue, car il n'y a rien au monde
de meilleur que la langue. » A quelque lempsdelà,
le maître rappelle Esope. « Va, dit-il, et celte fois
achète ce que tu trouveras de plus mauvais. »
Esope l'ait son achat et revient avec une langue.
« Ah ! s'écrie le maître, tu es incorrigible, as-tu
perdu le sens ? » — « Pardon, mon. maître, ré-
pond le vieux fabuliste, vous m'avez commandé
ce qu'il y avait de plus mauvais. Vous convien-
drez qu'il n'y a rien au monde de pire que la
langue.»
Aujourd'hui, je viens m'entretenir avec vous
du mariage. Eh bien 1 en conscience je puis dire
du mariage ce qu'Esope disait de la langue. Il
n'y a rien de meilleur, ni de pire dans la vie que
le mariage. Tout dépend de la façon de l'envisa-
ger, et plus encore de l'esprit que l'on-apporte à
le pratiquer. Oui, il n'y a rien de meilleur que le
mariage, aucun bonheur plus complet que celui
qu'on goûte dans l'union conjugale, rien de plus
salisfaisanl pour la conscience, rien qui puisse
mieux détacher de l'égoïsme, sanctifier pour
Dieu, faire de la créature l'être normal qui se
dévoue, qui aime, qui obéit à la volonté de Dieu.
Pour parler du mariage il faut être très vrai et
très simple ; il faut, comme les enfants, revenir
à ce que l'on nomme la sagesse des nations, le
pont aux ânes, c'est à dire les principes élémen-
taires de l'existence. Oh I je le sais, on fait de
l'esprit à bon compte lorsqu'on blague le mariage.
Entre jeunes gens on dit : « Le plus souvent que
je vais me mettre la corde au cou. Vive ma liberté
et mes aises, j'en ai assez pour moi, je n'en ai
pas pour deux ; des femmes, cela ne manque
pas ; une femme, c'est une de trop 1 ». '
Depuis notre Molière, dans une multitude de
pièces de théâtre, le mariage a été l'objet de plai-
santeries ; ce n'est plus qu'un accident de la
carrière humaine, un risque ; on se marie, on se
démarie ; on se prend, on se quitte; on se que-
relle parfois, on se tue, ce sont les risques.
Quand on ne va pas jusqu'au divorce, c'est que
cela n'en vaut pas la peine, puisque le lien du
mariage est un lieu si lâche que l'on n'a pas à le
dénouer, il se dénoue de lui-même. C'est bien là,
la pensée dominante de la pièce qui se joue en ce
moment aux Variétés, « Mariages d'aujourd'hui »,
d'Albin Valabrègue. Ce sont deux ménages où
l'on se dispute, où l'on se raccommode, pour se
disputer de nouveau. Dans toutes les classes de
la société on n'est pas loin, grâce aux facilités
qu'on a maintenant de se séparer, de réaliser la
faillite du mariage. Chez l'ouvrier vous savez
combien les divorces sont fréquents et avec
quelle aisance on se plaque mutuellement; chez
les bourgeois peut-être y met-on quelque peu
d'hypocrisie. On ne veut pas s'attirer la malveil-
lance du monde, mais le résultat final est le
même ; les ménages ne sont pas unis, les mé-
nages ne sont pas bons; on vit l'un à côté de
l'autre, mais chacun de son côté ; on ne vit plus
l'un pour l'autre, l'un par l'autre. Qu'est-ce donc
que le mariage serait ce qu'il y a de meilleur au
monde si nous le prenons comme une sorte de
comédie pour la galerie? Le mariage n'est-ii plus
qu'un simulacre, un contrat passager par lequel
on s'engage l'un vis-à-vis de l'autre à s'aimer, à être
fidèle l'un à l'autre dans la maladie comme dans
la santé, dans la bonne comme dans la mauvaise
fortune. Mais non. C'est plus qu'un contrat, que
le plus solennel des contrats ; c'est une institu-
tion, une institution fondamentale de la société.
Le lien conjugal n'est pas un accord comme celui
que l'on dresse entre vendeurs et acheteurs.
33« Année.
Avril 1911
Revue paraissant le 20 de chaque mois.
