Titre : Gazette des lettres, des sciences & des arts / directeur : D. de Liversay
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1878-01-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32780866n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 janvier 1878 27 janvier 1878
Description : 1878/01/27 (A2,N40)-1878/02/02. 1878/01/27 (A2,N40)-1878/02/02.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54728809
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
SOMMAIRE: |. Les Bas Bleus, E. DENIS.- II. Poésie:
Antigone en haillons. Chanson triste, A DEMFL\SE. —
III. Les Força» au Théâtre : La Morte civile, EMILE
MOREAU. — IV. Trois Lettres inédites de Voltaire. —
V. Causerie littéraire, A. DESCUBES — VI. Gazette musi-
cale. —" VII. Nécrologie. — VIII. Petite Garnie. —
IX. Bibliographie.
LES BAS BLEUS
< L'auteur qui veut barrer la rivière et prendre tout
« le poisson, c'est-à-dire donner toute la littérature de
a ce siècle, montre aujourd'hui en fait de femmes la
« /leur du panier, en supposant qu'un pareil panier ait
« une fleur. »
Certes, de pareilles phrases tombant de la plume
d'un critique de bas étage, loin de servir au volume de
passe-port dans tous les mondes, en défendraient l'ac-
cès aux esprits délicats. Mais M. Barbey d'Aurevilly a
beaucoup de talent, beaucoup d'esprit, trop d'esprit
même. Ses petits pamphlets vinaigrés, pimentés, assai-
sonnés par-ci par-là d'une goutte de fiel, se lisent avec
fatigue, mais avec intérêt ; son style, fécond en sur-
prises, pétille et flambe à chaque page; ses théories
sont neuves,' ses images hardies : d'où vient qu'avec
ces qualités réelles l'écrivain déplaise et n'obtienne
qu'un succès de curiosité passagère? C'est qu'en fait
de critiqué le public n'admet pas l'insulte, c'est qu'il
aime lés coups d'épingle et non pas les coups de mas-
sue, c'est qu'il veut avant tout un jugement impartial
rendu eh termes sobres et raisonnables.
Devant une sortie aussi virulente dirigée contre la
presse féminine, on se demande, en effet, avec surprise,
quel motif a poussé M. Barbey d'Aurevilly à lui décla-
rer la guerre.
Est-ce bien, comme il le prétend, dans l'intérêt de la
femme elle-même? car il ne la souffre pas en dehors
de son rôle de salon et de ses séductions mondaines;
il la voudrait toute à son intérieur, modeste, résignée,
^'étudiant à
Former aux bonnes moeurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage, avoir l'oeil sur ses gens,
Et régler sa dépense avec économie.
Ah ! Chrytale .' Chrysale l étes-vous sincère ? De-
vons-nous croi.re à des larmes versées sur une race soi»
disant disparue ? Pleurer un idéal, c'est l'avoir aimé.
L'auteur des Diaboliques a-t-tl jamais aimé ? On peut
en douter à l'entendre,au pointd'attribuer à sa rancune
une cause essentiellement personnelle.
Malgré son désir d'effeuiller des roses sur la tombe
de ses victimes, M. Barbey d'Aurevilly cherche avant
tout h tuer les femmes par le mépris. Suivant lui, les
différences physiques entraînent lesdifférencesmorales ;
toute tendance virile de la part du « petit sexe » est un
attentat ; empiéter sur les prérogatives de l'homme est
un crime : non-seulement la nature le défend, mais
l'esprit s'y refuse. Ecoutons lejugement porté sur M«e
de Staël qu'il exalte pourtant au détriment des autres
(serait-ce parce qu'elle s'est alliée à la famille de Bro-
glie?) : « Elle aie mouvement des idées, mais à la con-
€ dition qu'un autre qu'elle en sera le moteur. » Et plus
loin : < On fait des idées à une femme comme on lui
« fait des enfants. »
L'ouvrage est rempli de traits semblables, lancés na-
turellement, tranquillement, avec une sûreté d'axiome.
Qui donc oserait contester que la femme n'est pas
l'égale de l'ho.nms ? Elle est un être à part; son esprit
est étroit, son intelligence bornée. Elle devrait le com-
prendre; mais voilà'qu'au lieu d'admettre ce:te vérité
incontestable, elle s'insurge contre elle ; voilà qu'elle
veut prouver qu'elle n'est pas faite d'une essence
étrangère; voilà qu'elle se met à penser comme les
hommes, à écrire comme les hommes ! Le mal était
pressant; il fallait un remède: M. Barbey d'Aurevilly
a chargé le bas-bleuisme à fond de train et l'a sabré de
toutes parts.
