Titre : Gazette des lettres, des sciences & des arts / directeur : D. de Liversay
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1878-02-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32780866n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 février 1878 10 février 1878
Description : 1878/02/10 (A2,N42)-1878/02/16. 1878/02/10 (A2,N42)-1878/02/16.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5472881q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
SOMMAIRE : La correspondance de Sainte-Beuve, A.
DESCUBES. -.— II. Les Forçats au théâtres : 111. Paral-
lèles, EMILE MOREAU. — III. Concours. — IV. La Grèce
;-.-et. .l'Orient çn Provence, P. CARCASSONNE. —V. Notes
d'un Pèlerin : Notre-Dame dAuray, ERNEST DEPRÉ. —
VI. Petite Gazette.
LA CORRESPONDANCE
DE SAINTE-BEUVE
Dans les oeuvres ordinaires, c'est l'écrivain qu'on
juge; dans les correspondances, c'est surtout l'homme.
Aussi est-il particulièrement délicat de livrer au pu*
blic les confidences, les pensées intimes, la vie jour par
jour d'un homme célèbre. Il y faut toutes sortes de
qualités d'adresse et de finesse, et de réserve, le plus
impeccable discernement, et, ce qui n'est qu'un dérivé
du même verbe, une extrême discrétion.
Tout cela, pour le mieux de celui que l'on trahit (
car, en matière de vie privée, le public manque d'in-
dulgence, toit qu'il juge le caractère plus sévèrement,
soit qu'il se trouve déçu dans sa propre curiosité, si
l'intérêt éprouvé n'est plus en rapport avec l'intérêt
attendu.
11 est dès écrivains qui, défiants de nature, prennent
soin par avance de dépister les curiosités indiscrètes;
ceux-là n'écrivent jamais pour deux personnes, ils se
gardent des épanchements; s'il leur arrive de dire par»
fois : ceci est entre nous, ce n'est, soyez-en sûrs, qu'un
artifice de style, et la conHdence qui va venir est desti-
née â l'univers. Ce sont des Doudans ou des Mérimées,
et la publication de leur correspondance est encore une
dernière éplgramme ou quelque mystification pos-
thume
Tel n'est point te cas des lettres de Sainte-Beuve que
M. Troubat a recueillies soigneusement et dont la
librairie Calmann-Lévy vient de publier le premier
volume.
Il n'y a pat là dix pages qui décèlent une arrière
pensée de publicité. On reprocherait plut volontiers
au volume le défaut contraire; il est trop simple, trop
vrai, trop peu littéraire; il y manque parfois ce pi-
ment d'intérêt qui résulte de l'intimité des révélations
ou simplement des sensations, car demander à M. Ha-
chettes! le papier d'un volume sera soumis au jiUi'Md^e
ou au pressage n'est vraiment pas l'intimité qu'il nous
faut. 11 y a un peu trop de choses dans ce premier
volume, trop de billets, trop d'invitations, trop de
remerciements, trop d'envois, trop de compliments.
Ces réserves une fois faites, il convient de se laisser
aller sans résistance au charme de cet esprit si souple
et si fin, l'un des plus exquis a la fois et des plus
complexes de notre littérature; nature toute de com-
préhension, apte à tout juger, tout voir et tout sentir,
et capable de saisir les différents aspects des choses,
au point de reprocher aux lecteurs français de « ne pas
savoir comprendre une pensée double, ou pour mieux
dire, deux pensées à la/ois,*
Le volume commence en 1822, il s'achève en 1864,
et c'est une sensation bien singulière que de revivre
eh une heure cette période de 40 années. Sainte-Beuve,
comme les grands artistes, a plusieurs manières, et les
incertitudes de sa pensée se trouvent enregistrées ici
avec la plus grande précision. Le rêveur des premières
années, le mystique auteur de Volupté, le familier de
l'Abbaye-au-Bois, ce Werther jacobin et carabin
dont parlait M. Guizot y (ait confidence de ses luttes
intérieures et de ses désespérances à M. Ampère, à
M.Turquety, et surtout à Mme Dcsbordes-Valmore,
dans un style qu'eût assurément désavoué le sceptique
auteur des Lundis. Nous mêmes, nous ne pouvons
nous empêcher de sourire quand nous l'entendons
raconter d'un ton ému les soirées de Lausanne, où
M, Durand, jeune troubadour qui fait des chansons
et les chante sur la guitare, — sans qu'on le lut de*
mande. — (« Juge{ de ma foie émue, » ajoute le bon
Sainte-Beuve) ou les étudiants se réunissent pour lire
des morceaux de leur composition, et lui chanter des
sérénades, sous une tune argentée, moins argentée que
leurs voix.
