Titre : Gazette des lettres, des sciences & des arts / directeur : D. de Liversay
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1878-02-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32780866n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 février 1878 24 février 1878
Description : 1878/02/24 (A2,N44)-1878/03/02. 1878/02/24 (A2,N44)-1878/03/02.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5472883j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/12/2008
SOMMAIRE s I. Un Cours d'Esthétique à propos de
Courbet, ET. COROT — II. Echos de l'Institut. — III.
Les Forçats au Théâtre: 1V. Conclusion, EMILE MORE AU.
— IV. Gazette musicale, E. DEPRÊ. — V. Causerie lit-
téraire, A. DESCUBES, — VI. Mosaïque. — VII. Notes
d'un Pèlerin : //. Notre-Dame de Lourdes, E.DEPRE. —
VIII. Bibliographie : Plume tt Pinceau, A. DELAPLANR.
UN COURS D'ESTHÉTIQUE
A PROPOS DE COURBET
DANS les années qni suivirent i85o, une grande
querelle s'éleva dans les ateliers et dans la presse.
Les tableaux de Courbet, hardis quant aux
sujets, hardis quant au mode d'exécution, soutevaient
la réprobation générale. Je vous le demande, 6 peintres
de l'académie, classiques et romantiques, pouvait-on
souffrir ces Paysans de Flagey, avec leurs poses vul-
gaires, leurs figures triviales? Pouvait-on supporter
cette paysanne robuste et sans grâce qui s'endormait en
filant? Tout cela s'éloignait à plaisir de la forme aca-
démique, et méritait bien qu'on le flétrit du nom de
réalisme.
En face de. ses adversaires était Courbet, presque
seul, répondant à l'indignation des peintres et des cri-
tiques par des paradoxes plus audacieux encore que ses
tableaux. Proudhon qui aJmirait sincèrement les
oeuvres du peintre d'Oman», et qui d'ailleurs était son
ami, entreprit de faire l'apologie du réalisme.
Mais, comme il le dit lui-même, Proudhon « ne
comprend que ce qui est clairement exprimé par la
parole, formulépar ta logique, et fixé par Ncriture. »
N'ayant jamais lu, de son propre aveu, un seul livre
d'esthétique, il se plaît à railler la faiblesse du raison-
nement et l'esprit peu philosophique des artistes.
Aussi, pour avoir le droit de parler de Courbet, il crut
devoir établir toute une théorie de l'art; et, en mCme
temps qu'il faisait plusieurs ouvrages d'économie poli-
tique et un Manuel du spéculateur à la Bourse, il
écrivit un livre sous ce titre significatif t Du principe
de Part et de sa destination sociale,
L'auteur effleure en passant toutes sottes de ques-
tions, depuis la critique littéraire ou il met Molière au
rang de Despréaux parmi « tes artistes de convention
et les voleurs à outrance de t'antiquité », jusqu'aux
discussions métaphysiques les moins positives, oti il
discute avec un admirable sérieux pour savoir si l'âme
est une triade ou une polarisation. Nous ne nous
attarderons pas à réfuter toutes les théories bizarres
qui trouvent place dans ce livre, on ne sait pourquoi,
et nous nous occuperons seulement des questions
d'esthétique.
Au fond, tout ce système de Tari utilitaire repose
sur le principe de finalité. « Il est absurde de supposer
que quelque chose se produise dans la Société, —•
pourquoi ne dirions-nous pas dans l'univers?—à
seule fin de se produire. » C'est une chose assez
étrange de lire cela chez un positiviste. Nous sommes
habitués â voir un fait résulter d'un autre) mais la
science ne nous a jamais démontré que la cause existât
en vue de l'effet, c'est-à-dire que l'effet fût le mobile
de ses antécédents. Il en serait peut-être ainsi dans
l'art si les économistes étaient les artistes; mais par
bonheur nos peintres et nos sculpteurs s'occupent seu-
lement de produire de belles oeuvres, sans songer tout
d'abord à l'éducation morale de la société.
Oui, tel est bien le sophisme fondamental de ta
théorie de Proudhon : l'art a sa fin en dehors de lui-
même, une fin sociale. Partant de ce principe, l'auteur
injurie les partisans de l'art pour l'art. « L'art pour
fart, comme on Va nommé, n'ayant pas en sot sa légi-
timité, ne reposant sur rien, n'est rien. C'est débau-
che de coeur et perversion d'esprit. » Je voudrais tout
citer, mais il y a des dames, et les violentes invec-
tives de Proudhon contre « la culte idoldtrlque de
la forme » et contre « les lubriques mysticités » de la
Renaissance ne sont point faites pour leurs oreilles
délicates.
Après deux ou trois chapitres sur l'objet et l'occasion
du livre, puis sur l'idéal utilitaire de l'art, on trouve
un aperçu sur l'évolution de l'art à travers les âges.
