Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-05-15
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 15 mai 1887 15 mai 1887
Description : 1887/05/15 (A9,N10). 1887/05/15 (A9,N10).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54959626
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N« 10.
9e Année.
15 Mai 1887.
SOMMAIRE
Les femmes artistes. — Savoir être heureuse. — Pestalozzi.
— La vie spirituelle. — Poésie. — Le choix d'une occu-
pation. — Fragment. — Donna Marina. — Les petits se-
crets de la garde-malade. — Bibliographie. — Coin des
ménagères. — Pensées.
Pari», le 15 mai 1887.
LES FEMMES ARTISTES.
Le Salon e6t ouvert depuis quinze jours. Nous
espérons, par l'intermédiaire d'une aimable col-
laboratrice , faire prochainement connaissance
avec les différents chefs-d'oeuvre qui s'y trouvent.
Mais parlons aujourd'hui d'une exposition plus
modeste, qui occupait, il y a quelques semaines,
ces mêmes salles du Palais de l'Industrie.
Grâce à l'obligeance d'une amie nous avons eu
l'occasion de voir dernièrement l'Exposition fran-
çaise des femmes peintres. Eh bien, nous avons
été déçues !
Cependant, que de jolies choses ! des portraits
de femmes bien réussis ; quelques charmantes na-
tures mortes; des fleurs rendues d'une manière ad-
mirable ; un ou deux gracieux paysages. Mais nous
cherchions au milieu de tous ces tableaux un chef-
d'oeuvre, une peinture qui nous satisfît com-
plètement. Nous ne l'avons pas trouvée.
En sortant de là, mon amie, tant soit peu phi-
losophe, se demandait à quoi cela pouvait tenir ;
si les femmes ne peuvent produire que des oeu-
vres gracieuses, et ne sont pas capables d'avoir le
véritable génie créateur. La discussion se ter-
mina sans conclusion.
Voici que hier, en parcourant une revue, j'ai
trouvé une réponse à ces questions. Est-elle la
bonne? Nos lectrices en jugeront.
Il ïie-s'agit pas, il est vrai, d'une exposition de
tableaux. Un savant s'est oeexipé à faire, un re-
cueil de morceaux choisis, tirés des oeuvres de
toutes les femmes qui ont écrit, depuis Christine
de Pisan jusqu'à Eugénie de Guérin.
C'est au sujet de ce recueil, vraie galerie litté-
raire, qu'un critique, M. Jules Lemaître, pose la
question suivante, fort intéressante pour nous ;
« Pourquoi les femmes ne sont-elleg, en géné-
« rai, que médiocrement artistes? Pourquoi
« n'ont-elles presque jamais atteint, dans leurs
« vers, à la beautéabsolue de l'expression? Pour*
« quoi à considérer l'ensemble de notre littérar
« rature, sont-elles restées sensiblement en deç4
« des hommes dans l'art de colorer le style ou de
« le ciseler et d'évoquer par des mots des sens»*
« tions vives et des images précises? Car enfin
« M"" de Se vigne elle-même est moins" artiste
« que La Fontaine ou La Bruyère, et George
« Sand l'est infiniment moins que Michel et ou
« Victor Hugo. Pourquoi tous les enrichisse-
« ments successifs de la langue littéraire ne
« doivent-ils rien aux femmes? Pourquoi tous
« les progrès du style pittoresque se sont41s ac»
« complis en dehors d'elles ? Quelques-unes ont
« été supérieures dans le roman; pourquoi au*
« çune ne l'a-t-elle été dans la poésie, ni au théA»
« tre, ni dans l'histoire, la critique ou la philQSO-
« phie? Car enfin (dit-il pour appuyer sa pensée),
« vous pouvez enlever, par hypothèse, oe notre
« littérature tout ce que les femmes ont écrit ;
« cela n'en rompra point la suite, n'y fera pas de
« trous appréciables, Les femmes elles-mêmes
« en conviendront : en général elles n'aiment pas
« à lire les livres féminins. »
M. Jules Lemaître posant tous ces pourquoi?
peut nous paraître un juge peu courtois et sévère,.