Celte année de son enseignement à Lausanne tient
du reste une assez large place dans le volume ; elle y
marque une époque un peu flottante, celle du malaise
littéraire et philosophique qui t'était emparé des âmes
de ce temps,inspiraitRenétt Oberman,t\ voyait corn-
DESCUBES. -.— II. Les Forçats au théâtres : 111. Paral-
lèles, EMILE MOREAU. — III. Concours. — IV. La Grèce
;-.-et. .l'Orient çn Provence, P. CARCASSONNE. —V. Notes
d'un Pèlerin : Notre-Dame dAuray, ERNEST DEPRÉ. —
VI. Petite Gazette.
LA CORRESPONDANCE
DE SAINTE-BEUVE
Dans les oeuvres ordinaires, c'est l'écrivain qu'on
juge; dans les correspondances, c'est surtout l'homme.
Aussi est-il particulièrement délicat de livrer au pu*
blic les confidences, les pensées intimes, la vie jour par
jour d'un homme célèbre. Il y faut toutes sortes de
qualités d'adresse et de finesse, et de réserve, le plus
impeccable discernement, et, ce qui n'est qu'un dérivé
du même verbe, une extrême discrétion.
Tout cela, pour le mieux de celui que l'on trahit (
car, en matière de vie privée, le public manque d'in-
dulgence, toit qu'il juge le caractère plus sévèrement,
soit qu'il se trouve déçu dans sa propre curiosité, si
l'intérêt éprouvé n'est plus en rapport avec l'intérêt
attendu.
11 est dès écrivains qui, défiants de nature, prennent
soin par avance de dépister les curiosités indiscrètes;
ceux-là n'écrivent jamais pour deux personnes, ils se
gardent des épanchements; s'il leur arrive de dire par»
fois : ceci est entre nous, ce n'est, soyez-en sûrs, qu'un
artifice de style, et la conHdence qui va venir est desti-
née â l'univers. Ce sont des Doudans ou des Mérimées,
et la publication de leur correspondance est encore une
dernière éplgramme ou quelque mystification pos-
thume
Tel n'est point te cas des lettres de Sainte-Beuve que
M. Troubat a recueillies soigneusement et dont la
librairie Calmann-Lévy vient de publier le premier
volume.
Il n'y a pat là dix pages qui décèlent une arrière
pensée de publicité. On reprocherait plut volontiers
au volume le défaut contraire; il est trop simple, trop
vrai, trop peu littéraire; il y manque parfois ce pi-
ment d'intérêt qui résulte de l'intimité des révélations
ou simplement des sensations, car demander à M. Ha-
chettes! le papier d'un volume sera soumis au jiUi'Md^e
ou au pressage n'est vraiment pas l'intimité qu'il nous
faut. 11 y a un peu trop de choses dans ce premier
volume, trop de billets, trop d'invitations, trop de
remerciements, trop d'envois, trop de compliments.
Ces réserves une fois faites, il convient de se laisser
aller sans résistance au charme de cet esprit si souple
et si fin, l'un des plus exquis a la fois et des plus
complexes de notre littérature; nature toute de com-
préhension, apte à tout juger, tout voir et tout sentir,
et capable de saisir les différents aspects des choses,
au point de reprocher aux lecteurs français de « ne pas
savoir comprendre une pensée double, ou pour mieux
dire, deux pensées à la/ois,*
Le volume commence en 1822, il s'achève en 1864,
et c'est une sensation bien singulière que de revivre
eh une heure cette période de 40 années. Sainte-Beuve,
comme les grands artistes, a plusieurs manières, et les
incertitudes de sa pensée se trouvent enregistrées ici
avec la plus grande précision. Le rêveur des premières
années, le mystique auteur de Volupté, le familier de
l'Abbaye-au-Bois, ce Werther jacobin et carabin
dont parlait M. Guizot y (ait confidence de ses luttes
intérieures et de ses désespérances à M. Ampère, à
M.Turquety, et surtout à Mme Dcsbordes-Valmore,
dans un style qu'eût assurément désavoué le sceptique
auteur des Lundis. Nous mêmes, nous ne pouvons
nous empêcher de sourire quand nous l'entendons
raconter d'un ton ému les soirées de Lausanne, où
M, Durand, jeune troubadour qui fait des chansons
et les chante sur la guitare, — sans qu'on le lut de*
mande. — (« Juge{ de ma foie émue, » ajoute le bon
Sainte-Beuve) ou les étudiants se réunissent pour lire
des morceaux de leur composition, et lui chanter des
sérénades, sous une tune argentée, moins argentée que
leurs voix.
Celte année de son enseignement à Lausanne tient
du reste une assez large place dans le volume ; elle y
marque une époque un peu flottante, celle du malaise
littéraire et philosophique qui t'était emparé des âmes
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