Et il s'en est donné à coeur joie ! Mesdames Craven,
de Blocqucvîlle, Gustave Haller, de Gasparin, Daniel
Stern, Edgar Quinet, Sophie Gay.de Girardin et George
Sand sont durement malmenées par ce grand Don
Quichotte de la littérature. Une surtout, Mn» Louise
Colet gît sur le carreau d'une façon pitoyable. Elle
n'est pas un bas-bleu proprement dit, ni un bas-bleu
conjugal, comme, M»» Edgar Quinet; ni un 'voile bleu,
comme M» de Gisparin, ni un bàs-lilas,comme
Mat Henry Gréville, c'est une chaussette bleuej un
Antigone en haillons. Chanson triste, A DEMFL\SE. —
III. Les Força» au Théâtre : La Morte civile, EMILE
MOREAU. — IV. Trois Lettres inédites de Voltaire. —
V. Causerie littéraire, A. DESCUBES — VI. Gazette musi-
cale. —" VII. Nécrologie. — VIII. Petite Garnie. —
IX. Bibliographie.
LES BAS BLEUS
< L'auteur qui veut barrer la rivière et prendre tout
« le poisson, c'est-à-dire donner toute la littérature de
a ce siècle, montre aujourd'hui en fait de femmes la
« /leur du panier, en supposant qu'un pareil panier ait
« une fleur. »
Certes, de pareilles phrases tombant de la plume
d'un critique de bas étage, loin de servir au volume de
passe-port dans tous les mondes, en défendraient l'ac-
cès aux esprits délicats. Mais M. Barbey d'Aurevilly a
beaucoup de talent, beaucoup d'esprit, trop d'esprit
même. Ses petits pamphlets vinaigrés, pimentés, assai-
sonnés par-ci par-là d'une goutte de fiel, se lisent avec
fatigue, mais avec intérêt ; son style, fécond en sur-
prises, pétille et flambe à chaque page; ses théories
sont neuves,' ses images hardies : d'où vient qu'avec
ces qualités réelles l'écrivain déplaise et n'obtienne
qu'un succès de curiosité passagère? C'est qu'en fait
de critiqué le public n'admet pas l'insulte, c'est qu'il
aime lés coups d'épingle et non pas les coups de mas-
sue, c'est qu'il veut avant tout un jugement impartial
rendu eh termes sobres et raisonnables.
Devant une sortie aussi virulente dirigée contre la
presse féminine, on se demande, en effet, avec surprise,
quel motif a poussé M. Barbey d'Aurevilly à lui décla-
rer la guerre.
Est-ce bien, comme il le prétend, dans l'intérêt de la
femme elle-même? car il ne la souffre pas en dehors
de son rôle de salon et de ses séductions mondaines;
il la voudrait toute à son intérieur, modeste, résignée,
^'étudiant à
Former aux bonnes moeurs l'esprit de ses enfants,
Faire aller son ménage, avoir l'oeil sur ses gens,
Et régler sa dépense avec économie.
Ah ! Chrytale .' Chrysale l étes-vous sincère ? De-
vons-nous croi.re à des larmes versées sur une race soi»
disant disparue ? Pleurer un idéal, c'est l'avoir aimé.
L'auteur des Diaboliques a-t-tl jamais aimé ? On peut
en douter à l'entendre,au pointd'attribuer à sa rancune
une cause essentiellement personnelle.
Malgré son désir d'effeuiller des roses sur la tombe
de ses victimes, M. Barbey d'Aurevilly cherche avant
tout h tuer les femmes par le mépris. Suivant lui, les
différences physiques entraînent lesdifférencesmorales ;
toute tendance virile de la part du « petit sexe » est un
attentat ; empiéter sur les prérogatives de l'homme est
un crime : non-seulement la nature le défend, mais
l'esprit s'y refuse. Ecoutons lejugement porté sur M«e
de Staël qu'il exalte pourtant au détriment des autres
(serait-ce parce qu'elle s'est alliée à la famille de Bro-
glie?) : « Elle aie mouvement des idées, mais à la con-
€ dition qu'un autre qu'elle en sera le moteur. » Et plus
loin : < On fait des idées à une femme comme on lui
« fait des enfants. »
L'ouvrage est rempli de traits semblables, lancés na-
turellement, tranquillement, avec une sûreté d'axiome.
Qui donc oserait contester que la femme n'est pas
l'égale de l'ho.nms ? Elle est un être à part; son esprit
est étroit, son intelligence bornée. Elle devrait le com-
prendre; mais voilà'qu'au lieu d'admettre ce:te vérité
incontestable, elle s'insurge contre elle ; voilà qu'elle
veut prouver qu'elle n'est pas faite d'une essence
étrangère; voilà qu'elle se met à penser comme les
hommes, à écrire comme les hommes ! Le mal était
pressant; il fallait un remède: M. Barbey d'Aurevilly
a chargé le bas-bleuisme à fond de train et l'a sabré de
toutes parts.
Et il s'en est donné à coeur joie ! Mesdames Craven,
de Blocqucvîlle, Gustave Haller, de Gasparin, Daniel
Stern, Edgar Quinet, Sophie Gay.de Girardin et George
Sand sont durement malmenées par ce grand Don
Quichotte de la littérature. Une surtout, Mn» Louise
Colet gît sur le carreau d'une façon pitoyable. Elle
n'est pas un bas-bleu proprement dit, ni un bas-bleu
conjugal, comme, M»» Edgar Quinet; ni un 'voile bleu,
comme M» de Gisparin, ni un bàs-lilas,comme
Mat Henry Gréville, c'est une chaussette bleuej un
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