Titre : Gazette des lettres, des sciences & des arts / directeur : D. de Liversay
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1877-02-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32780866n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 février 1877 20 février 1877
Description : 1877/02/20 (VOL1,N6). 1877/02/20 (VOL1,N6).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5473977g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/12/2008
GAZETTE DES LETTRES
$ES SCIENCES & DES ARTS
\ . / N« O. - QO FÉVRIER 1877,
SOMMAIRE^: tf'ÛÏtfo Jricompiig, MICHEL CHRESTIEN. — II La Bohémienne, poésie, P. S. — III, Petit Dic-
tionnaire ÎTatrçals-Fiançais, JOSEPH PATUROT. — IV. Revue de la Province, JULIEN DAKPEUILLB. —
V. Les Académies pro\inciale3 (suite et fin), EDOUARD L'HÔTE. — VI. Citoyens et Citoyennes, X... —
VII. Le Théâtre, JACQUES NORMAND — VItl. Tablettes pausiennes, ALFRED BAKBOU. — IX. Académies et
Sociétés savantes. — X. Concours. — XI. Livies et Revues.
La suite de : L'ECOLE DU NU EN
LITTÉRATURE, paraîtra dans le prochain
numéro.
DEUX INCOMPRIS
MA reprise de Chatterton, le drame
d'Alfred de Vigny, au Théâtre-Fran-
jçais, a amené sous la plume des cuti-
ques les noms d'Escousse et de Lebras, deux
poètes dont le suicide fit grand bruit il y a
quarante-cinq ans. Nous avons eu la cuiiosilé
de nous reporter aux journaux de l'époque pour
savoir ce qu'étaient ces jeunes incompris et
dans quelles circonstances leur mort a eu lieu.
Voici les détails que nous avons recueillis.
Victor Escousse était a peine âgé de vingt
ans, grand, blond, au teint vermeil, à la figure
ronde, ouverte et joviale, d'un abord gracieux,
aimant à obliger; toujours gai, paifois très-
enfant. Son talent lui fut révélé par la pièce de
Farruch le Maure, dont les traits larges et
énergiques, la versification bnllanto et passion-
née lui valurent un si éclatant début. 11 fit en
très-peu de temps, et prcsqu'en jouant,
Pierre ///> drame original, plein de situations
neuves, et où tous les vices de la cour des
czarssont peints avec un vif naturel ; Faublas,
drame non entièrement terminé, et d'un genre
également neuf; enfin Raymond, drame dans
lequel lui et Lebras avaient conçu l'idée d'in-
téresser par les seuls sentiments du coeur, en
dépouillant la scène du prestige des costumes,
de la magie des décorations et de tous les ac-
cessoires et incidents qui concourent ordinai-
rement a l'effet théâtral, avec cinq personnages
seulement en action. Cette téméraire entreprise,
qui aurait fait îeculer des hommes vieillis dans
les succès, n'avait pas arrêté deux jeunes têtes
qui se sentaient appelées à une haute vocation
dans la carrière où ils s'étaient élancés.
Auguste Lebras, âgé do dix-sept ans, était
sérieux, méditatif, d'une belle figure pâle avec
do grands jeux à cils noirs, ne riant jamais,
solennel dans son langage comme dans sa per-
sonne, très-circonspect, dirigeant les répéti-
tions de son drame avec tout le flegme et l'at-
tention d'un homme qui veut réussir, tandis que
Victor Escousse riait, chantait, sautait sur le
dos des acteurs, ou faisait des niches aux ac-
trices. L'un semblait imprévovant, étourdi,
s'inquiétant peu de l'avenir; l'autre était po-
sitif, observateur opiniâtre, ne parlait que
d'av enir, était sans cesse tourmenté de la crainte
de no pas réussir.
