Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-09-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1888 15 septembre 1888
Description : 1888/09/15 (A11,N18). 1888/09/15 (A11,N18).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5495998t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 18. — 11e Année,
15 Septembre 1888.
SOMMAIRE
Le jubilé de Kiew. — La graphologie. — La rosée. —
Poésie. — La grandeur dans les petites choses. — La
couturière au logis. — Érica. — Pensées. — Dons.
LE JUBILÉ DE KIEW
Une grande fête religieuse a eu lieu en Russie
pendant le mois dernier ; on a célébré le jubilé
neuf fois séculaire de l'introduction du christia-
nisme en Russie, et la ville de Kiew, résidence
du patriarche, a vu arriver pendant plusieurs jours
des milliers de fidèles qui venaient prendre part
à la commémoration de ce grand anniversaire.
Il est intéressant de rechercher dans l'histoire
les détails de cette conversion d'un souverain et
de son peuple, et non moins curieux de voir la
part directe et indirecte qu'ont eue les femmes
dans ce grand mouvement.
En voici les débuts, tels que les racontent
l'éminent historien Dittmar, dans son Histoire
universelle, et M. le professeur Ghastel, dans son
Histoire du christianisme.
« Dès le ixc siècle, quelques habitants des par-
ties méridionales de la Russie avaient appris à
connaître le christianisme, soit dans leurs rela-
tions de commerce, ou leurs guerres avec l'em-
pire grec en Crimée ; soit par ceux de leurs com-
patriotes qui, sous le nom de Varègues (guerriers
de race normande), servaient dans les armées
impériales d'Orient. De temps en temps aussi des
partis de pirates russes faisaient des incursions
dans l'empire. Deux de leurs chefs, OskoldefcDir,
au milieu du ix 0 siècle, occupèrent avec deux cents
barques armées le Bosphore de Thrace, en rava-
gèrent les côtes et marchèrent sur Constantinople.
Dans ce pressant danger, le patriarche Photius
prit sur l'autel de la cathédrale la robe de la
Vierge, qui y était adorée, la plongea dans la mer
qui, dit la légende, bouleversée aussitôt par la
tempête, engloutit les vaisseaux russes. Oskold
et Dir, épouvantés, demandèrent à leur retour un
évêque pour les instruire, et à la vue d'un nou-
veau miracle qui prouva sa mission, reçurent le
baptême et fondèrent une église à Kiew (868).
« La grande-duchesse Olga, qui gouvernait
alors la Russie pendant la minorité de son fils
Siratoslaw, touchée des vertus de quelques mem-
bres de cette église, voulut se renseigner davan-
tage sur la religion qui les leur inspirait, et se
rendit à Constantinople, où les entretiens du pa-
triarche la décidèrent, en 957, à demander le bap-
tême ; plusieurs des nobles qui l'accompagnaient
le reçurent également. Elle n'eut, dès lors, rien
plus à coeur que la conversion de son fils qui,
uniquement occupé de ses entreprises guerrières,
fut sourd à toutes ses exhortations. »
Son petit-fils Wladimir annonçait d'abord bien
moins encore de penchant pour la M chrétienne;
c'était un prince dissolu, cruel, implacable dans
ses vengeances, meurtrier de ses frères ; il avait,
raconte Dittmar, en véritable païen, un grand
nombre d'épouses, la plupart ramenées captives
de ses excursions guerrières.
C'est à elles qu'il s'adre6sa, quand enfin les
remords lui vinrent ; n'ayant trouvé aucun soula-
gement dans le culte de ses dieux, il interrogea
ses femmes sur les différentes religions professées
par elles. 11 y avait là des chrétiennes, des
juives, des mahométanes ; chacune s'efforça, par
conviction ou par intérêt, de gagner à sa foi le
maître si redouté. Mais celui-ci Jne témoignait de
penchant pour aucune des doctrines qu'il enten-
dait. Il répondait cyniquement aux chrétiennes
qu'un homme mort en croix ne peut être un dieu;
' aux juives, que les Israélites, dispersés par un
châtiment divin, aux quatre coins du monde,
15 Septembre 1888.
SOMMAIRE
Le jubilé de Kiew. — La graphologie. — La rosée. —
Poésie. — La grandeur dans les petites choses. — La
couturière au logis. — Érica. — Pensées. — Dons.
