CONTRE LA CASERNE
LA PAIX PAR L'ÉCOLE
(Suite)
L'Alsace-Lorraine réclame son autonomie ; quelle objection émet-on contre ce voeu ?
Si le Traité de Francfort pouvait être réglé autrement que par l'Epée, nous demanderions à la
Société d'Arbitrage de se prononcer sur le voeu de « la suppression des armées permanentes ».
Ce voeu ne saurait être taxé d'anti-patriotisme ; en effet, chacun connaît le culte que les Anglais
ont pour leur Patrie, pourtant, nul n'ignore leur répugnance pour le service obligatoire ; ils sont unani-
mes à proclamer que l'institution de la conscription est, de toutes, celle qui leur pèserait le plus. Seraient-
ils moins disposés à se défendre ■
La suppression du service obligatoire abolirait encore le grave inconvénient d'interrompre l'appren-
tissage, d'entraver l'évolution mentale de l'éphèbe, de gâter la mémoire des premiers examens prépara-
toires à toutes les professions.
Au Congrès de la Paix, le professeur Hugo de Münsterberge, répète que l'Allemagne porte plus
allègrement que la France son fardeau militaire, que la conscription n'est pas une charge pour les sujets
de l'Empire. Quant à M. Bebel, tout en reconnaissant que la guerre serait le plus grand malheur dont la
civilisation puisse être frappée, déclare que le militarisme est un devoir qui s'impose ; il croit même que
le service militaire est utile au point de vue physique et hygiénique ; que ce régime fera de l'Empire
« une Patrie comme on n'en peut imaginer de plus belle ».
Malgré la compétence de ces éminentes personnalités, peu de gens admettent que la caserne soit un
champ de culture très propice à la morale, une bonne préparation de la jeunesse à la société civilisée ;
on n'y cultive que l'alcoolisme et... le reste.
Il serait facile de démontrer que par le mode d'éducation en usage dans les pays sans servitude
militaire, on forme des générations plus saines de corps et d'esprit, des hommes au moins aussi virils et
plus disposés à défendre leur patrimoine, le cas échéant, que. dans les nations à soudards.
Quant à nous, nous estimons qu'un entraînement bien compris dans les sports, pendant la durée
scolaire et post-scolaire, jusqu'à l'âge de vingt ans, devrait être une préparation suffisante dans les
nations civilisées à la défense nationale. C'est un sentiment très louable de la part de M. Bebel de vouloir
créer pour ses compatriotes « une Patrie comme on n'en peut imaginer de plus belle » mais la fantaisie
de la paix armée doit-elle se satisfaire au détriment du reste de l'humanité ?
Les travailleurs des autres pays qui ne partagent pas cet enthousiasme pour la paix armée ne seraient
pas fâchés d'avoir leur part de bien-être que les pacifistes croient pouvoir leur assurer en employant à
des oeuvres utiles à la collectivité les milliards que l'on consacre aux armements, à la destruction. L'inté-
rêt collectif et général ne doit-il dépendre que d'un Seul ?
M. Bebel envisage la question en homme d'état et sa théorie dissimule mal l'esprit de lucre, la rapa-
cité de ces principes égoïstes ; l'univers entier ne doit-il travailler que pour la gloire du Roi de Prusse.
Quoiqu'en pensent les adversaires du pacifisme, la Force et l'Astuce ne primeront pas toujours le
Droit ; c'est la Raison, résultante de l'émancipation intellectuelle qui sortira victorieuse de la lutte.
LA PAIX PAR L'ÉCOLE
(Suite)
L'Alsace-Lorraine réclame son autonomie ; quelle objection émet-on contre ce voeu ?
Si le Traité de Francfort pouvait être réglé autrement que par l'Epée, nous demanderions à la
Société d'Arbitrage de se prononcer sur le voeu de « la suppression des armées permanentes ».
Ce voeu ne saurait être taxé d'anti-patriotisme ; en effet, chacun connaît le culte que les Anglais
ont pour leur Patrie, pourtant, nul n'ignore leur répugnance pour le service obligatoire ; ils sont unani-
mes à proclamer que l'institution de la conscription est, de toutes, celle qui leur pèserait le plus. Seraient-
ils moins disposés à se défendre ■
La suppression du service obligatoire abolirait encore le grave inconvénient d'interrompre l'appren-
tissage, d'entraver l'évolution mentale de l'éphèbe, de gâter la mémoire des premiers examens prépara-
toires à toutes les professions.
Au Congrès de la Paix, le professeur Hugo de Münsterberge, répète que l'Allemagne porte plus
allègrement que la France son fardeau militaire, que la conscription n'est pas une charge pour les sujets
de l'Empire. Quant à M. Bebel, tout en reconnaissant que la guerre serait le plus grand malheur dont la
civilisation puisse être frappée, déclare que le militarisme est un devoir qui s'impose ; il croit même que
le service militaire est utile au point de vue physique et hygiénique ; que ce régime fera de l'Empire
« une Patrie comme on n'en peut imaginer de plus belle ».
Malgré la compétence de ces éminentes personnalités, peu de gens admettent que la caserne soit un
champ de culture très propice à la morale, une bonne préparation de la jeunesse à la société civilisée ;
on n'y cultive que l'alcoolisme et... le reste.
Il serait facile de démontrer que par le mode d'éducation en usage dans les pays sans servitude
militaire, on forme des générations plus saines de corps et d'esprit, des hommes au moins aussi virils et
plus disposés à défendre leur patrimoine, le cas échéant, que. dans les nations à soudards.
Quant à nous, nous estimons qu'un entraînement bien compris dans les sports, pendant la durée
scolaire et post-scolaire, jusqu'à l'âge de vingt ans, devrait être une préparation suffisante dans les
nations civilisées à la défense nationale. C'est un sentiment très louable de la part de M. Bebel de vouloir
créer pour ses compatriotes « une Patrie comme on n'en peut imaginer de plus belle » mais la fantaisie
de la paix armée doit-elle se satisfaire au détriment du reste de l'humanité ?
Les travailleurs des autres pays qui ne partagent pas cet enthousiasme pour la paix armée ne seraient
pas fâchés d'avoir leur part de bien-être que les pacifistes croient pouvoir leur assurer en employant à
des oeuvres utiles à la collectivité les milliards que l'on consacre aux armements, à la destruction. L'inté-
rêt collectif et général ne doit-il dépendre que d'un Seul ?
M. Bebel envisage la question en homme d'état et sa théorie dissimule mal l'esprit de lucre, la rapa-
cité de ces principes égoïstes ; l'univers entier ne doit-il travailler que pour la gloire du Roi de Prusse.
Quoiqu'en pensent les adversaires du pacifisme, la Force et l'Astuce ne primeront pas toujours le
Droit ; c'est la Raison, résultante de l'émancipation intellectuelle qui sortira victorieuse de la lutte.
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