Victor Escousse avait une grande facilité à
faire des vers, à tracera grands traits un rôle,
à créer une situation dramatique : cela s'im-
provisait à la promenade, à table, au spec-
tacle, et rentré chez lui cela coulait de sa plume
avec une merveilleuse facilité; tandis qu'Au-
guste Lebras s'enfermait, réfléchissait long-
temps, retournait dans tous les se :s ce qu'it
avait déjà recommencé plusieurs fois, et n'en
était jamais astes content. L'un trouvait sou-
vent l'autre insupportable par ses longueurs et
sa manie do vouloir toujours refaire et de,
$ES SCIENCES & DES ARTS
\ . / N« O. - QO FÉVRIER 1877,
SOMMAIRE^: tf'ÛÏtfo Jricompiig, MICHEL CHRESTIEN. — II La Bohémienne, poésie, P. S. — III, Petit Dic-
tionnaire ÎTatrçals-Fiançais, JOSEPH PATUROT. — IV. Revue de la Province, JULIEN DAKPEUILLB. —
V. Les Académies pro\inciale3 (suite et fin), EDOUARD L'HÔTE. — VI. Citoyens et Citoyennes, X... —
VII. Le Théâtre, JACQUES NORMAND — VItl. Tablettes pausiennes, ALFRED BAKBOU. — IX. Académies et
Sociétés savantes. — X. Concours. — XI. Livies et Revues.
La suite de : L'ECOLE DU NU EN
LITTÉRATURE, paraîtra dans le prochain
numéro.
DEUX INCOMPRIS
MA reprise de Chatterton, le drame
d'Alfred de Vigny, au Théâtre-Fran-
jçais, a amené sous la plume des cuti-
ques les noms d'Escousse et de Lebras, deux
poètes dont le suicide fit grand bruit il y a
quarante-cinq ans. Nous avons eu la cuiiosilé
de nous reporter aux journaux de l'époque pour
savoir ce qu'étaient ces jeunes incompris et
dans quelles circonstances leur mort a eu lieu.
Voici les détails que nous avons recueillis.
Victor Escousse était a peine âgé de vingt
ans, grand, blond, au teint vermeil, à la figure
ronde, ouverte et joviale, d'un abord gracieux,
aimant à obliger; toujours gai, paifois très-
enfant. Son talent lui fut révélé par la pièce de
Farruch le Maure, dont les traits larges et
énergiques, la versification bnllanto et passion-
née lui valurent un si éclatant début. 11 fit en
très-peu de temps, et prcsqu'en jouant,
Pierre ///> drame original, plein de situations
neuves, et où tous les vices de la cour des
czarssont peints avec un vif naturel ; Faublas,
drame non entièrement terminé, et d'un genre
également neuf; enfin Raymond, drame dans
lequel lui et Lebras avaient conçu l'idée d'in-
téresser par les seuls sentiments du coeur, en
dépouillant la scène du prestige des costumes,
de la magie des décorations et de tous les ac-
cessoires et incidents qui concourent ordinai-
rement a l'effet théâtral, avec cinq personnages
seulement en action. Cette téméraire entreprise,
qui aurait fait îeculer des hommes vieillis dans
les succès, n'avait pas arrêté deux jeunes têtes
qui se sentaient appelées à une haute vocation
dans la carrière où ils s'étaient élancés.
Auguste Lebras, âgé do dix-sept ans, était
sérieux, méditatif, d'une belle figure pâle avec
do grands jeux à cils noirs, ne riant jamais,
solennel dans son langage comme dans sa per-
sonne, très-circonspect, dirigeant les répéti-
tions de son drame avec tout le flegme et l'at-
tention d'un homme qui veut réussir, tandis que
Victor Escousse riait, chantait, sautait sur le
dos des acteurs, ou faisait des niches aux ac-
trices. L'un semblait imprévovant, étourdi,
s'inquiétant peu de l'avenir; l'autre était po-
sitif, observateur opiniâtre, ne parlait que
d'av enir, était sans cesse tourmenté de la crainte
de no pas réussir.
Victor Escousse avait une grande facilité à
faire des vers, à tracera grands traits un rôle,
à créer une situation dramatique : cela s'im-
provisait à la promenade, à table, au spec-
tacle, et rentré chez lui cela coulait de sa plume
avec une merveilleuse facilité; tandis qu'Au-
guste Lebras s'enfermait, réfléchissait long-
temps, retournait dans tous les se :s ce qu'it
avait déjà recommencé plusieurs fois, et n'en
était jamais astes content. L'un trouvait sou-
vent l'autre insupportable par ses longueurs et
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