D'abord en Egypte, l'art typique, que l'auteur trouve
rationnel, mais trop restreint; ensuite l'art grec,
l'idéalisation de la forme, l'art divin, « cet art vam-
pire » dont l'ombrageux moraliste fait l'origine de
toute débauche) ensuite l'art gothique, l'idénullie
Courbet, ET. COROT — II. Echos de l'Institut. — III.
Les Forçats au Théâtre: 1V. Conclusion, EMILE MORE AU.
— IV. Gazette musicale, E. DEPRÊ. — V. Causerie lit-
téraire, A. DESCUBES, — VI. Mosaïque. — VII. Notes
d'un Pèlerin : //. Notre-Dame de Lourdes, E.DEPRE. —
VIII. Bibliographie : Plume tt Pinceau, A. DELAPLANR.
UN COURS D'ESTHÉTIQUE
A PROPOS DE COURBET
DANS les années qni suivirent i85o, une grande
querelle s'éleva dans les ateliers et dans la presse.
Les tableaux de Courbet, hardis quant aux
sujets, hardis quant au mode d'exécution, soutevaient
la réprobation générale. Je vous le demande, 6 peintres
de l'académie, classiques et romantiques, pouvait-on
souffrir ces Paysans de Flagey, avec leurs poses vul-
gaires, leurs figures triviales? Pouvait-on supporter
cette paysanne robuste et sans grâce qui s'endormait en
filant? Tout cela s'éloignait à plaisir de la forme aca-
démique, et méritait bien qu'on le flétrit du nom de
réalisme.
En face de. ses adversaires était Courbet, presque
seul, répondant à l'indignation des peintres et des cri-
tiques par des paradoxes plus audacieux encore que ses
tableaux. Proudhon qui aJmirait sincèrement les
oeuvres du peintre d'Oman», et qui d'ailleurs était son
ami, entreprit de faire l'apologie du réalisme.
Mais, comme il le dit lui-même, Proudhon « ne
comprend que ce qui est clairement exprimé par la
parole, formulépar ta logique, et fixé par Ncriture. »
N'ayant jamais lu, de son propre aveu, un seul livre
d'esthétique, il se plaît à railler la faiblesse du raison-
nement et l'esprit peu philosophique des artistes.
Aussi, pour avoir le droit de parler de Courbet, il crut
devoir établir toute une théorie de l'art; et, en mCme
temps qu'il faisait plusieurs ouvrages d'économie poli-
tique et un Manuel du spéculateur à la Bourse, il
écrivit un livre sous ce titre significatif t Du principe
de Part et de sa destination sociale,
L'auteur effleure en passant toutes sottes de ques-
tions, depuis la critique littéraire ou il met Molière au
rang de Despréaux parmi « tes artistes de convention
et les voleurs à outrance de t'antiquité », jusqu'aux
discussions métaphysiques les moins positives, oti il
discute avec un admirable sérieux pour savoir si l'âme
est une triade ou une polarisation. Nous ne nous
attarderons pas à réfuter toutes les théories bizarres
qui trouvent place dans ce livre, on ne sait pourquoi,
et nous nous occuperons seulement des questions
d'esthétique.
Au fond, tout ce système de Tari utilitaire repose
sur le principe de finalité. « Il est absurde de supposer
que quelque chose se produise dans la Société, —•
pourquoi ne dirions-nous pas dans l'univers?—à
seule fin de se produire. » C'est une chose assez
étrange de lire cela chez un positiviste. Nous sommes
habitués â voir un fait résulter d'un autre) mais la
science ne nous a jamais démontré que la cause existât
en vue de l'effet, c'est-à-dire que l'effet fût le mobile
de ses antécédents. Il en serait peut-être ainsi dans
l'art si les économistes étaient les artistes; mais par
bonheur nos peintres et nos sculpteurs s'occupent seu-
lement de produire de belles oeuvres, sans songer tout
d'abord à l'éducation morale de la société.
Oui, tel est bien le sophisme fondamental de ta
théorie de Proudhon : l'art a sa fin en dehors de lui-
même, une fin sociale. Partant de ce principe, l'auteur
injurie les partisans de l'art pour l'art. « L'art pour
fart, comme on Va nommé, n'ayant pas en sot sa légi-
timité, ne reposant sur rien, n'est rien. C'est débau-
che de coeur et perversion d'esprit. » Je voudrais tout
citer, mais il y a des dames, et les violentes invec-
tives de Proudhon contre « la culte idoldtrlque de
la forme » et contre « les lubriques mysticités » de la
Renaissance ne sont point faites pour leurs oreilles
délicates.
Après deux ou trois chapitres sur l'objet et l'occasion
du livre, puis sur l'idéal utilitaire de l'art, on trouve
un aperçu sur l'évolution de l'art à travers les âges.
D'abord en Egypte, l'art typique, que l'auteur trouve
rationnel, mais trop restreint; ensuite l'art grec,
l'idéalisation de la forme, l'art divin, « cet art vam-
pire » dont l'ombrageux moraliste fait l'origine de
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