Écoutons cependant à quoi aboutit son étude
consciencieuse :
« Si les femmes n'égalent point les hommes
9e Année.
15 Mai 1887.
SOMMAIRE
Les femmes artistes. — Savoir être heureuse. — Pestalozzi.
— La vie spirituelle. — Poésie. — Le choix d'une occu-
pation. — Fragment. — Donna Marina. — Les petits se-
crets de la garde-malade. — Bibliographie. — Coin des
ménagères. — Pensées.
Pari», le 15 mai 1887.
LES FEMMES ARTISTES.
Le Salon e6t ouvert depuis quinze jours. Nous
espérons, par l'intermédiaire d'une aimable col-
laboratrice , faire prochainement connaissance
avec les différents chefs-d'oeuvre qui s'y trouvent.
Mais parlons aujourd'hui d'une exposition plus
modeste, qui occupait, il y a quelques semaines,
ces mêmes salles du Palais de l'Industrie.
Grâce à l'obligeance d'une amie nous avons eu
l'occasion de voir dernièrement l'Exposition fran-
çaise des femmes peintres. Eh bien, nous avons
été déçues !
Cependant, que de jolies choses ! des portraits
de femmes bien réussis ; quelques charmantes na-
tures mortes; des fleurs rendues d'une manière ad-
mirable ; un ou deux gracieux paysages. Mais nous
cherchions au milieu de tous ces tableaux un chef-
d'oeuvre, une peinture qui nous satisfît com-
plètement. Nous ne l'avons pas trouvée.
En sortant de là, mon amie, tant soit peu phi-
losophe, se demandait à quoi cela pouvait tenir ;
si les femmes ne peuvent produire que des oeu-
vres gracieuses, et ne sont pas capables d'avoir le
véritable génie créateur. La discussion se ter-
mina sans conclusion.
Voici que hier, en parcourant une revue, j'ai
trouvé une réponse à ces questions. Est-elle la
bonne? Nos lectrices en jugeront.
Il ïie-s'agit pas, il est vrai, d'une exposition de
tableaux. Un savant s'est oeexipé à faire, un re-
cueil de morceaux choisis, tirés des oeuvres de
toutes les femmes qui ont écrit, depuis Christine
de Pisan jusqu'à Eugénie de Guérin.
C'est au sujet de ce recueil, vraie galerie litté-
raire, qu'un critique, M. Jules Lemaître, pose la
question suivante, fort intéressante pour nous ;
« Pourquoi les femmes ne sont-elleg, en géné-
« rai, que médiocrement artistes? Pourquoi
« n'ont-elles presque jamais atteint, dans leurs
« vers, à la beautéabsolue de l'expression? Pour*
« quoi à considérer l'ensemble de notre littérar
« rature, sont-elles restées sensiblement en deç4
« des hommes dans l'art de colorer le style ou de
« le ciseler et d'évoquer par des mots des sens»*
« tions vives et des images précises? Car enfin
« M"" de Se vigne elle-même est moins" artiste
« que La Fontaine ou La Bruyère, et George
« Sand l'est infiniment moins que Michel et ou
« Victor Hugo. Pourquoi tous les enrichisse-
« ments successifs de la langue littéraire ne
« doivent-ils rien aux femmes? Pourquoi tous
« les progrès du style pittoresque se sont41s ac»
« complis en dehors d'elles ? Quelques-unes ont
« été supérieures dans le roman; pourquoi au*
« çune ne l'a-t-elle été dans la poésie, ni au théA»
« tre, ni dans l'histoire, la critique ou la philQSO-
« phie? Car enfin (dit-il pour appuyer sa pensée),
« vous pouvez enlever, par hypothèse, oe notre
« littérature tout ce que les femmes ont écrit ;
« cela n'en rompra point la suite, n'y fera pas de
« trous appréciables, Les femmes elles-mêmes
« en conviendront : en général elles n'aiment pas
« à lire les livres féminins. »
M. Jules Lemaître posant tous ces pourquoi?
peut nous paraître un juge peu courtois et sévère,.
Écoutons cependant à quoi aboutit son étude
consciencieuse :
« Si les femmes n'égalent point les hommes
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