CAUSERIE SUR LE MARIAGE
à la Maison Verte, 129, rue Mercadet
Qui ne se rappelle le petit bossu d'Athènes,
Esope malicieux et hardi, alors esclave en ser-
vice dans une maison de la ville. Son maître lui
donne l'ordre d'aller au marché et d'en rapporter
ce qu'il y trouvera de meilleur. Il rapporte une
langue : Son maître s'étonne. « Vous m'avez dit
d'acheter ce qu'il y avait de meilleur, je vous ai
•rapporté une langue, car il n'y a rien au monde
de meilleur que la langue. » A quelque lempsdelà,
le maître rappelle Esope. « Va, dit-il, et celte fois
achète ce que tu trouveras de plus mauvais. »
Esope l'ait son achat et revient avec une langue.
« Ah ! s'écrie le maître, tu es incorrigible, as-tu
perdu le sens ? » — « Pardon, mon. maître, ré-
pond le vieux fabuliste, vous m'avez commandé
ce qu'il y avait de plus mauvais. Vous convien-
drez qu'il n'y a rien au monde de pire que la
langue.»
Aujourd'hui, je viens m'entretenir avec vous
du mariage. Eh bien 1 en conscience je puis dire
du mariage ce qu'Esope disait de la langue. Il
n'y a rien de meilleur, ni de pire dans la vie que
le mariage. Tout dépend de la façon de l'envisa-
ger, et plus encore de l'esprit que l'on-apporte à
le pratiquer. Oui, il n'y a rien de meilleur que le
mariage, aucun bonheur plus complet que celui
qu'on goûte dans l'union conjugale, rien de plus
salisfaisanl pour la conscience, rien qui puisse
mieux détacher de l'égoïsme, sanctifier pour
Dieu, faire de la créature l'être normal qui se
dévoue, qui aime, qui obéit à la volonté de Dieu.
Pour parler du mariage il faut être très vrai et
très simple ; il faut, comme les enfants, revenir
à ce que l'on nomme la sagesse des nations, le
pont aux ânes, c'est à dire les principes élémen-
taires de l'existence. Oh I je le sais, on fait de
l'esprit à bon compte lorsqu'on blague le mariage.
Entre jeunes gens on dit : « Le plus souvent que
je vais me mettre la corde au cou. Vive ma liberté
et mes aises, j'en ai assez pour moi, je n'en ai
pas pour deux ; des femmes, cela ne manque
pas ; une femme, c'est une de trop 1 ». '
Depuis notre Molière, dans une multitude de
pièces de théâtre, le mariage a été l'objet de plai-
santeries ; ce n'est plus qu'un accident de la
carrière humaine, un risque ; on se marie, on se
démarie ; on se prend, on se quitte; on se que-
relle parfois, on se tue, ce sont les risques.
Quand on ne va pas jusqu'au divorce, c'est que
cela n'en vaut pas la peine, puisque le lien du
mariage est un lieu si lâche que l'on n'a pas à le
dénouer, il se dénoue de lui-même. C'est bien là,
la pensée dominante de la pièce qui se joue en ce
moment aux Variétés, « Mariages d'aujourd'hui »,
d'Albin Valabrègue. Ce sont deux ménages où
l'on se dispute, où l'on se raccommode, pour se
disputer de nouveau. Dans toutes les classes de
la société on n'est pas loin, grâce aux facilités
qu'on a maintenant de se séparer, de réaliser la
faillite du mariage. Chez l'ouvrier vous savez
combien les divorces sont fréquents et avec
quelle aisance on se plaque mutuellement; chez
les bourgeois peut-être y met-on quelque peu
d'hypocrisie. On ne veut pas s'attirer la malveil-
lance du monde, mais le résultat final est le
même ; les ménages ne sont pas unis, les mé-
nages ne sont pas bons; on vit l'un à côté de
l'autre, mais chacun de son côté ; on ne vit plus
l'un pour l'autre, l'un par l'autre. Qu'est-ce donc
que le mariage serait ce qu'il y a de meilleur au
monde si nous le prenons comme une sorte de
comédie pour la galerie? Le mariage n'est-ii plus
qu'un simulacre, un contrat passager par lequel
on s'engage l'un vis-à-vis de l'autre à s'aimer, à être
fidèle l'un à l'autre dans la maladie comme dans
la santé, dans la bonne comme dans la mauvaise
fortune. Mais non. C'est plus qu'un contrat, que
le plus solennel des contrats ; c'est une institu-
tion, une institution fondamentale de la société.
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