Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-02-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 15 février 1888 15 février 1888
Description : 1888/02/15 (A10,N4). 1888/02/15 (A10,N4).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5495982z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
JN« 4. _ 10e Année.
15 Février 1888.
AVIS.
Nous serions reconnaissantes à nos abon-
nées qui voudront bien envoyer DE SUITE à
l'imprimerie le montant de leur abonnement,
pour nous éviter les frais de poste.
Nous ferons recouvrer par le facteur, à
partir du 1er mars, les abonnements qui
n'auront pas été payés à cette époque.
SOMMAIRES
L'aiguille. — La moquerie. — La couturière ait logis. —
Les droits du coeur. — Que faire ? — Poésie. — Les pe-
tites choses. — M" 10 Garlylo. — Bibliographie. — Pensées.
— Dons.
L'AIGUILLE.
Il y a peu de jours, M. Legouvé donnait aux
lecteurs du journal le Temps, deux articles char-
mants, essentiellement féminins, sur les mérites
de ce petit outil que nos doigts connaissent bien,
« l'aiguille ».
L'aiguille de Pénélope, qui fut si ingénieuse-
ment la protectrice de sa vertu ; celle de Minerve,
qui donna une leçon d'humilité bien méritée à
une jeune présomptueuse ; celle des dames du
moyen âge, qui servait à broder de nobles devises
sur les bannières des chevaliers; celle d'Anne de
Bretagne, qui inscrivit sur un canevas qu'on con-
serve à Bayeux toute l'histoire de la conquête de
l'Angleterre par les Normands. Toutes les aiguil-
les enfin, celles de la mythologie, de la poésie,
de l'histoire, ont reçu l'hommage de M. Legouvé,
excepté pourtant l'aiguille des temps préhistori-
ques, fabriquée avec une arête, de poisson et qui,
par la grossièreté de sa forme et ses dimensions,
ne fait nullement penser ni aux cours d'amour, ni
aux tournois, ni aux canevas des reines. Cette
aiguille, que nous avons vue au musée de Saint-
Germain, a pourtant droit à notre attention. N'est-
elle pas, plus qu'aucune autre, la preuve de l'uti-
lité de son rôle pour les besoins de l'humanité?
Mais laissons l'aiguille des musées archéolo-
giques, et revenons à.M. Legouvé.
L'aiguille, dit-il, calme les passions, habitue
l'esprit à l'observation, remplit les loisirs que
l'ennui envahirait. Telle était l'opinion de M™ 0 de
Maintenon et deFénelon. C'est grâce à. elle que
nous fabriquons une muïtftuaê'a'ê'jolisoBjéts'q/iîâ 7'
nous pouvons offrir à nos amis et beaucoup d'au-
tres, d'un caractère plus utile, que nous donnons
aux malheureux pour les garantir du froid.
L'aiguille nous sert pour nos oeuvres de cha-
rité et j'ajoute qu'elle sert la patrie à sa manière.
En 1870, que d'aiguilles furent employées à la
fabrication des bas, des chaussettes, des cache-
nez, des passe-montagne pour nos soldats des ar-
mées de l'Est ! Enfin, l'aiguille nous garantit des
influences malsaines de l'oisiveté ; elle est, à ce
titre, un excellent préservatif de nos facultés mo-
rales.
J'aurais voulu que M. Legouvé, quand il a
parlé de nos moeurs et regretté un peu que les
hommes n'aient jamais recours à l'aiguille pour
occuper quelques-unes des heures de leurs loisirs,
j'aurais voulu, dis-je, qu'il s'appesantît davan-
tage sur ce point. L'occasion était belle. Il s'adres-
sait au public du Temps, masculin eh grande
majorité ; il pouvait, avec sa haute compétence
et sa légitime autorité, essayer de jeter les pre-
miers jalons d'une oeuvre réformatrice très im-
portante.
Dans la vie commune de beaucoup d'hommes,
que de temps perdu ! que d'heures de désoeuvre-
ment! que de longues journées d'ennui! Est-ce
qu'ils n'ont pas eux, comme nous, des passions à
15 Février 1888.
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L'aiguille. — La moquerie. — La couturière ait logis. —
Les droits du coeur. — Que faire ? — Poésie. — Les pe-
tites choses. — M" 10 Garlylo. — Bibliographie. — Pensées.
— Dons.
L'AIGUILLE.
Il y a peu de jours, M. Legouvé donnait aux
lecteurs du journal le Temps, deux articles char-
mants, essentiellement féminins, sur les mérites
de ce petit outil que nos doigts connaissent bien,
« l'aiguille ».
L'aiguille de Pénélope, qui fut si ingénieuse-
ment la protectrice de sa vertu ; celle de Minerve,
qui donna une leçon d'humilité bien méritée à
une jeune présomptueuse ; celle des dames du
moyen âge, qui servait à broder de nobles devises
sur les bannières des chevaliers; celle d'Anne de
Bretagne, qui inscrivit sur un canevas qu'on con-
serve à Bayeux toute l'histoire de la conquête de
l'Angleterre par les Normands. Toutes les aiguil-
les enfin, celles de la mythologie, de la poésie,
de l'histoire, ont reçu l'hommage de M. Legouvé,
excepté pourtant l'aiguille des temps préhistori-
ques, fabriquée avec une arête, de poisson et qui,
par la grossièreté de sa forme et ses dimensions,
ne fait nullement penser ni aux cours d'amour, ni
aux tournois, ni aux canevas des reines. Cette
aiguille, que nous avons vue au musée de Saint-
Germain, a pourtant droit à notre attention. N'est-
elle pas, plus qu'aucune autre, la preuve de l'uti-
lité de son rôle pour les besoins de l'humanité?
Mais laissons l'aiguille des musées archéolo-
giques, et revenons à.M. Legouvé.
L'aiguille, dit-il, calme les passions, habitue
l'esprit à l'observation, remplit les loisirs que
l'ennui envahirait. Telle était l'opinion de M™ 0 de
Maintenon et deFénelon. C'est grâce à. elle que
nous fabriquons une muïtftuaê'a'ê'jolisoBjéts'q/iîâ 7'
nous pouvons offrir à nos amis et beaucoup d'au-
tres, d'un caractère plus utile, que nous donnons
aux malheureux pour les garantir du froid.
L'aiguille nous sert pour nos oeuvres de cha-
rité et j'ajoute qu'elle sert la patrie à sa manière.
En 1870, que d'aiguilles furent employées à la
fabrication des bas, des chaussettes, des cache-
nez, des passe-montagne pour nos soldats des ar-
mées de l'Est ! Enfin, l'aiguille nous garantit des
influences malsaines de l'oisiveté ; elle est, à ce
titre, un excellent préservatif de nos facultés mo-
rales.
J'aurais voulu que M. Legouvé, quand il a
parlé de nos moeurs et regretté un peu que les
hommes n'aient jamais recours à l'aiguille pour
occuper quelques-unes des heures de leurs loisirs,
j'aurais voulu, dis-je, qu'il s'appesantît davan-
tage sur ce point. L'occasion était belle. Il s'adres-
sait au public du Temps, masculin eh grande
majorité ; il pouvait, avec sa haute compétence
et sa légitime autorité, essayer de jeter les pre-
miers jalons d'une oeuvre réformatrice très im-
portante.
Dans la vie commune de beaucoup d'hommes,
que de temps perdu ! que d'heures de désoeuvre-
ment! que de longues journées d'ennui! Est-ce
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