LE JUBILÉ DE KIEW
Une grande fête religieuse a eu lieu en Russie
pendant le mois dernier ; on a célébré le jubilé
neuf fois séculaire de l'introduction du christia-
nisme en Russie, et la ville de Kiew, résidence
du patriarche, a vu arriver pendant plusieurs jours
des milliers de fidèles qui venaient prendre part
à la commémoration de ce grand anniversaire.
Il est intéressant de rechercher dans l'histoire
les détails de cette conversion d'un souverain et
de son peuple, et non moins curieux de voir la
part directe et indirecte qu'ont eue les femmes
dans ce grand mouvement.
En voici les débuts, tels que les racontent
l'éminent historien Dittmar, dans son Histoire
universelle, et M. le professeur Ghastel, dans son
Histoire du christianisme.
« Dès le ixc siècle, quelques habitants des par-
ties méridionales de la Russie avaient appris à
connaître le christianisme, soit dans leurs rela-
tions de commerce, ou leurs guerres avec l'em-
pire grec en Crimée ; soit par ceux de leurs com-
patriotes qui, sous le nom de Varègues (guerriers
de race normande), servaient dans les armées
impériales d'Orient. De temps en temps aussi des
partis de pirates russes faisaient des incursions
dans l'empire. Deux de leurs chefs, OskoldefcDir,
au milieu du ix 0 siècle, occupèrent avec deux cents
barques armées le Bosphore de Thrace, en rava-
gèrent les côtes et marchèrent sur Constantinople.
Dans ce pressant danger, le patriarche Photius
prit sur l'autel de la cathédrale la robe de la
Vierge, qui y était adorée, la plongea dans la mer
qui, dit la légende, bouleversée aussitôt par la
tempête, engloutit les vaisseaux russes. Oskold
et Dir, épouvantés, demandèrent à leur retour un
évêque pour les instruire, et à la vue d'un nou-
veau miracle qui prouva sa mission, reçurent le
baptême et fondèrent une église à Kiew (868).
« La grande-duchesse Olga, qui gouvernait
alors la Russie pendant la minorité de son fils
Siratoslaw, touchée des vertus de quelques mem-
bres de cette église, voulut se renseigner davan-
tage sur la religion qui les leur inspirait, et se
rendit à Constantinople, où les entretiens du pa-
triarche la décidèrent, en 957, à demander le bap-
tême ; plusieurs des nobles qui l'accompagnaient
le reçurent également. Elle n'eut, dès lors, rien
plus à coeur que la conversion de son fils qui,
uniquement occupé de ses entreprises guerrières,
fut sourd à toutes ses exhortations. »
Son petit-fils Wladimir annonçait d'abord bien
moins encore de penchant pour la M chrétienne;
c'était un prince dissolu, cruel, implacable dans
ses vengeances, meurtrier de ses frères ; il avait,
raconte Dittmar, en véritable païen, un grand
nombre d'épouses, la plupart ramenées captives
de ses excursions guerrières.
C'est à elles qu'il s'adre6sa, quand enfin les
remords lui vinrent ; n'ayant trouvé aucun soula-
gement dans le culte de ses dieux, il interrogea
ses femmes sur les différentes religions professées
par elles. 11 y avait là des chrétiennes, des
juives, des mahométanes ; chacune s'efforça, par
conviction ou par intérêt, de gagner à sa foi le
maître si redouté. Mais celui-ci Jne témoignait de
penchant pour aucune des doctrines qu'il enten-
dait. Il répondait cyniquement aux chrétiennes
qu'un homme mort en croix ne peut être un dieu;
' aux juives, que les Israélites, dispersés par un
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