Presse et revues
8 pages
Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-09-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 septembre 1885 01 septembre 1885
Description : 1885/09/01 (A7,N17). 1885/09/01 (A7,N17).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5495916z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N" 17. — 7e Année.
i" Septembre 1885.
SOMMAIRE
Sans place. — Être patient. — Deux manières de faire les
choses. — Les anges au service du Sauvour. — Cherchez
le Seigneur. — Rien ne l'arrête. — Poésie. — M1"» de
Staël. — Le protestantisme en France. — Bibliographie.
— Coin des ménagères — Pensées. — Annonces.
SANS PLAGE.
Grande amie de la statistique, j'ai rencontré
l'autre jour dans un journal un dénombrement
qui m'a fait peine : il y a actuellement à Paris
3,800institutiïces sans place. Le nombre est dou-
loureux à lire; nous hésiterions même à vous
serrer le coeur en le plaçant sous vos yeux, s'il
n'était pas, an fond, la simple mise en chiffres
d'un état de choses qui se voit journellement. Les
études scolaires sont si bonnes de nos jours
qu'elles permettent à toute jeune fille bien douée
d'obtenir au moins l'un des brevets nécessaires
pour être institutrice ; à peine faut-il pour cela,
plus de temps et d'argent que pour l'apprentissage
d'un métier.
Aussi, voit-on augmenter tous les ans la quan-
tité de brevetées, tandis que, hélas! le nombre des
postes qu'elles peuvent remplir reste forcément
limité. Avant d'obtenir une place, il s'écoule par
conséquent des semaines, des mois, parfois même
une année entière.
Il nous a semblé que quelques conseils sur la
meilleure manière d'employer ces semaines ou
ces mois d'attente pourraient être utiles. Ils nous
sont inspirés par les sages paroles que M. Liénard
d'Annonay adresse à celles de ses pensionnaires
qui se trouvent, en le quittant, dans la position
que nous avons indiquée.
Il est peu agréable d'être comme un oiseau sur
la branche : ignorant s'il ne va pas falloir prendre
son vol d'un moment à l'autre. A peine semble-
t-il qu'on puisse commencer une chose ou l'autre.
Kt cependant que de temps perdu si l'on cède à
ce vague sentiment de malaise 1 II faut le com-
battre en entreprenant résolument une tâche quel-
conque.
Celle qui se présente le plus naturellement,
c'est de compléter par la pratique sérieuse ce que
les cours d'économie domestique ont d'insuffi-
sant. La théorie est bien défectueuse pour tout ce
qui concerne la conduite d'un ménage et la tenue
d'une maison. Il faut mettre soi-même la main à
la pâte et apprendre à connaître, par l'expérience,
tous les détails qui composent le confort d'une
vie de famille.
Je connais un ménage où tout va de travers...
parce que madame a été institutrice. Le mari
gagnait bien ; c'eût été suffisant si sa femme avait
été une ménagère entendue. Elle se donnait de la
peine, mais n'ayant aucune expérience, elle dé-
pensait le double de ce qu'il fallait, et cepen-
dant rien n'était confortable. Les enfants sont
venus, il aurait fallu savoir tirer parti des choses,
Mn,e M... ignorait cet art. Toujours à court d?ar-
gent, elle crut bien faire en employant ses dons :
elle donna des leçons. Le ménage, abandonné à
la domestique, devint inhospitalier. Quand le
mari rentrait, c'était pour trouver une chambro
en désordre, des enfants négligés, un dîner mal
cuit. Il se hâtait d'avaler son repas, puis allait
chercher au dehors le repos et la distraction.
Il a pris l'habitude de boire, et sa femme qui,
afin de subvenir aux besoins de six petites bou-
ches affamées, continue à donner des leçons, ne
se doute pas, lorsqu'elle se félicite d'avoir au
moins possédé l'instruction, que c'est cette ins-
truction môme qui a fait tout le mal.
Oui, si une institutrice n'y prend très garde,
elle ne possédera jamais les qualités voulues pour
i" Septembre 1885.
SOMMAIRE
Sans place. — Être patient. — Deux manières de faire les
choses. — Les anges au service du Sauvour. — Cherchez
le Seigneur. — Rien ne l'arrête. — Poésie. — M1"» de
Staël. — Le protestantisme en France. — Bibliographie.
— Coin des ménagères — Pensées. — Annonces.
SANS PLAGE.
Grande amie de la statistique, j'ai rencontré
l'autre jour dans un journal un dénombrement
qui m'a fait peine : il y a actuellement à Paris
3,800institutiïces sans place. Le nombre est dou-
loureux à lire; nous hésiterions même à vous
serrer le coeur en le plaçant sous vos yeux, s'il
n'était pas, an fond, la simple mise en chiffres
d'un état de choses qui se voit journellement. Les
études scolaires sont si bonnes de nos jours
qu'elles permettent à toute jeune fille bien douée
d'obtenir au moins l'un des brevets nécessaires
pour être institutrice ; à peine faut-il pour cela,
plus de temps et d'argent que pour l'apprentissage
d'un métier.
Aussi, voit-on augmenter tous les ans la quan-
tité de brevetées, tandis que, hélas! le nombre des
postes qu'elles peuvent remplir reste forcément
limité. Avant d'obtenir une place, il s'écoule par
conséquent des semaines, des mois, parfois même
une année entière.
Il nous a semblé que quelques conseils sur la
meilleure manière d'employer ces semaines ou
ces mois d'attente pourraient être utiles. Ils nous
sont inspirés par les sages paroles que M. Liénard
d'Annonay adresse à celles de ses pensionnaires
qui se trouvent, en le quittant, dans la position
que nous avons indiquée.
Il est peu agréable d'être comme un oiseau sur
la branche : ignorant s'il ne va pas falloir prendre
son vol d'un moment à l'autre. A peine semble-
t-il qu'on puisse commencer une chose ou l'autre.
Kt cependant que de temps perdu si l'on cède à
ce vague sentiment de malaise 1 II faut le com-
battre en entreprenant résolument une tâche quel-
conque.
Celle qui se présente le plus naturellement,
c'est de compléter par la pratique sérieuse ce que
les cours d'économie domestique ont d'insuffi-
sant. La théorie est bien défectueuse pour tout ce
qui concerne la conduite d'un ménage et la tenue
d'une maison. Il faut mettre soi-même la main à
la pâte et apprendre à connaître, par l'expérience,
tous les détails qui composent le confort d'une
vie de famille.
Je connais un ménage où tout va de travers...
parce que madame a été institutrice. Le mari
gagnait bien ; c'eût été suffisant si sa femme avait
été une ménagère entendue. Elle se donnait de la
peine, mais n'ayant aucune expérience, elle dé-
pensait le double de ce qu'il fallait, et cepen-
dant rien n'était confortable. Les enfants sont
venus, il aurait fallu savoir tirer parti des choses,
Mn,e M... ignorait cet art. Toujours à court d?ar-
gent, elle crut bien faire en employant ses dons :
elle donna des leçons. Le ménage, abandonné à
la domestique, devint inhospitalier. Quand le
mari rentrait, c'était pour trouver une chambro
en désordre, des enfants négligés, un dîner mal
cuit. Il se hâtait d'avaler son repas, puis allait
chercher au dehors le repos et la distraction.
Il a pris l'habitude de boire, et sa femme qui,
afin de subvenir aux besoins de six petites bou-
ches affamées, continue à donner des leçons, ne
se doute pas, lorsqu'elle se félicite d'avoir au
moins possédé l'instruction, que c'est cette ins-
truction môme qui a fait tout le mal.
Oui, si une institutrice n'y prend très garde,
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